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Full text of "Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles"

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Archives  néerlandaises  des 
sciences  exactes  et  naturelles 

Hollandsche  Maatschappij  der  Wetenschappen 


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W    G.  FARLOW 


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ARCHIVES  NÉERLANDAISES 

DES 

SCIENCES 

EXACTES  ET  NATURELLES 

PUBLIÉES  PAR 

LA  SOCIÉTÉ  HOLLANDAISE  DES  SCIENCES  à  HARLEM, 

ET   BÉDIGÉE8   PAR 

J.   BOSSCHA, 

Secrétaire  de  la  Société, 


AVEC   LA   COLOBORATION   DE 


MM.  D.  Bierens  de  Haan,  C  A.  J.  A.  Oudemans,  W.  K  os  ter, 
C.  H.  D.  Buys  Ballot,  C.  K.  Hoffmann  et  J.  M.  van  Bemmelen. 


TOME    XXII. 


HAARLEM, 
LES   HERITIERS  LOOSJES. 

1888. 


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44,  -2- 


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TABLE  DES  MATIÈRES. 


Programme  de  la  Société  Hollandaise  des  Sciences  pour  Tannée  1887. 

Th.  W.  Engelmann,  Les  couleurs  non  vertes  des  feuilles  et  leur 
signification  pour  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  sous 
l'influence  de  la  lumière Pag.  1 . 

P.  van  Geer,  La  conique  dans  l'espace //    58. 

N.  W.  P.  Rauwenhoff,  Recherches  sur  le  sphaeroplea  annulina  ag.  u    91. 

Th.  W.  Engelmann,  Le  rhéostat  à  vis ". . .  »  145. 

G.  Sohouten,   Règle   générale  pour  la  forme  de  la  trajectoire  et 

la  durée  du  mouvement  central //  158. 

R.  D.  M.  Verbeek,  La  météorite  de  Djati-Pengilon  (Java) *  210. 

Dr.  C.  H.  H.  Spronck,  Note  sur  un  cas  de  polydactylie //  235. 

C.  van  Wisselingh,  Sur  la  paroi  des  cellules  subéreuses #  253. 

P.H.Dojes,    Sur   le   rôle   du    coefficient  de  transport  dans  une 

équation  du  courant  électrique a  299. 

W .  H .  Julius,  Recherches  bolométriques  dans  le  spectre  infra-rouge  //  310 . 


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II  TABLE   PES   MATIÈRES. 

Hugo  de  Vries,  Le  coefficient  isotonique  de  la  glycérine Pag.  384. 

G.  Schouten,  Eluci dation  graphique  de  la  règle  générale  pour  la 
forme  de  la  trajectoire  et  les  propriétés  du  mouvement  central     //  392. 

D.  J.  Korteweg,  Notes  sur  Constantijn  Huygens  considéré  comme 
amateur  des  sciences  exactes,  et  sur  ses  relations  avec  Descartes     //  422. 


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PROGRAMME 


DE    LA 


Société  hollandaise  des  sciences,  à  Harlem. 


ANNÉE    1887. 


La  Société  hollandaise  des  sciences  a  tenu,  le  21  mai  1887, 
sa  cent-trente-cinquième  assemblée  générale. 

Le  Directeur-Président,  Jhr.  J.  W.  M.  Schorer,  ouvre  la 
séance  par  une  allocution  dans  laquelle,  après  avoir  rendu 
hommage  à  la  mémoire  de  MM.  CM.  van  der  Sande  La- 
coste, membre  national,  A.  W.  Eichler,  de  Berlin,  et  B.  Stu- 
der,  de  Berne,  membres  étrangers,  dont  la  Société  a  eu  à  dé- 
plorer la  perte  depuis  sa  dernière  réunion,  il  souhaite  la  bien- 
venue à  MM.  les  directeurs  E.  N.  Rahusen  et  J.  de  Clercq 
van  Webl,  ainsi  qu'à  MM.  les  membres  D.  J.  Korteweg  et 
M.  F.  A.  G.  Campbell,  qui  assistent  pour  la  première  fois 
à  une  séance  de  1$  Société. 

Le  Président  mentionne  ensuite  que,  dans  Tannée  écoulée, 
les  livraisons  1  à  4  du  tome  XXI  des  Archives  néerlandaises 
ont  été  envoyées  aux  membres  et  aux  Sociétés  correspondantes. 
La  cinquième  livraison,  qui  complétera  ce  volume,  est  sous 
presse.  L'ouvrage  de  M.  Ed.  Everts,  Nieuwe  Naamlijst  va/n 
Nederlandsche  Schildwleugelige  Insectm  (Nouveau  Catalogue  des 
Colépptères    de   la  Néerlande)  est  tiré  et  prêt  à  être  mis  en 


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II  PROGRAMME   1887. 

distribution.  Il  forme  le  4me  et  dernier  fascicule  du  Tome  IV  des 
Natuurkundige  Verhandelingen  van  de  Hollandsclw  Maatschappij 
der  Wetenschappen,  3<*e  Verzameling.  Des  Oeuvres  complètes  de 
Christiaan  Huygens  les  35  premières  feuilles  sont  tirées  et  la 
quarantième  feuille  eât  déjà  livrée  à  l'impresslion. 

Un  Mémoire,  portant  pour  devise: 
„In  nature* s  infinité  book  of  secrecy  a  little  we  can  read", 
a  été  reçu^  en  réponse  à  Tune  des  questions  mises  au  con- 
cours jusqu'au  1er  janvier  1887,  savoir,  à  celle  inscrite  sous 
le  n°  V  et  formulée  en  ces  termes;  „On  demande  une  étude 
systématique,  organogénique  et  biologique  des  parasites  vé- 
gétaux attachés  aux  poils  du  Paresseux  (Bradypus)" . 

Les  commissaires  chargés  de  l'examen  de  ce  travail  ayant 
émis  un  avis  favorable,  l'Assemblée,  sur  la  proposition  de 
MM.  les  Directeurs,  décerne  à  l'unanimité  la  médaille  d'or 
à  l'auteur: 

Madame  A.  Weber,  née  van  Bosse,  à  Amsterdam. 

Suivant  l'usage,  la  médaille  d^argent  est  attribuée'  au  mem- 
bre par  qui  la  question  avait  été  proposée,  M.  C.  A.  J.  A. 
Oudemans. 

Après  avoir  adopté  quelques  nouveaux  sujets  de  prix,  l'As- 
semblée, sur  la  présentation  des  Directeurs,  nomme  membre 
national:  M.  W.  N.  du  Rieu,  à  Leiden. 


QUESTIONS  MISÉS  AU  CONCOCTES. 
Jusqu'au  1<*  janvier  1888. 

I.  La  Société  demande  des  recherches  concernant  l'origine 
et  le  développement  des  cellules  sexuelles  dans  quelques 
classes  d'animaux,  vertébrés  et  invertébrés. 

II.  Il  a  été  reconnu,  comme  le  faisaient  prévoir  des  con- 
sidérations théoriques,  que  les  chaleurs  moléculaires  de  plu- 


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PROGRAMME   1887.  III 

sieurs  combinaisons  du  carbone,  à  l'état  solide,  s'écartent  de 
la  formule  de  Kopp: 

G  x  1,8  +  H  x  2,3  +  0  x  4  +  x  x  6,4. 

On  demande,  en  conséquence,  de  déterminer  là  chaleur 
moléculaire  d'un  assez  grand  nombre  de  combinaisons  car- 
bonées à  l'état  solide,  et  de  rechercher  le  lien  qui  existe  entre 
les  écarts  de  là  formule  de  Kopp  et  certaines  causes  parti- 
culières, bien  spécifiées. 

III.  L'action  que  M.  Hall  a  découverte  entre  l'aimant  et 
le  courant  électrique  est  regardée  par  quelques  physiciens 
comme  un  phénomène  secondaire,  tandis  que  d'autres  attri- 
buent à  l'expérience  de  Hall  une  signification  plus  haute, 
eu  égard  surtout  à  la  théorie  électro-magnétique  de  la  lumière. 

La  Société  demande  une  étude,  expérimentale  ou  théorique, 
jetant  plus  de  jour  sur  le  phénomène  lui-même  pu  sur  la 
question  de  savoir  jusqu'à  quel  point  il  est  en  rapport  avec 
la  rotation  électro-magnétique  du  plan  de  polarisation. 

IV.  Bien  qu'on  puisse  établir  les  équations  du  mouvement 
des  gaz  en  y  tenant  compte  de  différentes  circonstances,  — 
telles  que  le  frottement  interne,  etc.  —  l'intégration  de  ces 
équations  rencontre  souvent  des  difficultés.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  les  résultats  simples  obtenus  par  M.  Strouhal 
(Wied.  Ann.  V),  relativement  aux  tons  engendrés  lorsqu'un 
corps  se  meut  rapidement  dans  l'air,  ne  sont  pas  encore 
expliqués  théoriquement. 

La  Société  demande  donc,  sur  le  mouvement  des  gaz,  un 
travail  donnant  une  extension  à  la  théorie  générale,  ou  sou- 
mettant à  un  calcul  rigoureux  quelque  phénomène  auquel 
pareil  traitement  n'ait  pas  encore  été  appliqué. 

V.  D'après  certaines  considérations  sur  les  phénomènes 
thermo-électriques,  deux  morceaux  d'un  même  métal,  qui 
différent  en  température,  doivent  au  contact  l'un  de  l'autre 
montrer  une  différence  de  potentiel  électrique,  même  lorsque 
par  échauffement  ou  refroidissement  le  métal  ne  subit  aucune 


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IV  PROGRAMME   1887. 

modification  permanente  et  qu'à  une  même  température  il 
possède  toujours  les  mêmes  propriétés.  Suivant  une  autre  ma- 
nière de  voir,  il  n'y  a  aucune  raison  théorique  pour  l'exis- 
tence de  cette  différence  de  potentiel  électrique. 

La  Société  demande  des   expériences  propres  à  éclairer  la 
question. 


Jusqu'au  1er  janvier  1880. 

I.  La  Société  demande  des  recherches  sur  la  structure  et 
l'histoire  du  développement  de  une  ou  plusieurs  espèces  d'ani- 
maux invertébrés  n'ayant  pas  été  étudiées  jusqu'ici,  ou  ne 
l'ayant  été  que  d'une  manière  incomplète. 

II.  La  Société  demande  une  Flore  des  Phanérogames  et  des 
Cryptogames  vasculaires  de  la  Néerlande,  composée  sur  un 
plan  analogue  à  celui  de  l'ouvrage  de  Hooker:  „Thestudmt8 
Flora  of  the  Briteh  Islande" 

III.  Donner  un  aperçu  critiqne,  d'après  les  meilleures 
sources,  de  toutes  les  Phanérogames  et  Cryptogames  de  la 
Flore  néerlandaise. 

IV.  Faire  la  monographie  des  espèces  indigènes  de  l'une 
des  familles  de  plantes  qui  sont  le  mieux  représentées  dans 
notre  pays  (Ombellifères,  Synanthérêes,  Papilionacées,  Cypé- 
racées,  Graminées). 

V.  Soumettre  à  une  étude  scientifique  les  causes  du  bleu 
des  fromages  d'Edam  et  les  conditions  qui  régissent  la  pro- 
pagation de  cette  maladie. 

VI.  On  demande  un  exposé  critique  de  toutes  les  recher- 
ches faites  sur  les  processus  où  de  l'oxygène  est  fixé  dans  le 
corps  de  la  plante,  ainsi  qu'une  étude  quantitative  du  rapport 
qui  existe  entre  les  produits  de  cette  fixation  et  les  matières 
transformées. 

VII.  Faire  une  étude  quantitative  de  l'influence  de  la  tem- 


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PROGRAMME  1887.  V 

pérature  sur  la  vitesse  de  différents  phénomènes  de  la  vie 
végétale. 

VIII.  Etudier  expérimentalement  la  manière  dont  les  prin- 
cipes nutritifs  organiques  sont  charriés  dans  les  plantes. 

IX.  Les  recherches  de  M.  Haga  (Annales  de  VEcole  Poly- 
technique de  Delft,  Tome  I,  p.  145  et  Tome  III  p.  43)  ont 
montré  la  possibilité  de  déterminer  quantitativement  la  con- 
vection  électrique  de  la  chaleur  dans  les  conducteurs  (,fl' effet 
de  THOMsaN")  et  la  manière  dont  elle  dépend  de  la  tempé- 
rature. La  Société  demande  des  mesures  faisant  connaître 
ces  actions  dans  des  métaux  autres  que  ceux  étudiés  par 
M.  Haga. 

X.  Soumettre  la  loi  des  états  correspondants,  trouvée  par 
M.  van*  dbr  Waals  (  Verhandelingen  van  de  Koninklijke  Akademie 
van  Wetenschappen,  Tome  XX,  ,1880),  au  contrôle  des  données 
expérimentales  obtenues  jusqu'ici  sur  l'état  limite  des  gaz  et 
des  liquides,  sur  les  coefficients  de  dilatation,  de  compression 
et  de  capillarité,  le  frottement  et  la  conductibilité  thermique 
des  gaz  et  des  liquides,  ainsi  que  sur  la  chaleur  latente. 

XI.  Beaucoup  de  physiciens  et  de  chimistes  se  sont  occupés 
de  déterminer  les  coefficients  de  réfraction  des  matières  trans- 
parentes à  réfraction  simple,  pour  vérifier  soit  les  relations 
proposées  jusqu'ici  entre  la  réfraction  et  la  densité,  soit  les 
théories  de  la  dispersion,  ou  bien  pour  tâcher  de  découvrir 
quelque  rapport  entre  le  coefficient  de  réfraction  et  la  compo- 
sition chimique. 

La  Société  demande  que  les  résultats  de  ces  recherches 
soient  coordonnés  et  discutés,  de  manière  à  faire  nettement 
ressortir  ce  qui  paraît  définitivement  acquis. 

XII.  H  y  a  quantité  de  phénomènes  acoustiques  dont  la 
théorie  ne  peut  encore  être  jugée  achevée.  Tels  sont  :  la  propa- 
gation d'ondes  sonores  d'amplitude  finie,  la  production  de 
tons  de  combinaison,  les  battements  perçus  lors  de  l'émission 
simultanée  de  deux  tons  simples  entre  lesquels  il  existe  presque 
un   intervalle   harmonique,  l'entrée  en  vibration  d'un  corps 


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VI  PROGRAMME   1887. 

sonore  en  présence  d'un  autre  qui  donne  un  ton  harmoni- 
que plus  grave,  etc. 

La  Société  demande  des  recherches  théoriques  propres  à 
étendre  notre  connaissance  du  mouvement  sonore,  soit  en 
ce  qui  conserve  les  phénomènes  cités,  soit  par  rapport  à 
d'autres,  analogues. 

XIII.  Etudier  l'influence  que  l'observation  des  diagonales 
d'un  réseau  de  tfiangles  exerce  sur  l'exactitude  du  résultat 
final,  et  en  déduire  comment,  à  raison  de  cette  influence, 
on  doit  répartir  les  observations  sur  les  différents  points  et 
les  différentes  directions,  pour  atteindre,  avec  un  même 
nombre  de  mesures,  en  différents  cas,  le  plus  haut  degré 
d'exactitude. 


La  Société  recommande  aux  concurrents  d'abréger  autant 
que  possible  leurs  mémoires,  en  omettant  tout  ce  qui  n'a  pas 
un  rapport  direct  avec  la  question  proposée.  Elle  désire  que 
la  clarté  soit  unie  à  la  concision,  et  que  les  propositions  bien 
établies  soient  nettement  distinguées  de  celles  qui  reposent 
sur  des  fondements  moins  solides. 

Elle  rappelle,  en  outre,  qu'aucun  mémoire  écrit  de  la  main 
de  l'auteur  ne  sera  admis  au  concours,  et  que  même,  une 
médaille  eût-elle  été  adjugée,  la  remise  n'en  pourrait  avoir 
lieu,  si  la  main  de  l'auteur  venait  à  être  reconnue,  entre- 
temps, dans  le  travail  couronné. 

Les  plis  cachetés  des  mémoires  non  couronnés  seront  détruits 
sans  avoir  été  ouverts,  à  moins  que  le  travail  présenté  ne  soit 
qu'une  copie  d'ouvrages  imprimés,  auquel  cas  le  nom  de 
l'auteur  sera  divulgué. 

Tout  Membre  de  la  Société  a  le  droit  de  prendre  part  au 
concours,  à  condition  que  son  mémoire,  ainsi  que  le  pli,  soient 
marqués  de  la  lettre  L. 

Le  prix  offert  pour  une  réponse  satisfaisante  à  chacune  des 
questions  proposées,   consiste,  au  choix  de  l'auteur,  en  une 


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PROGRAMME   1887.  VU 

médaille  d'or  frappée  au  coin  ordinaire  de  la  Société  et  portant 
le  nom  de  Fauteur  et  le  millésime,  ou  en  une  somme  de 
cent-cinquante  florins;  une  prime  supplémentaire  de  cent-cin- 
quante florins  pourra  être  accordée  si  le  mémoire  en  est  jugé 
digne. 

Le  concurrent  qui  remportera  le  prix  ne  pourra  faire  im- 
primer le  mémoire  couronné,  soit  séparément,  soit  dans  quelque 
autre  ouvrage,  sans  en  avoir  obtenu  l'autorisation  expresse 
de  la  Société. 

Les  mémoires,  écrits  lisiblement,  en  hollandais,  français, 
latin,  anglais,  italien  ou  allemand  (mais  non  en  caractères 
allemands),  doivent  être  accompagnés  d'un  pli  cacheté  ren- 
fermant le  nom  de  Fauteur,  et  envoyés  franco  au  Secrétaire 
de  la  Société,  le  professeur  J.  Bosscha,  à  Harlem. 


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ARCHIVES  NEERLANDAISES 

DE8 

Sciences  exactes  et  naturelles. 


LES  COULEURS  NON  VERTES  DES  FEUILLES 

ET  LEUR  SIGNIFICATION  POUR  LA  DÉCOMPOSITION 

DE  L'ACIDE  CARBONIQUE  SOUS  L'INFLUENCE 

DE  LA  LUMIÈRE; 

PAR 

TH.   W.   ENGELMANN. 
(Avec  les  planches  I  et  II.) 


La  question  de  savoir  dans  quelle  mesure  les  différents 
groupes  de  rayons  du  spectre  prennent  part  à  la  décompo- 
sition de  l'acide  carbonique  dans  les  organes  assimilants  des 
plantes  peut  être  résolue  soit  d'une  manière  directe,  en  étu- 
diant l'effet  assimilateur  de  chaque  groupe  de  rayons,  soit 
indirectement,  par  voie  d'exclusion,  en  examinant  quels  groupes 
peuvent  manquer  sans  que  l'assimilation  cesse  d'avoir  lieu. 
Depuis  les  recherches  de  Draper,  l'expérimentation  a  procédé 
surtout  par  la  première  de  ces  deux  voies,  dont  les  avantages 
sont  manifestes.  Mais  il  est  instructif  aussi  de  suivre  la  se- 
conde, comme  on  l'avait  déjà  fait  antérieurement  à  maintes 
reprises,  et  comme  je  vais  l'essayer  de  nouveau,  pour  un  cas 
très  caractéristique. 

Sur  sa  route  depuis  l'espace  céleste  jusqu'aux  éléments  or- 
ganiques assimilateurs,  la  lumière  solaire  éprouve  une  série 
d'absorptions,  qui,  différentes  en  général  pour  des  plantes 
différentes,  et  même  pour  des  parties  assimilatrices  différentes 
d'une  plante  donnée,  sont  cause  que  la  composition  des  ra- 

Archivks  Néerlandaises,  T.  XXII.  1 


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2  TH»   V.    *NOEl«MÀNN.    LKTCOVLEtJKS  NON  V^ETES 

diations,  auxquelles  incombe  finalement  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique  dans  les  corps  chromophylliens,  présente, 
par  rapport  à  celle  de  la  lumière  originelle,  les  écarts  les 
plus  variés. 

A  l'absorption  par  l'atmosphère,  qui,  à  la  fois  quantitati- 
vement et  qualitativement,  est  autre  suivant  que  les  plantes 
vivent  à  de  grandes  hauteurs  ou  au  fond  des  vallées,  sous 
un  ciel  constamment  serein  ou  dans  un  climat  brumeux,  entre 
les  tropiques  ou  plus  près  des  pôles,  à  cette  absorption  atmos- 
phérique, dis-je,  vient  s'ajouter,  pour  la  flore  submergée,  l'ab- 
sorption par  l'eau.  Celle-ci  également  varie  avec  la  profon- 
deur, et,  selon  l'espèce  de  l'eau,  elle  atteint  à  un  degré  dif- 
férent les  différentes  parties  du  spectre»  Dans  l'onde  bleue 
et  limpide  des  grandes  mers  et  de  beaucoup  de  lacs,  les  rayons 
verts,  bleus  et  violets  pénètrent  bien  plus  profondément  que 
les  rayons  rouges,  lesquels  par  contre,  dans  des  eaux  troubles 
et  de  coloration  rougeâtre,  subissent  sans  doute,  proportion- 
nellement, un  affaiblissement  moindre. 

A  profondeur  égale  au-dessous  de  la  surface  de  l'eau,  les 
plantes  vivant  dans  des  grottes  qui,  comme  celle  de  Capri, 
ne  sont  guère  éclairées  qu'à  travers  une  épaisse  couche  liquide, 
reçoivent  une  lumière  dont  la  composition  n'est  pas  la  même 
qu'au  dehors  ;  autre  aussi  est  la  lumière  suivant  que  les  plantes 
habitent  des  rochers  sous-marinô  ombreux,  inclinée  au  nord, 
ou  qu'elles  végètent  sur  des  parois  toutes  semblables,  mais 
tournées  vers  le  soleil. 

C'est  principalement  à  cette  circonstance  que  j'ai  cherché 
à  ramener,  il  y  a  quelques  années,  la  distribution  différente 
des  Algues  marines  différemment  colorées,  plus  particulière* 
ment  le  fait  qu'à  des  profondeurs  croissantes  les  formes  vertes 
disparaissent  les  premières,  les  formes  rouges  les  dernières, 
et  qu'en  général  les  formes  rouges  dominent  dans  tous  les 
lieux,  —  bas-fonds,  grottes  bleues  et  vertes,  déclivités  sous- 
marines  abruptes  et  ombreuses,  —  où  il  n'arrive  que  de  la 
lumière  à  peu  près  dépouillée  de  ses  rayons  rouges.    - 


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Î>EÔ  FÈTJÎLÎ.ES   ET  fcEtto  SIGNIFICATION  ETC.  3 

La  méthode  des  bactéries  m'avait  appris  que,  dans  tous 
les  cas,  une  lumière  mélangée  complémentaire  de  la  couleur 
propre  de  la  chromophylle  assimilatrice,  par  conséquent  une 
lumière  rouge  pour  les  cellules  vertes  et  une  lumière  verte 
pour  les  cellules  rouges,  est  la  plus  efficace  au  point  de  vue 
de  la  décomposition  de  l'acide  carbonique.  D'après  cela,  il 
n'y  avait  rien  que  de  naturel  à  ce  que,  partout  où  la  lumière 
incidente  est  privée  des  rayons  rouges,  les  formes  rouges  l'em- 
portent dans  la  lutte  pour  l'existence. 

De  simples  différences  dans  l'énergie  totale  de  la  lumière 
en  action,  abstraction  faite  de  sa  couleur,  ne  suffisaient  pas 
à  expliquer  les  faits  ci-dessus  rappelés,  encore  que  l'influence 
de  pareilles  différences  ne  doive  nullement  être  niée.  On  sait 
que  de  nombreuses  formes  vertes  prospèrent  admirablement 
à  une  lumière  blanche  très  affaiblie  ;  d'un  autre  côté,  la  pré- 
sence de  rayons  rouges  d'une  énergie  absolument  et  relati- 
vement élevée  ne  trouble  pas  nécessairement  le  développe- 
ment de  la  chromophylle,  comme  le  prouve  la  rencontre  fré- 
quente et  même  la  prédominance  locale  des  Rhodophycées 
à  la  surface  de  la  mer. 

"  D'autres  circonstances,  telles  que  la  température,  le  mou- 
vement, la  pression,  le  degré  de  salure  ou  quelque  autre 
propriété  chimique  de  l'eau,  la  nature  du  sol,  etc.,  ne  four- 
nissent pas  davantage  la  base  d'une  explication  satisfaisante, 
bien  qu'elles  aussi  jouent  incontestablement  un  rôle  dans  cer- 
tains cas  ;  il  semble  donc  que  l'idée  d'attribuer  à  la  couleur  des 
rayons  la  plus  forte  part  de  responsabilité  dans  la  distribution 
dont  il  s'agit,  non-seulement  soit  permise,mais  s'impose  à  l'esprit. 

Les  recherches  récentes  n'ont  pas  fait  connaître  de  faits 
dont  on  puisse  déduire  une  objection  contre  cette  idée.  Elle 
est  en  accord  explicite  avec  la  distribution  trouvée  par  M. 
Karl  Brandt  !)    pour  les    Algues  à  chropaophylle  vivant  en 

i  )  Karl  Brandt,  Ueber  die  morphol.  u.physiol.  Bedeutung  des  Chloro- 
phylls  bei  Thieren,  2e  Abth.,  dans  Mittheil.  a.d.  zool,  Station  zu  Neapel, 
IV,  p. 296  (1883). 

1* 


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4  TH.    W.   KNGKLMANN.   LES  COULEURS   NON   VEBTRS 

parasites.  D'après  lui,  «les  Zooxanthelles  vert-jawidtre  on  jaune 
pur  se  rencontrent  exclusivement  dans  des  animaux  qui  se 
tiennent  à  la  surface  de  la  mer,  tels  que  les  Radiolaires,  les 
Siphonophores,  les  Rhizostomes,  les  Globigérines,  —  les  Zooxan- 
thelles brunes  dans  des  animaux  vivant  à  une  faible  profon- 
deur, Actinies,  etc.,  —  enfin  des  Algues  rouges  dans  des  Spon- 
giaires qui  habitent  à  des  profondeurs  relativement  notables 
(M^xilla  à  13—85  m)".  Dans  le  lac  de  Genève, Tenommé  pour 
la  teinte  vert-bleuâtre  de  ses  eaux,  les  formes  vertes  ne  pénè- 
trent, d'après  une  communication  que  M.  le  professeur  F.  A. 
Forel,  de  Morges,  a  eu  l'obligeance  de  me  faire,  qu'à  une 
faible  profondeur  :  „au  delà  de  25  mètres,  plus  trace  de  plantes 
vertes".  Les  formes  rouges  et  brun-jaunâtre,  distinguées  par 
la  forte  absorption  des  rayons  plus  réfrangibles,  descendent 
au  contraire  jusqu'à  50 — 60  m,  les  Diatomées  encore  plus  bas, 
jusqu'à  100  m  »)• 

En  tout  cas,  du  fait  que  beaucoup  de  Rhodophycées  (et 
Diatomées)  vivent  et  prospèrent  sous  l'influence  exclusive 
d'une  lumière  à  peu  près  complètement  dépourvue  des  rayons 
moins  réfrangibles,  il  suit  que  ce  doivent  alors  être  les  rayons 
plus  réfrangibles  qui  opèrent  la  décomposition  de  l'acide  car- 
bonique. De  là  résultait  à  son  tour  la  preuve,  d'abord,  que 
les  rayons  rouges  ne  sont  pas  indispensables  au  développe- 
ment des  plantes  en  général,  comme  le  voulait  entre  autres 
Paul  Bert  ;  ensuite,  que  le  pouvoir  d'assimiler  le  carbone  sous 
l'action  de  la  lumière  n'appartient  pas  en  propre,  comme  on 
l'affirme  encore  fréquemment,  à  la  matière  colorante  verte  qui 
apparaît  d'ordinaire  lorsqu'on  tue  les  chromoplastes  rouges  et 
brun-jaunâtre,  et  qui  ressemble  tout  à  fait  à  la  matière  colo- 
rante chlorophylliene  (cyanophylle  de  G.  Kraus,  chlorophylline 


i)  Il  est  à  regretter  que,  dans  les  expéditions  grandioses  faites  récem- 
ment pour  l'exploration  des  abysses  de  la  mer,  aucune  attention  n'ait  été 
accordée  à  la  question  du  changement  de  composition  de  la  lumière  aux 
niveaux  successifs,  en  rapport  avec  la  distribution  en  profondeur  d'orga- 
nismes à  contenu  chromophyllien  de  coloration  différente. 


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DBS   FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  5 

de  Timirjazeff,  Reinchlorophyll  de  Tschirch,  etc.)  qu'on  peut  ex- 
traire des  celulles  vertes;  à  plus  forte  raison,  ce  pouvoir  as- 
similateur  n'est  il  pas,  dans  la  chlorophylle,  comme  M.  Reinke 
a  cherché  à  le  rendre  plausible,  le  privilège  spécial  d'un 
groupe  atomique  hypothétique,  qui  se  distinguerait  par  la 
forte  absorption  des  rayons  compris  entre  les  raies  B  et  C 
du  spectre. 

Les  faits  rappelés  venaient  plutôt  à  Pappui  de  cette  pro- 
position, bientôt  confirmée  par  mes  mesures  comparatives  de 
la  grandeur  de  l'absortion  et  de  l'action  assimilatrice  chez  des 
cellules  vertes,  brunes,  rouges  et  vert-bleuâtre,  que  l'absorp- 
tion et  l'action  réductrice  de  la  lumière,  dans  les  corps  chro- 
mophylliens  des  plantes,  sont  en  général  proportionnelles 
l'une  à  l'autre. 

Il  m'a  paru  que,  dans  cette  même  direction,  des  éclaircis- 
sements pourraient  être  obtenus  de  l'étude  des  feuilles  diver- 
sement colorées  de  certaines  plantes  terrestres.  Comme  on  le 
sait  depuis  longtemps,  la  coloration  qui  chez  ces  feuilles 
masque  celle  de  la  chlorophylle  provient,  en  général,  de  ma- 
tières colorantes  non  vertes  dissoutes  dans  le  suc  cellulaire. 
Ces  matières,  partout  où  la  lumière  ne  peut  arriver  à  la 
chlorophylle  qu'en  les  traversant,  doivent  jouer,  en  vertu  de 
leur  absorption  élective,  un  rôle  analogue  à  celui  que  l'eau 
bleue  de  la  mer  remplit  pour  les  plantes  submergées.  Au  cas 
où  elles  seraient  capables,  comme  cette  eau,  d'absorber  com- 
plètement certains  groupes  de  rayons  avant  leur  entrée  dans 
les  corps  chromophylliens  assimilateurs,  il  en  résulterait  im- 
médiatement quelles  longueurs  d'onde  ne  participent  pas,  en 
pareil  cas,  à  l'action  assimilatrice;  or  ce  résultat,  combiné 
avec  l'étude  des  corps  chromophylliens  correspondants,  et  en 
particulier  avec  celle  de  leurs  propriétés  optiques,  devait  à 
son  tour  avoir  de  l'importance  pour  la  solution  de  la  question 
concernant  le  rapport  entre  Pabsortion  et  l'action  assimila- 
trice de  la  lumière. 

Au  point  de  vue  que  je  viens  d'indiquer,  les  feuilles  colo- 


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6      TH.  W.  BNGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

rées  et  leurs  matières  colorantes  n'ont  encore  été  l'objet  d'au- 
cune recherche,  bien  que  l'utilité  d'une  semblable  investigation 
ait- dû  se  faire  sentir  plus  d'une  fois.  ')  L'obstacle  principal 
résidait  sans  doute  dans  l'impossibilité'd'effectuer  séparément 
l'analyse  spectrale  quantitative  des  diverses  matières  colo- 
rantes qui  se  trouvent,  l'une  à  côté  de  l'autre,  dans  les  cel- 
lules des  plantes.  Cette  difficulté,  j'ai  pu  la  surmonter  à  l'aide 
du  photomètre  microspectral  décrit  antérieurement  a),  qui, 
non  seulement  pour  le  problème  actuel,  mais  aussi  pour  la 
question  de  l'éclairement  interne  des  tissus  en  général,  permet 
un  examen  quantitatif  descendant  jusqu'aux  derniers  éléments 
morphologiques  visibles. 

Il  s'agissait  en  premier  lieu  de  rechercher,  pour  un  choix 
de  feuilles  colorées  aussi  riche  que  possible,  la  cause  de  leur 
coloration.  Là  où  une  matière  colorante  particulière  se  laissait 
reconnaître  comme  cause,  il  fallait  examiner  comment  elle 
était  répandue  dans  la  feuille,  étudier  sa  distribution  par  rap- 
port à  la  lumière  incidente  et  aux  organes  élémentaires  assi- 
milateurs,  enfin  mesurer  directement  sur  les  cellules  vivantes, 
au  moyen  du  photomètre  microspectral,  son  pouvoir  d'ab- 
sorption. Concurremment,  il  y  avait  à  tenir  compte  de  la 
structure  et  de  l'arrangement  des  cellules  assimilatrices,  de 
la  répartition,  du  nombre,  du  volume  et  surtout  de  la  couleur 
de  leurs  grains  chlorophylliens,  et  à  comparer  sous  ces  divers 
rapports,  lorsque  la  nature  de  l'objet  s'y  prêtait,  les  différentes 
parties  d'une  même  feuille,  pourvues  ou  dépourvues  de  ma- 
tière coloraiite,  vertes  ou  colorées.  Pour  cet  examen,  mon 
collègue  M.  Rauwenhoff  a  mis  amicalement  à  ma  disposition 
les  ressources  du  Jardin  et  de  l'Institut  botaniques  d'Utrecht, 


i)  Voir,  par  exemple,  G,  Berthold,  Beitrâge  zur  Morphologie  u.  Phy- 
siologie der  Meeresalgen,  dans  Pringsheim  Jahrb.,  XIII  1882,  p.  712. 

2)  Onderzoekingen  etc.  (3)  IX,  1884,  p.  1,  Arch.  néerl.,  t.  XIX,  1884, 
p.  186;  Botan.  Zeit.,  1884.  —  L'appareil  est  fourni  par  M.  Cari  Zeiss,de 
Jena,  au  prix  de  480  Marks . 


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DBS  FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION    ETC. 


Et.  Examen  des  couleurs  des  feuilles  colorées. 

D'après  le  but  de  mes  recherches,  indiqué  au  commence- 
ment de  ces  pages,  elles  ne  devaient  porter  essentiellement 
que  sur  des  feuilles  en  pleine  végétation  sous  des  conditions 
normales.  Un  examen  également  minutieux  n'était  pas  ré- 
clamé par  les  changements  de  couleur  qui  accompagnent  la 
destruction  partielle  ou  totale  de  l'appareil  chlorophyllien  et 
la  suppression  de  l'activité  assiinilatrice;  tels  sont,  par  exemple, 
la  coloration  automnale  des  feuilles  caduques,  les  teintes  hi- 
bernales des  feuilles  persistantes,  les  altérations  chromatiques 
déterminées  par  des  parasites  animaux  ou  végétaux,  par  une 
insolation  excessive  ou  par  d'autres  influences  nuisibles  On 
pouvait  négliger  tout  à  fait  le  jaunissement  des  plantes  étio- 
lées, la  chlorose  due  au  manque  de  fer,  ainsi  que  les  innom- 
brables cas,  dits  d'albinisme,  dans  lesquels  un  dessin  ou  colo- 
ration blanchâtre  est  déterminé  par  l'absence  partielle  ou  to- 
tale de  chlorophylle,  comme  chez  beaucoup  de  graminées 
rubanées,  chez  certaines  variétés  d'une  foule  de  plantes  supé- 
rieures (Acer,  Hedera,  Aetculus,  Pelargonium,  etc.),  ou  par  un 
feutrage  de  poils  blancs,  une  couche  de  résine,  d'air,  ou  quelque 
autre  revêtement,   qui  masque  la  chlorophylle  sous-jacente. 

H  n'y  avait  pas  à  s'occuper  non  plus,  bien  entendu,  des 
modifications  passagères  de  la  coloration,  qui  chez  nombre 
de  feuilles  apparaissent  à  la  suite  de  variations  dans  l'inten- 
sité de  l'éclairage  et  qui  ne  dépendent  que  d'un  changement 
de  forme  ou  de  lieu  des  chromoplastes. 

Abstraction  faite  de  tous  ces  cas,  une  coloration  autre  que 
la  teinte  verte  typique  de  la  chlorophylle  peut  encore  pro- 
venir d'au  moins  deux  causes  essentiellement  différentes  :  elle 
peut  être  due  soit  à  une  coloration  anormale  des  corps  chro- 
mophylliens  assimilateurs,  soit  à  ce  que,  outre  les  chromo- 
plastes colorés  normalercfent  ou  anormalement,  il  existe  en- 
core dans  la  feuille  des  matières  colorantes  particulières. 


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8       TH.  W.  BNGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

Dans  le  premier  cas,  à  en  juger  par  mes  observations,  la 
couleur  est  invariablement  claire  et  toujours  jaune  pur  ou 
vert-jaunâtre,  avec  tous  les  passages  du  jaune  pur  au  vert 
chlorophyllien  typique;  dans  le  second,  elle  est  en  général 
brunrougeâtre,  le  plus  souvent  brun  peurpre,  passant  au 
rouge  pourpre  ou  au  violet. 

Des  faits  de  la  première  catégorie,  qui  au  total  sont  de 
nature  assez  complexe,  il  ne  sera  parlé  que  brièvement.  Pour 
pouvoir  être  utilisés  convenablement  dans  la  question  qui 
nous  occupe,  ils  exigeraient  une  étude  très  approfondie,  qui 
présenterait  de  grandes  difficultés  et  que  je  ne  suis  malheu- 
reusement pas  en  état  de  leur  consîtcrer.  Au  reste,  même 
examinés  superficiellement,  ils  sont  déjà,  à  plusieurs  égards, 
des  plus  instructifs.  En  premier  lieu,  ils  fournissent  la 
preuve  que  la  coloration  verte  du  monde  végétal  n'est  pas  due, 
en  général,  à  une  matière  colorante  unique,  mais  à  un  mélange 
de  plusieurs  matières  de  ce  genre.  Quant  à  savoir  si  celles-ci 
ne  sont  qu'au  nombre  de  deux,  comme  on  l'admet  assez 
généralement  aujourd'hui,  surtout  d'après  les  résultats  des 
expériences  connues  de  Gregor  Kraus  et  des  recherches  pos- 
térieures qui  s'y  rattachent,  —  c'est  une  question  qui  reste 
provisoirement  indécise.  En  tout  cas,  ce  doit  être  un  mélange 
d'au  moins  deux  matières  colorantes. 

Il  n'est  pas  posible,  en  effet,  d'expliquer  tous  les  tons  de 
couleur,  du  vert  pur  au  jaune,  que  présentent  les  feuilles  des 
plantes  en  végétation  normale,  par  des  chromoplastes  inéga- 
lement saturés  d'une  seule  et  même  matière  colorante,  ou 
par  de  simples  différences  dans  le  nombre,  le  volume,  la 
forme  et  l'arrangement  des  corps  chlorophylliens,  ou  par  des 
différences  dans  le  pouvoir  absorbant  des  membranes  cellulaires, 
du  protoplasma  ou  du  suc  cellulaire.  Cela  est  spécialement 
impossible  dans  les  nombreux  cas  où,  la  végétation  ayant 
lieu  sous  des  conditions  entièrement  normales,  la  couleur  du 
tissu  assimilateur  est  le  jaune  pur;  c'est  ce  qu'on  voit,  entre 
autres,    chez    beaucoup  de  variétés  de  végétaux  d'ornement, 


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BES   FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  9 

ordinairement  désignées  dans  les  catalogues  des  horticulteurs, 
comme  „var.  awrea"  ou  ^foliis  aureU". 

H  y  a  plusieurs  années  déjà,  de  nombreuses  analyses  chro- 
matiques quantitatives,  faites  au  moyen  du  photomètre  mi- 
crospectral sur  des  cellules  végétales  vivantes,  m'ont  convaincu 
que  la  marche  de  la  courbe  de  l'absorption,  rapportée  à 
l'échelle  des  longueurs  d'onde  prises  pour  abscisses,  peut,  même 
chez  des  cellules  de  la  même  espèce  végétale,  vertes,  tout  à  fait 
normales  d'aspect,  végétant  vigoureusement  dans  les  mêmes 
conditions,  et  ♦  semblables  aussi  en  apparence  sous  tous  les 
autres  rapporta,  présenter  des  différences  assez  notables,  qui 
ne  s'expliquent  ni  par  des  erreurs  de  mesure,  ni  par  rien 
d'autre  que  des  différences  de  composition  de  la  matière 
colorante  des  grains  chromophylliens  vivants. 

Comparez  lea  fig.  1  a  et  1  6,  PL  I  (d'après  Tableau  1, 1  a  et  1  6), 
qui  représentent  la  marche  de  l'absorption  dans  deux  cellules 
vivantes  de  Vavfihœria,  normales  d'aspect  et,  à  une  petite 
différence  de  couleur  près,  pareilles  l'une  à  l'autre.  Les  or- 
données donnent,  en  centièmes  de  la  lumière  incidente  (à  peu 
près  perpendiculaire),  les  intensités  de  la  lumière  transmise. 
Ce  sont  ici,  comme  dans  la  plupart  des  autres  cas,  les  régions 
orange  et  bleue  qui  présentent  les  différences  relativement 
les  plus  fortes. 

Fréquemment  il  suffit,  pour  expliquer  ces  différences,  d'ad- 
mettre un  mélange,  en  proportions  diverses,  de  deux  matières 
colorantes  :  l'une  jaune,  absorbant  très  peu  le  rouge,  l'orangé 
et  le  jaune,  très  fortement  le  bleu,  et  pouvant  donc  corres- 
pondre à  la  xanthophylle  de  Kraus  ;  l'autre  verte,  caractérisée 
par  une  forte  absorption  du  rouge  et  aussi  de  l'orangé,  avec 
un  affaiblissement  beaucoup  moindre  du  bleu,  et  qui  corres? 
pondrait  donc  à  peu  près  à  la  cyanophylle  de  Kraus,  à 
la  chlorophylline  de  Timirjazeff,  ou  au  Reinchlorophyll  de 
Tschirch.  C'est  ainsi,  par  exemple,  qu'un  contenu  plus  abon- 
dant de  xanthophylle  dans  la  cellule  la  expliquerait  pourquoi 
la  courbe  fig.  1  a,  comparée  à  fig.  1  6,  malgré  une  absorption 


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10  TH.   W.    ENGELMANN.   LES  COULEURS   NON   VERTES 

notablement  moindre  dans  le  rouge,  l'orangé  et  le  jaune  (de 
A  0,66  p  à  0.58  p),  accuse  un  affaiblissement  plus  grand  du 
bleu  (à  partir  de  X  0,47  p). 

Ailleurs  cette  hypothèse  la  plus  simple  ne  semble  pas 
suffisante,  et  il  faut  alors  admettre  la  présence  d'au  moins 
une  troisième  matière  colorante,  dont  les  caractères  spectro- 
scopiques  paraissent  être  souvent  ceux  de  la  chlorophyllane 
(fig.  2,  tabl.  II,  2). 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  au  reste,  il  y  a  un 
accord  optique  très  remarquable  entre  les  cellules  vertes, 
même  entre  celles  de  plantes  appartenant  à  des  espèces  et 
à  des  genres  tout  à  fait  différents.  Fréquemment,  les  diffé" 
rences  observées  tombent  toutes,  ou  du  moins  presque  toutes, 
entre  les  limites  des  erreurs  de  l'observation.  La  fig.  3,  a  et  b 
(tabl.  I,  3,  a  et  b)  donne,  par  exemple,  la  marche  de  l'ab- 
sorption chez  deux  cellules  vivantes  de  Vaucheria,  provenant 
de  stations  différentes;  la  fig.  4,  a  et  6  (tabl.  I,  4,  a  et  b) 
celle  de  cellules  vivantes  de  Festuca  et  de  Hedera.  Les  courbes 
se  recouvrent  presque  complètement  dans  la  plus  grande 
partie  de  leur  étendue,  celles  de  Festuca  et  de  Hedera  même 
dans  le  bleu  et  le  violet.  On  trouvera  d'autres  exemples  à 
la  fin  du  Mémoire  (voir  Vaucheria,  tabl.  I,  3  6,  et  Sphagnvm, 
tabl.  I,  4  c).  Il  y  a  donc,  pour  les  composantes  colorées  du  mê» 
lange  vert  constituant  la  chlorophylle,  un  rapport  quantitatif  bien 
déterminé,  qui  parait  être  généralement  le  plus  favorable. 

Or,  il  est  évidemment  remarquable  que  ce  rapport  soit,  de  tous 
ceux  qu'on  a  réellement  observés  chez  les  plantes  vertes,  celui 
pour  lequel  la  quantité  de  la  matière  colorante  jaune  est  un  mi* 
nimum.  Ce  fait  pourrait  être  interprété  comme  venant  à  l'appui 
de  l'opinion,  généralement  répandue,  que  la  matière  colorante 
verte  (ou  vert-bleuâtre)  des  plantes  vertes  est  seule  la  „vraie" 
chlorophylle,  c'est-à-dire  l'intermédiaire  de  l'action  assimilatrice 
des  corps  chlorophylliens,  et  que  la  matière  colorante  jaune 
ne  contribue  en  rien  à  la  décomposition  de  l'acide  carbo- 
nique. A  la  vérité,  mes  expériences  antérieures  ont  prouvé 


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DBS  FEUILLES   ET   LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  11 

directement  que,  chez  les  Diatomées,  celui  des  éléments  de 
la  chromophylle  vivante  qui  absorbe  fortement  le  bleu  par- 
ticipe à  l'assimilation  du  carbone  autant  et  parfois  plus  que 
la  composante  verte,  la  chlorophylle  ^proprement  dite",  et 
qu'il  en  est  de  même,  chez  les  Ehodophycées,  de  l'élément 
qui  absorbe  fortement  le  vert.  Mais  il  serait  encore  possible 
que,  dans  les  cellules  vertes,  l'élément  jaune,  qui  sans  doute 
n'est  pas  chimiquement  identique  à  la  composante  jaune  de 
la  diatomine,  jouât  aussi  un  autre  rôle  physiologique.  Cela 
s'accorderait  bien  avec  le  fait  de  l'action  assimilatrice  relati- 
vement faible  des  rayons  très  réfrangibles,  fait  qu'ont  mis  en 
évidence,  pour  ces  cellules  vertes,  non  seulement  les  expé- 
riences anciennes  par  les  méthodes  macroscopiques,  mais 
aussi  les  expériences  par  la  méthode  bactérienne,  dans  les- 
quelles, toutefois,  l'action  a  été  trouvée  en  général  notable- 
ment plus  forte.  Dans  l'hypothèse,  fondée  sur  mes  recherches 
antérieures,  que  sous  les  conditions  réalisées  par  la  méthode 
des  bactéries  il  se  dégage  en  chaque  point  du  spectre  une 
quantité  d'oxygène  proportionnelle  à  la  quantité  d'énergie 
absorbée  par  la  chromophylle,  dans  cette  hypothèse,  l'effet 
assimilateur  des  rayons  plus  réfrangibles,  tel  que  l'ont  donné 
mes  expériences,  serait  en  moyenne  un  peu  plus  faible  qu'il 
n'aurait  dû  l'être  d'après  les  valeurs  trouvées  .par  MM.  La- 
mansky  et  Langley  pour  l'énergie  relative  de  ces  rayons  dans 
le  spectre  solaire.  Ce  résultat,  comme  je  l'ai  déjà  fait  remar- 
quer ailleurs  à  différentes  reprises,  peut  toutefois  s'expliquer 
aussi  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  rejeter  l'hypothèse  en  ques- 
tion. Il  suffira  d'attirer  l'attention  sur  la  difficulté  de  mesurer 
exactement  l'absorption  et  l'assimilation  dans  les  parties  for- 
tement réfrangibles  du  spectre  ;  sur  l'insuffisance,  à  raison  de 
cette  difficulté  et  des  variations  individuelles  dans  la  compo- 
sition de  la  chromophylle,  du  nombre  des  expériences  exé- 
cutées; sur  la  circonstance  que  les  rayons  plus  réfrangibles 
ont  à  effectuer,  dans  les  cellules,  encore  d'autres  actions  que 
des  actions  assimilatrices;   enfin  sur  le  fait,  constaté  photo- 


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12  TH.   W.   ENGELMANN.   LES  COULEURS   NON  VERTES 

métriquement  par  M.  Reinke  ')  et  présumé  en  rapport  avec 
la  circonstance  qui  vient  d'être  mentionnée,  de  l'absorption 
relativement  plus  forte  des  rayons  de  réfrangibilité  supé- 
rieure, même  dans  des  parties  constituantes  en  apparence  inco- 
lores des  cellules  2  ).  Ce  dernier  fait,  que  je  puis  confirmer,  et  qui 
dans  certaines  circonstances  doit  s'accuser  plus  fortement  chez 
des  objets  macroscopiques,  explique  peut-être  aussi,  en  partie, 
pourquoi  l'effet  assimilateur  relatif  des  rayons  bleus  et  violets 
est  toujours  trouvé  plus  faible,  paraît-il,  par  les  méthodes 
macroscopiques  que  par  la  méthode  des  bactéries,  pourquoi, 
par  exemple,  le  second  maximum,  dans  le  bleu  près  de  F, 
ne  veut  pas  se  manifester. 

En  vue  de  ces  questions,  l'examen  des  feuilles  jaunes  à 
végétation  d'apparence  normale,  dont  nous  avons  parlé,  plus 
haut,  offrait  de  l'importance.  En  effet,  le  développement  éner- 
gique, la  croissance  luxuriante  même  que  présentent  parfois 
plusieurs  de  ces  formes  à  feuilles  jaunes  (celle  du  Sambucm 
nigra,  par  exemple)  semble  difficilement  pouvoir  être  mis  sur 
le  compte  exclusif  de  la  petite  quantité  de  matière  colorante 
verte  contenue  dans  la  plante. 

J'ai  spécialement  étudié  le  Sambucus  nigra,  dont  la  variété 
à  feuilles  jaune  d'or  est  très  fréquemment  cultivée  en  Hol- 
lande, dans  les  parcs,  les  jardins,  <fe.  Sur  chaque  pied  de  cet 
arbuste  on  trouve  constamment,  l'un  à  côté  de  l'autre,  tous 
les  passages  des  feuilles  vert  pur  aux  feuilles  jaune  pur,  et 
ces  dernières  souvent  en  grande  majorité  3).  De  même  que 


•i)  Bot.  Zeit.  1886,  No.  9  et  fig. 

2)  D'après  quelques  expériences  préliminaires,  la  cause  de  l'absorption 
relativement  plus  forte  me  paraît  devoir  être  cherchée  moins  dans  le  pro- 
toplasma, comme  le  veut  M.  Reinke,  que  dans  les  membranes  cellulaires. 
Voir  ce  qui  sera  dit  plus  loin  sur  la  coloration  des  membranes  cellulaires 
chez  le  Phormium  tenax  etc. 

3)  Habituellement,  du  reste,  même  dans  les  feuilles  partout  ailleurs  d'un 
jaune  pur,  les  cellules  parenchymateuses  situées  immédiatement  près  des 
nervures  sont  de  couleur  verte.  Dans  d'autres  cas,  c'est  l'inverse.  Chez  le 
Lonicera  brachypoda,  par  exemple,  chaque  nervure,  ainsi  que  ses  ramiû* 


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DBS  FEUILLES    ET   LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  13 

l'œil  nu  ne  peut  découvrir  ici,  en  dehors  de  la  couleur,  des 
différences  bien  certaines  et  constantes  entres  les  feuilles  vertes 
et  les  feuilles  jaunes,  de  même  le  microscope  n'en  révèle  pas 
en  ce  qui  concerne  les  chromoplastes  des  taches  vert  pur  et 
des  taches  jaune  pur.  La  couleur  des  chromoplastes  est  sou- 
vent un  jaune  très  saturé.  Même  en  couche  très  mince,  dans 
les  grains  les  plus  petits  et  les  plus  faiblement  colorés,  la 
chlorophylle  typique  se  montre  encore  distinctement  jaune 
verdâtre.  Les  feuilles  jaunes  ne  contiennent  donc  évidemment 
qu'une  proportion  très  faible  de  celui  des  éléments  de  la  chlo- 
rophylle ordinaire  auquel  est  due  la  forte  absorption  dans 
le  rouge,  entre  B  et  C. 

Les  mesures,  au  moyen  du  photomètre  microspectral,  de 
de  l'absorption  dans  les  cellules  jaunes  vivantes  du  Sambucus 
m'ont  donné  les  résultats  suivants  (comp.  fig.  5  a  et  6,  et 
tabl.  II,  5  a  et  6).  Depuis  le  rouge  extrême  jusqu'au  vert 
d'environ  0,54  p  de  longueur  d'onde,  absorption  relativement 
faible  ;  à  partir  de  là,  affaiblissement  très  notable  et  rapide- 
ment croissant,  déjà  à  peu  près  maximum  vers  X  0,50  fi.  Au 
point  le  plus  obscur  de  la  bande  d'absorption  I,  laquelle, 
quoique  distinctement  visible,  était  beaucoup  moins  accusée 
que  dans  le  spectre  des  cellules  vertes,  l'aflaiblissement  n'était 
pas  plus  grand  que  celui  des  rayons  verte,  parfaitement  trans- 
mis, d'environ  0,520—  0,525  p  de  longueur  d'onde,  tandis  que 
dans  les  cellules  vertes  normales  il  est  ordinairement  à  peu 


cations,  est  bordée  des  deux  côtés  par  une  ligne  jaune,  tandis  que  tout 
le  tissu  intermédiaire  est  vert.  Aux  endroits  jaunes  j'ai  trouvé  des  cellules 
palissadiques,  contenant,  au  Heu  de  chromoplastes  verts,  des  chromoplastes 
dont  la  couleur  variait  du  jaune  pur  au  jaune  blanchâtre  et  qui  par  la 
forme,  la  dimension  et  le  nombre,  souvent  ne  différaient  pas  sensiblement 
des  chromoplastes  verts.  A  la  limite  des  parties  jaunes  et  vertes  on  ren- 
contrait partout  des  transitions  graduelles  des  grains  chlorophylliens  jaunes 
aux  verts,  non  pas,  il  est  vrai,  à  l'intérieur  d'une  même  cellule,  mais  en 
passant  d'une  cellule  à  l'autre.  —  Chez  Y  Aucuba  japonica,Y Abutilon  mar- 
moratum^  etc.,  il  n'y  a  aucune  relation  locale  fixe  entre  la  nervation  et 
les  taches  jaunes  des  feuilles. 


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14  TH.   W.   ENGELMANN.   LES  COULEURS  NON   VERTES 

près  égal   à  celui  des  rayons  vert-bleuâtre  de  X  0.49/*  (voir 
%  1,  3,  4). 

Les  bandes  d'absorption  II  et  III,  dans  l'orangé  et  le  vert- 
jaunâtre,  bandes  que  montre  le  spectre  de  la  composante 
verte  (cyanophylle,  Reinchlorophyll,  des  auteurs),  mais  qui 
manquent  à  celui  de  Vêlement  jaune  (xanthophylle  des  aut.), 
n'étaient  pas  distinctement  développées.  Dans  les  courbes 
d'absorption  de  la  fig.  5,  on  ne  voit  de  la  bande  II,  à  sa  place 
normale  (entre  X  0,64  et  X  0,62  p),  qu'une  très  faible  indica- 
tion, et  dans  la  fig.  5  b,  en  outre,  une  indication  très  douteuse 
de  la  bande  III.  Cette  circonstance  témoigne  aussi  contre  la 
présence,  en  quantité  un  peu  notable,  de  la  chlorophyllane, 
lequel  témoignage  est  confirmé  par  l'absence  de  la  bande  IV  6, 
particulièrement  caractéristique  pour  la  chlorophyllane  et  située 
(en  solution  alcoolique)  vers  X  0,49 — 0,51  (i,  ainsi  que  par  l'ab- 
sence de  IV  a  (en  solution  alcoolique,  entre  X  0,53  et  X  0,55  /*). 

Dans  presque  toutes  les  courbes  d'absorption  obtenues,  au 
moyen  du  photomètre  microspectral,  de  cellules  vertes  typiques, 
les  bandes  II  et  III  étaient  très  nettement  accusées  (voir  fig. 
1,  3  et  4,  tabl.,  1,  3  et  4  a,  6,  c).  Aussi  ai*je  vu  avec  sur* 
prise  que  M.  Reinke  n'a  rien  pu  en  découvrir  dans  ses  ré- 
centes déterminations  !),  à  l'aide  du  photomètre  deGlan,  de 
l'absorption  par  les  corpuscules  verts  du  tissu.  Il  est  possible 
que  la  faute  en  soit,  dans  une  certaine  mesure,  à  la  nature 
des  objets.  Les  tableaux  de  M.  Reinke  montrent  que  la  valeur 
absolue  de  l'affaiblissement  lumineux  était,  de  même  que  dans 
les  expériences  antérieures  de  M.  Vierordt,  faits  sur  des  feuilles 
entières,  extrêmement  élevée  et  évidemment  due,  pour  une 
part  considérable,  à  une  autre  cause  qu'à  l'absorption  parla 
chlorophylle.  En  outre,  la  lumière  colorée  était  toujours  mêlée 
de  lumière  blanche,  qui  n'avait  traversée  que  des  membranes 
cellulaires  ou  des  cellules  incolores.  Dans  ces  conditions,  les 
détails  délicats  du  spectre  de  la  chlorophylle  doivent  facile- 
ment s'effacer. 

i)  J.  Reinke,  Bot.  Zeitg.,  1886,  N°.  9  et  fig. 


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DES   FEUILLES   ET   LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  15 

H  est  singulier  toutefois  que,  même  en  opérant  ses  déter- 
minations photométriques  sut  des  solutions  alcooliques  de 
chlorophylle,  M.  Reinke  n'ait  rien  pu  trouver  des  bandes  II 
et  III,  alors  que  M.  von  Wolkoff  les  avait  déjà  mises  en 
évidence  il  y  a  dix  ans,  au  moyen  de  l'appareil  plus  ancien, 
et  en  apparence  plus  imparfait,  de  Vierordt.  Cela  ne  peut 
guère  avoir  tenu  qu'à  des  défauts  de  l'instrument  employé 
par  M.  Reinke  ').  Le  photomètre  microspectral  a  toujours 
montré  ces  bandes,  que  les  extraits  alcooliques  fussent  tout 
récents  ou  plus  ou  moins  anciens,  préparés  dans  l'obscurité 
ou  à  la  lumière  (voir  fig.  6,  &,  6,  c,  tabl.  6,  a,  6,  c,  Vaucheria, 
Hedera  heUx)  *).  Elles  ne  dépendent  donc  pas,  comme  le  veut 

«  )  D'autres*  côtés  encore,  des  objections  ont  été  élevées  contre  l'appareil 
de  Glan. 

*)  Gommé  simple  exception,  paraissant  due  à  une  forte  proportion  de 
xanthophylle,  j'ai  rencontré  quelques  cas  où  les  bandes  II  et  III  n'étaient 
indiquées  que  très  faiblement.  Par  occasion  j'ai  aussi  reconnu  nettement 
ces  deux  bandes  dans  le  spectre  de  cellules  vertes,  qui  avaient  été  rapi- 
dement desséchées  à  50-  GO0  sur  le  porte-objet,  puis  humectées  d'huile 
d'olive  pure  et  neutre  (ûg.  et  tabl.  7  a)  ou  d'eau  (fig.  et  tabl.  7  6);  de  même, 
chez  des  cellules  tuées  par  immersion  rapide  dans  la  glycérine  concentrée 
fig.  e£  tabl.  8,  a  et  6).  Dans  ces  deux  cas,  il  ne  s'opère  aucun  déplacement 
sensible  des  bandes.  Dans  le  second  (glycérine),  on  peut  croire,  en  outre, , 
qu'il  y  a  réduction  au  minimum  de  la  formation  de  chlorophyllane,  ou 
plus  généralement  de  la  décomposition  de  la  matière  colorante  normale 
par  le  suc  cellulaire  acide,  décomposition  qui  naturellement  est  inévitable 
lors  de  la  dessiccation  ou  lors  de  la  //préparation  de  la  chlorophylle"  par 
les  méthodes  usuelles.  —  Des  solutions  alcooliques  du  Reinchlorophyll  de 
Tschirch,  matière  dont  l'auteur  voulut  bien  me  donner  un  échantillon, 
préparées  fraîchement  et  autant  que  possible  à  l'abri  de  l'air  et  de  la 
lumière,  montraient  les  bandes  II  et  III,  aussi  bien  à  la  simple  inspection  * 
du  spectre,  que  dans  les  courbes  résultant  des  mesures  (fig.  9  a,  tabl.  9  a). 
Par  contre,  des  solutions  analogues  du  a  Chlorophyllgrûn"  de  Hansen, 
également  faites  avec  des  échantillons  gracieusement  communiqués  de  la 
préparation  originale,  donnèrent  un  spectre  auquel  manquaient  ces  deux 
bandes,  tant  à  l'inspection  directe  que  d'après  le  témoignage  des  mesures 
photométriques  (fig.  9  6,  tabl.  9  b).  Mais  on  y  voyait  très  bien  le  dédouble- 
ment de  la  bande  I,  dédoublement  oaractéristique  de  la  chlorophylle  alcaline 
et  que  je  n'ai  jamais  pu  observer  dans  la  chlorophylle  vivante* 


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16      TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

M.  Reinke,  exclusivement  (bande  III),  ni  même  essentielle- 
ment (bande  II  et  IV),  d'un  effet  de  contraste  physiologique. 
Aussi  leur  présence  se  décèlera-t-elle  indubitablement  dans 
les  courbes  d'assimilation,  aussitôt  que  celles-ci  auront  été 
déterminées  avec  l'exactitude  nécessaire. 

D'après  nos  mesures  photométriques,  nous  sommes  donc 
autorisés  à  admettre,  comme  cause  de  la  coloration  jaune 
des  chromatophores  chez  le  Sambucus,  non  pas  il  est  vrai  une 
„xanthophylle"  pure,  mais  du  moins  un  mélange  ne  conte- 
nant que  peu  de  chlorophylle  ^proprement  dite"  (ainsi  que 
de  chlorophyllane).  La  présomption,  que  la  chlorophylle  pro- 
prement dite  ne  prend  qu'une  faible  part  à  l'assimilation  du 
carbone  dans  les  feuilles  jaunes,  a  donc  acquis  uije  base  plus 
solide.  Il  faut  reconnaître,  toutefois,  que,  dans  les  faits  dont 
il  vient  d'être  donné  communication,  n'est  contenue  aucune 
preuve  directe  de  l'action  assimilatrice  de  la  matière  colorante 
jaune. 

Pour  obtenir  cette  preuve,  il  sera  nécessaire  de  mesurer  le 
dégagement  d'oxygène  chez  des  cellules  les  unes  vertes,  les  autres 
jaunes,  mais  dû  reste  aussi  semblables  que  possible.  On  peut 
s'attendre  à  ce  que,  sous  l'influence  de  la  lumière  blanche, 
les  cellules  jaunes  dégageront  notablement  moins  d'oxygène 
que  les  cellules  vertes,  puisqu'elles  absorbent  en  général  moins 
de  lumière  que  celles-ci  et  laissent  surtout  passer  facilement 
les  rayons  à  grande  force  vive  (depuis  le  rouge  jusqu'au  vert 
jaunâtre).  Mais  dans  une  lumière  plus  réfrangible,  à  partir 
environ  de  X  0,53  /*,  il  y  a  apparence  que  les  cellules  jaunes 
décomposeront,  relativement  sinon  absolument,  plus  d'acide 
carbonique  que  les  vertes,  lesquelles  d'autre  part,  dans  la 
lumière  rouge  ou  jaune,  auront  certainement  plus  d'effi- 
cacité, absolue  et  relative,  que  les  cellules  jaunes. 

Pour  contrôler  ces  prévisions  par  les  méthodes  anciennes, 
macroscopiques,  il  conviendrait  d'employer  des  feuilles  minces 
et  de  faire  tomber  la  lumière  perpendiculairement  à  leur  sur- 
face.  Dans  le   choix  des  feuilles  jaunes,  il  y  aurait  à  éviter 


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DES   FEUILLES   ET    LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  17 

celles  qui  présentent  des  taches  albinotiques  ou  d'autres  signes 
évidents  d'une  destruction  de  la  matière  colorante  normale. 
En  plein  été,  après  l'action  prolongée  de  la  lumière  solaire 
directe,  je  trouve  presque  régulièrement,  chez  le  Sambiwus, 
des  signes  de  ce  genre:  la  feuille  entière  n'est  alors  plus  d'un 
jaune  intense  et  pur,  mais  d'un  blanc  jaunâtre.  D'ordinaire, 
les  aréoles  encadrées  par  les  nervures  sont  blanches  au  centre 
et  ne  deviennent  distinctement  jaunes  que  vers  la  périphérie. 
Dans  les  parties  blanches,  le  microscope  nous  l'apprend,  il 
y  a  disparition  non  seulement  de  la  matière  colorante,  mais 
aussi  des  chromoplastes  ;  dans  les  parties  faiblemant  colorées 
en  jaune,  les  chromatophores  sont  jaunâtre  pâle,  globuleux, 
gonflés,  granuleux,  le  plus  souvent  en  voie  de  décadence,  et 
le  protoplasma  lui-même  semble  être  légèrement  coloré  en 
jaunâtre.  Entre  ces  cellules  et  les  cellules  à  corps  chlorophyl- 
liens d'aspect  normal  et  de  couleur  allant  du  jaune  au  vert, 
il  est  facile  d'observer,  l'un  à  côté  de  l'autre,  tous  les  inter- 
médiaires. Comme  il  paraît  douteux  qu'on  puisse  trouver  des 
feuilles  jaunes  tout  à  fait  exemptes  de  matière  colorante  dé- 
composée et  de  chromoplastes  en  voie  de  destruction,  —  la 
preuve  rigoureuse  serait  du  moins  difficile  à  donner,  —  on 
ne  devra  accorder  qu'une  valeur  conditionnelle  aux  expé- 
riences faites  par  des  méthodes  macroscopiques.  La  méthode 
des  bactéries,  qui  permet  d'opérer  sur  des  cellules  isolées  et 
à  chromoplastes  reconnus  de  nature  normale,  fournira  sans 
doute  des  résultats  plus  décisifs.  Malheureusement,  pour  des  rai- 
sons de  santé,  j'ai  dû  m'abstenir  jusqu'ici  d'une  étude  approfon- 
die, et  je  me  suis  donc  borné  à  fixer  quelques  points  essentiels. 
Au  milieu  d'une  feuille  jaune  et  d'une  feuille  verte,  d'ail- 
leurs semblables,  d'un  même  pied  de  Sureau,  en  des  points 
exactement  correspondants  et  dépourvus  de  nervures,  on 
découpa  un  segment  jaune  pur  et  un  segment -vert  pur  d'en- 
viron 1  mm   carré  de  surface   '),  qui  furent  ensuite  déposés 

i)  Quelques   expériences  ont  été  faites  avec  des  fragments  de  feuilles 
encore  plus  petits. 

Akchives  Néerlandaises,  T.  XXII.  2 


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là     TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

sur  le  porte-objet  dans  une  grosse  goutte  d'eau  contenant 
d'innombrables  bactéries  aérobies  très  mobiles,  puis  recouverts 
d'une  lame  de  verre  et  occlus  dans  la  vaseline.  Les  deux 
préparations  étaient  placées  à  environ  5  mm  du  bord  de  la 
lame  recouvrante  et  à  2  mm.  l'une  de  l'autre.  Après  cinq 
minutes  d'éclairement  par  la  lumière  diffuse  et  modérée  du 
jour,  elles  furent  examinées  à  un  grossissement  d'environ  100 
diamètres:  autour  du  segment  de  feuille  verte  se  trouvait 
une  dense  accumulation,  déjà  visible  à  l'œil  nu  sous  la  forme 
d'une  bordure  jaune,  de  bactéries  fourmillant  avec  vivacité; 
un  rassemblement  analogue,  mais  beaucoup  plus  faible,  entou- 
rait le  segment  jaune.  Dans  toute  l'étendue  de  la  goutte  d'eau, 
sauf  au  pourtour  des  deux  préparations,  les  bactéries  étaient 
entrées  en  repos.  Quand  l'éclairage  était  rendu  plus  intense 
au  moyen  du  condensateur,  l'accumulation  augmentait  nota- 
blement autour  de  l'objet  jaune,  mais  sans  jamais  égaler 
celle  formée  autour  de  l'objet  vert.  —  Le  porte-objet  fut 
ensuite  obscurci  pendant  cinq  minutes.  Au  bout  de  ce 
temps,  les  deux  rassemblements  s'étaient  en  grande  partie  dis- 
persés et  les  mouvements  des  bactéries  avaient  cessé  partout. 
En  peu  de  minutes,  toutefois,  sous  l'influence  d'un  nouvel 
éclairage  continu  et  uniforme  par  la  lumière  diffuse  du 
jour,  l'état  antérieur  se  rétablit.  —  Dans  la  partie  bleue 
et  violette  du  miscrospectre  d'une  lampe  à  incandescence 
alimentée  par.  3  éléments  de  Grove,  l'agitation  et  l'accumu- 
lation, abolies  par  obscurcissement  préalable,  purent  être 
rappelées  de  la  manière  la  plus  distincte,  tant  à  la  surface 
du  fragment  de  tissu  jaune  qu'à  celle  du  fragment  vert,  ce 
dernier,  toutefois,  exerçant  de  nouveau  une  action  décidément 
plus  forte.  Le  même  effet,  mais  encore  notablement  plus 
énergique  que  dans  le  bleu,  se  produisit  dans  la  région  rouge 
dti  microspectre.  Il  me  parut  aussi  que,  dans  cette  région, 
la  supériorité  du  fragment  vert  sur  le  jaune  était  encore 
beaucoup  plus  accusée  que  dans  le  bleu. 

D'après    cela,    il   est   certain,  en  tout  cas,  que  les  cellules 


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Î)ES  FBTJtLLËS   Éï   LÉtm  SÎÔtfifICÀTÏOtf  ETC.  19 

foliaires  à  chromatophores  jaunes  dégagent,  elles  aussi,  de 
l'oxygène  dans  une  lumière  mélangée,  bien  que,  ceteris  paribus, 
beaucoup  moins  que  les  cellules  vertes,  normales.  Les  faits 
exposés  paraissent  même  parler  en  faveur  de  la  participation,  di- 
recte de  l'élément  jaune  de  la  chlorophylle  à  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique.  On  ne  pourra  se  prononcer  catégoriquement, 
toutefois,  qu'à  la  suite  de  recherches  quantitatives  détaillées. 

Je  passe  maintenant  à  la  seconde  classe  de  feuilles  colorées, 
caractérisée  par  le  fait  que  la  couleur,  différente  de  la  verte, 
ne  provient  pas  d'une  coloration  anomale  des  chronfoplastes, 
mais  de  la  présence  de  substances  colorées,  à  côté  de  la  chromo- 
phylle.  Dans  la  grande  majorité  des  cas,  c'est  le  liquide  de 
la  cellule  qui  est  le  siège  de  la  matière  colorante  étrangère; 
il  est  comparativement  rare  que  ce  soit  la  membrane  cellulaire. 

Dans  ce  dernier  cas,  la  coloration  est  toujours,  à  ma  con- 
naissance, bornée  à  des  portions  relativement  petites  de  la 
surface  foliaire,  la  feuille  présentant,  au  total,  la  teinte  verte 
normale.  C'est  ce  qui  a  lieu,  par  exemple,  chez  YEvonymus 
japonicus,  chez  plusieurs  espèces  d'Agave,  chez  le  Phormium 
tenax.  Ordinairement,  la  couleur  des  membranes  est  le  blanc 
jaunâtre,  et  frappante  seulement  dans  les  couches  un  peu 
épaisses.  Au  moyen  du  photomètre  microspectral,  toutefois, 
il  est  facile  de  constater  aussi  sur  des  couches  membraneuses 
minces  l'absorption  relativement  plus  forte  des  rayons  bleus 
et  violets.  J'ai  trouvé  d'une  coloration  très  intense,  allant 
jusqu'à  l'orange  foncé,  les  membranes  du  Phormium  tenax, 
plante  dont  j'ai  examiné  plusieurs  exemplaires.  Chez  ceux-ci, 
le  bord  de  chaque  feuille,  sur  une  largeur  d'environ  1  mm. , 
tant  à  la  face  supérieure  qu'à  la  face  inférieure,  était  d'un 
jaune-rougeâtre  intense,  et  une  ligne  de  la  même  couleur 
s'étendait  sur  la  face  inférieure  de  la  feuille,  tout  le  long  de 
la  nervure  médiane.  Sur  les  coupes,  les  parois  externes  très 
épaisses  de  l'assise  cellulaire  la  plus  superficielle  apparais- 
saient  teintées    uniformément    et   très   fortement  en  jaune 

2* 


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20     TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

passant  à  l'orange.  La  coloration  s'étendait  aussi,  mais  avec 
une  saturation  très  rapidement  décroissante,  aux  parois  laté- 
rales verticales  de  la  couche  cellulaire  supérieure.  Le  contenu 
des  cellules  était  tout  à  fait  incolore.  D'un  jaune-orangé  pur 
en  couche  d'environ  0mm,01  d'épaisseur,  et  d'un  rouge-orangé 
en  couche  plus  épaisse,  la  couleur  était  le  plus  foncée  au 
bord  extrême  de  la  feuille,  A  la  face  inférieure,  la  couleur 
était  encore  franchement  jaune  à  1  mm.  du  bord,  plus  loin 
jaune-verdâtre,  à  la  distance  de  1  cm.  encore  distincte  sur 
chaque  cellule  isolée,  vue  du  côté  étroit.  A  la  face  supérieure, 
elle  perdait  si  rapidement  de  sa  saturation  en  s'éloignant 
du  bord,  qu'à  la  distance  d'un  peu  plus  de  1  mm.  elle  n'était 
déjà  presque  plus  perceptible.  Il  n'y  a  donc  qu'une  bande 
de  tissu  extrêmement  étroite,  et  entièrement  insignifiante  au 
point  de  vue  de  la  nutrition  de  la  feuille,  qui  reçoive  de  la 
lumière  ayant  traversé  exclusivement  des  membranes  cellu- 
laires jaunes.  Il  n'était  guère  à  supposer  qu'au-dessous  de 
cette  bande  le  parenchyme  assimilateur  offrirait  des  parti- 
cularités dépendant  de  ces  conditions  spéciales  d'éclairement. 
Aussi  n'ai-je  pu  constater  avec  certitude  des  différences  de 
ce  genre.  L'absence  de  grains  de  chlorophylle  dans  certaines 
plages  de  parties  partout  ailleurs  chlorophyllifères  de  la  zone 
marginale  extrême,  sous  les  cellules  du  jaune  le  plus  foncé>  était 
le  seul  fait  pouvant  être  interprété  en  ce  sens.  Il  semble 
hasardé,  toutefois,  d'en  rendre  responsable  la  composition 
anormale  de  la  lumière  qui  parvient  à  ces  cellules.  Même 
chez  les  membranes  cellulaires  les  plus  épaisses  et  de  la 
couleur  orange  la  plus  foncée,  le  photomètre  microspectral 
accusait  une  transparence  presque  absolue  pour  les  rayons 
moins  réfrangibles,  du  rouge  extrême  jusque  dans  le  vert- 
jaunâtre;  à  partir  de  X  =  0,57  j*  seulement,  l'absorption 
croissait  avec  plus  de  rapidité,  et  déjà  vers  l  0,44  ^  elle 
était  à  peu  près  maxima,  quoique  nullement  complète,  comme 
on  peut  le  voir  par  la  fig,  10  a  et  le  tabl.  10  a.  Ni  avec 
mou    appareil,   ni   avec    l'appareil   microspectral   de   Sorby- 


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DES   FEUILLES   ET  LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  21 

Browning   ou    de   Zeiss-Abbe,    on    ne  distinguait  de  bandes 
•  d'absorption;   dans   les  mesures  non  plus,  on  n'en  découvre 
la  moindre  indication. 

Les  cellules  parenchymateuses  sous-jacentes  aux  parties  de 
Tépiderme  colorées  en  orange  pur  reçoivent  donc  avec  très 
peu  d'affaiblissement  (abstraction  faite  de  la  perte  par  ré- 
flexion) la  masse  principale  de  la  lumière  du  jour,  et  spé- 
cialement les  rayons  de  la  plus  grande  énergie,  parmi 
lesquels  ceux  qui  ont  le  plus  d'efficacité  pour  l'assimilation 
de  la  chlorophylle.  Quant  à  mettre  sur  le  compte  de  la  forte 
absorption  des  rayons  très  réfrangibles  le  développement 
imparfait  du  tissu  vert  en  quelques  points,  on  ne  doit  pas 
y  songer;  car,  d'après  les  expériences  connues  '),  le  verdis- 
sement peut  avoir  lieu,  dans  tout  le  règne  végétal  même 
quand  ces  rayons  sont  exclus.    , 

De  beaucoup  plus  grande  importance  pour  la  question  posée 
au  début  se  montre  l'étude  des  cas  où  c'est  par  suite  de  la 
présence  d'un  suc  cellulaire  coloré  que  la  totalité  ou  du  moins 
une  grande  partie  du  limbe  foliaire  possède  une  couleur  diffé- 
rente de  la  verte.  Innombrables  sont  les  espèces  chez  qui  ce 
phénomène  s'observe,  mais  innombrables  aussi,  voire  chez  une 
même  espèce,  sur  un  même  individu,  dans  une  même  feuille, 
les  différences  que  la  matière  colorante  intra-cellulaire  présente 
quant  au  lieu  et  au  moment  de  son  apparition,  et  aussi  quant 
à  sa  saturation  et  à  sa  nuance.  Ces  dernières  circonstances 
rendent  un  peu  plus  difficile  une  exposition  à  la  fois  claire  et 
exacte  des  phénomènes. 

Parmi  les   cinquante  végétaux  environ,  tous  des  Phanéro- 
games, que  j'ai  examinés,  on  peut  distinguer  d'une  manière 
générale  deux  groupes  principaux,  d'ailleurs  liés  l'un  à  l'autre  ' 
par  de  nombreux  termes  intermédiaires. 


i)  Voir  les  indications  bibliographiqnes  données  par  J.  Sachs,  Bot.  Zeitg., 
1864,  p.  353,  et  par  W.  Pfeffer.  Pflmzenphysiologie,  I,  1881,  p.  223. 


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22     TH.  W.  ENGELMÀNN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

Au  premier  groupe  appartiennent  les  plantes  dont  les  feuilles 
ont  normalement,  pendant  toute  ou  presque  toute  la  période 
de  végétation,  une  couleur  autre  que  la  verte;  au  second, 
celles  qui  ne  présentent  une  pareille  coloration  que  passagè- 
rement, au  début  de  leur  développement.  A  ce  dernier  groupe 
se  rattachent  des  formes  chez  lesquelles  une  rubéfaction  ne 
se  produit,  sur  la  face  exposée  à  la  lumière,  que  sous  Pinfluence 
d'un  éclairement  intense  et  continu. 

Le  contingent  le  plus  considérable  au  premier  groupe  est 
fourni  par  les  plantes  d'ornement  à  feuillage  pourpre,  géné- 
ralement petites,  qui  trouvent  dans  l'horticulture  moderne  une 
application  si  fréquente,  surtout  por  la  décoration  polychrome. 
Ce  groupe  renferme  pourtant  aussi  des  arbustes,  tels  que  le 
Berberis  aPropurpurea,  et  des  arbres,  tels  que  le  Hêtre  pourpre, 
le  Betula  atropurpurea,  etc.  Les  formes  que  j'ai  étudiées  sont 
outre  les  espèces  déjà  nommées,  les  suivantes  :  Vrieseasplendens, 
Niduhrinim  InnocenM,  Gryptcmthus  zonatus  fuseus,  Oypripedmm 
venustum,  Pellionea  Devauecma,  Epimedium  alpmum}  Brassica 
oleracea,  Ricmus  Gibsonii,  Iresme  Lindmii,  Achyranthes  Verschaf- 
felti,  Cissus  diseolor,  Pelargoniwm  zonale,  Bégonia  rex>  Cobaea 
sccmdens,  Rosa,  Ardisia  demi&sa,  Gemeria  Donkelaari,  Sinningea 
pwrpwrea,  Coleus  VerschaffeUi,  Perilh  Nanhinensis,  Lobelia  ignea, 
Higginsia  refulgem,  enfin  Tradescantia  ddscolor,  Tr.  zebrina  et 
Jiïrythrotw  Beddomei. 

Les  plantes  dont  les  feuilles  sont  colorées  au  début  de  leur 
développement,  mais  deviennent  plus  tard  entièrement  vertes, 
se  rencontrent  en  si  grande  abondance  parmi  les  végétaux 
supérieurs,  surtout  parmi  les  Dicotylédones,  que  l'énumération 
des  formes  qui  n'y  appartiennent  pas  serait  peut-être  plus 
facile  que  l'énumération  contraire.  Dans  le  nombre  immense 
de  ces  plantes,  j'ai  examiné  plus  spécialement:  Artocarptis 
imperialis,  Qaercus  pedvmulata  et  sessilillora,  Populus  nigra, 
Oitrus  medica,  Tilia  grandiflora,  Rhus  Cotinus,  Acer  Pseudo- 
Platanus,  Ampélopsis  hederacea,  VUis  vmifera,  liez  Aquifolium, 
Myrius  communis,  Punica  grcmatum,  Jambosa  mbricaulis,  Euea- 


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DBS   FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  23 

lyptus  Gunnii,  Pirus  japonica,  Crataegus  oxyacantha,  Wistaria 
sinensis,  Centrosolenia  bullata. 

Un  groupement  naturel  d'après  retendue  oceupée  par  la  colo- 
ration anormale  de  la  feuille  ne  se  laisse  guère  établir,  à  cause 
des  nombreuses  transitions  qu'on  observe.  Quelquefois,  la  feuille 
tout  entière,  face  supérieure  et  face  inférieure,  est  uniformément 
colorée  en  brun,  en  rouge  ou  en  pourpre.  C'est  ce  qui  a  lieu 
d'une  manière  permanente  chez  Iresine  Lindenii,  Achyran- 
thés  Verschaffelti,  Perilla  Nankinensis,  Lobelia  ignea,  Berberis 
atropurpurea,  Fagus  silvatica  atropurp.,  plusieurs  variétés  de 
Coleus,  de  Rosa9  de  Brassica,  et  passagèrement,  au  début 
du  développement,  chez  la  plupart  des  plantes  du  second 
groupe,  pendant  longtemps  entre  autres  chez  Qaercus  Robur, 
différentes  variétés  de  Rosa  (surtout  les  Rosiers-des-quatre-sai- 
sons),  Acer  Pseudo-Platanus,  etc. 

Dans  d'autres  cas,  c'est  à  des  parties  déterminées  de  la  feuille 
que  la  coloration  est  limitée  strictement  ou  principalement: 
à  toute  la  face  inférieure,  par  exemple,  d'une  manière  per- 
manente, chez  plusieurs  espèces  et  variétés  de  Cyclamen,  Bégonia, 
Cissus,  Tradescantia,  Acer,  Rosa,  Rhododendron  ;  à  une  partie  de 
la  face  inférieure  (ou  quelquefois  des  deux  faces),  d'une  manière 
permanente,  chez  Vriesia  splmdens,  Mdulariumlnnocenti,  Cryp: 
tarUhus  zonatus  fuscus,  Tradescantia  discolor  et  zebrina,  Cobaea 
scandens,  Cissus  discolor,  beaucoup  de  variétés  de  Coleus,  Pelar- 
gonium  zonale,  etc.  Tantôt  la  coloration  affecte  surtout  les 
parties  latérales  et  la  base  de  la  feuille,  tantôt  elle  en  occupe 
de  préférence  le  sommet  ou  le  milieu,  tantôt  ce  sont  princi- 
palement les  nervures  qui  présentent  la  couleur  rouge  et  le 
tissu  intermédiaire  est  vert,  tantôt  ce  sont  précisément  les 
nervures  qui  pestent  incolores,  etc.  Pour  l'objet  de  ce  travail, 
toutefois,  il  est  sans  intérêt  d'insister  davantage  sur  ces  détails 
macroscopiques. 

Bien  plus  importante  est  la  connaissance  de  la  distribution 
de  la  matière  colorante  par  rapport  aux  organes  élémentaires 
assimilateurs.    A  ce  point  du  vue,  on  rencontre  de  nouveau 


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24  TH.    W.   ENGELMANN.   LES   COULEUKS   NON    VERTES 

les  différences  les  plus  grandes,  même  chez  une  seule  et  même 
feuille,  en  des  points  différents,  ou  dans  des  stades  de  déve- 
loppement différents,  ou  dans  des  conditions  extérieures 
différentes. 

Non  seulement  toutes  les  cellules  de  Tépiderme  et  de  ses 
appendices,  mais  aussi  celles  du  parenchyme  assimilateur 
peuvent  contenir  du  suc  coloré.  En  général,  toutefois,  il  règne 
chez  une  même  forme  une  assez  grande  régularité  quant  à 
la  distribution  de  la  couleur  dans  les  diverses  espèces  de  tissus. 
Une  série  des  types  les  plus  répandus  est  représentée  sur  la  PI.  II. 

La  fig.  1  a,  prise  d'une  coupe  transversale  de  la  feuille  adulte 
du  Fagus  silvatica  atropurpurea,  montre  la  matière  colorante 
bornée  exclusivement  aux  cellules  épidermiques,  le  paren- 
chyme assimilateur  en  étant  complètement  dépourvu.  Vues 
sur  la  face  de  la  feuille,  fig.  1  ft,  les  cellules  épidermiques 
paraissent  d'un  brun  pourpre  foncé  au-dessus  du  parenchyme 
vert,  d'un  rouge  pourpre  pur  au-dessus  des  faisceaux  vascu- 
laires  incolores;  à  travers  les  parois  latérales  incolores  et 
sinueuses  des  cellules  épidermiques  perce  le  vert  du  tissu 
assimilateur.  —  Une  disposition  essentiellement  la  même  nous 
est  offerte  par  les  feuilles  de  Perilla  Nankinerms,  de  Lobelia 
ignea,  de  plusieurs  variétés  de  Coleus. 

Tandis  que,  dans  les  feuilles  dont  il  vient  d'être  parlé, 
toutes  les  cellules  épidermiques,  sans  exception,  contiennent 
ordinairement  du  suc  rouge,  les  fig.  2  a  et  b  représentent  un 
cas  (feuille  de  Ricinus  Oibsoni)  où  certaines  cellules  épider- 
miques seulement,  disposées  d'une  façon  déterminée,  sont 
rouges,  les  autres  incolores.  Parmi  les  premières,  celles  qui 
sont  remplies  de  suc  rouge,  on  distingue  de  grosses  cellules 
globuleuses  isolées,  qui  pénètrent  profondement  jusque  dans 
le  parenchyme  pallissadique  ou  le  parenchyme  spongieux,  et 
de  petites  cellules  réunies  en  groupes  de  grandeur,  de  forme 
et  d'arrangement  divers,  qui  restent  au  niveau  des  cellules 
épidermiques  incolores.  —  En  dehors  des  cas  cités,  le  tissu 
assimilateur  a  encore  été  trouvé  dépourvu  de  matière  colorante 


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DBS   FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  25 

non  verte  chez  Tradescantia  zebrina  et  discolor  (fig.  3),  Erythrotis 
Beddomei,  Vriesea  splendens,  Nidularium  Innocenti,  Cryptanthus 
zonatus  fuscus,  et  souvent  aussi  chez  Ampélopsis,  VUis,  Rosa,  etc. 

D'autre  part,  le  cas  est  fréquent  aussi  où  la  matière  colo- 
rante se  rencontre  exclusivement  dans  le  tissu  assimilateur. 
Leô  cellules  palissadiques  en  sont  alors  le  siège  de  prédilec- 
tion. C'est  ce  qu'on  voit,  par  exemple,  dans  les  feuilles  du 
Chêne  (fig.  4  a  et  6),  du  Hêtre,  du  Peuplier,  du  Saule,  chez 
plusieurs  variétés  de  Coleus,  de  Pelargonium  zonale  et  de  beau- 
coup d'autres  plantes.  Souvent  la  coloration  est  particulière- 
ment intense  dans  celles  de  ces  cellules  qui  touchent  aux 
faisceaux  vasculaires.  En  même  temps  que  les  cellules  palis- 
sadiques,  toutefois,  toutes  les  cellules  du  parenchyme  spongieux, 
ou  du  moins  un  grand  nombre  d'entre  elles,  et  de  plus  les 
cellules  épidermiques  de  la  face  supérieure  de  la  feuillef  ou 
de  l'inférieure  ou  de  toutes  les  deux  à  la  fois  {Coleus  fig.  5), 
peuvent  contenir  du  suc  rouge.  La  coloration  des  cellules 
parenchymateuses  est  particulièrement  générale  et  frappante 
chez  Achyranthes  VerschaffeUi  (fig.  6),  Iresine  Lindmii,  plusieurs 
variétés  à  feuilles  très  foncées  de  Coleus  et  de  Brassica,  chez 
Berberis  atropurpurea,  Epimedium  alpinum,  Bégonia  rex;  passa- 
gèrement, elle  est  fréquente  dans  les  très  jeunes  feuilles  de 
Fagus,  Populus,  Quezcus,  Tilia,  Salix,  liez  Aquifolium,  Euca- 
lyptus Gunnii,  Punica  granatum,  Crataegus  oxyacantha  C'est 
ordinairement  dans  les  cellules  palissadiques  que  la  solution 
de  matière  colorante  est  le  plus  saturée.  Les  cellules  du  pa- 
renchyme spongieux  offrent  fréquemment  une  très  forte  iné- 
galité de  coloration.  Souvent  la  couleur  rouge  est  bornée  à 
quelques-unes  d'entre  elles,  et  celles-ci  sont  alors  situées  de 
préférence  au  voisinage  immédiat  des  cellules  palissadiques 
ou  de  l'épiderme  de  la  face  inférieure  (fig.  4,  Qaercus).    ' 

Dans  maints  cas,  enfin,  la  matière  colorante  se  trouve 
uniquement  dans  les  assises  plus  internes,  chlorophyllifères, 
de  la  feuille.  L'assise  cellulaire  immédiatement  sous-jacente 
aux    cellules  palissadiques  en  est  alors  toujours,  paraît-il,  le 


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26     TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

siège  spécial.  C'est  ce  qu'on  observe  chez  Riggirma  refulgens 
(fig.  7),  Siïnninpea  purpurea,  Gesneria  Donkelaari,  Ardisia  demissa, 
Pellionea  Devauema. 

De  la  revue  rapide  que  nous  venons  de  passer  *),  il  res- 
sort que  l'influence  de  la  matière  colorante  rouge  sur 
l'éclairement  des  organes  élémentaires  assimilateuts  doit 
être  très  différente,  ne  fût-ce  qu'à  raison  des  différences  de 
la  distribution  de  cette  matière  dans  la  feuille.  Il  existe  de 
nombreux  cas  dans  lesquels,  presque  littéralement,  pas  un 
seul  grain  de  chlorophylle  de  la  feuille,  ni  même  de  toutes 
les  feuilles  de  la  plante,  ne  reçoit,  à  aucune  époque  de  la 
vie  ni  d'aucun  côté,  de  la  lumière  qui  n'ait  pas  traversé  pré- 
alablement du  suc  cellulaire  rouge.  La  plante  entière  vit  donc 
alors  comme  derrière  un  écran  rouge  permanent.  Dans  ces 
conditions  se  trouvent,  par  exemple,  Achyranthes  Verschajfelti, 
Iresme  Lmdenii,  plusieurs  variétés  de  Colew.  Elles  sont  réa- 
lisées à  un  degré  à  peine  moindre  chez  les  formes,  telles 
que  Hêtre  pourpre,  Perilla  Nankinemis,  Lobelia  ignea,  Berberis 
atropwrpurea,  où  la  lumière  ne  peut  entrer  sans  modification 
qualitative  que  lorsqu'elle  tombe  bien  perpendiculairement 
sur  les  étroites  parois  latérales  des  cellules  épidermiques  (fig.  1), 
où,  par  conséquent,  la  masse  principale  de  la  radiation  est 
partout  soumise  à  une  absorption  par  le  suc  cellulaire  rouge, 
avant  d'atteindre  la  chlorophylle. 

Ces  cas  extrêmes  ont  pour  nous,  on  le  conçoit,  une  im- 
portance particulière. 

Il  n'est  pas  douteux,  me  semble-t-il,  que  dans  ces  cas  l'as- 
similation ne  le  cède  nullement  en  énergie  à  celle  des  espèces 
les  plus  voisines  à  feuilles  non  colorées.  Le  Hêtre  pourpre, 
par  exemple,  forme  en  Hollande  les  arbres  les  plus  grands; 
aucune  autre  espèce  arborescente  indigène  ne  le  surpasse, 
et  bien  peu  l'atteignent,  sous  le  rapport  de  la  densité  et  de 


i)  On  trouvera  des  particularités  anatomiques  plus  détaillées  dans  les 
substantiel  Mémoire  que  vient  de  publier  M.  Hassack,  Botan.  Centralblatt, 
1886,  N°.  48-52. 


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DES  FEUILLES   ET  LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  27 

l'ampleur  de  sa  couronne  de  feuillage  ;  la  rapidité  de  sa  crois- 
sance n'est  pas  moindre,  à  ce  que  m'ont  assuré  plusieurs 
arboriculteurs  expérimentés,  que  celle  du  Hêtre  vert.  La  même 
chose  s'applique,  mutatis  mutandis,  aux  Berberis  atropurpurea 
et  vulgarisy  et  il  est  également  facile  de  se  convaincre  que, 
parmi  les  nombreuses  variétés  de  Coîeu89  les  formes  à  feuilles 
uniformément  colorées  en  pourpre  foncé  ne  croissent  pas  plus 
lentement  et  ne  prennent  pas  un  développement  moindre 
que  celles  dont  les  feuilles  sont  en  majeure  partie  vertes. 
Tout  au  contraire,  l'expérience  a  appris  aux  horticulteurs  que 
ces  formes  de  Coleus  à  feuillage  pourpre  foncé  végètent  plus 
énergiquement  que  les  formes  plus  ou  moins  vertes,  et  cela 
non  seulement  à  conditions  égales,  mais  aussi  —  d'après  la 
réponse  unanime  faite,  de  quatre  côtés  différents,  à  mes  de- 
mandes d'informations  —  sous  un  éclairage  plus  faible.  Dans 
tous  ces  cas  pourtant,  on  le  reconnaît  déjà  à  simple  vue,  la 
lumière,  subit  un  affaiblissement  très  notable,  l'énergie  totale 
de  la  radiation  qui  pénètre  jusqu'aux  corps  chlorophylliens 
est,  en  général,  beaucoup  moindre  que  pour  des  feuilles  vertes 
de  même  structure. 

Si,  en  dépit  de  cette  circonstance,  la  coloration  ne  paraît 
avoir  aucune  influence  appréciable  sur  l'énergie  de  l'assimi- 
lation de  la  plante  entière,  on  pourrait  être  tenté  d'en  chercher 
la  cause  dans  un  développement  plus  abondant  ou  une  dis- 
position plus  avantageuse  des  grains  chlorophylliens.  Mais 
rien  ne  vient  à  l'appui  de  cette  hypothèse.  Comme  résultat 
général,  je  dois  déclarer  d'emblée  que  ni  la  richesse  en  grains 
chlorophylliens,  ni  la  forme,  la  dimension  ou  la  distribution 
de  ces  grains  ne  présentent  quelque  rapport  évident  et  con- 
stant avec  la  coloration  des  feuilles.  Ni  accélération  ni  ralen- 
tissement dans  la  formation  et  le  développement  des  corps 
chlorophylliens  ne  se  laissent  constater  avec  certitude  der- 
rière la  matière  colorante  rouge.  Là  où  existent  des  diffé- 
rences de  ce  genre,  elles  sont  de  même  nature  et  de  même 
ordre   de  grandeur  que  celles  qu'on  trouve  dans  les  feuilles 


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28     TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

vertes.  Un  laborieux  examen  quantitatif  pourrait  seul,  à  mon 
avis,  faire  découvrir  peut-être  de  petits  écarts  constants,  liés 
à  la  présence  de  la  matière  colorante  rouge.  Mais,  selon  toute 
apparence,  ces  écarts  seraient  tellement  faibles  qu'il  n'y  aurait 
pas  moyen  de  les  utiliser  pour  la  solution  de  la  question 
physiologique  qui  nous  occupe. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  s'applique  aussi  —  et  cela 
n'est  pas  d'importance  moindre  —  à  la  couleur  des  corps  chlo- 
rophylliens.  Ni  la  vue  directe,  ni  le  photomètre  microspec- 
tral, ne  parviennent  à  saisir  quelque  particularité  à  cet  égard. 
La  couleur  est  le  vert-jaunâtre  normal,  la  courbe  d'absorp- 
tion a  la  forme  ordinaire,  la  saturation  de  la  couleur,  dans 
les  chromatophores  pris  séparément*,  n'est  ni  plus  forte  ni 
plus  faible  qu'ailleurs.  ')  Les  déviations  éventuelles  tombent 
toutes  dans  la  limite  de  celles  qu'on  observe  aussi  chez  les 
feuilles  vertes  d'espèce  analogue.  Je  m'abstiens,  pour  cette 
raison,  de  citer  des  résultats  numériques. 

Le  fait,  que  la  forte  absorption  par  la  matière  colorante 
rouge  ne  porte  aucun  préjudice  sensible  à  l'assimilation  du 
carbone,  ne  paraît  donc  pouvoir  s'expliquer  qu'en  admettent 
que  cette  absorption  est  essentiellement  bornée  aux  rayons 
qui  ont  le  moins  d'importance  au  point  de  vue  -de  l'assimi- 
lation. La  simple  inspection  des  couleurs  semble  déjà  confirmer 
cette  présomption.  Sans  exception,  en  effet,  chez  les  plantes 
ci-dessus  citées,  le  suc  cellulaire,  qui  masque  la  chlorophylle, 
est  rouge,  le  plus  souvent  décidément  rouge  pourpre,  parfois 
avec  une  teinte  de  violet  pourpré.  Les  rayons  verts  de  la 
lumière  solaire,  qui  d'après  mes  expériences  servent  relative- 
ment le  moins  au  travail  de  l'assimilation,  sont  donc,  en 
tout  cas,  ceux  qui  éprouvent  la  perte  la  plus  forte  avant 
d'atteindre  les  laboratoires  où  se  décompose  l'acide  carbonique  ; 
les  rayons  rouges,  et  certainement  aussi  une  partie  des  rayons 

i)  Lorsque  les  cellules  à  chlorophylle  contiennent  elles-mêmes  du  suc 
rouge,  on  ne  peut  sûrement  juger  de  la  couleur  des  grains  chlorophylliens 
qu'après  avoir  fait  écouler  le  suc,  en  entamant  les  cellules. 


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DES  FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  29 

très  réfrangibles,  y  pénètrent  beaucoup  moins  affaiblis,  à 
proportion.  Toutefois,  l'analyse  purement  subjective  de  l'im- 
pression chromatique  reste  insuffisante. 

La  simple  comparaison  des  spectres  au  moyen  des  oculaires 
spectraux  ordinaires  de  Zeiss-Abbe  ou  de  Sorby-Browning 
ne  peut,  également  faire  connaître  que  d'une  manière  géné- 
rale la  marche  de  l'absorption.  Il  m'a  pourtant  été  possible 
de  constater  par  ce  moyen  que,  dans  toutes  les  plantes 
examinées,  la  marche  en  question  est  essentiellement  la  même, 
en  ce  sens  que  l'affaiblissement  le  plus  considérable  tombe 
indubitablement  dans  le  vert,  tandis  que  la  transmission  est 
excellente,  pour  le  rouge  et  très  bonne  aussi,  relativement, 
pour  le  bleu  et  le  violet.  Dans  la  plupart  des  cas,  l'absorption 
croît  graduellement  des  deux  extrémité  du  spectre  vers  son 
milieu,  et  spécialement  du  jaune  et  du  bleu  vers  le  vert; 
lorsque  la  matière  colorante  est  très  concentrée  dans  la  cellule, 
l'accroissement  est  souvent  si  rapide  (Irmne,  Lobelia,  Oissus) 
qu'il  en  résulte  l'impression  d'une  très  large  bande  estompée, 
entre  X 0,59  et  à  0,50 /a  environ. 

Des  différences  frappantes  n'ont  été  offertes  que  par  le 
spectre  des  cellules  épidermiques  des  Commélynacées  :  Tra- 
descantia  di&color  (fig.  3),  Tr.  zebrina  et  Erythrotis  Beddomei, 
cellules  qui  d'ailleurs  se  distinguent  déjà  à  l'œil  nu  par  une 
coloration  plutôt  violet-pourpre  que  rouge.  Dans  ce  spectre 
on  voit,  quand  la  couleur  du  suc  cellulaire  n'est  pas  à  satu- 
ration trop  faible,  trois  bandes  dans  le  vert:  la  plus  foncée, 
de  X 0,600  à  X  0,575  environ  ;  la  seconde,  un  peu  moins  foncée, 
à  peu  près  de  X  0,558  à  X  0,533,  et  la  troisième,  très  faible, 
environ    entre    X  0,520   et  X  0,495  ').    Une  quatrième  bande, 


i)  M.  G.  Kraus  {Znr  Kennlniss  der  Chlorophy II farbstoffe  etc.,  Stuttgart 
4872),  qui  le  premier  a  décrit  et  figuré  Je  spectre  des  cellules  épidermiques 
de  la  face  inférieure  des  feuilles  de  Tradescantia  zebwna,  ne  remarqua, 
probablement  parce  que  les  cellules  examinées  étaient  trop  peu  saturées  de 
matière  colorante,  ni  la  troisième  bande,  ni  la  quatrième;  de  celle-ci, 
d'ailleurs,  moi-même  je  ne  garantis  pas  l'existence. 


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30     TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

près  de  F,  environ  de  X  0,49  à  3,0,47,  resta  douteuse.  Le 
rouge  et  le  vert  sont  à  peine  affaiblis.  Le  maximum  (subjectif) 
absolu  de  clarté  se  trouve,  quand  on  emploie  la  lumière  du 
jour  ou  d'une  bonne  lampe,  dans  le  vert  près  de  X  0,565. 
Le  spectre  ressemble  beaucoup,  en  conséquence,  àfceluidela 
mycoporphyrine,  récemment  décrit  et  figuré  par  M.  Reinke  *). 
Les  deux  matières,  ou  mélanges  de  matières,  ne  sont  pourtant 
pas  identiques.  Les  mesures  avec  le  photomètre  microspectral 
donnèrent  pour  l'absorption  une  marche  essentiellement  diffé- 
rente (v.  fig.  lia  et  tabl.  lia).  Les  constantes  locales  (rapports 
des  coefficients  d'extinction,  d'après  la  proposition  très  pratique 

DDE' 
de  Reinke),  ^=,  =,  -=,,  s'élevaient  pour  la  matière  colorante  du 
Mi     r     r 

Tradescantia  (en  moyenne  de  trois  expériences  faites  sur  des 
cellules  vivantes)  respectivement  à  1,084,  2,670,  2,463,  contre 
3,485,  2,108,  0,682  pour  la  mycoporphyrine  (solution  alcoo- 
lique). Ces  différences  deviennent  encore  beaucoup  plus  no- 
tables lorsqu'on  a  égard,  suivant  la  règle  de  Kundt,  aux 
déplacements  qui  dépendent  de  la  nature  différente  du  dissol- 
vant. En  outre,  la  matière  colorante  du  Tradescantia  n'est  pas 
fluorescente.  Spectroscopiquement,  elle  présente  aussi  quelque 
analogie  avec  la  matière  colorante  des  pétales  bleus  du 
Cineraria  (fig.  116,  tabl.  116).  Comme  elle  est  emmagasinée 
principalement  à  la  face  inférieure,  non  tournée  vers  la  lumière, 
des  feuilles,  lesquelles  ailleurs  sont  vertes  ou  du  moins  verdâ- 
tres,  elle  ne  peut  jouer  que  dans  une  mesure  très  restreinte 
le  rôle  d'écran  vis-à-vis  de  la  chlorophylle;  par  suite,  il  me 
semble  inutile  de  nous  y  arrêter  ici  plus  longtemps.  Je  renvoie 
donc  aux  analyses  photométriques  communiqués  plus  haut 
et  à  la  courbe  tracée  sur  la  Planche  I,  et  me  contente  de  noter 
encore  que  la  matière  en  question,  contrairement  à  celle  dite 
anthocyane,  ne  devient  pas  très  sensiblement  plus  rouge  dans 


i  )  J.  Reinke,  Der  Farbstoff der  Penicilliopsis  clavariaeformis  Sol  ras,  dans 
Ann.  du  Jardin  botan.  de  Buitenzorg,  vol.  VI,  1886,  p.  73,  PJ.  VIII. 


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DES  FEUILLES   ET  LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  31 

l'acide  acétique  quelle  ne  Test  déjà  dans  la  cellule  vivante 
normale,  et  que  par  l'ammoniaque  elle  devient  d'abord  violette, 
puis    couleur   indigo. 

En  ce  qui  concerne  les  solutions  de  matière  colorante  rouge 
pourpre  (érythrophylle  auct.)  des  autres  feuilles  colorées,  l'ana- 
lyse micrpspectrale  d'une  part  confirme  les  résultats  de  l'obser- 
vation par  le  simple  oculaire  spectral,  mais  d'autre  part  fournit 
aussi,  sur  la  valeur  absolue  de  l'affaiblissement  de  la  lumière, 
les  données  qui  sont  nécessaires  pour  les  déductions  ultérieures 
et  spécialement  pour  la  question  que  nous  nous  sommes  posée. 

Dans  les  fig,  12—20  (comp.  Tabl.  12—20),  la  marche  de 
l'affaiblissement  de  la  lumière  par  les  cellules  rouges  de 
plusieurs  espèces  de  plantes  est  représentée  graphiquement 
en  fonction  de  la  longueur  d'onde.  Chaque  courbe  donne  la 
marche  de  la  perte  occasionnée  par  une  cellule  unique,  la 
lumière  tombant  perpendiculièrement. 

Ce  qui  frappe  ici  tout  d'abord,  c'est  la  valeur  généralement 
très  notable  de  la  perte  totale  de  lumière.  De  l'ensemble  des 
radiations  visibles,  comprises  environ  entre  k  0,71  p  et  0,40  /*, 
il  est  retenu,  en  moyenne,  de  un  tiers  à  la  moitié.  Je  remarque 
expressément  que  les  mesures  servant  de  base  à  nos  courbes 
n'ont  pas  été  faites  sur  des  cellules  choisies  pour  leur  couleur 
foncée,  mais  sur  des  cellules  semblables  à  celles  qui  formaient 
la  majorité  en  chaque  ces  particulier.  Très  souvent,  la  satu- 
ration de  la  couleur  est  sensiblement  égale  dans  toutes  les 
cellules  rouges  de  la  même  feuille.  Cela  est  notamment  le  cas 
lorsque  la  feuille  entière  présente  à  l'œil  une  coloration 
uniforme  et  en  même  temps  très  foncée,  par  exemple  chez 
Faguè  Hlvatica  atropurpurea,  Lobelia  ignea,  Perilla  Nankinensis, 
plusieurs  variétés  de  Coleus.  Dans  ces  cas,  il  y  a  donc  cer- 
tainement absorption  de  plus  du  tiers,  et  même  de  plus  de 
la  moitié  de  la  lumière  qui,  en  l'absence  de  la  matière  colo- 
rante rouge,  aurait  pénétré  dans  le  parenchyme  assimilateur. 

C'est  bien  au  suc  cellulaire  rouge  qu'est  due  essentiellement 
cette  perte  considérable  de  lumière.   Nos  mesures  ne  faisant 


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32  TH.   W.    ENGELMANN.    LES   COULEURS   NON   VEBTES 

connaître  que  l'intensité  de  la  lumière  transmise  par  la  cellule 
rouge,  il  pourrait  semble  douteux,  en  effet,  si  les  courbes 
représentent  réellement  la  marche  exacte  de  l'absorption  dans 
la  solution  colorée,  ou  si  une  portion  notable  de  la  perte  de 
lumière  ne  dépendrait  pas  plutôt  de  l'absorption  dans  les  mem- 
branes cellulaires  ou  dans  le  protoplasma,  et  surtout  de  la 
réflexion  sur  les  parois  de  la  cellule. 

Quant  à  la  perte  par  réflexion,  dans  mes  mesures  antéri- 
eures '),  faites  sur  des  cellules  contenant  de  la  chromopylle, 
je  Pai  évaluée  à  quelques  centièmes  seulement,  et  lui  ai  par 
suite  dénié  toute  influence  appréciable  sur  les  résultats  ob- 
tenus. Cette  conclusion  à  suscité,  de  la  part  de  M.  Reinke  2), 
quelques  objections,  fondées  sur  des  considérations  et  des 
mesures  qui,  relatives  surtout  à  des  feuilles  entières,  sont 
exactes  pour  celles-ci.  Mais  mon  assertion,  ainsi  qu'il  résulte 
d'ailleurs  clairement  du  texte  de  mon  Mémoire,  reposait  sur 
des  mesures  comparatives  directes  de  la  perte  de  lumière  dans 
des  cellules  colorées  et  des  cellules  incolores,  et  surtout  dans 
des  parties  les  unes  colorées  les  autres  incolores  d'individus 
cellulaires  semblables,  appartenant, .  entre  autres,  aux  genres 
Spirogyra,  Mesocarpus,  Zygnema,  Sphaeroplea,  Callithamnion  s). 
Ces  mesures  n'avaient  donné,  dans  la  plupart  des  cas,  qu'un 
affaiblissement  tout  à  fait  inappréciable  de  la  lumière  qui 
avait  traversé  normalement  les  objets  incolores,  résultat  que 
laissait  du  reste  pressentir  la  transparence  parfaite,  à  l'œil, 
de  ces  objets.  Ce  n'est  qu'aux  parois  latérales  de  ces  cellules 
généralement  cylindriques,  et  à  cause  de  l'incidence  très  oblique 
de  la  lumière  en  ces  points,  qu'il  se  produit  par  réflexion, 
nonobstant  les  différences  relativement  faibles  des  pouvoirs 
réfringents  de  l'eau  et  de  la  membrane  cellulaire,  une  perte 


•  )  Onderzoek.  etc.,  (3)  IX,  1884,  p.  6.  —  Botan.  Zeitung  1884,  Nos.  5 et  6. 
•     2)  Bot.  Zeitg.  1886,  Nos.  9—14,  p.  12  du  tiré  à  part,  Note. 

3)  Je  n'ai  donc  pas  négligé,  comme  le  dit  M.  Reinke,  l.c.p.  9,  la  ques- 
tion de  l'absorption  par  les  éléments  incolores  du  corps  protoplasmique 
des  cellules.  Comment,  au  reste,  aurait-il  été  possible  d'éluder  cette  question! 


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DES   FEUILLES    ET  LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  33 

assez  notable.  Aussi  le  spectre  d'absorption  se  montre-t-il  li- 
mité des  deux  côtés  par  un  bord  obscur,  qui  s'éclaircit  gra- 
duellement en  dedans.  Mais  on  évitait  les  perturbations  que 
cette  circonstance  pouvait  faire  craindre,  en  masquant,  au 
moyen  du  prisme  comparateur  et  de  Tune  des  glissières  qcu- 
laires,  les  parties  marginales  de  la  cellule  ;  on  n'utilisait  alors 
pour  la  comparaison  que  le»  parties  centrales,  qui  -«*  si  la 
cellule  a  la  position  horizontale  nécessaire  —  sont  frappées 
par  les  rayons  lupaineux  sous  un  angle  droit  ou  presque  droit. 
Lorsque  les  bords  obscurs  sont  très  étroits,  on  peut  aussi 
omettre  le  prisme  comparateur,  masquer  l'un  des  bords,  l'ex- 
térieur, par  la  glissière  oculaire,  et  disposer  l'autre  de  manière 
qu'il  partage  en  deux,  suivant  sa  longueur,  la  limite  des  deux 
moitiés  de  la  fente  et  par  conséquent  celle  des  deux  spectres. 
—  Les  cellules  dans  lesquelles  des  corps  fortement  réfringents, 
tels  que  grains  d'amidon,  globules  de  tannin  etc.,  produi- 
saient un  affaiblissement  tant  soit  peu  marqué  de  la  lumière 
transmise,  étaient  exclues  des  expériences,  ou  du  moins  on 
ne  faisait  pas  entrer  en  ligne  de  compte  les  résultats  qu'elles 
avaient  donnés.  On  n'utilisait  pas  non  plus,  pour  la  compa- 
raison, les  cellules  dont  le  protoplasma  était  mort  et  par  suite 
devenu  trouble,  car  en  pareil  cas  la  perte  de  lumière  peut 
facilement  atteindre  des  proportions  perturbatrices,  même  dans 
une  cellule  isolée,  lorsque  la  couche  protoplasmique  n'a  pas 
une  épaisseur  trop  faible  '  ). 


i  )  Lorsqu'il  s'agit  de  couches  cellulaires  épaisses,  de  feuilles  entières  par 
exemple,  cette  circonstance  est  loin  d'être  négligeable,  comme  le  croU 
M.  Reinke  (l  c,  p.  12  du  tiré  à  part)  Elle  interdit  formellement  de  déter- 
miner les  coefficients  d'extinction  de  la  chromophylle  vivante  par  la  voie 
qu'a  suivie  M.  Reinke,  c'est-à-dire,  en  comparant  l'absorption  du  tissu 
coloré  vivant  et  du  tissu  décoloré  par  l'action  de  l'alcool.  Les  valeurs  obtenues 
pour  les  coefficients  d'extinction  des  feuilles  mortes,  décolorées,  sont  en 
général  trop  fortes,  par  suite  de  la  perte  de  transparence  et  du  ratatinement 
des  protoplastes.  Aussi  arrive-t-il,  même  pour  le  tballus  du  Monostroma 
laiiêsimum  formé  d'une  seule  assise  cellulaire,  et  d'après  les  propres  mesures 
de  M.  Reinke,  que  la  préparation  décolorée  absorbe,  des  longueurs  d'onde 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  3 


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34      TH.  W.  ENGELMÀNN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

Si  les  conditions  laissent  à  désirer  pour  les  cellules  vivantes 
qui  contiennent  des  corps  chlorophylliens,  elles  sont  plus 
favorables,  en  général,  pour  les  cellules  à  suc  cellulaire  coloré, 
spécialement  pour  des  cellules  épidermiques  qui,  comme  celles 
dont  proviennent  les  tableaux  et  les  courbes  12-»— 20,  sont 
exemptes  de  grains  chlorophylliens,  ne  possèdent  qu'un  révê- 
tement protoplasmique  excessivement  mince,  et  ont  en  outre 
la  forme  de  plaques  à  faces  supérieure  et  inférieure  parallèles 
et  à  parois  latérales  verticales.  Il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce 
que,  chez  de  pareilles  cellules,  la  perte  par  réflexion,  lors  des 
mesures,  n'atteigne  pas  une  valeur  appréciable*  Car  ici  les 
rayons  venus  d'en  bas,  parallèlement  à  l'axe  du  microscope, 
frappent  sous  un  angle  droit,  ou  presque  droit,  la  surface 
extérieure  de  l'objet  et  les  divers  milieux  intérieurs,  tous 
optiquement  homogènes  et  transparents,  qu'ils  ont  à  traverser. 
La  preuve  qu'en  effet  la  réflexion  est  sensiblement  nulle,  c'est 
que  les  rayons  rouges,  de  X  0,70  à  0,65  p  environ,  après  avoir 
traversé  la  cellule,   ont  encore  exactement,  ou  presque  exao- 


574—530,  autant  que  l'objet  vivant,  chlorophyllifère.  De  ces  radiations,  la 
chlorophylle  n'aurait  donc  absolument  rien  absorbé!  C'est  là,  du  moins, 
ce  qui  résulte  des  nombres  inscrits  par  M.  Reinke  dans  les  colonnes  E  et 
JE,  de  son  tableau  2.  Il  est  vrai  que  dans  la  dernière  colonne  de  ce  tableau, 
au  lieu  des  valeurs  zéro  que  ces  nombres  assigneraient  à  la  différence  E —  Ex , 
on  trouve  de  très  petites  valeurs  positives  (0;04  4  et  0,01)  pou  ri  es  coefficients 
d'extinction  de  la  chlorophylle  en  ces  points  du  spectre.  Quand  même  ces 
dernières  valeurs  seraient  exactes,  celles  des  colonnes  E  et  Et  fautives, 
cela  ne  changerait  pas  grand'chose  au  fond,  Je  suis  surpris  que  M.  Reinke 
n'ait  pas  rencontré  de  cas  où  la  feuille  morte  et  décolorée  aurait  intercepté 
même  plus  de  lumière  verte  que  la  feuille  encore  vivante  et  pourvue  de 
sa  matière  coJorante,  où,  par  conséquent,  l'absorption  par  la  chlorophylle, 
calculée  suivant  M.  Reinke,  aurait  atteint  des  valeurs  négatives!  Peut-être 
obtiendrait-on  des  résultats  plus  exacts  si,  avant  de  mesurer  l'absorption 
dans  les  cellules  décolorées,  on  y  faisait  disparaître  autant  que  possible, 
par  exemple  au  moyen  d'un  traitement  à  l'alcali  caustique,  le  trouble  du 
protoplasma.  Même  alors,  toutefois,  il  faudrait  commencer  par  rechercher, 
en  chaque  cas  particulier,  jusqu'à  quel  point  la  transparence  normale  se 
laisse  rétablir  de  cette  manière. 


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DE8   FEUILLES   ET   LEUR   SIGNIFICATION    ETC.  35 

tement,  la  même  intensité  qu'avant  ce  passage  (v.  notamment 
fig.  12a  —  Fagus,  fig.  13a,  6,  c  —  Lobelia,  15  —  Iresine,  176  — 
Ampélopsis,  18a  —  Quercns,  18c  —  Pelargonium,  19a  —  Ritinus, 
20  —  Sedum). 

Ce  dernier  fait  prouve,  en  outre,  que,  dans  les  cas  dont  il 
s'agit,  l'absorption  à  l'intérieur  des  membranes  cellulaires  ne 
jouait  pas  non  plus  un  rôle  appréciable.  On  aurait  pu  le  prévoir, 
d'ailleurs,  rien  qu'à  considérer  la  très  faible  épaisseur  de  ces 
membranes  et  leur  transparence  et  incoloration  absolues.  Tout 
au  plus  pourrait-on  craindre  une  action  de  ce  genre  de  la  part 
des  parois  externes,  souvent  fortement  épaissies,  des  cellules 
épidermiques  (v.  fig-  la,  PI.  II,  Fagus).  Mais  leur  influence 
se  laisse  éliminer  par  la  comparaison  des  spectres  de  deux 
cellules  directement  contiguës  '  ),  dont  l'une,  ouverte,  a  perdu 
son  contenu  rouge,  tandis  que  l'autre  est  restée  normale.  En 
enlevant  l'épiderme  ou,  lorsque  cela  présente  des  difficultés, 
en  pratiquant  'à  la  surface  de  la  feuille  d«  minces  coupes 
tangentielles,  on  obtient  aisément  de  pareils  objets,  dans  un 
état  convenable  et  en  nombre  suffisant.  Les  courbes  d'absorp- 
tion auxquelles  ils  conduisent  ne  diffèrent  pas  sensiblement 
de  celles  qui  résultent  de  la  comparaison  du  spectre  d'une 
cellule  colorée  avec  celui  de  la  lumière  qui  a  passé  tout  à 
côté  et  n'a  traversé  que  de  l'eau.  L'affaiblissement  des  rayons 
rouges,  non  sensiblement  absorbés  par  la  matière  colorante 
rouge,  était  insensible  aussi  dans  ce  dernier  cas. 

D'après  tout  ce  qui  précède,  nos  courbes  peuvent  être  re- 
gardées, sans  erreur  marquée,  comme  exprimant  l'absorption 
de  la  lumière  dans  le  suc  cellulaire  rouge.  A  la  vérité,  ce 
point  est  indifférent  pour  la  question  que  nous  cherchons 
avant  tout  à  résoudre,  celle  de  la  composition  de  la  lumière 
qui  entre  en  action  dans  les  corps  chlorophylliens  des  feuilles 


i)  La  limite  des  deux  cellules  doit  être  placée  de  telle  sorte  que  son 
image  coïncide  exactement  avec  la  limite  des  deux  moitiés  de  la  fente  du 
photomètre  microspectral. 

3* 


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36      TH.  W.  ENGELMÀNN.  LES  COULEURS  NON  VERTES   * 

colorées,  mais  à  divers  autres  égards  il  n'est  pas  sans  im- 
portance, comme  nous  le  dirons  plus  loin. 

Si  nous  considérons  maintenant  de  plus  près  la  couleur 
de  la  lumière  transmise  par  les  cellules  rouges,  c'est-à-dire, 
l'intensité  relative  des  divers  rayons  dont  elle  est  composée, 
nous  constatons  dans  nos  courbes  et  nos  tableaux  un  accord 
très  général,  en  tant  qu'ils  confirment  que  toujours  l'absorp- 
tion porte  essentiellement  sur  la  partie  verte  du  spectre.  Tandis 
que  le  rouge,  depuis  l'extrême  limite  de  la  visibilité  jusque 
vers  la  longueur  d'onde  0,65,  passe  intégralement  ou  presque 
intégralement,  et  que  de  l'orangé  aussi,  jusqu'à  X  0,60,  il  est 
absorbé  en  moyenne  moins  de  10°/or  l'intensité  lumineuse 
diminue  avec  une  vitesse  très  rapidement  croissante  dans  le 
jaune  et  le  vert-jaunâtre,  atteint  vers  X  0,55  le  minimum  absolu 
(ordinairement  entre  10%  et  30%,  ou  même  moins  de  10%), 
puis  se  relève  bientôt  dans  le  vert-bleuâtre  et  le  bleu,  d'une 
manière  si  abrupte  que  déjà  vers  F  (X  0,486)  elle  mesure  en 
général  plus  de  50%  et  que  dans  l'indigo  et  le  violet  elle 
atteint  des  valeurs  encore  beaucoup  plus  élevées  (dépas- 
sant 80%). 

En  gros  et  au  total,  l'allure  est  donc  compUmerUaire  à  la 
marche  de  V absorption  dans  la  chlorophylle.  Lé  rouge,  le  bleu 
et  le  violet,  rayons  que  la  chlorophylle  absorbe  le  plus  for- 
tement, sont. transmis  le  mieux.  Le  maximum  de  l'absorption 
coïncide  exactement  ou  presque  exactement  avec  le  minimupa 
de  l'absorption  par  la  chlorophylle,  car  il  se  trouve  d'ordinaire 
vers  X  0,55,  rarement  plus  rapproché  du  bleu.  Les  écarts  prin- 
cipaux à  la  marche  complémentaire  ne  consistent  qu'en  l'ab- 
sence d'une  absorption  plus  forte  du  rouge  extrême  et  en 
l'absence  de  minima  et  maxima  secondaires ,  correspondant 
aux  bandes  d'absorption  II,  III  etc.  de  la  chlorophylle. 

Ce  résultat  a  pour  nous  une  haute  valeur.  En  lui  se  révèle 
une  des  plus  belles  harmonies  du  règne  végétal.  Si,  dans 
des  conditions  de  végétation  d'ailleurs  favorables,  la  fonction 
la  plus  importante  de  la  feuille,    la  formation  de  substance 


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DES   FEUILLES    ET   LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  37 

organique  sous  l'influence  de  la  lumière,  est  pour  chaque 
longueur*  d'onde,  comme  je  le  pense,  environ  proportionnelle 
à  la  grandeur  de  l'absorption  par  la  chlorophylle,  une  dis- 
tribution de  l'absorption  lumineuse,  telle  que  nous  l'offre  ici 
le  spectre  du  suc  cellulaire  rouge,  est  évidemment  la  plus 
avantageuse  qu'on  puisse  imaginer  ;  grâce  à  elle,  en  effet, 
l'affaiblissement  porte  le  moins  sur  les  rayons  qui  prennent 
à  l'assimilation  la  part  la  plus  active,  et  réciproquement.  En 
dépit  <fe  sa  très  forte  valeur  totale,  l'affaiblissement  lumineux, 
ainsi  réparti,  ne  peut  causer  que  peu  de  préjudice  à  l'acti- 
vité assimilatrice  des  corps  chlorophylliens. 

Il  n'en  serait  pas  de  même  s'il  fallait  adopter  l'opinion 
plus  ancienne,  d'après  laquelle  l'accomplissement  du  travail 
assimilateur  appartiendrait  principalement  aux  rayons  jaunes. 
Pour  ces  rayons,  l'affaiblissement  produit  par  le  suc  cellulaire 
rouge  est  dans  tous  les  cas  très  notable,  souvent  de  près  des 
deux  tiers  pour  les  rayons  voisins  de  D,  plus  grand  encore 
pour  ceux  qui  correspondent  exactement  au  maximum,  tel 
qu'il  est  indiqué  sur  la  courbe  de  M,  Pfeffer,  du  dégagement 
d'oxygène  dans  le  spectre. 

Les  conditions  seraient  ehcore  bien  plus  mauvaises,  pour 
les  plantes  à  feuilles  colorées,  si,  l'hypothèse  de  l'écran,  émise 
par  M.  Pringsheim,  exprimait  la  vérité.  Dans  cette  hypothèse, 
la  nature  aurait  évidemment  agi  avec  beaucoup  plus  de  sagesse 
en  étendant  au-dessus  des  cellules  assimilatrices  de  ces  plantes, 
au  lieu  d'un  écran  rouge,  un  écran  vert,  tout  juste  de  la  même 
couleur  que  la  chlorophylle.  Ou  bien  M.  Pringsheim  croirait-il 
peut-être  que  l'écran  rouge  complète  l'action  de  la  matière 
colorante  de  la  chlorophylle,  en  tant  que,  dans  la  lumière 
verte  maintenant  affaiblie,  les  phénomènes  d'oxydation  de- 
vraient encore  plus  céder  le  pas  aux  phénomènes  de  réduction? 
Mais  alors,  un  écran  noir  ne  serait-il  pas  le  meilleur  de  tous  ? 
Et  même,  à  quoi  bon  de  la  lumière? 

A  MM.  Reincke,  Timiriazeff  et  autres,  qui,  tout  en  admet- 
tant avec  moi  pour  la  partie  moins  réfrangible  du  spectre  une 


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38      TH.  W.  ENGELMANN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

proportionnalité  entre  les  valeurs  de  l'absorption  et  celles  de 
l'assimilation,  ne  veulent  pas  la  reconnaître  pour  les  parties 
à  réfraction  plus  forte,  j'opposerai  surtout  la  perte  relative- 
ment très  faible  que,  d'après  toutes  mes  mesures,  les  rayons 
bleus  et  violets  éprouvent  dans  le  suc  cellulaire  rouge.  Ce  fait 
me  semble,  sinon  prouver,  au  moins  rendre  très  probable  que 
les  rayons  fortement  réfrangibles  prennent,  eux  aussi,  une 
part  fondamentale  à  la  plus  importante  fonction  des  cellules 
vertes.  On  ne  saurait  objecter  à  cette  conclusion  le  peu  d'éner- 
gie que  ces  rayons,  comparés  aux  rayons  rouges  et  oranges, 
possèdent  dans  la  lumière  solaire.  Car  ce  désavantage  est  à 
peu  près  compensé,  si  même  il  ne  Test  complètement,  par 
l'absorption  plus  forte  du  bleu  et  du  violet  dans  la  chloro- 
phylle. Il  est  certainement  remarquable  aussi  que,  lorsque 
la  couleur  du  suc  cellulaire  des  plantes  à  feuillage  coloré 
s'éloigne  de  la  teinte  pourpre  ordinaire,  ces  écarts  paraissent 
s'opérer  toujours  dans  le  sens  d'un  renforcement  du  bleu  Des 
exemples  en  ont  déjà  été  réunis  dans  la  Dissertation.  d'Ed. 
Morren  ').  On  peut  rappeler  ensuite  le  fait  que,  dans  les  eaux 
bleues  des  lacs  et  des  mers,  des  plantes  vertes  prospèrent  oc- 
casionnellement à  des  profondeurs  (10 — 25  mètres)  où,  d'après 
les  mesures  photométriques  connues,  l'énergie  absolue  des 
rayons  rouges  et  oranges  de  la  lumière  du  jour  est  déjà  beau- 
coup, moindre  c[ue  celle  des  rayons  bleus  et  vert-bleuâtre. 

Dans  les  cas  où,  à  côté  de  la  chlorophylle,  apparaît  une 
matière  colorante  rouge  pur  ou  jaune  pur.  absorbant  de  pré- 
férence le  bleu  et  le  violet,  ou  bien  l'assimilation  est  affaiblie 
(coloration  jaune  automnale,  états  de  repos  rouges  et  jaunes 
des  Algues),  ou  bien  la  matière  colorante  occupe  un  espace 
si  borné  que  l'accès  des  rayons  très  réfrangibles  n'est  empêché 
que  pour  une  partie  insignifiante  de  la  masse  totale  de  la 
chlorophylle  (Pfwrmium  tenax).  Dans  les  états  rouges  et  jaunes 
des  Algues  que  j'ai  examinées  (Haematococcus,  Chroolepu8),l£L 


i)  Ed.  Morren,  Diss.  sur  les  feuilles  vertes  et  colorées,  Gand,  1858,  p.  146. 


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DBS   FEUILLES   BT   LEUR  SIGNIFICATION   ETC.  39 

matière  colorante,  en  outre,  est  enveloppée  par  la  chlorophylle, 
de  sorte  que  celle-ci  reçoit  en  majeure  partie  de  la  lumière 
non  modifiée  qualitativement  et  agit  plutôt  elle-même  comme 
écran  pour  la  matière  colorante  rouge;  j'ai  déjà  insisté  sur 
l'importance  de  ce  fait,  au  point  de  vue  de  l'assimilation,  dans 
une  communication  antérieure  '  ).  Les  mesures  par  le  photo- 
mètre microspectral  ont  du  reste  montré  que  la  matière  colo- 
rante rouge  de  YHnematococcus  laisse,  elle  aussi,  mieux  passer 
les  rayons  plus  réfrangibles,  environ  du  vert-bleuâtre  vers 
X  0,50  jusqu'au  violet,  quoique  pas  au  même  degré,  à  beau- 
coup près,  que  le  suc  cellulaire  pourpre  des  plantes  supéri- 
eures. Comme  on  n'a  pas  publié  jusqu'ici  d'analyses  photo- 
métriques de  la  couleur  rouge  de  ces  Algues,  je  donnerai 
(tabl.  10  b  et  courbe  10  6)  une  analyse  relative  à  l'ifaemafo- 
coccus  pluvialis. 

La  perméabilité  relative,  et  souvent  aussi  la  perméabilité 
absolue  du  suc  cellulaire  coloré,  pour  la  lumière  bleue,  est 
extraordinairement  accrue  lorsque  la  réaction  acide  s'affaiblit 
ou  passe  même,  à  travers  l'état  neutre,  à  la  réaction  alcaline. 
Maintes  fois  cela  arrive  déjà  „ spontanément",  au  début  de 
la  mortification  des  cellules,  cas  où  le  changement  de  couleur 
est  souvent,  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  le  seul  signe 
évident  que  la  cellule  a  cessé  d'être  complètement  normale. 
Dans  les  cellules  épidermiques  du  Cissus  discolor^  j'ai  vu  cette 
modification  de  couleur  se  produire  si  rapidement,  qu'aussitôt 
après  la  préparation  de  l'objet,  ou  du  moins  après  un  court 
séjour  sous  le  verre  recouvrant,  dans  une  solution  à  \  pour 
cent  de  sel  marin,  un  grand  nombre  de  cellules  avaient  déjà 
pris  des  teintes  allant  du  violet  au  bleu  pur  et  foncé,  tandis 
que  quelques-unes  seulement  présentaient  encore  la  coloration 
tout  à  fait  normale.  Plus  tard,  après  des  heures  ou  des  jours, 
on  ne  trouvait  parfois  plus  que  des  cellules  bleues.  En  général, 
l'altération  de  couleur  ne  se  produisait  pas  au  même  moment 

i)  Ueber  Assimilation  von  Haematococcus,  dans  Bot.  Zeitg,  1882,  N°39. 
—  Onderioek.,  (3),  VII,  p.  200. 


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40     TH.  W.  ENGELMANN.  LB8  COULEURS  NON  VERTES 

pour  toutes  les  cellules,  ni  même  pour  des  cellules  continguës 
et  en  apparence  semblables  et  soumises  à  des  conditions 
semblables  :  tout  au  milieu  de  cellules  rouge  pur  il  en  appa- 
raissait çà  et  là  une  violette  ou  une  bleue,  plus  tard,  entre 
les  cellules  devenues  pour  la  plupart  violettes  ou  bleues  il  en 
restait  quelques-unes  d'un  rouge  pur,  etc. 

Dans  la  plupart  des  cas  ce  changement  spontané  de  couleur 
ne  va  pas  aussi  loin  que  chez  le  Cisms}  mais  seulement 
jusqu'au  violet-pourpré  ou  au  violet,  modification  analogue 
à  celle  qu'éprouvent  les  pétales  des  roses  rouges  en  se  flé- 
trissant. Dans  ces  cas,  toutefois,  le  changement  de  couleur 
peut  toujours  être  exalté  par  l'addition  de  liquides  alcalins, 
d'ammoniaque  par  exemple.  On  observe  alors,  de  même  que 
pour  les  couleurs  des  pétales,  de  grandes  différences  spéci- 
fiques. C'est  ainsi  que,  sous  l'influence  de  l'ammoniaque 
étendue,  la  couleur  pourpre  du  suc  des  cellules  épidermiques 
du  Fagu8  silvatica  atropurpurea  passe  au  violet,  puis  au  vert- 
bleuâtre,  et  finalement  au  vert  foncé  assez  pur  ou  à  un  vert 
plus  noirâtre;  celle  de  Tépiderme  de  la  face  supérieure  des 
feuilles  de  Lobelia  ignea  passe  au  vert-bleu  noirâtre,  celle  de 
la  face  inférieure  ordinairement  au  violet  noirâtre;  celle  du 
Coleuè  au  violet,  puis  au  bleu  ou  au  vert  bleuâtre  ;  il  en  est 
à  peu  près  de  même  chez  Perilla  Nankinerms,  Sinningea 
purpwrea,  Pelargonium  zonale,  Ricmus  Gibsowi,  Rom.  Le  suc 
rouge  de  YIresine  Lindenii  devint,  par  l'action  de  l'ammo- 
niaque, violet  pur,  celui  de  Higginsia  refulgens,  violet  noirâ- 
tre; celui  de  Pellionea  Devaueana,  vert  noirâtre;  celui  de 
Tradeêcantia,  violet  passant  à  l'indigo  ;  etc.  Si  l'alcali  est  ajouté 
en  quantité  plus  considérable,  ou  que  son  action  se  prolonge, 
la  couleur  peut  subir  des  altérations  encore  plus  profondes 
et  même  disparaître,  ainsi  que  nous  l'ont  suffisamment 
appris  beaucoup  de  recherches  antérieures,  notamment  celles 
de  Naegeli  et  Schwendener  et  celles  de  Wiesner,  pour  ne 
pas  remonter  plus  haut. 

Quand   la  liqueur  alcaline   est  ajoutée  en  petite  quantité 


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DBS  FEUILLES   ET  LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  41 

et  avec  précaution,  la  matière  colorante  n'est  pas  extraite 
de  la  cellule,  mais  s'y  conserve  souvent,  même  après  des 
variations  de  couleur  très  étendues,  pendant  des  heures 
entières,  sans  changement  visible;  par  suite,  il  est  possible 
d'exécuter  aussi  sur  ces  cellules  devenues  alcalines,  à  titre 
de  comparaison,  des  analyses  spectrales  quantitatives.  Quel- 
ques-unes de  ces  analyses  sont  communiquées  à  la  fin  de 
notre  travail  (tabl.  126,  13d,  14c,  16c,  196)  et  représentées 
graphiquement  dans  les  fig.  126  (Fagu*)y  13d  (Lobelia),  14c 
(Coleus),  16c  (Oi8#ii8),  196  (Ricinus).  Toutes  se  rapportent  à 
des  cellules  qui,  traitées  avec  précaution  par  un  léger  excès  de 
carbonate  d'ammoniaque,  avaient  pris  une  coloration  constante. 

De  même  que  l'inspection  directe,  ces  analyses  indiquent 
dans  la  marche  de  l'absorption  des  différences  beaucoup  plus 
notables  que  celles  relatives  à  la  couleur  des  cellules  acides 
normales.  Néanmoins,  toutes  s'accordent  en  ces  deux  points: 
d'abord,  que  la  perte  totale  de  lumière  est  considérablement 
plus  forte  qu'elle  ne  l'est  d'ordinaire  en  cas  de  réaction 
aeide;  ensuite,  que  le  maximum  de  l'affaiblissement  de  la 
lumière  a  subi  un  grand  déplacement  vers  le  rouge  et  tombe 
en  général  dans  le  jaune  près  de  D,  ou  encore  plus  près 
du  rouge,  tandis  que  le  vert-bleuâtre  et  le  bleu,  fréquemment 
aussi  le  violet,  sont  beaucoup  mieux  transmis  que  le  jaune 
et  l'orange.  D'après  cela,  le  préjudice  causé  à  l'assimilation 
par  l'absorption  de  la  lumière  dans  un  suc  cellulaire  supposé 
alcalin  serait,  en  tout  cas,  beaucoup  plus  grand  qui  celui  occa- 
sionné par  le  suc  acide  réel.  Sous  ce  rapport,  la  réaction  acide 
du  suc  cellulaire  a  donc  une  importance  physiologique  évidente. 

Les  différences  les  plus  frappantes  des  spectres  de  cellules 
rendues  faiblement  alcalines  concernent  en  première  ligne 
la  présence  ou  l'absence  d'étroites  bandes  d'absorption.  De 
pareilles  bandes  apparaissent,  par  exemple,  très  nettement 
et  en  nombre  double  dans  le  spectre  du  Oissus,  et  aussi 
dans  celui  du  Lobelia,  quoique  d'ailleurs  en  des  points  tout 
à  fait  différents  pour  chacun  d'eux  (comp.  la  fig.  13d  avec 


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42  TH.   W.    BNGELMANN.   LES   COULEURS  NON  TESTES 

la  fig.  16c).  Dans  d'autres  cas  (Fagus,  CoUw%  Ricinus,  etc.), 
il  ne  se  montre  qu'un  large  obscurcissement  estompé  de  l'orange, 
du  jaune  et  du  vert  jaunâtre,  sans  maxima  ni  minima  secon- 
daires. D'autres  différences  prononcées  consistent  en  un  af- 
faiblissement relatif  plus  ou  moins  grand  du  rouge,  dé  l'indigo 
et  du  violet.  Ces  faits  prouvent,  tout  au  moins,  une  différence 
de  composition  du  suc  cellulaire  chez  des  plantes  d'espèces 
différentes,  et  ils  paraissent  difficilement  compatibles  avec 
l'opinion,  très  répandue,  qu'on  aurait  affaire  partout  à  une 
seule  et  même  matière  colorante  (érythrophylle-anthocyane), 
A  cette  conclusion,  d'ailleurs,  conduisent  déjà  nos  mesures 
sur  les  cellules  rouges  normales.  La  marche  de  l'absorption 
dans  ces  cellules,  chez  des  espèces  différentes,  est  en  effet, 
malgré  l'incontestable  accord  général  que  nous  avons  constaté 
plus  haut,  encore  assez  différente  quant  aux  détails  (comp. 
les  courbes  12-20).  Les  différejices  sont  liées  à  l'espèce  de 
la  plante.  Chez  la  même  espèce,  la  marche  offre  une  grande 
constance,  à  condition  de  n'opérer  que  sur  des  matériaux 
parfaitement  frais.  Des  perturbations  sont  toutefois  à  craindre 
par  le  fait  de  la  diminution  d'acidité,  lors  de  la  mort  des 
cellules.  Pour  décider  T3i  les  différences  observées  chez  différen- 
tes espèces  ne  dépendaient  pas  d'un  degré  différent  d'acidité 
du  suc  cellulaire,  j'ai  toujours  exécuté  aussi  des  mesures  sur  des 
cellules  fraîches  qui  avaient  séjourné  assez  longtemps  dans  une 
solution  à  {  %  de  sel  marin,  faiblement  aiguisée  d'acide  acé- 
tique. Pour  l'œil,  l'additon  de  cet  acide  ne  change  générale- 
ment pas  la  couleur  rouge  normale,  ou  n'y  détermine  tout 
au  plus  qu'une  modification  à  peine  perceptible.  Aussi  le  pho- 
tomètre microspectral  donna-t-il  pour  l'absorption,  dans  les 
deux  cas,  une  marche  essentiellement  la  même  (comp.  tabl. 
et  fig.  13a  [frais]  avec  13c  [acide  acétique],  14a  avec  146). 
Il  y  a  donc  indubitablement  des  différences  spécifiques  dans 
la  composition  du  suc  cellulaire  rouge  chez  des  plantes  d'espè- 
ces différentes.  Mais  il  n'entre  pas  dans  notre  plan  de  pour- 
suivre l'examen  de  cette  question  et  de  celles  qui  s'y  rattachent. 


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DBS   FEUILLES   WT  LEUR  SIGNIFICATION  ETC.  43 

III.  Résultats  numériques  des  analyses 

spectrales,  et  remarques  sur  la  technique  des 

expériences  microspectrométriques. 

Les  analyses  de  couleurs  dont  il  a  été  question  dans  le 
texte,  et  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  les  tableaux 
de  la  fin,  ont  été  exécutées  en  partie  (Nos.  1— 9b  et  106)  en 
avril,  mai  et  juin  1884,  en  partie  dans  le  courant  de  l'été  de 
1886.  Pour  les  premières,  la  source  de  lumière  était  la  flamme 
d'un  bec  rond  double  de  Sugg,  d'un  pouvoir  éclairant  de  75 
bougies,  flamme  dont  une  image  réduite  environ  an  10ièmc 
(linéairement)  était  formée  exactement  dans  le  plan  de  l'objet, 
au  moyen  d'une  lentille  collectrice  de  11  cm.  de  diamètre  et 
de  30  cm.  de  distance  focale,  du  miroir  plan  et  du  condensateur 
d'Abbe.  La  hauteur  de  la  flamme  était  maintenue  constante 
par  un  régulateur  de  la  pression  du  gaz  d'Elster.  Le  centre 
de  la  partie  éclairante  de  la  flamme  était  projeté  juste  au  centre 
du  champ  visuel»  qui  se  trouvait  alors  éclairé  uniformément 
dans  une  étendue  plus  que  suffisante  (environ  2  mmq.).  Pour 
amortir  l'action  thermique,  un  vase  de  verre  à  faces  planes 
parallèles,  large  de  2  cm.  et  rempli  d'une  solution  concentrée 
d'alun,  était  intercalé  entre  la  flamme  et  le  microscope.  Un 
diaphragme  de  tout  au  plus  3  ou  4  mm.  d'ouverture,  placé 
entre  le  miroir  et  le  condensateur,  pourvoyait  à  la  centralité 
de  l'éclairage.  Comme  on  pouvait  presque  toujours  se  servir 
d'un  objectif  faible  (A  de  Zeiss;  pour  le  No.  3a  seulement 
il  fallut  Tobj.  C,  pour  le  No.  106  Pobj.  Z>),  et  qu'on  opérait 
en  général  avec  une  fente  n'ayant  que  0nim,20  ou  tout  au  plus 
(No.  2)  O™*^  de  large,  le  spectre  d'absorpton  était  ordinaire- 
rement .  assez  lumineux  pour  permettre  des  déterminations 
précises,  même  dans  sa  partie  la  plus  réfrangible.  La  lumière 
du  jour,  généralement  beaucoup  plus  favorable  pour  ces  me- 
sures, mais  dont  la  variabilité  continuelle,  à  l'époque  en 
question,  aurait  été  très  perturbatrice,  ne  fut  pas  employée. 
Les  expériences  Nos.  1 — 106,  à  l'exception  de  3,  7,  8  et  10a, 


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44     TH.  W.  ENGELMÀNN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

ayant  demandé,  pour  des  raisons  mentionnées  dans  le  texte, 
l'emploi  du  prisme  comparateur,  ce  n'est  qu'à  la  faveur  d'un 
ciel  restant  des  heures  entières  absolument  pur  de  nuages  et 
de  vapeurs  —  circonstance  rare  en  Hollande,  même  en  été,  — 
et  en  faisant  usage  d'héliostats,  qu'on  aurait  pu,  condition 
de  rigueur,  réaliser  entre  la  fente  objective  et  la  fente  de  corn* 
paraison  l'égalité  continue  ou  du  moins  la  proportionnalité 
constante  de  l'élairement.  Cela,  d'ailleurs,  eût  en  tout  cas  été 
très  embarrassant,  vu  que,  pour  des  raisons  physiologiques,  les 
mesures  devaient  être  faites  de  préférence  dans  une  chambre 
obscure,  et  dans  la  caisse  obscure.  Là  même  où  l'emploi  du 
prisme  de  comparaison  était  inutile,  je  ne  fis  usage  de  la  lumière 
du  jour,  ou  de  la  lumière  solaire  tempérée  par  un  verre  dépoli, 
que  lorsqu'il  fallait  avoir  recours  à  de  forts  grossissements.  Tel 
était  le  cas  dans  les  expériences  Nos.  12 — 166, 18c,  19a  et  by  et 
20.  Au  reste,  même  en  pareil  cas,  la  lumière  du  jour  peut  pres- 
que toujours,  et  la  lumière  du  gaz  peut  toujours  être  remplacée 
commodément  et  d'une  manière  satisfaisante  par  la  lumière  élec- 
trique par  inccmdescence.  Celle-ci  réunit  un  si  grand  nombre  d'a- 
vantages —  clarté  réglable  et  modifiable  à  volonté,  constance  de 
l'intensité  lumineuse,  continuité  du  spectre,  absence  d'effets 
calorifiques  gênants,  petit  volume  des  appareils,  —  que  son 
application  à  l'analyse  microspectrale,  spécialement  à  l'analyse 
quantitative,  doit  être  regardée  comme  un  progrès  réel.  Sauf 
les  observations  déjà  citées,  toutes  les  autres  ont  été  exécutées 
à  son  aide,  et  aux  chaudes  recommandations  que  Van  Heurck 
d'abord,  puis  Stearn,  Stein,  etc.  ont  faites  de  l'emploi  de  la 
lumière  par  incandescence  dans  les  recherches  microscopiques, 
je  puis  donner  mon  adhésion  formelle. 

Nos  mesures,  comme  les  observations  microscopiques  en 
général,  n'exigeant  que  l'éclairage  d'une  très  petite  surface, 
des  lampes  minuscules  et  de  très  faibles  forces  électromotrices 
sont  suffisantes.  Fréquemment  on  peut  même  se  contenter 
d'une  petite  lampe  „ Mignon",  de  la  grosseur  d'un  pois^  ali- 
mentée par  deux  ou  tout  au  plus  trois  des  petits  éléments 


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DES   FEUILLES   ET  LEUR   SIGNIFICATION   ETC.  45 

de  Grove  dont  M.  du  Bois-Reymond  a  introduit  l'usage  dans 
les  recherches  physiologiques.  En  général,  toutefois,  il  vaut 
mieux  prendre,  comme  plus  solides  et  capables  d'un  plus 
grand  développement  de  lumière,  des  lampes  de  dimensions 
un  peu  moins  exiguës,  dans  lesquelles  le  maximum  nécessaire 
puisse  être  atteint  avec  3  ou  4  petits  éléments  de  Grove, 
ou  avec  3  éléments  un  peu  plue  grands  ').  Pour  graduer 
la  clarté  rapidement  et  à  volonté,  depuis  zéro  jusqu'au  maxi- 
mum, je  me  sers  de  la  vis  à  lumière,  rhéostat  d'une  extrême 
simplicité,  que  j'ai  décrit  dans  les  Onderzoekingen gedaan  m  het 
physiol  labor.  te  Utrecht(3)  X.  1887.  Sous  le  rapport  des  presta- 
tions, des  faibles  dimensions,  de  la  solidité,  de  la  nature,  sûreté 
et  facilité  du  maniement,  ce  petit  appareil  est  le  pendant 
exact  d'un  simple  robinet  à  gaz.  Il  ne  demande  qu'un  espace 
de  3 — 4  cmq,  et  se  laisse  convenablement  visser  sur  le 
support  du  microscope. 

Pour  obtenir  l'effet  lumineux  le  plus  favorable,  spécialement 
dans  le  cas  où  l'on  peut  opérer  sans  l'emploi  du  prisme  de 
comparaison,  je  disposé  la  petite  lampe  à  incandescence  à 
quelques  centimètres  au-dessus  de  la  lentille  du  condensateur 
d'Àbbe,  sous  le  diaphragme,  puis  j'abaisse  le  condensateur 
jusqu'à  ce  qu'il  se  forme  dans  le  plan  de  l'objet  une  image 
aussi  lumineuse  que  possible,  grossie  environ  au  double,  de 
Parc  incandescent  entier  2).  Comme  l'intensité  lumineuse 
doit  être  parfaitement  uniforme  au  centre  du  champ  visuel, 
dans  une  étendue  dépassant  en  tout  cas  la  portée  des  largeurs 
de  fente  à  employer,  et  que  d'un  autre  côté  l'incandescence 
de  l'arc  est  moins  vive  vers  les  deux  points  où  il  est  fixé, 
on  doit  ajuster  de  telle   sorte  que  le  milieu  de  la  longueur 


i)  -Ges  petites  lampes,  ainsi  que  des  lampes  à  incandescence  de  tout 
genre,  sont  fournies,  parfaitement  exécutées,  par  la  maison  Greiner  et 
Friedrichs,  à  Stùtzerbach. 

*)  Avec  l'aide  du  miroir  du  microscope  et  d'un  petit  miroir  fixé  laté- 
ralement dans  la  caisse  obscure,  la  lampe  à  incandescence  sert  en  même 
temps  à  éclairer  l'échelle  du  microphotomètre. 


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46      TH.  W.  ENGELMÀNN.  LES  COULEURS  NON  VERTES 

et  de  la  largeur  de  l'image  de  Tare  tombe  exactement  au 
centre  du  champ  de  vision.  Il  y  a  aussi,  toutefois,  des  lampes 
dans  lesquelles  la  partie  la  plus  éclatante  de  l'arc  ne  se 
trouve  pas  exactement  au  milieu  et  dont  la  clarté,  à  partir 
du  maximum,  décroît  inégalement  vite  dans  les  directions 
différentes.  De  pareilles  lampes  doivent  être  rejetées,  ou  du 
moins  il  faut  leur  donner  une  autre  position,  symétrique 
sous  le  rapport  de  la  distribution  de  la  clarté.  En  tout  cas, 
il  est  nécessaire  de  s'assurer,  par  des  essais  préalables,  si  la 
condition  de  clarté  uniforme  dans  la  partie  utilisée  du  champ 
visuel  est  remplie.  La  manière  la  plus  simple  est,  après  ajus- 
tement provisoire,  de  faire  croître  le  courant  depuis  le  mi- 
nimum jusqu'au  point  tout  juste  où  l'incandescence  commence. 
En  général,  celle*ci  se  produira  dans  la  partie  centrale  de 
l'arc,  sur  une  étendue  plus  que  suffisante,  avec  une  simul- 
tanéité parfaite.  Dans  cette  partie,  et  à  l'œil,  la  clarté  paraît 
alors,  aussi  pour  toute  autre  intensité  de  courant,  égalé  en 
tous  les  points.  On  obtient  la  certitude  complète  en  vérifiant 
l'égalité  des  spectres  des  deux  moitiés  de  fente,  vérification 
qu'il  ne  faut  jamais  négliger  et  qui  doit  être  faite  dans  au 
moins  trois  couleurs.  —  Pour  amener  aisément  la  petite  lampe 
à  incandescense  dans  la  position  convenable,  j'ai  trouvé  tarte 
commode  de  la  serrer,  par  la  pièce  qui  porte  les  fils  <xh»- 
ducteurs,  dans  une  petite  pince  universelle  de  Westien, 
laquelle  à  son  tour  glisse  le  long  d'une  tige,  qu'on  visse  sur 
le  support  du  microscope.  Une  fois  obtenu,  l'ajustement  se 
maintient  alors  malgré  les  déplacements  éventuels  du  micro- 
scope. Néanmoins,  pour  plus  de  sûreté,  je  visse  toujours  celui-ci 
sur  la  table  où  se  font  les  observations.  Quant  à  l'appareil 
d'Abbe,  il  doit  être  fixé  à  vis  en  toutes  circonstances. 

Lorsqu'il  faut  avoir  recours  au  prisme  de  comparaison,  je 
place  au  niveau  de  celui-ci,  dans  le  prolongement  de  l'axe 
du  tube  qui  y  est  fixé  latéralement,  une  seconde  petite  lampe 
à  incandescence,  également  portée  par  un  bras  vissé  au  mi- 
croscope et  permettant  tous  les  déplacements  nécessaires.  A  la 


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DBS   FEUILLES   BT  LEUR   SIGNIFICATION    ETC.  47 

place  du  miroir,  entie  la  lampe  et  le  prisme,  est  disposée  une  fai- 
ble lentille  convexe,  dont  la  distance  à  la  lampe  et  au  prisme  peut 
varier  dans  les  limites  voulues.  Le  circuit  conducteur  qui  va 
à  cette  lampe,  et  qui  est  dérivé  du  circuit  conduisant  à  l'autre 
lampe ,  contient,  comme  celui-ci,  une  vis  à  lumière.  Les  mêmes 
trois  éléments  de  Grove  ou  de  Bunsen  suffisent,  dans  tous 
les  cas,  à  r alimentation  des  deux  lampes.  De  cette  manière, 
rien  n'est  plus  facile  que  d'égaliser,  pour  une  clarté  absolue 
quelconque,  l'intensité  lumineuse  et  la  couleur  des  deux  spec- 
tres. Le  contrôle  s'opère  comme  ci-dessus^  par  la  comparaison 
des  spectres,  à  largeur  de  fente  égale,  dans  au  moins  trois 
couleurs. 

Le  circuit  ne  reste  fermé  que  pendant  le  réglage  et  la  men- 
suration, ce  qui  non  seulement  prévient  l'usure  trop  rapide 
des  lampes  et  de  la  pile,  mais  a  aussi  l'avantage  de  retarder 
autant  que  possible  les  modifications  que  la  lumière  pourrait 
faire  subir  à  la  matière  colorante. 

Une  supériorité  réelle  de  la  lumière  électrique  par  incan- 
descence  est,  à  mon  avis,  de  se  laisser  graduer  exactement 
et  sans  peine,  au  moyen  de  la  vis  à  lumière,  suivant  la  clarté 
subjective  de  la  région    du  spectre  qu'on  observe.  Dans  Je 
jaune  vif,  il  suffit  généralement  d'une  lumière  beaucoup  plus 
faible  que  dans  les  parties  obscures,  aux  extrémités  du  spectre. 
On  peut  admettre,  comme  règle  générale,  que  dans  chaque 
région   du  spectre  les  mesures  doivent  se  faire  à  la  lumière 
la  plus  faible  qui  permette  de  reconnaître  encore  nettement, 
dans  cette  région,  de  très  petites  différences  de  clarté.  Outre 
l'avantage   de   pouvoir   observer  alors  en  conservant  à  l'œil, 
sur  toute  l'étendue  du  spectre,  son  maximum  de  sensibilité 
pour  ces  petites  différences,  et  en  préservant  l'organe  de  toute 
fatigue  inutile,  on  obtient  encore  ce  résultat  favorable  d'affai- 
blir la  lumière  mêlée  diffuse  qui  dans  notre  appareil,  comme 
dans  tous  les  autres  appareils  spectraux,  s'étend  sur  le  spectre 
et  peut  nuire  considérablement  à  la  saturation  et  à  la  pureté 
des  couleurs.   Avec  la  lumière  du  gaz  ou  des  lampes  à  in- 


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48  TH.    W.    KNGELMANN.  LES  COULEURS   NON   VSBTES 

candescence,  cette  influence  préjudiciable  se  manifeste  surtout 
en  ce  que,  à  cause  de  la  très  forte  proportion  de  rouge  dans 
la  lumière  de  ces  sources,  l'indigo  et  parfois  le  bleu  acquiè- 
rent une  légère  teinte  violacée  ou  même  deviennent  complè- 
tement violets,  et  en  ce  qu'une  buée  lumineuse  s'étend  sur 
le  rouge  extrême  et  sur  l'ultra-rouge.  Quand  on  emploie  la 
lumière  solaire,  outre  ce  dernier  phénomène  on  constate  plus 
spécialement  une  diminution  générale  de  la  saturation,  qui 
naturellement  s'accuse  le  mieux  dans  les  parties  les  moins 
lumineuses  du  spectre.  Comme  c'est  précisément  dans  ces 
parties  extrêmes  du  spectre,  à  cause  de  leur  faible  action  sur 
l'œil,,  qu'on  est  obligé  d'avoir  recours  à  des  sources  lumineuses 
très  intenses,  le  rétrécissement  de  la  fente  et  l'interposition 
d'étroits  diaphragmes  ne  suffisent  pas  toujours  à  écarter  com- 
plètement les  perturbations  dont  il  vient  d'être  parlé.  On 
.atteint  aisément  le  but,  toutefois,  en  intercalant  entre  la  source 
lumineuse  et  l'objet,  ou  entre  l'oculaire  et  l'œil,  des  verres 
colorés  ne  laissant  passer  essentiellement  que  les  groupes  de 
rayons  qu'il  s'agit  d'observer.  Pour  l'observation  dans  le  bleu 
et  l'indigo,  par  exemple,  on  prendra  le  verre  de  cobalt,  pou* 
le  rouge,  le  cuivre  vitTeux.  Il  va  sans  dire  que  des  solutions 
colorées  (liqueur  cuprico-ammonique,  bichromate  de  potassé) 
pourront  éventuellement  servir  au  même  usage. 

A  l'égard  de  divers  autres  points  concernant  la  pratique 
de  la  photométrie  microspectrale,  je  renverrai  à  ce  qui  en  a 
été  dit  antérieurement.  ')  Pour  l'intelligence  des  tableaux  et 
des  courbes,  les  remarques  suivantes  sont  encore  nécessaires. 
Les  régions  du  spectre  dans  lesquelles  a  été  mesurée  la  perte 
de  lumière  sont  indiquées  chaque  fois  par  les  longueurs  d'onde 
—  exprimées  en  centièmes  de  micron  dans  les  tableaux,  en 
millièmes  dans  les  courbes  —  qui  occupaient  le  milieu  du 
champ  coloré  observé  à  ce  moment.  La  largeur  de  ce  champ 
correspondait  toujours  à  une  différence  de  longueur  d'onde 


i)  Bot.  Zeitg.  1883,  No.  6.  -  Onderzoek.  etc.  (3),  IX,  1884,  p.  1. 


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DES   FttUÎLLÈS   ET  tEtm   SlGmFlCÀTTOtt   ETC.  40 

de  0,01  j*.  Tout  le  reste  du  spectre  était  masqué  par  la  glis- 
sière oculaire.  Ainsi,  X  66  (soit  X  660)  signifie  que  la  mesure 
concerne  le  groupe  de  rayons  compris  entre  X  0,665  fi  et  X  0,655  p. 
La  longueur  du  champ  coloré  était  constante  et  choisie  de 
telle  sorte  que,  dans  le  rouge,  elle  surpassait  deux  à  trois  fois 
la  largeur. 

Les  mesures  se  succédaient  dans  la  direction  du  rouge  au 
violet,  ou  inversement.  Pour  la  plupart  des  régions  du  spectre 
je  me  contentais  en  général  d'une  seule  mesure,  ne  répétant 
la  mesure  en  sens  rétrograde  que  pour  trois  à  six  points  sé- 
parés par  de  larges  intervalles,  afin  de  réassurer  si  quelque 
chose  avait  changé.  Les  expériences  où  cela  était  décidément 
le  cas  —  ainsi  qu'il  arrive  assez  fréquemment,  par  exemple, 
chez  les  Vauchéries  vivantes,  par  suite  de  déplacements  des 
masses  chlorophylliennes,  chez  les  cellules  épidermiques  mou- 
rantes du  Cis^us,  par  suite  de  la  diminution  d'acidité  —  ont 
été  exclues  des,  tableaux,  qui  d'ailleurs,  même  des  expériences 
parfaitement  réussies,  ne  contiennent  qu'un  petit  nombre  de 
représentants.  Dans  les  expériences  Nos.  96,  13a,  14a,  166, 17a 
et  b,  il  a  été  mesuré  deux  fois  en  chaque  région  du  spectre, 
dans  les  expériences  10&,  cinq  fois. 

Dans  les  tableaux,  comme  dans  les  courbes,  les  quantités 
de  lumière  transmises  par  l'objet  coloré  sont  données  en  cen- 
tièmes de  la  lumière  incidente.  Au  moyen  de  ces  nombres, 
il  est  facile,  de  trouver  par  les  tableaux  de  Vierordt  les  valeurs 
correspondantes  des  coefficients  d'extinction,  et  de  calculer 
telles  constantes  locales  qu'on  le  désire.  Ni  l'un  ni  l'autre, 
toutefois,  n'a  été  jugé  nécessaire  pour  l'objet  que  nous  avions 
en  vue. 


Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  4 

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50  TH.    W.    EtfOKLMANN.    Î,KS   COÛLEUR8   tfOÎÎ   VËBTËS 

Explication  i>es  Tableaux  numériques 

(représentés  graphiquement  snr  U  PI.  I.) 


TABLEAU    I. 

la.   Vaucheria  vivant,  grosses  cellules,  très  riches  en  chlorophylle. 

46.  Deux  Vaucheria  vivants  superposés. 

2.     Extrait  alcoolique  de  feuilles  vertes  de  Hedera  hélix,  conservé  une 

année   à   l'abri  de  la  lumière.    En  couche  de  2  mm.  d'épaisseur.   A. 

considérer  essentiellement  comme  solution  de  chlorophy liane. 
3a  et  6.   Vaucheria  vivants. 
4a.  Feuille  vivante  de  Festuca  spM  injectée,  sous  la  pompe  pneumatique, 

d'eau  contenant  un  peu  de  sel  marin. 
46.  Feuille  vivante  de  Hedera  hélix,  traitée  de  la  même  manière. 
4c.  Trois  petites  feuilles  vivantes  de  Hypnum,  superposées. 

TABLEAU  H. 

5a.  Feuille  jaune  de  Sambucus  nigra  var.  fol.  aureis,  injectée,  sous  la 
pompe  pneumatique,  d'une  solution  de  sel  marin  à  0,4  °/0. 

56.  Deux  feuilles  semblables,  superposées. 

6a .  Hedera  hélix .  Extrait  alcoolique  fraîchement  préparé,  dans  l'obscurité, 
avec  des  feuilles  bouillies.  En  couche  de  4  mm.  d'épaisseur. 

66.  Vaucheria.  Epuisé  pendant  2  heures,  à  la  lumière  diffuse  du  jour, 
par  l'alcool  concentré.  En  couche  de  4  mm.  d'épaisseur. 

6c.  Solution  pareille  à  la  précédente,  mais  préparée  dans  l'obscurité. 

7a.   Vaucheria,  desséché  rapidement  et  examiné  dans  l'huile  d'olive  pure. 

76.  Idem,  examiné  dans  l'eau. 

7c.  Comme  76. 

TABLEAU  III. 

8a/  Vaucheria,  mis  vivant  dans  la  glycérine  concentrée. 

86.  Idem,  autre  exemplaire. 

9a.  Solution  du  Reinchlorophyll  de  Tschirch  dans  l'alcool  absolu,  à  l'abri 

de  l'air,  en  couche  épaisse  de  4  mm. 
96.  Solution  analogue  du  Chlorophyllgrûn  de  Hansen. 
40a.  Membrane   cellulaire   rouge-orange   du    bord  d'une  feuille  de  Phor- 
mium  tenax,  dans  l'eau. 


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DES  îWlLtES  ET  LEUR  SÎGtfîFÏCATlOtf   ETC.  51 

106.  Etat    de    repos,    rouge,    d'un    Haematococcus    pluvialis   mesurant 

Onu^Ctô  en  diamètre. 
lia.  Cellule   épidermique   de   la  face  inférieure  d'une  feuille  de  Trades~ 

cantia  zebrina. 
116.  Cellule  épidermique  d'un  pétale  violet  de  Cineraria. 


TABLEAU  IV. 

12a.  Cellule  épidermique  fraîche,  à  suc  cellulaire  pourpre,  de  la  face  su- 
périeure d'une  feuille  de  Fagus  silvatica  var.  atropurpurea,  dans  une 
solution  de  sel  marin  à  yi  °/0. 

125.  Cellule  pareille,  devenue  vert-noiràtre  après  addition  de  carbonate 
d'ammoniaque.  N'avait  pas  changé  depuis  près  de  i  heure. 

13a.  Cellule  épidermique  fraîche  de  la  tace  supérieure  d'une  feuille  de 
Lobelia  ignea. 

136.  Idem,  de  la  face  inférieure  de  la  feuille. 

13c.  Idem,  de  la  face  supérieure  de  4a  feuille,  après  traitement  par  une 
solution  de  sel  marin  à  K  °/0î  additionnée  d'acide  acétique. 

13d.  Idem,  de  la  face  inférieure,  devenue  violet-noirâtre  dans  une  solution 
de  sel  marin  à  %  °/0,  additionnée  d'ammoniaque. 

14a.  Coleus  Verschaffelti .  Cellule  épidermique  de  la  face  supérieure  d'une 
feuille  violet-pourpre  foncé,  dans  une  solution  de  sel  marina  M  °/0- 

146 .  Idem,  traitée  par  une  solution  de  sel  marin  additionnée  d'acide  acétique. 

14c .  Idem,  devenue  bleue  dans  une  solution  de  sel  marin  additionnée  d'am- 
moniaque. 


TABLEAU  V. 

15a.  Iresine  Lindenii.  Cellule  épidermique  fraîche  de  la  face  inférieure 
d'une  feuille,  dans  une  solution  de  sel  marin  à  K  °/0. 

15c.  Idem,  autre  cellule. 

16a.  Cissus  discolor.  Cellule  rouge-pourpre  de  la  face  supérieure  d'une 
feuille  fraîchement  mise  dans  une  solution  de  sel  marin  à  K  %. 

166.  Idem,  devenue  violette  au  bout  de  quelque  temps. 

16c.  Cellule  épidermique  de  la  face  inférieure  d'une  feuille  de  Cissus, 
devenue  bleue  dans  une  solution  de  sel  marin  légèrement  additionnée 
d'ammonique.  N'avait  pas  changé  depuis  \XA  heures. 

17a.  Cellule  épidermique  rouge-pourpre  d'une  jeune  feuille  d'un  Rosier- 
des-quatre-saisons . 

176.  Idem  d'une  jeune  feuille  d'Ampélopsis  hederacea. 

4* 


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52  TH.    W.    ENGELMANN.   LES   COULEURS   NON   VERTES 

TABLEAU  VI. 

48a.  Cellule  piliforme  à  suc  rouge-pourpre  d'une  jeune  feuille  de  Chêne, 
fraîchement  mise  dans  une  solution  de  sel  marin  à  K  °/0- 

48fc.  Cellule  épidermique  rouge-pourpre  de  la  face  supérieure  d'une  jeune 
feuille  de  Vitis  vinifera.  Même  traitement. 

18c.  Cellule  palissadique  à  suc  rouge-pourpre  d'une  feuille  de  Pelargonium 
zonale.  Même -traitement. 

49a.  Grande  cellule  épidermique  rouge  de  la  face  supérieure  d'une  feuille 
de  Ricinus  Gibsoni.  Même  traitement. 

496.  Idem,  devenue  bleue  après  addition  d'un  peu  de  carbonate  d'am- 
moniaque. 

20,  Cellule  épidermique  x  de  la  face  tournée  vers  le  soleil  et  devenue 
rouge  d'une  feuille  de  Sedum  album.  Fraîchement  mise  dans  la 
solution  de  sel  marin  à  %  °/0. 


Pour  l'explication  de  la  PI.  II.  voir  le  texte,  pages  24 — 26. 


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PES   FEUILLES    ET   LEUR   SIGNIFICATION    ETC. 


53 


Tableau  I. 


7J 

62.5 

65,5 

72.0 

70 

— 

50.0 

70.0 

69 

— 

31.5 

60.8 

68 

— 

16.0 

34.0 

67.5 

8.8 

14.0 



67 

— 

15.0 

8.4 

66 

24.5 

20.0 

— 

65 

41.5 

28.0 

17.6 

64 

40.5 

30.0 

27.2 

63 

37.5 

27.0 

36.0 

62 

39.8 

31.0 

32.8 

61 

42.5 

36.0 

30.0 

60 

48.5 

42.0 

36.0 

59 

49.0 

41.0 

48.0 

58 

48.2 

39.5 

51.2 

57 

50.0 

47.0 

50.4 

56 

53.5 

51.5 

40.0 

55 

53.7 

48.0 

40.0 

54 

50.0 

43.5 

30.4 

53 

41.5 

41.0 

28.0 

52 

37.5 

32.5 

37.2 

51 

30.8 

24.5 

27.2 

50 

19.5 

18.0 

25.6 

49 

17.5 

14.5 

28.0 

48 

18.5 

17.0 

20.0 

47 

16.5 

16.0 



46 

12.0 

19.0 

12.8 

45 

11.0 

17.0 

9.6 

44 

8.5 

14.5 

7.6 

43 

5.5 

15.0 

5.6 

42 

— 

— 

5.2 

77.8 
10.7 

44.7 

43.0 

51.5 
55.8 
52.2 

60.2 
65.7 
62.8 
57.0 
53.5 
47.2 
30.5 
18.0 
15.7 

9.2 

6.7 


85.0 
65.0 
34.0 
16.5 
15.5 
18.0 
27.0 
40.0 
42.0 
41.0 
42.0 
48.5 
55.0 
54.0 
58.0 
63.0 
63.5 
58.0 
60.5 
58.0 
50.0 
33.0 
24.0 
20.0 
25.5 
23.0 
19.0 
16.0 
16.0 
16.0 


65.0 

30.0 

12.5 

9.2 

10.5 

17.5 

22.5 

29.8 

29.0 

33.5 

33.5 

39.0 

37.0 

41.5 

47.5 

48.5 

50.0 

50.0 

48.5 

37.0 

24.5 

15.5 

11.0 

10.5 

8.0 

9.0 

8.5 

7.5 

6.5 


64.0 

34.4 

11.1 

21.1 

26.7 

33.3 

31.1 

35.6 

36.1 

40.0 

36.0 

37.7 

41.7 

43.3 

45.6 

44.4 

42.2 

35.0 

26.7 

12.8 

9.0 

10.0 

8.3 

7.8 

7.2 

5.0 

4.5 


68.5 

36.0 

14,5 

25.0 
35.5 
43.0 
42.5 
47.5 
54.5 
53.5 
56.8- 
57.5 
62.5 
61.5 
66.0 
64.0 
60.0 
52.0 
37.0 
21.0 
14.5 
12.5 
11.5 
10.5 
12.0 
8.5 
8.0 


Digitized  by  VjOOQlC 


54 


TH.    W.   ENGELMÀNN,   LES  COULEURS  NON  VEKTES 


Tableau  II. 


5 

. 

6. 

7. 

X. 

~— - — 



— ^.-^» 

- 

a. 

b. 

a. 

b. 

c. 

a. 

b. 

l  c' 

71 

80.0 

62.5 

65.0 

70.0 

85.0 

85.0 

90.0 

.92.5 

70 

75.0 

55.0 

59.0 

65.0 

— 

75.0 

70.0 

77.0 

69 

62.5 

52.0 

56.0 

60.0 

73.5 

20.0 

29.0 

38.0 

68 

50.0 

41.0 

41.0 

42.5 

67.5 

13.5 

10.5 

14.5 

67.5 



— 



— 



11.5 

9.0 

12.0 

67 

50.5 

34.0 

16.0 

16.0 

33.0 

12.0 

10.5 

15.5 

66.5 



— 

— 

15.6 

29.0 



— 

— 

66 

56.0 

39.0 

11.0 

16.0 

^ — 

2J.0 

26.0 

35.0 

65 

62.5 

50.0 

20.0 

34  0 

45.0 

25.0 

29.0 

55.0 

64 

70.5 

52.0 

31.0 

42.0 

60.0 

26.5 

30.0 

63.0 

63 

70.0 

51.0 

35.0 

42.5 

61.0 

22.0 

26.0 

56.0 

62 

71.0 

50.5 

39.0 

37.5 

53.5 

20.5 

26.5 

570 

61 

73.0 

52.0 

39.0 

39.5 

60.0 

28.0 

34.0 

65.0 

60 

74.5 

52.0 

41.5 

44.0 

64.0 

42.5 

44.0 

71.0 

59 

76.5 

51.0 

45.0 

47.0 

57.5 

37.5 

40.0 

64.0 

58 

75.5 

50.0 

46.0 

47.0 

60.0 

47.0 

42.0 

66.0 

57 

72.0 

50.5 

45.0 

510 

62.5 

54.0 

50.0 

73.0 

56 

69.0 

49.5 

48.0 

55.0 

65.0 

66.0 

64.5 

77.0 

55 

69.5 

49.0 

50.0 

56.0 

67.5 

66.5 

62.5 

76.0 

54 

71.0 

47.0 

51.5 

56.0 

66.0 

59.0 

56.5 

75.0 

53 

65.0 

37.0 

51.0 

56.0 

65.0 

45.0 

51.0 

71.5 

52 

55.0 

24.0 

50.0 

55.0 

62.5 

32.0 

28.0 

57.0 

51 

35.0 

13.0 

46.5 

52.0 

60.0 

14.0 

14.0 

37.5 

50 

24.0 

6.0 

40.0 

45.0 

54.0 

9.5 

10.0 

20.5 

49 

17.0' 

3.5 

25.0 

27.0 

34.0 

10.5 

90 

14.5 

48 

20.0 

3.0 

11.0 

15.0 

17.5 

14.0 

14.0 

15.5 

47.5 







13.5 

— 







4/ 

17.0 

2.5 

4.0 

16.0 

12.5 

n.o 

16.0 

18.0 

46 

14.0 

1.5 

4.5 

15.5 

11.0 

9.0 

14.5 

11.0 

45 

13.5 

1.0 

3.5 

110. 

7.5 

10.0 

14.0 

10.5 

44 

10.0 

2.0 

4.0 

10.0 

6.5 

9.5 

17.0 

12.5 

43 

9.0 

— 

3.5 

9.5 

6.0 

6.0 

14.0 

12.0 

42 

— 

— 

3.0 

— 

— 

— 

— 

— 

Digitized  by  VjOOQ IC 


P8S  mvitJM  «T  I/EUH  SIGNIFICATION  BTC, 


55 


Tableau  III. 


S 

. 

9. 

10. 

11. 

À. 

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a. 

b. 

a. 

6. 

a. 

6. 

a. 

b. 

71 

72.0 

68.7 

94.0 

84.2 

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4 

70 

62.5 



86.0 

68.7 

100.0 

100.0 

— 

94.0 

69 

37.0 

23.5 

75.0 

56.0 

— 

— 



■ — 

68 

13.0 



62.0 

41.0 

100.0 

100.0 



— 

67.5 

14.5 

5.2 

96.0 

67 

17.0 



38.0 

27.5 

— 

— 

— 

— 

66.5 

66 

24.0 



16.0 

16.5 

100.0 

95.1 

100.0 

— 

65.5 





12.0 

17.5 

— 

— 

— 

— 

65 

40.0 

16.1 

14.5 

16.5 

— 

— . 

— 

— 

64 

45.0 

21.9 

20.0 



98.5 

— 

— 

100.0 

63 

42.0 

17.8 

26.0 

25.7 



— 

— 

— 

62 

42.0 

18.7 

34.5 

38.0 

97.5 

91.4 

88.0 

82.0 

61 

44.0 

20.0 

32.0 

44.8 



— 

74.0 

— 

60 

56.0 

30.0 

33.0 

49.0 

96.5 

74.5 

59.0 

16.0 

59 

54.0 

30  5 

41.0 

51.0 





42.0 

9.2 

58 

54.0 

31.3 

45.0 

57.0 

95.0 

48.3 

37.0 

11.2 

57 

59.0 

35.2 

43.0 

58.7 



30  3 

44.0 

11.6 

56 

63.0 

39.1 

39.0 

61.0 

92.0 

14.5 

48  0 

9.6 

55 

67.0 

39.1 

45.5 

61.7 



12.1 

40.0 

9.2 

54 

62.0 

37.4 

46.5 

59.7 

85.0 

11.2 

36.0 

8.8 

53 

56.0 

33.0 

44.5 

56.7 



— 

46  0 

16.0 

52 

45.0 

24.8 

45.0 

55.0 

67.5 

— 

54.0 

18.0 

51 

27.0 

12.2 

50.0 

47.7 



— 

57.0 

16.0 

50 

17.0 

7.0 

57.0 

45.0 

34.0 

11.1 

59.5 

26.0 

49 

14.0 

5.2 

55.0 

48.0 





70.0 

44.0 

48 

15.5 

5.2 

50.0 

49.0 

18.0 



76.0 

48.0 

47 

19.0 

4.8 

42  0 

43.5 

— 



54.0 

46 

17.0 

4.8 

22.0 

36.0 

14.0 



81.5 

66.0 

45 

20.0 

4.3 

15.0 

26.0 



15.8 

81.0 

— 

44 

19.0 

4.3 

11.0 

15.2 

12.5 



80.0 

74.0 

43 

15.0 

4.0 

6.0 

10.7 

22.5 

42 

— 

— 

5.0 

13.5 

12.0 

— 

— 

90.0 

Digitized  by  VjOOQ IC 


56  TH.    W.   ENGELMANN.   LES  COULEURS   HON   VERTES 

-     Tableau  IV. 


12.. 

13. 

14. 

X. 

0  _ 



Mj                     , ,                

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a.    |    6.     |     c. 

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92.2 

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68 

99.2 

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76  0 

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94.0 

66.0 

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95.0 



— 

66 

98.0 

47.0 

98.0 

96.4 

98.0 

62.0 

93.8 

84.0 

42.4 

.64 

96.8 

31.0 

96.5 

94.6 

88  8 

44.0 

92.6 

74.4 

24.8 

62 

95.6 

25.0 

90.0 

39.0 

82.0 

20.0 

85.5 

59.2 

13.2 

60 

87.2 

21.0 

64.8 

48.4 

68.0 

9.6 

67.7 

48.0 

8.8 

59 

— 



— 



— 

7.6 







58 

60.0 

22r0 

41.2 

22.0 

46.4 

9.2 

46.0 

26.0 

9.6 

57 

— 

— - 





35.6 

10.0 

— 

— 

— 

56 

39.7 

23.5 

27.6 

10.8 

32.0 

9.6 

29.5 

12.0 

12.4 

55 

33.6 

30.0 

23.8 

6.0 

30.4 

9.2 

23.0 

7.2 

20.8 

54 

30.0 

35.0 

26.8 

6.8 

32.8 

9.6 

24.7 

8.8 

28.0 

52 

28.0 

37.5 

34.4 

8.0 

40.0 

12.0 

28.5 

10.4 

50.0 

50 

30.0 

40.0 

42.4 

19.4 

47.2 

20.4 

38.0 

20.8 

53.6 

48 

40  4 

41.0 

55.6 

28.0 

-54.0 

23.2 

51.3 

37.6 

56.8 

46 

52.8 

40.0 

60.4 

40.0 

57.6 

27.2 

68.8 

44.0 

64.5 

44 

62.0 

32.0 

73.6 

56.0 

74.4 

26.0 

85.5 

52.0 

50.8 

42 

67.0 

— 

— 

— 

— 

— 

92.6 

— 

— 

Tableau  V. 


11 

16. 

1.7. 

X. 

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a. 

b. 

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a. 

b. 

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100.0 

100.0 

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92.5 

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68 

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— 

99.0 

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67 

— 

— 

94.0 

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* 

97.0 

100.0 

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100.0 

90.6 

91.0 

26.5 

— . 

— 

65 

— 

— 

86.0 

— 

. — 

— 

— 

64 

99.0 

98.0 

81.6 

70.5 

12.0 

97.0 

100  0 

63 

— 



72.0 

52.0 

9.0 

— 

— • 

62 

88.0 



64.4 

44.5 

10.7 

94.2 

98.0 

61 

■  — 



54.4 

40.5 

11.3 

81.0 

— 

60 

70.0 

66.0 

46.0 

44.0 

12.5. 

65.0 

82.0 

59 

, 

— 

36.0 

40.5 

9.0 

58.0 

— 

58    1 

41.0 

—  • 

18.0 

26.2 

7.0 

39.6. 

36.0 

Digitized  by  VjOOQ IC 


DES   FEUILLES  ET   LEUR   SIGNIFICATION  EÏC. 


57 


15. 

16. 

17. 

X. 

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a. 

b. 

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57 

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56 

20.0* 

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17.0 

10.0 

24.4 

14.0 

55 

14.0 

11.0 

6.0 

14.5 

12.0 

20.0 

11.2 

54 

14.5 

11.5 

6.8 

16.0 

14.0 

17.6 

10.4 

53 

16.5 

11.9 

8.4 

17.0 

— 

18.8 

11.6 

52 

19.0 

13.5 

.10.4 

21.0 

26.0 

20.4 

12.0 

51 







'24.0 

— 

— 

14.0 

50 

32.3 

19.5 

23.2 

31.0 

50.0 

28.8 

18.8 

49 

24.8 

48 

55.0 

44.5 

38.0 

45.0 

57.5 

46.0 

30.5 

46 

76.0 

70.5 

56.8 

57.0 

65.0 

67.2 

40.0 

44 

80.0 

82.0 

82.0 

73.0 

82.0 

80.0 

42.0 

42 



— 



— 

100.0 

77.6 

50.0 

Tableau  VI. 


18. 

19. 

X. 

^ 

"™'    ^~~        ~" 

-  -  - 

'       ~~ 

20 

a. 

b. 

c. 

a. 

b. 

70 

96.0 

92.0 

100.0 

____ 

_ 

100.0 

68 

97.6 



100.0 

97.5 

80.0- 

— 

67 



90.0 



97.0 

, 

— 

66 

98.0 

90.0 

100.0 

97.0 

72.0 

100.0 

64 

98.0 

90.0 

100.0 

95.0 

48.0 

95.0 

62 

86.0 

90.0 

90.0 

90.0 

27.0 

89.0 

60 

66.0 

68.0 

82.5 

85.0 

23.0 

81.5 

59 







80.0 

22.0 

— 

58 

54.0 

38.0 

65.0 

71.0 

24.0 

66.0 

56 

36.8 

20.0 

41.0 

57.0 

25.0 

'  37.0 

55 

— 

20.0 

34.0 

50.0 

30.5 

34.0 

54 

30.0 

22.0 

34.0 

•  48.0 

37.0 

32.0 

53 



— 

33.0 

46.0 

-r- 

31.5 

52 

27.2 

28.8 

34.5 

49.5 

47.0 

31.5 

51 

— - 

— 

- 





34.0 

50 

35.2 

38.4 

40.0 

59.0 

59.0 

37.0 

48 

45.6 

48.0 

52.5 

65.0 

70.0 

48.0 

46 

56.0 

54.0 

63.0 

78.0 

76.0 

69.5 

44 

64.0 

58.0 



90.0 

65.0 

79.5 

42 

—  ■ 

60.8 

— 

— 

— 

— 

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LA  CONIQUE  DANS  L'ESPACE, 


PAR 


P.    VAN    G  E  S  H. 


1.  Dans  son  ouvrage  bien  connu:  Vorlemngen  ûber  Ana- 
lytische  Géométrie  des  Baumes,  au  chapitre  XV,  M.  O.  Hesse 
indique  comment  une  conique  dans  l'espace  petit  être  repré- 
sentée par  une  seule  équation  du  second  degré.  Le  sujet, 
toutefois,  n'est  pas  traité  à  fond,  et  le  chapitre  se  termine 
par  cette  remarque:  „en  tout  cas,  il  s'ouvre  ici  une  abondante 
source  de  développements  intéressants."  A  ma  connaissance, 
cette  source  n'a  pas  été  l'objet  de  nouvelles  recherches,  ou, 
du  moins,  les  résultats  de  ces  recherches  n'ont  pas  été  publiés. 
M'étant  moi-même  occupé,  depuis  assez  longtemps  déjà,  d'une 
semblable  étude,  je  me  propose  de  faire  connaître  ici  les  ré- 
sultats obtenus,  qui  à  coup  sûr  n'épuisent  pas  la  matière,  mais 
qui  me  semblent  pourtant  justifier  pleinement  l'assertion  de 
M.  Hesse. 

En  général,  je  m'en  tiendrai  à  la  notation  et  au  mode  de 
démonstration  employés  par  M.  Hesse,  de  sorte  que  mon  tra- 
vail pourra  être  regardé  comme  une  suite  et  un  complément 
au  chapitre  XV  de  son  ouvrage.  Je  présenterai  d'abord  quel- 
ques considérations  préliminaires,  indispensables  à  la  parfaite 
intelligence  des  développements  ultérieurs,  et  que  M.  Hesse, 
ou  bien  a  négligées,  ou  bien  a  traitées  d'une  manière  trop 
sommaire. 


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P.  VAN  GKBR.   LA.  CONIQUE  DANS  i/lïSPACB. 


59 


Comme  il  ne  sera  question,  dans  ce  Mémoire,  que  de  sur- 
faces et  de  figures  du  second  degré,  lesquelles  constituent  aussi 
les  figures  du  second  ordre  et  de  la  seconde  classe,  j'omettrai, 
pour  simplifier,  toute  mention  de  ce  genre. 

2.  Si   (xx  a?2  x3  #4)    sont  les  coordonnées  homogènes  d'un 

point,  de  sorte  que  — f  >   —  >  —  représentent  les  coordonnées 

•C»  3/a  2/* 

linéaires  ordinaires  par  rapport  à  un  système  tri-axial  paral- 
lèle dans  l'espace,  l'équation  générale  du  second  degré  peut 
être  mise  sous  la  forme: 

f{xlx^xzx!i)z=zax  ,*,*  +a2  2xf  +«3  sxi  +a\  4  x\  +  2an  *\  xi  + 
+2aI2«1a?a4-2a23x2a?3+2al4ii?1aî44-224.r2*44-2a34rr8*4==0  (1) 

Les  dérivées  par  rapport  aux  quatre  variables  sont: 


if'(Xl)~ailXl  +*|l*î   +«13^3  +«1^4»  ] 

*/'(**)  =^2*1  +<*»«*»    +«««*»  +  <*34ir4>  f 

i/'(^8)  =  a|3^1  +<**•*!    +  <*33*3  +  <*34*4>  i 

2-/'(j-4)  =  a14a;1  -ha24#2  +  aS4g's  +  a44#4.  1 


(2) 


En  posant  /'  (s,  )  =  0,  /'  (a?,)  =  0,  /'  (*,)  =  0,  et  tirant  de 
ces  équations  les  rapports  mutuels  de  s,  x,  xz  x 4,  on  obtient 
les  coordonnées  du  centre  de  la  surface.  Celui-ci  est  unique 
et  situé  à  distance  finie  lorsque 


où 


0, 


&|  3  a2  3  a»3 


(3) 


représente  le  discriminant  de  la  surface.  Si  les  coordonnées  du 
centre  satisfont  à  l'équation  /'  (xA)  =  0,  elles  satisfont  aussi 
à  celle  de  la  surface,  laquelle  devient  alors  une  surface  conique. 
La  condition  est 

H—  0, 


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60 


P.  VAN  GEBB.  LA  CONIQUE  DANS  L'ESPACE. 


OÙ 


H  = 


a 
a 
a,  3  a 


,  %  a22  aa3  a24 


a 


|4u2i  "34  "44 


(4) 


est  appelé  le  déterminant  Hessien  de  l'équation  (1). 
Si  Ton  a  simultanément 

fl  =  0  et  A  =  0, 

la  surface  est  une  surface  cylindrique,  le  centre  de  la  surface 
conique  s'éloignant  à  l'infini. 

En  désignant  par  M,  comme  il  est  d'usage  assez  général, 
le  mineur  d'un  terme  du  déterminant  27,  de  sorte  que  M2Z 
par  exemple  représente  le  mineur  du  terme  a23,  on  a  A=Jf44, 
et  les  conditions  de  la  surface  cylindrique  peuvent  être  écrites 

i?  =  0,  il/44  =  0. 

Si  tel  est  le  cas,  il  résulte  de  propriétés  connues  des  déter- 
minants que  tout  autre  mineur,  dont  l'indice  renferme 'le 
chiffre  4,  s'annule  également. 

A-t-on,  en  outre, 

Mxx  =  0, 

tous  les  mineurs  sont  nuls  dans  H;  l'équation  (1)  peut  être 
décomposée  en  deux  formes  du  premier  degré,  réelles  ou  ima- 
ginaires, et  la  surface  se  réduit  à  deux  plans. 

Enfin,  s'il  y  aussi  un  mineur  second,  par  exemple 


JfM  = 


"Il    "12 


*  I  2   "  2  2 

qui  soit  égal  à  zéro,  il  en  est  de  même  de  tous  les  mineurs 
seconds  du  déterminant  H;  l'équation  (1)  est  alors  un  carré 
parfait,    et  les  deux  plans  se  confondent  en  un  plan  urrique. 

Ainsi,  ces  cas  particuliers  se  laissent  aisément  déduire  du 
déterminant  Hessien. 

3.  Si 


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P.    VAN  GEER.   LA   CONIQUE   DANS   i/ESPACE.  61 

sont  deux  surfaces,  l'équation 

0  =  ^IF+^2/=O, (5) 

où  /*f  fi2  désignent  des  quantités  constantes  arbitraires,  re- 
présente une  surface  qui  passe  par  l'intersection  des  deux 
surfaces  données  et  qui  par  suite  est  déterminée  à  une  con- 
dition près.  Cette  condition  étant  prise  de  manière  que  q> 
devienne  une  surface  conique,  il  faut  que  le  déterminant 
Hessien  de  y  —  que  nous  indiquerons  par  H  (q>)  —  soit  nul. 
Nous  avons  alors,  en  représentant  les  coefficients  de  F  par 
des  lettres  majuscules  et  les  coefficients  correspondants  de 
/  par  des  minuscules  : 


J»W  = 


Ml^n+^ja,  1,^1^1  2 +^,2,^,^+^0,3,/*,  ^)4 +/**«!  4 
Ml^,2+^2aj2^l^2a+^2aîî^,^2  3+M2a2  3^l^2  4+iM2a2  4 
/iJ4lS+M2ai3^l^2  3-H-iI*2a2  3>iUl^3+iU2a3  3^1^3  4+^2a3  4 
iUl^l4-|-^2ai4>/i1^î4-|-/*2a2  4^l^3  4+^2a3  4^l^4  4-+'iM2a4  4 

donnant  une  équation  du  quatrième  degré  en   (^M,  de  sorte 

que  par  Vintersection  de  deux  surfaces  on  peut  en  général  mener 
quatre  surfaces  coniques.  Les  centres  forment  les  sommets  d'un 
tétraèdre  harmonique  aux  deux  surfaces  et  aussi,  par  consé- 
quent, à  toutes  celles  qui  passent  par  l'intersection. 

Si  maintenant  H(F)  ou  H(f)  est  nul,  l'équation  (6)  devient 
du  troisième  degré;  par  conséquent: 

par  Vintersection  d'une  surface  avec  une  surface  conique  on  peut 
encore  faire  passer  trois  surfaces  coniques. 

Si  l'on  à  la  fois  H(F)  —  0  et  H{f  )  z=z  0,  l'équation  (6)  est 
du  second  degré,  donc: 

par  Vintersection  de  deux  surfaces  coniques  peuvent  encore  passer 
deax  antres  surfaces  coniques. 

Si  pour  /  existent  les  relations  H=0,  Mlt  =  0  et  M ,  4  =  0, 
l'équation  (6)  se  laisse  encore  réduire  au  second  degré,  de 
âOTte  que: 

par  Vintersection  d'une  surface  et  de  deux  pla/ns  on  peut  faire 
passer  deux  surfaces  coniques;  la  droite  qui  joint  les  centres  de 


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=0,  (6) 


62        P.  VAN  GBBB.  LA  CONIQUE  DANS  L'ESPACE. 

ces  surfaces  coniques  est  polaire  réciproque  de  l'intersection 
des  plans. 

A-t-on   enfin  pour  /  non   seulement  fl=0,   jMm=0  et 
Mlk  =  0,  mais  aussi  Ml%  =  0,  l'équation  (6)  est  ramenée  au 

premier  degré,  et  la  surface  conique  correspondante  touche 
F  suivant  l'intersection  plane  en  laquelle  s'est  transformée  /. 
Les  surfaces  coniques  que  découlent  de  l'équation  (6)  de- 
viennent des  surfaces  cylindriques  pour  celles  des  valeurs  de 

^  qui  satisfont  en  outre  à  l'équation 

j  Mi^i2-HM^!2,Mi^îaH-^2«22,Mi^3s-HMî«2  3     =0; (7) 

I    M!^J3-H^2aiI^1^2S+M2a2S>/*l^S8-*-^2aS8 

de  sorte  qu'il  dépendra  de  la  nature  et  de  la  situation  respective 
des  surfaces  données  si  une  ou  deux  des  surfaces  coniques 
se  transforment  en  surfaces  cylindriques. 

L'équation  (7)  étant  du  troisième  degré,  on  pourra  faire 
passer  tout  au  plus  trois  surfaces  cylindriques  par  l'intersection 
de  deux  surfaces  quelconques.  Si  /  se  transforme  en  une 
surface  cylindrique,  l'équation  (7)  devient  du  second  degré, 
de  sorte  qu'il  n'existe  plus,  au  maximum,  que  deux  surfaces 
cylindriques;  si  /  représente  deux  plans  qui  se  coupent,  qui 
sont  parallèles  ou  qui  coïncident,  on  ne  peut  faire  passer, 
au  plus,  qu'une  seule  surface  cylindrique  par  l'intersection 
avec  F. 

4.  Cherchons  par  cette  voie  l'équation  de  la  surface  conique 
qui  touche  la  surface  /=0  suivant  l'intersection  avec  un 
plan  donné: 

Alxl  +  Àtœt  +  Asxz  +  A%xh  =0. 

L'équation  cherchée  peut  être  mise  sous  la  forme 
pZ-M^i^i  +  A1x1  +  Azxs  +  A%xky  =  0, 
où  le  facteur  p  doit  être  déterminé  au  moyen  de  la  condition 
que  le  déterminant  H  de  cette  équation  soit  nul.  Cela  s'ex- 
prime par  la  relation 


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P.  VAN  'ÔEBft.   tA  CJONIQUÊ  DANS   i/ESPACE, 


63 


=  0; 


a1%p+At*t  aî%ii+ÀlA1,alZn+AtAl;alkti+AlAh 
al2ti+AtA2,  attp+A%*,  a1^^A1AZ)a2kfi+A1Ai 
atZfê+AtA19  aîip+A1A:i}ai3ti+Ait,  aikii^A%Ak 
*lklA+AtAt,ann+AtAi,aSAti+AsA4,aiin+Ak* 

à   l'aide  de  quelques  réductions,  ce  déterminant  se  ramène 
à  la  forme 

— pAt  A%  As  A4 

At  aM  al2  al3  al4 

Ai  «|2  «22  «2S«24       =  °, 
A%  «|3  «23  «33  «34 
A%  a,4«2*  «34  «44 


(8) 


équation  qui  est  du  premier  degré  par  rapport  à-  p,  de  sorte 
qu'il  n'y  a  qu'une  surface  conique  qui  y  satisfasse  ;  l'équation 
de  cette  surface  devient: 

0  At   At  At  Ak 


A%  atx  atSa|Sa|4 

42  «l2«21«23«24 

A9  a, 3  a23  a33  a34 

Ak  «,*  «14  «34  «44 


f(xxxrxzxh)  +  H{f).(Ax*i  + 

H-  At  x^  +  ^3  »s  -h  ^14  ;r4)a  =  0.  (9) 


Pour   que  cette  surface   conique  se  transforme  en  surface 
cylindrique,  il  faut  aussi 


fi  Ax  At  Az 
Ax  a, ,  al2  al3 
A, 


*i2   wn 


*13 


=  0, 


^3    «13    «23    «33 

mais  alors  on  a  en  même  temps,  dans  (8)  : 


At  atî  a,. 


"12 


»2  2     "2  3 


=  0; 


42  al2 

^3     «13     «33     «33 

Ak  ati  a44  a34 

et   cette  condition   exprime   que   l'intersection   passe  par  le 
centre  de  /  =  0,  ainsi  qu'il  convient. 


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64  P.   VAN   GEER.   LA   CONIQUE  DANS   i/ESPACKi 

5.  Passons  maintenant  à  des  coordonnées  tangefttielles. 

Si 

Âx  xt  +A2x2-hAzXi-hAiXi^zO 

est  Téquation  d'un  plan  en  coordonnée?  ponctuelles,  A ,  À2  A3A  4 

A         A 

sont  les  coordonnées  homogènes  de  ce  plan,  et  — r^-S  — -~ 

—  j^-  représentent  les  segments   que  le  plan  forme  sur  les 

^3 

axes  des  coordonnées.  Ces  quantités  .déterminent  complète- 
ment le  plan,  même,  par  leur  rapport  mutuel,  dans  le  cas 
où  le  plan  passe  par  l'origine.  Les  coordonnées  tangentielles 
variables  étant  appelées  (ut  Wj  w3  w4), 

Ax  ut  -f-  A2 u2  H-  A3  uz  -h  AA  uk  =  0 
devient  Téquation  d'un  point  dans  l'espace,  dont  les  coor- 
données ponctuelles  homogènes  sont  {Ax  A^  As  AA).  Entre 
les  coordonnées  d'un  plan  et  celles  d'un  point  'situé  dans  ce 
plan,  ou  d'un  point  et  d'un  plan  passant  par  ce  point,  il  existe 
alors  toujours  la  relation  identique 

ut  xx  -h  u2  x2  +  u3  x%  -h  ux  x4  =  0 (10) 

Pour  passer  de  l'équation  d'une  surface  en  coordonnées 
ponctuelles  à  son  équation  en  coordonnées  tangentielles, 
nous  posons 

f(xlx2xzxA)  =  (ulxl  +u2x2  -hu3x3  -hu4#4)  =  0, 
et,  en  vertu  des  relations  (2), 

T/'(^l)  =  aiia?l    +0>i2X%    +  «,3*3    +«14^4=^1» 

ï/W  =  «ii  x\  +  «22  *2  +  «23*3  +fl21^  =^î, 
'   if  (#3)  =  «13^1  +  «2  s  ^2  +  a3  3  xz  -h  a3  4  xA  =  <u,3, 

.    l/(«4)  =  ai4*l    +«2  4  «2   +«14*3    +  -«44  *4  —  U4>  '  ' 

Eliminant  (£,232384),  on  trouve,  après  quelques  réductions, 

0  u1    u2    u3  uh 


f(x}x2xzxA)z=:y(uxu2uzuA)z=-^  ^ 


u2al2  a22  a2Za2k 

^3«l3a23a33?34 

u4a14a24  a34  a44 


,(H) 


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P.   VAtf   GKKfc.   LA   COtflQUÉ   DANS  L* ESPACÉ. 


65 


ce  qui  réalise  la  transformation  cherchée. 

q>  (ut  u1  u%  u4)  =  0 
est  maintenant  l'équation  de  la  surface  en  coordonnées  tan- 
gentielles  homogènes,  de  sorte  que  toute  valeur  de  {u%  u%  us  w4) 
qui  satisfait  à  cette  équation  représente  un  plan  tangent  à  la 
surface.  Soit 

q>(ulu2U3Ui)  =  aîlUli  +ai,Ma2+«,jW3î  +  «44^4*  + 
+  2a,att,tt3  +2a,3ttîtt3  +  2al3utus  +  2a|4u,u4  + 

+  2  «2  4  w2  u4  +  2  «3  4  u3  4  =  0,  .  .  (12) 

le  développement  de  cette  équation.  Les  coefficients  de  l'équa- 
tion développée  sont  alors,  en  vertu  de  (11),   déterminés  par 


z  H 
H 


2  2  «*2  3  "2  4 

flUa33  «34 

a24  a84  a44 
atl  alZatA 

«l3a33  «34 


Mt 


a,  a  a 


I  4  "3  4  ^4  4 


a> 


H  ' 
=  ^i  etc 


de  sorte  que^  chaque  coefficient  a  est  égal  au  mineur  corres- 
pondant dans  H,  divisé  par  H. 

Désignons  par  Ht  le  déterminant  Hessien  de  (12),  c'est-à- 
dire  posons 

«..  a, 


fl'  = 


M|  I    «|Î"|S  M|4 

et,  0  et,  ,  a,  ,  et. 


<|2  "22  M23  MÎ4 
«13  «23  «33  «34 
«14  «24   «34  «44 

et  substituons  les  valeurs 

a       —ël-L      a       —  M"      a       —  M  '  3 
«,l--^g-,    «,2— ^-,    «13—     j 

il  vient  alors,  d'après  une  propriété  connue  des  déterminants  '), 

M , ,  Jtf , 2  Mx  3  Jf ,  4 

Jtf  j  ,    Jf ,  2   Jf  2  3   M  2  4 


lS  =  ^,etc;  .  ,  (13) 


H'  = 


H' 


MIZ  M2i  MZ3  i¥34 
JJf|4  Jtf24  ilf34  Mhk 


i)  Voir,  entre  autres,  Houël,  Théorie  et  appl.  des  déterminants  §  VU.  i  . 
Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  5 


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(16) 


66  P.    VàK   GEÉR,   tA    COîflQU*    DANS   l'eSPACÉ. 

ou  HH'îxl (14) 

De  la  même  manière,  on  trouve 

a,)  =  ^->ai*  =  ~#^a»*=~^'  etc.  .  .  .  (15) 
Les  formules  (13).  (14)  et  (15)  donnent  les  relations  simples 
et  symétriques  qui  permettent  d'effectuer  facilement  le  passage 
des  coordonnées  ponctuelles  en  coordonnées  tangentielles  et 
vice  versa.  Il  n'y  a  d'exception  que  pour  £T=0,  cas  où  la 
surface  ne  peut  être  représentée  qu'en  coordonnées  ponctu- 
elles et  non  en  coordonnées  tangentielles,  tandis  que  pour 
H!  =  0,  c'est  précisément  l'inverse. 
6.  Posons  maintenant: 

t<p'K)  =  *h^i  +«,A+«t3^  +«Mw4  =0, 
jqp'  (u2)  =  «|îuI  -+-  cc2iut  -+a33u3  +  «a*u4  =0,  | 
«-<p'(w3)  =  al3wl  +  a2Zu2  +«33w3  -h  a34u4  =  0, 
|<p'(w4)  =  «MwI  +«24u2  +«34u3  -h  a44w4  =0. 
Les  valeurs  de  (uiu1uzuk)  qui  résultent  des  trois  premières 
de  ces  équations  déterminent  le  plan  polaire  de  l'origine;  si 
elles  satisfont  aussi  à  la  quatrième,  tous  les  pôles  sont  situés 
dans  ce  plan,   et  comme  les  points  de  la  surface  peuvent 
également  être  compris  parmi  ces  pôles,  tous  ces  points  tom- 
bent  dans   un    même   plan    et  la  surface  se  change  en  une 
conique,  ainsi  que  M.  Hesse  l'a  fait  voir  le  premier.  La  con- 
dition pour  que  cela  arrive  est  donc 

Jï'  =  0; 
c'est  le  cas  exceptionnel,  ci-dessus  mentionné,  où  la  surface  ûe 
peut  être  représentée  en  coordonnées  ponctuelles,  pas  plus  que 
la  surface  conique  ne  peut  l'être  en  coordonnées  tangentielles. 
Si,  outre  E!  =  0,  on  a  M kk  =  0,  le  plan  de  la  co- 
nique passe  par  l'origine  du  système  des  coordonnées.  Si,  dans 
H',  tous  les  premiers  mineurs  sont  nuls,  l'équation  est  décom- 
posable  en  deux  facteurs  linéaires,  et  la  conique  se  réduit  à 
deux  points  isolés;  a-t*on,  de  plus, 

M,t=0, 

7  2 


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î>.   VÀtf   GEER.   LA    COtfIQUB   DANS   l'eSPACE.  67 

la  droite  qui  joint  ces  points  passe  par  l'origine;  et  si  tous 
les  seconds  mineurs  sont  nuls,  l'équation  est  un  carré  parfait 
et  ne  représente  qu'un  point  unique;  —  aucun  de  ces  cas 
ne  peut  être  exprimé,  en  coordonnées  ponctuelles,  par  une 
équation  unique,  pas  plus  que  ne  peuvent  l'être,  en  coor- 
données tangentielles,  les  cas  où  la  surface  se  change  en  une 
surface  cylindrique,  ou  en  deux  plans  qui  se  coupent,  sont 
parallèles  ou  coïncident. 

7.  Prenons  deux  surfaces  en  coordonnées  tangentielles 

0  =  0  et  <p  =  0, 

et  formons  l'équation 

tp  =  0  représente  alors  une  surface  qui  est  touchée  par  les 
plans  tangents  communs  à  *  et  à  q>,  et  qui  est  entièrement 
déterminée  par  une  condition  supplémentaire  unique.  En  pre- 
nant, pour  celle-ci,  la  condition  que  la  surface  se  transforme 
en  une  section  conique,  on  doit  avoir 

fl(v)  =  o, 

ce  qui  fournit  de  nouveau  une  équation  du  quatrième  degré 
en  £-*-,  de  la  forme 

J*2 
f»i«'iî+f*a«i ii f*ia'»»+f*iai  11^1*1  s+Mi*»«>A*i«  Î4+/*1«*4 

f*l«'l4+A*lal*>f*ia'i*+f'iai*>f'ia'  J  *+J*2«J  U/*1«\*+M2«4  4 

où  a  désigne  les  coefficients  de  l'équation  <£,  a  les  coefficients 
correspondants  de  <p. 

Entre  l'équation  (17)  et  l'équation  correspondante  (6)  en 
coordonnées  ponctuelles,  il  existe  un  rapport  remarquable, 
que  nous  allons  développer. 

En  premier  lieu,  les  coefficients  de  ^,4  et  j*24  dans  (17) 
sont,  d'après  la  relation  (14),  les  valeurs  inverses  des  coeffi- 
cients correspondants  de  (6). 

5* 


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=  0,(17) 


6S  I>.  VAN  GEËR.   fcA   CONIQUE   DANS   1/B8PACE. 

En  second  lieu,  le  coefficient  de  p,'/**  dans  (17)  est 


1  2 

I  3 


I  4 


1  2 
t 

22 
/ 

23 
r 

2* 


13 


23     "14 


33 


14 


<S4 


où  le  signe  2  indique  qu'on  doit  donner  l'accent  alternati- 
vement à  chaque  colonne,  puis  prendre  la  somme  pour  ces 
quatre  termes.  Mais,  d'après  les  relations  (13),  (14),  (15),  on 
peut  écrire  pour  le  résultat: 


^(«l4^l4+«24^14+«34^34+«44^/44)_ 

H'  ~ 


1 

ws2 


"12    "22 
*13     a2I 


"|4    **24 


"13 


»2J 


*3  3 


*3  4 


^14 
^24 
^34 
^44 


et  cette  expression  est  exactement,  au  dénominateur  près,  le 
coefficient  de  j*,^3  dans  (6).  Dans  ce  dénominateur,  H'  re- 
présente le  déterminant  Hessien  de  F>  et  H  celui  de  /  dans 
l'équation  (5). 

De  même,  le  coefficient  de  j*,^*  dans  (17)  est,  au  déno- 
minateur près,  égal  à  celui  de  jtis,/*2  dans  (6).  Pour  ce  qui 
concerne,  enfin,  le  coefficient  de  /*Îjk*2,  il  peut  être  repré- 
senté dans  (17)  par 


1  2     •*!  3 


'14 


1  3 


14 


23 


24 


<33     «34 


où,  chaque  fois,  deux  colonnes  doivent  être  affectées  d'accents, 
puis  sommées.  On  peut  écrire  pour  le  résultat: 


22 


i  i 


22 


«33 


'34 


'34 


Mais,  d'après  une  propriété  des  déterminants,  on  a 


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Pv   VAN  GEBB.   LA  CONIQUE  DANS  l'eSPAGNB. 


69 


«  Il  a  1* 
«'lî  «'»» 

1 

1 

«»»  «1* 

«S4    «»♦ 

1 

if,,  if„ 
if,4  if,, 

__  1 

~"  H 

Œll     Œl» 
«lî     ttlî 

d'où  il  suit  que  le  coefficient  en  question  est  égal  au  coeffi- 
cient correspondant  de  (6),  affecté  du  dénominateur  HH'. 

On  voit  donc  que,  après  multiplication  des  termes  par  ce 
dénominateur  commun,  l'équation  (17)  est  entièrement  iden- 
tique à  l'équation  (6),  sauf  que  ^,  est  remplacé  par  /*2  et 
réciproquement  ;  les  racines  de  la  première  équation  sont  donc 
l'inverse  de  celles  de  la  seconde,  mais  à  la  condition  que  pour 
aucune  des  surfaces  le  déterminant  Hessien  ne  soit  nul. 

8.  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  remarqué,  l'équation 

V  =  i"i  #  +  i*a(p  =  0 
représente  une  surface  qui  est  touchée  par  les  plans  tangents 
communs  à  *  et  à  ç>.  Or,  lorsque  H(tp)=zQ,  la  surface  se 
transforme  en  section  conique;  cette  équation  étant  du  qua- 
trième degré  en  ^  ,  on  voit  qu'entre  les  plans  tangents  com- 
muns à  deux  surfaces  on  peut  tracer  quatre  coniques,  pourvu 
que  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  surfaces  ne  soit  une  surface 
conique.   Mais    si   l'une   des  deux   est  une  section  conique, 

l'équation  devient  du  troisième  degré  en  £*  ;  de  sorte  que, 

Ma 
entre  les  plans  qui  touchent  une  surface  et  une  conique,  on  peut 

encore  tracer  trois  coniques.  L'autre  surface  est- elle  également 

une  conique,  l'équation  en  £i  est  ramenée  au  second  degré  ; 

de  sorte  que  les  plans  tangents  communs  à  deux  coniques 
dans  l'espace  touchent,  en  outre,  deux  autres  coniques. 
Quand    une    des   surfaces  est  réduite  à  deux  point  isolés, 

l'équation  en  £±   devient  du  second  degré;    d'où  il  suit  que 

ht 
dmx  surfaces  coniques,  qui  touchent  une  même  surface,  se  coupent 

wivwt  deux  courbes  planes. 


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70 


ï\   VAN   GEER.    LA   CONIQUE   DANS   L'ESPACE. 


Lorsque  q>  est  un  carré  parfait,  de  sorte  que  <p  =r  0  ne  re- 
présente qu'un  point  unique,  l'équation  en    ^    devient    du 

premier  degré.  La  valeur  qui  en  résulte,  substituée  dans  tp9 
fournit  la  conique  suivant  laquelle  la  surface  donnée  est  tou- 
chée par  la  surface  conique  qui  a  pour  centre  le  point  donné. 

Soit 

«i  ux  +  a2u2  -t-  «3  u9  -f-  «4  uA  =0 
Téquation  du  point,  et 

q>(ul  u2  us  u4)  =  0 
celle   d'une    surface  quelconque:  un  calcul  tout  semblable  à 
celui  développé  au  n°  4  conduit  alors,  pour  la  conique  suivant 
laquelle  la  surface  conique  ayant  son  centre  au  point  donné 
touche  la  surface  donnée,  à  Téquation  suivante: 


0   «, 


M  J 


'12 


f13    «14 


'll"22 


'23 


'24 


*13 


ak   a 


14 


'2  3 
«2  4 


f33     "34 


'44 


qp(u,^2U3U4) 


•  (18) 


+  H'{alul  -h  a2u2  +  azuz  -+-  «4it4)2  =  0  • 

9,  Soit  de  nouveau 

f{xlx1xzx4)  =  0 

une  surface  représentée  en  coordonnées  ponctuelles,  et 

Aîxl  +  A2x2  +  Asxz  +  A4ar4  =0 

un  plan   quelconque;   la  condition  que  le  plan  soit  tangent 
à  la  surface  est  alors,  d'après  (11),  exprimée  par 


0  Ai     A<i  A$    A} 

At  d\  i   dj  2  «i  3   «14 

A%  0>\2    «22  ^23    ^24 

A$  «13    a23  «33    «34 

A±  «j  4    «24  «34    «44 


=  o, 


(19) 


sauf  dans  le  cas  où  la  surface  donnée  est  une  surface  co- 
nique. Dans  ce  cas,  en  effet,  le  plan  tangent  doit  passer  par 


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P.    VAN  GEER.    LA   CONIQUE  DANS   L  ESPACE. 


71 


=  0. 


le  centre,   et  à  la  condition  précédente  il  faut  donc  ajouter 
celle-ci  : 

At  att  at2  a13 

A$  a13  a23  a33 
il4  a14  a24  a34 
Soit  de  même 

une  surface  en  coordonnées  tangentielles,  et 

atul  -+-  a2u2  4-  a8u3  +  afu4  =0 
Téquation   d'un   point   quelconque;   on  a  alors,  pour  que  le 
point  se  trouve  sur  la  surface,  la  condition 


0    a% 


a2  a 
a*  a 


1  3 
1  3 


"l2     "13     "14 


«22     "3  3 


'34 
<34 


«a   «. 


=  0, 


(20) 


*4     "l4     "24     "34     "44 

sauf,  de  nouveau,   dans  le   cas   où  la  surface  se  change  en 
une  conique;  ce  cas  exige  la  condition  supplémentaire: 


<12     "13 


a*  a. 


«3 

cl3     a23 


<33 


'14 


'24     "34 


=  0, 


qui   exprime   que  le  point  (a,a2a3a4)  est  situé  dans  le  plan 
de  la  conique. 

10.  La  conique  dans  l'espace,  en  coordonnées  ponctuelles, 
étant  représentée  d'une  manière  générale  comme  l'intersec- 
tion d'une  surface  quelconque  et  d'un  plan  quelconque,  et 
en  conséquence  donnée  par  les  deux  équations: 
f(œ1x2x,xA)  =  allx1*+aiixt\  +  aSSxzi+a^xki+2alixlxt  + 
+  2alsx1xi  +  2aiZx%xs  +2alkxtxk  +  2ai4xtxh  + 

+  2aJ%avr%=0,.  .  (21) 

A^^AiXi+AiZt+AtX^O, (22) 


Digitized  by  VjOOQ IC 


72 


P.  VAN  GBER.  LA  CONIQUE  DANS  L  ESPACE. 


on  demande  de  déterminer  l'équation  unique  qui  représente 
cette  conique  en  coordonnées  tangentielles. 

L'équation  (18)  est  celle  de  la  conique  suivant  laquelle 
une  surface  conique  à  centre  donné  touche  une  surface.  Si 
nous  prenons  pour  ce  centre  le  pôle  du  plan  donné,  la  co- 
nique devient  celle  qui  est  demandée  ici. 

Cherchons  donc,  en  premier  lieu,  les  coordonnées  (alaîataA) 
du  pôle  du  plan  (22)  par  rapport  à  la  surface  (21).  Elles  ré- 
sultent des  équations  qui  expriment  que  le  plan  polaire  de 
(a,a2a3a4)  coïncide  avec  le  plan  (22),  équations  qui  sont 


«I2«l    +  «2  2«2   +  «2  3«3   +  «24«4  =  ^2> 

a,  aa,  -+-  a2aa2  +  «*3«3  +  «*4«4  =  Al} 
a14a,  H-  a24a2  -h  «|403  +  «44«4  ==  *^4> 


(24) 


on  en  déduit: 


ut 


u* 


«12  an 


Ax  W| ,  c*12  »,,  W|4 

^2     «12     «22     «23     «24 
Ai    «|3    a23    «33    «34 


A\    a,  4   aa 


'34     "44 


où   //  représente  le  déterminant  Hessien  de  (21),  de  sorte 

que,  en  vertu  de  (14),  on  a  iT(<p)  =  -==. 

Le  facteur  de  <jp(w,w2t6âu4)  dans  l'équation  (18)  devient,  en 
y  substituant  les  (a,«2a$04)  donnés  par  (24)  et  les  coefficients 
a  donnés  par  (13), 


0    A 
At  a 


1 
1 1 

'12 
ll  3 


A,    A* 


a 


1 2 


«22 

a 


3 

«13 

a 


a 


23    u2k 
3  3    «3  4 


i44    ttj  4   u,2  4 
On  a  aussi,  en  vertu  de  (11), 


*34 


"4  4 


Digitïzed  by  VjOOQ  IC 


P.    VAN  GEER.   LA   CONIQUE  DANS  i/ESPACE. 


73 


Kt^jU3)=:  —  s 


0 


u* 


Un 


u* 


uh 


*13  "14 


u2   a, 2  a22  a23  a2è 
w3  tt| 3  a23  a33  a34 


tt4  a. 


a, 


a5 


1    w14    "2  4    ""3*    «-H 

de  sorte  que,   après  ces  substitutions,   l'équation  (18)  prend 
la  forme: 

0 
ut 


0     At    A 


Lt  "11 


2 
1 2 


-«3    *** 

a13  a,4 


a 


1 2    "22    "23 


«A 


a 


24 


A$  «| 3  a23  a33  a34 

^4    a14    a24    a34    a44 


ut 
a, , 
o2  ai  2 


w, 


fr12    w13 


"14 


a 


22 


a 


23    "24 


m3  ai  3  a2  3  a3  3  a3  ^ 


w4 


0     w, 


4  4    "24    "34    "44 


1U 


M, 


At   at  1  ai  2  ai  3  at  4 


a 


12 


62  2    "2  3    "2  4 


4  3    "23    "3  3    "34 
44    a24    a34    a34 

pour  laquelle  on  peut  écrire,  après  réduction: 

0      0     ut      U0     Un     u 
0     0 

*x 
A, 


=  0;  .  .  (25) 


4     "2 
At    A, 


u* 


u« 


'11 


a 


4 
A, 

12    "13    a14 


42    "22    "23 


a 


24 


16* 


^i 


&13    "23    "33    "3  4 
44    a24    a34    a44 


=  0, 


(26) 


Cette  équation  contient  la  solution  du  problème  proposé 
et  détermine  complètement  la  conique  dans  l'espace  qui,  en 
coordonnées  ponctuelles  est  représentée  par  les  deux  équations 
(21)  et  (22).  Après  ordonnance  et  réunion  des  termes  sem- 
blables, elle  renferme  huit  constantes  indépendantes,  c'est-à- 
dire  quatre  de  moins  que  n'en  renferme  le  système  des  deux 
équations  susdites. 

Lorsque,  toutefois,  la  surface  donnée  (21)  est  une  surface 
conique,  de  sorte  que  -ff=0,  l'équation  (26)  devient  indé- 
terminée. Pourtant,  la  conique  restant  entièrement  déterminée, 


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74 


P.   VAN  GEBB.   LA   CONIQUE   DANS  i/eSPAOE. 


on  doit  pouvoir  l'exprimer  en  coordonnées  tangentielles.  A 
cet  effet,  voici  comment  nous  procédons.  La  conique  qui 
résulte  de  l'intersection  de  la  surface 

/(*,  xlxzx<)  =  0 
par  le  plan 

V{xxx%x%xk)  =0 
est  aussi  l'intersection  de  la  surface 

(p=/H-XF>=0 (27) 

par  le  plan  V.  Or,    lorsque  /  =  0  est  une   surface  conique, 

<p  =  0,  pour  une  valeur  quelconque  de  X}  n'est  pas  une  surface 

conique.  En  remplaçant  donc  /  =s  0  par  q>  =  0,  l'équation  (26) 

redeviendra    complètement    déterminée.     Cette    substitution 

donne  en  effet 

i 

A%    Aj    AA 


H  =  X 


-*    A 
1     A| 


aîZ  a 


'83 


14 
24 
a3  4 


(28) 


A2  dl2  <*>%>, 

Az  ats  aiz  az 

A4  aJ4  aî4  a34  a44 
expression  qui,  pour  chaque  valeur  finie  de  X  différente  de 
zéro,  fournit  une  valeur  finie.  L'autre  partie  du  premier  membre 
de  l'équation  (26)  reste  la  même  et  conserve  une  valeur 
déterminée. 

Prenons  pour  exemple  le  cercle,  intersection  de  la  surface 
sphérique 

x1  +  y%  +  z2  =  f2 
et  du  plan 

x  -h  y  -h  z  =  r. 

Par   substitution    convenable,   l'équation  (26)    donne  pour 

ce  cas 

0    0   u,  u2  uz    ux 

0    0     1     1     1   —r 

110    0     0 

10    10     0 

10    0    10 

— r  0    0    0  —  r1 


ut 


u« 


u* 


u. 


=  0, 


Digitized  by  VjOOQ  IC 


P.    VAN  GBBR.   LA  CONIQUE  DANS  i/fiSPAOE. 


75 


ce  qui  peut  s'écrire: 


r2  (w,2 


H-  ws2)  —  2r2  (it,  u2  +u,  u3  +  u2  uz) 


—  2r(ut  w4  +•  tt2  t&4  +  u3  w4)  =  3w42,  .  .  .  (29) 

équation  qui  représente  le  même  cercle  en  coordonnées  tangen- 
tielles.  L'équation  (29)  peut  être  mise  sous  la  forme 

(rw,  +  ru%  +  ruz  -f-  rw4)2  — 2  (r2  ut2  +  r2  u22  -+- 

+  r2  us2  —  «,*)  =  (), 

d'où  il  ressort  que  le  cercle  se  trouve  dans  le  plan  du  contact 
de  la  surface  sphérique  donnée  avec  la  surface  conique  dont 
le  centre  a  pour  équation 

rux  -+-  ru2  *+"  ru3  +  ruk  =  0, 
ainsi  qu'il  est  facile  de  le  reconnaître. 

11.  Considérons  maintenant  la  surface  conique  ayant  son 
centre  à  l'origine  et  représentée,  en  coordonnées  ponctuelles, 
par  l'équation: 

K—atlxt*  +a22x22  +a3  3aî32  +2a12«i«2  +2ai3*|0?"3  + 
+  2a2Zx2xz=Q, (30) 

et  coupons  cette  surface  par  un  plan: 

V=Alxl  +  Atxf  +  Azxs  -+-  AAxx  =  0  .  .  .  .  (31) 
qui  ne  passe  pas  par  le  centre;  cette  intersection  donne  lieu 
à  une  conique,  dont  il  s'agit  de  déterminer  l'équation  en  coor- 
données tangentielles. 

A  cet  effet,  au  lieu  de  la  surface  conique,  prenons  la  surface 

l'équation  peut  alors,  d'après  (26)  et  (28),  être  représentée  par 

0        0        l&i       Ma       ^3       ^4 

0     0     iii    i2    ^3    Ai 
Ai   an   &i2    a,i$   0 


Ui 

U2      A%     Ois     OS2     023      0 

t*4 


A3     «13     Oas     C*83     0 

Aé  0      0     0     0 


=  o, 


ce  qui,  écrit  sous  la  forme: 


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76 


P.  VAN  GEKE.  LA  CONIQUE  DANS  l'bSPACB. 


=  0,  .  (32) 


0       AéUi — Ami,  AiUf — AiuA,  AtUi — A$ué 

AAui — AiUt,     an,  aw,  ois, 

AtUt— Atué>    au,  Om,  a*, 

A4M3— A$uA,     ai8,  a»,  a» 

donne  l'équation  cherchée  en  coordonnées  tangentielles. 

Si  dans  cette  équation  Ton  pose  uk  =  0,  les  plans  tangents 
à  la  conique  passent  par  l'origine,  de  sorte  que  le  reste  de 
l'équation  représente  la  surface  conique  qui  touche  la  conique 
et  dont  le  centre  se  trouve  à  l'origine.  C'est  là  le  seul  cas 
où  une  surface  conique  peut  être  représentée  en  coordonnées 
tangentielles.  Son  équation  devient  alors: 

0  ui  y*  u$ 

Ux  on  ait  (hi 

u%  aw  On  <h& 

u*  Oxs  aK  033 

et  est,  m  coordonnées  tangentielles,  identique  avec  (30)  en 
coordonnées  ponctuelles. 
Lofsque  l'équation  (33)  est  développée  en 

«11  Wi*-h«M  w2*+«ss  w8*+2a12  u1uî-h2a18  UxUs+2an  m,i&8=0,  (34) 

l'équation  (30)  peut  s'écrire  dans  la  forme: 

0      xx     x%     xz 

%i     «11    «il     aïs 

44         X2      a12    «M     «js 

a?8      a18    af8     a28 


=0, 


(33) 


W. 


=  0, 


(35) 


où 


M 'u  = 


«il  «12  au 

«18    «M    «18 
«18    «23    «33 

aussi  longtemps,  du  moins,  que  le  déterminant  des  équations 
(30)  et  (31)  n'est  pas  nul,  ce  que  nous  supposons  i«i. 

12.  Le  problème  inverse,  à  savoir:  une  conique  dans  l'es- 
pace étant  donnée  en  coordonnées  tangentielles,  trouver  les 
deux  équations  qui  la  représentent  en  coordonnées  ponctuelles, 


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P.    VAN  GBER.   LA  CONIQUE   DANS  1/B8PACE. 


77 


ce  problème  ne  se  laisse  pas  résoudre  aussi  catégoriquement. 
Car,  une  infinité  de  surfaces  passant  par  la  conique  donnée, 
le  problème  est  indéterminé.  Si  nous  cherchons,  toutefois,  la 
surface  conique  à  centre  placé  à  l'origine  et  le"  plan,  qui  par 
leur  intersection  mutuelle  produisent  la  conique,  les  calculs 
précédents  fournissent  de  nouveau  la  solution  complète. 
Soit 

«il  Mi  +  cc&  v*  -H  aM  ih  -H  a44  u  4+  2  au  Ui  Ut+  2  a^  Ui  %  + 
+  2  a»  uj  u$  •+-  2  «u  Ux  u4  -H  2  a^i  itj  u4  4-  2  as4  ^  ^4  =  0 ,  (36) 


sous  la  condition 

«11    «18    «18    «14 

H'  = 

«12  an  «23  «w 

«13    «23    «33    «34 

«14    «M    «84    «44 

=  0, 


(37) 


la  conique  donnée  dans  l'espace. 

La  surface  conique,  ci-dessus  spécifiée,  est  représentée  en 
coordonnées  tangentielles  par  l'équation  (34)  et  en  coordonnées 
ponctuelles  par  l'équation  (35). 

Quant  au  plan  de  la  conique,  il  est  entièrement  déterminé 
par  l'équation  (36),  quelle  que  soit  la  surface  sur  laquelle  la 
conique  se  trouve.  Son  équation  en  coordonnées  ponctuelles 
peut  être  mise  sous  la  forme 


x\  x9  XS     #4 

«11  «1*  «18.  «14 

«18  «M  «28    «24 

«13  «28  «88    «34 


=  0, 


(38) 


de  sorte  que  (35)  et  (38)  contiennent  la  solution  du  problème. 
Dans  ces  équations  n'entre  pas,  à  la  vérité,  la  quantité  a44; 
mais  aussi,  cette  quantité  n'est  pas  indépendante,  elle  est 
déterminée  par  la  condition  (37). 

Toute  surface  menée  par  l'intersection  de  (35)  et  de  (38) 
satisfait  également  au  problème  proposé. 


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78  P.  VAN   GEER.   LA   OONIQtJE  BANS   i/eSPACE. 

Si,  outre  J5P  =  0,  on  a  M'  4  4  =  0,  le  plan  de  la  conique 
passe,  d'après  l'équation  (38),  par  l'origine.  La  surface  conique 
(35)  devient  alors  indéterminée.  Provisoirement,  nous  exclu- 
rons ce  cas  particulier  et  admettrons,  le  choix  de  l'origine 
restant  libre,  que  le  plan  de  la  conique  ne  passe  pas  parce 
point,  de  sorte  que  3f4i  ne  peut  pas  s'annuler. 

13.  Nous  sommes  maintenant  en  état  de  rechercher  com- 
ment la  nature  de  la  conique  dépend  des  coefficients  de  l'équa- 
tion (36).  Ainsi,  il  est  facile  de  reconnaître  dans  quel  cas 
cette  conique  sera  une  parabole;  car  son  plan  devra  alors 
être  parallèle  à  un  plan  tangent  à  la  surface  conique,  c'est- 
à-dire  que,  transporté  à  l'origine,  il  devra  toucher  cette  surface. 

Les  coordonnées  du  plan  mené  par  l'origine  parallèlement 
au  plan  de  la  conique  sont: 

uxz=zM'Ui  ut  =  M'Ui  u$  =  M'u. 
Pour  que   ce  plan   soit  tangent  à  la  surface  conique  (34) 
on  doit  avoir: 

M'u  (an  M' u  -h  «i2  M' 24  -H  aïs  M'uj  4- 

-+-  M'u  ("is  M'u  -H  «22  M  '24  -H  «28  M'u)  + 

+  M'u  ("18  M'u  +  «23  M'u  +  «38  M'u)  =  0. 

Il  suit  de  là,  en  ayant  égard  à  la  condition  (29)  : 

—  M '44  («u  Ml4c  +  au  M'u  +  «84  M')  =  «44  Ml  =  0, 
ou,  puisque  M' 44  ne  peut  être  nul, 

«44  =  0; 
telle  est  donc  la  condition  moyennant  laquelle  la  conique  (36) 
représente  une  parabole. 

Pour  trouver  dans  quel  cas  elle  est  une  ellipse  ou  une 
hyperbole,  il  faut  reprendre  les  choses  de  plus  haut. 

Revenons  à  la  surface  conique  (30)  ;  transportons  au  centre 
de  cette  surface,  parallèlement  à  lui-même,  le  plan  sécant  (31), 
dont  l'équation  devient  alors 

Ai  xi  4-  A%  x%  4-  An  «s  =  0  ; (39) 


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P.   VAN  GEBR.   LA   CONIQUE   DANS   l/E8PACE. 


79 


puis  cherchons  si  les  doites  d'intersection  sont  imaginaires, 
coïncidentes  ou  réelles.  Après  que  xz  a  été  éliminé  des  équa- 
tions (30)  et  (39),  le  discriminant  de  la  forme  du  second 
degré  en  a?,   et  #5  devient: 

A  =  (ai*  A*  +  <*m  Ai  A2  —  a«s  At  A$ — a13  A2  As)*  — 

— («ii^s*  +  osa^i2  —  2al$AlA3)(<h2As2  +  a33A22— 2a2SA2A3) , 
ce  qui,  après  quelques  réductions,  peut  s'écrire  sous  la  forme 


A  = 


0  At  A2  A* 

Al  ail    «12    «13 

A2  &i2    <*22    028 

As  dis    #28    ^33 


(40) 


Le  signe  de  cette  forme  n'est  pas  seulement  invariant  par 
rapport  à  toute  transformation  de  coordonnées,  mais  il  ne 
change  pas  non  plus  lorsque  tous  les  signes  sont  renversés 
dans  les  équations  (30)  et  (39),  séparément  ou  simultanément. 

Or,  suivant  qu'on  a 

a|o, 

les  droites  d'intersection  sont  imaginaires,  coïncidentes  ou 
réelles,  et  le  plan  parallèle  (31)  coupe  par  conséquent  la  sur- 
face conique  (30)  suivant  une  ellipse,  une  parabole  ou 
une  hyperbole. 

Appliquons  maintenant  ce  caractère  simple  et  symétrique 
à  la  conique  exprimée  par  (36)  en  coordonnées  tangentielles. 
La  surface  conique  est  alors  représentée  par  (35),  et  le  plan 
sécant  par  (38).  Ainsi,  il  suffit  de  transporter  dans  le  discri- 
minant (40)  les  coefficients  empruntés  à  ces  équations. 

On  a  donc 


0n  = 


«22    «28 
«28     "83 


«12  > 


"12     "23 

*î$    «83  | 


etc. 


(41) 


et 


Ai  =  M'u  =  —  («u  an  -f-  <*2A  012  +  «u  0is,  \ 

A2=Z  Jf24  =  —  («14  012  4"  "24  022 +  "84  023,    [      (42) 
As  =  if  84  =  —  ("14018  +  "24  024  "H  «34  038-    ) 


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80 


P.    VAN   GEER.   LA   CONIQUE  DANS  L'ESPACE. 


Cette  substitution  donne 


A  = 


M\ 


"44^  44 


«11  «18  «13 
«12  «22  «38 
«13    «28    «83 

ou,  d'après  (41), 

A  =  —  *44^'844. 

Le  signe  de  A  étant  tout  ce  qu'il  importe  ici  de  connaître, 
et  Af 44  ne  pouvent  être  nul,  nous  pouvons  prendre 


A  =3 "44-Mu  =  —  "4 


all    «12    "13 


*12    "22    "23 (43) 

«13    «28    «33 

Selon  que  cette  forme  est  négative,  nulle  ou  positive  dans 
Téquation  (36),  celle-ci  représente  une  ellipse,  une  para- 
bole ou  une  hyperbole. 

Tel  est  donc  le  caractère  cherché,  qui  concorde  avec  le 
précédent,  applicable  seulement  à  la  parabole.  Il  ne  change 
pas  lorsqu'on  renverse  les  signes  de  tous  les  coefficients  de 
(36).  La  seule  condition  qui  doit  être  remplie,  c'est  que  le 
plan  de  la  conique  ne  passe  par  l'origine. 

13.  Au  sujet  du  signe  de  la  forme  (43)  on  peut  encore 
remarquer  ce  qui  suit. 

De  la  condition  (37)  il  résulte 

(JW'ii  :  M i2  :  Af is  :  M' u)  =  (Af'12  :  Af'22 
=  (M\s  :  M23  :  JW'33  :  M'u)  =  (Jtf'u  :  M'u 

donnant  M  'J4  =  M'n  M'u, 

M'u  =  Af  22  Af'44, 
Ml  =  MuMu} 
M' is  =  M' h  A/sa,  stc.  ; 

d'où  l'on  voit  que   M\u  A/'M,  A/'83,  Af'44  ont  le  même  signe. 
Lorsque  Af'44  =  0,  on  a  aussi 

Af'u  =  0,  A/,4  =  0,  Af34  =  0; 

mais  Af' h,  A/22,  Af'33  conservent  le  même  signe.  De  là  se  dé- 
duisent les  propriétés  suivantes: 


M'u 


M'u)  = 

M'u), 


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P.  VÀtf  éEËfc.   LA   ÔONlQtJÊ  DANS   L'ESPACE.  &1 

Quand  un  déterminant  symétrique,  tel  que  H'  dans  (37), 
est  nul,  les  mineurs  de  tous  les  termes  de  la  diagonale  ont 
le  même  signe.  Si  l'un  de  ces  mineurs  est  nul,  tous  les  mi- 
neurs des  termes  qui  se  trouvent  dans  la  même  ligne  ou 
colonne  disparaissent  simultanément;  mais  les  mineurs  des 
autres  termes  de  la  diagonale  conservent  le  même  signe  et 
ne  peuvent  s'annuler  tous  en  même  temps. 

Il  résulte  de  ces  propriétés,  appliquées  à  ce  qui  précède, 
qu'on  peut  donner  aux  coefficients  de  l'équation  (36)  des 
signes  tels  que,  dans  (37),  les  mineurs  des  termes  de  la  dia- 
gonale,, qui  ne  sont  pas  nuls,  aient  le  signe  négatif.  Cela  fait, 
la  conique  (36)  sera  une  ellipse,  une  parabole  ou  une 
hyperbole,  suivant  que 

«44  =  0. 

Ainsi,  dans  l'équation  (27),  les  mineurs  en  question  pos- 
sèdent le  signe  négatif,  et  on  a  «44<  0:  la  conique  appar- 
tient au  genre  ellipse. 

14.  Voyons  maintenant  quelle  influence  la  transformation 
des  coordonnées  exerce  sur  l'équation  de  la  conique  en  coor- 
données tangentielles. 

Une  rotation  des  axes  des  coordonnées  s'exprime  en  coor- 
données ponctuelles  par  : 

Xi  èzax'i  -h  «Vg  -+-  a'V3 , 
a?2  irzbx\  -i-  b'x'%  -h  b 'x\  , 
x3  z=zcx\  +  cfx's  -i-  c"x'$  , 
#4  =  x'i . 

Ces  relations  étant  transportées  dans  l'équation  (31)  du  plan, 
elle  devient 

(a4i  -H  bAt  -h  cA8)x\  -f-  (a'Ax  •+■  b'A%  +  c,As)x,i  •+■ 

4-  (vt'Ax  +  b"AÈ  +  d'As)**  +  A±x\  =  0. 

Les  coordonnées  d'un  plan  {uxu%u^u^)  deviennent  donc  après 
cette  transformation: 

Archives  Néerlandaises,  T.  .XXII,  6 


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82  P.   VAtf  GEBÎB.   LA  COtflQtfBi  DANS   L*ESPACtf. 

v! ,  =  ait,  4-  bu2  4-  cus, 
u'2  =  a'w,  4-  b'ut  4-  eu,, 
u  3  =  a!'ux  4-  6' 'u,  -h  d'uZf 
u\  =  t&4. 

Le  déplacement  parallèle  du  système  des  coordonnées,  ex- 
primé en  coordonnées  ponctuelles  par 

xl=xll  +  alt    x%z=zaf%  +at,    #3  t=aj'3  +  a3, 

donne  par  substitution  dans  (31) 

Atx\  4-  42#'3  4-  A3#'3  H-  (^a,  4-  A2a2  4-  43a3  +  -44)  =  0, 

et   a   donc   sur   les  coordonnées  tangentielles  une  influence 
exprimée  par 

u\=utf 

u\  =  u3, 

u  4  =  a, w,  4-  a2w2  -h  «3^3  '+  ^4- 

Réciproquement,  en  coordonnées  tangentielles,  le  passage 
du  système  primitif  à  un  nouveau  système  de  coordonnées 
peut  s'effectuer  par  la  substitution 

u,  =  au' !  4-  «V2  H-  a'V3,  \ 

u2=bu\  +  6V2  -+-  6V„  / 

-    i63=ci6',  4-c'u'j  4- c'V3?  /    •  .  .  -v     ) 

uk  =zalul  4-  «2u'a  4-  «si6's  4-  w'4.  / 

Les  trois  premières  de  ces  relations  donnent  la  rotation 
des  axes,  la  dernière  seule  est  relative  au  déplacement  de 
l'origine.  Les  trois  premières  ont  la  même  forme  et  la  même 
signification  que  dans  la  transformation  correspondante  des 
coordonnés  ponctuelles,  mais  la  dernière  est  à  cet  égard  toute 
différente.  C'est  l'influence  de  celle-ci  que  nous  examinerons 
d'abord. 

15.  Substituons   donc   la   dernière    des  relations  (44)  dan3 


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P.   VAN   GBBR.    LA   CONIQUE   DANS   i/ESPACE.  83 

l'équation  (36),  qui,   abstraction   faite  de  la   condition  (37), 
représente  une  surface  en  général  ;  cette  équation  devient  alors  : 

("m  -t-2«14at  +"4  4«i2Kî  +  K*  +  2«24a2  -+- *44a2')u'|  + 
+("3  3+2«34a34-«44a31KJ+2(«124-„a4a1-h«l4aa+ 

"+"  »lAaia%)U\ufl  -i"2(aj3  +«34«1    +  «14^3  +"44«ia3K|^3  + 

+2(«î34-«34a2-^24a3+«44aaa3)u'5U,34-2(wl44-«44aJu\u,4  +  ' 
H-2(«24+«44a2)w\w'4+2(«344-«44a3K3u'4+%4u,î=0;.   .  (45) 

d'où  Ton  voit,  en  premier  lieu,  que  «44  est  un  invariant  de 
cette  transformation  et,  par  suite,  de  toute  autre  transforma- 
tion de   coordonnées,   de  sorte  que  tout  caractère  lié  à  cette 
quantité  est  également  indépendant  de  la  transformation. 
Si  «44  n'est  pas  nul,  on  peut  poser 

«l4  +  «44a1  =0, 

«24  +«44^2  =0, 
«34   +  «44a3  —  0, 

d'où 

« 
a 


a,  ss- -li  ,   at  =—-!!,  «,  =  -:.!•    ,..(46) 

«44  «44  «44 


donnant  pour  l'équation  (45): 

(«,  ,«44—  «Î4Kî+(«*2«44—  «Î4yî+(«,3«4'4—  "îéKî    + 

+2(«23~«44  —  «24«34)u,2u,3=0  .  .  (47) 

Un  changement  simultané  des  signes  de  v! ,  u\u'  z  n'a  pas 
d'influence  sur  cette  équation,  de  sorte  que  celle  ci  est  satis- 
faite par  deux  plans  tangents  parallèles,  menés  à  distance 
égale  de  part  et  d'autre  de  l'origine;  il  s'ensuit  que  celle-ci 
se  trouve  maintenant  au  centre  de  la  surface,  dont  les  coor- 
données sont  par  conséquent  déterminées  par  l'équation  (46). 

Mais  si  «44  =0,  cette  transformation  ne  peut  s'opérer,  car 
le  centre  s'éloigne  alors  à  une  distance  infinie.  Cette  condi- 
tion est  donc   applicable  aux  surfaces  dépourvues  de  centre. 

6* 


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84 


P.   VAN  GEEB.   LA    CONIQUE   DANS  L  ESPACE. 


Il  est  fiacile  de  s'assurer  que  le  déterminant  H '  de  (45)  est 
également  un  invariant  de  la  transformation. 

Lorsque  «44  n'est  pas  nul,  l'équation  (47)  peut,  en  cas  de 
rotation  des  axes  des  coordonnées,  être  ramenée,  par  substi- 
tion  des  trois  premières  relations  (44),  à  la  forme 


S ,  Ux  %  +'82U2  2  -M3U3  *  +«4  4164  *  =  0  , 


(48) 


équation  qui  embrasse  toutes  les  surfaces  douées  d'un  centre. 
Les   valeurs    de   8  sont,   pour  des  axes  rectangulaires,  les 
racines  de  l'équation  du  troisième  degré 


«U  ""~ 

8 

«12 

«13 

«12 

«22- 

S 

«23 

«18 

«28 

«88 

«14 

«24 

«34 

«14 


*24 


«88  —  *    «84 


,(49) 


Quand,  au  contraire,  «44  =  0,  l'équation  (45)  devient: 

(^i+^4«iKî+(«22+2«î4a1Kî-h(«33-f.2nt34a3K^ 
+2(%i+«2^I  +  aMa^>/a+2(«13+«34al+a14a,KItt3  -h 
+2(«,  3  -W3  4a2  -h«2  4a3)u  2u'3  +2„ ,  4u'1u'4  +2«2  4u'2u'4  + 

+ 2«i4u'3u\  =0  .  .  .  (50) 

Dans  cette  équation,  «l4,  «24  et  «34  ne  peuvent  pas  être 
nuls  simultanément.  Mais,  au  moyen  de  la  rotation  préalable 
des  axes,  on  peut  faire  disparaître  les  termes  en  w',  w'4, 
u\  w'4,  u  xu2,  ce  qui  revient  à  poser 

"14  =0,    (,2  4==0,    «,2=0. 

L'équation  (50)  se  réduit  alors  à    • 

-h2(«23H-«34a2K2'w,3H-2«34U3w'4  =  0, 

où  a34   ne  peut  plus  être  nul. 
En  posant  ensuite 


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P.   VAN  GEER.   LA   CONIQUE  DANS  jJ  ESPACE.  85 


«33 


+  2*34a8=0, 

«13    +    «34    ai  =°> 
«23     +    "34    ai  =0  > 


<AA         n      —  _    lîJ         n      —  -     "3  3 


ou  at  = î-i,   a,  = ",  a,  =  — ,~^-> 

2«, 


*34  «34  ^°34 


T  équation  se  transforme  en 

"l  1  Ul*   +  «22  M2*-h  2"34  tt3  tt4  =0     ....    (51) 

La  condition  «4  4  =r  0  exprime  que  u,  =r  0,  u2  =  0,  us  =  0 
vérifient  l'équation  de  la  surface;  cela  veut  dire  que  la  sur- 
face a  un  plan  tangent  situé  à  distance  infinie.  Or,  c'est  là 
le  caractère  des  surfaces  dépourvues  de  centre,  de  sorte  que 
celles-ci  sont  comprises  dans  l'équation  (51). 

16.  Revenons  maintenant  à  la  conique  dans  l'espace.  De 
la  condition  H  =  0  il  suit  que  dans  l'équation  du  troisième 
degré  (4»)  l'une  des  racines  doit  être  nulle. 

L'équation  (48)  devient  ainsi: 

8 à  u\   +  *i  u%   ■+-  «4  4  u*  =0 (52) 

La  même  condition  fait  disparaître  l'un  des  carrés  dans 
l'équation  (51),  qui  par  suite  prend  la  forme 

8u,î+2aWjW4=0 (53) 

L'équation  (52)  représente  l'ellipse  et  l'hyperbole  à 
centre  situé  à  l'origine  et  à  axes  dirigés  suivant  les  axes  des 
coordonnées  ut  et  w5  ;  l'équation  (53)  représente  la  parabole 
dont  le  sommet  est  à  l'origine,  tandis  que  son  axe  coïncide 
avec  l'axe  des  t&2.  Dans  tous  les  cas,  le  plan  de  la  conique 
est  pris  pour  plan  U1  17,  • 

En  appliquant  la  caractère  trouvé  précédemment  (n°  13), 
on  voit  que  l'équation  de  l'ellipse  peut  être  écrite  sous  la  forme 

a2  u,*  -h  6*  u*  —  uA2  =  0, 

celle  de  l'hyperbole  sous  la  forme 

—  a2  w,*  +  b*  u*  +  u42  =  0, 


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86        P.  VAN  QKBR.  LA  CONIQUE  DANS  L'ESPACE. 

et  celle  de  la  parabole  sous  la  forme 

Pi  u\   +  2p2  u%  u4  =  0. 

L'équation  générale  de  la  conique  est  aussi  toujours  réduc- 
tible à  la  forme 

u*  -H  2  a  u2  w4  -H  c  u?  =5  0 (54) 

Suivant  que  dans  celle-ci  c  =  0,  la  conique  est  une  el- 
lipse, une  parabole  ou  une  hyperbole,  dont  lesommet 
est  en  chaque  cas  situé  à  l'origine,  tandis  qu'un  axe  coïncide 
avec  C72.  L'équation  (54)  est  donc  l'équation  rapportée  au 
sommet,  dans  sa  forme  générale  la  plus  simple. 

Ainsi  se  trouve  accomplie  la  détermination,  quant  à  son 
genre,  à  sa  position  et  à  sa  grandeur,  de  la  ooniqne  dans 
l'espace  donnée  par  l'équation  générale  (86). 

Le  plan  de  la  conique  a  pour  coordonnées  les  valeurs  de 
ux  u2  uz  it  4  qui  résultent  des  équations 

f'(ul)  =  0,f'{uî)=:0,f'(uz)  =  0)f(ul)  =  0,   .   (55) 

tandis  que  le  centre  a,  d'après  (46),  pour  équation 

a, 4  w,  -h  a24  ui  "+"  a34  uz  +  a44  ^4=0;....  (56) 

d'où  il  suit  que  la  conique  est  une  section  centrale  pour 
toutes  les  surfaces  dont  les  équations  possèdent  des  coeffi- 
cients égaux  aI4,  aî4,  a34,  «%l.  De  là  vient  qu'une  parabole 
ne  peut  naître  que  des  équations  des  surfaces  dépourvues 
de  centre. 

17.  Cherchons,  pour  terminer,  dans  quelles  conditions  la  co- 
nique devient  un  cercle  ou  une  hyperbole  équilatère. 

L'équation  du  troisième  degré  (49),  qui  détermine  la  lon- 
gueur des  axes,  peut,  après  développement,  être  écrite  sous  la 
forme  : 

+{M?lî+M'11+M\t)ê-H'  =  0. 


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P.   VAN  GËEJR.   LA  CONIQUE  DANS  l'eSPACE.  S7 

Pour  H'  =  0,  une  des  racines  s'annule,  ainsi  que  nous 
l'avons  déjà  remarqué.  Les  deux  autres  racines  sont  alors 
données  par  l'équation  du  second  degré 

«44**  —  [«44(«ll+«22+«3s)— («!4+«2  4+«3  4)3«  + 

+(M'tl+M'„+M\z)=zO  .  .  (57) 

Le  produit  des  racines  de  cette  équation  est  — - — lJ?  • 

or,  en  tant  qu'ils  ne  soient  pas  nuls,  ces  mineurs  et  aussi 
Af44  ont  tous  le  même  signe;  ce  signe,  combiné  avec  celui 
de  a44,  décide  donc  de  la  nature  des  racines,  d'une  manière 
entièrement  conforme  à  ce  qui  a  été  dit  à  cet  égard  au  n°  13. 
Lorsque  dans  l'équation  (57)  le  coefficient  de  s  est  nul,  les 
racines  sont  égales  et  de  signe  contraire.  Par  conséquent,  la 
condition 

«44  Kl    +  «2  2    +  «3  3)  =  «h  +  «2  4    +«34 

exprime  que  l'hyperbole  est  équilatère. 

Si  les  racines  de  l'équation  (57)  sont  imaginaires,  l'ellipse 
elle-même  devient  imaginaire. 

Pour  le  cercle,  les  racines  doivent  être  égales  et  de  même 
signe,  et  le  premier  membre  de  (57)  doit  donc  être  un  carré 
parfait.  Nous  arriverons  toutefois  plus  facilement  à  déterminer 
les  conditions  cherchées,  en  exprimant  que,  dans  ce  cas,  la 
direction  des  axes  est  indéterminée  dans  le  plan  de  la  conique. 
Supposons  d'abord  que  le  i)lan  de  la  conique  passe  par 
l'origine,  de  sort^  qu#  pour  son  équation  on  puisse  prendre 

ail^l2+«22W2î4^33^3a+«44^4a+2«12W1U2-h 

+2alzu1uz+2a2ZUiU3  =  0, 

où  .(.-       ;)    . 


ll2     "13 
<22     «23 


=  0; 


*lî     «22     «1 
*13     «2  3 

la  direction   des  axes  est  alors  déterminée  par  les  équations 


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88  P.  VÀtf  GEÉR.  LA.   COMIQUE  DÀtfS  i/tiSfÀCH!. 

(«h  — s)  a  +  a,  ,  6  +  a,  3  c  =  0, 
«12  a  +  («22  — «)6  +a23  c  =  0, 
«,s  a  +  aJ3  6  +  (a3S  — *)c  =  0, 

L'indétermination  de  la  direction  dans  le  plan  de  la  conique 
est  exprimée  par  les  conditions 


a**  —  8 


Jî~°  «23 


««12  — w22  °   _         WÎ3 

«13  «28  «53--* 


d'où  il  suit: 
a  =  a     _îiâfLu  =  «„-  aJ^aJLl=a33_  «jJLfu  .(58) 

«23  «13  «12 

Mais  la  valeur  de  la  racine  égale  étant,  d'après  (57), 

,  =  «,,+«n  +  «33> 4     #      (59) 


on  a  aussi 


«!2«I3  «1  1 «32 «33 

«23        "                       2 
«23«13  ~ «ll+«32 «33 


«.3  2 


*22" 


«13 

d'où  l'on  déduit  ensuite 


ainsi  que 


\«1S  «M/ 

\«12  «23/ 

V«23  «13/ 

4«Î2=«33— («1,  —  «22)S 
4«?3  =«?2  —(«33  —«11)2, 
4«18=«2|    —  («22—  «33)*; 


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P.   VAN  GEER.    LA   CONIQUE  DANS   L'ESPACE. 


89 


formes  symétriques  par  lesquelles  les  trois  premiers  coeffi- 
cients sont  exprimés  en  fonction  des  trois  suivants,  et  ceux-ci 
en  fonction  des  trois  premiers. 

L'équation  réduite  du  cercle  prend  la  forme: 

s(u*  +  w22)  H-  u44u4*=0, 

où  maintenant  a4i  <  0. 

Le  rayon  du  cercle  est  d'après  (59) 

r  =  1  /     *      —  1  /*"  +  «»»-+ 

V    -*kk-V         -2«44 
tandis  que  son  plan  est  déterminé  par 


'33 


(60) 


ut 


'22     "23 
r23     «33 


'33     "l  3 
CI3     «Il 


lll     "|2 


'12     «21 


Pour  déterminer  maintenant  dans  l'équation  générale  les 
conditions  cherchées,  nous  rapportons  les  relations  (58)  à  l'é- 
quation (47).  Elles  deviennent  ainsi: 


(«ii  «44  —  «m)— 


(«12  «4  4—  «|4«2  4)(ai3«4  4— «14«3  4)_ 


(«23«44_ «24«34) 

— U       „  „*     \         («2  3  «4  4  «2  4«3  4)(«12«4  4 «2  4«l4)  _ 

V«22«44        «24^  7 v - 

(«ll«44— «34«14) 

— .(„       „       „2     >!_(«!  3  «4  4  «3  4«mX«2  3«4  4 «3  4«2  4) 

l«3  3«4  4 «3  4^ 7 : , 

(«12«44_  «|4«24J 


pour  lesquelles  on  peut  écrire 

M'it  M'tt 


M\s 


c24    «44 


'13     "14 
f34     «44 


et  aussi 


*,• 


'23     "24 


'24     "44 


=  if'24 


«13     «14 
«34     «44 


'23     "24 


'34     "44 


=  M'iK 


«»4    «44 


Dans  ces  conditions,  le  rayon  du  cercle  est,  d'après  (60), 

-  -^  1   /«<>(»■!   +«»!-♦•  «»»)"-(«l4+<til+*»J  , 

V  -2«44 


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90  P.   VAN   GEBR.   LA   CONIQUE   DANS   i/bSPACB. 

tandis  que  le  plan  est  déterminé  par  les  équations  (55),  et  le 
centre  par  l'équation  (56).  Pour  le  rayon  du  cercle  (27)  on 
trouve  ainsi  \r\/^  et  pour  l'équation  de  son  centre 

r  (u,  +w2+  n3)  •+■  3  uA  =  0 , 
impliquant  pour  ce  centre  les  coordonnées  ponctuelles 

résultats  entièrement  conformes  aux  données. 


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ARCHIVES  NÉERLANDAISES 

D£8 

Sciences  exactes  et  naturelles. 


RECHERCHES  SUR  LE  SPHAEROPLEA  ANNULINA  ÀG., 


PAR 


N.   W.  P.   RAUWBNHOPP. 


Au  commencement  de  Tannée  1883,  je  reçus,  entre  autres 
objets  figurant  sur  la  liste  annuelle  des  graines  offertes  par 
le  Johanneum  de  Grâtz,  un  certain  nombre  d'oospores  ou 
zygotes  du  Sphaeroplea  annnlina,  lesquelles,  semées  dans  Peau 
et  placées  en  serre  chaude,  au  mois  de  mars,  germèrent  au 
bout  de  quelques  jours.  Ces  petites  plantes  m'inspiraient  de 
l'intérêt,  surtout  à  cause  des  puissants  dépôts  de  cellulose 
(appelés  fausses  parois  [Scheinwàndê]  par  Rabenhorst,  Rryp- 
togcmenflora,  1863,  p.  242)  dont  M.  Leitgeb  faisait  mention 
dans  une  note  de  la  liste  précitée,  et  qui  me  semblaient  devoir 
présenter  quelque  importance  pour  l'étude  de  la  formation 
de  la  paroi  cellulosique.  En  examinant  de  plus  près  les  jeunes 
plantules  et  leur  développement  ultérieur,  je  constatai  toutefois 
tant  de  détails  curieux  chez  ces  petits  organismes,  que  leur 
histoire  biologique  me  parut  mériter  d'être  écrite.  Il  est  vrai 
que,  depuis  longtemps  déjà,  le  Sphaeroplea  annulina  avait 
trouvé  en  M.  Cohn  un  éminent  historien  (Monatsberickte  d. 
Kôn.  Akad.  d.  Wissensch ,  Berlin,  mai  1855,  p.  335 — 351,  et 
Annales  des  sciences  naturelles,  4e  série,  Botanique,  V,  p.  187 — 208) 
et  que,  par  suite,  il  était  relativement  mieux  connu  que  beau- 
coup d'autres  Algues  ;  mais,  d'une  part,  le  mémoire  de  M.  Cohn, 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII,  7 


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bien  qu'un  chef-d'œuvre  sous  maints  rapports,  ne  dit  rien  de 
plusieurs  particularités  que  j'observais  dans  nies  exemplaires  ; 
d'autre  part,  durant  les  30  années  écoulées  depuis  la  publi- 
cation de  ce  mémoire,  la  plante  n'avait  plus  été,  que  je 
sache,  l'objet  de  recherches  spéciales,  de  sorte  qu'un  nouvel 
examen,  à  la  lumière  de  nos  connaissances  actuelles,  ne  pou- 
vait être  regardé  comme  un  travail  superflu. 

Dans  l'étude  de  Cohn,  le  point  essentiel  était  la  découverte 
des  deux  organes  sexuels  chez  une  Algue  verte,  multicellu- 
laire; découverte  de  grande  importance,  parce  qu'à  cette 
époque,  dans  toute  la  classe  des  Algues,  on  ne  connaissait 
pas  d'autres  exemples  de  reproduction  sexuelle  que  celui  des 
Fucacées,  mis  au  jour  par  le  travail  classique  de  Thuret  '), 
et  celui  des  Vauchéria,  communiqué  par  M.  Pringsheim  *).  A 
cette  époque,  d'ailleurs,  les  idées  concernant  la  nature  de  l'acte 
fécondateur  n'étaient  pas  encore  parfaitement  éelaircies,  de 
sorte  que  l'auteur  même  de  la  découverte  de  la  sexualité  des 
Algues  (Pringsheim)  regardait  celle-ci  comme  entièrement 
différente  de  la  copulation,  et  que  M.  de  Bary,  dans  son 
ouvrage  sur  les  Conjuguées  (p.  51 — 62),  jugeait  nécessaire  de 
se  livrer  à  de  longs  développements  pour  établir  l'intime  ana- 
logie de  la  copulation  et  de  la  fécondation.  Depuis  lors,  l'état 
des  choses  a  beaucoup  changé,  et  aujourd'hui  nous  connais- 
sons chez  la  plupart  des  Algues  tant  la  reproduction  asexuée 
que  la  reproduction  sexuelle,  qui  alternent  l'une  avec  l'autre, 
et  dont  la  seconde  peut  avoir  lieu  de  différentes  manières, 
à  ce  point  qu'elle  sert  même  à  diviser  les  Algues  en  groupes. 

Néanmoins,  même  aujourd'hui,  la  plante  nommée  en  tête 
de  ce  mémoire  présente  encore,  dans  son  développement  et 
sa  reproduction  sexuelle,  nombre  de  détails  dignes  d'attirer 
l'attention  de  l'observateur. 

Cela  peut  surprendre,  après  l'intérêt  général  et  les  recherches 


i)  Ann.  des  se.  nat ,  3e  Série,  XVI,  4e  Série,  II  et  III. 
2)  Monatsber.  d.  Berl.  Akad*,  mars  1865. 


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&ÛR  LD  spiîaëropLeA  AtftfÛLItfA  ag.  03 

multipliées  dont  les  Algues  ont  été  l'objet  depuis  tant  d'an- 
nées; mais  la  chose  s'explique  peut-être  par  la  rareté  de 
l'apparition  du  Sphaeroplea  annulina.  La  plante,  en  effet,  ne 
se  montre  que  çà  et  là,  à  de  longs  intervalles  de  temps,  et 
sous  l'influence  de  circonstances  déterminées.  Ehrenberg,  il 
y  a  bien  des  années,  près  de  Berlin,  l'a  vue  couvrir  de 
grandes  surfaces  d'une  couche  rouge,  qui  faisait  croire  aune 
pluie  de  sang;  aux  environs  de  Brème,  Treviranus  a  trouvé 
la  plante  en  des  lieux  qui  avaient  été  inondés;  et  Cohn,  près 
de  Breslau,  l'a  observée  pour  la  première  fois  à  la  fin  du  mois 
d'octobre  1854,  dans  un  champ  de  pommes  de  terre,  que 
l'Oder  avait  envahi  deux  mois  auparavant.  Après  que  les 
eaux  se  furent  retirées,  le  sol  se  couvrit  peu  à  peu  d'un 
réseau  serré  de  filaments,  qui  était  d'un  rouge  de  minium  en 
dessus,  et  coloré  en  vert  à  la  face  inférieure. 

Postérieurement,  aucune  mention  ne  fut  plus  faite  de  l'ap- 
parition du  Sphaeroplea,  jusqu'à  ce  que,  pendant  l'été  de  1882, 
M.  Leitgeb  le  rencontra  en  grande  abondance  dans  le  bassin 
d'une  fontaine  près  de  Grâtz  J  ).  L'occasion  d'étudier  la  plante 
ne  s'était  donc,  jusqu'alors,  présentée  que  rarement. 

Un  résumé  succinct  des  résultats  provisoires  de  mes  re- 
cherches fut  communiqué  à  l'Académie  des  sciences  d'Am- 
sterdam dans  la  séance  publique  du  26  mai  1883,  ainsi  qu'il 
ressort  du  Procès- verbal  de  cette  séance  ;  une  traduction  alle- 
mande de  cette  communication  parut,  la  même  année,  dans 
le  Botan.  Centralbfatt,  T.  XV,  n°  12,  p.  398. 


i)  Des  spores  d'hiver  ou  zygotes  de  ces  plantes  sont  nés,  comme  il  a 
été  dit  plus  haut,  les  spécimens  qui  ont  servi  à  mes  recherches.  L'été 
suivant,  d'après  ce  que  M.  Leitgeb  m'écrivait  au  mois  de  décembre  4883, 
le  Sphaeroplea  reparut  en  grandes  masses  aux  mêmes  endroits.  On  verra 
plus  loin  que  les  plantes  de  cette  seconde  végétation,  de  même  que  celles 
provenant  de  mes  cultures,  furent  également  fertiles  et  donnèrent  lieu  à 
des  générations  nouvelles.  Il  est  donc  à  présumer  que,  si  l'attention  reste 
fixée  sur  cet  organisme,  il  sera  dorénavant,  comme  toutes  les  autres  Algues, 
disponible  chaque  année  à  l'état  vivant. 

7* 


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04  tf.   W     t>.    tUttWEtfHOtftf.    RfcCttERCBtBS 

Différentes  circonstances,  toutefois,  ont  retardé  jusqu'à  ce 
jour  la  rédaction  détaillée  et  la  publication  de  mon  travail. 
Entretemps,  quelques  autres  observateurs  ont  porté  leur  atten- 
tion sur  cette  plante  remarquable.  M.  Heinricher,  de  Grâtz, 
qui  disposait  de  la  végétation  apparue  près  de  cette  localité, 
et  qui  avait  eu  connaissance  de  ma  communication,  rendit 
compte,  quelques  mois  plus  tard  (le  23  octobre  1883),  dans 
les  Beriçhte  der  Deutechen  Botanischen  Gesellschaft,  T.  I,  p.  433 
— 450,  des  résultats  de  son  étude  du  Sphaeroplea,  résultats 
qui  à  certains  égards  diffèrent  des  miens.  D'autre  part,  M.  Kny, 
dans  la  VIe  section  de  ses  excellentes  Wandtafeln,  a  consacré 
trois  planches  au  Sphaeroplea  annulina,  en  utilisant,  pour  la 
description  qui  les  accompagne,  non  seulement  le  travail  clas- 
sique de  Cohn,  mais  aussi  les  résultats  obtenus  par  M.  Hein- 
richer et  par  moi. 

En  outre,  au  cours  de  ces  dernières  années,  les  recherches 
de  M.  Strasburger  et  d'autres  savants  sur  la  segmentation 
des  cellules  et  des  noyaux  et  sur  les  modes  d'épaississement 
des  parois  cellulaires,  ainsi  que  les  écrits  de  MM.  Schmitz, 
Treub,  Schimper  etc.  concernant  les  cellules  multinucléées 
et  les  chromatophores,  ont  beaucoup  ajouté  à  nos  connais- 
sances sur  ces  divers  sujets. 

Toutes  ces  circonstances  m'ont  engagé  à  répéter  et  à 
étendre,  relativement  aux  points  qui  viennent  d'être  cités, 
mes  observations  sur  le  Sphaeroplea  annulina,  de  sorte  que  je 
suis  maintenant  à  même,  mieux  qu'en  1 883,  de  faire  connaître 
les  particularités  de  cette  Algue  intéressante.  Sur  un  seul  point 
j'ai  dû  modifier  mon  opinion  antérieure,  étant  parvenu  à 
découvrir  dans  le  Sphaeroplea  de  nombreux  noyaux,  qui  avaient 
échappé  à  mes  recherches  précédentes;  mais  du  reste  j'ai 
vu  se  confirmer  de  plus  en  plus  la  conclusion  déjà  formulée 
dans  ma  communication  préliminaire,  à  savoir,  que  la  plante 
en  question  est  un  objet  précieux  pour  l'étude  de  la  forma- 
tion de  la  paroi  cellulaire  et  du  rôle  du  protoplasma,  ainsi 
que    pour    celle    du    développement   et    de    la   fonction   des 


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SUR   LE   SPHAEROPLEA    ÀNNtJLINÀ    AG.  95 

oosphères  et  des  spermatozoïdes.  C'est  ce  que  mettront  en  évi- 
dence, je  Pespère,  les  détails  dans  lesquels  je  vais  entrer. 


Histoire  biologique  générale. 

Quant  à  l'histoire  biologique  générale  du  Sphaeroplea  annu- 
lina  je  puis  être  bref,  les  traits  essentiels  en  ayant  déjà  été 
dévoilés,  en  1855,  par  la  belle  étude  de  Cohn,  dont  les  résultats 
ont  trouvé  une  confirmation  dans  les  recherches  postérieures.  '  ) 

Notre  Algue,  rapportée  à  une  famille  particulière  (Sphae- 
ropléacées)  des  Chlorophycées,  ne  se  rencontre,  comme  il  a 
été  dit,  que  rarement,  dans  l'eau  douce  et  de  préférence  dans 
des  lieux  exposés  à  des  inondations  temporaires.  Elle  se  montre 
parfois  subitement  en  grandes  masses,  pour  ne  plus  reparaître 
ensuite  pendant  de  longues  années. 

Dans  cet  état  végétatif,  elle  constitue  de  longs  filaments 
simples,  flottant  dans  l'eau  à  la  manière  des  Spvrogyra,  08- 
dllaria  etc.,  et  qui,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  rompus,  ont  les 
deux  extrémités  semblables  entre  elles,  atténuées  en  pointe 
et  terminées  par  un  long  appendice  flagelliforme.  Des  cloi- 
sons transversales,  perpendiculaires  à  l'axe  longitudinal  de 
la  plante,  et  placées  à  des  intervalles  très  inégaux,  divisent 
le  filament  en  un  certain  nombre  de  longues  cellules  cylindri- 
ques, dont  la  longueur  par  rapport  à  la  largeur  varie  beaucoup, 
mais  est  en  général  très-considérable.  M.  Kny,  ayant  mesuré 
quelques-unes  de  ces  cellules,  a  trouvé  qu'au  milieu  du  fila- 
ment le  rapport  en  question  est  habituellement  compris  entre 
35  :  1  et  25  :  1,  mais  qu'il  peut  parfois  s'élever  jusqu'à 
47,2  :  1.  J'ai  même  vu  des  cellules  dont  la  longueur  était  à 
la  largeur  dans  le  rapport  de  90  :  1.  Quelquefois,  pourtant, 


i)  Pour  cette  même  raison,  je  ne  donnerai  ici  que  les  figures  ayant 
rapport  à  mes  recherches  personnelles.  En  ce  qui  concerne  l'habitus  du 
Sphaeroplea  annulina,  dans  les  différentes  phases  de  son  développement 
et  de  sa  reproduction,  je  puis  renvoyer  le  lecteur  aux  planches  des  ouvrages 
précités  de  Cohn,  Heinricher  et  Kny. 


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96  N.    W.    P.    RAUWENHOPP.    RECHERCHES 

on  rencontre  aussi  des  cellules  dont  la  longueur  ne  dépasse 
que  peu  ou  point  le  diamètre. 

Au  sujet  de  ces  parois  transversales,  Cohn  n'indique  rien 
de  particulier,  ni  dans  sa  description,  ni  dans  les  planches 
qui  accompagnent  son  mémoire  dans  les  Ann  des  se.  nat.  ;  mais 
les  matériaux  provenant  de  Grâtz,  qui  ont  servi  à  mes  ex- 
périences aussi  bien  qu'aux  observations  de  M.  Heinricher 
et  de  M.  Kny,  montrent  les  parois  transversales  sous  la 
forme  d'épaisses  poutres  ou  de  tampons  aux  configurations 
les  plus  diverses,  sur  lesquels  nous  reviendrons  plus  loin. 
Cette  circonstance  a  conduit  M.  Heinricher  à  regarder  la 
plante,  objet  de  son  examen,  comme  une  variété  du  Sphaeroplea 
annulina  Ag.,  variété  qu'il  a  baptisée  du  nom  de  var.  crasmepta 
Heinr.,  et  pour  laquelle  il  a  ajouté  à  la  description  systéma- 
tique de  Rabenhorst  {Flora  Ewropaea  Algarum,  Sect.  III,  Lipsiae 
1868,  p.  318)  la  diagnose  suivante:  Septis  cras&is,  quorum  in 
medio  crebro  coni  vel  colliculi  promment  ;  saepius  et  alvis  loris 
in  cellula  annuli,  aut  coni,  mit  striae  cellulosae  materiae  excres- 
cunt.  Fila  facile  articulatim  dilabuntur,  quo  modo  egregia  vege- 
tativa  propagatio  evenit  (Heinricher.  L  c.  p.  450).  M.  Kny,  allant 
encore  plus  loin,  tient  notre  Sphaeroplea  pour  spécifiquement 
différent  de  celui  étudié  par  Cohn,  tant  à  cause  de  la  par- 
ticularité mentionnée  ci- dessus,  que  parce  que  la  forme  et 
l'arrangement  des  grains  de  chlorophylle  seraient  autres  que 
ceux  décrits  par  Cohn,  et  parce  que  dans  la  plante  de  celui-ci 
les  parois  cellulaires  des  filaments  sporogènes  seraient  modi- 
fiées chimiquement  et  se  coloreraient  en  rouge  purpurin  ou 
en  violet  sous  l'action  de  l'iode  seul.  Quant  à  cette  dernière 
différence,  qui  n'a  pas  échappé  non  plus  à  M.  Heinricher, 
celui-ci  fait  toutefois  la  remarque,  assez  plausible,  que  Cohn 
avait  peut-être  employé  une  vieille  solution  d'iode,  dans  la- 
quelle il  s'était  formé  de  l'acide  iodhydrique,  lequel,  comme 
on  sait,  agit  sur  les  parois  cellulaires  à  la  façon  de  l'iode 
et  de  l'acide  sulfurique  associés. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  un  fait  que  tous  les  exemplaires 


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SUR   LE   SPÈAEROPLEA   ANNULINA   AG.  97 

provenant  de  Gràtz  présentent  des  parois  transversales  for- 
tement épaissies,  affectant  toutes  sortes  de  formes  irrégulières, 
et  que  ce  caractère  est  héréditaire,  puisque,  dans  la  postérité 
issue  des  spores  ou  zygotes  de  ces  plantes,  il  a  été  retrouvé 
sans  le  moindre  affaiblissement,  tant  par  MM.  Heinricheret 
Kny  que  par  moi-même. 

Dans  Tétat  végétatif,  le  contenu  des  cellules  a  un  aspect 
très  caractéristique,  par  suite  de  la  distribution  régulière  du 
protoplasma,  des  chromatophores  et  des  vacuoles,  qui  justifie 
parfaitement  le  nom  spécifique  „annulina" ',  lorsque  la  plante 
est  examinée  à  un  grossissement  médiocre.  En  effet,  les  grains 
de  chlorophylle  se  voient  alors  confinés  dans  40  à  70  anneaux 
(suivant  la  longueur  de  la  cellule)  étendus  perpendiculaire- 
ment à  Taxe  longitudinal,  lesquels  anneaux  protoplasmiques 
sont  séparés  par  de  grandes  vacuoles,  qui,  à  l'exception  d'un 
mince  revêtement  pariétal  et  de  quelques  fils  déliés  et  inco- 
lores de  protoplasma,  occupent  tout  l'espace  compris  entre 
les  anneaux  successifs. 

En  examinant  toutefois  ces  anneaux  de  plus  près,  on  y 
reconnaît,  ainsi  que  le  remarque  avec  raison  M.  Kny  (l.  c,  p. 
260),  au  lieu  d'un  ruban  chlorophyllien  homogène,  une  struc- 
ture très-compliquée  A  l'endroit  où  les  anneaux  ou  diaphrag- 
mes de  protoplasma  joignent  la  paroi,  on  voit  des  cordons 
plasmatiques  plus  denses,  tantôt  minces,  tantôt  plus  épais,  se 
rattacher  obliquement  au  revêtement  pariétal.  Dans  ces  cor- 
dons on  trouve  un  grand  nombre  de  granules  de  chlorophylle, 
et  en  outre  dans  chaque  anneau  un,  deux  ou  trois  chroma- 
tophores plus  gros,  qui,  lorsque  le  filament  est  à  l'état  frais, 
sont  également  colorés  en  vert.  Quand  les  filaments  ont  été 
décolorés  et  fixés  par  l'acide  chromique  (à  1%),  on  constate 
que  les  chromatophores  consistent  en  un  corps  intérieur  glo- 
buleux, ou  pyrénoïde,  entouré  d'un  anneau  amylacé,  ordi- 
nairement d'apparence  continue,  mais  se  présentant  dans  les 
cas  favorables,  et  sous  un  grossissement  suffisant,  comme 
une  couronne  de  petits  grains;  cet  anneau  amylacé  est  lui- 


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98  N.    W.    P.    RAUWENHOPP.   RECHERCHES 

même  enveloppé  d'une  couche  de  protoplasma,  dans  laquelle 
était  concentrée  la  matière  colorante.  Le  traitement  par  l'iodure 
de  glycérine,  appliqué  aux  filaments  fixés,  fait  bien  ressor- 
tir ces  détails  de  structure  ;  les  trois  parties  composantes  des 
cfaromatopfaores  deviennent  également  visibles  sous  l'action 
de  la  cochenille  alunée  et  de  Phéraatoxyline,  le  pyrénoïde  et 
l'anneau  plasmatique  extérieur  absorbant  alors  la  matière 
colorante,  tandis  que  l'anneau  amylacé  reste  incolore. 

Les  chromatophore8  paraissent  pouvoir  grandir  et  se  mul- 
tiplier par  voie  de  segmentation.  A  l'origine,  le  diaphragme 
n'en  contient  qu'un  seul,  plus  tard  on  en  trouve  deux  et 
parfois  trois,  plus  petits,  qui,  d'abord  rapprochés  l'un  de 
l'autre,  s'écartent  ensuite  et  augmentent  de  volume.  Mais 
quant  à  la  segmentation  elle-même,  je  ne  l'ai  pas  observée. 
J'ai  seulement  vu,  dans  quelques  rares  cas,  un  pyrénoïde 
allongé  et  étranglé  au  milieu,  avec  un  groupement,  autre 
que  leur  groupement  ordinaire,  des  particules  qui  absorbent 
plus  ou  moins  la  matière  colorante  ;  c'est  là  un  phénomène 
qui  se  rapproche  de  ce  que  M.  Schmitz  (Die  Chromatophoren 
der  Algen,  p.  91  et  suiv.)  a  fait  connaître  au  sujet  de  la 
segmentation  des  pyrénoïdes  de  Thallophytes. 

Dans  les  cellules  on  rencontre  en  outre  une  quantité  de 
petits  noyaux,  dont  il  sera  parlé  plus  loin. 

Au  bout  de  quelques  semaines  (un  peu  plus  tôt  ou  plus 
tard,  suivant  le  degré  de  lumière  et  de  température),  alors 
que  va  commencer  la  fructification,  le  contenu  des  cellules  végé- 
tatives éprouve  des  changements  considérables.  Généralement, 
quelques-unes  des  longues  cellules  d'un  filament  de  Sphae- 
roplea  deviennent  des  anthéridies,  d'autres  des  oogones;  le 
nombre  de  ces  anthéridies  et  de  ces  oogones  dépend  de  la 
croissance  plus  'ou  moins  luxuriante  de  l'Algue.  En  cas  de 
circonstances  défavorables,  par  exemple  lors  de  la  culture 
dans  des  vases  trop  étroits,  il  peut  arriver  qu'une  plante  ne 
contienne  qu'une  seule  anthéridie  et  un  seul  oogone,  et  j'ai 
même  rencontré  parfois  de  petites  plantes  qui  ne  consistaient 


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SUR  LB   SPHABROPLBA   ANNULINA   AG.  99 

qu'en  une  couple  de  cellules  et  ne  possédaient  qu'un  seul 
des  deux  organes  sexuels;  chez  ces  Algues,  de  même  que 
dans  d'autres  divisions  du  règne  végétal,  l'appauvrissement 
peut  donc  non  seulement  conduire  à  des  formations  naines, 
mais  aussi  donner  lieu  à  la  diœcie.  La  même  observation 
a  été  faite  par  M.  Heinricher  Le,  p.  441. 

Les  anthéridies  renferment  une  multitude  de  spermatozoïdes, 
qui  sont  formés  aux  dépens  du  protoplasma,  après  que  les 
chromatophores  ont  successivement  disparu  et  que  le  tout  a 
pris  une  teinte  rouge  brunâtre  claire.  Les  grandes  vacuoles 
persistent  encore  dans  cette  nouvelle  phase,  mais  elles  de- 
viennent de  plus  en  plus  petites,  successivement  dans  les 
différentes  parties  de  la  cellule,  et  entretemps  un  mouvement 
vibratoire  leur  est  imprimé  par  l'agitation  des  spermatozoïdes. 
Finalement,  la  cellule  entière  est  presque  exclusivement  rem- 
plie de  spermatozoïdes  en  mouvement,   qui  peu  à  peu  s'en 

r 

échappent  par  quelques  petites  ouvertures  formées  dans  la 
paroi  cylindrique  de  la  cellule,  pour  aller  à  la  recherche 
des  oogones  et,  à  travers  les  ouvertures  toutes  semblables  de 
la  paroi  de  ces  dernières,  atteindre  les  oosphères. 

Dans  les  cellules  qui  se  transforment  en  oogones,  on  voit 
aussi  s'altérer  graduellement  la  disposition  régulière  du  .pro- 
toplasma à  chromatophores  et  des  vacuoles.  D'abord,  les 
anneaux  deviennent  moins  distincts,  et  les  chromatophores 
à  noyaux  amylacés,  ainsi  que  les  grains  de  chlorophylle,  pa- 
raissent plutôt  unis  les  uns  aux  autres  par  un  réseau  de  fils 
plasmatiques*  incolores.  Dans  d'autres  cas,  lorsque  les  grandes 
vacuoles  se  sont  divisées  en  une  quantité  de  petites,  le  tout 
peut  présenter  l'aspect  d'une  écume  verte  et  blanche.  Bien- 
tôt, toutefois,  les  chromatophores  se  réunissent,  avec  des  grains 
de  chlorophylle  et  du  plasma,  en  amas  vert  sombre,  denses, 
irrégulièrement  stelliformes,  que  des  fils  plasmatiques  minces 
et  incolores  relient  en  tous  sens  à  la  paroi  de  la  cellule; 
entre  ces  amas  se  voient,  diamétralement  étendues  dans  le 
contenu   cellulaire,   des    membranes  incolores  excessivement 


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100  N.    W.   P.    RÀUWENHOFF.   RECHERCHES 

minces,  qu'à  première  vue  on  prendrait  pour  de  jeunes  cloi- 
sons transversales,  mais  qui  bientôt,  la  contraction  du  plasma 
faisant  des  progrès,  disparaissent  et  sont  alors  reconnues  pour 
n'avoir  été  que  les  parois  de  vacuoles.  Les  masses  irrégulières 
se  contractent  de  plus  en  plus,  résorbent  les  fils  dirigés  au 
dehors,  et  s'arrondissent  en  corps  ellipsoïdaux  ou  globuleux, 
composés  en  partie  de  plasma  vert,  en  partie  de  plasma  in- 
colore et  limpide.  Finalement,  elles  deviennent  des  boules 
vertes,  qui  tantôt  sont  contiguës  et  disposées  en  série  régu- 
lière, tantôt,  lorsque  leur  diamètre  est  notablement  inférieur 
à  celui  de  la  cavité  cellulaire,  alternent  entre  elles  ou  sont 
placées  en  une  rangée  double;  dans  ce  dernier  cas,  elles 
n'occupent  pas  toute  la  longueur  de  la  cellule.  C'est  à  ces  boules, 
qui  ne  sont  autre  chose  que  des  oosphères,  que  le  Sphaeroplea 
doit  son  nom  générique.  Déjà,  selon  toute  apparence,  avant 
que  ce  changement  n'ait  eu  heu,  et  alors  que  le  protoplasma 
était  encore  appliqué  à  la  paroi  cellulaire,  de  petites  ouver- 
tures se  sont  produites  dans  celle-ci,  tout  comme  dans  la 
paroi  des  anthéridies.  Par  ces  ouvertures  pénètrent  plus  tard, 
lorsque  les  oosphères  sont  formées,  les  spermatozoïdes,  qui 
alors  s'agitent  autour  des  ovules,  s'appliquent  à  leur  surface 
et  finissent  par  s'unir  avec  eux.  Bien  que  les  pertuis  soient 
à  peine  assez  larges  pour  laisser  passer  un  seul  spermatozoïde, 
on  voit  bientôt  une  quantité  de  ces  corps  reproducteurs  se 
mouvoir  entre  les  oosphères.  Quant  aux  détails  de  ce  remar- 
quable phénomène,  déjà  décrit  par  Cohn,  mes  observations 
sont  entièrement  d'accord  avec  les  siennes.  En  le  voyant 
s'accomplir,  on  reste  stupéfait  de  la  précision  avec  laquelle,  en 
peu  de  temps,  les  petits  organismes  parviennent  à  trouver  leur 
chemin,  et  involontairement  l'idée  d'un  pouvoir  percepteur 
se  présente  à  l'esprit,  ainsi  que  j'en  ai  déjà  fait  la  remarque 
dans  ma  communication  de  1883.  Evidemment  il  doit  inter- 
venir ici,  —  comme  M.  Pfeffer,  dans  ses  intéressantes  recherches 
de  l'année  passée,  l'a  trouvé  pour  les  spermatozoïdes  des  Fou- 
gères et  des  Mousses,  —  un  stimulant,  probablement  de  nature 


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SUR  LE   SPHAEROPLBA   ANNULINA   AGL  101 

chimique.  Mais  on  ignore?  absolument  si  ce  stimulant  est, 
ici  encore,  de  l'acide  malique,  ou  bien  quelque  autre  substance. 

En  suite  de  la  fécondation,  les  oosphères  s'entourent  d'une 
paroi  mince,  lisse,  hyaline,  qui  toutefois  s'en  détache  bientôt 
et  flotte  alors  comme  un  sac  vide  autour  des  spores;  préa- 
lablement, à  l'intérieur  de  cette  première  paroi,  il  s'en  est 
formé  une  seconde,  plus  épaisse,  pourvue  d'une  multitude 
de  pointes  saillantes  et  fortement  cuticularisée  ;  à  celle-ci 
s'ajoute  finalement  encore  une  mince  membrane,  qui  la 
tapisse  en  dedans.  Le  contenu  des  spores,  primitivement  vert, 
passe  peu  à  peu  au  rouge  de  minium  et  devient  opaque.  Il 
renferme,  outre  la  matière  colorante,  des  gouttes  d'huile  et 
2  ou  4  pyrénoïdes,  entourés  chacun  d'un  grand  anneau  amy- 
lacé et  de  quelques  petits  grains  d'amidon  au  milieu  du  plasma. 
A  cet  état,  et  toujours  incluses  dans  la  cellule  vide  de  l'oogone, 
les  oospores  ou  zygotes  passent  l'hiver,  pour  germer  quand 
les  circonstances  seront  devenues  favorables;  elles  se  trans- 
forment alors  en  3  ou  4  zoospores,  qui  s'échappent  du  tégu- 
ment fendu  de  l'oospore,  errent  d'abord  librement  sous  la 
forme  de  corpuscules  ellipsoïdes  munis  d'une  couple  de  cils, 
puis  prennent  bientôt  la  forme  d'un  fuseau,  redeviennent  peu 
à  peu  de  couleur  verte  et  se  changent,  par  accroissement,  en 
filaments  végétatifs  de  Sphaeroplea. 

Voila,  en  abrégé,  l'histoire  biologique  de  cette  intéressante 
Algue ,  telle  qu'elle  résulte  du  travail  très  exact  de  M.  Cohn 
et  des  recherches  postérieures  de  M.  Heinricher,  de  M.  Kny 
et  de  moi-même. 

Je  vais  maintenant  étudier  plus  en  détail  quelques  phé- 
nomènes de  la  vie  du  Sphaeropleay  qui  n'ont  pas  été  suf- 
fisamment élucidés  par  mes  devanciers,  ou  au  sujet  desquels 
je  suis  arrivé  à  des  résultats  différents  des  leurs;  je  m'at- 
tacherai surtout  aux  phénomènes  pouvant  aussi  jeter  quel- 
que jour  sur  les  actes  vitaux  d'autres  plantes. 


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102  N.    W.   P.    RAUWBNHOPP.   RECHERCHES 

Structure  des  Oospores  ou  Zygotes. 

Les  oospores  mûres,  qui  restent  alignées  en  rangée 
simple  ou  double  dans  la  cellule-mère  ou  l'oogone  et  y  pas- 
sent Phiver  (elles  ne  deviennent  ordinairement  libres  qu'à 
la  suite  de  la  lente  désorganisation  de  cette  cellule-mère), 
sont  des  corps  sphériques,  ayant  en  moyenne  un  diamètre 
de  0mm,02.  Leur  grosseur  peut  toutefois  varier  assez  notable- 
ment. Lorsqu'elles  sont  disposées  dans  la  cellule  en  une  ran- 
gée unique,  elles  sont  généralement  plus  grosses  que  là  où 
Ton  trouve  juxtaposées  deux,  ou  parfois  (quoique  rarement) 
trois  de  ces  séries.  Suivant  M.  Cohn,  elles  peuvent  atteindre 
un  diamètre  de  0mm,054,  et  il  en  a  même  rencontré  de  0mm,181, 
qualifiées  par  lui  de  spores  monstrueuses. 

Elles  sont  revêtues  d'une  paroi  assez  épaisse,  pourvue  d'épais- 
sissements  en  forme  de  verrues,  qui  présentent  de  une  à  deux 
fois  l'épaisseur  de  la  paroi,  se  terminent  en  pointe  légèrement 
obtuse  et  sont  ordinairement  très  rapprochés  l'un  de  l'autre, 
de  sorte  que,  sur  la  coupe,  l'oosphère  ressemble  à  une  roue 
grossièrement  dentée.  M.  Cohn  a  donné  (p.  189)  une  des- 
cription très  détaillée  de  cette  paroi,  description  qui  s'ac- 
corde en  général  avec  mes  propres  observations,  sauf  que 
je  n'ai  pu  remarquer  que  les  protubérances  verruciformes 
fussent  disposées  en  spirales  régulières,  convergeant  vers  les 
deux  pôles,  comme  les  cercles  méridiens  d'une  sphère.  Elles 
me  paraissent  bien  distribuées  uniformément  sur  les  différents 
côtés,  mais  sans  la  régularité  particulière  que  M.  Cohn  a  ob- 
servée chez  quelques  grands  individus. 

La  nature  de  cette  paroi,  l'exospore  ou  l'exine  (pour  user 
de  la  terminologie  de  M.  Strasburger,  qui  a  parallélisé  les 
parois  des  spores  et  celles  des  grains  de  pollen),  est  différente 
de  celle  des  parois  cellulosiques;  la  paroi  de  l'oosphère  est 
fortement  cuticularisée  ;  elle  ne  se  colore  pas  en  bleu,  et  le 
plus  souvent  ne  se  colore  pas  du  tout,  sous  l'influence  du 
chloroiodure  de  zinc;  elle  n'éprouve  aucun  changement  ex- 


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Ôtm  LE  SPHÀËfcOfrtEÀ   AtfKtTLINA  AG.  103 

térieur  par  l'ébullition  dans  l'eau,  et  résiste  même  à  Faction 
de  la  potasse.  Par  contre,  la  membrane  lisse,  extrêmement 
mince,  parfois  difficile  à  voir,  qui  forme  la  paroi  interne  de 
la  spore,  est  composée  de  cellulose  pure. 

Le  contenu  des  oospores  consiste  en  une  masse  opaque, 
rouge  de  cinabre,  dans  laquelle  on  observe,  au  milieu  d'un 
plasma  finement  grenu,  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de 
globules  ayant  tout  l'aspect  de  gouttes  oléagineuses,  mais 
qui  ne  paraissent  pourtant  pas  composées  d'huile  grasse,  puis- 
que, d'après  M.  Heinricher  (L  c,  p.  444),  un  mois  de  séjour 
dans  l'éther  ne  les  fait  pas  disparaître.  On  ne  peut  guère 
admettre,  en  effet,  que  durant  tout  ce  temps  l'éther  n'aurait 
pas  traversé  la  paroi.  La  vraie  nature  de  ces  corpuscules  glo- 
buleux, qu'on  rencontre  en  diverses  modifications  dans  les 
spores  d'une  foule  de  Cryptogames,  n'est  pas  encore  entière- 
ment élucidée.  Entre  les  matières  qui  viennent  d'être  citées, 
on  trouve,  en  outre,  un  nombre  variable  de  très  petits  grains 
de  fécule,  qui  ne  se  laissent  reconnaître  comme  tels  qu'à 
l'aide  de  l'iode. 

Enfin,  dans  les  spores  jeunes,  qui  ne  sont  pas  encore  re- 
vêtues de  l'exine,  M.  Heinricher  a  observé  un  noyau,  mais 
il  n'a  pu  décider  si  ce  noyau  existe  aussi  dans  les  zygotes 
adultes  (Z.  c,  p.  438).  Plus  loin,  nous  reviendrons  sur  cette 
question. 


Faculté  germinative. 

Il  paraît  être  de  règle  chez  le  Sphaeroplea,  comme  chez 
beaucoup  d'autres  Algues,  tant  Oosporées  que  Zygosporées, 
que  les  zygotes,  formées  en  été,  passent  l'hiver  dans  la  cellule 
où  elles  sont  nées,  pour  germer  au  printemps  suivant,  ou 
plus  tard,  quand  les  conditions  biologiques  sont  favorables; 
préalablement,  ou  bien  simultanément,  les  parois  de  la  cellule- 
mère,  qui  a  cessé  de  vivre,  sont  peu  à  peu  désorganisées  et 


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104  N.    W.  P.   RATTWBNHO^P.   RECHERCHES 

dissoutes,  ce  qui  met  en  liberté  les  zygotes  ou  les  zoospores 
déjà  formées.  De  la  circonstance  que  le  Sphaeroplea,  ainsi 
qu'il  a  été  dit  plus  haut  (p.  93),  se  montre  tout  à  coup  en 
abondance,  dans  des  localités  où  durant  une  longue  suite 
d'années  on  n'en  avait  observé  aucune  trace,  on  doit  inférer 
que  la  faculté  germinative  est  susceptible  de  se  conserver 
longtemps.  Qu'elle  peut  persister  plus  d'une  année,  lorsque 
les  zygotes  sont  conservées  à  l'état  sec,  c'est  ce  que  confir- 
ment mes  observations.  Les  spores  recueillies  à  Grâtz  pen- 
dant l'été  de  1882,  et  que  je  reçus  sèches  en  mars  1883, 
germèrent  non  seulement  cette  année-là,  mais  aussi,  très  bien 
et  en  peu  de  temps,  l'année  suivante.  Les  choses  se  passèrent 
de  la  même  manière  en  1886,  et  même  aujourd'hui  (janv.  1887) 
j'ai  encore  des  plantes  vivantes  de  Sphaeroplea  provenant  du 
reste  de  la  récolte  de  t882,  que  j'avais  mis  à  germer,  il  y  a 
quelques  semaines,  dans  une  serre  chaude.  Il  n'y  a  pas  à  nier, 
toutefois,  que  ce  dernier  semis  n'ait  levé  plus  tardivement  que 
les  autres,  et  qu'un  nombre  relativement  plus  grand  de  zygotes 
n'aient  refusé  de  germer. 

M.  Cohn,  qui  lui  aussi  avait  déjà  reconnu  par  expérience 
que  des  zygotes  conservées  tout  l'hiver  à  l'état  sec  dans  son 
herbier  germaient  bien  au  printemps,  croyait  que  ce  repos  hiber- 
nal était  nécessaire  pour  le  développement  de  la  plante  ;  cette 
opinion  se  fondait  sur  ce  que  les  spores  ne  donnaient  aucun 
signe  de  végétation  avant  le  retour  de  la  belle  saison,  même 
lorsque,  immergées  dans  l'eau  et  placées  dans  une  chambre, 
elles  avaient  été  soumises  pendant  tout  l'hiver  à  un  degré  de 
chaleur  au  moins  aussi  élevé  que  la  température  printanière 
régnant  lors  de  la  germination.  M.  Cohn  parlait  à  ce  propos 
d'une  influence  mystérieuse  du  printemps,  influence  qu'il  ne 
se  hasardait  du  reste  pas  à  expliquer.  Je  doute  qu'aujourd'hui, 
après  30  ans  révolus,  le  savant  auteur  soit  encore  attaché  à 
cette  idée.  Le  temps  n'est  plus  où,  en  présence  de  semblables 
phénomènes,  on  invoquait  une  action  mystérieuse.  Sans  doute, 
—  l'expérience   universelle   nous  l'apprend,  —  beaucoup  de 


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SUR  LE  âPHAËROPLEA   AKNtJLINA   AG.  105 

spores  et  de  graines  ont  besoin  d'un  temps  de  repos  plus  ou 
moins  long,  avant  de  pouvoir  germer.  Dans  la  zone  tempérée, 
ce  développement  initial  ne  s'opère  ordinairement  qu'au  prin- 
temps qui  suit  la  maturation  et  la  dissémination  de  ces  corps 
reproducteurs.  Mais,  bien  loin  de  résider  exclusivement  dans 
la  basse  température  de  l'hiver,  la  raison  en  doit  être  cherchée 
plutôt  dans  les  changements  que  la  graine  et  la  spore  doivent 
encore  subir  après  qu'elles  se  sont  séparées  de  la  plante  mère, 
ou  après  que  celle-ci  est  morte.  Quoique,  dans  la  plupart  des 
cas,   ces   modifications    ne   soient   encore    que  peu  ou  point 
connues,    les  recherches  des  dernières  années  ont  pourtant 
déjà  mis  sur  la  voie  de  quelques  processus  qui  y  jouent  in- 
dubitablement un  grand  rôle.    M.  H.  Mûller-Thurgau,    par 
exemple,  a  étudié,  l'année  dernière,  les  transformations  maté- 
rielles qui  se  produisent  dans  la  pomme  de  terre  durant  la 
période  de  repos  (Landwirthsch.  Jahrbucher,  1885,  p.  851 — 907; 
anal,  dans  Bot.  Cmtralbl,  T.  XXVII,  p.  90— 92);  il  a  montré 
qu'au  début  les  bourgeons  manquent  de  la  quantité  nécessaire 
de  sucre,  parce  que  le  sucre  formé  est  employé  en  grande  partie 
à  la  production  de  fécule  et  pour  une  faible  part  à  la  respiration  ; 
ce  n'est  que  plus  tard,  à  la  fin  de  la  période  de  repos,  lorsque 
l'activité  du  protoplasma  se  ralentit,  que  le  sucre  peut  s'ac- 
cumuler en   quantité  suffisante  au  voisinage  des  bourgeons, 
et    qu'çn  même  temps  un  ferment  propre  apparaît  dans  le 
germe.  C'est  ainsi  que  beaucoup  de  plantes  possèdent  durant 
l'hiver  une  période  de  repos  réelle,  qui  dépend  de  causes  in- 
ternes et  doit  être  soigneusement  distinguée  de  la  période  de 
repos  apparente,  occasionnée  par  la  sécheresse  ou  par  l'abais- 
sement   de    la    température,    c'est-à-dire,   par  des  influences 
extérieures. 

Pour  en  revenir  au  Sphaeroplea,  j'ai  trouvé,  de  même  que 
M.  Cohn,  que  les  oospores  formées  au  commencement  de  l'été 
et  conservées  depuis  lors  dans  l'eau,  jusqu'à  la  fin  de  l'hiver, 
n'éprouvaient  pas  de  modification,  bien  que,  durant  la  mau- 
vaise   saison,    elles    eussent    été   placées   dans   une  chambre 


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106  tf.   W.   P.   RAUWENHOpF.   RECHERCHÉS 

chauffée.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  ces  spores  ne  puissent 
germer  en  hiver.  Au  contraire,  les  zygotes  des  récoltes  de 
1882  et  de  1883  (les  unes  et  les  autres  reçues  de  Grâtz,  par 
l'obligeante  entremise  de  M.  le  professeur  Leitgeb),  ainsi  que 
celles  de  plantes  cultivées  ici  à  Utrecht  en  1883,  ces  zygotes, 
dis-je,  mises  le  13  décembre  1883  dans  des  vases  de  verre 
avec  de  l'eau  de  puits,  et  installées  à  une  place  bien  éclairée 
dans  une  serre  d'élevage  dont  la  température  moyenne  était 
de  15  à  18°  C,  montrèrent,  dès  le  24  décembre,  une  quantité 
de  jeunes  plantules.  Tout  en  admettant  que  les  spores  de 
Spkaeroplea  ont  besoin,  elles  aussi,  d'une  période  de  repos,  je 
crois  donc  que  la  non-réussite  des  essais  de  germination  faits 
en  hiver,  dans  une  chambre,  doit  le  plus  souvent  être  attribuée 
au  trop  grand  abaissement  de  la  température  pendant  la  nuit. 

Après  quelques  tentatives  malheureuses,  j'ai  encore  pu  obser- 
ver le  début  de  la  germination  des  zygotes,  en  hiver,  au  sein 
d'une  goutte  d'eau  suspendue,  suivant  le  précepte  de  M.  Stras- 
burger  (voir  Behrens,  Hilfsbuch  /.  mikr.  Unters.,  p.  203),  dans 
une  chambre  humide,  qui  elle-même  était  placée  dans  une 
serre  chaude.  Le  développement,  toutefois,  s'arrêta  bientôt, 
les  jeunes  plantules  ayant  été  tuées  par  la  multiplication  rapide 
de  bactéries  et  de  champignons  inférieurs. 

M.  Heinricher  a  fait  voir  (l.  c,  p.  143)  que  les  spores  du 
Sphaeroplea  peuvent  aussi  germer  normalement  à  l'obscurité, 
et  même  former  dans  ces  conditions  de  la  chlorophylle  (vrai- 
semblablement par  une  transformation  de  la  matière  oléagi- 
neuse rouge,  l'hématochrome,  transformation  qui  n'exigerait 
pas  l'impulsion  de  la  lumière).  Au  reste,  ce  ne  sont  que  les 
premiers  phénomènes  de  la  germination  (la  formation  de 
zoospores)  qui  s'accomplissent  dans  l'obscurité  ;  l'accroissement 
cesse  bientôt  par  défaut  d'assimilation,  lorsque  la  réserve  de 
matières  plastiques  est  épuisée. 


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StJît  tÉ  S^ltAÉltO^LfîÀ   ÀttNULlNÀ   AG.  107 

Phénomènes   de   la  germination. 

Quand  la  vie  s'éveille  dans  les  oospores,  le  premier  phé- 
nomène qu'on  observe  est  une  modification  de  leur  contenu. 
Les  grains  rouges  paraissent  se  diviser  en  une  quantité  de 
plus  petits,  et  entre  ceux-ci  il  se  forme  graduellement  un  plus 
ou  moins  grand  nombre  de  petits  granules  verts,  surtout  à 
la  périphérie  de  la  masse  sphérique.  Peu  à  peu  le  contenu 
se  divise  en  deux  à  quatre  portions,  mais  souvent  cette  division 
est  très-difficile  à  observer,  parce  que  le  contenu  opaque 
remplit  entièrement  la  spore  et  qu'à  l'origine  les  portions  ne 
sont  pas  encore  entourées  d'une  paroi  propre.  A  vrai  dire, 
ces  portions  ne  se  voient  bien  que  lorsque,  s'arrondissant,  elles 
commencent  l'une  après  l'autre  à  se  mouvoir  dans  la  spore. 
Vers  le  même  temps,  une  petite  ouverture  s'est  formée  dans 
la  paroi  épaissie  de  la  spore,  d'une  manière  que  je  n'ai  pu 
saisir  exactement.  A  travers  cette  ouverture,  une  des  portions 
précitées,  maintenant  devenue  zoospore,  se  dégage  lentement 
et  avec  peine;  durant  ce  travail,  elle  change  notablement  de 
forme,  passant  de  la  forme  ellipsoïdale  à  la  forme  vermiculaire, 
et  en  même  temps  elle  exécute  un  mouvement  propre,  mouve- 
ment de  forage  et  de  rotation  autour  de  son  axe,  qui  s'opère 
tantôt  dans  un  sens  tantôt  dans  l'autre,  parfois  avec  chocs,  et 
dont  le  résultat  est  de  pousser  en  dehors  de  la  zygote  la  partie 
épaisse,  dite  postérieure,  de  la  zoospore,  après  quoi  le  reste  suit 
de  lui-même.  Dans  cet  état,  en  effet,  la  zoospore  qui  s'échappe 
est  un  corpuscule  vermiforme,  deux  à  trois  fois  plus  long  que 
large,  dont  l'une  des  extrémités  (la  partie  postérieure)  est  plus 
épaisse  et  verte,  tandis  que  l'autre  moitié,  ou  la  partie  dite 
antérieure,  est  notablement  plus  mince  et  remplie  de  très  petits 
granules  rouges,  sauf  au  sommet,  qui  est  incolore  et  où  parais- 
sent se  trouver  deux  cils,  non  visibles  durant  la  vie,  mais  se 
laissant  distinguer  avec  beaucoup  de  peine  lorsque  la  zoospore  a 
été  tuée  par  l'iode  (Heinricher,  Le,  p.  445,  note,  et  fig.  17  ;  voir 
aussi  la  belle  figure  4  de  la  PI.  LXV  des  Wandtafeln  de  Kny). 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  8 


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lÔà  ».   W.   t>.    fcÀttWEttHOtffc.   ÉfeCltEftCÔËè 

M.  Heinricher  pense,  contrairement  à  M.  Cohn,  que  cette 
distribution  des  matières  colorantes  rouge  et  verte  dans  les 
zoospores  est  toujours  très  régulière;  mais,  quant  à  moi,  outre 
les  zoospores  colorées  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  j'en  ai 
fréquemment  trouvé  aussi  dans  lesquelles  les  grains  rouges  et 
verts  étaient  mêlés  sans  aucun  ordre  ;  j'ai  même  encore  observé 
cette  irrégularité  dans  une  phase  ultérieure,  alors  que  les 
spores  s'étaient  déjà  développées  en  petites  Algues  fusiformes 
à  extrémités  flagelliformes.  (comp.  Kny,  Le,  p.  264). 

Après  que,  de  la  manière  ci-dessus  exposée,  une  des  portions 
de  l'oospore  s'est  changée  en  zoospore  et  a  pris  son  essor, 
une  seconde  s'échappe  de  la  même  façon,  puis  une  troisième 
et  parfois  une  quatrième,  jusqu'à  ce  que  finalement  il  ne  reste 
plus  que  la  paroi  de  la  zygote,  sous  la  forme  d'une  coque 
vide. .  M.  Heinricher  décrit  ce  phénomène  en  détail  (l.c, 
p.  445 — 447),  et  ce  que  j'en  ai  vu  s'accorde  en  général  avec 
cette  description,  de  sorte  que  je  puis  y  renvoyer.  Les  zoospores 
mises  en  liberté  se  meuvent,  l'extrémité  amincie  en  avant, 
en  tournoyant  dans  l'eau;  mais  bientôt  elles  prennent  la 
forme  d'un  petit  fuseau  atténué  aux  deux  extrémités  en  un 
mince  filament  flagelliforme,  c'est-à-dire  la  forme  typique  du 
Sphaeroplea,  ce  qui  marque  la  fin  de  la  germination. 

J'ai  supposé  jusqu'ici  que  la  zygote  était  devenue  libre,  par 
la  destruction  préalable  de  la  paroi  de  l'oogone;  fréquem- 
ment, toutefois,  les  zygotes  restent  incluses  par  séries  entières 
dans  la  cellùle-mère,  même  au  printemps.  Dans  ce  cas,  la 
germination  s'effectue  à  l'intérieur  de  la  cellule-mère,  mais 
les  zoospores  qui  se  forment  rencontrent  alors  des  conditions 
très  défavorables.  C'est  à  peine  si  l'espace  est  suffisant  pour 
leur  permettre  de  sortir  de  la  spore  et  de  trouver  une  petite 
place  modeste  entre  les  zygotes  et  la  paroi  interne  de  l'oogone. 
Pour  y  parvenir,  elles  doivent  souvent  se  contourner  fortement 
et  prendre  toutes  sortes  de  formes  bizarres,  comme  le  montre 
la  fig.  20,  pi.  IV.  Quant  au  développement  ultérieur,  les  cir- 
constances  ne   s'y   prêtent  pas.   Aussi  n'y  a-t-il  pas  lieu  de 


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stm  lé  sî>dÀimôî>LfeA  ÀihrtJtiNA  Aà.  1Ô9 

s'étonner  que  la  plupart  des  zygotes  encore  renfermées  dans 
la  cellule-mère  périssent,  et  que,  pour  les  cultures  artificielles, 
il  soit  avantageux  de  commencer  par  couper  en  petits  fragments 
les  cellules  remplies  de  séries  de  zygotes;  cette  pratiqué, 
recommandée  par  M.  Heinricher,  donne  des  résultats  favorables, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  par  expérience. 


Accroissement  des  jeunes  filaments   de 
Sphaeroplea. 

Quand  les  zoospores  sont  devenues  libres,  elles  se  changent 
promptement,  comme  il  a  été  dit,  en  petits  corps  fusiformes, 
qui  à  partir  du  milieu  s'atténuent  vers  les  deux  extrémités, 
semblablement  conformées,  et  s'y  terminent  en  un  long  et 
mince  fil  flagelliforme,  relativement  assez  raide  et  dépourvu 
de  mouvement  ciliaire.  Pas  plus  que  mes  devanciers  je  n'ai 
pu  observer  le  passage  des  zoospores  à  ce  nouvel  état,  ni  par 
conséquent  le  début  de  la  formation  de  la  paroi  cellulosique  ; 
dans  ce  stade,  en  effet,  les  jeunes  plantules  de  Sphaeroplea  possè- 
dent déjà  une  paroi  de  cellulose  bien  distincte,  qui  est  surtout 
assez  épaisse  aux  extrémités,  de  sorte  que  le  lumen  des  appen- 
dices flagelliformes  est  réduit  à  un  étroit  canal  ei  peut  même 
disparaître  complètement,  cas  où  les  extrémités  consistent  en 
une  masse  cellulosique  pleine.  Ces.  jeunes  Algues  sont,  à 
l'origine,  de  quatre  à  six  fois  plus  longues  que  larges,  les 
extrémités  y  comprises  ;  mais,  tandis  que  la  largeur  ou  épais- 
seur n'augmente  que  peu,  les  plantules  s'allongent  tellement, 
par  accroissement  intercalaire,  que  bientôt  leur  longueur  sur- 
passe de  20  à  30  fois  leur  largeur.  Même  alors,  toutefois, 
elles  sont  encore  unicellulaires.  Ce  n'est  que  plus  tard  qu'ap- 
paraissent, dans  le  long  et  mince  filament,  des  cloisons  trans- 
versales; de  celles-ci,  nous  parlerons  en  détail  plus  loin. 

Importantes  aussi  sont  les  modifications  subies  par  le  contenu 
cellulaire,  après   que  les   zoospores  se  sont  transformées  en 

8* 


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UÔ  tf.  W.  P.   ttÀÛWËtfHOtftf.  recherches 

cellules  fusiformes.  Chez  quelques-unes  de  ces  dernières,  les 
petits  grains  verts  et  rouges,  qui  dans  la  zoospore  étaient  ou 
bien  mêlés  les  uns  aux  autres  ou  bien  partagés  entre  les  deux 
extrémités,  persistent  encore  quelque  temps,  surtout  dans  le 
premier  de  ces  deux  cas.  Ils  remplissent  alors  la  cavité  de  la 
cellule,  à  l'exception  des  extrémités.  Le  plus  souvent,  toute- 
fois, les  granules  rouges  ont  disparu  entièrement,  ou  peu  s'en 
faut.  Au  lieu  de  ces  granules  on  trouve,  à  l'équateur  de  la 
jeune  plante  fusiforme,  une  étroite  bande  verte,  composée  de 
très  petits  grains  de  chlorophylle  et  d'un  chromatophore 
volumineux  mêlés  d'un  peu  de  plasma  incolore,  laquelle  bande 
se  rattache  à  la  mince  couche  du  protoplasma  pariétal  et 
sépare  deux  grandes  vacuoles  sphériques. 

À  ce  stade  de  jeunesse  en  succède  bientôt  un  autre,  dans 
lequel  la  cellule  présente  deux  bandes  ou  anneaux  de  la  même 
composition  que  la  bande  unique  dont  il  vient  d'être  question  ; 
ces  deux  bandes  se  trouvent  de  part  et  d'autre  de  l'équateur, 
à  des  latitudes  égales,  et  forment  la  séparation  de  trois 
vacuoles. 

La  jeune  Algue  croît  alors  vigoureusement  en  tout  sens. 
L'ensemble  est  devenu  plus  grand,  les  deux  bandes  ou  anneaux 
existent  encore,  mais  elles  sont  plus  larges,  et  chacune  d'elles 
contient  maintenant  deux  chromatophores.  Vers  le  bas  com- 
mence à  se  former  un  troisième  anneau,  qui  ne  tardera  pas 
à  égaler  en  dimension  les  deux  autres  et  à  être  suivi  d'un 
quatrième.  Ainsi  se  constitue  peu  à  peu  une  plante  unicel- 
lulaire,  30  à  40  fois  plus  longue  que  large,  terminée  des  deux 
côtés  en  une  pointe  droite  ou  faiblement  arquée,  et  dont  le 
contenu  est  formé  d'une  longue  série  de  vacuoles  à  peu  près 
également  volumineuses,  séparées  par  des  bandes  ou  dia- 
phragmes relativement  minces  de  protoplasma  (les  soi-disant 
anneaux);  ces  diaphragmes,  rattachés  par  de  gros  fils  plas- 
matiques  au  plasma  presque  transparent  qui  revêt  la  paroi, 
comprennent  dans  leur  composition,  outre  du  plasma  incolore, 
de.  petits   grains   de  chlorophylle  et  des  noyaux,  un  à  trois 


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SUR   LE   SPHAEROPLEA   ANNULINA   AG.  111 

chromatophores,  ainsi  qu'il  a  déjà  été  dit  p.  97.  C'est  là  la 
forme  ordinaire,  typique,  du  Sphaeroplea  annulina,  telle  qu'on 
la  trouve  partout  décrite  et  figurée. 

De  même  que  M.  Schmitz  (Die  Chromatophorm  der  Algen, 
p.  90  et  suiv.),  j'ai  observé  que  les  chromatophores  se  mul- 
tiplient par  étranglement.  Déjà  dans  les  plantes  fraîches,  on 
ne  voit  ordinairement,  à  l'origine,  qu'un  seul  chromatophore 
dans  chaque  anneau,  au  milieu  d'une  quantité  de  fils  plasma- 
tiques  reliés  à  la  périphérie,  qui  en  outre  contiennent  un  plus 
ou  moins  grand  nombre  de  granules  de  chlorophylle.  Ensuite, 
on  trouve  deux  chromatophores  rapprochés  ou  juxtaposés,  qui 
plus  tard  s'écartent  l'un  de  l'autre.  Parfois  aussi,  il  existe 
trois  de  ces  chromatophores  dans  un  même  anneau.  Mais 
lorsque,  suivant  le  précepte  de  M.  Strasburger,  les  plantes 
vivantes  ont  été  placées  pendant  environ  4  heures  dans  de 
l'acide  chromique  pur  à  1  %  (ou  dans  une  solution  saturée 
de  bichromate  de  potasse,  dont  l'effet  est  le  même),  puis  lavées 
à  différentes  reprises  dans  l'eau  distillée,  jusqu'à  ce  que  le 
liquide  ne  montre  plus  trace  de  coloration,  on  obtient  des 
préparations  qui,  à  un  grossissement  suffisant,  laissent  bien 
reconnaître  les  détails  des  chromatophores.  On  constate  alors, 
dans  les  cas  favorables,  que  chez  quelques-uns  de  ces  chromato- 
phores le  pyrénoïde  se  présente  sous  la  forme  dite  en  biscuit,  et 
que  l'anneau  amylacé,  ainsi  que  la  couche  externe  plasmatique, 
forment  autour  de  lui  une  enveloppe  inégalement  épaisse. 
Bien  que  n'ayant  pu  suivre  dans  la  plante  vivante  le  pro- 
cessus de  la  segmentation  (ce  qui  du  reste  eût  été  difficile, 
vu  l'opacité  des  chromatophores),  je  crois  donc  pouvoir  con- 
clure, des  images  offertes  par  les  filaments  fixés  au  moyen 
des  réactifs,  que  la  division  des  chromatophores  s'effectue 
par  étranglement,  à  peu  près  de  la  même  manière  que  celle 
des  grains  de  chlorophylle. 


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112  N.   W.   P.    RAUWENHOFF.   RECHERCHES 

Parois  transversales. 

Lorsque  le  filament  unicellulaire  du  Sphaeroplea  a  atteint 
une  certaine  longueur,  il  s'y  forme,  un  peu  plus  tôt  ou  un 
peu  plus  tard,  perpendiculairement  à  Taxe  longitudinal  de 
la  plante,  une  paroi  transversale,  qui  ensuite  est  suivie  de 
plusieurs  autres.  Cette  première  paroi  transversale  naît  d'or- 
dinaire au  milieru  de  la  cellule,  mais  elle  peut  se  produire 
aussi  à  |  de  la  longueur.  Sa  place  n'est  donc  pas  constante, 
pas  plus  que  celle  de  la  paroi  transversale  suivante,  qui  ap- 
paraît assez  souvent  dans  la  plus  petite  des  deux  cellules- 
filles. 

En  général,  les  parois  transversales  se  forment  plus  tard 
chez  les  plantes  à  végétation  luxuriante  que  chez  les  plantes 
appauvries.  Dans  le  premier  cas,  l'Algue  peut  avoir  une  lon- 
gueur de  3mm,5  avant  l'apparition  de  la  première  cloison; 
chez  les  plantes  faibles,  au  contraire,  on  trouve  très  vite 
une  quantité  de  parois  transversales.  M.  Heinricher,  dans  sa 
figure  schématique  n°  15,  a  représenté  d'une  manière  simple, 
par  des  lignes  et  des  points,  plusieurs  cas  différents.  J'en  ai 
observé  d'analogues  dans  les  produits  de  mes  cultures. 

Ces  parois  transversales,  ou  cloisons,  ont  une  forme  très 
caractéristique,  que  M.  Cohn,  en  1855,  paraît  n'avoir  pas 
connue,  et  qui  a  engagé  M.  Heinricher,  comme  je  l'ai  dit 
plus  haut,  à  rapporter  les  plantes  provenant  de  Grâtz  à  une 
variété  particulière  de  l'espèce  Sphaeroplea  mnulma  Ag.  Au 
sujet  de  ces  parois  transversales,  j'entrerai  dans  quelques 
détails. 

Tout  d'abord,  on  est  frappé  de  leur  grande  épaisseur,  qui 
dépasse  considérablement,  souvent  12  fois  et  même  davan- 
tage, l'épaisseur  des  parois  latérales  de  la  cellule.  De  plus, 
leur  surface  n'est  pas  plane,  comme  d'ordinaire,  mais  irré- 
gulièrement ondulée,  ce  qui  est  cause  que  la  masse  très  ré- 
fringente de  la  cloison,  vue  de  côté  aussi  bien  que  vue  d'en 
haut,  présente   des  parties  d'un  vif  éclat  propre,  alternant 


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SUR   LE  SPHAEROPLEA   ANNULINA   AG.  113 

avec  des  parties  rendues  obscures  par  les  ombres  portées. 
Dans  cette  masse  on  distingue  en  outre,  d'une  manière  plus 
ou  moins  nette,  un  grand  nombre  de  couches  parallèles.  Vues 
en  coupe,  les  cloisons  peuvent  offrir  des  figures  très  variées. 
On  pourrait  les  partager  en  deux  espèces,  les  cloisons  régu- 
lières et  les  cloisons  irrêgulières,  qui  passent  les  unes  aux 
autres  par  toutes  sortes  de  formes  intermédiaires.  Aux  pre- 
mières j'ai  appliqué,  dans  ma  communication  préliminaire  à 
l'Académie  des  sciences  d'Amsterdam,  le  nom  de  poutres. 
Elles  ressemblent,  dans  leur  forme  la  plus  simple,  telle  que  la 
montre  la  fig.  14a,  PI.  IV,  à  une  poutre  transversale  légèrement 
ondulée  à  la  surface.  Dans  ce  cas,  toute  communication  entre 
les  contenus  des  deux  cellules  adjacentes  est  interceptée  par 
la  poutre.  Mais  très  souvent  cette  communication  persiste 
encore  pendant  quelque  temps,  parce  que  la  cloison  est  for- 
mée d'un  épais  et  large  anneau,  laissant  au  centre  une  ouver- 
ture plus  ou  moins  irrégulière,  qui  n'est  fermée  que  plus  tard, 
d'un  seul  côté  ou  des  deux  côtés  à  la  fois,  par  un  bouchon 
ou  tampon  de  cellulose.  Ce  tampon  se  présente  tantôt  comme 
un#  épaississement  de  la  poutre  en  son  milieu,  tantôt  comme 
une  masse  plus  ou  moins  conique  reposant  par  une  large 
base  sur  l'anneau.  Plus  tard,  anneau  et  tampon  sont  intime- 
ment unis,  et,  étant  d'ailleurs  composés  des  mêmes  substan- 
ces, —  du  moins  je  n'ai  pu  y  constater  aucune  différence 
physique  ou  chimique  (voir  à  la  page  115),  —  ils  ne  se  dis- 
tinguent que  par  l'allure  différente  des  couches,  dans  l'un  et 
dans  l'autre.  Les  fig.  146  et  14c  en  donneront  une  meilleure 
idée  que  ne  pourrait  le  faire  la  description  la  plus  minutieuse. 
Le  fait  que  l'anneau,  quoique  déjà  assez  épais  et  composé 
d'un  certain  nombre  de  couches,  est  encore  ouvert  au  centre, 
se  reconnaît  le  mieux  lorsque,  par  suite  d'une  incurvation 
ou  d'un  repli  du  filament  de  Sphœroplea,  la.  paroi  transver- 
sale se  présente  à  l'œil,  non  pas  de  côté,  mais  de  face.  Tou- 
fois,  alors  même  que  l'anneau  se  voyait  de  côté  ou  de  profil, 
j'ai  plus  d'une  fois,  sur  la  plante  vivante,  observé  distincte- 


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114  N.    W.    P.   RAUWENHOFF.    RECHERCHES 

ment  l'ouverture  centrale,  et  vu  passer  à  travers  cette  ouver- 
ture, sans  interruption,  d'une  cellule  à  l'autre,  les  fils  plas- 
matiques  chargés  de  granules  de  chlorophylle.  Enfin,  le  fait 
a  encore  été  confirmé  à  l'occasion  de  l'examen  des  zygotes 
reçues  de  Grâtz  Dans  ces  matériaux,  j'ai  en  effet  trouvé, 
outre  les  oospores  et  de  petits  bouts  de  filaments  de  Sphae- 
roplea,  une  multitude  de  petits  disques  ronds  à  surface  un 
peu  irrégulière,  quelques-uns  pleins,  mais  d'autres  percés 
au  milieu  d'une  ouverture  irrégulière,  et  parfaitement  sem- 
blables à  l'image  qu'offraient  les  parois  transversales  de 
l'Algue  vivante,  vues  d'en  haut  (voir  PI.  IV,  fig.  16).  Or  ces 
petits  disques,  comme  le  montrèrent  surabondamment  les 
réactions  chimiques,  n'étaient  autre  chose  que  les  parois 
transversales  ou  poutres  des  filaments  de  Sphaeroplea,  les- 
quelles, isolées  par  suite  de  la  destruction  de  la  paroi  exté- 
rieure, laissaient  maintenant  observer  nettement  toutes  leurs 
particularités;  en  même  temps,  ces  petits  disques  fournissaient 
la  preuve  irréfragable  du  haut  degré  de  résistance  des  parois 
transversales,  restées  intactes,  même  après  la  disparition  totale 
de  la  paroi  à  laquelle  elles  avaient  été  unies. 

Outre  ces  parois  transversales,  naissant  à  une  distance  plus  ou 
moins  grande  les  unes  des  autres,  on  trouve  encore  une  seconde 
sorte  de  séparations,  que  j'ai  qualifiées  ci-dessus  d'irrêgulières. 
Celles-ci  affectent  les  formes  les  plus  capricieuses,  et  ne  sont 
autre  chose  que  des  excroissances  cellulosiques,  qui  peuvent 
se  produire  en  tous  les  points  des  parois  latérales  et  longi- 
tudinales, tantôt  ne  faisant  que  rétrécir  localement  la  cavité 
de  la  cellule,  tantôt  formant  des  cloisons  complètes,  d'une 
énorme  épaisseur.  Il  n'est  guère  possible  de  donner  une 
description  de  ces  excroissances,  mais  les  fig.  17, 18, 19,  21  et  22 
de  la  PL  IV  en  donneront  au  moins  une  idée.  Notons,  qu'elles  se 
rencontrent  fréquemment  en  grande  quantité  dans  les  minces 
extrémités  des  filaments,  et  que  parfois  elles  transforment 
ces  extrémités,  sur  une  certaine  longueur,  en  une  masse 
pleine  et  solide  (voir  fig.  22). 


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SUR   LE   SPHAEROPLEA  ANNULINA    AG.  115 

La  nature  chimiqiiœ  de  toutes  ces  parois  transversales  et 
excroissances  est  la  même.  Toutes  consistent,  de  même  que 
les  parois  extérieures  du  SpJiaeroplea,  en  cellulose;  je  n'ai  pu 
y  découvrir  des  couches  d'autres  substances.  Par  l'addition 
du  chloro-iodure  de  zinc,  toutes  sont  colorées  en  bleu,  les 
parois  transversales  encore  plus  rapidement  et  en  teinte  plus 
foncée  que  les  parois  extérieures.  Au  bout  de  quelque  temps, 
lorsque  l'iode  s'est  en  partie  échappé,  les  unes  et  les  autres 
deviennent  violettes;  les  parois  transversales  et  les  excrois- 
sances, peut-être  à  cause  de  leur  masse  plus  grande,  possè- 
dent encore  cette  teinte  alors  que  les  parois  extérieures  sont 
déjà  décolorées.  On  y  remarque  en  même  temps,  comme 
chez  la  vraie  cellulose,  un  léger  gonflement  à  la  suite  de 
l'action  du  réactif. 

Bien  que  dissemblables  au  premier  coup  d'oeil,  les  parois 
transversales  régulières,  ou  poutres,  et  les  excroissances  irré- 
gulières s'accordent  pourtant,  je  crois,  quant  au  mode  de 
naissance  et  d'accroissement,  et  c'est  ce  qui  explique  les  passages 
qu'on  trouve  entre  les  deux  sortes  de  formes. 

Tandis  que,  lors  du  développement  des  filaments  du  Sphae- 
roplea,  les  parois  extérieures  s'accroissent  par  interposition 
ou  intussusception,  les  parois  transversales  naissent,  de  même 
que  celles  du  Spirogyra  et  d'autres  Algues,  par  l'apposition 
de  couches  de  cellulose  à  la  face  interne  de  la  paroi  exté- 
rieure, et  cela  de  telle  sorte  qu'il  se  forme  d'abord  un  étroit 
anneau,  perpendiculaire  à  la  direction  longitudinale  du  fila- 
ment. Sur  la  coupe  optique  du  filament,  cet  anneau  apparaît 
sous  la  forme  de  deux  petites  protubérances,  situées  diamé- 
tralement vis-à-vis  l'une  de  l'autre  à  la  face  interne  de  la 
paroi  cellulaire  (voir  fig.  15).  Dans  la  suite  de  leur  dévelop- 
pement, il  peut  arriver  que  ces  protubérances,  sans  s'épaissir, 
forment  un  anneau  de  plus  en  plus  large  et  finissent  par 
se  toucher;  la  cloison  séparant  les  deux  cellules  ainsi  créées 
est  alors  devenue  complète,  après  quoi  elle  gagne  en  épaisseur 
par   l'apposition  de  nouvelles  couches  de  cellulose.   D'autres 


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116  N.   W.   P.   RÀUWENHOFF.   RECHERCHES 

fois,  de  nouvelles  couches  se  déposent  sur  toute  la  surface 
des  protubérances,  d'où  il  résulte  un  anneau  parfois  assez 
épais,  mais  ouvert  au  centre.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu,  entre 
autres,  dans  le  cas  représenté  fig.  146.  Sur  cet  anneau  se 
forment  ensuite,  par  l'apposition  de  couches,  soit  d'un  seul 
côté  soit  des  deux  côtés  à  la  fois,  les  gros  bouchons  ou 
tampons  de  cellulose,  qui  rendent  la  séparation  complète 
(voir  fig.  14c). 

A  l'appui  de  ces  vues,  je  citerai,  d'une  part,  l'allure  des 
couches  qu'on  observe  sur  les  anneaux  et  sur  les  tampons 
(v.  fig.  14c,  17,  18,'  22),  couches  qui  indiquent  nettement  la 
direction  des  dépôts  successifs;  d'autre  part,  les  différences 
que  présente,  près  de  ces  dépôts,  la  structure  du  contenu 
de  la  cellule.  En  effet,  parfois  au  contact  immédiat  de  ces 
dépôts,  parfois  à  peu  de  distance,  on  voit,  au  lieu  des  anneaux 
plasmatiques  ordinaires  du  Sphaeroplea,  une  dense  accumulation 
de  plasma  incolore,  de  petits  grains  de  chlorophylle  et  de 
chromatophores  (jusqu'à  5  ou  6);  cette  masse,  lorsqu'elle 
n'est  pas  directement  appliquée  contre  le  dépôt,  s'y  rattache 
par  plusieurs  minces  fils  plasmatiques  incolores  (voir  fig. 
19  et  25),  et  tout  semble  indiquer  que  la  matière  destinée 
aux  dépôts  est  formée  dans  cette  masse,  puis  conduite  au 
lieu  de  destination  par  les  filets  plasmatiques. 

Tous  ces  faits  ressortent  encore  mieux,  lorsque  l'attention 
se  porte  aussi  sur  le  mode  de  production  des  excroissances 
cellulosiques  irrégulières.  Celles-ci  commencent  ordinairement, 
de  même  que  les  anneaux,  par  un  dépôt  en  l'un  ou  l'autre  point 
de  la  face  interne  de  la  paroi  cellulaire,  et  leur  forme  ressemble 
d'abord  à  celle  des  tampons  qui  bouchent  les  anneaux.  On 
dirait  des  tampons  qui,  au  lieu  d'être  attachés  au  bord  d'un 
anneau,  sont  fixés  sur  un  point  quelconque  de  la  paroi  in- 
terne de  la  cellule.  La  fig.  19  en  donne  un  exemple.  Dans 
les  minces  extrémités  de  la  plante  on  trouve  fréquemment 
un  certain  nombre  de  ces  tampons  très-près  les  uns  des  autres, 
et  dans  la  partie  médiane,  plus  épaisse,  il  n'est  pas  rare  non 


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SUR  LE   SPHAEROPLBA   ANNULINA   AG.  117 

plus  qu'ils  soient  assez  rapprochés.  Sur  ces  premiers  dépôts 
de  cellulose  il  s'en  opère  de  nouveaux,  tantôt  dans  une  direc- 
tion, tantôt  dans  une  autre,  pendant  que  le  protoplasina,  avec 
ses  attributs,  s'accumule  dans  leur  voisinage.  De  cette  manière, 
lorsque  quelques-uns  de  ces  tampons  se  trouvent  à  peu  de 
distance  les  uns  des  autres,  tout  en  n'étant  pas  situés  dans 
un  même  plan  perpendiculaire  à  l'axe  de  la  plante,  il  peut 
se  faire  que,  par  leur  accroissement  successif,  ils  en  viennent 
à  se  toucher  et  à  se  souder  entre  eux,  de  sorte  qu'il  se  forme 
finalement  une  paroi  ou  poutre  transversale  plus  ou  moins 
irrégulière.  Le  résultat  de  ce  processus  est  représenté  dans 
la  fig.  19  et,  à  un  état  plus  avancé,  dans  la  fig.  17;  les 
excroissances  sont  faciles  à  reconnaître  à  leurs  contours  fon- 
cés, conséquence  du  grand  pouvoir  réfringent  de  la  masse 
cellulosique. 

Mais  il  peut  arriver  aussi,  une  fois  que  la  tendance  à  Pac- 
croissement  exagéré  de  la  cellulose  existe  dans  le  filament  de 
Sphaœroplea,  qu'entre  deux  parois  ou  poutres  transversales 
rapprochées,  et  déjà  assez  épaisses,  le  dépôt  de  cellulose  se 
continue  d'une  façon  irrégulière.  Dans  ce  cas,  une  certaine 
quantité  de  protoplasma  et  de  chlorophylle  est  incluse  entre 
les  masses  cellulosiques,  où  elle  reste  tant  que  dure  la  vie 
de  la  cellule.  Les  chromatophores,  toutefois,  ne  se  laissent  pas 
distinctement  reconnaître  dans  cette  accumulation  opaque  de 
protoplasma  vert,  et  la  réaction  de  l'iode  montre  qu'ici,  de 
même  que  dans  les  extrémités  pointues  dont  la  cavité  est 
presque  entièrement  remplie  par  les  dépôts  de  cellulose,  il 
n'existe  plus  de  fécule.  La  fécule  a  donc  probablement  servi 
à  la  formation  de  la  cellulose.  M.  Heinricher,  qui  donne  aussi 
une  brève  description  des  tampons  cellulosiques,  est  arrivé 
au  même  résultat  (l.  c,  p.  435). 

De  ce  qui  précède,  il  ressort  que,  comme  je  l'ai  déjà  fait 
remarquer  dans  ma  communication  préliminaire  (Procesverbaal 
der  Zitting  van  26  Mei  1883  der  Kon.  Akad.  v.  Wetemch.  te 
Amsterdam,  et  Botan.  Centralblatt,  T.  XV,  N°  12),  la  formation 


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118  N.    W.    P.   RAUWENHOFF.   RECHERCHES 

des  poutres  transversales  et  des  tampons  de  cellulose  peut 
difficilement  avoir  lieu  conformément  aux  vues  de  M.  Naegeli, 
c'est-à-dire  par  intussusception,  mais  qu'il  faut  plutôt  songer 
à  l'accroissement  par  opposition,  tel  que  l'ont  décrit  M.  Dippel 
et  M.  Strasburger.  De  même  que  les  poutres  du  Caulerpa  ont 
servi  à  ces  derniers  physiologistes  d'appui  à  leur  opinion,  de 
même  celle-ci  peut  être  étayée  par  les  excroissances  cellu- 
losiques du  Sphaeroplea.  Quant  à  savoir  jusqu'à  quel  point  les 
phénomènes  que  présente  le  Sphaeroplea  se  laisseraient  ex- 
pliquer aussi  par  les  idées  que  M.  Wiesner  a  récemment 
développées,  dans  ses  importantes  Untersuchungen  ûber  die 
Organisation  der  vegetabilischen  Zellhaut  (Sitzungsber.  d.  Wien. 
Akad.,  janvier  1886),  au  sujet  de  la  structure  et  de  l'accrois- 
sement de  la  membrane  cellulaire,  c'est  une  question  qui 
demanderait  un  examen  spécial.  Je  noterai  seulement  que  la 
conception  de  M.  Wiesner,  qui  représente  la  paroi  cellulaire 
en  voie  d'accroissement  comme  un  tissu  vivant  à  contenu 
protoplasmique,  et  qui  fait  ainsi  disparaître  la  limite  tranchée 
admise  jusqu'ici  entre  le  protoplasma  et  la  paroi,  que  cette 
conception,  dis-je,  place  dans  un  tout  autre  jour  les  excrois- 
sances cellulosiques  ci-dessus  décrites,  où  fréquemment  une 
certaine  quantité  de  protoplasma  est  englobée  dans  la  masse 
de  cellulose  ;  elle  rend  encore  mieux  compte  de  la  vitalité  persis- 
tante de  ce  protoplasma  inclus  que  ne  le  fait  l'opinion  ancienne, 
suivant  laquelle  on  devrait  le  regarder  comme  plus  ou  moins 
enkysté.  Dans  le  cas  du  Sphaeroplea,  en  effet,  on  n'a  pas 
affaire  à  des  états  de  repos,  tels  que  ceux  trouvés  par  M. 
Stahl  chez  le  Vaucheria  geminata  (Bot.  Zeit.,  1879,  N°  9),  mais 
à  des  plantes  en  pleine  croissance. 

La  formation  des  parois  transversales  en  forme  de  poutres 
paraît  être  pour  notre  Algue  un  phénomène  normal.  Du  moins, 
on  les  trouve  régulièrement,  dans  des  plantes  à  végétation 
vigoureuse  et  évidemment  tout-à-fait  bien  portantes.  M. 
Heinricher  les  considère  comme  l'un  des  caractères  princi- 
paux de  sa  variété  crasmepta  (voir  plus  haut,  p.  96).  Ces  poutres 


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SÛR  tBÎ  SPÔAEROPLBÎA   AtfNULÎNA   AG.  HÔ 

sont,  de  plus,  héréditaires,  M.  Leitgeb  les  vit  pour  la  première 
fois  en  1882  ;  les  plantes  issues  des  zygotes  de  cette  généra- 
tion les  montrèrent  également,  à  Berlin,  chez  M.  Kny,  et  à 
Utrecht,  chez  moi,  aussi  bien  qu'à  Gràtz;  je  les  retrouvai 
encore  dans  la  troisième  génération. 

Les  excroissances  cellulosiques  volumineuses  paraissent 
toutefois  apparaître  de  préférence  dans  des  conditions  parti- 
culières, légèrement  anormales.  Je  les  ai  trouvées  principale- 
ment chez  des  plantes  pauvrement  développées,  surtout  chez 
celles  qui,  placées  dans  des  vases  de  petite  capacité,  devaient 
vivre  dans  une  quantité  d'eau  relativement  faible.  Cela  s'ac- 
corde avec  les  résultats  obtenus  par  M.  Heinricher,  qui  vit 
augmenter  la  tendance  à  former  des  tampons  de  cellulose 
lorsque  les  plantes  étaient  transportées,  de  leur  station  na- 
turelle, dans  un  aquarium.  Considéré  d'un  point  de  vue 
général,  cet  excès  de  production  cellulosique,  dans  des  con- 
ditions vitales  défavorables,  se  rattache  au  fait  bien  connu 
de  l'énorme  épaississement  que  les  parois  cellulaires  peuvent 
acquérir  chez  beaucoup  de  Phanérogames  croissant  sur  un  sol 
aride,  stérile,  qui  ne  leur  permet  qu'une  vie  languissante  et 
souffreteuse.  Rappelons,  par  exemple,  les  groupes  de  cellules 
à  parois  épaisses  qu'on  trouve  dans  les  fruits  rabougris  et 
pierreux  de  certains  pommiers  et  poiriers. 

M.  Heinricher,  qui  a  observé  le  Sphaeroplea  à  l'état  de  nature, 
savoir  dans  le  bassin  d'une  fontaine  de  Gratz,  nous  apprend 
que  les  cellules  se  rompaient  fréquemment  près  des  parois 
transversales,  puis  régénéraient  la  paroi  brisée,  comme  on 
sait  que  le  fait  le  Vauchœria,  et  continuaient  à  vivre;  il  en 
résultait  que,  dans  cette  localité,  les  plantes  adultes  né  pré- 
sentaient que  très  rarement  les  extrémités  flagelliformes  dont 
elles  étaient  pourvues  à  l'origine.  M.  Heinricher  pense  que 
le  choc  produit  par  la  chute  de  l'eau  sur  les  parois  épaissies 
favorisait  beaucoup  la  rupture  et,  par  suite,  la  multiplication 
végétative  de  la  plante;  d'après  lui,  la  formation  d'épaisses 
poutres  et  de  gros  tampons  de  cellulose  serait  donc  un  phé- 


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120  K.   W.   P.   ftAlTWEtfflOFP.    REdIÎERCMEÔ 

nomène  d'adaptation  aux   conditions  particulières   dans  les- 
quelles vivait  le  Sphaeroplea. 

M.  Cohn,  qui  en  1855  avait  rencontré  la  plante  dans  un 
champ  de  pommes  de  terre  inondé  quelque  temps  auparavant, 
ne  dit  rien  de  ces  ruptures,  mais  il  mentionne  au  contraire 
expressément  avoir  trouvé,  même  aux  filaments  multicellu- 
laires les  plus  longs,  les  deux  extrémités  capillaires.  C'est  dans 
cet  état  aussi  qu'étaient  tous  les  exemplaires,  même  les  plus 
développés,  qui  ont  passé  sous  mes  yeux,  mais  je  n'ai  pu 
étudier  que  des  plantes  provenant  des  zygotes  de  Gràtz  et 
cultivées  dans  des  vases  de  verre  contenant  de  l'eau,  ou  dans 
un  aquarium.  Voulant  m'assurer  directement  si  les  chocs 
déterminés  par  la  chute  de  l'eau  pouvaient  avoir  quelque 
influence  sur  la  formation  des  poutres  transversales  et  des 
amas  de  cellulose,  j'ai  pris  une  quantité  de  jeunes  plantules 
récemment  issues  des  zygotes  et  n'ayant  encore  subi  aucune 
division  cellulaire,  et  je  les  ai  partagées  entre  deux  verres 
de  même  grandeur,  placés  l'un  à  côté  de  l'autre  dans  une 
serre  tempérée,  de  façon  que  les  deux  lots  recevaient  une 
chaleur  et  une  lumière  suffisantes  pour  une  végétation  éner- 
gique. Mais  dans  l'un  des  verres  l'eau  restait  en  repos,  dans 
l'autre  elle  était  continuellement  agitée  et  renouvelée  par 
une  série  ininterrompue  de  gouttes  tombant  d'un  réservoir 
placé  à  environ  60  centim.  plus  haut,  tandis  qu'une  quantité 
équivalente  d'eau  s'écoulait  par  un  siphon  débouchant  au 
fond  du  vase,  de  sorte  que,  dans  celui-ci,  le  liquide  était 
maintenu  à  un  niveau  constant.  Dans  chacun  des  deux  lots 
les  plantules  se  développèrent  heureusement  et  dans  chacun 
il  s'opéra  de  nombreuses  divisions  de  cellules.  Mais  je  n'ai 
pu  découvrir  entre  eux  aucune  différence  quant  au  nombre 
ou  à  l'épaisseur  des  poutres  transversales.  Si  donc  il  est  vrai, 
comme  le  prétend  M.  Heinricher,  que  les  accumulations 
cellulosiques  en  question  sont  nées,  par  adaptation,  de  con- 
ditions biologiques  déterminées,  cela  doit  avoir  eu  lieu  anté- 
rieurement, peu  à  peu,  au  cours  d'une  série  de  générations 


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&tm  LB  ÔPHÀEROÊtBA   AttNULItfA   AU.  121 

qui  nous  sont  inconnues  ;  les  circonstances  venant  à  changer, 
ces  accumulations  ne  pourront  non  plus  disparaître  que 
graduellement,  après  une  suite  plus  ou  moins  longue  de 
générations,  car,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  elles  sont  héréditaires  chez 
les  premiers  descendants  de  la  plante  qui  nous  occupe.  En 
ce  qui  me  concerne,  j'inclinerais  plutôt  à  regarder  cette  plante 
comme  une  variété  (Heinricher)  ou  une  espèce  (Kny)  parti- 
culière, dont  les  épaisses  et  solides  parois  transversales  auraient 
pour  utilité  de  renforcer  et  de  garantir  de  la  brisure  ou  de 
l'aplatissement  le  long  filament  à  minces  parois  extérieures, 
tandis  que  les  excroissances  cellulosiques  seraient  dues  à 
une  production  anormale,  s'opérant,  comme  chez  les  plantes 
supérieures,  sous  l'influence  de  conditions  biologiques  peu 
favorables. 


Reproduction  sexuée. 

Un  peu  plus  tôt  ou  un  peu  plus  tard,  selon  que  les  cir- 
constances ambiantes  sont  plus  ou  moins  favorables  à  la  vie 
de  la  plante,  on  voit  se  développer  dans  ses  filaments  les 
organes  reproducteurs.  Le  phénomène  préparatoire  consiste 
en  un  changement  du  contenu  de  quelques  cellules,  lequel 
changement  est  très  différent,  suivant  qu'il  se  formera  des 
spermatozoïdes  ou  des  oosphères.  Parfois,  presque  toutes  les 
cellules  du  filament  adulte,  à  l'exception  des  cellules  filiformes 
terminales,  subissent  successivement  cette  modification.  Mais 
dans  une  même  cellule,  il  ne  se  forme  toujours  qu'un  seul 
des  deux  organes  sexuels^  elle  devient  ou  bien  anthéridie 
ou  bien  oogone.  Les  anthéridies  et  les  oogones,  produits 
par  une  même  plante,  sont  en  nombre  égal  ou  peu  différent. 
Le  plus  souvent  j'ai  vu  se  suivre  quelques  anthéridies  (3  ou  4), 
puis  un  nombre  égal  d'oogones,  mais  parfois  aussi  j'ai  trouvé 
une  série  de  cellules  transformées  alternativement  en  organes 
générateurs  mâles  et  femelles.  M.  Kny  a  fait  la  même  obser- 


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122  tf.   W.   P.   RÀUWÉtfHO*^   RËCHBfcCtfÉS 

vation  (l  c,  p.  261).  Le  Sphaœroplea  annulina  est  donc  monoïque, 
et  il  reste  tel  même  quand  la  plante  n'est  composée  que  de 
deux  cellules;  mais,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  j'ai  aussi 
rencontré  dans  mes  cultures  des  plantules  faibles  ne  con- 
sistant qu'en  une  cellule  unique,  et  qui  ne  donnaient  naissance 
ou  bien  qu'à  des  spermatozoïdes  ou  bien  qu'à  des  oosphères 
dans  ce  cas,  le  nanisme  peut  donc  conduire  à  la  diœcie. 


Anthéridies. 

Lorsqu'une  cellule  doit  se  développer  en  anthéridie,  on 
voit  d'abord,  et  peu  à  peu,  les  grands  chromatophores  de- 
venir plus  petits,  leur  enveloppe  externe  et  leur  anneau  amy- 
lacé disparaître  ;  ce  dernier  est  probablement  dissous  et  con- 
verti en  d'autres  substances.  Plus  tard,  les  pyrénoïdes  eux- 
mêmes  ne  se  retrouvent  plus,  soit  qu'ils  entrent  également 
en  dissolution,  soit  qu'ils  se  désagrègent  en  une  quantité  de 
pyrénoïdes  minuscules  ;  du  moins,  on  voit  bientôt  apparaître 
à  leur  place  un  grand  nombre  de  corpuscules  excessivement 
petits,  de  microsomes.  Les  anneaux  qui  s'étendent  en  travers 
de  la  cellule  conservent  provisoirement  leur  forme,  mais  leur 
couleur  verte  change  très  vite,  faisant  place  d'abord  à  un 
vert  jaunâtre  et  bientôt  après  à  un  brun  clair.  La  chloro- 
phylle du  protoplasma  est  alors  désorganisée,  et  l'aspect  de 
la  cellule  devient  tel  qu'il  a  été  représenté  par  M.  Cohn  dans 
sa  fig.  10a,  PI.  XIII,  et  par  M.  Kny  dans  sa  fig.  2,  PI.  LXIII. 
Ensuite,  les  anneaux  disparaissent  peu  à  peu,  par  suite  du 
déplacement  des  fils  plasmatiques,  et  il  se  forme  un  réseau 
à  larges  mailles  de  microsomes  très  rapprochés  les  uns  des 
autres  et  ordinairement  groupés  en  fils,  autour  desquels  se 
trouvent  d'autres  microscomes,  plus  isolés  et  plus  distants; 
tous  sont  englobés  dans  un  protoplasma  hyalin  et  incolore, 
nettement  limité  par  une  couche  de  revêtement.  Mais,  pas 
plus    que    le    précédent,    cet    aspect    de   la  cellule   n'est  de 


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SttR  I/Ë  SPftAE&OPLEÀ   ÀtttfULmA  ÀG.  123 

longue  durée.    Bientôt  on  voit  les  microsomes  et  le  plasma 
incolore  réunis  en  une  masse  cohérente,  qui  s'applique  à  la 
paroi  cylindrique  et  enveloppe  un  certain  hombre  de  grandes 
vacuoles  ellipsoïdales,  disposées  à  la  file  les  unes  des  autres  ; 
dans  ce  stade,  la  cel^ile  se  présente  donc,  sur  la  coupe  optique, 
comme   divisée   en   une   série   de  grands  espaces  sphériques 
ou  ellipsoïdaux  (les  vacuoles),  d'un  diamètre  presque  égal  à 
l'épaisseur  de  la  cellule,  et  entourés  de  tous  côtés  d'un  pro- 
toplasma contenant  d'innombrables  petits  granules  ou  micro- 
somes  et  nettement  circonscrit  par  une  couche  cuticulaire. 
Ce   protoplasma   ne  possède   une  épaisseur  notable  qu'entre 
les  vacuoles,  où  il  affecte,  sur  la  coupe,  la  forme  d'un  double 
ménisque.  Les  microsomes,  accumulés  surtout  en  couche  dense 
au  pourtour  des  vacuoles,  prennent  insensiblement  un  mou- 
vement vibratoire    et  s'agglomèrent  en  corpuscules  ovoïdes, 
qui   s'accroissent  aussi  aux  dépens  du  protoplasma  incolore 
ambiant.  Le  mouvement,  d'abord  lent,  s'accélère  peu  à  peu, 
surtout   dans   les  parties  extérieures,  voisines  des  vacuoles; 
en  même  temps,  ces  vacuoles  elles-mêmes  entrent  non  seule- 
ment   en  mouvement  vibratoire,  mais  deviennent  aussi  plus 
petites.  Les  corpuscules  ovoïdes  acquièrent  des  contours  nets, 
en  se  rapprochant  de  la  forme  en  poire,  et  bientôt  sont  nés 
les  spermatozoïdes,  qui,  une  fois  pourvus  de  leurs  deux  cils, 
se  meuvent,  avec  une  vitesse  de  plus  en  plus  grande,  d'abord 
autour  des  vacuoles,  puis  bientôt  aussi  à  travers  le  ménisque 
de  protoplasma  qui  les  renferme.  Ce  processus  ne  s'accomplit 
pas  au  même   instant   dans  toutes  les  parties  de  la  cellule, 
mais   il    atteint  successivement  les  différentes  masses  ménis- 
coïdes,   de   sorte  que,  dans  une  même  anthéridie,  on  a  l'oc- 
casion d'observer  simultanément  plusieurs  degrés  de  dévelop- 
pement des   spermatozoïdes.  Peu  à  peu  tout  le  protoplasma 
de  la  cellule  est  employé  à  la  génération  de  spermatozoïdes, 
qui  continuent  à  s'agiter  vivement,  jusqu'à  ce  que,  à  travers 
les  petites  ouvertures   formées  entretemps  dans  la  paroi  cel- 
lulaire, ils  s'échappent  un  à  un  et  vont  se  mouvoir  en  tout 
Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  9 


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124  tf.   W.   P.   RÀtfWENHOFF.   RECHERCHES 

sens  dans  l'eau  ambiante,  pour  chercher  bientôt  une  cellule 
à  oospores,  y  pénétrer  par  une  ouverture  semblable  à  celle 
qui  leur  a  donné  issue,  et  opérer  la  fécondation.  Finalement, 
l'anthéridie  ne  contient  plus  que  quelques  corpuscules  pro- 
toplasmiques  incolores,  ordinairement  j|£ués  au  voisinage  des 
ouvertures  dont  il  a  été  question.  Dans  d'autres  anthéridies, 
toutefois,  je  n'ai  plus  vu  la  moindre  trace  de  contenu.  Peut- 
être  ces  quelques  petits  corps  protoplasmiques  sont-ils  les  restes 
de  spermatozoïdes  non  arrivés  à  développement. 

Les  petites  ouvertures  de  la  paroi  cylindrique  des  cellules  qui 
deviennent  des  anthéridies  ou  des  oogones  se  rétrécissent  de 
dedans  en  dehors,  comme  M.  Kny  Ta  remarqué,  et  pour  cette 
raison  elles  ne  sont  bien  visibles  que  de  côté.  A  la  face  su- 
périeure ou  inférieure  du  filament,  qui  repose  sur  la  table  du 
microscope,  on  peut  très  difficilement  les  distinguer. 

Pour  cette  même  raison,  je  n'ai  pu  reconnaître  le  mode  de 
formation  des  ouvertures,  et  j'ignore  si  l'un  des  autres  obser- 
vateurs du  Sphaeroplea  a  été  plus  heureux;  mais  je  ne  fais 
aucune  difficulté  de  souscrire  à  l'hypothèse  de  M.  Kny  (Z.c, 
p.  262),  suivant  laquelle  ces  ouvertures  doivent  s'être  formées 
à  l'époque  où  le  protoplasma  était  encore  appliqué  contre  la 
paroi  de  la  cellule. 

Ainsi  qu'il  était  à  prévoir,  j'ai  le  mieux  pu  observer  les 
ouvertures  dans  les  anthéridies  d'où  les  spermatozoïdes  avaient 
disparu  et  dans  les  oogones  à  oosphères  ou  oospores  déve- 
loppées. Dans  les  cellules  vides,  elles  étaient  encore  nettement 
visibles,  même  à  la  fin  de  l'hiver.  Le  lieu  de  ces  ouvertures, 
dont  on  compte  un  plus  ou  moins  grand  nombre  (toujours 
plus  de  une)  sur  chaque  cellule,  ne  paraît  être  soumis  à  au- 
cune règle  déterminée.  Tantôt  j'en  ai  trouvé  deux  ou  trois 
assez  rapprochées  l'une  de  l'autre,  tantôt  il  y  avait  entre  elles 
une  distance  notable. 

En  ce  qui  concerne  la  forme  des  spermatozoïdes,  je  n'ai  pas 
grand'chose  de  nouveau  à  communiquer.  Ce  sont  de  petits 
corps    piriformes,    munis   à   leur   extrémité  rétrécie  de  deux 


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SÛR  LE  SPflÀEROPLËA   ANNULItfA  AG.  125, 

longs  cils,  qu'on  ne  peut  voir  distinctement  qu'après  avoir 
tué  les  corpuscules.  Pendant  la  vie,  ces  cils  échappent  à  l'ob- 
servation, par  suite  de  la  rapidité  de  leurs  mouvements.  Suivant 
M.  Heinricher,  l'extrémité  étroite  n'est  jamais  aussi  longue 
ni  aussi  mince  que  la  représente  M.  Cohn,  et  à  cet  égard, 
bien  que  les  dimensions  en  longueur  et  en  largeur  des  diffé- 
rents spermatozoïdes  d'une  même  cellule  ne  laissent  pas  d'offrir 
quelque  différence,  mes  observations  sont  plutôt  d'accord  avec 
celles  de  M.  Heinricher.  La  forme  en  fuseau,  atténuée  aux 
deux  bouts,  dont  fait  mention  M.  Kny,  n'a  pas  passé  sous 
mes  yeux.  J'ai  vu  les  molécules  opaques,  qui  absorbent  faci- 
lement les  matières  colorantes,  accumulées  surtout  aux  deux 
extrémités  et  laissant  au  milieu  une  bande  incolore  simple 
ou  double  (collerette,  suivant  M.  Heinricher,  Le,  p.  440). 
Dans  la  partie  opaque  de  l'extrémité  postérieure  se  trouvent, 
selon  M.  Kny  (J.c,  p.  261),  de  petits  chromatophores  jaunâtres 
et  quelques  granules  incolores,  en  partie  formés  de  fécule. 
M.  Heinricher,  au  contraire,  affirme  que  les  spermatozoïdes 
du  Sphaeroplea  ne  possèdent  pas  de  chromatophores  (ï.c, 
p.  440,  note). 

Ce  dissentiment  entre  les  deux  auteurs  tient  probablement 
à  la  signification  différente  qu'ils  attachent  au  mot  „ chroma- 
tophores." Si  on  le  prend  dans  le  sens  où  il  est  employé  par 
M.  Schmità,  et  qu'on  entende  par  chromatophores  les  corps 
assez  gros,  composés  d'un  pyrénoïde,  d'un  anneau  amylacé 
et  d'une  enveloppe  de  plasma  coloré,  tels  qu'ils  se  trouvent 
dans  lès  cellules  végétatives  du  Sphaeroplea,  M.  Heinricher  a 
incontestablement  raison.  Toute  la  description,  ci-dessus 
donnée,  des  changements  dont  la  cellule  végétative  est  le  siège 
lors  de  la  formation  de  l'anthéridie,  le  prouve  suffisamment. 
Mais,  évidemment,  ce  n'est  pas  dans  cette  acception  que  le 
mot  a  été  pris  par  M.  Kny,  qui  lui-même  dit,  quelques  lignes 
plus  haut,  que  lors  de  cette  formation  les  gros  pyrénoïdes  et 
leurs  anneaux  amylacés  disparaissent.  Je  crois  donc  que,  sous 
le  nom  de  chromatophores,  il  a  voulu  désigner  le  plasma  fine- 

9* 


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126  ti.   W.  t.   ÉAÛWENHOFF,   ÉÉdÔËROHËÔ 

ment  grenu,  de  couleur  jaune  clair,  que  contient  la  partie 
opaque  des  spermatozoïdes.  Quant  à  la  présence,  dans  ceux-ci, 
de  la  fécule,  elle  me  paraît  douteuse.  Dans  l'anthéridie  presque 
adulte  je  n'ai  nulle  part,  au  moyen  de  l'iode,  pu  découvrir 
de  la  fécule,  et,  eu  égard  à  la  fonction  vitale  des  spermatozoïdes, 
il  me  semble  peu  probable  que  cette  substance  s'y  forme.  Je 
ne  me  rappelle  pas  non  plus  que,  dans  les  spermatozoïdes 
de  plantes  analogues,  la  présence  de  la  fécule  ait  été  démontrée 
d'une  manière  certaine. 


Oogones. 

Les  cellules  qui  se  développent  en  oogones,  et  dont  la  place 
dans  le  filament  de  Sphaeroplea  a  déjà  été  indiquée  ci-dessus, 
subissent,  quant  à  leur  contenu,  une  tout  autre  modification 
que  celles  destinées  à  devenir  des  anthéridies.  Lorsque  (condi- 
tion préalable  dans  les  deux  cas)  la  cellule  est  devenue  adulte  et 
contient  un  certain  nombre  d'anneaux  avec  chromatophores, 
grains  de  chlorophylle  et  plasma  incolore,  la  première  prépa-^ 
ration  à  la  formation  de  l'oogone  consiste,  à  ce  que  j'ai  pu 
voir,  dans  l'extension  du  réseau  des  fils  plasmatiques  par 
lesquels  les  anneaux  sont  unis  les  uns  aux  autres.  Cette 
extension  paraît  s'accompagner  d'une  augmentation  de  la 
quantité  de  chlorophylle,  ainsi  que  d'une  augmentation  du 
nombre  et  de  la  grosseur  des  chromatophores,  lesquels  ne  sont 
,  plus  confinés  presque  exclusivement  dans  les  anneaux,  mais 
viennent  aussi  se  placer  entre  ceux-ci,  dans  le  réseau  des  fils 
plasmatiques  ;  il  en  résulte  que  le  contenu  de  la  cellule,  bien 
que  toujours  d'un  vert  vif,  prend  un  autre  aspect  général,  les 
anneaux  étant  en  grande  partie  remplacés  par  un  réseau  à 
larges  mailles,  comme  le  montre  la  fig.  5.  PI.  III. 

Bientôt,  toutefois,  cet  aspect  change  de  nouveau.  Les  chro- 
matophores et  les  grains  de  chlorophylle  situés  au  voisinage 
les  uns  des  autres  se  réunissent,  avec  le  protoplasma  qui  les 


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SUR  LE   SPHABROPLBA   ANNULINA   AG.  127 

entoure,  en  masses  relativement  grandes,  vertes,  opaques  et  de 
forme  irrégulière,  ordinairement  plus  ou  moins  étoilée;  ces 
agglomérations  sont  rattachées  par  une  multitude  de  minces 
fils  plasmatiques  à  la  paroi  cylindrique  de  la  cellule  (ou,  plus 
exactement,  au  plasma  incolore  pariétal),  de  sorte  que  l'en- 
semble donne  l'impression  de  masses  plasmatiques  astériformes 
suspendues  dans  la  cavité  de  la  cellule.  M.  Cohn  et  M.  Kny 
ont  bien  rendu  cet  aspect,  le  premier  dans  ses  fig.  66  et  7a, 
PL  XIII,  le  second  dans  sa  fig,  1 ,  PL  LXIV.  Les  masses  asté- 
riformes ainsi  alignées,  et  dont  le  diamètre  est  souvent  peu 
inférieur  à  celui  de  la  cavité  de  la  cellule,  sont  primitivement 
séparées  Tune  de  l'autre  par  une  couche  plasmatique  très 
mince,  nettement  limitée,  placée  perpendiculairement  à  la  paroi 
cylindrique  de  la  cellule,  et  ayant  toute  l'apparence  d'une 
mince  paroi  transversale.  La  réaction  de  l'iode,  toutefois,  aussi 
bien  que  l'addition  de  substances  déshydratantes,  montre 
immédiatement  qu'il  ne  s'agit  pas  d'une  paroi  cellulosique, 
mais  d'une  petite  couche  de  plasma. 

Au  reste,  l'emploi  des  réactifs  est  superflu,  car,  lors  du 
développement  ultérieur  des  oogones,  on  voit  disparaître  ces 
parois  apparentes.  Bientôt,  en  effet,  il  s'opère  une  contraction 
considérable,  due  à  ce  que  le  protoplasma  expulse  de  l'eau; 
les  rayons  ou  pseudopodes  des  figures  astériformes  sont  résor- 
bés, et  la  pseudo-paroi  transversale  se  dédouble  en  deux 
lamelles,  qui  se  détachent  de  la  paroi  cellulaire,  se  disposent 
chacune  autour  d'une  des  masses  plasmatiques,  et  par  con- 
traction ultérieure  s'appliquent  contre  ces  masses,  qui  prennent 
de  plus  en  plus  la  forme  ovoïde  ou  globuleuse  (comp.  Cohn, 
fig.  7,  PL  XIII;  Kny,  fig.  2,  PL  LXIV). 

Le  contenu  du  jeune  oogone  s'est  ainsi  transformé  en 
une  série  de  corps  ovoïdes  ou  sphériques,  opaques  et  de  cou- 
leur verte,  surtout  au  milieu  Ces  corps,  qui  ne  sont  autre 
chose  que  les  oosphères  presque  adultes,  se  condensent  encore 
davantage  et  sont  alors  verts  dans  toute  leur  étendue,  à  l'ex- 
ception   d'une    petite    partie    incolore    de   la  périphérie,  que 


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128  N.   W.   P.    RAUWKNHQFF.'  RECHERCHES 

M.  Cohn  et  M.  Kny  (l  c,  p,  262)  ont  appelée,  par  analogie 
avec  ce  qui  se  passe  chez  d'autres  Algues,  tache  conceptive 
(Empfàngnmfleck],  parce  qu'on  présume  qu'elle  est  le  siège 
de  l'action  fécondatrice  des  spermatozoïdes.  J'ai  pu  observer 
cette  tache,  dans  quelques  cas,  mais  non  pas  toujours.  Par 
suite  de  la  contraction  dont  il  vient  d'être  parlé,  le  diamètre 
des  oosphères  est  devenu  beaucoup  plus  petit  que  celui  de 
la ,  cellule  ;  aussi  les  voit-on  souvent  se  rapprocher  l'une  de 
l'autre  et  se  disposer  en  une  rangée  double,  de  mapière  à 
laisser  vide  une  partie  de  l'oogone. 

Les  modifications  qui  viennent  d'être  décrites  s'accomplis- 
sent très  rapidement  et  en  même  temps  que,  dans  une  cellule 
voisine,  se  forment  les  spermatozoïdes.  La  paroi  cylindrique 
de  l'oogone  est  maintenant  percée  aussi  des  petites  ouvertu- 
res dont  il  a  été  question  plus  haut,  de  sorte  que  rien  ne 
s'oppose  plus  à  la  fécondation  des  oosphères, 


Fécondation. 

La  fécondation  a  lieu  comme  il  a  été  dit  p.  100,  par  la 
pénétration  des  spermatozoïdes  dans  l'oogone  et  par  leur  union 
avec  les  oosphères.  Il  est  inutile  d'entrer  dans  les  détails 
de  ce  phénomène,  après  tout  ce  qu'en  a  déjà  fait  connaître 
M.  Cohn.  Chaque  fois  que  j'ai  vu  cet  attrayant  spectacle,  j'ai 
trouvé  pleinement  confirmée  la  description  de  réminent  ob- 
servateur. Mais,  pas  plus  que  M  M.  Cohn,  Heinricher  et  Kny, 
je  n'ai  eu-la  chance  de  constater  directement  la  réunion  du 
spermatozoïde  à  l'oosphère.  Pourtant  je  crois  pouvoir  l'ad- 
mettre, car,  peu  de  temps  après  la  fécondation,  lorsque 
l'oosphère  s'entoure  d'une  mince  paroi  et  devient  oospore, 
on  ne  voit  plus  trace  des  spermatozoïdes  et  l'oogone  ne  con- 
tient alors  plus  qu'nn  certain  nombre  d'oospores. 


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SUR  LE  SPHAEBOPLEA   ANNULINA   AG.  129 

Noyaux   cellulaires. 

Il  me  reste  une  question  à  examiner,  celle  de  savoir  8*11 
existe  des  noyaux  dans  les  cellules  du  Sphaeroplea.  C'est  à 
dessein  que  je  n'en  ai  rien  dit  jusqu'ici,  parce  que  je  voulais 
traiter  ce  sujet  dans  son  entier,  et  que,  après  ce  qui  précède, 
je  serai  mieux  à  même  d'y  avoir  égard  aux  différentes  phases 
de  développement  du  Sphaeroplea,  sans  être  obligé  de  rompre 
à  chaque  instant,  par  la  mention  de  détails  étrangers,  le  cours 
de  l'exposition.  A  ce  sujet  se  rattache  d'ailleurs  pour  moi  le 
devoir  personnel  de  reconnaître  l'exactitude  d'une  observation 
de  M.  Heinricher,  contraire  à  l'opinion  que  j'avais  énoncée 
antérieurement, 

Ni  M.  Cohn,  ni  ses  prédécesseurs  Fresenius  !)  et  Ciens- 
kowski  2),  ne  parlent  de  l'existence  de  noyaux  chez  le  Sphae- 
roplea, et  il  en  est  encore  de  même  pour  M.  Alex.  Braun,  là 
où,  dans  son  ouvrage  classique  :  Die  Verjungung  in  der  Natur  3), 
en  traitant  des  divers  modes  de  division  et  de  multiplication 
des  cellules,  il  décrit  aussi  en  détail  la  formation  des  spores 
du  Sphaeroplea.  A  cette  époque,  notre  connaissance  de  la  dis- 
tribution et  de  la  signification  des  noyaux  cellulaires  était 
beaucoup  plus  imparfaite  qu'aujourd'hui,  et  l'on  ne  disposait 
pas  des  puissantes  ressources  optiques  du  temps  actuel;  en 
outre,  la  méthode  de  durcissement  et  de  coloration  des  tissus, 
qui  a  conduit  à  des  résultats  si  inattendus,  n'était  pas  dé- 
couverte, et  il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à  ce  que  personne 
n'eût  trouvé  de  noyaux  dans  notre  genre  d'Algues. 

Mais,  moi  non  plus,  je  n'y  parvins  pas  au  premier  abord.  Bien 
que,  lors  de  mes  premières  recherches  sur  le  Sphaeroplea,  les 
poutres  transversales  si  caractéristiques  et  les  phénomènes  de  la 


i)  Bot.  Zeit.,  1851,  p.  241  et  suiv.  Ce  que  M.  Fresenius,  p.  209,  fig.31, 
indique  comme  vésicule  nucléaire,  ne  me  paraît  pas  être  un  noyau  de 
cellule. 

2)  Bot.  Zeit.,  1855,  p.  777  et  suiv. 

3)  p.p.  176  et  289. 


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130  N.    W.    P.    RAUWENHOFF.    RECHERCHES 

fructification  eussent  attiré  mon  attention  à  un  plus  haut  degré 
que  la  question  de  savoir  si  les  cellules  possédaient  des  noyaux, 
cette  question  ne  fut  pourtant  pas  négligée.  Des  filaments  de 
Sphaeroplea  ayant  été,  suivant  le  précepte  de  M.  Strasburger, 
plongés  pendant  quatre  heures  dans  l'acide  chromique  àl% 
puis  lavés  à  différentes  reprises  avec  de  l'eau  distillée,  ces 
filaments,  devenus  tout  à  fait  incolores,  et  qui  fournirent 
d'ailleurs  d'excellents  matériaux  d'étude,  furent  traités,  mais 
sans  succès,  par  divers  agents  colorants,  notamment  par  la 
solution  de  carmin,  la  cochenille  alunée,rhématoxyline,réosine, 
l'acétate  de  rosaniline.  Dans  leur  plasma  se  montraient,  à  la 
vérité,  les  différences  connues  entre  les  microsomes  et  l'hya- 
loplasma,  dont  les  premiers  avaient  absorbé  la  matière  colo- 
rante, tandis  que  le  second  était  resté  incolore;  dans  les 
chromatophores,  les  pyrénoïdes  se  voyaient  aussi  colorés 
tantôt  plus,  tantôt  moins;  mais,  quant  à  des  noyaux  cellu- 
laires, il  îne  fut  impossible  d'en  découvrir  avec  certitude, 
de  sorte  que,  en  faisant  ma  communication  préliminaire  à 
l'Académie,  dans  la  séance  du  26  mai  1883,  je  crus  pou- 
voir dire  que  les  cellules  du  Sphaeroplea  sont  dépourvues 
de  noyaux. 

Le  même  insuccès  était  réservé,  plus  taid,  à  M.  Kny  '), 
qui  déclara  ne  pas  avoir  obtenu  de  résultats  satisfaisants  par 
l'emploi  du  mélange  d'acide  picrique  et  de  nigrosine,  et  qui, 
resté  dans  l'incertitude  à  cet  égard,  ne  représenta  pas  de 
noyaux  sur  ses  excellentes  „  Wandtafeln",  bien  que  M.  Hein- 
richer  en  eût  déjà  affirmé  l'existence  et  les  eût  même  figurés. 

Ce  dernier  auteur,  dont  les  recherches,  ainsi  qu'il  a  été 
dit  plus  haut  (p.  94),  furent  publiées  quelques  mois  après 
ma  communication,  prétend  que,  chez  le  Sphaeroplea,  les 
noyaux  se  laissent  mettre  en  évidence  avec  une  facilité  par- 
ticulière. Tant  avec  les  matériaux  traités  à  l'alcool  qu'avec 
des  objets  durcis  dans  l'acide  osmique  à  1  %  ou  dans  l'acide 


i)  l  c,  p.  261,  Note. 


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SUR   LE   SPHAEROPLEA   ANNULINA   AG.  131 

picrique,  il  put  obtenir,  par  l'hématoxyline  ou  par  le  picro- 
carmin,  de  bonnes  colorations  des  noyaux.  Pour  différents 
stades  de  développement  du  Sphaeroplea,  il  représente,  bien 
qu'en  des  figures  un  peu  défectueuses  et  incomplètes,  la 
situation  et  le  nombre  des  noyaux  qu'il  a  trouvés.  Dans  une 
note  J),  où  il  combat  ma  conclusion,  M.  Heinricher  fait  en 
outre  remarquer  que  ses  noyaux  ne  sont  pas  des  pyrénoïdes, 
c'est-à-dire,  des  centres  de  boules  d'amidon,  et  que,  tout  en 
n'ayant  pas  accordé  beaucoup  d'attention  à  ces  derniers,  il 
croit  pourtant  qu'ils  se  rencontrent  également  chez  le  Sphaeroplea. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  ce  résultat  m'imposait 
l'obligation  de 'nouvelles  recherches.  Sans  doute,  l'expérience 
m'avait  appris  l'inexactitude  de  cette  assertion  de  M.  Hein- 
richer, que  les  noyaux  du  Sphaeroplea  se  laissent  très  facilement 
déceler;  mais,  antérieurement,  j'avais  aussi  eu  l'occasion  de 
me  convaincre  que,  lorsqu'il  s'agit  d'amener  des  noyaux  dans 
un  état  où  eux-seuls  absorbent  la  matière  colorante  et  la 
retiennent  au  lavage,  le  succès  de  l'opération  dépend  souvent 
de  circonstances  difficiles  à  démêler;  aussi  M.  Strasburger, 
une  autorité  en  cette  matière,  dit-il,  avec  raison:  „il  arrive, 
trop  fréquemment,  qu'un  procédé  de  Coloration,  d'ailleurs 
éprouvé,  échoue  par  des  causes  inconnues,  de  sorte  qu'on  ne 
doit  jamais  fonder  une  conclusion  sur  un  cas  isolé  "  *). 

J'entrepris  donc  de  nouvelles  cultures  (voir  ci*dessus, 
p.  104),  tant  avec  une  partie  des  matériaux  reçus  en  1883 
qu'avec  des  zygotes  plus  récentes,  que  M.  le  professeur  Leitgeb 
voulut  bien  m'envoyer  de  Grâtz;  ces  essais  furent  répétés 
plus  d'une  fois,  et  même  encore,  pour  vérifier  quelques  points 
douteux,  pendant  l'automne  dernier.  J'obtins  ainsi,  en  quantité 
suffisante,  des  objets  d'étude  d'âges  divers,  qui  furent  exa- 
minés à  l'état  frais,  aussi  bien  qu'après  avoir  été  durcis. 
Dans  les  filaments  vivants,  je   ne   pus  jamais  découvrir  de 


i)  l.  c,  p.  438. 

2)  Das  botanische  Practicum,  p.  330. 


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132  N.    W.   P.   RÀUWBNHOIW.   RECHERCHES 

noyaux,  pas  plus  maintenant  que  lors  de  mes  observations 
antérieures.  Pour  le  durcissement,  j'employai  soit  l'alcool,  soit 
l'acide  chomique  à  1  %,  où  les  plantes  restaient  pendant 
quatre  heures,  soit  l'acide  picrique  concentré,  où  elles  séjour- 
naient ordinairement  vingt  quatre  heures,  parfois  un  peu 
plus  lor^gtemps.  Dans  les  deux  derniers  cas,  on  lavait  à 
plusieurs  reprises  avec  une  grande  quantité  d'eau  distillée, 
puis  les  préparations  étaient  trempées  dans  l'eau  pendant 
quelques  jours,  jusqu'à  ce  que  toute  trace  d'acide  libre  eût 
disparu;  les  objets  ainsi  durcis  étaient  conservés,  pour  l'étude 
ultérieure,  dans  le  mélange,  recommandé  par  M.  Strasburger, 
de  1  partie  d'alcool,  1  partie  de  glycérine  et  8  parties  d'eau 
distillée.  A  l'origine,  j'ajoutais  quelquefois  une  goutte  d'acide 
phénique,  pour  prévenir  la  formation  de  moisissures,  mais 
je  renonçai  à  cette  addition  après  avoir  reconnu  qu'elle 
nuisait  parfois  à  la  coloration  subséquente.  Traités  par  l'acide 
chromique,  ou  plongés  dans  l'alcool,  les  filaments  verts  étaient 
complètement  décolorés;  quand  on  avait  fait  usage  d'acide 
picrique,  ils  présentaient  parfois  encore  une  teinte  vert 
jaunâtre,  qui  ne  disparaissait  qu'à  la  suite  d'un  séjour  plus 
prolongé  dans  l'acide,  ou  après  immersion  ultérieure  dans 
l'acide  chromique.  Le  contenu  des  cellules  ainsi  traitées 
était  peu  ou.  point  contracté,  et  les  fils  plasmatiques,  aussi 
bien  que  les  chromatophores  (maintenant  décolorés)  avec 
leur  anneau  amylacé  et  leur  pyrénoïde,  ressortaient  très 
nettement. 

Ces  préparations  furent  soumises  à  l'action  de  diverses 
matières  colorantes,  parmi  lesquelles,  finalement,  lepicrocar- 
min,  la  solution  aqueuse  d'hématoxyline  et  le  carmin  de  Beale 
donnèrent  les  meilleurs  résultats,  la  seconde,  surtout,  lors- 
qu'elle était  restée  quelque  temps  à  l'air  et  partiellement 
changée  en  hématéine-ammoniaque.  Avec  toutes,  je  trouvai 
dans  les  cellules  du  Sphaeroplea  une  multitude  de  très  petits 
noyaux,  souvent  beaucoup  plus  que  n'en  indique  M.  Heinricher. 

Par  le   picrocarmin,  les    noyaux   étaient  colorés  en  rouge 


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SUR  LE  SPHAEROPLEA   ANtfULINA   AG.  133 

jaunâtre  (voir  fig,  12  PL  IV),  lexeste  du  plasma  demeurant  inco- 
lore ;  par  l'hématoxyline,  ils  devenaient  bleus.  Dans  ce  dernier 
cas,  il  arrivait  couvent  que  la  couleur  ne  se  manifestait  bien  que 
24  heures  après  le  traitement  par  l'agent  colorant  et  le  lavage 
à  l'eau«  Après  la  coloration,  tant  au  moyen  du  picrocarmin 
qu'au  moyen  de  l'hématoxyline,  les  préparations  étaient 
placées  dans  le  mélange  précité  d'alcool,  de  glycérine  et  d'eau, 
ou  bien  dans  la  glycérine  étendue,  où  elles  se  conservaient 
parfaitement.  Quelques-unes  d'entre  elles,  aujourd'hui  âgées 
de  plus  de  deux  ans,  ne  sont  encore  nullement  pâlies.  Les 
objets  durcis  dans  l'acide  picrique  se  montrèrent  aptes  à  absor- 
ber les  deux  matières  colorantes;  ceux  dont  le  durcissement  avait 
été  produit  par  l'acide  chromique  s'imprégnaient  facilement 
de  l'hématoxyline,  mais  n'absorbaient  pas  toujours,  également 
bien,  le  picrocarmin.  Par  contre,  j'ai  trouvé  que  le  vert  de 
méthyle,  qui  en  général  rend  de  si  bons  services  pour  la  çok> 
ration  des  noyaux,  ne  convient  pas  au  Sphaeroplm.  La  matière 
colorante  ne  fut  que  peu  ou  point  absorbée. 

Dans  les  derniers  temps,  je  me  suis  surtout  servi  avec  succès 
du  carmin  de  Beale;  après  y  être  restées  pendant  quelques 
jours,  les  préparations  étaient  lavées  à  l'eau,  puis  conservées 
dans  le  mélange  de  glycérine,  d'alcool  et  d'eau,  mélange  qui, 
abandonné  à  l'air,  se  changeait  peu  à  peu  en  glycérine  saturée 
d'eau  dans  les  conditions  hygrométriques  ordinaires;  ainsi 
traité,  le  contenu  des  cellules  n'éprouvait  pas  de  contraction, 
Dans  ce  carmin  de  Beale,  les  noyaux;  devenaient  rouge  carmin, 
avec  une  teinte  encore  plus  foncée  chez  les  nucléoles  ou  les 
microsomes  du  noyau.  Pour  peu  que  la  coloration  fût  intense, 
les  pyrénoïdes  aussi  étaient  légèrement  teintés,  mais  autrement 
que  les  noyaux,  de  sorte  que  ceux-ci  se  distinguaient  de  la 
manière  la  plus  nette.  Dans  ces  essais  —  où  mon  assistant, 
M,  Woltering,  me  secondait  avec  beaucoup  de  zèle,  —  le 
t  hasard  révéla  que  les  variations  de  température  ont  une  influenoe 
très  notable  sur  la  coloration.  Des  filaments  de  Sphaeroplm, 
durcis  par  l'acide  picrique  ou  par  l'acide  chromique,  et  qui, 


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134  N.    W.   P.   RÀUWENHOFF.   RECHERCHES 

après  avoir  été  lavés  à  l'eau  distillée,  étaient  restés  quelques 
jours  dans  le  carmin  de  Beale,  n'avaient  absorbé  que  peu  ou 
point  de  matière  colorante.  Mais  cette  expérience  avait  lieu 
en  hiver,  alors  que  la  température  de  mon  cabinet  de  travail, 
dans  le  laboratoire,  s'abaissait,  le  soir  et  la  nuit,  jusqu'à  2  ou 
3°  C,  ou  même  au-dessous.  Or,  il  suffit  de  réchauffer  jusqu'à 
25°,  tout  au  plus  jusqu'à  30°  C,  pour  que,  en  une  demi-heure 
de  temps,  une  magnifique  coloration  apparût  dans  les  noyaux. 
Une  légère  élévation  de  température  peut  donc  être  souvent 
utile,  lorsque  la  coloration  tarde  à  se  produire  ou  est  très  faible. 
Si  les  méthodes  de  coloration,  dont  il  vient  d'être  parlé;  me 
donnaient  le  moyen  de  découvrir  et  d'étudier  les  noyaux  dans 
des  filaments  de  Sphaeroplm  déjà  développés,  il  n'était  guère 
possible  d'appliquer  ce  traitement  aux  jeunes  plantules  qui, 
à  peine  passées  de  l'état  de  zoospores  à  celui  de  petits  corps 
fusiformes,  ne  mesuraient  que  O^OOÔ — 0mm,008  en  longueur 
et  pas  même  0mm,001  en  largeur.  Lors  de  l'opération  ayant 
pour  but  d'enlever  l'excès  d'acide,  ces  plantules  devaient  être 
entraînées  par  les  eaux  de  lavage,  sans  possibilité  de  les 
retrouver  et  de  les  recueillir.  J'essayai  encore,  après  durcis- 
sement d'une  petite  quantité  de  jeunes  plantules,  de  les  porter 
sur  un  filtre,  de  les  y  laver  jusqu'à  ce  que  l'eau  ne  présentât 
plus  de  réaction  acide,  puis  de  les  enlever  avec  précaution 
mais  ce  procédé,  dont  l'application  eût  d'ailleurs  exigé  plus 
de  matériaux  que  je  n'en  avais  à  ma  disposition,  ne  donna 
pas  non  plus  de  bons  résultats.  Ce  fut  donc  avec  beaucoup 
d'intérêt  que  je  pris  connaissance  d'un  article  de  M.  Pfitzer 
{Deutsche  botan.  Berichte,  I,  p.  44),  qui,  arrêté  dans  ses  recher- 
ches sur  les  Bacillariées  par  la  même  difficulté,  avait,  après 
maints  tâtonnements,  trouvé  dans  le  mélange  de  nigrosine 
et  d'acide  picrique  un  moyen  de  durcir  et  de  colorer  simul- 
tanément, sans  qu'il  fût  nécessaire  d'enlever  la  matière  colo- 
rante en  excès.  J'ai  employé  avec  succès  cette  picro-nigrosine, 
tant  en  solution  alcoolique  qu'en  solution  aqueuse.  Elle  com- 
munique, dans  les  filaments  développés,  une  légère  teinte  bleu 


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StJtt  Lti  SP^ABRÔPtËÀ  ÀttNÛLÎNA   AGk  135 

sale  au  protoplasma,  et  une  couleur  d'un  rouge  brunâtre  foncé 
aux  noyaux,  comme  le  montre  la  fig.  13.  PI.  IV.  Pour  les  jeunes 
états  mentionnés  ci-dessus,  la  méthode  se  laissait  appliquer  par 
l'addition  d'une  goutte  du  réactif  à  une  goutte  suspendue  dans 
laquelle  avaient  germé  des  zygotes.  Plus  tard,  j'ai  réussi  à 
obtenir  aussi  de  bonnes  colorations,  pour  ces  jeunes  états,  à 
l'aide  du  picrocarmin.  Il  est  vrai  que  l'objet  tout  entier  était 
alors  coloré  en  rouge  clair,  mais  les  noyaux,  et  même  les 
nucléoles,  ne  s'en  laissaient  pas  moins  distinguer  d'unç  manière 
nette  et  précise.  Dans  les  fig.  1,  2  et  3  PI.  III,  où  la  coloration  des 
noyaux  a  été  obtenue  par  ce  moyen,  on  a,  pour  plus  de  clarté, 
omis  la  faible  teinte  du  plasma. 

Notons  enfin  que,  si  l'on  veut  apprendre  à  bien  connaître 
les  noyaux  dans  les  divers  états  du  Sphaeroplea,  on  doit,  vu 
leur  extrême  petitesse,  faire  usage  de  grossissements  très  forts. 
Aussi,  dans  les  derniers  temps,  me  suis-je  servi  de  préférence, 
pour  cette  étude,  d'objectifs  à  immersion  homogène,  spéciale- 
ment de  Zeiss  T!B;  j'ai  également  utilisé  avec  beaucoup  d'avan- 
tage les  nouveaux  objectifs  apochromatiques  de  cet  habile 
constructeur,  objectifs  dont  le  grand  angle  d'ouverture  et  la 
pureté  des  images  colorées  m'ont  été  d'un  précieux  secours 
dans  ces  recherches. 

Les  résultats  auxquels  je  suis  parvenu,  par  les  voies  in- 
diquées, sont  les  suivants: 

Dans  les  plantules  très  jeunes,  qui  venaient  de  prendre  la 
forme  de  fuseau,  je  trouvai  un  noyau  unique,  situé  au  milieu, 
arrondi,  renferment  un  nucléole  bien  distinct,  et  de  part  et 
d'autre  du  noyau  on  voyait  un  chromatophore  dans  l'axe 
longitudinal  de  l'objet  (fig.  1)  PI.  III  ;  une  plantule  un  peu  plus 
grande  montrait  deux  pareils  noyaux,  situés  à  égale  distance 
du  milieu  (fig.  2);  une  troisième,  qui  était  plus  de  deux  fois 
aussi  grande  que  la  précédente  et  aussi  un  peu  plus  épaisse 
au  milieu,  possédait  quatre  noyaux,  dont  deux,  un  peu  plus 
petits  et  voisins  l'un  de  l'autre,  étaient  probablement  nés,  peu 
de  temps  auparavant,  de  la  division  d'un  noyau-mère  (fig.  3)  ; 


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136  N.   W.   P.   RAUWENHOFF.   RECHERCHÉS 

dans  cette  plantule  je  trouvai,  outre  les  gouttelettes  d'huile 
qui  existaient  en  plus  ou  moins  grand  nombre  dans  tous  les 
jeunes  individus,  quatre  chromatophores  avec  anneaux  amy- 
lacés distincts  autour  des  pyrénoïdes.  On  voyait  déjà  ici,  cir- 
constance fréquente  dans  les  plantes  plus  âgées,  les  noyaux 
situés  au  voisinage  immédiat  des  chromatophores.  Mes  obser- 
vations confirment  donc  ce  que  M.  Heinricher  a  communiqué 
(l.c,  p.  448)  au  sujet  de  la  présence  et  du  nombre  des  noyaux 
dans  les  individus  très  jeunes.  Pas  plus  que  lui,  je  n'ai  pu 
constater  directement  la  division  des  noyaux,  mais  j'ai  souvent 
vu,  aussi  dans  des  exemplaires  plus  âgés,  deux  noyaux  un 
peu  plus  petits  situés  très  près  l'un  de  l'autre,  à  des  places 
où  ailleurs  il  ne  s'en  trouvait  qu'un  seul;  ces  deux  noyaux 
étaient  en  outre  plus  ou  moins  aplatis  au  côté  par  lequel  ils 
se  regardaient.  J'ai  également  observé,  à  différentes  reprises, 
des  noyaux  de  forme  un  peu  allongée  et  pourvus  de  deux 
nucléoles  (fig.  6  a  et  c),  ce  qui  pouvait  être  considéré  comme 
le  début  d'une  division.  D'après  cela,  il  ne  me  semble  pas 
douteux  que  les  noyaux  du  Sphaeroplea  ne  se  multiplient 
généralement  par  division  en  deux  noyaux-filles. 

A  mesure  que  les  filaments  du  Sphaeroplea  se  développent 
et  que  le  nombre  des  anneaux  augmente,  ce  qui  s'accompagne 
de  la  division  et  de  la  multiplication  des  chromatophores, 
s'opérant  comme  il  est  exposé  en  détail  dans  l'excellent  ouvrage 
de  M.  Schmitz:  Die  Chromatophoren  der  Algen,  p.  90  et  suiv.1,  on 
voit  croître  aussi  le  nombre  des  noyaux  cellulaires.  Ordinai- 
rement chaque  anneau  en  contient  deux  ou  trois,  qui  sont 
en  général  situés  à  proximité  immédiate  des  pyrénoïdes  à 
enveloppes  sphériques  d'amidon,  et  dont  le  nombre  est  souvent, 
mais  non  toujours,  égal  à  celui  des  pyrénoïdes  dans  chaque 
cellule.  Lorsque  les  noyaux  cellulaires  se  trouvent  à  l'état  de 
repos  relatif,  c'est-à-dire,  non  en  voie  de  division,  leur  forme 
est  d'ordinaire  globuleuse  ou  ellipsoïdale,  parfois  plus  ou  moins 
aplatie  en  lentille,  et  leur  centre  est  occupé  par  un  nucléole 
bien  distinct,   auquel  la  matière  colorante  communique  une 


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SÛR  LB  SPHABROPLEÀ   ANNULINA   AG.  137 

teinte  très  foncée.  La  substance  du  noyau  est  alors  assez  ho- 
mogène, bien  que  souvont  aussi  on  y  voie  quelques  petits 
points  foncés  ou  corpuscules  de  chromatine.  Je  n'ai  pu  y 
distinguer  des  figures  nucléaires  déterminées  ou  un  réseau 
de  fils;  en  aucun  cas,  du  moins,  il  ne  m'a  été  possible  d'y 
reconnaître  cette  série  de  modifications  des  corps  chromati- 
niens,  stades  de  division  successifs,  qui  ont  été  décrites,  par 
M.  Strasbtirger  et  par  d'autres  auteurs,  comme  s'opérant  lors 
ce  qu'on  appelle  la  „division  nucléaire  indirecte." 

Il  se  peut  que  la  faible  dimension  de  ces  noyaux,  qui  sous 
des  grossissements  de  plus  de  2000  diamètres  ne  présentent 
qu'une  image  de  quelques  millimètres  de  grandeur,  nous 
empêche  d'observer  de  pareilles  modifications;  j'estime  plus 
probable,  toutefois,  que  chez  ces  cellules  à  noyaux  multiples 
on  a  affaire  à  la  „  division  nucléaire  directe",  dans  laquelle 
ne  sont  pas  parcourues  toutes  ces  formes  différentes,  mais  où 
il  se  produit  un  étranglement  des  noyaux,  précédé  de  l'é- 
tranglement ou  de  la  division  des  nucléoles. 

Avec  la  divion  cellulaire  — *  dans  le  cas  actuel,  avec  la  for- 
mation des  épaisses  parois  transversales,  pourvues  de  tampons 
cellulosiques  de  formes  variées,  —  la  division  nucléaire  n'a 
rien  de  commun.  La  formation  de  ces  parois  a  lieu  par 
apposition  contre  la  paroi  extérieure,  comme  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  p.  115.  Et  là  même  où  les  tampons  en  voie  de 
naissance  ou  d'accroissement  sont  juxtaposés  à  un  anneau 
avec  chromatophores  et  pyrénoïdes,  ou  sont  unis  à  cet  anneau 
par  des  fils  plasmatiques,  là  même  les  noyaux  de  cet  anneau  ne 
diffèrent,  ni  par  la  forme  ni  par  1#  structure,  des  noyaux 
qu'on  rencontre  habituellement  dans  les  anneaux. 

Par  contre,  dans  quelques  cellules  de  filaments  adultes  de 
Sphaeroplea  j'ai  trouvé,  bien  que  l'aspect  des  anneaux  n'eût 
guère  changé,  des  noyaux  si  nombreux  et  de  dimensions  si 
différentes,  que  j'hésitai  longtemps  à  les  reconnaître  comme 
tels.  N'était-il  pas  possible  que  les  gouttelettes  d'huile,  con- 
tenues  dans    le    protoplasma,   eussent  également  absorbé  la 


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138  K.   W.   P.   ïtAtmEMri[OFï,.   BECHËÔCfiES 

matière  colorante?  À  cela,  toutefois,  on  pouvait  répondre  que 
ces  gouttelettes  luisantes  et  réfractant  fortement  la  lumière 
ne  se  présenteraient  sans  doute  pas  avec  les  mêmes  teintes 
que  les  noyaux  cellulaires  durcis;  or,  entre  les  corpuscules 
colorés  il  y  avait  bien  différence  de  taille,  mais  aucune  diffé- 
rence de  teinte  ne  s'y  laissait  constater.  Lorsque  j'eus  reçu 
l'intéressant  mémoire  de  M.  Pfeffer  „  Ueber  Aufnahme  von  Ani- 
linfarben  in  lebenden  Zellen"  (Untersuchungm  a.  d.  botan.  Inst.  in 
Tûbingm,  T.  II),  et  que  j'y  eus  vu  que  les  vésicules  de  tannin 
possèdent  par  excellence  le  pouvoir  d'absorber  la  matière 
colorante,  l'idée  me  vint  que  peut-être  ces  vésicules  avaient 
part  à  la  coloration  de  mes  préparations.  En  conséquence, 
j'examinai  les  cellules  du  Sphaeroplea  à  ce  point  de  vue  spécial, 
mais,  ni  avec  les  sels  de  fer,  ni  avec  le  bichromate  de  potasse, 
ni  avec  le  réactif  recommandé  postérieurement  par  M.  Moll 
(Mcumdblad  v.  Ntôimrwetenschappm,  T.  XI,  p.  27),  je  n'y  pus 
déceler  la  présence  du  tannin. 

De  nouvelles  recherches  vinrent  d'ailleurs  confirmer  mon 
idée  primitive,  que  les  objets  en  question  étaient  réellement 
des  noyaux.  Je  les  reconnus  pour  tels  à  l'aide  de  différentes 
matières  colorantes.  Avec  le  picro-carmin  ils  devenaient  rouges 
(fig.  12),  ayec  la  picro-nigrosine  rouge  brunâtre,  tandis  que 
le  plasma  prenait  une  teinte  bleu  sale  (fig.  13);  avec  l'hé- 
matoxyline  ils  se  coloraient  en  bleu  (fig.  23).  Et  lorsque 
je  les  étudiai  par  les  moyens  optiques  les  plus  perfection, 
nés,  savoir,  à  l'aide  du  nouvel  objectif  aprochromatique  à 
immersion  homogène  de  Zeiss,  possédant  un  angle  d'ouver- 
ture de  1,30  et  une  distance  focale  de  2,0,  je  trouvai  dans 
plusieurs  de  ces  noyaux  des  nucléoles,  et  aussi,  dans  quelques- 
uns,  des  états  de  division,  comme  le  montre  la  fig.  23.  La 
comparaison  avec  d'autres  préparations  m'apprit  que  les  cas 
dont  il  s'agit  représentaient  un  premier  stade  du  processus  de 
la  formation  des  spermatozoïdes.  A  un  moment  où  les  anneaux 
avec  chromatophores  n'offrent  encore  aucune  modification 
notable,  sauf  que  les  fils  plasmatiqu es  qui  les  relient  paraissent 


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SUR    LE   SPHAEROPLEA    ANNULINÀ   AG.  139 

devenir  plus  abondants,  les  noyaux  se  divisent  à  différentes 
reprises  par  voie  d'étranglement,  en  se  nourrissant  aux  dépens  du 
eytoplasma  qui  les  entoure.  Il  n'y  a  pas  nécessairement  égalité 
de  dimension  entre  les  segments" qui  résultent  de  ces  divisions, 
et  chez  tous  la  nutrition  n'est  pas  non  plus  également  active  ; 
de  là  vient  que,  dans  ce  stade,  le  volume  des  noyaux-filles 
peut  être  très  différent. 

Lors  du  développement  ultérieur,  toutefois,  cette  différence 
disparaît  peu  à  peu.  C'est  ainsi  que,  dans  un  stade  plus  avancé, 
représenté  dans  la  fig.  7,  PI.  III,  où  les  noyaux  sont  colorés  par 
le  carmin  de  Beale,  la  plupart  avaient  à  peu  près  la  même 
grandeur..  A  ce  moment,  on  n'y  distinguait  pas  do  nucléoles, 
mais,  bien  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  corpus- 
cules chromatiniens  excessivement  petits,  qtont  les  uns  offraient 
l'aspect  de  petits  points,  les  autres  celui  de  bâtonnets,  sans 
qu'il  fût  possible  toutefois  d'y  reconnaître  des  figures  déter- 
minées. Ces  noyaux,  comme  le  montre  1$  figure,  étaient 
maintenant  distribués  assez  uniformément  dans  la  masse  plas- 
matique  à  grandes  vacuoles  qui  ayait  remplacé  les  anneaux. 
Le  nombre  des  pyrénoïdes  à  enveloppe  d'amidon  avait  diminué, 
mais  pourtant  on  voyait  encore,  épars  dans  le  plasma,  plusieurs 
grands  chromatophores  composés  de  ces  deux  éléments  et 
qui,  dans  la  masse  durcie,  tranchaient  vigoureusement  sur 
leur  entourage. 

Bientôt,  ces  derniers  chromatophores  disparaissent  à  leur 
tour;  l'amidon  est  consommé  et  les  pyrénoïdes  se  divisent  ou 
se  dissolvent  probablement  dans  la  masse  plasmatique;  du 
moins,  ils  ne  sont  plus  reconnaissables  individuellement.  Les 
noyaux,  par  contre,  se  multiplient  encore  davantage.  Ce  stade 
est  représenté  dans  les  fig.  8  et  9.  Dans  l'une  et  l'autre  on 
trouve  un  grand  nombre  de  noyaux  à  contours  nets,  parfois 
allongés,  parfois  de  forme  anguleuse,  contenant  dans  leur 
masse  des  microsomes  de  teinte  plus  foncée,  et  plongés  dans 
un  plasma  finement  grenu,  entrecoupé  de  grandes  vacuoles. 
Dans  la  fig.  9   on   voit  encore  quelques  noyaux  en  voie  de 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  10 


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140  tf.    W.    î\   RÀtJWENHOEtf.    RECHERCHES 

division,  sous  la  forme  de  biscuit,  et  plusieurs  autres  dont 
le  rapprochement,  ainsi  que  Paplatissement  sur  les  faces  tour- 
nées Tune  vers  l'autre,  prouvent  que  la  division  ou  l'étrangle- 
ment est  toute  récente.  Les  noyaux  se  présentent  en  outre, 
d'une  manière  plus  ou  moins  distincte,  comme  centres  de 
corps  plasmatiques  particuliers  de  forme  ellipsoïdale,  les  fu- 
turs spermatozoïdes.  Par  la  suite,  cette  apparence  s'accuse  de 
plus  en  plus,  et  bientôt  les  spermatozoïdes  sont  nettement 
reconnaissàbles,  comme  le  montre  la  fig.  10,  dessinée,  de  même 
que  les  deux  précédentes,  d'après  nature.  Chaque  spermato- 
zoïde contient  un  seul  noyau,  qui  occupe  une  grande  partie 
du  côté  postérieur  élargi;  ce  noyau  est  parfaitement  limité 
et  ordinairement  de  forme  ellipsoïdale.  Dans  la  partie  anté- 
rieure du  spermatozoïde,  il  n'y  a  pas  de  masse  nucléaire. 
Entre  les  spermatozoïdes,  dont  les  cils  ne  sont  pas  encore 
bien  distincts  dans  ce  stade,  on  ne  trouve  plus  de  noyaux. 
Chacun  des  noyaux-filles  devient  donc  partie  essentielle  d'un 
spermatozoïde,  qui,  d'abord  encore  entouré  de  masse  plas- 
matique,  absorbe  celle-ci  dans  la  dernière  phase  de  son  déve- 
loppement; il  en  résulte,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
qu'après  l'essor  des  spermatozoïdes  adultes  il  ne  reste  plus, 
dans  la  cellule  devenue  anthéridie,  aucune  trace  du  contenu 
protoplasmatique,  ou  tout  au  plus  une  trace  à  peine  perceptible. 
Tout  autre  est  le  sort  des  noyaux  dans  les  cellules 
femelles  du  Sphaeroplea.  Ici  encore,  les  apprêts  de  la  re- 
production sexuée  commencent  par  une  modification  de  l'ar- 
rangement des  chromatophores,  des  noyaux  et  du  plasma,  les 
anneaux  que  formaient  ces  éléments  étant  remplacés  par  un 
réseau  à  mailles  plus  ou  moins  larges;  mais,  pendant  cette 
modification,  le  nombre  des  noyaux  n'augmente  pas  sensible- 
ment. Ils  changent  seulement  de  place  et  se  trouvent  alors 
ordinairement  aux  points  nodaux  du  réseau.  Ils  conservent 
leur  forme  ronde  ou  ellipsoïdale,  ainsi  que  leurs  nucléoles 
bien  distincts,  à  teinte  foncée.  Pendant  la  modification  ulté- 
rieure du  contenu  plasmatique,  —  lequel  se  contracte  en  amas 


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SUR  LE    SPRAEROPLEA   AtfNULINA    AG.  141 

irréguliers  ou  astériformes,  unis  par  de  minces  fils  au  plasma 
pariétal,  et, séparés  l'un  de  l'autre  par  des  filaments  plasma- 
tiques  déliés,  dont  l'ensemble  fait  l'effet  d'une  mince  cloison, 
—  les  pyrénoïdes,  avec  •  les  grosses  boules  d'amidon  qui  les 
enveloppent,  restent  intacts,  et  les  noyaux  se  placent  au  centre 
de  l'amas.  En  même  temps,  le  nombre  des  noyaux  paraît 
diminuer.  Tandis  que  chaque  amas  renferme  trois  ou  quatre 
chromatophores  avec  pyrénoïdes  et  anneaux  amylacés,  je  n'y 
ai  trouvé,  comme  l'indique  la  fig.  11,  qu'un  ou  deux  noyaux. 
Là  où  il  existait  deux  noyaux,  ceux-ci  étaient  accolés  l'un 
à  l'autre;  lorsqu'on  n'en  voyait  qu'un  seul,  il  était  grand  et 
un  peu  allongé.  Dans  les  deux  cas,  les  nucléoles  avaient  dis- 
paru, et  on  voyait  les  corpuscules  chromatiniens,  sous  la 
forme  de  points  ou  de  bâtonnets,  distribués  en  figures  irré- 
gulières dans  la  masse  du  noyau.  Selon  toute  apparence,  plu- 
sieurs noyaux  se  confondent  donc  en  un  seul.  Bien  que  je 
n'aie  pas  observé  directement  cette  fusion,  je  la  tiens  pour 
plus  probable  que  la  résorption  de  quelques-uns  des  noyaux 
dans  la  masse  plasmatique.  Il  n'y  a  aucune  raison,  me  sem- 
ble-t-il,  pour  que,  des  noyaux  primitifs  équivalents,  les  uns 
s'évanouissent  et  les  autres  continuent  à  vivre.  Pendant  la 
fécondation,  d'ailleurs,  il  s'opère  certainement  une  fusion  de 
noyaux  lorsque  le  spermatozoïde  disparaît  dans  l'oosphère, 
et  il  en  est  de  même  chez  les  Phanérogames,  dans  le  sac 
embryonnaire;  le  phénomène  n'est  donc  pas  sans  analogues. 
En  tout  cas,  dans  ce  stade  de  développement,  le  nombre  des 
noyaux  est  moindre  que  dans  le  stade  antérieur. 

Dans  les  oosphères,  et  les  oospores  fécondées  qui  ne  sont 
revêtues  que  d'une  seule  et  mince  paroi,  je  n'ai  jamais  ren- 
contré plus  d'un  noyau,  tandis  qu'il  s'y  trouvait  toujours 
2,  3  ou  5  grands  chromatophores  avec  pyrénoïdes  et  sphères 
d'amidon.  C'est  ce  dont  la  fig.  24  PI.  IV  présente  une  couple 
d'exemples.  Le  noyau  y  était  revenu  à  l'état  de  repos, 
avec  nucléoles  distincts. 

Dans  les  oospores  à  paroi  épaissie,  —  l'état  dans  lequel  les 

10* 


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142  N.    W.    P.    RAUWENHOPP.    RECHERCHES 

zygotes  passent  l'hiver, — je  n'ai,  pas  plus  que  mon  devancier, 
pu  déceler  le  noyau  par  les  procédés  de  coloration.  La  paroi 
était  si  résistante  que,  même  après  durcissement  prolongé, 
la  matière  colorante  ne  pénétrait  pas.  Je  présume  toutefois, 
avec  M.  Heinricher,  que  la  zygote  reste  uninucléaire  jusqu'au 
début  de  la  germination.  A  ce  moment,  le  contenu  subit  une 
importante  modification,  qui  s'accompagne  probablement  de 
la  division  des  noyaux,  car  chacune  des  zoospores  ou,  plus 
exactement,  chacune  des  plantules  fusiformes  en  lesquelles 
les  zoospores  se  transforment,  possède  initialement  un  noyau  ; 
or,  d'après  les  idées  courantes,  un  noyau  cellulaire  ne  se  forme 
pas  spontanément,  mais  est  héréditaire. 

De  ce  qui  précède,  il  résulte  donc  que  les  cellules  du 
SphaeropUa  sont  multinucléaires.  Nous  avons  indiqué  le  rôle 
que  ces  noyaux  jouent  et  les  modifications  qu'ils  éprouvent 
dans  la  formation  des  spermatozoïdes  et  des  oosphères,  par- 
ticularités qui,  bien  que  présumées,  n'avaient  pas,  à  ma  con- 
naissance, été  directement  démontrées  jusqu'ici.  Les  noyaux 
se  divisent  par  étranglement,  ils  ne  prennent  aucune  part  à 
la  division  des  cellules.  Mes  observations  harmonisent  par- 
faitement avec  celles  de  M.  Schmitz:  „Die  vielkemigen  Zellen 
der  Siphmœcladiacem"  et  de  M.  Strasburger:  Ueber  den  Their 
lungworgang  der  Zellkeme",  et  je  crois  devoir  rapporter  le  cas 
ici  décrit  à  ce  que  M.  Flemming  a  appelé  la  „ division  nuclé- 
aire directe",  car,  à  mon  avis,  il  ne  peut  être  question  de 
fragmentation  des  noyaux  que  chez  des  organes  d'où  la  vie 
se  retire  et  où  les  noyaux  n'ont  plus  de  rôle  à  remplir. 


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sur  le  sphaeroplea  annulina  ag.  143 

Explication  des  Figures. 


PLANCHE  III. 

Fig.  1.  Jeune  plantule  de  Sphaeroplea  annulina  à  un  seul  noyau,  traitée 
par  le  picrocarmin  ammoniacal.  Le  noyau  coloré  en  rouge  carmin.  Gros- 
sissement 900/4. 

Fig.  2.  Plantule  un  peu  plus  âgée,  à  2  noyaux.  900/1. 

Fig.  3.  Plantule  plus  âgée,  à  4  noyaux.  La  figure  n'en  représente  que 
la  partie  centrale.  900/1. 

Fig.  4.  Partie  d'une  cellule  adulte  de  Sphaeroplea,  après  durcissement 
dans  l'acide  chromique  à  1  °/Q  et  coloration  par  le  carmin  de  Beale.  Le 
segment  contient  trois  anneaux,  dont  chacun  avec  1  ou  2  noyaux  cellulaires 
ky  et  avec  1  ou  2  chromatophores  c,  dans  lesquels  l'anneau  d'amidon  z  et  le 
pyrénoïde  p  se  voient  distinctement.  1500/1. 

Fig.  5.  Partie  d'une  cellule,  traitée  comme  ci-dessus,  dans  laquelle  appa- 
raissent les  premiers  indices  de  la  formation  des  oosphères,  consistant  en 
une  distribution  plus  réticulaire  du  plasma,  des  noyaux  et  des  chromato- 
phores. Les  lettres  c,  &,  p  et  z  ont  la  même  signification  que  dans  la  figure 
précédente.  1500/1 

Fig.  6,  a,  6,  c,  et  d.  Parties  de  cellules,  avec  noyaux  contenantl,2ou3 
nucléoles.  Les  noyaux  colorés  par  le  carmin.  1000/1. 

Fig.  7—10.  Parties  de  cellules  où  se  voient  différents  stades  de  la  formation 
des  spermatozoïdes,  durcies  dans  l'acide  chromique,  puis  colorées  par  le 
carmin  de  Beale.  Dans  la  fig.  7,  les  anneaux  de  plasma  ont  disparu,  les 
chromatophores  avec  pyrénoïde  et  anneau  d'amidon  existent  encore  en 
partie,  le  nombre  des  noyaux  est  augmenté,  et  dans  plusieurs  d'eux  les 
corpuscules  chromatiniens  affectent  un  groupement  particulier.  Çà  et  là,  par 
exemple  en  rf,  d,  on  voit  des  traces  de  division  nucléaire  actuelle.  1200/1 . 
Dans  la  fig.  8,  les  chromatophores  ont  disparu,  les  noyaux  se  sont  encore 
multipliés.  Fig.  9,  comme  la  précédente.  Différents  noyaux  se  montrent 
groupés  deux  à  deux  et  aplatis  sur  les  faces  qui  se  regardent,  en  suite  d'une 
division  récente.  1500/1.  Fig.  10.  Spermatozoïdes  presque  adultes,  au  milieu 
d'un  plasma  incolore,  finement  grenu.  1500/1.  Partout,  dans  les  fig.  7— 10, 
les  noyaux  sont  colorés  en  rouge  carmin. 

Fig.  11.  Parties  d'une  cellule,  après  durcissement  dans  l'acide  chromique 
et  coloration  par  le  carmin  de  Beale,  présentant  quelques  masses  plasma- 
tiques  irrégulières,  plus  ou  moins  étoilées,  qui  se  transformeront  en  oosphères. 
Stade  postérieur  à  celui  représenté  dans  la  fig.  5.  Les  chromatophores  sont 
conservés,  et  dans  chacune  des  masses  encore  unies  par  des  fils  on  voit  1 
ou  2  gros  noyaux  h.  Ceux-ci  sont  colorés  en  rouge  carmin  dans  la  figure 
1500/1. 


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144        N.   W.   P.    EAUWBNHOFF.    RECHERCHES   SUR  &&   ETC. 

PLANCHE  IV. 

Fig.  12.  Partie  d'une  cellule,  où  se  manifestent  les  premiers  indices  de  la 
formation  des  spermatozoïdes,  indices  consistant  en  une  division  multipliée  et 
répétée  des  noyaux.  Les  noyaux  colorés  en  rouge  jaunâtre,  à  la  suite  du 
durcissement  dans  l'acide  picrique  et  du  traitement  par  le  picrocarmin.  540/1 . 

Fig.  13.  Cellule  analogue  et  à  peu  près  dans  le  même  stade,  colorée,  après 
durcissement  dans  l'acide  picrique,  par  une  solution  aqueuse  de  nigrosine . 
Les  noyaux  se  sont  teints  en  rougeâtre,  le  plasma  en  bleu.  540/1. 

Fig.  14,  a,  b  et  c.  Exemples  de  parois  transversales  régulières  des  cellules; 
a.  paroi  transversale  ordinaire,  pleine;  b.  paroi  transversale  annulaire, 
ouverte  au  centre,  vue  en  section  ;  c.  paroi  du  même  genre,  fermée  en  haut 
et  en  bas  par  un  tampon  de  cellulose .  800/1 . 

Fig.  15.  Première  ébauche  d'une  paroi  transversale,  consistant  en  deux 
épaississements  diamétralement  opposés  de  la  paroi  extérieure,  formés  par 
apposition.  800/1. 

Fig.  16.  Deux  parois  transversales  mortes,  isolées,  vues  d'en  haut.  L'une 
d'elles  est  colorée  par  le  réactif  de  Schultz,  pour  montrer  l'ouverture 
centrale.  800/1. 

Fig.  17  et  18.  Exemples  de  parois  transversales  irrégulières  et  d'excrois- 
sances cellulosiques,  montrant  les  couches  dans  de  ces  parois .  800/1 . 

Fig.  19.  Partie  d'une  cellule  vivante.  En  x  excroissance  cellulosique 
locale,  entourée  des  deux  côtés  par  une  accumulation  de  plasma  à  chloro- 
phylle. La  communication  entre  les  deux  parties  de  la  cellule  n'est  pas 
interrompue  par  cette  excroissance,  mais  seulement  rétrécie.  800/1. 

Fig.  20.  Partie  d'une  cellule  avec  des  zygotes  en  germination  ?,  entre 
lesquelles  on  voit  quelques  zoospores  s,  pourvues  des  petits  points  rouges  et 
verts .  Dessinée  d'après  nature .  600/1 . 

Fig.  21  et  22.  Excroissances  de  cellulose.  Fig.  21,  près  de  l'extrémité  du 
filament.  Fig.  22.  Pointe  du  filament  devenue  tout  à  fait  solide  par  la  for- 
mation de  cellulose;  colorée  en  bleu  au  moyen  du  réactif  de  Schultz.  800/1. 

Fig.  23.  Partie  d'une  cellule,  durcie  dans  l'acide  picrique  concentré,  puis 
traitée  par  une  solution  aqueuse  d'hématoxyline,  qui  a  coloré  les  noyaux 
en  bleu.  Premier  stade  de  la  formation  des  spermatozoïdes,  à  peu  près  du 
même  âge  que  celui  des  fig.  12  et  13.  1500  1. 

Fig.  24.  Deux  oospores  fécondées  ou  zygotes,  pourvues  d'une  première 
paroi;  traitées  toutes  les  deux  par  l'acide  chromique,  puis  par  le  carmin 
de  Beale.  Dans  chaque  oospore  1  noyau  (coloré  en  rouge  dans  la  figure)  et 
1  à  3  chromatophores  avec  pyrénoïde  et  anneau  amylacé.  1500/1. 

Fig.  25.  Disposition  des  fils  plasmatiques  et  desv noyaux  près  d'un  tampon 
cellulosique  en  voie  d'accroissement.  Les  noyaux  sont  colorés  par,  le 
carmin.  800/1. 


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LE  RHÉOSTAT  À  VIS, 


PAR 


Th.  W.  ENGELMANN. 


Le  „rhéostat  à  vis",  dont  je  vais  donner  la  description, 
permet,  sous  un  volume  très  petit  et  par  le  simple  mouve- 
ment d'une  vis,  de  faire  varier  d'une  manière  continue,  de- 
puis près  de  zéro  jusqu'à  des  milliers  d'ohms,  la  résistance 
d'un  courant  électrique,  et  de  la  maintenir  constante  à  toute 
hauteur  intermédiaire. 

La  construction  de  ce  petit  appareil  repose  sur  le  fait  bien 
connu  qu'un  courant,  en  passant  d'une  plaque  de  charbon  à  une 
seconde,  en  contact  avec  elle,  éprouve  une  résistance  qui,  entre 
certaines  limites,  dépend  de  la  force  avec  laquelle  les  deux 
plaques  sont  pressées  l'une  contre  l'autre.  Lorsque  la  pression 
croît,  les  points  de  contact  deviennent  plus  nombreux,  de 
sorte  que  la  résistance  diminue.  La  pression  est-elle  abaissée, 
le  nombre  des  points  de  contact  se  trouve  de  nouveau  réduit, 
par  l'effet  de  l'élasticité  du  charbon  :  la  résistance  augmente. 

Quand  la  compression  ne  porte  que  sur  deux  de  ces  plaques 
de  charbon,  les  variations  continues  de  la  résistance  sont  en 
général  restreintes  entre  des  limites  étroites,  insuffisantes  pour 
la  plupart  des  recherches;  mais,  en  augmentant  le  nombre  des 
plaques,  on  peut  à  volonté  élargir  ces  limites  et,  en  même 
temps,  accroître  la  précision  du  réglage. 


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146  TH.    W.    ENGELMANN.   LE   RHEOSTAT   à   VIS. 

C'est  ainsi,  par  exemple,  que  dix  petites,  plaques  d'un 
charbon*  de  pile  très,  bon  conducteur,  ayant  chacune  1  cm. 
de  diamètre  et  0,3 — 0,5  mm  d'épaisseur,  permettent  de  faire 
varier  graduellement  la  résistance  depuis  moins  de  0,1  ohm 
jusqu'à  plus  de  20  ohms;  avec  50  de  ces  petites  plaques  on 
peut  pousser  les  variations  jusque  bien  au-delà  de  200  ohms, 
et  ainsi  de  suite. 

Par  l'emploi  de  charbons  de  qualité  conductrice  différente,  les 
limites  des  variations  de  résistance  se  laissent  encore  étendre 
beaucoup  plus.  Avec  de  la  poudre  de  graphite  ou  de  charbon, 
agglutinée  par  la  gélatine,  on  peut  aisément  confectionner 
soi-même  des  plaques  de  toute  résistance  voulue  et  parfaite- 
ment élastiques,  dont  un  petit  nombre  suffisent  pour  élever 
la  limite  supérieure  jusqu'à  des  centaines  de  mille  ohms. 

Dix  plaques  d'environ  0.2  mm  d'épaisseur  et  1  cm  de  dia- 
mètre, qui,  fortement  serrées  par  une  vis,  ont  une  résistance 
totale  maximum  d'à  peu  près  50  ohms,  permettent,  par  ex- 
emple, de  faire  croître  graduellement  la  résistance  jusque  bien 
au-delà  de  20000  ohms;  dix  plaques  analogues,  mais  conte- 
nant plus  de  gélatine,  se  prêtent  à  des  variations  successives 
comprises  entre  quelques  certaines  d'ohms  et  plusieurs  cen- 
taines de  mille  ohms,  etc. 

En  essayant  le  courant  par  le  téléphone,  par  la  grenouille 
rhéoscopique  ou  par  le  galvanomètre,  on  reconnaît  que  les 
variations  de  la  résistance  suivent  très  régulièrement  les  va- 
riations de  la  pression,  aussi  longtemps  du  moins  que  les 
plaques  restent  serrées  avec  assez  de  force  pour  que  leur 
situation  mutuelle  ne  soit  pas  sensiblement  modifiée  par  de 
légers  ébranlements.  Dans  ces  conditions,  on  trouve  aussi 
pour  chaque  pression  déterminée  une  résistance  constante, 
abstraction  faite,  bien  entendu,  de  l'influence  que  réchauffe- 
ment dû  au  courant  exerce  sur  le  pouvoir  conducteur  spéci- 
fique, influence  à  laquelle  tous  les  rhéostats  sont  soumis. 

La  disposition  particulière  du  rhéostat  à  vis  dépend  en 
partie  de  l'usage  spécial  auquel  il  est  destiné,  mais  elle  reste 


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TH.    W.    ENGELMANN.    LE   RHEOSTAT    à   VIS.  147 

toujours  très  simple.  Le  même  modèle  se  laisse  adapter,  au 
moyen  d'un  simple  changement  dans  le  nombre,  les  dimen- 
sions et  la  qualité  conductrice  spécifique  des  plaques,  à  des 
recherches  très  diverses. 

C'est  surtout  dans  le  domaine  de  l'éclairage  électrique  et 
dans  celui  de  l'électro-physiologie  et  de  l'électro-pathologie 
(diagnostic  et  thérapeutique^  que  le  rhéostat  à  vis  promet  de 
servir  utilement. 

En  ce  qui  concerne  la  première  de  ces  applications,  il 
permet,  comme  vis  à  lumière,  d'un  emploi  aussi  simple  et 
aussi  commode  que  celui  du  robinet  dans  l'éclairage  au  gaz, 
de  faire  varier  à  volonté,  entre  zéro  et  le  maximum  possible,  Vin- 
tensité  lumineuse  d'une  lampe  à  incandescence  unique  ou  de  plu- 
sieurs lampes  réunies  sur  un  même  fil  conducteur.  A  cet  effet, 
l'appareil  est  directement  intercalé  dans  le  circuit,  en  un  point 
quelconque. 

Avec  les  lampes  à  incandescence  de  petit  calibre  (intensité 
lumineuse  de  4  bougies  au  plus,  tension  de  2 — 4  volts),  qui 
suffisent  pour  la  plupart  des  recherches  scientifiques  (micro- 
scopie,  microphotographie,  polarisation,  spectroscopie,  mesures 
ophtalmométriques,  éclairage  des  croisées  de  fils  des  lunettes, 
étoiles  artificielles,  etc.),.  pour  les  besoins  médicaux  (laryn- 
goscope, otoscope,  ophtalmoscope,  etc.),  et  aussi  pour  une 
foule  d'usages  techniques,  le  rhéostat  du  petit  modèle  I, 
représenté  aux  trois  quarts  environ 
de  la  grandeur  d'exécution  dans  la  ^ 

fig.  1,  convient  parfaitement. 

Il  consiste  en  un  petit  tube  d'ébo- 
nite  (ou,  éventuellement,  de  serpentine 
ou  d'ivoire),  long  d'environ  15  mm., 
large  de  10 — 12  mm.,  épais  de  3—4 
mm.,  bien  poli  en  dehors  et  en  dedans, 
et  aux  deux  extrémités  duquel  est  vissé  un  couvercle  en  laiton, 
épais  de  plusieurs  millimètres  et  pourvu  d'une  vis  de  pression. 
L'un  de  ces  couvercles  est  traversé  à  son  centre  par  une  vis, 


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148  TH.   W.    ENGELMANN.    LE   BHÉOSTAT  à   VIS. 

dont  le  mouvement  permet  de  comprimer  un  certain  nombre 
(10 — 20  ou  plus)  de  petits  disques  d'un  charbon  de  pile  ho- 
mogène et  très  bon  conducteur,  épais  chacun  d'environ  QP^fi 
et  librement  superposés  à  l'intérieur  du  tube.  Pour  empêcher 
que  le  charbon  ne  soit  brisé  par  l'extrémité  de  la  vis,  une 
petite  plaque  de. cuivre  ou  d'argentan,  épaisse  d'environ  O""11^ 
est  interposée  entre  cette  extrémité  et  le  disque  supérieur. 
La  petite  tige  filetée,  qu'on  voit  au  bas  de  l'appareil,  sert  à  le 
fixer  sur  la  table  de  travail,  sur  le  support  du  microscope 
ou  de  la  lampe,  ou  sur  tel  autre  objet  qu'on  le  désire* 

Lorsqu'on  opère  avec  des  tensions  un  peu  élevées  (au-delà 
de  5  volts),  qu'on  fait  usage  de  petites  lampes  n'ayant  que 
peu  d'ohms  de  résistance,  et  que  la  résistance  du  reste  du 
circuit  est  également  très  faible,  il  se  peut,  si  le  courant  reste- 
fermé  assez  longtemps,  que  le  rhéostat  s'échauffe  d'une  manière 
sensible  J).  Il  est  bon,  en  conséquence,  de  n'employer  que 
le  nombre  d'éléments  strictement  nécessaire  pour  que  la 
lampe  donne  son  maximum  d'effet  utile.  C'est  aussi  le  plus 
sûr  moyen  de  prévenir  que  le  filet  de  charbon  de  la  lampe  ne 
soit  consumé.  Avec  les  petites  lampes  de  la  construction  la 
plus  nouvelle  '),  qui  suffisent  dans  presque  tous  les  cas 
ci-dessus  énumérés,  on  n'a  besoin,  par  exemple,  que  de 
deux  ou  tout  au  plus  trois  éléments  Bunsen  ou  Grove  de 
moyenne  grandeur,  ou  bien,  de  trois  ou  quatre  des  petits 
éléments  de  Grove  dont  M.  du  Bois-Reymond  a  introduit 
l'usage  dans  les  recherches  physiologiques;  il  en  faut  moins 
encore  pour  les  lampes  du  plus  petit  modèle.  L'emploi  de 
grands  éléments  n'est  indiqué  que  lorsque  la  pile  doit  alimenter 
simultanément  plusieurs  lampes  à  incandescence  branchées 
sur  le  même  conducteur,  et  dont  on  désire  pouvoir  modifier 
séparément  le    degré   de   lumière.    En   effet,   c'est  seulement 


i)  L'échauffement   atteint   dans    tous  les  cas  son  maximum,  lorsque  la 
résistance  du  rhéostat  devient  égale  à  celle  du  reste  du  circuit. 
*)  Je  les  prends  chez  MM.  Greiner  et  Friedrichs,  à  Sttitzerbach. 


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TH.   W.   BNGELMANN.   LE   RHEOSTAT   à   VIS.  149 

dans  le  cas  où  la  résistance  du  conducteur  principal  est 
insensible  par  rapport  à  celle  des  dérivations,  que  le  serrage 
ou  le  desserrage  de  la  vis  du  rhéostat  dans  l'une  des  branches 
n'a  pas  d'influence  appréciable  sur  l'intensité  lumineuse  des 
autres  lampes.  Il  va  sans  dire  que,  dans  le  cas  en  question, 
chacune  des  branches  doit  posséder  son  rhéostat  propre.  Pour 
trois  .petites  lampes  de  4 — 7  volts,  il  suffit  de  trois  éléments 
Grove  hauts  de  15  cm.,  larges  de  12  cm.,  et  profonds  de 
2,5  cm.,  associés  en  série.  Souvent  on  trouvera  avantage  à 
fixer  l'appareil  sur  quelque  masse  conductrice  plus  grosse 
(support  de  la  lampe  ou  du  microscope,  etc.).  Le  mieux  est 
alors  de  faire  entrer  le  Fig.  2. 

tube  lui-même  dans 
cette  masse.  Une  dispo- 
sition de  ce  genre,  très 
commode,  se  voit  dans 
le  fig.  2,  qui  représente, 
environ  aux  \  de  la 
grandeur  d'exécution, 
un  petit  support  de  lampe 
à  incandescence  avec  pied 
en  laiton,  d'abord  con- 
struit pour  les  observa- 
tions au  microscope, 
mais  qui  est  susceptible 
d'un  emploi  très  gêné-  HT""" 
rai  '). 

Lorsque  les  lampes  à 
incandescence  deman- 
dent un  courant  d'une 
tension  supérieure  à  6 
volts,  il  faut  dans  le    i ^  M 


i)  Entre  autres,  comme  porte-électrodes;  ce  sont  alors, au  lieu  des  fils  de 
la  lampe  à  incandescence,  les  électrodes  qu'on  serre  à  vis  dans  le  bras  mobile. 


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150  TH.    W.    ENGELMANN.    LE   RHÉOSTAT   à    VIS. 

rhéostat  un  plus  grand  nombre  de  disques  de  charbon,  et  par 
conséquent  un  tube  plus  long.  Pour  des  lampes  de  10  à  12 
volts  (6 — 8  bougies),  il  suffira  d'un  tube  de  50  mm.  de 
longueur  et  10 — 12  mm.  de  diamètre,  contenant  40 — 50  disques 
de  charbon  de  pile  bon  conducteur;  pour  des  lampes  de 
25 — 30  volts  (10—12  bougies),  on  aura  besoin  dé  100  de 
ces  disques  et  le  tube  devra  donc  avoir  une  longueur  de 
80—100  mm. 

Les  tubes  longs  peuvent  aussi  servir  pour  les  lampes  les 
plus  faibles,  pourvu  qu'on  enlève  un  nombre  correspondant 
de  disques  de  charbon  et  qu'on  les  remplace,  du  côté  de  la 
vis,  par  des  cylindres  de  cuivre.  En  règle  générale,  on  doit 
toujours  veiller  à  ce  que,  la  vis  étant  bien  serrée,  la  résistance 
du  rhéostat,  comparée  à  la  résistance  du  reste  du  circuit,  soit 
assez  petite  pour  que  son  introduction  n'occasionne  aucun 
affaiblissement  sensible  de  l'intensité  lumineuse. 

Avec  des  lampes  à  tension  élevée,  réchauffement  inévitable  du 
rhéostat  exclut  l'emploi  de  tubes  d'ébonite.  Pour  ces  cas,  je  lui 
donne  la  disposition  du  modèle  II  ou  du  modèle  III  (fig.  3  et  4), 
qui  peuvent  d'ailleurs  servir  aussi  pour  les  lampes  les  plus 
petites  et  être  construits  dans  toutes  les  dimensions  voulues. 
La  fig.  3  représente,   aux  deux  tiers  de  la  grandeur  réelle, 

Fig.  3. 


un  exemplaire  du  modèle  II,  qui  suffit  pour  des  tensions 
allant  jusqu'à  25—30  volts.  Un  tube  de  serpentine,  rempli 
de  disques  de  charbon,  entre  librement,  à  chacune  de  ces 
deux  extrémités,  dans  une  douille  en  laiton  soudée  sur  une 


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TH.    W.    ENGELMANN.    LE   RHEOSTAT  à   VIS. 


151 


solide  plaque  du  même  métal.  Ces  plaques,  dont  Tune  est 
traversée  par  la  vis  S,  sont  fixées  à  vis  aux  deux  côtés 
courts  de  la  plaque  rectangulaire  M,  également  en  laiton; 
mais  Tune  d'elles  seulement  est  en  communication  conductrice 
avec  cette  plaque  et,  par  son  intermédiaire,  avec  une  poupée. 
L'autre  poupée  (la  postérieure,  dans  la  figure),  isolée  de  M,  est 
unie  par  un  court  fil  métallique  à  la  plaque  isolée  a. 

Ce  modèle,  tout  comme  le  modèle  I,  peut  être  employé 
soit  dans  la  position  horizontale  soit  dans  la  position  verticale  ; 
on  peut  ou  bien  l'intercaler  en  un  point  quelconque  du  cir- 
cuit, ou  bien  le  fixer  à  demeure  sur  le  support  de  la  lampe, 
sur  un  porte-lumière,  sur  la  table  de  travail,  etc.  Les  petites 
modifications  d'ajustement,  qui  dans  ce  dernier  cas  peuvent 
devenir  nécessaires,  dépendent  des  conditions  d'emploi  spécial 
et  ne  sont  donc  pas  de  nature  à  être  décrites  ici. 

Le  modèle  III  est  représenté,  en  coupe,  dans  la  fig.  4.  Le  tube 
de  serpentine  ou  de  verre  <S,  dans  lequel  sont  empilés  les  disques 


Fig.  4. 


ffl 


M 


? 


...S 


K 


de  charbon,  est  placé  dans 
l'intérieur  du  tube  de  cuivre  K, 
et  repose  librement  sur  le  fond 
d'une  cavité  circulaire  de  la 
plaque  de  laiton  M  qui  forme 
le  pied  de  l'appareil.  Au  moyen 
de  l'anneau  de  cuivre  K  soudé 
W\n  à  son  extrémité  inférieure,  le 
tube  de  cuivre  est  vissé,  avec 
interposition     d'une     matière 


isolante  (ébonite  p.  e.),  sur  la  plaque  M  ;  une  languette  de  cuivre 
le  met  en  communication  avec  la  poupée  a,  également  isolée  de 
M.  La  poupée  b  est  fixée  sur  la  plaque  M  de  manière  à  commu- 
niquer avec  elle.  Sur  l'extrémité  ouverte  du  tube  K  est  vissé 
le  couvercle  en  laiton  traversé  par  la  vis  servant  à  comprimer 
les  charbons. 

Pour  les  usages  de  Vélectro-physiobgie  et  de  Yéleetro-pattwlogie, 
on  peut  se  servir  aussi  bien  du  modèle  I  que  des  modèles  II 


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152  TH.   W.   ENGELMANN.   LE   RHÉOSTAT  â  VIS. 

et  III,  et  tous  se  laissent  déjà  utiliser  dans  leurs  dimensions 
les  plus  réduites.  Quant  au  mode  d'emploi  du  rhéostat,  le 
mieux  sera,  en  général,  de  l'intercaler  directement  dans  le 
circuit  qui  contient  le  corps  humain  ou,  suivant  les  cas,  l'objet 
animal  ou  végétal.  En  ce  qui  concerne  les  disques  de  charbon, 
ils  devront,  à  cause  de  la  forte  résistance  des  tissus  organiques, 
être  faits  d'un  charbon  peu  conducteur.  Ainsi  que  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  10  disques  permettent  déjà  de  modifier  succes- 
sivement la  résistance  depuis  quelques  centaines  d'ohms  jusqu'à 
plusieurs  centaines  de  mille.  Par  ce  moyen  on  est  donc  à 
même,  en  tout  cas,  de  faire  varier  l'intensité  du  courant,  d'une 
manière  continue,  entre  des  valeurs  qui  d'une  part  restent 
bien  au-dessous  de  la  limite  de  l'excitation  et  d'autre  part 
dépassent  de  beaucoup  la  hauteur  nécessaire  pour  l'effet 
maximum. 

Avec  du  charbon  ordinaire,  bon  conducteur,  on  peut  obtenir 
le  même  résultat  en  employant  le  rhéostat  à  vis  comme  circuit 
secondaire,  à  la  manière  du  rhéocorde  de  Poggendorff  et  du 
Bois-Reymond.  Mais  il  est  alors  avantageux,  pour  pouvoir 
graduer  encore  plus  délicatement  l'intensité  des  courants, 
notamment  celle  des  courants  les  plus  faibles,  et  aussi  pour 
éviter  réchauffement  quand  on  emploie  des  forces  électromo- 
trices très  considérables,  d'intercaler  entre  le  rhéostat  et  la 
pile  un  second  rhéostat,  à  résistance  minima  plus  forte  (de 
300  ohms,  ou  plus). 

C'est  ainsi  qu'a  été  construit  le  rhéostat  double  à  commutateur 
représenté,  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur,  dans  la  fig.  5, 
appareil  qui,  sous  un  très  petit  volume,  remplace  un  grand 
rhéocorde  de  du  Bois-Reymond  et  un  banc  de  résistance  du 
plus  fort  modèle,  et  qui  en  même  temps  présente  un  com- 
mutateur et  une  série  de  dispositions  pour  intercaler  ou  exclure 
différents  conducteurs,  soit  directement,  soit  en  dérivation. 

Dans  la  plaque  en  laiton  M,  de  forme  circulaire,  sont  en- 
gagés deux  rhéostats  à  vis  R  et  R  (Modèle  I)  ainsi  que  les 
quatre  poupes  a,  6,  a'  et  b\   De  celles-ci,  a'  seule  est  eti  com- 


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TH.   W.   ENGELMANN.    LE   RHEOSTAT  à   VIS.  153 

munication  conductrice  avec  M,  les  autres  sont  isolées  au 
moyen  d'ébonite.  Deux  lames  de  cuivre  c  et  c',  en  forme 
d'équerre,  sont  également  isolées  de  la  plaque  M  sur  laquelle 
elles  se  trouvent  fixées  ;  les  petits  blocs  rectangulaires  de  cuivre 
d  et  d',  au  contraire,  communiquent  avec  M,  et  respectivement 
aussi  avec  c  et  c  lorsqu'on  met  en  place  les  bouchons  métal- 
liques, qui  autrement  reposent  dans  les  trous  e  et  é  de  la 
plaque   en  laiton.    W  est   le  commutateur,  fixé  sur  M,  mais 

Fig.  5. 


isolé;  c'est  un  axe  vertical  en  ébonite,  surmonté  d'un  bouton 
et  auquel  sont  attachés  deux  systèmes,  isolés  l'un  de  l'autre, 
de  languettes  en  argentan,  formant  ressort.  Les  languettes 
marquées  du  signe  •+•  sont  réunies  entre  elles  (d'une  seule 
pièce),  et  il  en  est  de  même  des  languettes  marquées  du  signe  — . 
Les  deux  courtes  languettes  latérales  -h  et  —  glissent  sur  deux 
atcs  métalliques,  isolés  de  M}  mais  communiquant  respecti- 
vement avec  les  poupées  a  (+)  et  b  ( — )  ;  les  longues  languettes 


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154  TH.    W.   ENGBLMANN.    LE   RHÉOSTAT   à   VIS. 

médianes  (+  et  chaque  fois  une  — )  glissent  sur  les  branches 
courtes  des  pièces  de  cuivré  c  et  c\  De  c  et  c'  partent  des  fils 
de  cuivre  conduisant  respectivement  aux  couvercles  de  R  et 
de  R,  et  R  est  en  outre  réuni  par  un  fil  à  la  poupée  V.  La 
poupée  a  est  mise  en  rapport  avec  le  pôle  positif  de  la  pile, 
la  poupée  b  avec  le  pôle  négatif;  de  a'  et  V  partent  les  fils 
qui  se  rendent  à  la  préparation  ou  au  corps  humain. 

Quand  les  languettes  élastiques  ont  la  position  indiquée 
dans  la  figure,  le  courant  de  la  pile  va  de  la  poupée  a,  par 
les  languettes  (-h),  à  la  lame  métallique  c,  puis,  si  le  bouchon 
d  est  enlevé,  par  le  fil  au  rhéostat  R;  traversant  celui-ci,  il 
passe  dans  la  plaque  M  et  de  là  se  rend,  le  bouchon  d' étant 
retiré,  à  travers  le  rhéostat  R,  à  la  lame  c',  pour  retourner 
enfin,  par  les  languettes  ( — )  et  la  poupée  6,  à  la  pile.  Au 
moyen  de  R  on  peut  donc  introduire  dans  le  circuit  principal 
une  résistance  aussi  forte  qu'on  le  désire.  Pour  exclure  com- 
plètement ce  rhéostat  R,  il  n'y  à  qu'à  mettre  le  bouchon  en 
d  ;  le  courant  passe  alors  directement  de  c,  à  travers  d,  en  M . 
De  même,  si  le  bouchon  est  mis  en  d\  le  rhéostat  R*  se 
trouve  éliminé,  l'électricité  s'écoulant  alors  de  M,  à  travers 
d\  vers  c'. 

De  M  le  courant  peut  se  rendre  -aussi,  à  travers  la  poupée 
a',  au  corps  humain  (ou  à  la  préparation),  puis  revenir  à  la 
poupée  isolée  V,  d'où  il  rentre,  par  le  fil  conduisant  au  cou- 
vercle de  R,  dans  le  circuit  principal.  Lorsque  le  bouchon 
d'  est  retiré,  le  courant  se  partage  donc,  en  M,  en  deux 
branches  :  l'une  allant,  à  travers  a'  et  le  corps,  vers  V  et  de 
là  au  couvercle  de  R,  l'autre  arrivant  à  ce  même  couvercle 
en  traversant  les  plaques  de  charbon  de  R.  Le  rhéostat  R 
forme  donc  la  clôture  secondaire  pour  le  circuit  dérivé  vers 
le  corps,  de  sorte  que,  dans  ce  circuit,  l'intensité  du  courant 
peut  être  augmentée  ou  diminuée  entre  de  très  larges  limites 
par  le  mouvement,  en  arrière  ou  en  avant,  de  la  vis  de  R. 
Si  cette  vis  est  entièrement  desserrée,  la  communication  par 
R  est  interrompue,   et  le  courant  passe  donc  exclusivement 


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TH.   W.   EtfGELMANN.    LBÎ  RHEOSTAT  â  VIS.  155 

à  travers  le  corps.  Exclut-on  aussi,  en  mettant  le  bouchon 
en  d,  le  rhéostat  R  du  circuit  principal,  le  courant  acquiert, 
dans  le  circuit  qui  traverse  le  corps,  le  maximum  d'intensité 
auquel  il  puisse  atteindre.  Le  minimum  absolu  —  ou  même 
l'interruption  complète  —  s'obtient  en  introduisant  le  bouchon 
d',  enlevant  le  bouchon  d  et  desserrant  autant  que  possible 
la  vis  R. 

De  la  figure  il  ressort  immédiatement  que,  si  l'on  tourne 
le  bouton  W  à  droite,  le  sens  du  courant  est  interverti  dans 
le  circuit  d'expérimentation. 

Les  deux  rhéostats  peuvent  aussi  être  introduits  l'un  à  la 
suite  de  l'autre  dans  le  circuit,  qui  alors  ne  subit  pas  de  di- 
vision; il  suffit,  pour  cela,  de  retirer  les  bouchons  d  et  d\ 
de  supprimer  le  fil  qui  joint  c'  à  i?',  et  de  relier  le  fil  qui 
se  rend  au  corps,  non  pas  à  la  poupée  a',  mais  à  la  lame  c'  ; 
si  l'on  veut  se  passer  du  commutateur,  ce  fil  peut  être  con- 
duit directement  vers  la  pile. 

Si,  le  bouchon  d  étant  en  place,  on  enlève  le  fil  qui  joint  R  à 
c,  et  que,  au  lieu  de  faire  partir  de  a'  l'un  des  fils  qui  vont 
au  corps,  on  rattache  ce  fil  au  rhéostat  R,  ce  rhéostat  se  trouve 
introduit  dans  le  circuit  d'expérimentation;  et  ainsi  de  suite. 

La  charge  de  R  se  compose  d'environ  50  disques  d'un 
charbon  mauvais  conducteur,  lesquels  permettent  de  faire  va- 
rier la  résistance,  d'une  manière  continue,  entre  les  limites 
approximatives  de  300  et  300000  ohms  ;  la  charge  de  R'  con- 
siste en  un  nombre  égal  de  charbons  conduisant  bien  l'élec- 
tricité. Le  rhéostat  R  donnant  déjà  le  moyen  d'affaiblir  l'in- 
tensité du  courant,  dans  le  circuit  d'expérimentation,  jusqu'au 
point  où  ce  courant  cesse  d'agir,  il  est  inutile  que  la  résistance 
de  R  puisse  diminuer  jusqu'à  disparition  complète,  ce  qui 
pourrait  être  obtenu  par  l'emploi  de  charbons  conduisant  en- 
core mieux,  ou  de  plaques  de  graphite.  Au  reste,  quand  les 
circonstances  le  demandent,  il  est  toujours  facile  de  remplacer 
la  charge  par  une  autre,  de  conductibilité  soit  plus  grande, 
soit  plus  petite. 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII,  11 


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156  th.  w.  EtfGELtfANri.  le  rhéostat  à  vis, 

La  valeur  de  la  résistance  de  R  et  de  B',  dans  chaque  caà 
particulier,  ne  se  laisse  pas  lire  sur  l'appareil,  car  il  ne  serait 
guère  possible,  semble-t-il,  de  donner  à  celui-ci  une  gradu- 
ation restant  indéfiniment  exacte.  Mais  cela  importe  peu,  vu 
qu'en  général  on  a  intérêt  à  connaître,  non  pas  ces  valeurs 
de  la  résistance,  mais  les  valeurs  de  l'intensité  (plus  rigou- 
reusement, de  la  densité)  du  courant  dans  le  circuit  d'expé- 
rimentation. Lorsque  des  mesures  sont  nécessaires,  il  faut  donc 
intercaler  un  rhéomètre,  comme  c'est  déjà  l'usage  habituel 
dans  la  pratique  médicale  et  comme  on  devrait  le  faire  aussi 
dans  les  recherches  physiologiques.  Ce  rhéomètre  —  pour 
les  besoins  médicaux,  celui  qui  paraît  convenir  le  mieux 
est  un  galvanomètre  apériodique  à  ressort,  de  Kohlrausch  — 
peut  être  introduit  directement  dan»  le  circuit  contenant 
la  partie  vivante,  du  moins  si  l'on  n'a  pas  à  craindre  les 
effets  d'induction  qui  se  produisent  dans  ses  fils  au  moment 
de  la  rupture  et  de  la  clôture  du  circuit.  Si  cette  crainte 
existe,  comme  dans  plusieurs  épreuves  diagnostiques  (dis- 
tinction des  excitabilités  „galvanique"  et  „faradique")  et  dans 
presque  toutes  les  recherches  physiologiques  relatives  à  l'ac- 
tion des  courants  constants  sur  les  nerfs  et  les  muscles,  il* 
faut  avoir  recours  à  un  mécanisme  de  commutation.  Par 
exemple,  les  fils  venant  de  c!  et  de  V  seront  reliés  aux  poupées 
médianes  d'une  bascule  de  Pohl  sans  croix,  dont  l'une  des 
paires  de  poupées  latérales  sera  mise  en  rapport  avec  les  fils 
du  galvanomètre,  l'autre  avec  les  fils  venant  de  la  préparation. 
Il  est  vrai  qu'alors  on  ne  mesure  pas  l'intensité  dans  le  circuit 
même  de  la  préparation;  mais  au  moins  on  mesure  celle  qui 
existe  dans  un  autre  circuit  secondaire  du  rhéostat  R',  et 
celle-ci  peut  sans  erreur  sensible  être  regardée  comme  direc* 
tement  proportionnelle  à  l'intensité  dans  le  circuit  d'expert 
mentation,  à  condition  que  la  résistance  de  R  soit  très  petite 
par  rapport  aux  résistances  du  circuit  indivisé,  du  circuit  gai- 
vanométrique  et  du  circuit  d'expérimentation.  Or  cette  con- 
dition est  facile  à  réaliser  d'une  manière  suffisante.    • 


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TH.   W.   EtfGELMAtftf.   LE   RHEOSTAT   à   VIS.  157 

Très  fréquemment,  d'ailleurs,  on  n'a  besoin  d'aucune  mesure. 
Pour  mettre  en  évidence  l'inefficacité  des  variations  lentes, 
positives  et  négatives,  du  courant,  quelle  que  soit  l'étendue 
de  ces  variations;  pour  démontrer  la  loi  des  secousses  de 
Pflûger,  pour  faire  ressortir  l'êlectrotonus  de  du  Bois-Reymond 
ou  celui  de  Pflûger,  dans  leur  dépendance  de  l'intensité  du 
courant,  il  suffit  du  rhéostat  à  vis,  simple  ou  double,  sans 
galvanomètre.  Il  en  est  encore  de  même  pour  la  compen- 
sation des  forces  électromotrices,  tant  qu'il  ne  s'agit  pas  de 
mesurer  ces  forces. 

Notre  petit  appareil  pourra  donc,  dans  un  grand  nombre 
des  cas,  remplacer  avantageusement  les  rhéostats  compli- 
qués, encombrants  et  dispendieux  en  usage  jusqu'ici,  et  cela 
d'autant  mieux  que,  sous  plus  d'un  rapport,  il  les  surpasse 
tous  notablement,  en  ce  qui  concerne  la  nature  et  l'étendue 
de  ses  applications. 

Tous  les  modèles  décrits  dans  cette  note  peuvent  être 
obtenus,  très  solidement  exécutés,  chez  M.  D.  Kagenaar, 
mécanicien  de  l'Institut  physiologique  d'Utrecht. 


11* 


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RÈGLE   GÉNÉRALE 

POUR  LA 

FORME  DE  LA  TRAJECTOIRE  ET  LA  DURÉE  DU 
MOUVEMENT  CENTRAL, 

PAR 

G.  SCHOUTSN. 


Introduction. 

1.  Bien  que  le  nombre  des  cas  où  le  mouvement  central 
se  laisse  déterminer  d'une  manière  complète  soit  relativement 
petit,  vu  que  ce  nombre  dépend  des  progrès  faits  par  la 
théorie  des  fonctions,  on  peut  reconnaître  à  priori  la  possi- 
bilité d'établir  les  conditions  dans  lesquelles  se  produisent  les 
différentes  formes  de  trajectoires. 

Le  principe  des  aires  et  celui  de  la  conservation  de  l'énergie 
nous  permettent  de  juger  si  la  trajectoire,  lorsqu'elle  conduit 
à  l'espace  infini,  le  fait  par  une  branche  de  nature  hyper- 
bolique ou  de  nature  parabolique,  ou  bien  sous  la  forme  d'une 
spirale;  de  même,  ils  nous  apprennent  si  la  trajectoire,  dans 
le  cas  où  elle  conduit  au  centre,  s'en  approche  sous  la  forme 
d'une  spirale  à  circonvolutions  en  nombre  fini  ou  en  nom- 
bre infini. 

Il  est  plus  difficile  de  décider  si  la  trajectoire  s'étendra, 
ou  non,  jusqu'à  l'infini  ou  jusqu'au  centre. 

La  possibilité  d'établir  aussi  des  règles  générales  pour  cette 
partie  de  la  question  m'a  été  démontrée  de  la  manière  suivante. 

Si  l'on  passe  en  revue  les  conditions  sous  lesquelles  apparaît 


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G.   SCHOUTEN.   REGLE   GENERALE   ETC.  159 

Tune  ou  l'autre  forme  de  trajectoire  dans  un  mouvement 
central  complètement  déterminable,  on  remarque  que  dans 
aucune  d'elles  ne  manque  la  quantité  C,  c'est-à-dire  le  double 
de  Taire  décrite  par  le  rayon  vecteur  pendant  l'unité  de  temps. 

Ensuite,  une  équation  différentielle  du  mouvement  fait  voir 
que  l'accélération  radiale,  c'est-à-dire  l'accélération  avec  la- 
quelle a  lieu  l'allongement  ou  le  raccourcissement  du  rayon  vec- 
teur, est  de  même  signe  que  l'expression  C*  —  Fr*y  où  F  désigne 
l'accélération  de   la  force  motrice  à  la  distance  r  du  centre. 

Ainsi,  pour  des  distances  croissantes,  la  vitesse  radiale 
croîtra  ou  décroîtra,  aussi  longtemps  que  C2  restera  plus 
grand  ou  plus  petit  que  Fr3. 

Or,  l'annulation  de  la  vitesse  radiale  indiquant  un  renver- 
sement du  sens  du  mouvement  par  rapport  au  centre,  on 
voit  qu'il  sera  possible  d'établir  une  règle  générale  pour  la 
forme  de  la  trajectoire  en  résolvant  le  problème  suivant:  Le 
point  mobile  étant  supposé  s'avancer,  à  partir  d'un  même 
lieu,  dans  différentes  directions,  mais  de  telle  sorte  que  l'aire 
décrite  par  le  rayon  vecteur  dans  l'unité  de  temps  ait  pour 
toutes  les  trajectoires  une  même  grandeur,  déterminer  les 
différentes  formes  de  trajectoires  sur  lesquelles  le  mouvement 
devra  s'accomplir. 

J'ai  réussi  à  obtenir  une  esquisse  complète  du  mouvement 
dans  chacune  des  hypothèses  suivantes  :  a.  la  force  est  répul- 
sive; b.  la  force  est  attractive  et  Frz  est  constant;  c.  Fr*  est 
une  fonction  croissante  de  r;  d.  FV*  est  une  fonction  décrois- 
sante de  r. 

Un  tableau  qui,  à  l'aide  de  symboles  représentant  les  types 
de  trajectoires,  donne  un  aperçu  des  résultats  trouvés,  conduit 
dès  le  premier  coup  d'œil  à  présumer  que  les  conditions  sous 
lesquelles  les  formes  de  trajectoires  apparaissent,  se  laissent 
exprimer  au  moyen  de  quatre  quantités,  savoir,  V énergie  totale 
du  point  mobile,  celle  de  la  force  motrice,  celle  de  la  force  C2r~* 
et  celle  dit  mouvement  circulaire.  L'étude  ultérieure  confirme 
cette  présomption. 


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160  G.   SCHOUTKN.    RÈGLE   GENERALE   POUR 

Une  fois  que  les  résultats  trouvés  eurent  ainsi  été  amenés 
sous  un  môme  point  de  vue,  il  devint  facile  d'établir  une 
règle  générale  pour  déterminer  la  forme  de  la  trajectoire. 


CHAPITRE  I. 

Transformation  des  équations  différentielles. 

2.  Si  F  est  l'accélération  de  la  force  motrice,  prise  positive 
lorsqu'elle  est  dirigée  vers  le  centre,  et  si  r  et  6  désignent 
les  coordonnées  polaires  du  point  mobile,  les  équations  dif- 
férentielles du  mouvement  sont 

x"=-FV\ 

a) 

où  x  =  r  cos  Q y  y  zzr&inâ  représentent  les  coordonnées  rec- 
tangulaires du  point  mobile,  et  %">  y"  les  dérivées  secondes 
de  x  et  y  par  rapport  au  temps  t. 

En  multipliant  la  première  des  éq.  (1)  par  y,  la  seconde 
par  x}  puis  soustrayant  les  nouvelles  équations  l'une  de  l'autre, 
on  a  d(xy'  —  x'y)  =  0,  ou,  après  intégration  et  introduction  de 
coordonnées  polaires; 

«  dâ       n 

0  représentant  la  constante  de  l'intégration. 

Si  la  première  des  éq.  (1)  est  multipliée  par  2x',  et  la 
seconde  par  2  y',  la  somme  de  ces  nouvelles  équations  donne 

w  +  ^^-Fi&Lpn, 

ou,  après  intégration  et  introduction  de  coordonnées  polaires  : 

v%  =  —  2  f  Fdr, 
où  v  représente  la  vitesse  du  point. 


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LA  FORME  DE  LA  TRAJECTOIRE   ETC.  161 

De  l'équation: 

=  v  -\rTt)  =vi~ltr 


r 
il  suit  d'ailleurs 


fC*  —  Fr» 


ir'1=j:1-^dr 


r 


C*  —  Fr* 


r 


3 


et 


■       ('£)•  =  (&)•="•-<>■••••» 

L'intégration  de  cette  dernière  équation  (2)  donnera  la 
connaissance  complète  du  mouvement.  D'elle  dépendent  les 
équations  suivantes: 

''t=c< m 

C2 Frz 

*•"    =^V^ <4) 

\   «»  z=\vS—jrFdr,  .  .  . (5) 

^—Ff—  dr, (6) 


r* 


Vq  représente  la  vitesse  du  point,  et  r'0  sa  vitesse  radiale, 
lorsque  le  rayon  vecteur  a  une  longueur  r0. 

3.    De  Téq.   (3)  il  suit  que,  pour  r  =  oo ,  r  -r-  est  égal  à 

CLt 

zéro,    de   sorte   que,   pour   cette    valeur   r  =r  oo    on    a  lim. 
r'2  =lim.  v1. 

En  représentant  par  l  la  distance  du  centre  à  une  tangente 
à  la  trajectoire,  de  sorte  que  Czzilv,  on  trouve 

l  =  0  pour  v  =  oo 

oo>Z>0      „       0<v<oo 

Z  =  oo     „  v  =  0 


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162  G.    SCHOUTEN.    REGLE   GENERALE   POUR 

Si  donc,  pour  r  =  oo ,  on  a  lim.  v  =  0,  et  par  conséquent 
l  =  oo ,  la  trajectoire  n'a  pas  d'asymptote,  de  sorte  qu'elle 
doit  être  une  courbe  de  nature  parabolique  ou  une  spirale 
d'un  nombre  infini  de  circonvolutions. 

Si  lim.  v  a  une  valeur  finie  pour  r  =  oo ,  la  trajectoire 
possède  une  asymptote,  qui  ne  passe  pas  par  le  centre. 

Si,  enfin,  on  a  lim.  v  =  oo  pour  r  =  oo ,  la  trajectoire 
possède  une  asymptote  passant  par  le  centre; 

4.  Supposons  que,  à  un  certain  instant  du  mouvement  qui 
s'opère  sous  l'action  de  la  force  accélératrice  F,  on  ajoute  à 
l'accélération  existante  une  accélération  nouvelle,  qui  soit  en 
raison  inverse  du  cube  de  la  distance,  et  que  nous  représen- 
terons par  ±  [i  r~3  ;  il  suit  alors,  de  l'équation  v2  =r  —  12  Fdr, 

que  v2  est  augmenté  de  ±  /*  r~T,  et  par  conséquent  r1  v2 
de  ±  /*,  de  sorte  que  les  équations  du  mouvement  (2),  écrites 
maintenant  sous  la  forme: 

mettent  en  évidence  la  propriété  suivante  du  mouvement 
central  : 

Le  changement  qu'un  mouvement  central  éprouve,  lorsque  Vac- 
célération  existante  est  augmentée  d'une  accélération  nouvelle  ±  p  r~l , 
peut  être  conçu  comme  consistant  en  une  rotation  du  plan  de  la 
trajectoire  primitive  autour  du  centre,  effectuée,  à  chaque  instant, 
avec    une    vitesse    angulaire   égale,    en   grandeur   et   en   sens,   à 

(  1/    1  ^F  JL  —  1  j  fois   la  vitesse-  angulaire  avec   laquelle  le 

rayon  vecteur  tourne  dans  la  trajectoire  primitive. 

5.  De  l'équation  (4),  il  résulte  que  l'accélération  radiale  r" 
a  le  même  signe  que  l'expression  C2  —  Frz.  En  conséquence, 
nous  considérerons  le  mouvement  central  dans  les  hypothèses 


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LA   FORME   DE   LA   TRAJECTOIRE   ETC.  163 

dFrz 
suivantes,  en   représentant  Fr*  par  <p(r)  et  —= —  par(j>'(r): 

a.  La  force  est  répulsive,  donc  q>  (r)  <  0  ; 

b.  La  force  est  attractive,     et  q>  (r)  constant  ; 

c.  La  force  est  attractive,     et  qp'(r)  >  0  ; 

d.  La  force  est  attractive,    et  qp'(r)  <  0. 


CHAPITRE  II. 

La  force  motrice  est  répulsive. 

6.  Dans  ce  cas,  l'accélération  radiale  est  constamment  posi- 
tive. L'équation  (6)  devient 


y 


/.^i/.+Z'Çii 


Puisque 

fuCi+Fr»  fr.C*dr 

I     —U—dr>j     — =«' 

0  0 

r'  s'annulera  nécessairement  pour  une  certaine  valeur  r,  <  r0 
du  rayon  vecteur.  On  a  alors 

,.       r  0  C*  +  i^r  ■»  ,        r  r  2  (?2    ,         „2   /  1        1  \ 
r   =/   2^^—  dr>j  l*-dr  =  C2  (ï}"F>)> 

par  conséquent 

.   m*         r.rdr  ,n       Gdr  r.dr 

±Cdt<. — i  ,      d6=—r-F   < J 

\/r%  —  r,2  r**         rsyr*—r% 

En   représentant  par    Tr  le  laps    de  temps  dans  lequel  le 

point  arrive  de  la  distance  r  à  la  distance  inhuma  r,,  et  par 
Or  l'angle  dont  le  rayon  vecteur  tourne  pendant  cette  durée,  on  a: 


'.  C 


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164         G.  SGHOUTEN,  REGLE  GENERALE  POUR 


<.■«"•*  M/yiï^f 


Il  suit  de  là  que  la  trajectoire  ne  passera  jamais  par  le 
centre;  avant  que  le  rayon  vecteur  n'ait  tourné  d'un  angle 
droit,  elle  s'infléchira  et  s'étendra  ensuite  vers  l'espace  infini, 
par  une  branche  ayant  une  asymptote. 

7.  La  valeur  limite  de  la  vitesse  radiale,  et  par  conséquent 
aussi  celle  de  la  vitesse  réele,  est  finie  ou  infinie  en  même 

temps  que  I    Fdr,  c'est-à-dire  en  même  temps  que  le  travail 

exécuté  par  la  force  motrice  lorsqu'elle  porte  le  point,  d'une 
distance  finie,  à  une  distance  infinie  du  centré. 

Si  ce   travail   est  fini,  soit  I   Fdr  —  A,  l'asymptote  de  la 

trajectoire  ne  passe  pas  par  le  centre  (§3);  tel  est  le  cas,  par 
exemple,  pour  le  mouvement  produit  bo^s  l'action  d'une  force 
obéissant  à  la  loi  i*r-%,  mouvement  qui  s'opère  suivant  une 
branche  d'hyperbole  ne  contournant  pas  le  centre  d'action, 
situé  au  foyer  de  la  branche  opposée* 
Le  temps  T™ ,  que  le  point  met  à  aller  de  la  distance  minima 

jusqu'à  une  distance  infinie  du  centre,  se  déduit  de  l'équation 

,    ,±  dr  r.  rdr 

±dt=z > —  > * 


v*r 


•rC*  +  Fr*  y/C*{r*  —  T*)  +  %Ar?r* 
^r 


rdr 


2A  + 

'on  pose 

*""  • 

C*  r*        _ 

C*  +  2  À  r,5  ~" 

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LA   FORME   PB   LA   TBÀJECTOIRB    ETC.  165 

Par  conséquent: 

8.    Si,    au   contraire,   on   a         F  d  r  =  oo  ,   la   tiftjectoire 

possède  une  asymptote  dirigée  vers  le  centre  (§  3)  ;  tel  est  le 
cas,  par  exemple,  pour  le  mouvement  sous  l'influence  de  la 
force  Fzzpr,  lequel  a  lieu  suivant  une  branche  d'hyperbole 
dont  le  centre  coïncide  avec  le  centre  d'action. 

Le  laps  de  temps  dans  lequel  le  point  parcourt  la  trajectoire 
entière  peut  être  fini.  En  effet,  de 


"[/    C1  (r*-r*)  +  2r*r>  T Fdr 

il  suit 

±dt<: !  , 

]/     2r*r*  jr  Fdr 

ri 
par  conséquent 

dr 


-<f 


-VH 


Fdr 


intégrale  qui  peut  avoir  une  valeur  finie. 
En  posant,  par  exemple: 

F={(n+  l)pr», 


on  a 


s/**" 


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166  G.   SCHOUTBN.    RÈGLE  GÉNÉRALE   POUR 

Remplace-t-on    maintenant   n  par   2  4-*,*   désignant  un 
nombre  positif  quelconque,  on  trouve: 


dr 


^     _,[*  dr  _\±1 

<ri    21      —  :  =  7rrt        2    , 

*      \/(r—  rt)r* 

de  sorte  qu'en  un  temps  fini  le  point  arrivera  avec  une 
vitesse  infinie  à  une  distance  infinie,  s'il  est  repoussé  avec 
une  force  proportionnelle  à  une  puissance  de  la  distance  dont 
l'exposant  ne  soit  pas  inférieur  à  2. 

9.  Les  résultats  obtenus  se  laissent  résumer  de  la  manière 
suivante  : 

La  trajectoire  décrite  sous  Vaction  d'une  force  répulsive  est 
toujours  de  nature  hyperbolique.  Le  centre,  situé  sur  Vaxe,  n'est 
pas  contourné  par  la  trajectoire. 

Les  asymptotes  ne  passent  pas  par  le  centre  dans  le  cas  où  le 
travail  que  la  force  motrice  doit  exécuter  pour  porter  le  point  à 
une  distance  infinie  du  centre,  a  une  valeur  firtie. 

Lorsque,  au  contraire,  ce  travail  est  infiniment  grand,  les  asym- 
ptotes passent  par  le  centre  et  la  durée  du  mouvement  peut  être  finie. 


CHAPITRE  III. 
La  force  fir"z. 
10.  D'après  l'éq.  (4),  on  a  r"  =  0  pour  C2— /*  =0. 

Dans  le  cas  de  C1  =  fi,  la  vitesse  radiale  aura  une  valeur 
constante  et  la  trajectoire  conduira  d'un  côté  jusqu'au  centre, 
de  l'autre  côté  jusqu'à  une  distance  infinie. 

La  solution  complète  donne: 


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r  = -j—^ ,        <-la  = 


LA  FORME  Dïïi  LA  TRAJECTOIRE  ETC.  167 

Si  Ton  a  C*  >  ^,  il  suit  de  l'éq.  (6)  que  la  trajectoire  s'ap- 
prochera du  centre  jusqu'à  une  distance  minima  et  à  partir 
de  là  s'étendra  jusqu'à  l'infini  ;  elle  a  une  asymptote,  qui  ne 
passe  pas  par  le  centre, 

La  solution  complète  donne: 


«»l/l-£ 


;-'-=-Kfcï- 


D'après  le  §  4,  ce  mouvement  peut  être  conçu  comme  un 
mouvement  uniforme  suivant  une  droite  qui  tourne  autour 
du  centre. 

Lorsque  C2  < p,  l'éq.  (6)  donne: 

'"='V-fr-c)(i-i). 

de  sorte  qu'il  vient  /  =  0  pour 

r  2 
r2  = 


1  — 


^0    r  0 


tandis  que  pour  r  =  0  on  a  la  valeur  limite  r'  =  oo . 

D'un  côté,  la  trajectoire  conduira  donc  toujours  au  centre  ; 
de  l'autre  côté,  elle  s'étendra  jusqu'à  une  distance  finie  et 
s'y  infléchira  si  p  — C2  >  r02  r'02;  mais  si  p —  C2  est  égal  ou 
inférieur  à  r02  r'02  elle  s'éloignera  à  l'infini,  dans  le  premier 
cas  par  une  branche  en  forme  de  spirale  avec  un  nombre 
infini  de  circonvolutions,  dans  le  second  cas  par  une  branche 
de  nature  hyperbolique. 

La  solution  complète  donne: 


C*>r*r'*  :>  — 


2Q 


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1Ô8  G.   SCHOOTEN.    RÔGLE   oêKÉRÀLE   P0tfR 


0<^—  C*  <rïr'*; 


r'frt-(p-C>)   ° 


CHAPITRE  IV. 

Le  produit  de  la  force  par  le   cube    de  la 

distance    au   centre  est  une  fonction   croissante 

de  cette  distance. 

11.  Si  Fr*9  fonction  que  nous  représenterons  dorénavant 
par  q>  (r),  croît  depuis  0  jusqu'à  oo  lorsque  r  croît  de  0  jus- 
qu'à oo  ,  ce  qui  est  le  cas  par  exemple  pour  F^p  r" 2,  l'équation 
CT —  q>  (r)=0  doit  avoir  une  racine  réelle,  que  nous  désigne- 
rons par  r0. 

C'est  seulement  pour  cette  valeur  du  rayon  vecteur  que 
le  mouvement  circulaire  uniforme  est  possible,  parce  que  c'est 
seulement  dans  ce  cas  que  l'accélération  radiale  est  égale 
à  zéro. 

L'orbite  de  ce  mouvement  circulaire  uniforme  sera  repré- 
sentée par  (C,  r0). 

12.  De  l'éq.  (4),  il  suit  que  l'accélération  radiale  r"  sera 
toujours  dirigée  vers  la  circonférence  de  l'orbite  circulaire, 
et  que  par  conséquent  la  vitesse  radiale  aura  sa  valeur  la 
plus  grande  au  moment  où  le  point  dépasse- cette  orbite 
circulaire. 

L'équation  (6)  donne  ici  : 


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Ï.À'  FORMES  DBU  tRAJÈOTOI&E  ETC.  169 

Puisque,   pour.  r<r0,   on   a  \CX  —  (j>(r)>0,   la  valeur  de 
l'intégrale 


sera  infiniment  grande,  et  par  conséquent/  devra  devenir 
égal  à  2éro  pour  une  certaine  valeur  t^^Tq* 
Il  en  résulte 


"/!  =  2[^à 


La  durée  Tr°,  dans  laquelle  le  point  arrive  de  la  distance 
r0  à  la  distance  minimà  r,,  se1  dèdtrit  de  « 


r:   ■ 

Comme  p^-'   ne   devient  jamais  négatif  entre  r  et  r,/ 

on  pourra   choisir  pour  r,  entre   r  et  r,,  une  valeur  q  telle 
qu'on  ait  :  , 

On  a,  par  suite,  »■  ■. 


et 


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170  G.  8CHOOTBN.  RÈGLE  GENERAT,*:  POUR 

Tr'%  =s  f'd  t  =  fini, 

ri 

J       r2 

Il  résulte  de  là  que,  du  côté  du  centre,  la  trajectoire  se 
rapprochera  de  ce  centre  jusqu'à  une  distance  minima,  où 
elle  rebroussera  chemin. 

13.  Pour  le  mouvement  au  côté  extérieur  de  l'orbite  cir- 
culaire, on  doit  prendre  l'équation. 


r"=rV-2[^f)-C'    dr. 


La  vitesse  radiale  croît  à  mesure  que  la  distance  augmente. 
Trois  cas  sont  à  distinguer,  savoir: 

r 

ou,  ce  qui  revient  au  même: 

i  vi^Ç Fdr. 

ru 

Dans  le  premier  cas,  on  a 

^  =  2  psfcLp*  dr  =  2 ïisLp*  (r,  _ r), 

r  t 

i 

d'où  il  suit: 

r;;  =  r        <"■ =flai, 

r»Cdr 


*•  =  r£**  =  fini. 

r©  J       tf1  tf 


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LA    FORME   DE   LA    TRAJECTOIRE   ETC.  171 

Au  second  cas  s'applique  l'équation 
J  rs 

r 

Comme  qp  (r)  est  une  fonction  croissante  de  r,  nous  devons 
distinguer  les  deux  cas  qp  (oo  )  <  oo  et  q>  (oo  )  =  oo  ou  y  (oo  )  — 

<„  (r\ >  Çî 

C2  =  fini  et  ^-^ =  fini  pour  r  =  oo  ,  n  étant  >  0.  Dans  le 

premier  de  ces  deux  cas,  on  a 

f*  dr  f00      rdr 


00 


<?: 


Cdr         /"       Cdr 


00, 


'rvt(?)-o« 

Dans  le  second  cas,  on  obtient 

J  rn  Qn        J 

r  r 

pour  que  r'  soit  fini,  il  faut  donc  qu'on  puisse  prendre 
n  —  3  <  —  1  ;  nous  posons,  en  conséquence,  n  =  -f-  e,  *  étant 
un  nombere  positif  plus  petit  que  2.  On  a  alors 

Il  en  résulte: 

^=fCdr  =  finî. 
Dans  le  troisième  cas,  enfin,  on  a 
oo  J  rs 

r» 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  12 

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172  G.    SCHOUTEN.   RÔQLE  GÉNÉRALE  POUR 

par  conséquent 

f°       J     r*r'      }     r2  r' 

oo 

14.  Du  côté   opposé   au  centre,  la  trajectoire  ,ne  s'étendra 

donc  que  jusqu'à  une  distance  finie  et  s'y  infléchira,  dans  le 

cas  où  l'énergie  totale  du  point  est  moindre  que  celle  de  la 

force  motrice.  Si  ces  deux  énergies  sont  égales,  la  trajectoire 

ira  à  l'infini  sous  la  forme  d'un*  spirale  avec  une  infinité  de 

circonvolutions,  dans  le  cas  où  9(00)  est  fini,  ce  qui  a  lieu, 

,  M    ■    o  +  ir  a        ru        6 

par  exemple,  avec   a  (r)  = K—  pour  — i  <  C2  <  -r--  mais 

r  ^  '  o,+  hxr  r        a,  &,' 

dans  le  cas  de  q>  (00  )  =  00  ,   par   conséquent  de  q>'  (00  )  <  00  , 

la  branche  qui  s'étend  à  l'infini  sera  de  nature  parabolique. 

Si,  enfin,  l'é.nergie  du  point  est  plus  grande  que  celle  de  la 

force  motrice  la  trajectoire  aura  une  branche  à  asymptote, 

cette  asymptote  ne  passant  pas  par  le  centre. 

Dans  tous  les  cas,  le  .mouvement  continue  indéfiniment. 

15.  Supposons  maintenant  que  le  mouvement  circulaire 
uniforme  ne  soit  pag  pQssible  ;  C2  —  q>  (r)  doit  alors  être,  ou  bien 
toujours  positif,  ou  bien  toujours  négatif,  et  par  conséquent: 

C2 — q>  (00  )  >  0,  comme,  avec  q>  (r)= j— ,  pour —  <^-  <(7% 

C1  -^q>  (0)  <  0,  comme,  avec  la  même  loi,  pour  C2  _<  —  <  jr-  • 
=  j     |  =  «|      o, 

16.  Lorsqu'on  a   C2  >_(oo  ),  l'équation  (6)  donne 

r 

La  valeur  de  l'intégrale  dans  le  second  membre  croît  d'une 
manière  continue  à  nlesure  que  r  décroît,  et  pour  r  =  0  elle 
devient  infiniment  grande.    La  trajectoire  s'approchera  donc 


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LA   FORMB   PS   LA   TBAJECTOIRÇ   BTC.  178 

du  centre  jusqu'à  une  distance  minima  vîf  de  aorte  qu^û  a 

L'accélération   radiale  r'  croît   à   mesure    que  la  distance 
au  centre  augmente,  et  pbur  r  =  oo  \elle  a  Une  ^valeur  fini©. 
Nous  trouvons  donc: 

dr 


00  —  [    *ï  — 
'.  ~J     r'  ~ 


<*> 


rx. 


La  trajectoire  a  par  conséquent  une  branche  infinie,  avec  une 
asymptote  qui  ne  passe  pas  par  le  cqptre. 
17.  Lorsque  C2  <  <p  (0),  l'équation  (fe)  donne  : 


'2  '2      L     ffW-^'j'''4 

r  2  =  r  02  H-  I        v     3 d  r. 


La  vitesse  radiale  croît  à  mesure  que  la  di&tan<^,$^r^4L 
de  sorte  que  le  point  atteindra  le  centre.  Oji  a,  en  outre, 


fini. 


o  o 

Cdr 


r-  «  r  ^r 


o 

Pour  savoir  si  er*  a,  ou  non,  une  valeur  finie,  nous  distin- 
guons les  cas  suivants: 

A:  q>(r)  —  C*  >  0  pour  r  ==  Û, 

2?:  *£!=!£-  fini  pour  r-tf, 


r  =  0,  etc. 


12* 


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174  g.  scHotrrKN.  rôglé  générale  pour 

Dan  le  cas  À,  on  a 

/.-=^i.+-i^±5$l(r.»-r»)f 


par  conséquent 


0 


Dans  le  cas  B,  on  a  '     * 


par  conséquent 

/r..     .  rCdr 

Dans  le  cas  C,  on  «a  ,      , 

r„-r>,   ,'»(«)-U'trt» 

par  conséquent 

@r.  =  rr0  ^^ Cdr 

L'expression       ,   ~2     r1  l^  aya^it  tant  pour  r  =  r0  que 

pour  r  =  0  la  valeur  zéro,  elle  doit  avoir,  pour  une  valeur 
intermédiaire  ^  dey,  une  valeur  maxima  «*;  par  cfonsé^uent 

fo  Cdr  ■  '* 

Dans  le  cas  Df,  on  a., 

/1=rV  +  ?k)=Ç!(to_r)>. 

r'  est  donc  fini   pour  rr=0.  En  désignant  par  r'c  la  valeur 
de  r'  au  centre,  on  a 


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er. 


LA   FORME   DE   LA   TRAJECTOIRE   ETC.  175 

frCdr 


f'Cdr^ 

K*  >  I   -5-7  =  00  . 
0        j   ri  T'c 


J    r*re 
0 

On  voit,  par  cet  examen,  que  la  spirale  qui  conduit  au 
centre  possède  toujours  un  nombre  infiniment  grand  de  cir- 
convolutions. 

Pour  le  mouvement  dans  la  direction  qui  s'éloigne  du 
centre,  l'équation  (6)  donne 


r'>=r>0>-2f'*<rt^Ldr, 


la  même  relation  que  celle  du  §  13,  de  sorte  que  nous  re- 
trouvons ici  les  résultats  énoncés  au  §  14. 

18.  Le  mouvement  produit  sous  Faction  d'une  force  attrac- 
tive dont  le  prodnit  par  le  cube  de  la  distance  au  centre  est 
une  fonction  croissante  de  cette  distance,  peut  être  représenté 
de  la  manière  suivante: 

Si  le  mouvement  rircukwre  est  possible,  la  trajectoire  coupera 
toujours  Vorbite  (Arcuhke. 

Supposons  que  le  Tnobile  soit  lancé  d'un  point  de  Vorbite  cir- 
culaire, d'abord  dans  \m&  direction  perpendiculaire  au  rayon  vecteur, 
puis  dans  des  directions  faisant  avec  ce  rayon  vecteur  des  angles 
de  plus  m  plus  petits. 

Si  V angle  en  question  est  droit,  le  mobile  décrit  Vorbite  circulaire. 

Si  cet  angle  est  rendu  peu  à  peu  plus  petit,  de  sorte  que  la 
vitesse  initiale  croisse  continuellement,  la  trajectoire  sera  une  courbe 
régulièrement  ondulée,  à  rayons  vecteurs  minima  et  maxima,  tant 
que  V énergie  totale  du  point  mobile  reste  au-dessous  de  celle  de  la  force 
motrice;  la  première  de  ces  énergies  devient-elle  égale  à  la  seconde, 
la  trajectoire  aura  encore  une  distance  mmima,  mais  s'étendra 
d'ailleurs  vers  l'espace  infini,  et  cela  sous  la  formé  d'une  spirale 
faisant  une  infinité  de  circonvolutions,  dans  le  cas  où  cp  (co)  a 
une  valeur  finie,  ou  sous  la  forme  $une  brafoche  parabolique  lors- 
que la  valeur  de  9(06)  est  infinie. 

Si,  enfin,  l'énergie  totale  du  point  devient  supérieure  à  celle  de 


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176  G.   SCHÛUTEN.   RÈGLE  GÉNêRÀLE  POUR 

la  force  motrice,   la  branche  infinie  sera  de  nature  hyperbolique. 

Lorsque  le  mouvement  circulaire  n'est  pas  possible  et  qu'on  a 
C2  >.  <p  (oo  ),  la  trajectoire  est  toujours  de  nature  hyperbolique. 

A-t-on  au  contraire  C2  <  cp  (0),  la  trajectoire,  (F un  côté  conduira 
au  centre  suivant  une  spirale  d'une  infinité  de  spires,  et  de  Vautré 
côté  prendra  les  formes  indiquées  drdessus  dans  l'hypothèse  de  la 
possibilité  du  mouvement  circulaire. 

19.  L'orbite  circulaire  jouit,  comme  nous  l'avons  dit  au 
§  12,  de  la  propriété  d'indiquéy,  par  son  intersection  avec  la 
trajectoire  du  point,  le  lieu  ou 'la  vitesse  radiale  a  la  valeur 
maximum.  Dans  le  mouvement  suivant  la  loi  de  Newton, 
l'éloignement  ou  le  rapprochement,  par  rapport  au  centre, 
est  le  plus  grand  lorsque  le  rayon  vecteur  du  point  est  per- 
pendiculaire à  Taxe  de  l'orbite.  Toute$  les  orbites  ont  donc, 
dans  ce  cas,  des  paramètres  égaux. 

20.  Des*  résultats  trouvés  il  suit  encore  qu'une  légère  per- 
turbation du  mouvement  circulaire  donnera  lieu  à  un  nouveau 
mouvement,  qui  s'exécutera  suivant  une  trajectoire  régulière- 
ment ondulée.  Dans  le  cas  où  la  perturbation  est  très  faible, 
les  rayons  vecteurs  maximum  et  minimum  différeront  très 
peu  en  longueur,  et  le  mouvement  pourra  être  déterminé  de 
la  manière  suivante. 

Si  r,  est  la  distance  minimum  de  la  trajectoire,  <p(r)peut 
être  écrit  sous  la  forme 

9{r)  =  <p\rl)  +  (r  —  rl)<p'{rl  +#(r  —  r,)), 

#  représentant  une  vraie  fraction  positive   La  fonction  q>'  est 
ici  toujours  positive. 
On  *  alors: 

où  %x  représente  une  nouvelle  fraction  proprement  dite. 


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LA  FORME  DE  LA  TRAJECTOIRE  ETC.  177 


H  en  résulte,  pour  v*  =v,2  —  [   2Fdr  : 

li  »  !  r. 


i 


•1=r7-CH)|f(r|KH)+r,^-^f'(r|+*l(M,),i 

En  substituant  cette,  valeur  de  v2  dans  (2),  on  a  : 

»  * 

r»  •»  ~  C»  =  r»  (i  -i)  j  (C>  -  v  (r,))  (I  +  i)-" 

i 

expression  qui,  si  l'on  y  pose  « 

riVfr,  +»,(?-  r.))  +  (C  -  »  (r,))  _ 

prend  la  forme 

r^-^  =  \ry(rl+9l(r-Tl))+(C'-V{Tl))\^{^)(l^Ly 

Puisque  pour  le  mouvement  circulaire  on  a  C2  =  qp  (r0), 
nous  pouvons,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  poser  C2  =  <j>  (r ,  ) 
(1  -f-  é2),  où  t  représente  une  quantité  positive  très  petite,  et 
d'autant  plus  petite  que  la  perturbation  est  plus  faible.  En 
négligeant  tous  les  termes  dans  lesquels  (r*— r,)  et  *  entrent 
au  carré  ou  à  une  puissance  supérieure,  on  a: 

r*,*-  C  =  |r,  f'(r.)  +  2.,(r,)|  r'(l-*r)J(i--A-), 

i,1ï'(',l)-  2*f  (r,) 

Les   équations  différentielles  du  mouvement,  inscrites  sous   . 
le  numéro  (2),  deviennent  dans  le  cas  actuel: 

K      r,f'(r,)+2«9.(r,)   p,  1  /  /£  _  1\ /l  __  _1\ 


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r* 


178         G.  SCHOUTEN.  RÈGLE  GÉNÉRALE  POUR 

±«sl/I  1  \  dT 

y    rlV'(rt)+2tq>(r\)       \/7}7_  1\  t\  _  J_\ 

'   L'intégration  donne  alors  pour  les  équations  du  mouvement  :' 

1         V     r,  <p(rty+2nf(rl)  *  V      ,*rx—r         j 

t-\)  *î  K  .-(7) 

%-V    r,y'(r,)-2*<p(r,)X        .  i 

X  j  («+l)r tAre.  Tg\/  £=Tl  -  ^(r-r  ,)(*!•  ,=7)  J  J 

21.  Ces  équations  font  voir  que  le  mouvement  a  lieu  sur 
une  trajectoire  régulièrement  ondulée,  dont  les  rayons  vecteurs 
minima  sont  r,  et  les  rayons  vecteurs  mixima  xrr  L'angle 
s  de  chaque  paire  successive  de  rayons  vecteurs  maximum 
et  minimum  est  représenté  par 


V     rlV'(rt)  +  2fV(rty 
et  le  temps  T,  dans  lequel  le  rayon  vecteur  décrit  cet  angle,  par 

Vr,<y'(ri)  —  2t<l>(rt) 
Les  valeurs  limites  de  ces  quantités,  pour  *  =  0,  sont  donc 

Jim.  e  =  n]/rJEL (8) 

r      rlV  (r,) 

lim    T=     nr>1  — .  (9 

v/r,  VW 

22.  Lim.  e  sera  indépendante  de  r,,  et  par  conséquent  la 
même  pour  tous  les  mouvements  circulaires  troublés  obéissant 

à\la  môme  Ipi  d'attraction,  si  r-lJ^l  est   constant.    En  dési- 

<p(r) 


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LA   FORME  DE  LA   TRAJECTOIRE  ETC.  179 

gnant  cette  valeur  constante  par  «*,  on  a: 

dipfr)^  a1  dr 
q>  (r)  mmm     r 

expression  qui,  intégrée,  donne 

<p(r)=rpr«\  donc  i^rs/îr»1— 3. 

Lim.    T  sera  indépendante  de  r,  si  ^-f^  a  une  valeur  con- 
stante. De 

il  résulte 

q>  (r)  =  a*  r*  +  £,  donc  F=z  a2  r  +  (t  r— *. 

23.  Dans  le  cas  de  F=zpr»,  les  limites  deviennent 


Um;*=7ïn (10) 

lim.  T=    -   ,       *         — (11) 

v/Mn.  +  SJi*-» 


7T 

Pour  n  =  —  2,  on  a  lim.  0  =    tt,  lim.  5P= 


Pour  n  =  +  1,  on  a  lim.  e  =  4tt,  lim.  Tz=z  - — j=  • 

La  formule  (10)  a  été  trouvée  par  Newton;  elle  lui  servit 
à  montrer  que  la  force  qui  pousse  les  planètes  autour  du 
Soleil  devait  agir  en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance 
à  cet  astre,  puisque  le  moindre  écart  à  cette  loi  entraînerait 
un  déplacement  notable  du  périhélie  des  orbites. 


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ISO         e.  8CHOUTBN.  BKGLB  GKHÉRÀLR  POCE 

CHAPITRE  V. 

Le  produit  de  là  foreè  par  le  cube  de  la 
distance  au  centre  est  une  fonction  décroissante 
de  cette  disianqe.  . 

24.  Si  y  (r)  parcourt  toutes  les  valeurs  possibles  depuis 
oo  jusqu'à  0  lorsque  r  croît  de  0  à  oo  ,  l'expression  C2  —  q>  (r) 

aur$  une  racine  positive  unique  r0,  A  la  distance  r0  seulement, 
le  mouvement  circulaire  uniforme  sera  possible,  parce  que  là 
seulement  l'accélération  radiale  est  nulle. 

L'équation  (4)  montre  que  l'accélération  radiale  est  toujours 
dirigée  dans  le  sens  qui  éloigne  de  la  circonférence  de  l'orbite 
circulaire  (C,  r0),  et  que  la  vitesse  radiale  doit  par  conséquent 
devenir  plus  petite  lorsque  le  point  mobile  s'approche  de  cette 
circonférence. 

25.  Supposons  que  le  mobile  soit  lancé  d'un  point  situé 
à  l'intérieur  de  l'orbite  circulaire;  on  a  alors,  d'après  l'éq.  (6), 


=  «V  + 


p,*^,,, 


où  r,  est  la  distance  du  point  de  départ  au  centre,  de  sorte 
que,  d'après  l'hypothèse  faite,  on  a  r,  <r0, 

Comme  la  valeur  de  l'intégrale  qui  fpit  partie  du  second 
membre  de  cette  équation  croît  lorsque  r  décroît,  et  devient 
infiniment  grande  pour  r  ==  0,  le  point  s'approchera  du  centre 
avec  une  vitesse  croissante. 

Le  temps  TrQl,  nécessaire  pour  que  le  nçiobile  atteigne  le 

centre,  résulte  de  l'équation 


fini. 


L'angle  er* ,  que  le  rayon  vecteur  décrit  dans  ce  temps,  est 
donné  par 


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LA  FORME  DE  LA  TRAJECTOIRE  ETC.  181 

fr.  Cdr 


r,  __  f'   Cdr. 


0 

Pour  juger  dans  quels  cas  er^  est  ou  n'est  pas  fini,  nous 
remarquerons  que  qp  (r)  —  C%  fcroft  quajid  r  diminue,  et  peut 
donc,  pour  rr=0,  avoir  aussi  bien  une  valeur  finie  qu'une 
valeur  infinie. 

Nous  poisons  donc 

r*  (  9  (r)  —  G2)  —  fini  pour  r  =  0, 

de  sorte  que  pour  n=?0  s»  produira  le  premier  cas,  pour 
n  >  0  le  second. 
On  a  alors 

/»=,,'»  +*»(9(*)-C»)Jrr,J|rfl-  = 

.„    ,   2^(y(g)-C»)/     1 1_\ 

1  n  +  2  ^r»  +  *      r|»  +  V» 

ce  qui  transforme  la  valeur  de  ©r'  en 

■■,'..  < 

•  ;  »^2  »  —  2  .' 

Cr,    2   r   2     dr 


•?-£ 


Comme  le  dénominateur  de  la  fraction  sous  le  signe  d'in- 
tégration à  une  valeur  finie  positive  pour  toutes  les  valeurs 
de  r  situées  entre  les  limites  de  l'intégration  ou  à  ces  limites 
mêmes,  on  voit  que  ^ 

er0l  =  00  pour  n  =  0, 

er0l  <oo      „     n>  0. 

Le  point  arrivera  donc  au  centre  avec  une  vitesse  infinie, 
après  s'être  mu  suivant  une  trajectoire  en  spirale,  qui  aura 
un  nombre  fini  de  spires  daps  le  cas  de  y\(Q)zs:  00,  im 
nombre  infini  dans  le  cas  de  q>  (0)  <  oot 


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182         G.  8CH0UTEN.  RÈGLE  GÉNÉRALE  POUR 

26.  Pour  reconnaître  la  nature  du  mouvement  dans  la  di- 
rection qui  s'éloigne  du  centre,  nous  écrirons  la  valeur  de/2 
sous  la  forme 


r'»=y<;»-f  2*fr>-C'd, 


La  valeur  de  l'intégrale,  dans  cette  expression,  croît  d'une 
manière  continue  depuis  v=zrl  jusqu'à  r^zr0)  puis  décroît 
pour  r>r0,  parce  que  q>(r) —  C1  devient  alors  négatif. 

Nous  distinguons  donc  les  trois  cas: 


,%   <  f.0»(r)-C» 


'■"1/ 


dr. 


La  signification  que  nous  pouvons  attacher  à  ces  cas  est 
la  suivante:  si  E  est  l'énergie  totale  du  point  mobile  et  Ex 
celle  du  mouvement  circulaire,  on  a 

0  0 

ou  encore 

de  sorte  que  les  cas  en  question  correspondent  à 

Il  =  Ex» 

27.  Dans  le  premier  cas,  E  <  E*,  il  vient  r'  =  0  pour  une 
valeur  r2  de  r,  plus  petite  que  r0. 
On  a  alors 

J  »       .  Ç 


r 

r 


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LA   FORME   DE  LA  TRAJECTOIRE  ETC.  188 

pa*  conséquent 

Il  résulte  de  là  que  le  point  s'approchera  de  l'orbite  circu- 
laire, puis  rebroussera  chemin  avant  de  Pavoir  atteinte. 
28,  Dans  le  second  cas,  Ez=Ex,  on  a 

r 

L'expression  <p  (r)  —  C%  devenant  égale  à  zéro  pour  r  =r  r0f 
nous  posons 

oo  >   V^ r—  >  0  pour  r  =  r0. 

On  trouve  alors  * 

r 

et  par  conséquent 


1 


d'où  résulte 

2^*  =  oo  pour  n  >  1 ,  donc  pour  —  <p'  (r0)  <  oo  , 

r-<oo      „      n<l,      J       ,      -9'(r0)  =  oo. 
On  a,  en  outre, 

'éfssP— > 

par  conséquent 

*/°  "<  oo   avec  T?    <  oo . 


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184  G.   SCHOOTEN.   ItèGLE    GÉNÉRALE  POUR 

Nous  trouvons  donc  que,  dans  le  cas  où  l'énergie  totale 
du  point  mobile  est  égale  à  celle  dy  mouvement  circulaire, 
le  point,  lorsqu'il  s'éloigne  du  centre}  s'approche  indéfiniment 
de  Porbite  circulaire  sans  jamais  l'atteindre,  de  sorte  que  sa 
trajectoire  sera  une  spirale  ayant  l'orbite  circulaire  pour 
asymptote. 

On  a  supposé,  ici,  —  qp'  (r)  <  oo . 

Si  —  y  (r)  =  oo  ,  le  point  arrivera  sur  l'orbite  circulaire  par 
un  chemin  de  longueur  finie,  et  ptiisqu'à  cet  instant  la  vitesse 
radiale  et  l'accélération  radiale  seront  nulles  toutes  les  deux, 
le  point  se  trouvera  dans  la  condition  du  mouvement  cir- 
culaire uniforme,  de  sorte  qu'à  partir  de  cet  instant  il  se 
mouvra  indéfiniment  sur  l'orbite  circulaire. 

29.    Dans  le  troisième  cas,  E  >  2L,  on  a 

fr°rt  *(*•)  —  C*  1 
r  ,  *  >   I     2  , d  r, 

J  r3  .;•-..  ,,  v.  :  ( , 

la  vitesse  radiale  ne  devenant  maintenant  jamais  niale^  le 
point  atteindra  certainement  l'orbite  circulaire  et  aura  encore, 
à  cet  instant,  une  certaine  valeur  r  0.  Nous  pouvons  alors 
écrire  : 


ou 


?>=r'0>+fr2Ci-*Wdr. 

Puisque  pour  r  >  r0  on  a  aussi  C2  >  q>  (r),  r'  croîtra  toujours 
avec  r,  en  conservant  une  valeur  finie  jusqu'à  r  =  oo . 

Le  temps  Tr°°  au  bout  duquel  le  point  arrive,  à  partir  de 
la  circonférence  de  l'orbite  circulaire,  jusqu'à  une  distancé 
infinie  du  centre,  est  donné  par  l'expression 


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LA   FORME  DB   LA   TRAJECTOIRE   RTC.  185 

**êr       r°°  dr 


L*      r*  dr       r°°  dr 
'•     J       r        J     r'n 


où  r'n  représente  la  valeur  limite  de  r'  pour  r  =  oo  * 

L'angle   ©^,  décrit  en  ce  temps  par  le  rayon  vecteur,  est 

„       f»Cdr      [*>Cdr       .   . 
e*  =/     -r-r  <  I     -fr  =  fini. 
ro      J      r*r       J     r2  r 

La  trajectoire  du  point  s'étendra  donc  à  l'infini,  sous  la 
forme  d'une  hyperbole. 

30.  Supposons  maintenant  que  le  mobile  soit  lancé  d'un 
point  situé  à  la  distance  r,  >  r0,  c'est-à-dire,  situé  en  dehors 
de  l'orbite  circulaire. 

La  vitesse  radiale  est  alors,  d'après'  l'équation  (6)  : 


r-=rV+f  2^^d, 


On  voit  que  la  vitesse  radiale  croît  avec  la  distance  au 
centre  et  a,  pour  r  =  oo ,  une  valeur  finie. 

La  trajectoire  s'étendra  donc  jusqu'à  l'infini,  par  une  bran- 
che de  nature  hyperbolique. 

Pour  le  mouvement  dans  la  direction  du  centre,  on  a: 

.  J  .     r3 

-''■■''♦•' 

Tant  que  r  reste  >r0,   la  vitesse  radiale  décroîtra  avec  r. 
De    même    qu'au  §   26,   nous   devons  distinguer  trois  cas, 
savoir: 

> 

Raisonnant  de  la  même  manière  qu'aux  §§  27 — 2$,  et 
tenant  compte  de  ce  qui  a  été  dit  au  §  25,  on  trouve  que  le 
point,   lorsqu'il  se  meut  dans  la  direction  du  centre,  se.rap- 


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186  G.   SCHOUTEN.    RÈGLE  GENERALE   POUR 

prochera  jusqu'à  une  certaipe  distance  de  Porbite  circulaire 
puis  s'en  éloignera,  si  son  énergie  totale  est  moindre  que  celle 
du  mouvement  circulaire.  Si  les  deux  énergies  sont  égales,  le 
point  suivra  une  trajectoire  spirale  d'une  infinité  de  spires  et 
se  rapprochera  continuellement  de  l'orbite  circulaire  sans 
jamais  l'atteindre,  dans  le  cas  où  Vqn  a  —  qp'(r0)<°°;  dans 
le  cas  de  —  qp'  (r0)  =  oo  ,  le  pbmt  atteindra  l'orbite  circulaire 
et  continuera  indéfiniment  à  la  parcourir. 

Si,  enfin,  l'énergie  totale  du  point  est  plus  grande  que  celle 
du  mouvement  circulaire,  le  point  franchira  l'orbite  circulaire 
et  arrivera  au  centre,  par  une  trajectoire  spirale,  avec  une 
vitesse  infinie. 

31.  Lorsque  le  mouvement  circulaire  n'est  pas  possible, 
C1  —  <p  (r)  doit  être,  ou  bien  constamment  positif,  ou  bien 
constamment  négatif;  on  doit  donc  avoir:  • 

C1  — <p(0)  >  0,  comme  avec  (j>(r)=  - — r—  >  Pour  C1  >  —  >   r-> 

=  ax+bxr   r  =  a,        6, 

C1  —  q>  (oo  )  <•  0,  comme,  avec  la  même  loi,  pour  C*  <  r~  <  — . 

32.  Dans  le  cas  de  C*  >  <j>  (0),  il  suit  de  Féquation  (6)  : 

'    "■  \ 

de  sorte  que  la  vitesse  radiale  croît  avec  la  distance  au  centre 
et  pour  r  =  oo  a  une  valeur  finie.  Le  point  s'éloignera  done 
de  plus  en  plus,  suivant  une  trajectoire  de  forme  hyperbolique. 

33.  Pour  le  mouvement  dans  la  direction  du  centre,  on  a 


r  *  =  r  ,*  —  f      z  — < jL±l  d  r. 


La  valeur  de  l'intégrale,  daçs  le  second  membre  de  cette 
équation,  croît  à  mesure  que  r  décroît,  et  acquiert  certaine- 
ment  une  valeur   infiniment   grande  pour  r  =  0,  quand  on 


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LA   FORME!   DBJ  LA  TRAJECTOIRE  BTO.  187 

a  C1  >  q>  (0).  Si  l'on  a  C*  =  ç>  (0)  et  que  pour  r  —  0  on  pose 

C*-<p(0) 


r* 


<:  oo  ,  où  n  >  0,  il  vient 


J  r3  on        J 

o  o 

La   valeur    de   cette   intégrale  est  infiniment  grande  pour 
7i  <  2,  mais  fini  pour  n  >  2. 

Nous  avons  donc  à  distinguer  les  trois  cas  : 

0 

ou  bien 

»-■■#-£-/"  «'-rs"- 

o  o 

ou  encore 

0 

34.  Si  Ton  a  2?  <  I     —  d  r,  et  que,  par  conséquent,  l'éner- 
o 
gie  totale  du  point  soit  plus  petite  que  celle  de  la  force— ^  , 

r'   deviendra  zéro   pour  une   certaine  valeur  r2  de  r.  On  a 
alors  : 

par  conséquent 


r 


r*        J      r'  } 


r* 


e  *  =  /     -r— ,  =  fini. 
rt        J     r2  r 

Lors  de  son  mouvement  vers  le  centre,  le  point  s'approchera 
Archives  Néerlandaises,  T.  XXII,  13 


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18&  a  sghootcw.  r^le  geheràlic  pour 

dons    de   celui-ci  jusqu'à   une   certaine    distance,   puis  s'en 
éloignera. 

/x    £2 
—  d  r,  ce  qui,  de  même  que  dans 

o 

C* <p  (r) 

le   cas    précédent,    d'après   le  §  33,   exige  que  . ^-'  ait 

pour   r=nO  et  w>  2  une  valeur  infinie,  ou,  autrement  dît, 
que  —  q>'  (0)  =  —  cp  (0)  =  0,  il  vient: 

0  0 

où  *  peut  avoir  une  valeur  positive  quelconque. 
Il  en  résulte: 

y»— c>— »<Kg)r«« 

On  a,  par  conséquent, 

r  ■  =  f*  4l  =  f  '  ei  +*  1/  ~~l         r-'  dr  , 
0        J      r'       ]      s         K     C2— 9(ç)  ' 

0  0 

<*         J     r*r'       J  *  V     C—  v{g) 

o.o 

de  sorte  que  ^r'   est   toujours    infiniment   grand,    mais    que 

TTx  ne  l'est  que  pour  *^_1,    c'est-à-dire,   quand    on   a   auâsi 

/(0)  =  0.  ~ 

/oo  gr2 
-jrfr,  r'  aura  porçr  r  —  0 une 

o 

valeur  finie,  que  nous  représenterons  par  r'c.  On  a  alors: 

*         1        r  J      r'c 

o  o 

>  • 

rtCdr      f*i  Gdr 


o  J      r*?      J 


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"LA   FORME   DE   LA   TRAJECTOIRE   ETC.  189 

37.  Dans  le  cas  de  C%  >jp  (0),  le  mouvement  dans  la  di- 
rection qui  s'él oigne-  du  centre  qara  donc  lieu  suivant  une 
branche  de  nature  hyperbolique. 

Dans  la  direction  vers  le  centre,  le  point  se  rapprochera  du 

centre  jusqu'à  une  distance  finie,  après  quoi  il  s'en  éloignera 

jusqu'à  l'infini,  si  son  énergie  totale  estt  moindre  que  celle  de 

C2 
la  force    —  ,  ce  qui  ne  peut  être  le  cas  que  pour  —  <p'  (0)  = 

=  —  ^(0)=r0.  Si  les/ deux  énergies  sont  égales,  ce  qui  n'est 

également  possible  que  lorsque  qp'  (0)  et  <p"  (0)  sont  nuls  tous 

les  deux,  le  point  arrivera  au  centre  suivant  une  trajectoire 

spirale  d'une  infinité  de  spires  et  avec  une  vitesse  infinement 

grande,  à  moins  que  Ton  n'ait  en  outre  qT  (0)  =  0,  c^s  où  le 

point  s'approchera  asymptotiquement  du  centre 

L'énergie  du  point  est-elle,  enfin,  plus  grande  que'  celle  de 

C2 
la  force  —  ,   le  point  arrivera  toujours  au  centre  avec  une 

vitesse  infinie,  en  suivant  une  trajectoire  spirale  d'un  nombre 
infini  de  circonvolutions. 

38.  Dans  le  cas  de  £2  <qp(oo),  l'accélération  radiale,  d'après 
l'équation  (4),  est  toujours  négative,  de  sorte  que,  dans  la 
direction  du  centre,  le  point  se  mouvra  avec  une  vitesse  ra- 
diale de  plus  en  plus  grande. 

Suivant  l'équation  (6),  on  a: 


>  *    .   o  r*  <J>  (r)  —  G1  , 
=  '7+2  j     '*±J-r—dr, 


d'où  il  résulte  d'abord 

rx  dr       f-.  dr 


«         J      r        J      r  . 


T 

0  0 


Le  point   arrivera   donc  au  centre  avec  une  vitesse  infini- 
ment grande. 

Pour  juger  si  ©J1  —  |   '  -^— T    a  une  valeur  finie  ou  infinie, 
o 

13* 


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19Ô  Gk   SCtfOtfTBitf.   BèaLB   GENÉRÀLBÎ   POUR 

nous  supposerons  que,  pour  r  =  0,  la  quantité 

où  «  >    0,  soit  finie. 
L'expression  de  r'2  devient  alors: 

r'»=r7  +f'2r»  (<p(r)-C*)£L  = 

0 

—    '  n  +  2  K^fi      rt*+*J* 

On  a,  par  conséquent, 

*  +  2  »— .2 

erx  —  f1  Cr,    2    r    «    dr 

°]//r/1arJ*    2^+2  +  2  ^li£bz^l(r|*4-2_rii+2) 

Le  dénominateur  de  la  fraction  sous  le  signe  intégral  ayant 
une  valeur  finie  entre  les  limites  de  l'intégration  et  à  ces 
limites  mêmes,  on  aura 

erj  =  oo   pour  n  =  0,  donc  pour  <p  (0)  <  oo , 

«0*     <0°         *       n>   °>        »  »        V  (0)=QO. 

La  trajectoire  conduisant  au  centre  est  donc  une  spirale, 
qui  a  un  nombre  infini  de  circonvolutions  pour  qp  (0)  <  oo , 
mais  un  nombre  fini  pour  <p  (0)  =  oo . 

39.  Au  mouvement  dans  la  direction  qui  s'éloigne  du 
centre,  correspond  la  formule 


r^=rV-jV2^r>-C,di 


La   valeur  de  l'intégrale,   dans  le  second   membre,    croît 
avec  r  et  est  finie  pour  r  =  oo . 

Nous  devons  donc  distinguer  les  trois  cas: 


i<t*Ç*ZÇZ*r. 


rk 


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LA   FORME  DE  LA  TRAJECTOIRE   ETC.  191 

ou,  ce  qui  revient  au  même: 

E^Ç  Fdr. 

o 

40.    Pans   le   cas   de   E  <:  J     Fdr,   c'est-à-dire,   lorsque 

o 
l'énergie  totale  du   point  est  moindre  que  celle  de  la  force 
motrice,  r'  devient  =  0  pour  une  certaine  valeur  r1  de  r. 

On  a  alors 


■"-/-:!**££** 


r 


par  conséquent,  Tr%  et  ©r*  sont  tous  les  deux  finis. 

Le  point  s'éloignera  donc  du  centre  jusqu'à  une  distance 
finie,  puis  s'en  rapprochera  de  nouveau. 

41.  Si  E=r Fdr,  on  a 

r 

Tr°°  et  0*  seront  tous  les  deux  infiniment  grands. 

Le  point  s'éloignera  donc  de  plus  en  plus  du  centre,  suivant 
une  trajectoire  spirale  d'un  nombre  infini  de  circonvolutions. 

42.  A-t-on,  enfin,  E>  j    Fdr}  alors  r'  décroîtra  à  mes 

o 
que  r  croît,  et  aura  pour  r  =  oo   une  valeur  finie  r'a 
Il  en  résulte 


mesure 


°°—  f    dr      f^dr 


et 


Cdr      f»Cdr       „   . 
fini. 


ri      J     r2  r       J     r2r  „ 


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192  G.   aCHOUTEN.    RÈGLE   GÉNÉRALE  POUR 

Le  point  s'éloigne  donc  indéfiniment  du  centre,  suivant  une 
trajectoire  de  nature  hyperbolique.  « 

43.  D'après  ce  qui  précède,  le  mouvement  sous  l'action 
d'une  force  attractive  dont  le  produit  par  le  cube  de  la  distance 
au  centre  est  une  fonction  Recroissante  de  cette  di$tanoef  se 
laisse  esquisser  comme  il  suit: 

Si  le  mouvement  circulaire  est  possible  et  qu'on  suppose  le  point 
mobile  lancé  d'un  point  de  V orbite  circulaire,  il  décrira  cette  orbite 
circulaire ,  dans  le  cas  où  la  direction  du  mouvement  ^est  perpen- 
diculaire au  rayon  vecteur;  pour  toute  autre  direction  initiale  du 
mouvement^  la  trajectoire  s'étendra  d'un  cote  vers  l'espace  infini,  par 
une  branche  hyperbolique  dont  l'asymptote  ne  passe  pas  par  le  centre, 
et  de  l'autre  côté  elle  se  continuera  jusqu'au  centre,  sous  la  forme 
d'une  spirale  ayant  pour  y  (0)  =  oo  un  nombre  fini,  pour  q>  (0)  <  o© 
un  nombre  infini  de  circonvolutions. 

Lorsque  le  mobile  est  lancé  d'un  point  situé  à  V intérieur  de  l'orbite 
circulaire,  d'abord  dans  une  direction  faisant  un  angle  droit  avec 
le  rayon  vecteur  de  ce  point,  puis  sons  des  angles  de  plus  en  plus 
petits,  le  mobile,  dans  le  premier  de  ces  deux  cas,  se  rapprochera 
immédiatement  du  centre  et  l'atteindra  fn  suivant  une  spirale  sem- 
blable à  celle  dont  il  vient  d'être  question  ci-dessus. 

Dans  le  second  cas,  où  la  vitesse  du  point  mobile  devient  d'abord 
successivement  plus  grande,  ce  point,  tant  que  sont  énergie  totale 
reste  inférieure  à  celle  du  mouvement  circulaire,  n'atteindra  jamais 
l'orbite  circulaire,  mais,  arrivé  à  une  distance  finie,  il  rebroussera 
chemin,  pour  se  rendre  au  centre. 

L'énergie  totale  du  point  devient-elle  égale  à  celle  du  mouvement 
circulaire,  le  point  s'approchera  indéfiniment  de  l'orbite  circUjlaire, 
sans  jamais  la  franchir  et  sans  jamais  rebrousser  chemin.  La  tra- 
jectoire dédite  est  une  spirale  d'un  nombre  infini  de  circonvolutions, 
qui  a  l'orbite  circulaire  pour  cercte  asymptotique  extérieur,  dans 
le  cas  où  —  ?/  (r0)  <  oo .  Le  point  n'atteint  alors  jamais  l'orbite 
circulaire.  Mais  si  —  <j/  (r0)  =  oo  ,  le  point  parviendra  jusqu'à 
l'orbite  circulaire  et  continuera  à  s'y  mouvoir  avec  une  vitesse 
uniforme. 


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LA   FORME   DE   LA   TRAJECTOIRE   ETC.  198 

Enfin,  Pênerpie  totale  eu  point  surpassât*  elle  l 'énergie  èumofo 
vemenï  circulaire,  ta  trajectoire  coupera  Vorbite  circulaire  <$t  mu/h, 
une  forme  telle  qu'il  a  été  dii  au  début  vie  cette  esquisse.     \     • 

Le  mouvement  a  lieu  d'une  mani&re  analogue  lorsque  le  point 
mobile  est  lancé  d'un  point  extérieur  à  l'orbite  circulaire.  Tandis 
que,  d'un  côté,  la  trajectoire  s'étendra  sous  la  forme  d'une  branche 
hyperbolique  vers  l'espace  infini,  de  l'autre  côté  elle  s'approchera 
de  l'orbite  circulaire  et,  tant  quje.l'êïtèrfjiô  totale  du  point  reste  plus 
petite  que  celle  du  mouvement  circulaire,  s'infléchira  avant  d'avoir 
atteint  cette  orbite.  Elle  aura  l'orbite  circulaire  pour  cercle  asymp- 
totique  intérieur,  si  V énergie  totale  du  point  devient  égale  à  celle 
dû  mouvement  circulaire,  à  moins  qu'on  n'ait  —  ty  (r0)  —  ce  ,  cas 
où  l'orbite  circulaire  elle-même  fait  partie  de  la  trajectoire  du  point. 
Enfin,  elle  coupera  l'orbite  circulaire  et  aura  la  forme  décrite  au 
début,  dahs  le  cas  où  l'énergie  totale  du  point  surpasse  celle  du 
mouvement  circulaire. 

Si  le  mouvement  circulaire  n'est  pas  possible  et  qu'on  ait 
G1  >_q>  (0),  la  trajectoire,  d'un  coté,  s'étendra  vers  l'infini  par  une 
branche  hyperbolique;  de  l'autre  côté,  elle  s' (approchera  du  centre 
et  à  une  distance  finie  de  ce  point,  s' infléchira  pour  s'étendre  éga- 
lement vers  l'espace  infini,  aussi  longtemps  que  l'énergie  totale 
du  point  est  moindre  que.  celle  de  la  force  C2  r~3.  Ces  deux 
énergies  sont-elles  égales,  la  trajectoire  s'étendra  sous  la  forme  d'une 
spirale  d'un  nombre  infini  de  circonvolutions  jusqu'au  centre,  où 
le  point  arrivera  avec  une  vitesse  infiniment  grande^  à  moins  qu'on 
n'ait — q>w  (0)  =  0,  auquel  cas  le  point  se  rapproche  asymptotir 
quement  du  centre. 

L'énergie  totale  du  point  surpasse-t-elle  celle  de  la  force  C2r"~3 
le  point  arrive  au  centre  suivant  une  spirale  d'une  infinité  de 
circonvolutions. 

Dans  le  cm,  enfin,  où  l'on  a  C2  _<  <jp  (oo),  la  trajectoire  s'étendra 
d'un  côté  jusqu'au  centre,  sous  la  forme  d'une  spirale,  à  circon- 
volutions en  nombre  infini  ou  fini,  suivant  que  q>  (0)  a  une  valeur 
fini  ou  infini. 

De  l'autre  côté,  elle  s'étçndra  jusqu'à  une  distance  finie  du  centre 


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194  G.   SCHOUTEN,   Bl&GLE  GENERALE   POUB 

et  s'y  infléchira,  si  V énergie  totale  du  point  est  moindre  que  celle 
de  la  force  motrice;  ces  deux  énergies  sontrelles  égales,  la  tra- 
jectoire conduira  par  wne  spirale  dune  infinité  de  circonvolutions 
vers  V espace  infini;  V énergie  du  point  est-elle  supérieure  à  celle 
de  la  force,  la  trajectoire  va  à  V infini  par  une  branche  de  nature 
hyperbolique. 

CHAPITRE  VI. 

Résumé  des  résultats  obtenus. 

44.  Pour  qu'on  puisse  aisément  saisir  l'ensemble  des  résul- 
tats trouvés,  nous  les  réunirons  en  un  tableau,  où  la  forme 
de  la  trajectoire  sera  indiquée  par  des  signes  faciles  à 
comprendre. 

A  cet  effet,  nous  introduisons  la  notation  suivante: 

^Se  =  spirale  conduisant,  par  un  nombre  infini  de  circonvo- 
lutions, au  centre; 
*Se  =  spirale  conduisant,  par  un  nombre  fini  de  circonvolu- 
tions, au  centre; 
^Sb  =  spirale  conduisant  asymptotiquement,  par  un  nombre 

infini  de  circonvolutions,  à  un  cercle  extérieur; 
*Sb  =  spirale  conduisant,  par  un  nombre  fini  de  circonvo- 
lutions, à  un  cercle  extérieur; 
^Sè  =  spirale  conduisant  asymptotiquement,  par  un  nombre 

infini  de  circonvolutions,  à  un  cercle  intêriewr; 
*Sb  =  spirale  conduisant,  par  un  nombre  fini  de  circonvo- 
lutions, à  un  cercle  intérieur; 
"S^  =  spirale  conduisent,  par  un  nombre  infini  de  circonvo- 
lutions, vers  l'espace  infini; 
P  =  trajectoire  à  pêricentre,  c'est-à-dire,  ayant  un  point  plus 
rapproché  du  centre  que  tous  les  autres  et  où  la 
trajectoire  s'infléchit; 
A  =  trajectoire    à    apocentre,   c'est-à-dire,   ayant  un  point 
plus   éloigné   du  centre  que  tous  les  auti'&s  et  où  la 
trajectoire  s'infléchit; 


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LA    FORME   DE  LA  TRAJECTOIRE   ETC.  195 

Par=  trajectoire   à   branche    prolongée   à  l'infini   et   sans 

asymptote,  donc  de  nature  parabolique; 
H'  =  trajectoire   à  branche  prolongée  à  l'infini   et  ayant 

une  asymptote  qui  ne  passe  pas  par  le  centre,  donc 

de  nature  hyperbolique; 
H°  =  trajectoire  à  branche  de  nature  hyperbolique,  mais 

dont  l'asymptote  passe  par  le  centre. 

Nous  ferons  en  outre  usage  des  signes  suivants,  dont 
quelques-uns  ont  déjà  été  employés  plus  haut: 

E    =  énergie  totale  du  point  mobile; 
E^  =  énergie  totale  de  la  force  motrice; 
E0    =  énergie  totale  de  la  force  C1  r~%  \ 
Ex   =  énergie  totale  du  mouvement  circulaire. 

45.  La  forme  de  la  trajectoire  entière  peut  maintenant 
être  indiquée  au  moyen  de  deux  des  signes  ci-dessus  expliqués  : 
l'un  pour  représenter  la  forme  au  voisinage  du  centre,  l'autre 
faisant  connaître  la  forme  que  la  trajectoire  présente  du  côté 
de  l'espace  infini. 

C'est  ainsi,  par  exemple,  que  P — A  indiquera  une  trajec- 
toire régulièrement  ondulée;  °°& — H*  sera  une  trajectoire  qui 
conduit  au  centre  par  une  spirale  d'un  nombre  infini  de 
circonvolutions,  et  qui,  d'autre  part,  s'étend  vers  l'espace 
infini  par  une  branche  de  forme  hyperbolique,  ayant  une 
asymptote  non  dirigée  vers  le  centre;  etc. 

46.  Les  résultats  obtenus  se  laissent  maintenant  résumer 
de  la  manière  suivante: 

A.  la  force  est  répulsive  (§9): 

P  —  He  pour  [    Fdr<:ao,  et  alors  TQOz=aoJ 
y  J  r 

r 

P Jï«  «  »         =      «»       fi  n  2100   <  00  . 


y 


r 


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196  G.   SCHOUTEN.    REGLE   GENERALE   POUR 

B.  la  force  est  attractive  et  <p  (r)  =  p  (%  10)  : 


•&— 4,  pour  i7  <  ^  , 

C.  La  force  est  attractive  et  <j/  (r)  >  0  (§  18)  : 
C2  <  q>  (0)  C2  >   9  (oo  ) 


«>Se—      A                                               ,    .    .    . 

pour    E  <  E«,, 
E  —  E   , 

;  «S,—  «5,   pour  <p(co)  <oo, 

1  "&—      Par       ,       tp  (oo-)  =  00  , 

»                 *-*               ■"*«)  > 

*&  —  h;                ,  p- 

-He, 

»        ^^-E*. 

ç  (0)  <  C»  <  qp  (oo  ) 

P-  A 

pour  E^E^, 

J P—  "/S^  pour ^  (oo)  <  oo 

/  P—    Par      „      <p  (oo  )  =  00 

»    E~E*>> 

P—  Re 

»      £>£<». 

P.  la  force  est  attractive  et  9'  {r)  <  0  (§  43)  : 
C2  non  pas  >  ç>  (00  )  et  <p  (0)  <  00  :     C1  >  <j>  (0)  : 
°°&—  4    pour  E  <E„,      P    —Hey  pour  £  <J50, 


7* 


«p  (00)  <  C»  (=  <P  00)  <  V  (0)   et   9  (0)  <  00: 


«  —     A    ou    P     -  H'  ,  pour  £  <  Ex, 


e 

e  „  >        »        E=Ex, 


'Se—  ™Sb     „    "&  -  ^   si-y»  <•<* 
-&—   'S*      „      %  -r  Hey     ,-<p'(n)  =  co 


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LA  FORME   DE  LA  TRAJECTOIRE   ETC.  197 


°°&   —  Hey  ,  pour  E>  Ex. 

(*)  On  a  ici  T^%  oo  pour  —  <pm  (0)  ^0. 

47.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  ces  tableaux  nous  apprend  que  pour 
E  <  E^  il  apparaît  un  apocentre,  pour  E>>  E^  une  branche 
dirigée  vers  l'espace  infini  ;  ensuite,  que  E  <  E0  dénonce  un 
péricentre,  E>  E0  une  spirale  conduisant  au  centre.  Toute- 
fois, le  dernier  tableau  montre  que,  dans  les  mêmes  circon- 
stances, il  peut  se  produire  aussi  bien  A  que  Hy  et  aussi 
bien  P  que  8C. 

Pour  découvrir  la  cause  de  cette  anomalie  et  parvenir  à  une 
règle  générale  concernant  la  forme  de  la  trajectoire,  il  sera 
nécessaire  que  les  conditions  exprimées  en  G  et  q>  (r)  soient 
exprimées  aussi  au  moyen  des  différentes  quantités  E. 

Entre  ces  dernières  quantités  existent  les  relations  suivantes  : 

E-E„=lr'*  +  £i  +  fr  Fdr-f Fdr, 

0  0 

ou  bien: 

E-E„=lr'*+fC-l^ldr-, (12) 

r 

E-E^i-r't  +  ^+j    Fdr-f    ^dr, 

0  0 

oij  bien: 

0 
0  0 

ou  bien: 

E-E*  =  {r'>+f*Cl-*{rïdr (14) 


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198         G.  SCHOUTEN.  REGLE  GÉNÉRALE  POUR 

En  soustrayant  (14)  de  (12),  on  obtient 

E—Bm=f*ZLpÙiT (15) 

rx 

Enfin,  en  soustrayant  (14)  de  (13),  on  a 

E,-E0=fr^Jrt=Jldr.. (16) 

0 

48.    A  l'aide  de  ces  équations,  nous  trouvons: 

A.  La  force  est  répulsive: 

E—  E^  >  0,  correspondant  à  Hy, 
E-E0  <0,  „  „  P. 

£.  La  force  est  attractive  et  q>  (r)  =r  p  : 

pour  C2  <  fi  on  a  E—  2Ê0  >  0,  correspondant  à  Se, 
„     C>>n     „     E-E,<%  „   .  „  P. 

C.  La  force  est  attractive  et  cp'  (r)  >  0  :     ~ 

pour  C*  <  9  (0)  on  a  E —  E0  >  0,  correspondant  à  5e?, 
»      ^>qp(0)      „      E-Eo<0,  „  n  P. 

D.  la  force  est  attractive  et  q>'  (r)  <  0  : 

pour  C2_<  qp  (oo  )   on   a  E  —  E0  >  0,  correspondant  à  & , 

.       C2>    qp    (0)        ,      „    JS?^-^oo>0,  „  „    #y, 

„<?(«>)  <C>  <q>(0)n      „#-J£0>0,  „  „&, 

exepté  lorsque  Ex>^E>>  E0)  auquel  cas  P  ou  8à 
peut  se  produire.  On  a,  en  outre, 

E—E^  >  0  pour  r>r* 

correspondant  à  JSy,  mais  certainement  aussi  pour  r  <  rx, 
lorsque  rx  —  r  n'est  pas  trop  grand  ;  et  dans  ce  dernier  cas, 
comme  l'indique  le  tableau,  il  n'apparaîtra  pas  de  trajectoire 
Hy,  si  Ton  a  Ex  >  #>  E„ . 


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LA  tfORMB  DE  LA   TRAJECTOIRE  ETC.  199 

De  ce  qui  vient  d'être  dit,  il  ressort  donc  que  la  cause  de 
l'exception  signalée  au  §  47  doit  être  cherchée  dans  l'énergie 
Ex  du  mouvement  circulaire.  D'après  les  équations  (15)  et 
(16),  Ex  est,  pour  qp'(r)  <0,  plus  grand  que  E^   et  que  #0. 

Le  point  mobile,  bien  que  son  énergie  totale  soit  supérieure 
à  E0,  ne  pourra  alors  arriver  jusqu'au  centre,  tant  que  cette 
énergie  ne  surpasse  pas  celle  du  mouvement  circulaire  et 
que  le  point  devrait  franchir  l'orbite  circulaire  pour  pouvoir 
atteindre  le  centre. 

Bien  que  son  énergie  totale  soit  plus  grande  que  celle  de 
la  force  motrice,  le  point  mobile  ne  pourra  pas  non  plus 
s'éloigner  indéfiniment  du  centre  suivant  une  branche  infinie, 
dans  le  cas  où  son  énergie  ne  surpasse  pas  celle  du  mouvement 
circulaire  et  où  l'orbite  circulaire  se  trouve  sur  son  trajet 
vers  l'espace  infini. 

En  d'autres  termes:  le  point  ne  pourra  jamais  franchir 
l'orbite  circulaire,  si  son  énergie  totale  ne  surpasse  pas  celle 
du  mouvement  circulaire. 

*  49.  Nous  pouvons  donc  établir  la  règle  suivante  pour  les 
formes  de  trajectoires  qui  apparaissent  dans  le  cas  où  la  loi 
d'action  de  la  force  remplit  les  conditions  posées  au  §5. 

Dans  la  direction  du  centre,  la  trajectoire  aura  unpéricentre, 
si  Vênergie  totale  du  point  mobile  est  moindre  que  celle  de  la  force 
C*  r~3  ;  si  elle  est  égale  ou  supérieure  à  celle-ci,  la  trajectoire 
conduira  au  centre. 

Dans  la  direction  qui  s'éloigne  du  centre,  la  trajectoire  aura 
un  apocentre,  si  Vênergie  totale  du  point  est  moindre  que  celle  de 
la  force  motrice;  si  elle  est  égale  ou  supérieure  à  celle-ci,  la  tra- 
jectoire s'êteiïdra  jusqu'à  l'espace  infini. 

Dans  le  cas  seulement  où  le  point,  sur  son  trajet  vers  le  centre 
ou  vers  l'espace  infini,  trouve  une  orbite  circulaire  pour  les  points 
de  laquelle  on  a  q>'  (r)  <  0,  son  énergie  totale  devra  surpasser  celle 
du  mouvement  circulaire;  si  elle  est  plus  petite  que  celle-ci,  le 
point  s'approchera  de  l'orbite  circulaire  jusqu'à  wne  certame  dis- 
tance, puis  rebroussera  chemin;  si  elle  y  est  égale,  le  point  se 


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200  G.    SCHOUTEN.    R*GLE   GÉNÉRALE   POtfR 

rapprochera   indéfiniment   de    Vorbite   circulaire   sans  jamais  la 
franchir  et  sans  jamais  rebrousser  chemin. 


CHAPITRE  VII. 

Règle  générale  pour  la  forme  de  la 

trajectoire  et  la  durée  du  mouvement  central. 

Applications  à  quelques  lois  d'action 

particulières. 

50.  Si  la  loi  d'action  de  la  force  est  maintenant  supposée 
quelconque,  à  la  condition  près  que  sa  fonction  ait  des  valeurs 
finies  pour  toutes  les  valeurs  de  r  comprises  entre  0  et  oo , 
l'expression  F  r*  ou  qp  (r)  devra  varier  quand  r  variera  de 
0  à  oo ,  et  elle  pourra  passer  de  l'état  positif  â  l'état  négatif, 
de  Tétat  de  fonction  croissante  à  celui  de  fonction  décrois- 
sante, ou  vice-versa;  mais,  de  quelque  manière  que  se  pro- 
duisent ces  variations  avec  la  distance,  toujours  la  règle  énon- 
cée au  §  49  pourra  être  appliquée. 

51.  En  désignant  par  F  l'accélération  à  la  distance  r,  et 
par  £  G  Taire  décrite  dans  l'unité  de  temps  par  le  rayon 
vecteur,  on  a  donc  cette 

Règle  générale  pour  la  forme  de  la  trajectoire. 
Déterminez  les   racines  positives  de  V équation  Fr*  —  C2  =0. 
Ces  racines  donnent   les  seules  distances  où  le  mouvement  circu- 
laire uniforme  soit  possible. 

Décrivez,  dans  le  plan  du  mouvement,  lès  orbites  circulaires  sur 

.        I7  dFr*        A 

lesquelles  on  a    —= —  <  0. 

Le  point  mobile  ne  pourra  franchir  aucune  de  ces  orbites  cir- 
culaires, à  moins  que  son  énergie  totale  ne  surpasse  celte  du  mou- 
vement' circulaire  correspondant.  Si  elle  est  égale  à  celle-ci,  le  point 
s'approche  de  Vorbite  circulaire  sans  jamais  la  franchir  et  sane 
jamais  rebrousser  chemm;  si  elle  est  plus  petite,  lé  point  rebrousss 
chemin  avant  d'avoir  aUemt  Vorbite  circulaire. 


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LA   FORME  DB  LA  TRAJECTOIRE  »ÏC.  20t 

Lors  même  que  le  point,  dans  la  direction  vers  le  centre  ou  vers 
V espace  infini^  ne  Prouve  aucune  orbite  dretdaire  sur  son  trajet, 
sa  to<yectovre  ne  conduira  pas  au  centre  ni  à  V espace  infini,  si 
son  énergie  Maie  est  inférieure,  dans  le  premier  cas,  à  celle  de 
la  force  C1 r~z,  dans  le  second,  à  celle  de  la  force  motrice. 

52,  Aux  différentes  parties  de  la  trajectoire  s'applique  ce 
qui  suit. 

La  spirale  qui  conduit  au  cenère  a  un  nombre  mfini  de  circon- 
volutions  lorsque  Fr*  a,  pour  r^sO^  mie  valeur  finie;  si  Frz 
est,  pour  rszO,  infiniment  grand,  la  spirale  a  un  nombre  fini 
de  circonvolutions. 

Le  ncmbre  des  circonvolution»  de  la  spirale  qui  conduit  à.  wne 
orbite  circulaire  (C,  rQ)  est  infiniment  grand  lorsque, pour  rzsir0, 

2 —  est  fini  ;  mais  lorsque,  pour  r  —  r0,   -= —  est  infiniment  grand, 

le  nombre  de  ces  ct/rconvolutions  est  fini  et  Vorbtie  circulaire  fait 
partie  de  la  trajectoire  du  point 

La  branche  qui  conduit  à  l'espace  infini  est  de  nature  hyper* 
bolique^  lorsque  l'énergie  totale  du  point  Sfwrpasse  celle  de  la  force 
motrice.  Si  les  deux  énergies  sont  égales,  cette  branche  a  la  forme 
d'une  spirale  d'un  nombre  infini  de  cmcorwolutions  dan»  le  cas  où, 
pour  r  =  oo  ,  Fr*  a  une  vqleur  finie;  mais  lorsque, pour  r  =  oo  , 
Fr3  est  infiniment  grand,  cette  branche  est  de  nature  parabolique. 

53.  Quant  à  la  durée  du  mouvement,  voici  ce  qu'on  en 
peut  dire: 

Règle  pour  la  durée  du  mouvement. 

Lorsque  la  trajectoire  est  une  courbe  régulièrement  ondulée  ou 
un  cercle,  le  mouvement  dure  indéfiniment. 

Lorsque  le  mouvement  a  lieu  suivant  une  branche  infinie  pro- 
longée vers  l'espace  infini,  sa  durée  est  également  infinie;  dans  le 
cas  seulement  où  la  force  est  répulsive  à  des  distances  surpassant 
une  certaine  distance  finie,  le  point  peut  être  arrivé  en  un  temps 
fini  à  une  distance  infiniment  grande.  A  cette  distance,  sa  vitesse 
est  alçrs  infinie* 

Le  mouvement  vers  une  orbite  circulaire,  lorsque  celle-ci  est  un. 


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202  G.   SCHOTJTEN.   RÀGLK  GÉNÉRALE  POUB 

cercle  asymptotique  ou  fait  partie  de  la  trajectoire,  a  y/ne  durée  infime. 

Enfin,  le  mouvement  suivant  une  spirale  qui  conduit  au  centre 
s' achève  en  wn  temps  fini.  Dans  le  cas  seulement  où  Fr*  a  pour 
r=±0  la  valeur  C*,  et  où  les  trois  premières  dérivées  de  Fr% 
par  rapport  à  r  ont  pour  r  cr  0  la  valeur  zéro,  la  trajectoire  se 
rapprochera  cwymptotiquement  du  centre,  si  V énergie  totale  du  point 
est  égale  à  celle  de  la  force  C2  r~~8. 

En  tout  cas,  la  vitesse  avec  laquelle  le  point  atteint  le 
centre  est  infiniment  grande.  Si  la  trajectoire  tend  asympto- 
tiquement  vers  le  centre,  la  valeur  limite  de  la  vitesse  radiale 
sera  zéro. 

54.  Avant  de  passer  aux  applications,  je  ferai  encore  les 
remarques  suivantes. 

1°.  La  règle  énoncée  au  §  51,  concernant  la  forme  de  la 
trajectoire,  convient  pour  toutes  les  valeurs  de  C ,  aussi  potlr 
C  =  0,  c'est-à-dire  pour  le  mouvement  en  ligne  droite.  H  est  clair 
que,  dans  ce  cas,  les  orbites  circulaires  sont  remplacées  par 
les  points  où,  sur  la  trajectoire  rectiligne,  la  force  est  nulle  ; 
de  même,  l'énergie  totale  du  mouvement  circulaire  est  rem- 
placée par  Pénergie  potentielle  du  mobile  en  ces  points. 

2°.  Tout  couple  de  racines  égales  positives  de  l'équation 

rv  —  C  =  0, 

qui  rend  r  v  minimum,  donne  le  rayon  d'une  orbite  circulaire 
dont  le  point  peut  se  rapprocher  asymptotiquement. 
Sur  une  pareille  orbite  circulaire  on  a,  en  effet, 

r"  =  0 
et 

/  =  <). 
Or, 

—  ~dT> 

d  '  r'1 
de  sorte  qu'on  a  non  seulement  \  r'2  =  0,  mais  aussi  —^ —  =  0; 

par  conséquent,   £/*=()  a   deux  racines  égales  sur   cette 
orbite  circulaire. 


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LA   FORME  DE   LA    TRAJECTOIRE   ETC.  203 

d  Frz 
D'après  la   règle   du   §  51,  on  doit  avoir  —z —  <0,  ou,  à 

CL  Y 

cause  de  r"  =  — ^- ,  — -  >  0:  donc,  ir'2  doit  être  un 

r3  dr  2 

minimum. 

Mais,  d'après  Péquation  (2),  on  a 


{r'2=\v2 


2ra 


C2 
par  conséquent,  -\  v  2 - — -  =  0  doit  avoir,  pour  toute  orbite 

circulaire  dont  le   point  s'approche  asymptotiquement,  deux 

(ji 

racines  égales  rendant  %v2  —  minimum,  ce  quiestcon- 

forme  au  théorème  énoncé. 
55.  Applications.  Soit  F—pr*;  on  a  alors: 
(jp(r)  =  ^r»  +  3, 

9/(r)  =  p(n'+3)r«H-*ï 

de    sorte    que    dans   le   cas  seulement  de  n  -h  3  <  0  il  existe 
une  orbite   circulaire   (C,  r0),  pour  laquelle  C%  =r^r0*  +  8. 
On  a  maintenant: 


E-E„ 


=  {f/t  -h  J     - Ç- dr=z±v2—  j     nr»dr} 


E 


-M.Bl^-f«t=^4r, 


/r,f,»  +  3  —  r»  +  Z   . 
~ ^ dr  = 


r 

n  +  Z 


n+l 


r 

Il  en  résulte 

E—  E^  <  0  pour  w  +  1  >^ 0  , 
Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  14 


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204  G.    SOHOUTBN.    RÈGLE    GÉNÉRALE   POUR 

tandis  que  pour 

/QO 
pr»dr. 

r 

Il  en  résulte  aussi 

E—EQ<zO  pour  (n  +  3)  >  0  et 

pour  (n  +  3)  =  0  avec  C2  >  p, 
E  —  E0>&  pour  (n  +  3)  <  0  et 

pour  (w  +  3)  =  0  avec  C2"<^. 
Enfin,  on  a 

<  <  r0»  ^  _i_  3 

J£  —  2J*  =  0  avec  1  v1  =  I     ur»dr+    — — ,  .    Ur/+1. 
>  *         >  J  w  +  1      îr   ° 


f00 

pourjv1  <.liir»dr, 


La  régie  générale  donne  donc: 
n^—l:P—    A 

— 3<n<—  1  :P—    A 

pour 

P—  Parj_3<n^— 2: 

p_  a; 

fi  =  —  3: 

/QO 
/*r»  dr  et     C2  <  ^  , 

r 

> 

^  »  »  »        ^    »    9 

n<  —  3: 

i.oo  n-4-3 

'&—   A    et  P  —  Rey  pour£t>2  <  Lr*dr-h  -^-  .  |f*VH~1> 


»       »       »    *^  »  » 
»        »       »  _^  »  > 


»  > 


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LA   FORME   DE   LA   TRAJECTOIRE   ETC.  205 

56.  Soit  F—  fi  -h  y  r~3,  par  conséquent  q>  (r)  =  pr*  4->  *% 
9'(r)  =  3^r2. 

Il  n'y  à  a  considérer  qu'une  seule  orbite  circulaire  (C,  r0), 
pour  laquelle  Ca=/*r03  +y  et  p  < 0. 

On  a  dans  ce  cas: 

r  r         ■ 

0  o 

fi-  £X=  !  r-  +fC1-^^dr^K--f"^-r3V, 

r  r 

Il  en  résulte: 

Pour,*>0:  fi— fi,,  <0, 

A'  —  E0  <  0  avec  (7*  >  *,  fi— E„>  0  avec  Gî=^» 
Pour/*  <  0  :  fi  -  fi»  >  0,  E-  Eo<0  avec  C*  >  *  , 

fi  —  fi0  -^  0  avec  |  r'1  ^  —  p  r  si   C*  =r  y,    et 
E  —  #0  >  0,  lorsque  C1  —  v  =  p,  r03  <  0  ; 
E-Ex^0  avec  j  r'>  |=  —  M  (r-r0)»  ^^  • 

Suivant  la  règle,  la  trajectoire  est  donc:. 

Pour  /i>0  : 
si  C"  >  v  :  P  —  4, 

Pour  ^  <0: 
si  C*  <7: 

•&  -    il  ou    P  —  fij  avec  |  r',2  <  -  j*  (r  —  r*)2  ?VV*  , 


•&  —  *&,•&> -lïj 


00 


'S,  -H* 


2rJ 


14* 


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206  G.  8CHOUTBN.    RÈOLK   GENERALE  POUR 


si  C* 

:=»-: 

P  - 

-ai 

avec 

i 
ï 

r'*  <- 

-i*r  , 

"Sc- 

-K 

n 

>~ 

» 

si  C» 

>.»-: 

P  - 

-fl° 

On  a  ici 


57.  Lorsque  F  =  fi  -h  y  r_î,  on  a  9  (r)  =  pr3  -h  y  r, 
<$>'  (r)  =r  3  n  r*  -h  p. 

L'équation  pr*  +  pr  —  C2  —  0,  a,  tant  pour  p  >  0  et  y  >  0 
que  pour  ^  <  0  ^t  y  <  0,  deux  racines  imaginaires  ;  quant  à 
la  troisième  racine,  dans  le  premier  cas  elle  est  positive  et 
rend  y  (r)  >  0,  tandis  que  dans  le  second  cas  elle  est  négative. 

Le   théorème    de  Sturm    nous   apprend   ensuite   que  pour 

fi  >  0  et  p  <  0,  l'équation  ne  peut  avoir  qu'une  seule  racine 

positive,  qui  rend  qp'  (r)  >  0,  tandis  que  pour  n  <  0  et  p  >  0 

*  4  p 3 

elle  possède  deux  racines  positives,  dans  le  cas  où  C4  <  — ^=-  ', 

la  plus  grande  de  ces  deux  racines  rend  <p'  V)  <  0. 

Nous  n'avons   donc  à  considérer   qu'une  seule  orbite  cir- 

4j>3 
culaire(C,  r0),  savoir,  lorsque  ^  <  0,    p>  Q  et  C*  < — ^= 


4  y* 
,  lorsque  p  <:  u,    y  ^  u  et  d-  ^  - 

On  a  maintenant: 


r 

/oo 

r 

:  #  —  #0    =ir'—  j    iE- '-dr  = 

0 

rr  C1  —  pr  , 
^r-J     —73 dr> 


=  ±r'3  -h 


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LA   FORME  PB  LA   TRAJECTOIRE)  ETC.  207 

'  \ 

r  y 

Il  en  résulte: 

E—E^^O  avec   /*^0,  y 

£  —  E0    <  0, 

E  —  Ex   =  0  avec  iv»  =^—4  +  r°  (u  +  y  T^Mdr. 
>  >  2r08      J      v 

La  règle  concernant  la  forme  de  la  trajectpire  donnera  donc, 
dans  ce  cas: 

it4>0:P  —  A. 

(i  <"  0  et  v  <  0  ,  ] 

/i<0,  i>>0  et   C4>  -^-!:  P_flî" 

—  «  •  A*  l 

M  <  0,  v  >  0  et    <74  < 


27/*' 
P  -   .4  et  P  —  #J  pour  Iv***  ^j-  -  J'V  +  v  r"»)  d  r, 


0 

r 


P  —  w  8b  et  ^  Si—  H°r 

P—H°  „      „     >  '  ,        ' 

58.  Lorsque  F  =  /i  +  r  r,  on  a  9  (r)  =  jw  r3  -h  y  r4  et 
(p'(r)=zS(ir2  +  4*r3. 

Le  théorème  de  Sturm,  appliqué  à  l'équation  ?  r4  +  prs — 
—  C1  =  0    nous    apprend    que    c'est  seulement   pour  v  <:  0, 

ji  >  0  et   C1  <<  j     -         qu'il   existe    deux    racines  positives  ; 

la  plus  grande  de  celles-ci  rend  qp'  (r)  <  0. 

Dans  ce  cas  seul,  nous  avons  donc  à  considérer  l'orbite 
circulaire  (C,  r0). 


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20$         G.  SCHOUTEN.  RÈGLE  GENERALE  POUR 

On  a  maintenant: 

E-Eao=tv*~jC°(ft  +  rr)dr, 

r 

E-E0  =.r"-|r^-^  +  yr))dr, 

0 

E -  E„  =JV>  -(57V  +  P  0*  +  »r)dry 

r 

de  sorte  que  ; 

E  —  E„   <  0   avec  v  %  0  , 

£  — J?0   <o, 

E  —  Ex  ^0  avec  4»»  ^L^  +  f''(n  +  *r)d\ 

r 

Notre  règle  donne  donc: 

v>Q:P  —  A. 

v<0  et  /t*  < 0  j 

*<0,  /t>0  et  C1  >  ii^ll-    :P--^- 

(M4    . 


y  <  0,  /»  >  0  et  <7*  < 


0 


P-    ii    et    P  -  H°  pour  $v*  <J?T +fr°(n  +  vr)dr, 


P-»SBét  -fl-JïJ     „      „    =  „ 

59.  Lorsque  jF= /i  r  H- j>r—2,  le  théorème  de  Sturm  ap- 
prend que  l'équation  p  r4  -h  *>  r  —  C2  =:  0  ne  peut  avoir 
deux   racines    positives    que    datis   le   cas  de  p  <  0,  v  >  0  et 

4  C)4  <  ^—~-  ,  la  plus  grande  de  ces  racines  rend  q>'  (r)  <  0. 

—  3^4 


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LA   FORME   DE   LA   TRAJECTOIRE   RTC.  209 

On  a  maintenant: 

C*—ur*  —vr 


E-E.=i^+fC'-"r:'--dr: 


r 


#  —  #0  =î-r'*  —  J     ^- dr, 

o 

r 

5=5  *  2r^"— i     (f*r-*r"1)<'r- 


Il  en  résulte 
£  —  £0    <10, 


E-  E.»  £  0  avec   p  ^  0. 


£  —  £x  ==  0  avec  i  «*  —  ^ — -  +j  '  {i*  r  +  v  r^1)  d  r. 

r 
La  règle  générale  donne  donc  : 
l*>  0:P  —  A, 
j.<0,r<0,'  ) 

,<0,,>0)(4^>yij:.i>-< 

^<0,r>0,(4C)*<(i4^  : 

P—  A   et  P  —H*  pour    J  »»  < ^L  +  jr'(pr+*r-*)dr, 

r 

^-<  »  ■  ,. 

60.  Ces  quelques  applications  suffisent  à  montrer  comment, 
à  l'aide  du  théorème  de  Sturm,  la  règle  générale  permet  de 
déterminer  complètement  la  forme  de  la  trajectoire  du  mou- 
vement central. 


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LA  METEORITE 

DE  DJATI-PENGILON  (JAVA), 

PAR 

B  D.  M.  VEBBEEK. 


Les  pierres  météoriques  tombées^  le  3  octobre  1883,  dans 
deux  districts  de  l'arrondissement  de  Ngawi,  résidence  Madioen, 
ont  été  décrites  en  détail  et  figurées,  sous  le  nom,  de  „  Météorite , 
de  Ngawi",  par  M.  E.  H.  von  Baumhauer  '), 

Le  19  mars  1884,  le  matin  de  bonne  heure,  il  tomba  de 
nouveau,  dans  l'arrondissement  de  Ngawi,  une  grosse  pierre, 
au  sujet  de  laquelle  le  journal  indien  „De  Loçomotief"  publia 
bientôt  quelques  lignes,  qui  furent  reproduites  par  le  Handels- 
blad  (d'Amsterdam)  du  21  mai  1884.  M.  von  Baumhauer,  ayant 
en  connaissance  de  cette  nouvelle,  supposa  que  la  pierre  en 
question  pouvait  avoir  fait  partie  de  la  chute  du  3  octobre  1883  2  ). 

Plus  tard,  toutefois,  il  a  été  prouvé  que  cette  conjecture 
manquait  de  fondement.  Si  remarquable  que  soit  le  fait,  à 
deux  reprises,  séparées  seulement  par  un  intervalle  de  5lk  mois, 
des  pierres  météoriques  sont  tombées  dans  le  même  arron- 
dissement de  la  même  résidence.  La  chute  du  19  mars  1884 
a  été  constatée,  en  effet,  par  cinq  témoins  oculaires,  ainsi 
qu'il  résulte  d'une  enquête  minutieuse. 

Ces  témoins  sont  les  Javanais  :  Hirodikromo  (bèkèl  du  dessa 

i)  E.  H.  von  Baumhauer,  Sur  la  météorite  de  Ngaivi,  tombée,  le  S  oc- 
tobre 1883,  dans  la  partie  centrale  de  Vile  de  Java  (Arch.  néerl.  T  XIX, 
p.  175.  Avec  2  planches). 

2)  Voir  l'art,  ci-dessus  cité,  p.  178,  Note. 


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B.  D.  M.  VERBEBK.  LA  METEORITE  DE  DJATI-PENGILON  (JAVA).    211 

Doekoeh),  Troenosemito,  Soerodrono  (kamitoea  de  doekoeh 
Djati-Pengilon),  Nojokromo  et  Nojodrono.  Tous,  ils  déclarent 
avoir  vu  tomber  un  corps  lumineux,  qui,  avec  un  bruit  de 
tonnerre  mêlé  de  sifflements,  arriva  jusqu'au  sol,  où,  comme 
on  le  reconnut  plus  tard,  il  creusa  un  trou  de  3  mètres  de 
profondeur. 

Quant   à  l'heure   précise   du  phénomène,  et  à  la  direction 
dans  laquelle  le  météore  se  mouvait,  les  cinq  témoins  donnent 
des  indications  un  peu  différentes,  savoir: 
N°.  1,     19  mars  1884,  4  h  Vs  du  matin,  direction  O.— E. 
»   2       „      „        „      4  „  V*    „       „  „         O. — E. 

„   4       „      „        „      4  „         „       „  „      S.O.-N.E. 

„   5       „      „        „      3  „  %    „       „  „      S.O.-N.E. 

Le  moment  le  plus  probable  est  donc  celui  de  4  h  \  environ, 
et  la  direction  la   plus  probable  celle  de  l'O.S.O.  à  l'E.N.E. 

L'endroit  où  cette  météorite  tomba  est  situé  un  peu  au 
nord  du  hameau  (doekoeh)  Djati-Pengilon.  Sur  la  carte  chro- 
molithographique, à  l'échelle  de  1 :  100,000,  du  service  topogra- 
phique, ce  hameau  se  trouve  sur  la  rive  gauche  du  Solo,  au 
N.E.  du  poste  Bogo  (borne  milliaire  n°.  33),  le  long  de  la 
grande  route  postale  allant  de  Soerakarta  à  Ngawi.  Au  nord 
de  Djati-Pengilon  on  voit,  sur  la  carte,  le  nom  du  hameau 
Alastoewa.  C'est  tout  près  de  cette  dernière  localité,  mais  sur 
la  rive  gauche  de  la  petite  rivière  Sondé,  que  la  chute  a  eu 
lieu.  Djati-Pengilon  appartient  au  district  Gendigan,  résidence 
Ngawi.  Ce  village  est  éloigné  d'environ  16  kilomètres,  à  peu 
près  dans  la  direction  du  nord,  des  points  où  étaient  tombées 
les  pierres  du  3  octobre  1883. 

Peu  de  jours  après  la  chute,  savoir  le  23  mars  1884,  la 
pierre  fut  extraite  du  sol  par  M.  F.  Klâring,  de  Sambirobjong 
en  la  possession  duquel  elle  resta  assez  longtemps  (jusqu'au 
mois  d'octobre  1885).  Récemment,  elle  a  été  cédée  par  lui  au 
Gouvernement,  et  elle  se  trouve  maintenant  dans  la  collection 
du  Service  des  mines. 


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212  R.    D.    M.   VERBBEK.   LA  METEORITE 

Par  son  aspect  extérieur,  cette  pierre  ne  donne  pas,  au 
premier  abord,  l'idée  d'une  météorite,  mais  celle  d'un  bloc 
irrégulier  d'andésite  à  grains  fins,  recouvert  d'une  mince  croûte 
brune  effritée,  tel  qu'on  en  trouve  ordinairement  dans  le  lit 
des  rivières  ou  dans  l'argile  volcanique  rouge.  On  n'y  voit 
presque  rien  de  la  croûte  rugueuse,  scorifiée,  dont,  entre  autres, 
la  météorite  du  3  octobre  1883  montre  un  si  bel  exemple. 
Un  examen  attentif  fait  toutefois  découvrir  çà  et  là,  sur  la 
surface  brune,  des  agglomérations  de  petits  grains  noirs,  les- 
quelles ressemblent  tout  à  fait  à  la  croûte  scorifiée  habituelle. 
Ces  particules  sont  localisées  surtout  dans  des  creux  peu  pro- 
fonds, que  la  surface  présente  çà  et  là;  mais,  du  reste,«onen 
trouve  aussi  sur  la  surface  lisse  ordinaire.  Leur  épaisseur  ne 
dépasse  pas  y2  millimètre. 

A  l'exception  de  ces  petites  parties  noires,  la  couleur  de 
la  surface  est  le  brun  terne,  couvert  en  beaucoup  de  points 
de  taches  de  rouille,  d'un  brun  rougeâtre;  là  où  la  masse, 
en  pénétrant  dans  le  sol,  a  été  usée  par  le  frottement,  et  dans 
les  points  où  des  éclats  ont  été  réoemment  détachés  au 
marteau,  apparaît  la  couleur  gris  bleuâtre  ou  gris  verdâtre  de 
la  pierre.  A  la  loupe,  on  reconnaît  sur  la  cassure  fraîche  un 
mélange  cristallin  de  particules  minérales  vert  clair,  sans»  forme 
cristalline  distincte,  entre  lesquelles  brillent  des  particules 
punctiformes  de  fer  métallique  gris  et  de  fer  sulfuré  jaune. 
Çà  et  là,  enfin,  sont  disséminés  des  globules  ronds  ou  ovoïdes, 
ordinairement  formés  d'un  minéral  blanc  terne  ou  gris  clair. 
Tous  ces  détails  se  laissent  d'ailleurs  observer  beaucoup  mieux, 
à  la  lumière  incidente  et  à  la  lumière  transmise,  dans  de 
minces  lamelles  microscopiques. 

La  forme  de  la  pierre  est  celle  d'un  parallélipipède  très 
irrégulier,  limité  par  6  faces,  dont  5  assez  planes,  la  6ième  très 
inégale,  et  ayant  ses  arêtes  et  ses  angles  partout  arrondis. 

Le  poids  de  la  pierre  s'élevait  primitivement  à  166,4  kilo- 
grammes ;  pour  l'étude,  on  en  détacha  quelques  éclats,  pesant 
ensemble  0^,340. 


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DE   DJATI-PENGILON    (JAVA).  213 

Le  poids  spécifique  d'un  échantillon  de  la  pierre  était  de 
3,747  à  26°  C,  d'après  la  détermination  que  voulut  bien  en 
faire  M.  H.  Onnen,  professeur  de  physique  au  lycée  Guil- 
laume III,  à  Batavia.  Pour  chasser  l'air  inclus  dans  les  fins 
pores  de  la  matière,  celle-ci  avait  été  chauffée  dans  l'eau  à 
la  température  de  l'ébulition  ;  avant  cette  opération,  alors  que 
la  pierre  contenait  de  l'air,  on  n'avait  trouvé  que  3,732  pour 
le  poids  spécifique. 

Lorsque  la  pierre,  plongée  dans  Peau,  était  abandonnée 
pendant  24  heures  sous  la  cloche  de  la  machine  pneuma- 
tique, son  poids  absolu  diminuait  légèrement,  et  au  bout  de 
48  heures  on  constatait  une  nouvelle  petite  diminution  ;  l'ex- 
traction  de  l'air  au  moyen  du  vide,  la  pierre  étant  suspendue 
dans  l'eau,  ne  donnait  donc  pas  de  bons  résultats,  et  cela 
parce  que  la  pierre  contient  des  éléments  qui,  lors  d'un  séjour 
prolongé  dans  l'eau,  s'y  dissolvent  peu  à  peu.  Nous  n'avons 
pas  réussi  à  déterminer  la  nature  de  ces  éléments  ;  le  liquide 
qui  avait  bouilli  au  contact  de  la  pierre,  et  qui  avait  pris 
nne  teinte  d'un  jaune  très  clair,  laissait,  après  évaporation 
et  calcination  dans  une  capsule  de  platine,  un  minime 
résidu,  de  sorte  que  la  coloration  ne  peut  pas  provenir,  du 
moins  pas  uniquement,  de  la  présence  d'une  matière  orga- 
nique. La  recherche  qualitative  du  fer,  de  la  chaux  et  de 
l'acide  sulfurique  donna  un  résultat  négatif,  d'où  il  résulte 
que  la  coloration  ne  saurait  être  attribuée  non  plus  à  du 
sulfate  de  fer,  formé  par  l'oxydation  de  la  troïlite. 

Le  fer  métallique  étant  distribué,  dans  les  météorites  litho- 
ïdes,  d'une  manière  très  irrégulière,  il  y  avait  intérêt  à  déter- 
miner aussi  le  poids  spécifique  de  la  pierre  entière,  opération 
qui  fut  exécutée  par  M.  J.  A.  Schuurman,  ingénieur  des  mines 
à  Batavia.  Une  caisse  revêtue  de  zinc,  qui  avait  été  construite 
expressément  pour  ce  dessein  et  travaillée  avec  soin,  fut  rem- 
plie d'eau  jusqu'à  une  certaine  marque,  puis  pesée.  La  caisse 
ayant  alors  été  vidée,  on  y  introduisit  la  pierre,  on  reversa 
de  Pe#u  jusqu'à  la  marque  et  on  pesa  de  nouveau.  La  différence 


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214  R.    D.    M.    VERBBEK.    LA   METEORITE 

de  ces  deux  pesées  était  le  poids  de  la  pierre  dans  l'eau,  et, 
en  soustrayant  ce  chiffre  du  poids  de  la  pierre  dans  l'air 
(166,4.  kilogrames),  on  avait  la  perte  de  poids  éprouvée  dans 
l'eau;  il  ne  restait  plus  qu'à  diviser  par  ce  dernier  chiffre  le 
poids  de  la  pierre,  pour  obtenir  le  poids  spécifique.  M.  Schuur- 
man  trouva  de  cette 'façon,  pour  le  P.  S.  de  la  pierre  conte- 
nant de  l'air,  le  nombre  3,731,  qui  s'accorde  très  bien  avec 
le  second  des  deux  résultats  ci-dessus  cités  de  M.  Onnen, 
surtout  si  l'on  considère  que  la  détermination  du  P.S.  d'un 
bloc  de  cette  dimension  n'est  évidemment  susceptible  que. 
d'une  précision  toute  relative. 

Réduite  en  poudre  ténue,  la  pierre  cède  à  l'aimant  environ 
11V2*  pour  cent  de  fer  nickelé  métallique,  lequel  est  toutefois 
souillé  de  particules  silicatées  adhérentes  et  d'un  peu  de  fer 
sulfuré  inclus  ou  adhérent,  de  sorte  que  le  contenu  en  fer 
nickelé  pur  peut  être  évalué  à  10  pour  cent. 

Les  silicates  se  laissent  attaquer  en  partie  par  l'acide  chlor- 
hydrique  concentré,  en  abandonnant  de  l'acide  silicique,  par- 
tiellement soluble  dans  le  liquide.  Par  l'ébullition  répétée  avec 
H  Cl,  suivie  chaque  fois  du  traitement  du  résidu  par  une  forte 
lessive  de  potasse  pour  enlever  la  silice  mise  en  liberté,  on 
trouva,  dans  un  essai  préliminaire  sur  la  poudre  débarrassée 
du  fer  au  moyen  de  l'aimant,  que  54  pour  cent  de  la  quan- 
tité totale  des  silicates  avaient  été  dissous,  46  pour  cent  étant 
restés  inattaqués.  Or,  l'étude  microscopique  faisant  connaître 
que  la  pierre  ne  renferme  que  deux  silicates,  savoir  Polivine 
et  un  pyroxène  rhom  bique  (bronzite),  la  partie  soluble  dans 
l'acide  chlorhydrique  doit  consister  en  olivine  et  en  fer  sul- 
furé, la  partie  insoluble  en  bronzite.  D'après  cet  essai  préli- 
minaire, Téchantillon  examiné  de  la  météorite  serait  donc 
composé  de: 

Fer  nickelé  =  10,0  pour  cent, 

Olivine  =  48,6      „         „     (avec  FeS) 

Bronzite        =  41,4      „         „     (avec  un  peu  de  chromite). 
100,— 


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DE  DJATI-PENGILON  (JAVA).  215 

Toutefois,  ce  rapport  des  éléments  ne  s'applique  pas  à  toutes 

les  parties  de  la  météorite,  mais  seulement  à  l'échantillon  qui 

Ta  fourni.   Ainsi,  un  fragment  détaché  au  voisinage  du  pré- 

cédent,   et   qui  fut  l'objet,  de  la  part  de  M.  T ingénieur  des 

mines  J.  W.  Retgers,  d'une  analyse  chimique  détaillée  (voir 

plus  loin),   possédait,   d'après  cette  analyse,   la  composition 

suivante  : 

Fer  nickelé =  21,3 

Fer  sulfuré =    5,1 

Olivine =  33,4 

Bronzite =  39,0 

Chromite =     0,1 

98^T 
Cette  portion  contenait  donc  deux  fois  autant  de  fer  nic- 
kelé que.  celle  dont  il  a  été  question  ci-dessus  :  mais  les  poids 
spécifiques  des  éléments  permettent  d'inférer  que  la  compo- 
sition moyenne  de  la  pierre  entière  doit  se  rapprocher  plus 
des  premiers  rapports  que  des  seconds,  et  que  par  conséquent 
le  fragment  analysé  par  M.  Retgers  possédait,  accidentelle- 
ment, une  proportion  de  fer  anormalement  élevée.  Si  l'on  fixe, 
en  effet,  le  P.  S.  du  fer  nickelé  à  7,5,  celui  de  la  troïlite  à 
4,8,  celui  de  l'olivine  riche  en  fer  à  3,4,  celui  de  la  bron- 
zite à  3,1  et  celui  de  la  chromite  à  4,5,  on  trouve  pour  le  PS. 
du  premier  fragment  3,756,  pour  celui  du  second  4,238  ;  car  : 

P.  S.  P.  S. 

10,0  x  7,5  =    75,00  21,3  x  7,5  =  159,75 

')  5,0  x  4,8  =  24,00      5,1  x  4,8  =  24,48 

43,6  x  3,4  =  148,24     33,4  x  3,4  =  113,56 

41,4  x  3,1  =  128,34     39,0  x  3,1  =  120,90 

100,0        375,58    _0A  x  4,5  =  0,45 

98,9  419,14 

Donc  P.  S.  =  ?^jp  =  3,756  Donc  P.  S.  =  MM^=4,238  2) 

t)   La  proportion   de  FeS  a  été  supposée  égale  à  5  °/0,  c'est-à-dire  la 
même  que  dans  l'échantillon  de  M.  Retgers. 

a)  Ce  calcul  n'est  pas  exact.  Le  volume  de  cent  grammes  de  la  première 


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216  R.    D.    M.   VERBBEK.   LA   MÉTÉORITE 

Or,  le  P.  S.  de  la  pierre  entière  (privée  d'air)  pouvant  être 
évalué  à  environ  3,75,  il  faut  nécessairement  que  la  compo* 
sition  moyenne  soit  très  voisine  de  celle  du  premier  des  échan- 
tillons dont  il  s'agit,  et  la  proportion  moyenne  du  fer  nickelé, 
dans  notre  météorite,  ne  saurait  donc  différer  beaucoup  de 
10  pour  cent. 


Examen  microscopique. 

Pour  l'examen  microscopique,  on  tailla  différentes  lamelles 
minces,  opération  qui  réussit  assez  bien,  cette  météorite  étant 
heureusement  beaucoup  moins  fragile  que  celle  du  3  octobre 
1883. 

En  outre,  les  éléments  de  la  pierre,  séparés  autant  que 
possible  les  uns  des  autres,  furent  placés  chacun  isolément 
dans  du  baume  de  Canada  sous  des  couvre-objets  et  étudiés 
ainsi  au  microscope.  Le  fer  nickelé  fut  extrait  au  moyen  de 
l'aimant,  la  troïiite  et  le  fer  chromé  furent  obtenus  par  la 
lévigation  du  silicate  en  poudre,  et  les  particules  de  bron- 
zite  restaient  après  le  traitement  de  cette  poudre  par  l'acide 
chlorhydrique  et  par  la  solution  de  potasse.  L'olivine  est  donc 
la  seule  matière  dont  les  particules  ne  purent  être  isolées. 

Examinée  en  plaques  minces,  à  la  lumière  transmise,  cette 
chondrite  se  montre  formée  en  majeure  partie  d'un  mélange 
de  grains  cristallins  d'olivine  et  de  bronzite,  tantôt  d'un  vert 


composition  se  calcule  à 

d'où 

100 
poids  spécifique  =  ôq~ê£q  =  3,502. 

Pour  la  seconde  composition  on  trouve  de  même  : 

98  9 
poids  spécifique  =  ôâ"§ô7  =  3,756.. 

Note  du  rédacteur. 


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DE   DJATI-PENGILON   (JAVA).  217 

très  clair,  tantôt  presque  incolores.  Entre  ces  grains  se  voient, 
irrégulièrement  disséminés,  des  particules  de  fer  métallique 
(fer  nickelé)  et  de  fer  sulfuré  jaune  (troïlite),  un  très  petit 
nombre  de  grains  noirs  de  fer  chromé,  et  quelques  globules 
ronds  ou  oblongs  (chondres),  ordinairement  formés  d'un  sili- 
cate blanc  terne,  et  assez  souvent  entourés,  complètement  ou 
en  partie,  de  fer  métallique  et  de  troïlite.  On  ne  découvre 
aucune  trace  de  particules  feldspathiques. 

Notre  pierre  appartient  donc  à  la  section  des  „ckondrites 
cristallines"  de  M.  Brezina,  le  groupe  26  de  sa  plus  récente 
classification  des  météorites  '). 

Les  silicates.  Dans  les  lamelles  que  j'ai  examinées,  l'olivine 
forme  à  peu  près  la  moitié  des  silicates,  l'autre  moitié  con- 
sistant en  bronzite.  Les  grains  cristallins  ne  laissent  que 
rarement  voir  une  configuration  cristalline  distincte;  d'ordi- 
naire ils  sont  serrés  les  uns  contre  les  autres  dans  toutes  les 
directions,  séparés  seulement  çà  et  là  par  des  particules  de 
fer  ou  de  troïlite.  Les  grains  d'olivine  sont  souvent  divisés 
par  des  fentes  irrégulières  perpendiculaires  à  Taxe  principal 
et  par  quelques  fentes  parallèles  à  cet  axe;  la  bronzite,  au 
contraire,  possède  un  clivage  pinacoïdal  très  net,  de  sorte  que 
les  cristaux  de  ce  minéral  présentent  ordinairement  sur  leur 
section  une  multitude  de  lignes  parallèles  et  sont  alors  faciles 
à  distinguer  de  l'olivine.  Lorsque,  toutefois,  les  fentes  carac- 
téristiques manquent  dans  l'olivine,  ou  que  la  structure  fi- 
breuse fait  défaut  à  la  bronzite,  il  devient  souvent  très  difficile 
de  reconnaître  auquel  des  deux  minéraux  on  a  affaire.  Tous 
les  deux,  en  effet,  sont  rhombiques,  et  en  sections  minces  ils 
ont  à  peu  près  la  même  couleur  savoir  le  vert  extrêmement 
pâle  ou  même  ^vanescent;  d'ordinaire,  seulement.  Polivine 
est  encore  un  peu  plus  claire  que  la  bronzite. 

L'olivine   et  la  bronzite  contiennent,  l'une  et  Pautre,  des 

1)  Dr*  A.  Brezina,  Die  Meteoritensammlung  des  K.K.  mineralogischen 
Hofkabinetes  in  Wien  am  1  Mai  1885.  Jarhbuoh  der  K .  K .  geol.  Reichs- 
anstalt,  XXXV  ftmd,  4885,  S.  151-276. 


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218  R.   D.   M.   VERBEEK.   LA   MÉTÉORITE 

inclusions,  savoir,  des  pores  à  air,  des  grains  noirs,  de  petits 
lambeaux  translucides  brun  clair  ou  brun  verdâtre,  et  des  in-  * 
clusions  limpides,  qui  ont  l'apparence  de  particules  vitreuses, 
mais  présentent  toutefois,  en  général,  de  faibles  couleurs  de 
polarisation  lorsque  le  cristal  ambiant  est  placé,  entre  les  ni- 
cols  croisés,  dans  la  position  d'obscurcissement.  Quelques- 
unes  de  ces  inclusions  ne  deviennent  visibles  que  par  ce  mode 
d'observation,  parce  qu'à  la  lumière  ordinaire,  à  cause  de.  leur 
limpidité  et  de  leur  bord  mince,  elles  ne  tranchent  pas  suf- 
fisamment sur  le  cristal  qui  les  enveloppe. 

Les  pores  aérifères  se  reconnaissent  à  leur  bord  obscur; 
la  plupart  sont  clairs,  quelques-uns  colorés  en  brun,  proba- 
blement par  un  pigment  brun  excessivement  fin.  Les  grains 
noirs  sont  toujours  opaques  et  appartiennent  sans  doute  à  la 
chromite,  minéral  qui  apparaît  aussi  isolément  dans  notre 
chondrite.  Les  petits  lambeaux  bruns  consistent  peut-être, 
pour  une  partie,  en  oxyde  de  fer;  une  autre  partie,  de  même 
que  les  petits  lambeaux  brun  verdâtre,  doit  probablement 
être  rapportée  à  un  silicate  riche  en  fer,  qu'il  n'est  pas  pos- 
sible de  déterminer  d'une  manière  plus  précise.  Dans  l'acide 
chlorhydrique  ces  particules  se  dissoludent  presque  toutes,  car 
on  en  trouve  peu  ou  point  dans  la  poudre  de  bronzite  qui 
reste  après  le  traitement  par  cet  acide.  De  cette  circonstance 
il  peut  résulter  que  l'analyse  chimique  donne,  pour  la  teneur 
en  fer  de  l'olivine,  un  chiffre  un  peu  trop  fort. 

Les  particules  limpides,  de  forme  ronde,  ovoïde  ou  com- 
plètement  irrégulière,  qui  se  trouvent  aussi  bien  dans  l'oli- 
vine que  dans  la  bronzite,  mais  surtout  dans  le  premier  de 
ces  minéraux,  et  qui  renferment  ordinairement  un  ou  plusieurs 
petits  cristaux  ou  grains  noirs  (de  chromite?),  paraissent  être 
les  mêmes  corps  qu'a  décrits  M.  Brezina,  p.  192—199  de 
l'ouvrage  ci-dessus  cité.  Pris  par  M.  Tschermak  pour  du  feld- 
spath, ces  corps  sont  regardés  par  M.  Brezina  soit  comme 
des  particules  de  verre,  soit  comme  des  portions  de  la  masse 
cristalline   ambiante,   mises   dans   un  état  de  tension  par  le 


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DE  DJATI-PBNGILON   (JAVA).  219 

grain  de  minerai  adhérent.  A  la  seconde  de  ces  hypothèses 
l'auteur  paraît  accorder  le  plus  de  probabilité  (voir,  l.  c,  p.  273, 
l'explication  de  la  planche  IV,  fig.  13). 

Nos  inclusions  se  rencontrant  surtout  dans  l'olivine,  nous 
avons  recherché  avec  soin  la  présence  de  la  chaux  dans  la 
dissolution  chlorhydrique  des  silicates;  mais  le  résultat  de 
cette  recheiche  a  été  négatif.  Les  inclusions  peuvent  donc  dif- 
ficilement consister  en  feldspath,  car  ce  minéral,  s'il  existait 
dans  la  pierre,  serait  probablement  de  l'anorthite,  ou  une 
autre  espèce  feldspathique  basique,  et  par  conséquent  calci- 
fère.  Dans  la  bronzite,  au  contraire,  nous  avons  trouvé  delà 
chaux;  toutefois,  la  proportion  s'en  élevait  au  moins  à  3%, 
quantité  beaucoup  trop  forte  pour  pouvoir  être  attribuée  aux 
inclusions  extrêmement  petites  et  relativement  peu  nombreu- 
ses de  la  bronzite. 

La  dimension  de  ces  corps  est,  dans  Polivine,  de  0,03  millim.  ; 
dans  la  bronzite,  ils  ne  mesurent  le  plus  souvent  que  0,01  millim. 
11  est  à  remarquer  qu'eux-mêmes  renferment  ordinairement 
deux  sortes  d'inclusions,  savoir,  des  grains  d'un  minerai  noir, 
consistant  peut-être  en  chromite,  et  des  pores  remplis  d'air, 
à  bord  obscur.  Ces  derniers  n'ont  en  général  qu'un  diamètre 
de  0,001  millim.  Du  reste,  j'ai  trouvé  aussi  quelques  inclu- 
sions limpides  sans  grain  de  minerai  et  sans  bulles  d'air,  ce 
qui  rend  improbable,  au  moins  pour  les  inclusions  dépour- 
vues de  grains,  l'hypothèse  de  M.  Brezina,  suivant  laquelle 
les  inclusions  seraient  des  portions  du  cristal  enveloppant, 
maintenues  dans  un  état  de  tension  par  les  grains  noirs  de 
minerai. 

On  serait  très  enclin  à  prendre  la  plupart  de  ces  inclu- 
sions, qui  d'ordinaire  présentent  des  contours  arrondis,  pour 
des  particules  vitreuses,  si  un  très  grand  nombre  d'entre 
elles  ne  polarisaient  distinctement  la  lumière  et  n'apparais- 
saient teintes  de  couleurs  plus  ou  moins  vives  lorsque  le 
cristal  ambiant  est  placé,  entre  les  niçois  croisés,  dans  la 
position  d'obscurcissement.   Quelques  inclusions,  à  la  vérité, 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII,  15 


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2èÔ  R.   D.    M.   VÈRBEBK.   LA   METEORITE 

ne  montrent  pas  de  couleurs  de  polarisation  particulières  et, 
lors  de  la  rotation  entre  les  niçois  croisés,  deviennent  obscures 
en  même  temps  que  le  cristal  qui  les  entoure  ;  mais  ce  sont 
là  des  exceptions,  et  si  Ton  veut  tenir  pour  du  verre  les 
inclusions  polarisantes,  on  doit  se  demander  pourquoi  dans 
la  chondrite  les  particules  vitreuses  se  trouvent  à  l'état  de 
tension  et  polarisent,  tandis  que  tel  n'est  pas  le  cas  dans  lee 
roches  éruptives  terrestres. 

En  conséquence,  j'estime  assez  probable  qu'une  partie  au 
moins  dos  inclusions  se  rapportent,  malgré  leurs  contours  arron- 
dis, à  des  lamelles  de  bronzite,  et  cela  parce  qu'elles  ressemblent 
beaucoup  aux  particules  do  bronzite,  excessivement  petites, 
de  la  pâte.  L'olivine,  en  effet,  ne  se  rencontre  qu'en  cristaux, 
grands  et  petits,  déjà  reconnaissables  à  un  faible  grossissement. 
La  bronzite,  au  contraire,  descend  des  individus  les  plus  grands, 
en  passant  par  de  plus  petits,  à  des  individus  très  petits,  à 
de  véritables  agrégats  microcristallins,  qui  çà  et  là  envelop- 
pent les  cristaux  plus  grands  de  l'olivine  et  de  la  bronzite, 
et  jouent  alors,  comme  dans  les  roches  éruptives,  le  rôle  d'une 
pâte  microlithique  peu  abondante.  A  un  faible  grossissement, 
ces  agrégats  microcristallins  sont  d'un  blanc  trouble;  sous  une 
amplification  puissante,  ils  se  résolvent  en  une  multitude  in- 
nombrable de  lamelles  de  bronzite  superposées  les  unes  aux 
autres,  claires  et  à  contour  irrégulièrement  polyédrique  ou  tout 
à  fait  arrondi,  auxquelles  lamelles  s'ajoutent  quelques  petits 
lambeaux  translucides  bruns  et  quelques  grains  noirs.  La 
preuve  que  ces  lamelles  n'appartiennent  pas  à  l'olivine,  mais 
probablement  à  la  bronzite,  résulte  de  ce  que  les  particules 
troubles  se  retrouvent  dans  la  poudre  de  bronzite  qui  reste 
après  l'attaque  réitérée  des  silicates  par  l'acide  chlorhydrique 
bouillant,  suivie  chaque  fois  du  traitement  du  résidu  par  la 
lessive  de  potasse.  De  plus,  en  ce  qui  concerne  la  grandeur, 
ces  lamelles  sont  reliées,  par  toutes  sortes  de  stades  intermé- 
diaires, aux  grands  cristaux  de  bronzite. 

Or,  quelques-unes  des  inclusions  limpides  ci-dessus  décritôfe 


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DJS  DJÀTÎ-PEtfGILON   (jAVA).  221 

de  l'olivine  et  de  l'enstatite  ont  une  grande  ressemblance  de 
forme  avec  les  plus  petites  lamelles  de  bronzite  de  la  pâte, 
bien  que  la  preuve  exacte  ne  puisse  être  fournie  qu'elles  ap- 
partiennent réellement  à  la  bronzite.  Dans  ces  inclusions,  en 
outre,  je  n'ai  pu  observer  distinctement,  entre  les  niçois 
croisés,  les  anneaux  colorés  concentriques  dont  parle  M  Brezina, 
mais  seulement  une  coloration  uniforme.  Je  ne  veux  rien 
décider,  toutefois,  quant  à  la  nature  de  nos  très  petites  in- 
clusions, me  bornant  provisoirement  â  regarder  comme  assez 
probable  qu'elles  consistent  pour  une  partie  en  verre,  pour 
une  autre  partie  en  lamelles  cristallines  de  bronzite. 

Les  globules  (chondres)  qu'on  voit  irrégulièrement  disséminés 
dans  la  météorite  sont  composés  principalement  de  bronzite, 
avec  un  peu  de  fer  nickelé  et  de  troïlite.  Je  n'ai  pu  trouver, 
d'une  manière  certaine,  de  Polivine  dans  ces  globules.  Quel- 
ques-uns consistent  en  un  petit  nombre  seulement  de  cristaux 
d'enstatitite  assez  grands,  assemblés  dans  toutes  sortes  de 
directions;  d'autres,  au  contraire,  contiennent  une  quantité 
considérable  de  cristaux  de  bronzite  plus  petits,  qui  présentent 
la  polarisation  en  mosaïque  ;  d'autres  encore  sont  formées  d'un 
agrégat  microcristallin  de  particules  de  bronzite,  qui  à  un 
faible  grossissement  possèdent  un  aspect  blanc  trouble  et  à  un 
grossissement  fort  se  résolvent  ordinairement  en  une  foule  de 
lamelles  claires. 

Dans  quelques  globules  et  secteurs  de  forme  irrégulière,  les 
fibres  de  bronzite  sont  groupées  radialement,  tandis  qu'entre 
les  fibres  s'est  déposé  un  pigment  brun  excessivement  fin. 
Entre  et  sur  les  fibres  se  trouvent  en  outre  un  grand  nombre 
de  lamelles  de  bronzite  à  contours  irrégulièrement  arrondis 
ou  rectilignes,  ce  qui  est  cause  que,  vu  à  la  loupe  ou  à  un 
grossissement  faible,  le  globule  entier  présente  un  aspect  1res 
trouble.  Plus  le  pouvoir  amplifiant  est  élevé,  plus  la  compo- 
sition de  ces  globules  se  révèle  distinctement,  à  condition  que 
la  matière  soit  taillée  en  lamelles  suffisamment  minces. 

Il  n'est  pas  rare  que  les  globules,  dont  le  diamètre  mesure 

15* 


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222  R.   D.   M.    VERBEflfc.    LA   METEORITE 

le  plus  souvent  de  IV2  à  2Vs  millimètres,  soient  entourés 
d'une  couronne  de  fer  nickelé  et  de  troïlite. 

Le  fer  nickelé,  outre  qu'il  forme  parfois  une  enveloppe  aux 
globules,  se  trouve  aussi  isolé  entre  les  particules  minérales; 
sa  couleur  est  le  gris  d'acier,  et  fréquemment  il  se  présente 
en  petits  bâtonnets  irréguliers,  claviformes,  de  1  mm.  de  Ion* 
gueur  sur  O^lô  d'épaisseur.  Sur  la  face  de  taille  on  observe 
souvent  des  raies  nettes,  formées  pendant  l'usure  à  la  poudre 
d'émeri.  La  surface  de  la  météorite  est  couverte,  çà  et  là,  de 
taches  de  rouille,  brunâtres.  Aussi,  lorsqu'on  veut  déterminer 
la  proportion  du  fer  nickel^  suivant  la  méthode  de  Rammels- 
berg,  savoir,  en  épuisant  la  poudre  de  la  météorite  par  le 
bichlorure  de  mercure  (HgCl2),  est-on  obligé  de  chauffer  pré- 
alablement la  poudre  au  rouge  dans  un  courant  d'hydrogène 
(méthode  de  von  Baumhauer),  afin  de  réduire  les  oxydes  de 
fer  et  de  nickel,  qui  ne  se  dissolvent  pas  dans  HgClj. 

Les  grains  de  troïlite  sont  jaunes  ou  jaune  brunâtre  (couleur 
de  tombac),  quelquefois  irisés  de  bleu  d'acier.  Ils  ne  sont  pas 
magnétiques.  La  plupart  des  grains  mesurent  0mm,20  sur  la 
section.  Ils  se  dissolvent  dans  l'acide  chlorhydrique,  en  dé- 
gageant de  l'hydrogène  sulfuré. 

La  chromite,  enfin,  est  très  parcimonieusement  répandue, 
en  grains  cristallins  noir  foncé,  complètement  opaques;  très 
rarement  ces  grains  laissaient  voir  une  couple  de  faces 
cristallines. 


Le  Gouvernement  des  Indes  néerlandaises  a  décidé,  sur  la 
proposition  de  l'Ingénieur  en  chef  placé  à  la  tête  du  Service 
des  mines,  qu'une  plaque  de  cette  grande  pierre  serait  dé- 
tachée à  la  scie  puis  divisée  en  petits  blocs,  destinés  à  être 
offerts  à  un  certain  nombre  de  savants  et  d'institutions 
scientifiques  importantes. 


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DE  DJÀTI-PENGILON   (JAVA).  223 

Examen  chimique. 
Par  M.  J.  W.  Retgers,  ingénieur  des  raines. 

Pour  l'analyse  quantitative  de  la  météorite  de  DjatirPen- 
gilon  on  a  suivi  en  grande  partie  la  méthode  indiquée  par 
M.  von  Baumhauer  (Sur  la  météorite  de  Tjabé,  dans  Arch.  néerl, 
T.  VI,  1871,  p.  305—325). 

Environ  5  grammes  de  la  météorite  finement  pulvérisée 
furent  chauffés  dans  un  courant  d'hydrogène,  pour  réduire 
la  rouille  qui,  à  l'air  humide,  se  forme  rapidement  sur  le  fer 
nickelé  métallique. 

Cette  opération  eut  lieu  sur  un  fourneau  d'analyse  orga- 
nique élémentaire,  la  poudre  de  météorite  étant  contenue 
dans  une  nacelle  de  porcelaine,  elle-même  placée  dans  un 
tube  de  verre  de  Bohême.  On  fit  passer  Phydrogène  d'abord 
à  travers  une  dissolution  d'argent,  pour  le  débarrasser  de  S 
et  de  As,  puis  à  travers  de  l'acide  suifurique,  où  il  se  des- 
séchait Comme  il  était  possible  qu'à  la  chaleur  rouge  une 
partie  du  soufre  du  fer  sulfuré  contenu  dans  la  météorite 
fût  entraînée  à  l'état  de  gaz  suif  hydrique,  l'hydrogène,  au  sortir 
du  tube,  fut  conduit  à  travers  une  solution  d'acétate  de  plomb  ; 
mais  aucune  trace  de  PbS  n'apparut  dans  ce  liquide. 

La  nacelle,  qu'on  laissa  refroidir  dang  le  courant  d'hy- 
drogène, fut  pesée  avec  son  contenu,  puis,  celui-ci  ayant  été 
versé  dans  un  vase,  on  prit  le  poids  de  la  nacelle  vide.  La 
différence  des  deux  pesées  était  de*  5,0905  grammes  ;  on  était 
obligé  d'opérer  sur  une  quantité  de  matière  aussi  considé- 
rable, parce  qu'elle  devait  suffire  à  deux  analyses  de  silicates, 
ainsi  qu'à  une  analyse  du  fer  nickelé. 

Von  Baumhauer  renonce  entièrement  à  déterminer  le  rap- 
port mutuel  des  trois  éléments  principaux  de  la  météorite 
(fer  nickelé,  olivine  et  bronzite),  et  il  fait  de  chacun  de  ces 
éléments  une  analyse  quantitative  particulière.  Cela  a  l'incon- 
vénient, toutefois,  qu'on  doit  exécuter  deux  fois,  la  réduction 
dans  le  courant  d'hydrogène  et  le  traitement  par  HgClr 


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224  B.   D.   M.   VERBEEK.   LA   MÉTÉORITE 

Pour  cette  raison,  j'ai  suivi  une  voie  un  peu  différente: 
sur  la  quantité  totale  de  5,0905  grammes,  j'ai  fait  à  la  fois 
la  détermination  quantitative  des  minéraux  constituants  et 
l'analyse  séparée  de  chacun  d'eux.  La  proportion  des  éléments 
paraissant  d'ailleurs  varier  beaucoup  dans  cette  météorite,  il 
va  sans  dire  que  le  résultat  de  l'analyse  ne  s'applique  qu'à 
la  portion  de  poudre  sur  laquelle  j'ai  opéré. 

La  poudre  réduite  fut  soumise  à  l'action  prolongée  d'une 
solution  chaude  de  bichlorure  de  mercure  (HgGl2)*  Ce  trai- 
tement eut  lieu  dans  une  atmosphère  d'hydrogène,  afin  d'em- 
pêcher, comme  le  remarque  von  Baumhauer,  la  formation  de 
chlorure  ferrique  basique.  Finalement,  le  résidu  insoluble  fut 
lavé  à  l'eau. 

'     I.  Analyse  de  la  solution. 

De  la  solution,  additionnée  d'un  peu  d'acide  chlorhydrique, 
on  commença  par  éliminer  le  mercure  au  .moyen  de  H2S  !). 
Ensuite,  le  liquide  fut  oxydé  par  HN03,  puis  divisé  en  deux 
portions. 

Dans  Vune  de  ces  portions  on  effectua  la  séparation  du  Pe 
et  du  Ni,  suivant  la  méthode  indiquée  par  von  Baumhauer, 
c'est-à-dire,  en  précipitant  Fe203  par  NH3  et  redissolvant 
dans  H  Cl  le  précipité  Fe2H606  recueilli  sur  le  filtre,  et  en 
répétant  ces  opérations  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  filtrée  ne 
se  colorât  plus  en  brun  par  l'addition  du  sulfhydrate  d'am- 
moniaque, ce  qui,  dans  le  cas  présent,  eut  lieu  à  la  quatrième 
reprise. 

Dans   l'autre  portion,  le  fer  fut  précipité  à  l'état  d'acétate 


i  )  Le  Hg  S  formé  fut,  après  dessiccation,  volatilisé  dans  un  creuset  de  por- 
celaine. Il  resta  un  faible  résidu  de  Fe,Os,  qui  fut  dissod6  dans  l'eau  ré- 
gale. Cette  dissolution,  traitée  par  un  excès  de  NH„  ne  montra  aucune 
trace  de  coloration  en  bleu,  d'où  il  suit  que  le  fer  nickelé  était  absolu- 
ment exempt  de  cuivre;  un  contenu  éventuel  de  Cu  aurait,  en  effet,  été 
dissous  par  HgCl„  puis  précipité  par  H,S,  en  même  temps  que  HgS. 

Le  petite  quantité  de  dissolution  de  FetGlc  fut  ajoutée  au  reste  de  la 
dissolution  ferrique. 


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DE  DJATI-PENtflLON    (JAVA).  225 

ferrique  basique,  puis  calciné  et  pesé.  Pour  savoir  jusqu'à 
quel  point  le  Fe^O,  obtenu  était  pur,  il  fut  dissous  dans 
H  Cl  concentré,  puis  la  dissolution  fut  précipitée  par  NH8. 
La  liqueur  filtrée  donna,  avec  le  suif  hydrate  d'ammoniaque, 
encore  un  fort  précipité  de  Ni  S.  Il  fallut  répéter  trois  fois 
l'opération  avant  d'avoir  une  dissolution  exempte  de  Ni.  Le 
résultat  apprit  que  le  Fe2  Os  primitif,  obtenu  par  la  préci- 
pitation comme  acétate  basique,  contenait  encore  12  pour  cent 
de  la  quantité  totale  du  Ni  ;  c'est  donc  avec  raison  que  cette 
séparation  est  dite  très  peu  satisfaisante  par  von  Baumhauer 
(Sur  la  séparation  quantitative  du  fer  d'avec  le  nickel  et  le  cobaU, 
dans  Arch.  néerl,  T.  VI,  1881,  p.  41—48). 

Pour  éviter  l'évaporation  de  la  grande  quantité  de  liqueur 
ammoniacale  provenant  des  précipitations  réitérées,  le  nickel 
et  le  cobalt  furent  précipités  par  H2S.  Cela  vaut  mieux  que 
de  précipiter  par  le  sulfhydrate  d'ammoniaque,  parce  que 
dans  ce  dernier  cas  on  obtient  le  phénomène  connu,  à  savoir 
que  Ni  S  reste  en  dissolution  dans  la  liqueur  ammoniacale, 
laquelle  dissolution  brune  ne  se  laisse  que  très  difficilement 
décomposer  par  ébullition.  En  faisant,  au  contraire,  traverser 
la  liqueur  par  un  courant  de  H3S,  on  sature  exactement  la 
totalité  de  NH3,  et  tout  le  nickel  se  précipite. 

Le  précipité  de  Ni  S  et  CoS  fut  dissous  dans  l'eau  régale, 
puis  les  deux  métaux  furent  précipités  par  la  potasse  et  pesés 
comme  Ni  O  4-  Co  O. 

Pour  doser  la  faible  quantité  de  Co,  celui-ci  fut  séparé,  de 
la  manière  ordinaire,  par  KN02. 

II.  Analyse  du  résidu. 

Le  résidu  non  dissous  dans  HgCl,  et  composé  des  deux 
silicates,  de  troïlite  et  de  chromite,  ne  pouvait  être  pesé  comme 
tel,  vu  qu'il  était  mêlé  d'une  assez  grande  quantité  de  mer- 
cure métallique.  L'élimination  de  celui-ci  présente  des  diffi- 
cultés;  calcine-t-on  la  poudre  au  contact  de  l'air,  le  fer  sul- 


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226  B.    D.   M.    VERBBEK.   LA   MÉTÉORITE 

furê  s'oxyde,  et  si  on  la  calcine  dans  un  courant  d'hydrogène, 
le  filtre  au  moins  doit  être  brûlé  à  Pair;  on  perd  donc,  de 
cette  façon,  un  moyen  de  contrôle  pour  l'analyse  de  l'olivine. 

En  conséquence,  pour  oxyder  le  FeS,  on  versa  sur  la  poudre 
mêlée  de  mercure  métallique  de  l'acide  nitrique  concentré, 
et,  après  avoir  laissé  agir  pendant  longtemps  à  froid,  on  éva- 
pora à  une  douce  chaleur.  Le  soufre  étant  alors  complète- 
ment oxydé,  à  l'état  de  H2S04  *),  on  pouvait,  sans  avoir  à 
craindre  le  dégagement  de  H2  S,  ajouter  de  l'acide  chlorhy- 
drique  concentré,  La  poudre  fut  chauffée  quelque  temps  avec 
cet  acide,  pour  décomposer  l'olivine,  puis  on  évapora  à  sic- 
cité,   afin  de  séparer  complètement  la  silice  mise  en  liberté. 

La  masse  sèche  fut  bien  épuisée  par  des  lavages  avec  de 
l'eau  contenant  un  peu  de  H  01,  après  quoi  le  résidu  fut 
chauffé  à  l'ébullition  avec  une  solution  de  Na2C03,  pour 
dissoudre  la  silice. 

Un  seul  traitement  par  H  Cl  ne  donnant  jamais  une  sépa- 
ration parfaite  .des  monosilicates  et  des  bisilicates,  —  proba- 
blement parce  que  la  silice  gélatineuse  enveloppe  des  parti- 
cules d'olivine,  —  l'opération  fut  répétée.  Il  n'en  résulta  la 
dissolution  additionnelle  que  d'une  faible  quantité  de  matière, 
de  sorte  que,  après  ce  second  traitement,  la  séparation  pou- 
vait être  estimée  complète. 

La  dissolution  chlorhydrique  contenait  maintenant  tout  le 
soufre,  sous  la  forme  de  H2S04,  ainsi  que  tout  le  mercure; 
le  premier  fut  dosé  à  l'état  de  BaS04,  puis  le  mercure  fut 
séparé  au  moyen  de  H2S. 

Dans  la  liqueur  filtrée  on  précipita,  comme  à  l'ordinaire, 
le  Fe  par  NH3  et  le  Mg  par  Na^HPO^.  De  chaux,  la  dis- 
solution était  entièrement  exempte.   L'acide  silicique  fut  séparé 


»  )  Von  Baumhauer  dose  le  soufre  de  la  météorite  en  chauffant  la  poudre 
avec  de  l'acide  chlorhydrique  et  recueillant  dans  une  dissolution  d'argent 
le  gaz  suit  hydrique  dégagé.  J'ai  cru  suivre  une  méthode  plus  directe  et 
plus  facile  en  oxydant  le  FeS  par  H  NO,  et  précipitant,  à  l'état  de  Ba  S  0%, 
le  II,  S  0*  formé. 


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DE   DJATI-PENGILON  (JAVA).  227 

de  sa  dissolution  dans  Na2COs  par  l'évaporation  avec  H  Cl. 

La  poudre  restant  après  le  traitement  par  l'acide  chlorhy- 
drique  et  le  carbonate  de  soude,  et  consistant  en  bronzite  et 
un  peu  de  chromite,  fut  pesée,  puis  une  portion  fut  attaquée 
par  (Na,K)2  COs,  une  autre  portion  par  H  FI,  et  le  dosage 
des  éléments  eut  lieu  de  la  manière  habituelle.  Lors  de  l'at- 
taque par  H  FI  et  de  la  dissolution  du  résidu  dans  l'acide 
chlorhydrique,  il  resta  quelques  grains  noirs  de  chromite.  Au 
microscope,  on  constata  qu'ils  étaient  encore  souillés  de  quel- 
ques parcelles  de  bronzite  non  attaquée,  raison  pour  laquelle 
ils  furent  soumis  à  un  nouveau  traitement  par  H  FI  et  H  Cl. 
Le  poids  des  grains  de  chromite,  maintenant  tout  à  fait  purs, 
s'élevait  à  0,24  %  de  celui  de  la  bronzite,  ou  à  0,09  %  de 
celui  de  la  météorite.  La  matière  était  en  quantité  trop  faible 
pour  pouvoir  être  analysée;  au  chalumeau,  dans  le  globule 
de  borax,  elle  donnait  une  forte  réaction  de  chrome. 

Les  résultats  de  l'analyse  sont  les  suivants.  Je  rappelle 
encore  une  fois  que  les  trois  principaux  éléments  de  la  mé- 
téorite n'ont  pu  être  pesés  séparément;  la  poudre  primitive, 
destinée  à  l'analyse,  et  la  bronzite  insoluble  dans  l'acide  chlor- 
hydrique ont  seules  été  pesées. 

Fe  =  18,91) 

Ni=    2,30     21,32%  de  fer  nickelé 

Co=    0,11  ) 

S  =    1,84  5  06        de  fer  sulfuré 

Fe=    3,22  ) 
SiO,  =  12,48 

FeO=    7,46  j 33,39  „     d'olivine 

Mg  0  =  13,45) 
Bronzite  =  39,06 39,06  „     de  bronzite 

Totafl8^%  (dont  °'09°/o  de  chromite) 

Calculons  maintenant  la  composition  centésimale  des  mi- 
néraux constitutifs  de  la  pierre.  Pour  le  fer  nickelé^  on  trouve  : 


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o 


228  B.   D    M.   VERBEEK.   LA.  METEORITE 

Fe  =  88,68 

Ni  =  10,78 

Co  =    0,54 

100,00 

Le  fer  nickelé  n'ayant  pas  une  composition  constante,  l'ana- 
lyse de  cet  élément  échappe  à  toute  discussion  ultérieure. 

Au  fer  mlfurê  (troïlite)  nous  avons  déjà,  pour  calculer  la 
quantité  de  Fe  unie  à  S,  attribué  la  composition  Fe  S  (63,64  % 
de  Fe,  36,36%  de  S). 

La  composition  de  Yolivine,  calculée  d'après  ses  trois  élé- 
ments, est  la  suivante: 

Oxygène. 

Si  O,  =  37,38  ........  19,94 

Fe,  0  =  22,34 4,96  J         ? 

Mg  0  =  40,28 16,11)       ' 

100,00 

Le  rapport  des  quantités  d'oxygène,  inscrites  en  regard  de 
chaque  élément,  indique  assez  clairement  un  monosilicate, 
toutefois  avec  un  petit  déficit  de  SiOa,  ou  un  petit  excès  de 
Mg  O  et  Fe  O. 

La  silice  et  la  magnésie  de  Polivine  ont  été,  toutes  les  deux, 
dosées  directement,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  Fe  O  ; 
la  quantité  de  Fe  O  qui  revient  à  l'olivine  a  été  calculée  en 
retranchant,  de  la  quantité  totale  de  fer  contenue  dans  la 
dissolution  acide,  le  fer  qui,  d'après  la  quantité  dosée  de 
soufre  existe  comme  Fe  S  dans  la  météorite.  La  teneur  en 
fer  de  l'olivine  peut  donc  avoir  été  évaluée  trop  haut,  par 
suite   d'erreurs  provenant  de  différentes  sources;  ainsi: 

1°.  La  dissolution  des  métaux  par  Hg  Cl2  n'a  peut-être  pas 
été  complète,  à  cause,  par  exemple,  d'une  enveloppe  d'olivine 
autour  de  quelques  petites  particules  de  fer; 

2°.  Le  résultat  du  dosage  du  soufre  peut  avoir  été  un  peu 
trop  faible,  de  sorte  que  le  calcul  aurait  donné  un  chiffre 
trop  faible  pour  le  fer  uni  à  ce  soufre,  et  par  conséquent  un 
chiffre  trop  élevé  pour  le  fer  de  l'olivine; 


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14,29 


DK  DJÀTI-PENGIGON  (JAVA).  229 

3°.  On  a  admis,  tacitement,  que  tous  les  grains  noirs  visibles 
au  microscope  appartiennent  à  la  chromite,  insoluble  dans  les 
acides;  or,  parmi  ces  grains,  il  y  a  peut-être  aussi  un  peu  de 
magnétite. 

En  ce  qui  concerne  la  bronaitê,  la  matière  qui  servit  à  l'ana- 
lyse était  extrêmement  pure.  Au  microscope,  on  n'apercevait, 
à  côté  des  fragments  vert  pâle  de  la  bronrite,  que  très  peu 
de  chromite,  en  grains  opaques. 

L'analyse  donna  les  chiffres  suivants: 

Oxygène. 

Si  O,  =56,61 30,19\ 

A1203  =   3,75 1,75 

FeO   =16,04 3,56 

MnO   =  traces. '.  .  .  .  — 

CaO   =   3,00 0,86 

MgO  =19,52 7,81 

Na2  0    =    1,15 0,30 

K.O   =  0.07 0,01 

chronite   =   0,24 

100,38 

On  a  donc  évidemment  affaire  à  un  bisilicate,  qui,  à  raison 
de  la  forte  proportion  de  Fe  O,  appartient  indubitablement  à 
la  bronzite,  et  non  à  l'enstatita. 

Les  résultats  de  l'analyse  prouvent  que  la  séparation  de 
l'olivine  et  de  la  bronzite  a  été  très  nette,  ce  qui  n'a  rien 
d'extraordinaire  pour  deux  silicates  présentant  une  telle  iné- 
galité de  résistance  à  l'acide  chlorhydrique.  Aussi  apprend-on 
avec  surprise,  dans  le  Mémoire  de  vonBaumhauer  (Le.  p.  318), 
que,  la  météorite  de  Tjabé  ayant  été  traitée  une  première 
fois  par  H  Cl  (puis  par  Na*  C03),  le  résidu  céda  plus  tard 
encore  au-delà  de  50%  de  son  poids,  tandis  que  des  deux 
analyses  de  von  Baumhauer  (p.  320  et  321)  il  ressort  que  ce 
résidu  n'avait  pas  beaucoup  changé  de  composition  ;  la  bron- 
zite paraît  donc  être  réellement  attaquée  par  H  Cl,  quand  cet 


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230 


R.    D.    M.   VERBEBK.   LA   MBTEOBITE 


acide  agit,  pendant  plusieurs  jours,  à  la  température  de  Yébul- 
lition.  D'après  cela,  je  crois  que  la  séparation  des  deux  silicates 
s'obtient  d'une  manière  plus  nette  au  moyen  d'un  traitement 
moins  énergique,  mais  prolongé,  savoir  en  les  chauflaht  avec 
H  Cl  au  bain-marie,  ainsi  que  je  l'ai  fait. 

Comme  résumé  final,  je  donnerai  encore  le  tableau  complet 
de  la  composition  de  la  météorite  de  Djati-Pengilon.  Le  hasard 
a  voulu  que  le  fragment  soumis  à  l'analyse  fût  exceptionnel- 
lement riche  en  fer,  car  la  proportion  moyenne  du  fer  nickelé, 
pour  la  météorite  entière,  ne  peut,  on  l'a  vu  plus  haut, 
s'élever  à  plus  de  10  pour  cent.  !) 


Fernickelé=21,32%.     ( 
Composition:      ) 

Troïlite     =    5,06%. 
Composition  : 

Olivine     =  33,39  %. 
Composition  : 


Bronzite  =  38,97  %. 
Composition  : 


S?- 


s  s 


«6- 

II 


Fe 

Ni 

Co 

Fe 

•  S 

SiO, 

FeO 

MgO 

SiO, 

AUO, 

FeO 

MnO 

CaO 

MgO 

Na20 

K,0 


88,68 
10,78 

0,54 
63,64 
36,36 
37,37 
22,34  . 
40,29 
56,53 

3,75 
16,01 
traces 

3,00 
19,49 

1,15 

0,07 


Proportion  d'O: 
19,94  .  .  19,94 


4,96  l 

16,llf 

30,15  . 

1,75  \ 

3,56  j 

0,86* 
7,80 1 
0,29 
0,01 


21,07 
30,15 

14,27 


Chromite=  0,09%. 
98,83%. 


i)  Cette  conclusion  devra  être  modifiée.  Voir  la  note  2,  page  215. 

Note  du  rédacteur. 


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DR  DJATIrPENGILON  (JAVA).  231 

Liste  de  publications  concernant  des  chutes 
antérieures  de   météorites  à  Java. 
(Avec  une  petite  carte  de  Java  PI.  V.) 

1.  E.  H.  von  Baiimhauer.  Sur  le  fer  météorique  de  Pramba- 
nan  dans  le  district  de  Soerakarta  (île  de  Java),  dans  Archives 
néerlandaises,  T.  I,  1866,  p.  465—468. 

Epoque  de  la  chute,  inconnue;  un  fragment,  apporté  à 
Solo  le  13  février  1784,  a  déjà  été  employé  tout  entier  à  la 
fabrication  d'armes;  un  second  fragment,  plus  volumineux 
{environ  1  mètre  cube),  et  qui  doit  encore  se  trouver  dans 
le  Kraton,  fut  amené  de  Prambanan  le  12  février  1797*  De 
ce  dernier  bloc  proviennent  les  échantillons  qui  figurent  dans 
les  collections  d'Europe. 

Le  résident  de  Soerakarta,  M.  A.  J.  Spaan,  qui  a  fait  ré- 
cemment à  Solo  des  recherches  sur  la  signification  du  mot 
vpamor",  écrit  à  ce  sujet: 

„Pamor  signifie  pierre  météorique,  ou  plutôt  le  mot  désigne, 
„en  particulier,  les  météorites  formées  de  fer  métallique.9' 

„D'après  le  Soesoehoenan,  quatre  fois  seulement,  àsacon- 
„naissance,  du  pamor  aurait  été  trouvé  ,sur  l'étendue  de  son 
^territoire,  savoir,  une  fois  sous  l'administration  du  Soesoe- 
„hoenan  Pakoe-Boewono  II,  une  fois  du  temps  de  Pakoe- 
„Boewono  VII  et   deux  fois  sous  sa  propre  administration." 

„Ces  météorites  sont  en  sa  possession,  mais  elles  ne  me 
„furent  pas  montrées.  Selon  lui,  il  y  a  deux  espèces  de  pamor, 
„le  blanc  et  le  noir." 

„  L'art  de  damasser  les  armes,  telles  que  sabres  et  criss, 
„art  *que  les  Orientaux  ont  porté  si  loin,  est  une  tentative 
„de  donner  à  l'acier  ou  au  fer  l'aspect  et  peut-être  aussi  les 
„ bonnes  qualités  du  fer  météorique.  Bien  que  les  armes  da* 
„  massées  soient  également  appelées  pamor,  ce  n'est  donc  là 
„qu'une  imitation  du  vrai  pamor,  savoir,  du  fer  météorique." 

„La  supériorité  du  fer  météorique  sur  le  fer  ordinaire  est 
nsi   généralement  reconnue,   que  le  langage  courant  se  sert 


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Î32  R     î>.   M.   VERBEEEt.   LÀ   METEORITE 

„même  parfois  du  mot  pamor  dans  le  sens  de  „tout  meilleur." 

2.  E.  H.  von  Bauinhauer.  Over  den  meteoriet  van  Tjabê  (Java), 
dans  Verh.  der  Kon.-  Akad.  van  Wetensch.  te  Amsterdam,  Afd. 
Natuurkunde,  2**  Reeks,  Deel  VI,  1871,  blz.  54— 73.  Voir 
aussi:  Archives  néerlandaises,  T.  VI,  1871,  p.  305—325  (Sur 
la  météorite  de  Tjabé  dans  l'Inde  néerlandaise),  et  Natuwrh.  Tijdr 
schrift  van  Ned.  Indië,  Deel  XXXII,  blz.  242—250. 

Tombée  le  19  septembre  1869,  à  9  heures  du  soir,  dans 
le  dessa  Tjabé,  district  Padangan,  arrondissement  Bodjo-Ne- 
goro,  résidence  Rembang.  La  masse  entière  doit  avoir  pesé 
environ  20  kilogrammes,  dont  un  peu  plus  de  1  k.  fut  en- 
voyé à  M.  von  Baumhauer.  D'après  les  renseignements  don- 
nés, la  pierre  n'avait  pénétré  dans  le  sol  que  jusqu'à  la  pro- 
fondeur de  2  pieds. 

3.  Meteoriien  gemllen  nabij  Bandong,  Preanger-Regentschappen. 
Communication  de  M.  l'ingénieur  des  mines  R.  Everwijn, 
dans  Jaarboek  van  het  Mijnwezcn,  1872,  II,  p.  197—201.  Avec 
analyse  chimique  par  le  Dr.  C.  L.  Vlaanderen. 

Le  10  décembre  1871,  à  lh  V*  de  l'après-midi,  il  y  eut  une 
chute  de  6  pierres  aux  environs  de  Bandong.  La  plus  grosse 
tomba  dans  le  village  Qoemoeroe,  touchant  au  cheMieu  Ban- 
dong, dans  un  trou  de  1  mètre  de  profondeur.  Les  2*  et  8e, 
par  ordre  de  volume,  tombèrent  dans  le  village  Babakan- 
djati,  à  environ  IV*  kilomètres  au  sud  de  l'endroit  où  eut  lieu 
la  chute  de  la  plus  grosse.  Les  trois  plus  petites  tombèrent 
dans  le  village  Tjigrelkng,  à  environ  2  kilomètres  au  sud 
de  Babakandjati. 

Poids  du  N°  1  =s  8,1  kilogrammes,  du  N°  2  s  2*,45,  du 
N°  3  ss  0*,685,  des  N08  4,  5  et  6  ensemble  =0*,152.  Poids 
spécifique  sr  3,519. 

Le  N°  3  fut  analysé  par  M.  Vlaanderen.  À  la  suite  du 
calcul  de  cette  analyse  (I.  c,  p.  201),  il  est  dit  que  la  mé- 
téorite contiendrait  17  %  d'anorthite,  ce  qui  évidemment  est 
impossible,  puisque  la  portion  soluble  dans  l'acide  chlorhy-. 
drique  ne   contient  que  0,30  %  de  Ga  O.   La  pierre  paraît 


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bE  DJÀTÏ-PENGILÔN  (jàVà).  23$ 

aussi  être  très  pauvre  en  fer  nickelé,  mais  on  ne  dit  pas  de 
quelle  manière  le  fer  métallique  fut  déterminé.  Si,  dans  la 
portion  non  dissoute  par  l'acide  chlorhydrique,  on  porte  les 
4,30%  Fe,  03  en  compte  pour  3,87%  FeO,  la  somme  de 
l'oxygène  des  bases  est  à  l'oxygène  de  Pacide  silicique  comme 
4,85  :  10,88,  ou  comme  1  :  2,24,  ce  qui  indique  assez  nette- 
ment un  bisilicate  (bronzite).  Des  chiffres  donnés,  on  peut 
conclure  approximativement  aux  éléments  suivants  :  47  %  d'oli- 
vine,  38%  de  bronzite,  3%  de  fer  nickelé,  5  y*  %  de  troïlite, 
4y2  %  de  chromite.  Somme  =  98%. 

La  note  de  M.  Everwijn,  avec  l'analyse  de  M.  Vlaanderen, 
se  trouve  aussi  dans  une  communication  de  M.  Daubrée, 
Comptes  rendus,  T.  LXXV,  1872,  p.  1676  ;  un  extrait  de  celle-ci, 
dans:  W.  Flight,  Geological  Magazine,  1875,  p.  216. 

4.  E.  H.  von  Baumhauer.  Over  den  op  3  Odober  1883  te 
Ngawi  en  Midden-Java  gevallen  meteoriet,  dans  Versl.  en  Meded. 
der  Kon.  Akad.  van  Wetensch.,  Afd.  Natuurk.  3<*e  Reeks,  Deel  I, 
blz.  8 — 18,  met  2  platen. 

N°.  1.  Pierre  tombée  le  3  octobre  1883,  entre  5  et  5{  h. 
de  l'après-midi,  dans  le  dessa  Gentoeng,  district  Djogorogo, 
arrondissement  Ngawi,  résidence  Madioen  ;  elle  avait  été  cas- 
sée en  3  petits  morceaux. 

N°.  2.  Pierre  tombée,  vers  le  même  temps,  à  Kedoeng-Poetri, 
district  Sepreh,  arrondissement  Ngawi. 

On  n'a  fait  un  examen  spécial  que  du  N°.  1  ;  le  N°.  2  pèse 
202,1  grammes,  son  P..  S.  à  15°  C.  est  =  3,11,  mais  de- 
vient =  3,45  lorsque  l'air  est  extrait  par  la  pompe  pneuma- 
tique. M.  von  Baumhauer  a  trouvé  pour  le  N°.  1  :  P.S.  =  3,561. 

Sa  description  a  été  reproduite  dans:  Jaarb.  v.  h.  Mijnw.,  1884, 
II,  p.  331 — 342.  Voir  aussi:  Archives  néerlandaises,  T.  XIX, 
p.  177  (Sur  la  météorite  de  Ngawi,  tombée  le  3  octobre  1883,  dans 
la  partie  centrale  de  Vile  de  Java). 

N°.  3.  Un  troisième  fragment  de  cette  météorite  paraît 
être  tombé  à  Karang-Modjo,  arrondissement  Magetan,  rési- 
dence   Madioen,    et  être   arrivé   dans  le   musée    de  Leiden; 


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234  R.   D.    M.    VERBEEK.    LA   MÉTÉORITE   ETC. 

j'ignore  toutefois  quels  ont  été  les  témoins  de  la  chute  de  cette 
pierre  et  par  qui  elle  a  été  envoyée  à  Leiden.  M.  J.  Bosscha 
fils  a  fait  une  étude  microscopique  très  complète  de  cette 
pierre  et  Ta  décrite  dans  les  Archives  néerlandaises,  T.  XXI, 
p.  177 — 200,  ainçri  que  dans  le  Neues  Jahrbuchfûr  Minéralogie 
etc.,  Vter  Beilage-band,  1887,  Seite  126—144,  avec  3  planches. 
5.  R.,D.  M.  Verbeek.  De  meteoriet  van DjatirPengilon (Java), 
gevallen  19  Maart  1884,  dans  Jaarboek  van  het  Mijnwezm,  1886. 


Note.  D'après  une  communication  du  Colonel  A.  Haga,  chef 
de  l'Etat-major  général,  un  météore  a  été  vu,  le  dimanche 
20  octobre  1872,  à  Soerabaja,  et  est  probablement  tombé  au 
voisinage  de  cette  ville.  Dans  le  Soerabaja-Courant  du  21  oc- 
tobre 1872  il  est  fait  mention,  sans  aucun  détail,  d'une  mé- 
téorite qui  doit  être  tombée  près  de  cette  localité,  en  émet- 
tant une  vive  lumière,  comme  une  étoile  filante.  Les  tenta- 
tives ayant  pour  but  d'obtenir  des  fragments  de  cette  pierre 
sont  restées  jusqu'ici  sans  succès.  Il  est  même  encore  incer- 
tain si  le  météore  a  été  simplement  vu,  ou  s'il  est  réellement 
tombé  à  Soerabaja  ou  aux  environs. 


Rien  n'est  connu,  jusqu'à  ce  jour,  des  chutes  de  météorites 
qui  peuvent  avoir  eu  lieu  dans  les  autres  îles  de  l'archipel 
Indo-Néerlandais. 


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NOTE  SUR  UN  CAS  DE  POLYDACTYLIE, 


PAR   LE 


Dr.  C.  H.  H  SPBONOK 


Quoique  les  cas  de  polydactylie  chez  l'homme  soient  assea 
fréquents,  la  dissection  n'en  est  pas  moins  rare,  car  la  chi- 
rurgie, peu  conservatrice  à  cet  égard,  enlève  promptement  ces 
soi-disant  „ difformités* \  Néanmoins,  la  polydactylie  mérité 
aujourd'hui  d'autant  plus  l'attention  de  l'anatoiniste,  que  les 
recherches  récentes  sur  le  carpe  et  sur  le  tarse  des  vertébrés 
et  de  l'homme  conduisent  à  admettre  qu'elle  n'est  pas  néces- 
sairement de  nature  pathologique,  mais  qu'il  peut  en  réalité 
s'agir  d'un  atavisme,  comme  Darwin  l'a  signalé  le  premier. 
D'ailleurs  cette  opinion,  loin  de  servir  d'appui  à  son  hypo- 
thèse de  la  descendance,  a  été  souvent  attaquée  par  sea  ad- 
versaires, et  quelques  anatomistes,  e.  a.  Gegenbauer  Orsemmt 
prononcés  pour  la  nature  pathologique  de  cette  affection. 

Je  n'examinerai  pas  ici  les  motifs  qui  ont  porté  ces  auteurs 
à  réprouver  l'opinion  de  Darwin.  Les  objections  de  Gegenbauer 
sont  certes  de  toute  importance,  mais  les  recherches  récentes 
de  Bardeleben  *)  leur  ont  fait  perdre  de  leur  valeur  pour  les 

i)  Gegenbauer,  Berner kung en  ûber  Polydactylie  als  Atavismus,  dans 
Morphol.  Johrbuch,  Bd.  VI,  S.  584,  1880. 

2)  K.  Bardeleben,  Ueber  neue  Bestandtheile  der  Hand-  und  Fusswurzel 
der  Sâugethiereny  sowie  dos  Vorkommen  von  Rudirnenten  »aberzâhliger" 
Finger  und  Zehen  beim  Menschen,  dans  Jen&sche  Zeitschr.  f.  Naturwis- 
sensch.  Bd.  XIX,  S   84  u.  449,  4886. 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  16 


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236  C.  H.  H,  spronck:  note  sué 

cas  de  polydactylie,  dans  lesquels  le  doigt  surnuméraire  occupe 
le  bord  radial  ou  cubital  de  la  main. 

D'après  les  recherches  de  Bardeleben,  la  main  (pied)  typique 
des  mammifères  .n'est  pas  pentadactyle»  Tout  porte  à  croire 
qu'elle  fut  primitivement  heptadactyle,  opinion  que  Lêboucq  !  ) 
et  Wiedersheim  *)  partagent  également.  Aussi  bien  du  côté 
radial  que  du  côté  cubital  de  la  main,  il  y  a  eu  réduction 
d'un  rayon.  Le  pouce  ne  représente  que  le  2me ,  le  petit  doigt 
le  6me  doigt  de  la  main  heptadactyle.  Sans  faire  état  de  ce 
que  l'examen  comparatif  des  extrémités  des  amphibies  et  des 
reptiles  (surtout  le  carpe  des  anoures  (Born)  et  celui  des 
chéloniens  (Baur))  prouve  à  cet  égard,  les  vestiges  du  prae- 
pollex  et  du  7me  rayon  existent  chez  un  grand  nombre  de 
mammifères  et  chez  l'homme  (Bardeleben). 

Pour  ce  qui  concerne  le  premier  rayon  de  la  série  typique, 
Bardeleben  considère  comme  vestiges  du  prœpollex  chez 
l'homme:  (1)  le  tubercule  radial  (tubero&tias)  du  scaphoïde, 
qui  d'après  ses  recherches  constitue  dans  le  carpe  embryon- 
naire un  nodule  cartilagineux  distinct  (cartilage*  marffinalis), 
m  soudant  plus  tard  avec  le  scaphoïde  ;  (2)  l'éminence  radiale 
du  trapèze,  dont  le  bord  radial  de  la  face  distale  présente 
une  petite  facette  articulaire,  jusque-là  inconnue  ;  (3)  la  partie 
radiale  de  la  base  du  métacarpien  du  pouce,  qui,  d'après  cet 
auteur,  montre  également  .une  petite  facette  articulaire  du 
côté  radial. 

Quant  aux  vestiges  du  7me  rayon,  comme  tels  sont  inter- 
prétés: (1)  l'os  pisiforme;  (2)  l'apophyse  styloïde  du  cubitus 
(Bardeleben),  qui  chez  l'homme  naît  probablement  d'un  nodule 
cartilagineux;  distinct;  (3)  enfin,  peut-être,  le  ménisque  inter- 


i  )  H .  Leboucq,  Sur  la  morphologie  du  carpe  et  du  tarse,  dans  Anatom . 
Anzeiger,  I  Jahrg.  Nr.  1,  1886. 

*)  R.  Wiedersheim,  Lehrbuch  der  vergleichenden  Anatomie.  Jenâl886, 
S.  224. 

Der  Bau  des  Menschcn  als  Zeugniss  fur  seine  Ver- 

gangenheit,  Freiburg  1887. 


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tm  cas  m  poLTDAcritm.  v         237 

articulaire  entre  l'extrémité  distale  du  cubitus  et  le  carpe, 
dans  lequel  se  différencie,  d'après  Leboucq  '"  ),  un  nodule  car- 
tilagineux, existant  pendant  les  3™*  et  4m*  mois  de  la  vie  fœtale. 

La  disposition  des  muscles  occupant  le  bord  radial  de  la 
main  mérite  également  l'attention  à  cet  égard.  Bardeleben  *) 
rattache  une  partie  dû  musle  grand  abducteur  du  pouce  au 
praepollex.  Le  tendon  de  ce  muscle  présente  chez  l'homme 
presque  régulièrement  une  division  longitudinale,  qui  peut 
s'étendre  au  ventre  musculaire  :  le  tendon  radial  vient  s'im- 
planter aux  parties  du  carpe  qui  représentent  les  rudiments 
du  praepollex.  Chez  les  anthropomorphes,  (Gorille,  Chimpanzé) 
cette  disposition  paraît  constante:  un  „os  .sésamoïde"  situé 
au  bord  radial  du  carpe,  entre  le  scaphoïde  et  le  trapèze, 
donne  attache  au  tendon  radial. 

Ayant  en  vue  les  recherches  de  Bardeleben,  M.  Rijkebûsch 
vient  de  décrire  dans  sa  dissertation  inaugurale  8)  un  cas  de 
polydactylie  assez  remarquable,  disséqué  soigneusement  au 
laboratoire  d'anatomie  normale  d'Utrecht,  sous  la  direction 
de  M.  le  professeur  Koster.  C'est  à  la  bienveillance  de  l'auteur 
que  je  dois  ]a  reproduction  de  quelques  planches  de  son 
mémoire,  qui  me  permet  de  donner  un  court  exposé  de  la 
disposition  du  squelette  et  des  muscles,  dont  j'ai  suivi  la 
dissection. 


Mam  gauche  offrant  quatre  doigts  normaux  et  deux  pouces. 
Les  deux  pouces  sont  unis  par  syndactylie:  le  pouce  radial  (prae- 
pollex) se  compose  d'un  métacarpien  et  de  deux  phalanges,  le  pouce 
cubital  {pollex)  d'un  métacarpien  et  de  trois  phalanges. 


i)  H.  Leboucq,  Recherchés  sur  la  morphologie  du  carpe  chez  les  mam- 
mifères, dans  Arch.  de  Biologie,  V,  1884,  p.  35. 

*)I.c. 

3)  P.    A.   H.  Rijkebûsch.     Bijdrage   tôt   de   hennis   der  polydactylie, 
Utrecht  1887. 

'      16* 


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238  0.   H.   H.  SPRONGK.   NOTE  SUR 

D  s'agit  de  la  main  gauche  d'un  homme  adulte  '  ),  offrant 
un  praepollex  nettement  accusé.  Le  praepollex  occupe  le  bord 
radial  du  pouce,  auquel  il  est  uni  par  syndactylie  (PI.  VI), 
Les  deux  pouces  sont  presque  immobiles  et  présentent  Top- 
position  normale  aux  quatre  derniers  doigts,  qui  n'accusent 
aucune  difformité.  Le  volume  du  praepollex,  grêle  et  délicat, 
diffère  considérablement  de  celui  du  pouce,  qui  est  de  beau- 
coup plus  fort  et  plus  gros. 

I.  Squelette. 

Le  praepollex  (PL  VII,  m)  se  compose  d'un  métacarpien 
(long  de  5,5  cni.)  et  de  deux  phalanges:  une  phalange  ba- 
sale  (longue  de  3,5  cm.),  une  phalange  onguéale  (longue  de 
2  cm.)  ;  le  pouce,  au  contraire,  présente,  comme  les  quatre  der- 
niers doigts,  un  métacarpien  et  trois  phalanges. 

L'extrémité  proximale  du  métacarpien  du  praepollex  s'ar- 
ticule au  moyen  de  deux  facettes,  logées  dans  la  même  ar- 
ticulation et  jointes  à  angle  droit,  avec  l'extrémité  proximale 
du  métacarpien  du  pouce  et  avec  le  carpe.  De  ces  facettes, 
l'une,  occupant  le  bord  cubital  de  l'os,  est  lisse,  plane  et 
revêtue  d'une  couche  cartilagineuse:  elle  est  ajustée  contre 
une  facette  pareille,  occupant  le  bord  radial  de  la  base  du 
métacarpien  du  pouce;  l'autre,  occupant  l'extrémité  libre  de 
l'os,  lisse,  plane,  presque  carrée,  ne  possède  pas  une  couver- 
ture cartilagineuse:  elle  est  dirigée  vers  une  petite  facette 
du  trapèze,  située  à  la  partie  radiale  de  l'extrémité  distale 
de  cet  os.  Une  distance  d'environ  3  mm.  sépare  l'extrémité 
libre  du  métacarpien  du  praepollex  de  la  facette  articulaire 
du  trapèze,  qui  est  revêtue  d'une  membrane  fibreuse.  La  poche 
synoviale,  qui  du  bord  des  facettes  articulaires  du  praepollex 
se   réfléchit   sur  le  métacarpien  du  pouce  et  sur  le  trapèze, 


i)  C'est  la  seule  indication  que  nous  possédons  à  l'égard  du  cadavre, 
dont  le  bras  gauche  avait  été  tranché  au  niveau  de  la  partie  moyenne  de 
l'humérus. 


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UN   CAS   DE  POLYDAOTYLIB.  239 

est  fort  peu  lâche  du  côté  du  pouce,  où  elle  est  recouverte 
de  fibres  ligamenteuses  très  fortes,  qui  se  portent  transver- 
salement d'un  métacarpien  à  l'autre,  empêchant  le  glissement 
entre  ces  deux  os.  Du  côté  du  trapèze,  la  poche  synoniale 
est  au  contraire  très  lâche  et  flottante,  quoique  la  surface  ar- 
ticulaire du  praepollex  ne  touche  jamais  celle  du  trapèze,  à 
cause  de  l'immobilité  de  l'articulation  carpo-métacarpienne 
du  pouce. 

Quant  aux  autres  articulations  du  praepollex,  leurs  surfaces 
articulaires,  encroûtées  de  cartilages,  sont  peu  développées. 
L'articulation  métacarpo-phalangienne  du  praepollex  rappelle 
en  quelque  sorte  l'arthrodie,  l'articulation  phalangienne  le 
ginglyme  des  autres  doigts. 

L'extrémité  proximale  du  métacarpien  du  pouce,  enchâssée 
entre  le  métacarpien  du  praepollex  et  celui  du  pouce,  pré- 
sente quatre  facettes  recouvertes  de  cartilages  minces  :  (1)  Une 
facette  articulaire  large,  presque  plane,  occupant  la  plus  grande 
partie  de  l'extrémité  libre  et  articulée  avec  le  trapèze;  (2) 
une  facette  plane,  arrondie  et  articulée  avec  le  trapézoïde; 
(3)  du  côté  cubital  une  facette  large,  plane,  s'articulant  avec 
le  métacarpien  de  l'index;  (4)  enfin  du  côté  radial  la  petite 
facette  que  nous  avons  vue  en  contact  avec  le  métacarpien 
du  praepollex.  L'articulation  qui  résulte  de  son  contact  avec 
le  trapèze,  le  trapézoïde  et  le  métacarpien  de  l'index  est  une 
amphiarthrose.  Les  ligaments  de  cette  articulation  offrent  la 
même  disposition  que  ceux  des  articulations  des  quatre  der- 
niers os  du  métacarpe  avec  le  carpe  et  consistent  en  un  ligament 
dorsal  et  un  ligament  palmaire,  composés  de  faisceaux  très- 
courts,  quadrangulaires  et  très  serrés.  L'articulation  métacarpo- 
phalangienne  du  pouce  est  formée  par  la  réception  de  la  tête 
du  métacarpien  dans  la  fossette  que  présente  l'extrémité  proxi- 
male de  la  première  phalange.  C'est  une  arthrodie,  comme 
celles  dès  doigts.  Les  articulations  des  trois  phalanges  du  pouce 
entre  elles  sont  des  ginglymes  et  offrent  par  rapport  à  leurs 
surfaces  articulaires  et  à  leurs  ligaments  la  plus  grande  res- 


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240  C.    H.    H.    SFRONCE.    NOTE   SUR 

semblance   avec  les  articulations  phalangiennes  des  doigts. 

Le  squelette  des  quatre  derniers  doigts  se  présente  comme 
à  Tétat  sain.  Les  quatre  derniers  os  du  métacarpe  s'adaptent 
au  carpe  de  la  manière  suivante  :  Le  métacarpien  de  l'index 
s'unit  au  trapézoïde  par  deux  facettes  jointes  à  angle  obtus, 
et  par  une  petite  facette  au  grand  os.  La  facette  plane,  qui 
à  Tétat  normal  s'articule  avec  le  trapèze,  fait  défaut.  Le  mé- 
tacarpien du  médius  s'articule  exclusivement  avec  le  grand 
os.  Celui  de  l'annulaire  et  celui  du  petit  doigt  s'appaient  sur 
l'os  crochu.  La  rangée  distale  du  carpe  se  eompose  du  tra* 
pèze,  du  trapézoïde,  du  grand  os  et  de  l'os  crochu,  dont  nous 
venons  de  décrire  le  mode  d'union  avec  les  métacarpiens  ; 
ces  os,  comme  ceux  de  la  rangée  proximale  (scaphoïde,  semi- 
lunaire,  pyramidal,  pisiforme)  ce  comportent,  quant  à  leur 
rapport  mutuel,  comme  à  l'état  normal.  Entre  ces  deux  ran- 
gées se  trouve  intercalé  du  côté  radial  un  os  surnuméraire, 
l'os  central  du  carpe.  Cet  os  est  reçu  dans  une  cavité  que 
présentent  le  scaphoïde  et  le  semi-lunaire,  et  s'articule  avec 
trois  os  de  la  rangée  distale:  le  trapèze,  le  trapézoïde  et  le 
grand  os.  Le  central  (PI.  VII,  g)  affecte  îa  forme  d'une  py- 
ramide pentagone,  dirigeant  son  sommet  vers  la  face  palmaire, 
sa  base  vers  la  face  dorsale  de  la  main.  En  raison  de  cette 
forme,  l'on  distingue  cinq  facettes  lisses,  encroûtées  de  car- 
tilages, s'articulant  avec  cinq  os  du  carpe.  Une  facette  proxi- 
male convexe,  assez  large  (haute  de  10  mm.,  large  de  16  mm.), 
s'articule  avec  le  scaphoïde  !  )  ;  une  autre,  assez  étroite  (haute 
de  10  mm,,  large  de  3  mm.),  se  joint  au  semi-lunaire.  Du 
côté  distal,  une  facette  convexe  (haute  de  10  mm.,  large  de 
7  mm.)  appuie  sur  le  trapèze,  une  seconde  (haute  de  10  mm., 
large  de  4  mm.)  sur  le  trapézoïde.  Enfin  une  cinquième  fa- 
cette, carrée  (haute  et  large  de  12  mm.),  légèrement  concave, 
s'unit  du  côté  cubital  avec  la  tête  du  grand  os. 

De  la  face  dorsale  et  palmaire  de  l'os  central  partent  une 


i  )  Le  central  n'est  sur  aucun  point  soudé  avec  le  scaphoïde. 


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UN  CAS   DE  PQLYDÀCTYUB.  241 

quantité  de  faisceaux  fibreux,  qui  s'attachent  aux  os  yoisins 
du  carpe.  Ces  faisceaux  sont  très  courts  et  serrés  du  côté 
proximal  de  l'os,  de  telle  sorte  que  l'os  est  lié  à  la  rangée 
proximale  du  carpe  et  ne  peut  se  mouvoir.  Du  côté  distal, 
ces  faisceaux,  également  très  courts,  sont  moins  serrés  et 
laissent  entre  eux  des  éc^rtements  à  travers  lesquels  on  aper- 
çoit la  capsule  synoviale  qui  en  tapisse  la  face  interne.  La 
contiguïté  du  central  avec  le  trapèze,  le  trapézoïde  et  le  grand 
os  constitue  ainsi  la  partie  radiale  de  l'articulation  des  deux 
rangées  des  os  du  carpe  Tune  avec  l'autre. 

Le  bord  radial  du  carpe  et  surtout  le  tubercule  externe 
(tubevQsitas)  duscaphoïde,  ainsi  que  l'éminence  du  trapèze,  furent 
examinés  avec  beaucoup  de  soin;  ils  ne  présentent  aucune 
particularité.  Après  ce  qui  précède,  je  n'aurai  pas  besoin  de 
rappeler  que  la  face  distale  du  trapèze  a  deux  facettes  arti- 
culaires, l'une  dirigée  vers  le  métacarpien  du  praepoliex, 
l'autre  ajustée  contre  le  métacarpien  du  pouce. 

IL  Muscles. 

a.  Muscles  de  l'avant-bras. 

Des  muscles  de  la  région  antibrachiale  interne  et  superficielle, 
le  grand  pronateur  (M.  pronator  teres),  le  petit  palmaire 
(M.  palmaris  longus)  et  le  muscle  radial  antérieur  (M.  fiexor 
carpi  radialis)  n'offrent  aucune  anomalie.  Le  tendon  du  radial 
antérieur  (M.  fiexor  carpi  radialis),  dont  l'origine  affecte  les 
rapports  normaux,  passe  au  devant  de  l'articulation  radio- 
carpienne  et  s'attache  en  partie  au  ligament  annulaire;  il 
s'engage  dans  la  coulisse  du  trapèze,  puis,  en  s' élargissant,  vient 
se  perdre  dans  les  ligaments  palmaires  qui  recouvrent  la 
rangée  distale  du  carpe. 

Le  muscle  fléchisseur  superficiel  des  doigts  se  compose  de 
deux  plans  musculaires,  dont  le  superficiel  se  divise  en  deux 
portions,  qui  se  portent  chacune  à  un  tendon  appartenant  aux 
doigts  médius  et  annulaire  ;  le  plan  profond  se  divise  au  con- 
traire  en  trois  pprtions,  dont  chacune  donne  naissance  à  un 


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242  C.   H.   H.   SPftONCK.   NOTE   SÛR 

tendon:  un  pour  le  petit  doigt,  un  autre  pour  l'index,  enfin 
tin  troisième,  occupant  le  bord  radial  du  muscle,  pour  le  pouce. 
Ces  cinq  tendons  passent  dans  la  coulisse  que  présente  la  face 
interne  du  carpe  et  y  sont  retenus  par  le  ligament  annulaire. 
Le  tendon  du  pouce  se  comporte  comme  ceux  des  doigts;  il 
se  loge  dans  une  gouttière  que  présente  la  face  palmaire  des 
phalanges,  et  après  avoir  été  perforé  J>ar  le  tendon  du  flé- 
chisseur profond,  se  termine  sur  la  seconde  phalange,  près  de 
sa  base. 

Quant  aux  muscles  de  la  région  antibrachiale  interne  et  pro- 
fonde, le  muscle  fléchisseur  profond  des  doigts  et  le  carré 
pronàteur  se  présentent  comme  d'ordinaire.  Le  tendon  du 
grand  fïéchiëseur  du  pouce  (M.  flexor  pollicis  longus)  passe  sous 
le  ligament  annulaire,  puis  descend  au-devant  des  muscles  de 
la  région  palmaire  externe  de  la  main.  Ensuite,  il  se  loge 
dans  la  gaîne  fibreuse  du  pouce,  traverse  la  fente  du  tendon 
du  fléchisseur  superficiel  et  vient  enfin  s'inséfcer  à  la  phalange 
onguéale  du  pouce. 

Muscles  de  la  région  antibrachiale  radiale. 

Le  muscle  grand  supinateur  (M.  brachio-radialis)  nâit  par 
des  fibres  aponévrotiques  courtes  du  bord  externe  de  l'humérus 
et  de  l'aponévrose  placée  entre  lui  et  le  triceps  brachial  ;  son 
faisceau  charnu,  large  de  3  cm.,  long  de  11  cm,,  aplati  trans- 
versalement, s'insère  par  un  tendon  aplati  à  la  face  antéri- 
eure du  radius,  déjà  au  niveau  de  la  partie  inférieure  de  son 
tiers  supérieur  (à  une  distance  de  10  cm.  de  l'extrémité 
proximalé  du  radius)   ■). 

Les  muscles  premier  et  second  radial  (M.  râdialis  hmgus 
et  brevis)  sont  intimement  unis  à  leur  origine;  leur  faisceau 
charnu  commun  se  divise,  au  niveau  de  l'insertion  menti- 
onnée du  grand  supinateur,  en  deux  portions,  qui  se  portent 
chacune  à  un  tendon.  Les  deux  tendons  descendent  le  long 

0  La  même  anomalie  du  muscle  grand  supinateur  a  été  observée  et 
décrite  par  Testut  (Les  anomalies  musculaires  chez  V homme,  Paris  1884, 
p.  541), 


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UN   CAS   DE   POLYDACTYLIB. 


243 


du  radius,  glissent  au-dessous  des  muscles  qui  se  rendent  au 
praepollex  et  au  pouce  et  s'engagent  dans  une  coulisse 
particulière  du  ligament  annulaire  externe,  dans  laquelle  le 
tendon  du  premier  radial  se  divise  en  deux  tendons  distincts. 
En  sortant  de  cette  coulisse,  les  trois  tendons  s'écartent  et 
glissent  encore  au-dessous  du  grand  extenseur  du  pouce.  Des 
tendons  du  premier  radial,  le  plus  mince  s'implante  à  la  base 
du  métacarpien  du  pouce,  l'autre,  plus  fort,  à  celui  de  l'index  ;  le 
tendon  du  second  radial  va  s'attacher  au  métacarpien  du  médius. 

Région  antibrachiale  externe  et  superficielle. 

Le  muscle  extenseur  commun  des  doigts  est  terminé  in- 
térieurement par  trois  tendons,  qui  au-dessous  de  la  coulisse 
du  ligament  annulaire  divergent  pour  gagner  l'index,  le  médius 
et  l'annulaire. 

Le  muscle  extenseur  du  petit  doigt  (M.  extensor  digitiqumti 
proprius),  le  muscle  cubital  externe  (M.  extensor  carpi  ulnaris) 
et  le  muscle  anconé  (M.  ancanaeus  quartus)  ne  présentent  pas 
d'anomalie. 

Règwti  antibrachiale  externe  et  profonde. 

Le  muscle  petit  supinateur  (M.  supinator  brevis)  et  l'exten- 
seur propre  de  l'indicateur  (M.  extensor  indieîs  proprius)  se 
comportent  comme  d'ordinaire. 

Un  groupe  de  cinq  muscles  distincts  occupe  la  place  qui, 
à  l'état  normal,  donne  naissance  aux  muscles  grand  abducteur 
(M.  abductor  pollkis  lœngw),  petit  et  grand  extenseur  du  pouce 
(M.  extensor  pollieis  hngus  et  brevis))  il  est  couché  obliquement 
en  arrière  et  en  dehors,  de  l'avant-bras.  En  procédant  du 
dedans  au  dehors  et  de  haut  en  bas,  les  muscles,  l'un  au- 
dessous  de  l'autre,  prennent  naissance  du  cubitus,  puis  du 
ligament  interrosseux  et  du  radius.  Allongés,  aplatis,  fusi- 
formes,  ces  muscles  se  terminent  chacun  par  un  tendon  qui 
passe  sur  ceux  des  deux  muscles  radiaux  externes  et  croise 
leur  direction,  pour  s'implanter  soit  au  carpe,  soit  au  prae- 
pollex ou  au  pouce.  En  procédant  de  haut  en  bas  et  du  côté 
radial  au  cubital,  on  trouve: 


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244  C.    R.   H*   SPRONCK.   NOTE  SUR 

1)  Un  faisceau  musculaire,  le  plus  volumineux  du  groupe, 
naissant  du  cubitus,  du  ligament  interrosseux  et  du  radius. 
Il  est  terminé  par  un  tendon  (large  de  8  mm.,  épais  de  2  mm*) 
qui  passe  dans  une  coulisse  creusée  dans  l'extrémité  distaie 
du  radius  et  qui  y  est  retenu  par  le  ligament  annulaire  ex- 
terne. Dans  cette  coulisse,  il  est  séparé  du  tendon  du  muscle 
radial  interne  (M.  flexor  carpi  radiait*)  par  une  cloison  fibreuse, 
sur  laquelle  s'attache  un  petit  faisceau  aponévrotique  (large 
de  1  mm.)  quittant  le  tendon  principal  au  niveau  du  croise- 
ment des  tendons  des  muscles  radiaux  externes.  En  sortant 
de  là,  le  tendon  vient  s'implanter  au  bord  radial  du  trapèze. 
Ce  muscle  (PI.  VIII,  m),  par  son  origine  et  sa  disposition, 
rappelle  le  muscle  grand  abducteur  du  pouce  et  principale- 
ment la  partie  radiale  de  celui-ci  (voyez  p.  237)  ;  c'est  donc  un 
muscle  abducteur  radial  du  carpe. 

2)  Un  second  muscle  (PI.  VIII,  ri),  né  également  du  cubitus, 
du  ligament  interosseux  et  du  radius,  et  dont  les  fibres  char- 
nues constituent  un  faisceau  grêle  (large  de  1  cm.),  est  terminé 
par  un  tendon  aplati  (large  de  4  mm.),  longeant  le  bord  cubi- 
tal de  celui  du  muscle  précédent.  Ce  tendon  passe  dans  fine 
seconde  coulisse  particulière  du  ligament  annulaire  externe, 
glisse  à  la  face  dorsale  du  métacarpien  du  praepollex,  se  con- 
tourne aji  niveau  de  l'articulation  métacarpo-phalangienne 
sur  le  côté  radial  du  praepollex,  dont  il  gagne  la  face  pal- 
maire, et  vient  s'insérer  à  la  base  de  la  phalange  onguéçie. 
De  chaque  côté,  le  tendon  principal  est  accompagné  d'un 
tendon  fort  grêle  (large  de  1  mm.),  résultant  de  sa  division 
longitudinale  :  celui  qui  occupe  le  bord  radial  du  tendon  prin" 
cipal  s'implante  sur  lé  côté  radial  de  la  base  du  métacarpien 
du  praepollex;  celui  qui  en  occupe  le  bord  cubital  s'attache 
également  au  côté  radiai  du  praepollex,  au  niveau  de  l'arti- 
culation métacarpo-phalangienne.  Ce  muscle  paraît  représenter 
un  grand  fléchisseur  du  praepollex. 

3)  Un  troisième  muscle  (PI.  VIII,  o),  un  peu  moins  épais 
que  le  précédent,  d'une  forme  analogue  à  la  sienne,  naît  du 


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UN  CAS   DE  PÛLYDAOTYUE. 


U5 


ligament  interrosseux  et  du  cubitus.  Ses  fibres  charnues,  en 
quelque  sorte  unies  avec  celles  de  ses  voisins,  s'implantent 
sur  un  tendon,  qui  s'engage  sous  le  ligament  annulaire  dorsal, 
dans  une  troisième  coulisse  située  auprès  de  la  précédente, 
et  descend  sur  la  face  dorsale  du  métacarpien  du  praepollex  ; 
il  s'élargit  au  niveau  de  l'articulation  métacarpo-phalangienne, 
en  formant  une  aponévrose  qui  recouvre  toute  la  face  dorsale 
du  praepollex.  Il  s'agit  vraisemblablement  d'un  muscle  extenr 
aew  du  prqœpQllex. 

4}  Un  quatrième  muscle  (PI.  VIII,  p),  placé  à  son  origine 
presque  entièrement  derrière  le  muscle  précédent,  naît  du 
ligapaent  interosseux  et  du  cubitus,  et  est  terminé  par  un 
tendon  qui  passe  par  la  même  coulisse  (troisième)  que  le 
muscle  précédent  En  quittant  cette  coulisse,  le  tendpn  descend 
à  la  face  dorsale  du  métacarpien  du  pouce,  s'aplatit  et  va 
s'implanter,  au  niveau  de  l'articulation  métacarpo-phalangiene, 
sur  une  expansion  apoaévrotique  qui  recouvre  la  face  dorsale 
du  pouce. 

5)  Enfin,  un  cinquième  muscle,  beaucoup  plus  volumineux 
que  le  précédent,  nâit  du  cubitus,  où  ses  fibres  charnues  sont 
en  connexion  avec  celles  du  muscle  qui  précède.  Devenu 
libre,  le  faisceau  charnu  (large  de  2  cm.)  se  dirige  vers  le 
eôté  radial  de  l'avant-bras  et  se  termine  par  un  tendon  qui 
s'engage  sous  le  ligament  annulaire  dans  une  coulisse  parti- 
culière, séparée  de  cellç  du  muscle  précédent  par  la  coulisse 
qu'occupent  les  tendons  des  muscles  radiaux  externes.  En 
quittant  cette  coulisse,  le  tendon  passe  sur  les  tendons  de  ces 
muscles,  croise  leur  direction,  descend  à  la  face  dorsaLe  du 
métacarpien  du  pouce  (PL  VIII,  q),  se  joint,  au  niveau  de 
l'articulation  métacarpo-phalangienne,  au  tendon  du  muscle 
précédent,  glisse  en  s'élargissant  sur  la  première  phalange  du 
pouce,  à  laquelle  il  tient  par  des  expansions  fibreuses,  et  vient 
se  perdre  au  niveau  de  la  deuxième  phalange  dans  l'aponé- 
vrose dorsale. 

Les.  deux   muscles   précédente   (4  et  5)  représentent  yrai^ 


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246  .  C.   H.   H.   8PR0NCK.   NOTE  SUR 

semblablement  les  muscles  petit  et  grand  extenseur  du  pouce. 

b)  Muscles  de  la  main. 

Les  muscles  de  la  région  palmaire  radiale  s'attachent  soit  au 
praepoïlex,  soit  au  pouce.  Ceux  qui  s'insèrent  au  praepoïlex 
sont  au  nombre  de  deux: 

1)  Un  muscle  superficiel,  dont  les  fibres  charnues,  nées  du 
ligament  annulaire  interne,  forment  un  faisceau  grêle  qui,  par 
de  courtes  fibres  aponévrotiques,  vient  s'implanter  sur  la  face 
palmaire  du  métacarpien  du*  praepoïlex,  tout  le  long  de  la 
moitié  proximale  de  cet  os.  C'est  le  seul  muscle  de  cette 
région  qui  prend  naissance  du  ligament  annulaire  interne 
(PL  IX,  a). 

2)  Placé  en  dedans  et  au-dessous  du  muscle  précédent,  ce 
muscle  ne  devient  appréciable  que  lorsqu'on  a  enlevé  le  liga- 
ment annulaire  antérieur.  Très  grêle,  ce  muscle  naît  par  de 
courtes  fibres  aponévrotiqus  des  ligaments  profonds  de  la  face 
palmaire  du  carpe  et  s'attache  à  la  face  palmaire  de  la  base 
de  la  première  phalange  du  praepoïlex  (PL  IX,  b).  Les  fibres 
charnues,  à  leur  origine,  sont  en  connexion  avec  un  muscle 
qui  se  rend  au  pouce. 

Le  premier  de  ces  deux  muscles  peut  être  considéré  comme 
opposant  (M.  oppûnens),  le  second  comme  court  fléchisseur  (M. 
flexor  brevis)  du  praepoïlex. 

Les  muscles  qui  se  rendent  au  pouce  sont  de  beaucoup 
plus  volumineux  que  les  précédente  ;  ils  sont  au  nombre  de  trois  : 

1)  Le  premier,  uni  au  muscle  profond  du  praepoïlex,  prend 
naissance  des  ligaments  profonds  de  la  face  palmaire  du  carpe 
par  un  tendon  aplati  et  assez  fort  (PL  IX.  c).  Les  fibres 
charnues  naissant  de  ce  tendon  viennent  s'insérer  par  de 
courtes  fibres  aponévrotiques  à  la  partie  radiale  de  l'extré- 
mité proximale  de  la  première  phalange  du  pouce. 

2)  Le  deuxième,  large,  triangulaire,  naît  tout  le  long  de  la 
face  palmaire  du  métacarpien  du  médius  et  de  la  face  pal- 
maire du  carpe,  où  il  est  uni  avec  le  muscle  précédent,  qui 


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UN   CAS  DE  POLYDÀCTYLIB.  247 

le  recouvre  en  partie.  Les  fibres  charnues,  en  convergeant,  se 
terminent  par  un  tendon  assez  fort,  fixé,  avec  le  tendon  du 
muscle  précédent,  à  la  partie  radiale  de  l'extrémité  proxi- 
male  de  la  première  phalange  du  pouce   (PL  IX,  e). 

3),  Enfin  le  troisième  muscle,  bien  distinct,  à  peine  large 
de  la  moitié  du  muscle  précédent,  et  en  partie  recouvert  par 
celui-ci,  naît  du  métacarpien  du  médius  et  de  l'articulation 
métacarpo-phalangienne  de  ce  même  doigt  (PL  IX,  g).  Ses 
fibres  charnues  constituent  un  faisceau  peu  aplati,  qui  se  dirige 
transversalement  vers  le  pouce  et  se  termine  par  un  tendon 
aplati,  s'attacheant  à  la  partie  cubitale  de  l'extrémité  proxi- 
male  de  la  première  phalange  du  pouce. 

Tandis  que  le  premier  de  ces  trois  muscles  semble  repré- 
senter un  court  fléchisseur,  le  deuxième  et  le  troisième  parais- 
sent constituer  les  deux  chefs  d'un  muscle  adducteur  du  pouce. 

Les  muscles  de  la  région  palmaire  cubitale  se  comportent 
comme  à  l'état  normal.  Quant  aux  muscles  de  la  région  pal- 
maire moyenne,  ils  présentent  la  disposition  suivante: 

Muscles  hmbricaux. 

1)  Le  premier  montre  trois  chefs  distincts,  à  forme  grêle, 
arrondie,  allongée,  fusiforme.  L'un  de  ces  chefs  naît  du  ten- 
don du  muscle  fléchisseur  superficiel  qui  se  rend  au  pouce, 
au  niveau  de  la  partie  moyenne  du  métacarpien  du  pouce; 
il  descend  obliquement  au-dessus  des  muscles  du  pouce,  pour 
s'unir  aux  tendons  des  autres  chefs.  Un  second  chef  prend 
naissance,  vers  le  haut  de  la  main,  du  tendon  du  muscle 
fléchisseur  profond  du  pouce.  Enfin  le  troisième  chef  naît  du 
tendon  du  muscle  fléchisseur  profond  qui  va  à  l'index.  Les 
tendons  de  ces  trois  chefs  s'unissent  au  côté  radial  de  l'arti- 
culation métacarpo-phalangienne  de  l'index,  s'élargissent,  se 
confondent  avec  le  tendon  du  muscle  interrosseux  correspon- 
dant et  se  perdent  dans  le  tendon  du  muscle  extenseur. 

2)  Le  deuxième  naît  du  bord  radial  du  tendon  du  muscle 
fléchisseur  qui  va  au  médius,  et  s'attache,  en  se  comportant 
comme  d'ordinaire,  au  côté  radial  de  ce  doigt. 


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248  C.  rf.   H.  SPROtfCK.   tfOTE  stm 

3)  Le  troisième  lombrieal  naît  avec  deux  chefs,  peu  distincts, 
des  tendons  du  muscle  fléchisseur  profond  qui  se  rendent  au 
médius  et  à  l'annulaire,  et  s'attache  de  la  même  façon  au 
côté  radial  de  l'annulaire. 

4)  Le  quatrième  lombrieal  fait  défaut. 
Muscles  interrosseux. 

Les  muscles  interrosseux  sont  au  nombre  de  neuf.  Le  nombre 
des  interrosseux  externes  s'est  augmenté  d'un  muscle  abducteur 
du  pouce  ;  le  nombre  des  interrosseux  internes  s'est  accru 
d'un  muscle  adducteur  du  praepoïlex. 

L'abducteur  du  pouce  naît  tout  le  long  du  bord  radial  du 
métacarpien  du  pouce  et  du  tiers  proximal  du  bord  cubital 
du  métacarpien  du  praepoïlex.  Les  deux  chefs  se  réunissent 
en  un  faisceau,  qui  se  termine  par  un  tendon  fixé  au  côté 
radial  de  la  première  phalange  du  pouce. 

L'adducteur  du  praepoïlex  (PI.  IX,  l)  naît  du  îigament  trans- 
versal palmaire  qui  recouvre  l'articulation  entre  le  praepoïlex 
et  le  pouce,  et  du  bord  cubital  du  métacarpien  du  pouce  ;  il 
s'attache  au  côté  radial  de  la  première  phalange  du  praepoïlex. 

Les  autres  interosseux   se  comportent  comme  d'ordinaire. 

Résumé  et  conclusions. 

Éaûs  notre  cas,  le  praepoïlex  ne  constitue  pas  un  simple 
appendice  de  la  main,  il  occupe  une  place  dans  la  rangée 
des  doigts  et  s'articule  avec  le  carpe  et  le  métacarpien  du 
pouce.  Le  bord  radial  du  squelette  du  carpe  offre  la  dispo- 
sition normale:  les  parties  dû  trapèze  et  du  scaphoïde,  qui, 
d'après  Bardeleben,  représentent  les  vestiges  de  la  traînée 
squelettique  du  praepoïlex,  ne  se  sont  pas  différenciées. 
Cependant,  les  dispositions  de  ces  deux  os  du  bord  radial  du 
carpe  sont  intéressantes.  Le  scapîioïde  offre  une  disposition 
primitive  en  ce  que  cet  os  ne  s'est  pas  soudé  atec  le  central 
du  carpe  (Leboucq).  Le  central,  bien  distinct,  s'ârticùle  avec 
cinq  différents  os  du  carpe  :  comme  dans  le  premier  stade  de 
son  développement,  le  central  est  encore  en  rapport  avec  le 


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tm  CAS   DE  POLtfDACtfYLÎE.  $4ë 

semi-lunaire  (Leboucq),  dont  plus  tard  le  développement  du 
grand  os  le  sépare  ordinairement,  puis  il  s'articule  avec  le 
grand  os,  le  trapézoïde  et  le  trapèze.  Dans  le  trapèze  il  faut 
signaler  une  altération  de  sa  face  distale,  qui  s'articule  avec 
les  métacarpiens  du  praepollex  et  du  pouce.  Du  côté  radial 
de  cette  face,  on  trouve  une  petite  facette  non  recouverte  de 
cartilage,  mais  tapissée  par  une  membrane  fibreuse,  vraisem* 
blablement  parce  qu'elle  n'est  pas  en  contact  avec  la  facette 
du  praepollex,  dirigée  vers  elle.  Du  côté  cubital,  se  trouve 
une  facette  large  et  aplatie,  recouverte  de  cartilage,  articulée 
avec  le  métacarpien  du  pouce  ;  celle-ci  diffère  de  l'état  nofrmàl 
aussi  bièm  par  sa  forme  que  par  le  déplacement  qu'elle  a 
subi  vers  le  côté  cubital.  Ce  déplacement  se  manifeste  en  ce 
que  le  métacarpien  du  pouce  ne  s'articule  pas  seulement  avec 
le  trapèze,  mais  aussi  avec  le  trapézoïde.  Comme  pour  feire 
place  au .  praepollex  dans  la  frangée  dés  doigts,  les  métacar- 
piens du  pouce,  de  l'index  et  du  médius  se  sont  déplacés 
vers  le  côté  cubital  :  celui  de  l'index  s'articule  avec  le  trapézoïde 
et  le  grand  os,  celui  du  médius  exclusivement  avec  le  grand  os. 

Pour  ce  qui  concerne  le  pouce,  ses  trois  phalanges,  ses  ar- 
ticulations carpo-métacarpienne  et  métacarpo-phalangienne 
rappellent  la  disposition  des  doigts.  Pourtant  l'opposition, 
l'articulation  avec  le  trapèze,  puis  les  insertions  musculaires 
indiquent  Clairement  qu'il  s'agit  du  pouce,  qui  présente  la 
plus  grande  analogie  avec  les  doigts. 

La  présence  du  central  du  carpe,  sur  lequel  les  idées  sont 
bien  fixées  aujourd'hui,  semble  indiquer  le  caractère  tout  à 
fait  primitif  des  anomalies  du  squelette  de  la  main,  accom- 
pagnant l'apparition  du  praepollex.  La  disposition  du  pouce, 
manifestant  les  caractères  des  doigts,  ne  paraît  pas  en  désac- 
cord avec  cette  manière  de  Voir. 

Quant  aux  anomalies  musculaires,  il  y  en  a  certes  de  nature 
accidentelle,  mais  cela ,  ne  semble  pas  être  le  cas  pour  les 
muscles  dit  ptaepollëx,  qui  présentent  un  arrangement  et  une 
disposition  conformes  au  squelette. 


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250  C.   H,   H.   SPRONCK.   NOTÇ  SUR 

Le  groupe,  composé  de  cinq  muscles,  occupant  la  place  du 
grand  abducteur  et  des  petit  et  grand  extenseurs  du  pouce, 
mérite  surtout  notre  attention.  De  ces  muscles,  en  procédant 
dans  Tordre  que  nous  avons  suivi  pour  leur  description,  les 
deux  derniers,  sans  doute,  représentent  les  muscles  petit  et 
grand  extenseur  du  pouce.  Le  muscle  grand  abducteur  du 
pouce  est  donc  remplacé  par  les  trois  premiers  muscles  du 
groupe,  dont  nous  avons  désigné  le  premier  par  le  nom  d'ab- 
ducteur du  carpe,  le  deuxième  et  le  troisième  par  les  noms 
de  long  fléchisseur  et  d'extenseur  du  praepollex.  Si  la  sup- 
position que  nous  avons  émise  touchant  l'état  primitif  du 
squelette  est  juste,  la  disposition  de  ces  muscles  peut  jeter 
quelque  lumière  sur  la  genèse  du  muscle  grand  abducteur  du 
pouce.  L'on  serait  donc  porté  à  croire  que  non  seulement 
la  partie  radiale  (Bardeleben),  mais  ce  muscle  tout  entier  doit 
être  rattaché  au  praepollex.  La  partie  cubitale  pourrait  être  in- 
terprétée comme  résultant  de  la  fusion  des  muscles  long  flé- 
chisseur et  extenseur  du  praepollex;  à  l'état  normal,  cette 
partie  s'insère  aussi  au  côté  radial  de  la  base  du  métacar- 
pien du  pouce,  là  où,  d'après  Bardeleben,  le  reste  du  prae- 
pollex se  soude  à  cet  os. 

Quant  aux  autres  anomalies,  l'on  pourrait  émettre  des 
suppositions  touchant  leur  origine  et  leur  signification  ;  je  m^ 
suis  borné  à  examine?  comparativement  les  points  de  repère 
que  les  recherches  de  Bardeleben  nous  ont  fait  connaître. 
Comme  ces  recherches  démontrent  que  la  main  typique  des 
mammifères  n'est  point  pentadactyle  et  qu'il  y  a  eu  réduction 
du  côté  radial,  il  ne  paraît  pas  douteux  que  le  praepollex, 
dans  notre  cas,  doit  être  considéré  comme  représentant  le 
rayon  radial  disparu. 

Il  est  évident  que  cette  conclusion  ne  peut  être  généralisée 
pour  tous  les  cas  de  polydactylie.  Le  travail,  de  M.  Rijkebusch 
est  une  contribution  à  l'étude  de  la  question,  sur  laquelle 
des  recherches  ultérieures  ont  à  jeter  plus  de  lumière. 


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UN   CAS   DE   POLYDACTYLIE.  251 


Explication  des  Planches. 

PI.  VI.  Face  palmaire  de  la  main:  a  praepollex,  b  pouce,  unis  par  syn- 
dactylie  ;  c  articulation  phalangienne  proximale  du  pouce,  immobilisée  par 
la  syndactylie  des  deux  pouces. 

PI.  VII.  Face  dorsale  du  squelette  de  la  main;  le  praepollex  est  mis  en 
abduction,  pour  le  rendre  visible. 
a  radius. 
b  cubitus. 
c  scaphoïde. 
d  semi-lunaire. 
e  pyramidal. 
/  pisiforme. 
g  central. 
h  trapèze. 
i  trapézoïde. 
k  grand  os. 
I   os  crochu. 

m  métacarpien  du  praepollex . 
n  »  du  pouce. 

PL.  VIII.  Région  radiale  de  l'avant-bras. 
a  Muscle  biceps  brachial. 
b  Expansion  fibreuse  du  tendon  de  ce  muscle. 
c  Muscle  grand  pronateur. 
d       n       radial  antérieur. 
e        *       grand  supinateur. 
/  Métacarpien  du  praepollex. 
g  Muscle  premier  radial. 
^Son  insertion  au  pouce. 
#"Son  insertion  à  l'index. 
-  h  Muscle  second  radial. 
i        n       extenseur  commun  des  doigts. 
h  Métacarpien  du  pouce. 
I  n  de  l'index. 

m  Muscle  abducteur  radial  du  carpe 
n       //       grand  fléchisseur  du  praepollex. 
o       0       extenseur  dn  praepollex. 
p       »       petit  extenseur  du  pouce. 
q       f*       grand  extenseur  du  pouce. 
r       "      extenseur  propre  de  l'indicateur. 


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252         C.   H.    SPRONCK.   NOTE   SUR    UN   CAS   DE   POLYDACTYLIE. 

s  Ligament  annulaire  externe. 

t  Muscle  fléchisseur  superficiel  des  doigts. 

PI.  IX.  Région  palmaire  de  la  main,  Muscles  du  praepollex  et  du  pouce. 

a  Muscle    opposant  du  praepollex. 

b       a         court  fléchisseur  du  praepollex. 

c       a         court  fléchisseur  du  pouce. 

d  Tendon  du  muscle  radial  antérieur 

e  Chef  proximal  du  muscle  abducteur  du  pouce. 

f  Muscle  cubital  interne. 

g  Chef  distal  du  muscle  adducteur  du  pouce. 

h  Muscle  adducteur  du  petit  doigt. 

i       a        court  fléchisseur  du  petit  doigt. 

h      »       opposant  du  petit  doigt. 

I       a       interroseux  interne  du  praepollex. 

m  praepollex. 

n  pouce. 

o  nerf  cubutal. 


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ARCHIVES  NEERLANDAISES 

D£8 

Sciences  exactes  et  naturelles. 
SUR  LA  PAROI  DES  CELLULES  SUBÉREUSES, 


PAR 


O.  VAS  WISSELÏlfGH. 


Introduction. 

Nonseulement,  à  maintes  reprises  déjà,  le  liège  a  été  étu- 
dié avec  soin,  dans  différentes  directions,  tant  par  les  bota- 
nistes que  par  les  chimistes,  mais  plusieurs  des  Mémoires 
qui  lui  ont  été  consacrés,  tels  que  ceux  de  von  Mohl  '  ),  Unter- 
suchungen  ùber  die  Entwicklung  des  Kwkes  und  der  Borke  auf 
der  Rinde  der  baumartigen  Dikotylen,  deSanio  *),  Ueber  denBau 
und  die  Entwicklung  des  Korkes,  et  surtout  de  von  Hôhnel  3),  Ueber 
den  Kork  und  verkorkte  Gewebe  ûberliaupt,  ont  acquis  une  célé- 
brité bien  capable  de  retenir  les  observateurs  tentés  de  choisir 
ce  tissu  pour  objet  de  nouvelles  recherches.  Que,  néanmoins, 
de  pareilles  recherches  aient  été  entreprises  par  l'auteur  du 
présent  Mémoire,  cela  s'explique  par  la  circonstance  suivante. 
Relativement    à   la   structure    de   la  paroi   subéreuse  jeune, 


i)  Vermischte  Schriften,  p.  212  et  suiv. 

2)  Pringsheim's  Jahrb.,  II,  p.  39  et  suiv.  •--  Les  recherches  de  cet  au- 
teur ont  été  soumises  à  un  contrôle  attentif  par  M.  Rauwenhoff,  dont  le 
travail,  Observations  sur  les  caractères  et  la  formation  du  liège  dans  les 
Dicotylédones  (Arch.  Néerl.,  T.  V,  1870),  a  complètement  confirmé  les 
principaux  résultats  obtenus  par  M.  Sanio. 

*)  Sitzungsber.  d.  Wiener  Akad.,  1877,  76.  B.,  p.  507  et  suiv.J 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  17 


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254  0.   VAN  WlSgf fcltfGH.  SUR  hA  PABfil 

M.  von  Hôhnel  ■  ),  dans  son  Mémoire  ci-dessus  cité,  s'exprime 
en  ces  termes:  „Si  intéressant  et  si  important  qu'il  eût  été 
de  fixer  le  rapport  existant,  en  général,  entre  lies  couches 
discernables  dans  les  cellules  subéreuses  jeunes  et  celles  qui 
constituent  la  paroi  des  cellules  du  liège  complètement  for- 
mées, je  dois  m'en  tenir,  en  partie  pour  les  raisons  déjà  in- 
diquées* i  la  considération  de  la  structure  du  tissu  adulte." 
C'est  ce  passage  qui,  ayant  attiré  mon  attention  sur  une  la- 
cune encore  existante  dans  notre  connaissance  du  tissu  su- 
béreux, a  déterminé  le  choix  du  sujet  de  mes  recherches. 
Avant  de  pouvoir  aborder  l'examen  de  la  paroi  des  cel- 
lules subéreuses  jeunes,  il  était  nécessaire  d'étudier,  suivant 
les  méthodes  indiquées  par  M.  von  Hôhnel,  la  paroi  cellulaire 
adulte.  Bien  que  cette  étude  ait  confirmé,  dans  presque  tous 
leurs  détails,  les  résultats  des  observations  de  M.  von  Hôhnel, 
des  doutes  s'élevèrent  au  sujet  de  quelques-unes  des  con- 
clusions qu'il  en  avait  tirées,  par  exemple,  au  sujet  du  contenu 
en  cellulose  de  la  lamelle  subéreuse.  Pour  arriver  à  une  so- 
lution tant  soit  peu  satisfaisante  des  questions  qui  se  présen- 
taient, de  nouvelles  méthodes  d'examen  furent  cherchées  et 
d'autres  tissus  furent  soumis  à  une  étude  comparative.  A 
mon  grand  regret,  je  me  trouve  empêché  pour  le  moment 
de  continuer  ces  recherches,  qui  ne  sont  pas  encore  achevées 
dans  toutes  leurs  parties,  de  sorte  que  je  dois  provisoirement 
me  borner  à  parler,  presque  exclusivement,  des  résultats  ob- 
tenus par  l'étude  de  la  lamelle  subéreuse  dans  la  paroi 
cellulaire  adulte. 


I.  Structure   générale   et  principes  constitutifs 

chimiques  de  la  paroi  des  cellules 

subéreuses. 

Dans  la  paroi  des  cellules  subéreuses  on  peut  en  général 
distinguer,  suivant  M.  von  Hôhnel  *),  trois  parties  différentes  : 

i)  Z.c,  p.  561. 

a)  l.c9  p.  52fy  530,  568  et  569. 


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DBS   CELLULES  SUBÉREUSES.  255 

la  paroi  cellulosique  (Odlulosedchlauch),  la  lamelle  subéreuse 
(Subermlamelle)  et  la  lamelle  moyenne  (MUtellœmelte).  De  part 
et  d'autre  de  la  lamelle  moyenne,  toujours  commune  à  deux 
cellules,  se  trouve  la  lamelle  subéreuse,  qui  enveloppe  la 
partie  la  plus'  interne  de  la  paroi,  la  paroi  cellulosique.  Selon 
M.  von  Hôbnel  '),  chacune  de  ces  trois  parties  possède  une 
base  cellulosique  (Celhtlosegrundlage),  assertion  qui  toutefois, 
en  ce  qui  concerne  la  lamelle  subéreuse,  m'a  laissé  des  doutes, 
Ce  point  sera  traité  en  détail  plus  loin,  aux  Chapitres  3,  4 
et  5.  La  paroi  cellulosique  est  généralement  lignifiée  à  un 
degré  plus  ou  moins  avancé.  La  lamelle  subéreuse  est  le 
siège  de  la  substance  caractéristique  pour  la  paroi  des  cellules 
du  liège  :  la  subérine.  La  lamelle  moyenne  a  d'ordinaire  subi 
une  forte  lignification,  et  dans  certains  cas  M.  vonHohnel 2) 
Ta  vue  localement  subérifiée.  Au  Chapitre  7,  je  reviendrai 
sur  ce  point.  Parfois,  Ton  pourrait  encore  distinguer  dans  la 
paroi  subéreuse  une  quatrième  partie,  savoir  une  mince  la- 
melle, comprise  entre  la  lamelle  subéreuse  et  la  paroi  cellu- 
losique, et  à  laquelle  M.  von  Hôhnel 3)  donne  le  nom  de 
lamelle  intermédiaire  (ZwisschmlameUe)  ;  cette  lamelle,  toutefois, 
peut  tout  aussi  bien  être  regardée  comme  une  subdivisiopi  de  la 
paroi  cellulosique»  dont,  en  général,  elle  diffère  surtout  par  une 
lignification  plus  prononcée.  La  paroi  cellulosique  et  la  lamelle 
subéreuse  sont,  Tune  et  Vautre,  d'épaisseur  très  variable  et 
souvent  développées  plus  fortement  d'un  seul  côté,  la  première 
généralement  du  côté  de  la  paroi  interne,  la  seconde  du  côté 
de  la  paroi  externe.  La  lamelle  moyenne  ne  présente  d'or* 
dinaire  qu'une  faible  épaisseur. 

Les  parois  subérifiées  et  les  parois  fortement  lignifiées  se 
comportant  d'une  manière  très  analogue  vis^-vis  de  l'acide 
sulfurique  et  des  réactifs  iodés,,  il  était  impossible  autrefois, 
alors  qu'on  ne  leur  connaissait  pas  de  réactions  spéciales,  de 

i)  /.c,  p.  530  et  ailleurs, 
a)  J.c,  p.  565  et  566. 
3)  J.c,  p.  568. 

17* 


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256  0.   VAN  Wï$S«tTNGH.  SUR  LA  PAROI 

les  distinguer  les  unes  des  autres.  M.  von  Hôhnel,  qui  nous 
a  appris  à  voir  dans  la  subérine  une  matière  servant,  tout 
aussi  bien  que  la  cellulose  et  la  lignine,  à  édifier  la  paroi 
cellulaire,  a  donné  les  moyens  de  distinguer  nettement  entre 
elles  les  parties  lignifiées  et  les  parties  subérifiées  de  la  paroi 
et  de  déceler  sûrement  des  quantités  même  très  faibles  de 
subérine  !).  En  premier  lieu,  il  indique  à  cet  effet  l'emploi 
de  la  potasse  caustique.  Lorsqu'à  une  coupe  de  l'un  ou 
Pautre  tisèni  subéreux,  on  ajoute  une  solution  concentrée  de 
potasse,  on  observe  bientôt  que  la  lamelle  subéreuse  prend 
une:  teinte  jaune;  chauffe-t-on  doucement,  cette  couleur 
augmente  d'intensité,  et  en  même  temps  là  lamelle  subéreuse, 
primitivement  tout  à  fait  lisse,  acquiert  un  aspect  caractéri- 
stique. Elle  est  plus  ou  moins  gonflée  et  présente  une  structure 
granuleuse  ou  fibreuse.  Si  l'on  continue  à  chauffer  jusqu'à 
ébullition,  elle  se  transforme  en  masses  jaunes,  granuleuses 
ou  fibreuses,  ou  en  boules  possédant  une  membrane  plissée,  qui, 
selon  M.  yon  Hôhnel,  représente  une  enveloppe  (Membrarih/iille) 
(voir  Pi.  X,  fig.  2 s);  outre  ces  boules  et  ces  masses,  on 
voit  souvent  apparaître  aussi  des  granules  isolés.  La  formation 
de  boules  à  membrane  plissée  a  été  observée  surtout  chez 
les  lamelles  subéreuses  minces,  celle  de  masses  granuleuses 
ou  fibreuses  surtout  chez  les  lamelles  épaisses.  Si  on  lave  la 
coupe  à  l'eau,  la  couleur  jaune  ne  tarde  pas  à  disparaître, 
ce  qui  s'accompagne  manifestement  de  la  dissolution  d?une 
portion  des  boules  ou  masses,  dont  la  forme,  toutefois, 
n'éprouve  généralement  que  peu  ou  point  d'altération. 

Tels  sont  les  caractères  généraux  de  la  réaction  par  la 
potasse.  Quant  aux  modifications  qu'elle  affecte  chez  des 
plantes  différentes,  nous  ne  nous  y  arrêterons  pas;  je  ferai 
seulement  remarquer  que  M.  von  Hôhnel  regarde  comme 
cause  de  ces  divergences  accessoires,  outre  une  inégalité  dans 
la  résistance  de  la  subérine  à  l'action  de  la  potasse  chaude, 


i)  J.c,  p.  522  et  suiv. 


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DES  CELLULES  SUBEREUSES.  2S7 

les  différences  que  la  lamelle  subéreuse  présente  sous  le 
rapport  de  la  distribution  de  la  cellulose  et  de  la  subérine. 
Dans  certains  cas  il  a  trouvé  ces  matières  uniformément 
mêlées  sur  toute  l'épaisseur  de  la  lamelle  subéreuse,  dans 
d'autres  cas  il  a  observé  des  couches  successives,  alternative- 
ment plus  riches  en  cellulose  ou  en  subérine. 

En  second  lieu,  M.  von  Hôhnel  recommande,  comme 
réactif  de  la  subérine,  le  mélange  de  Schultze:  chlorate  dé 
potasse  et  acide  nitrique.  En  chauffant  une -coupe  avec  ce 
réactif,  6n  voit  s'accuser  de  plus  en  plus  distinctement  les 
parties  subérifiées,  tandis  que  les  parois  formées  de  cellulose 
et  les  parois  lignifiées  deviennent  de  plus  en  plus  transparentes. 
Les  lamelles  subéreuses  minces,  en  outre,  contractent  d'ordi- 
naire des  courbures  variées.  Continue-t-on  à  chauffer,  les 
parties  pariétales  subérifiées  commencent  à  fondre  et  à  confluer, 
jusqu'à  ce  que  finalement  elles  soient  transformées  en  boules 
homogènes»  Cette  réaction,  appelée  par  M.  von  Hôhnel  réaction 
de  l'acide  cérinique,  est  extrêmement  caractéristique  et  mérite 
surtout,  d'être  recommandée  pour  la  détection  de  minimes 
quantités  de  subérine. 

.  Le  troisième  et  dernier  réactif  que  M^  von  Hôhnel  nous  a 
fait  connaître  pour  les  parois  subéreuses  est  l'acide  chromique, 
qu'il  emploie  en  solution  concentrée.  A  la  température  ordi- 
naire, les  parties  subérifiées  offrent  une  résistance  opiniâtre 
à  l'action  de  ce  réactif,  tandis  que  les  parois  composées  de 
cellulose  et  de  lignine  sont  très  rapidement  dissoutes  (voir 
fig.  1).  Se  fondant  sur  des  recherches  dont  nous  reparlerons 
plus  loin,  M  von  Hôhnel  ')  pense  que,  peu  à  peu,  la  lamelle 
subéreuse  abandonne  au  liquide  une  partie  de  sa  subérine, 
qu'ensuite  c'est  surtout  la  cellulese  qui  se  dissout,  et  que  la 
portion  la  moins  attaquable  de  la  subérine  demeure  comme 
résidu.  Dans  cette  inégalité  de  résistance  à  l'action  de  l'acide 
chromique,  M.   von   Hôhnel,  toutefois,   ne  croit  pas  trouver 


i)  J.c,  p.  554  et  555, 


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2B8  C.   VAN   WIBSELTNGH.   STJR   LA   PAROI 

une  raison  suffisante  pour  admettre  l'existenee  de  plusieurs 
modifications  de  la  subérine,  qui  différeraient  Tune  de  l'autre 
sous  quelque  rapport  essentiel. 

Chez  le  Callistemon,  M.  von  Hôhnel  !)  a  rencontré  tin 
phénomène  particulier.  Les  lamelles  subéreuses,  après  une 
courte  macération  dans  l'acide  chromique,  d'une  heure  en- 
viron, se  montraient  gonflées  et  distendues  par  des  bulles 
qui  s'y  étaient  formées.  Ce  phénomène  ne  se  produisait, 
toutefois,  que  dans  la  partie  interne  de  la  lamelle  subéreuse  ; 
la  partie  externe  restait  parfaitement  lisse  et  se  comportait 
de  la  manière  ordinaire.  Au  bout  de  quelque  temps  la  pre- 
mière était  complètement  dissoute,  tandis  que  la  seconde 
continuait  de  résister  à  l'action  du  liquide.  Un  phénomène 
analogue  a  été  observé  par  moi  chez  le  Betula  alba.  Dans 
ce  cas  également,  la  partie  interne  de  la  lamelle  subéreuse 
était  dissoute  par  l'acide  chromique  avec  une  facilité  relative, 
tandis  que  la  partie  externe  persistait  sous  la  forme  d'une 
lamelle  mince  et  entièrement  lisse  (voir  fig.  1J). 

Lorsque  l'acide  chromique  est  appliqué  à  chaud,  les  phé- 
nomènes offerts  par  la  lamelle  subéreuse  sont  tout  autres 
qu'à  la  température  ordinaire.  Chez  le  liège  à  bouchons  2), 
la  paroi  cellulosique  et  la  lamelle  moyenne  sont  promtement 
dissoutes,  tandis  que  les  lamelles  subéreuses  éprouvent  un 
gonflement  bulleux  et  confluent  en  masses  irrégulières,  qui, 
après  refroidissement,  sont  très  fragiles.  En  continuant  à 
chauffer,  on  détermine  la  dissolution  complète  de  la  lamelle 
subéreuse. 

Si  nous  devons  à  M.  von  Hôhnel  des  réactions  caractéristiques 
pour  la  subérine,  M.  Kûgler  3)  nous  a  donné  plus  de  certitude 
concernant  la  nature  chimique  de  cette  substance.  Le  premier 

i)  Z.c,  p.  555. 

2)  Von  Hôhnel,  Einige  Berner kungen  ûber  die  Cuticula,  dans  Oesterr. 
Bot.  Zeltschr.,  n°.  3,  Màrz  4878,  p.  84. 

3).  Veber  den  Kork  von  Quercus  Suber,  dans  Archiv.  d.  Pharm.,  3. 
Reihe,  '2%  B.  6.  Heft,  p.  215  et  suiv. 


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DBS  CELLULES  SUBEREUSES.  259 

avait  déjà  présumé  qu'elle  se  rapprochait  des  graisses,  la 
réaction  avec  la  potasse  lui  paraissant  être  une  sorte  de 
saponification;  le  second,  dans  ses  analyses  du  liège  à  bou- 
chons, a  réussi  à  obtenir  entre  autres,  outre  la  glycérine,  de 
l'acide  stearique  et  un  nouvel  acide  gras,  l'acide  phellonique, 
d'où  l'on  doit  conclure  que  la  subérine  fait  partie  du  groupe 
des  matières  grasses. 


II.  Sur  la  présence  de  la  cire  dans  la  paroi 
des   cellules  subéreuses. 

En  plus  de  la  subérine  et  de  la  cellulose,  M.  von  Hôhnel  '  ) 
est  parvenu  à  constater,  dans  la  lamelle  subéreuse,  en  divers 
cas  l'existence  de  l'acide  silicique  et  chez  Salie  celle  de  la 
cire.  Rappelons  que  sous  la  dénomination  de  „cire"  on 
désigne,  en  général,  les  combinaisons  du  carbone  qui  par 
leurs  propriétés  physiques,  telles  que  la  fusibilité  au-dessous 
de  100°,  la  solubilité,  etc.,  ressemblent  aux  espèces  de  cires 
dont  nous  avons  une  connaissance  plus  exacte  2).  C'est  dans 
cette  acception  générale  que  le  mot  cire  est  employé  ci-dessus. 
Bien  que  M.  von  Hôhne^  ait  recherché  la  cire  dans  quantité 
de  tissus  subéreux,  d'après  la  méthode  recommandée  par 
M.  de  Bary  et  consistant  à  chauffer  modérément  de  minces 
coupes  immergées  dans  l'eau,  il  n'a  pu  en  démontrer  la  pré- 
sence que  chez  le  genre  de  plantes  nommé  plus  haut.  Moi 
aussi  j'ai  étudié  sans  succès,  sous  ce  rapport,  un  grand  nombre 
de  tissus  subéreux;  mais  pourtant  il  ne  me  semble  pas  que 
l'existence  de  la  cire,  dans  les  parois  des  cellules  du  liège 
et  d'autres  tissus  analogues,  soit  une  rareté  si  grande.  En 
suivant  la  méthode  précitée,  j'ai  trouvé  cette  substance,  en 
quantité  relativement  considérable,  dans  trois  tissus  subéreux, 
savoir  chez  Salix  caprea,  Pvruê  Malus  et  Syrimga  vulgaris; 
les   deux   premières    de   ces   plantes   possèdent  une  lamelle 

i)  Ueber  den  Kork  etc.,  p.  577  et  578. 
2)  De  Bary,  Vergl.  Anatom.,  p.  86. 


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260  C.   VAN  WISSBLINGH.  SUR  LA   PAROI 

subéreuse  épaisse,  la  dernière  une  lamelle  mince.  Dans  quel- 
ques autres  cas,  parmi  lesquels  il  y  avait  aussi  des  endo- 
dermes et  des  gaines  de  cylindre  central,  la  cire  ne  fut 
rencontrée  qu'en  quantité  à  peine  appréciable;  par  contre, 
dans  l'endoderme  de  YHemerocalliê  Kwame,  composé  de  plu- 
sieurs assises  de  cellules,  elle  fut  de  nouveau  trouvée  en 
proportion  assez  notable.  Dans  tous  ces  cas,  la  lamelle  subé- 
reuse en  était  le  siège.  Après  chauffage  dans  l'eau  jusqu'à 
100°,  la  cire  apparaît  ordinairement  sous  forme  de  goutte- 
lettes plus  ou  moins  grosses  (fig,  5  w),  qui  sont  attachées  à 
la  lamelle  subéreuse.  Pour  mettre  ce  fait  encore  mieux  en 
évidence,  on  n'a  qu'à  traiter  par  l'acide  chromique  les  coupes 
chauffées;  la  lamelle  subéreuse  reste  alors  avec  les  gouttelettes 
de  cire  adhérentes,  d'où  ressort  en  même  temps  leur  résis- 
tance à  l'action  du  réactif  (voir  fig.  6).  Par  la  compression, 
les  gouttelettes  de  cire  perdent  d'une  façon  durable  leur 
forme  sphérique,  preuve  qu'elles  sont  à  l'état  solide.  En 
plongeant  avec  précaution  les  lamelles,  préalablement  chauffées 
sous  l'eau,  dans  l'alcool,  l'éther  ou  le  chloroforme  portés  à 
la  température  de  Pébullition,  on  peut  se  convaincre  de  la 
solubilité  des  gouttelettes  cireuses.  A  la  température  ordinaire, 
elles  ne  sont  pas  sensiblement  attaquées  par  une  solution 
concentrée  de  potasse,  même  après  une  action  prolongée. 
Elles  se  montrent  également  indifférentes  en  présence  de  l'acide 
sulfurique  concentré.  Avec  l'iode  ou  le  chlorure  de  zinc  iodé, 
elles  prennent  une  couleur  jaune  très  claire. 


III.  Le  contenu  cellulosique  de  la  lamelle 
subéreuse. 

Il  a  déjà  été  dit  que,  suivant  M.  von  Hôhnel,  les  deux  éléments 
principaux  de  la  lamelle  subéreuse  sont  la  cellulose  et  la 
subérine.  Dans  le  présent  Chapitre,  nous  allons  examiner  les 
observations    qui    ont    conduit  ce  savant  ')    à   conclure  que 

i)  l.  c.  p.  542  et  suiv. 


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DES  CELLULES   SUBEREUSES.  261 

la  lamelle  subéreuse  possède  une  base  cellulosique.  La 
première  mention  que  nous  trouvons  à  oet  égard,  dans  son 
volumineux  Mémoire,  est  relative  au  Quercw  Subtr.  Pour  les 
soi-disant  enveloppes  (Membrcmhûlle,  Hiïllhaute),  qui  dans  ce 
cas  naissent  de  la  lamelle  subéreuse  lors  de  la  réaction  par 
la  potasse,  il  rapporte  que,  soumises  pendant  24  à  48  heures 
à  l'influence  du  chlorure  de  zinc  iodé,  elles  présentent  la  ré- 
action de  la  cellulose.  En  outre,  après  avoir  séparé  les  lamelles 
subéreuses  au  moyen  de  la  macération  durant  40  à  48  heures 
dans  l'acide  chromique,  il  a  réussi  à  les  colorer  par  le  chlo- 
rure de  zinc  iodé  en  violet  rougeâtre.  La  macération  dans  la 
potasse,  continuée  pendant  trois  jours,  suffisait  également  pour 
que,  après  un  lavage  prudent,  les  lamelles  et  granules  provenus 
de  la  lamelle  subéreuse  prissent  par  le  chlorure  de  zinc  iodé 
une  coloration  violette.  Non- seulement  chez  QuercusSuber,  mais 
aussi  chez  bon  nombre  d'autres  plantes,  M.  von  Hôhnel  dé- 
clare avoir  pu  provoquer,  sur  la  lamelle  subéreuse,  préala- 
blement traitée  d'une  des  trois  manières  susdites,  la  réaction 
cellulosique  au  moyen  du  chlorure  de  zinc  iodé.  Presque  tou- 
jours il  obtint  ainsi  une  coloration  violette  ou  violet  rougeâtre, 
jamais  un  bleu  pur;  dans  une  couple  de  cas  seulement,  no- 
tamment chez  Pirm  Malus  !),  il  vit,  après  24  heures  de 
macération  dans  l'acide  chromique,  apparaître  une  coloration 
violet  bleuâtre,  ce  qui  indiquerait  une  proportion  très  élevée 
de  cellulose.  Chez  Lycium  barbcvrwm  et  Corylus  Avellana  il  est 
également  attribué  à  la  lamelle  subéreuse  un  fort  contenu  en 
cellulose,  parce  que  les  enveloppes  formées  lors  de  la  réaction 
potassique  se  colorent  instantanément  en  violet  rougeâtre 
sous  l'influence  du  chlorure  de  zinc  iodé  2). 

L'apparition  de  la  réaction  de  la  cellulose,  après  addition 
de  chlorure  de  zinc  iodé,  est  évidemment  considérée  par  M. 
von  Hôhnel   comme  la  conséquence  d'un  enlèvement,  sinon 


i)  f.c,  p.  547. 
»)  J.c,  p.  548. 


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262  C.   VAN   WISSBLINGH.    SUR   LA  PAROI 

complet,  au  moins  partiel  de  la  subérine.  Les  enveloppes  qui 
se ,  forment  lors  de  la  réaction  potassique  sont  décrites,  par 
exemple  chez  QuercMS,  comme  des  lamelles  de  cellulose;  là 
où,  par  suite  de  la  macération  dans  la  potasse,  une  structure 
lamelleuse  devient  visible  dans  la  lamelle  subéreuse,  il  est 
également  parlé  de  lamelles  cellulosiques,  ou  de  lamelles 
constituées  principalement  ou  presque  entièrement  par  la 
cellulose.  En  ce  qui  concerne  la  macération  dans  l'acide  chro- 
mique,  M.  von  Hôhnel  ')  admet  qu'elle  enlève  d'abord  delà 
subérine  à  la  lamelle  subéreuse,  et  ensuite  surtout  de  la 
cellulose,  tandis  que  la  portion  la  moins  attaquable  de  la 
subérine  continue  à  résister.  Cette  manière  de  voir  s'appuie 
sur  le  phénomène  suivant,  observé  par  M.  von  Hôhnel.  Après 
une  courte  action  de  l'acide  chromique,  les  lamelles  subé- 
reuses sont  colorées  en  jaune  par  le  chlorure  de  zinc  iodé; 
après  une  action  plus  prolongée  (12  à  50  heures)  elles  don* 
nent  la  coloration  violette  ci-dessus  mentionnée,  et  si  la  ma- 
cération continue  elles  finissent  par  reprendre  une  teinte  jaune, 
peu  intense,  il  est  vrai.  Pour  prouver  encore  mieux  l'exis- 
tence de  la  cellulose  dans  les  lamelles  subéreuses,  M.  von 
Hôhnel  *)  a  essayé  d'extraire  cette  substance,  au  moyen  de 
la  solution  d'oxyde  de  cuivre  ammoniacale,  des  lamelles  subé- 
reuses traitées  par  la  potasse  et  offrant  la  réaction  de  la  cel- 
lulose. L'expérience  lui  donna  pour  résultat  que  la  base  cei 
lulosique  de  la  lamelle  subéreuse  est  soluble  dans  la  solution 
d'oxyde  de  cuivre  ammoniacale,,  puisque,  après  traitement 
suffisant  par  ce  liquide,  la  réaction  de  la  cellulose  ne  se  pro- 
duisait plus  ou  était  devenue  incertaine.  Tels  sont,  brièvement 
résumés,  les  faits  sur  lesquels  M.  von  Hôhnel  fonda  la 
conclusion  que  la  lamelle  subéreuse  contient  de  la  cellulose. 
J'ai  répété  sur  une  dizaine  de  plantes  les  recherches  de 
M.  von  Hôhnel  concernant  la  teneur  en  cellulose  de  la  la- 


i)  f.c,  p.  554. 

2)  l.c.-p.  552  et  553. 


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DBS  CELLULES  SUBEREUSES.  263 

melle  subéreuse  ;  ces  plantes  sont  :  Qaercus  Suber,  Sambucus 
nigra,  Populus  pyramidalis,  Syrvnga  vulgaris,  Cytisus  Laiïurnum, 
Vwgilia  lutea,  Fagus  MoaMea,  Betula  alba,  Piras  Malus  et 
Salùs  caprea.  Chez  toutes,  à  l'exceptior  de  la  dernière,  j'ai  pu, 
après  avoir  traité  la  lamelle  subéreuse  de  Tune  des  trois 
manières  indiquées,  faire  apparaître  par  le  chlorure  de  zinc 
iodé  une  coloration  violette.  Chez  Salix  caprea,  l'expérience 
me  réussit  bien  avec  les  lamelles  subéreuses  minces,  mais 
nullement  avec  les  épaisses  parois  tangentielles.  M.  von 
Hohnel  «  )  également,  chez  Salix  purpurea  et  fragilis,  a  essayé 
sans  succès  de  produire  la  coloration  violette  sur  la  lamelle 
subéreuse  ;  il  croit  néanmoins  devoir  admettre  pour  elle,  même 
dans  ces  deux  cas,  un  contenu  cellulosique. 

Après  chauffage  avec  la  potasse  et  lavage  par  l'eau,  les 
restes  de  la  lamelle  subéreuse  furent  même,  dans  maints  cas, 
colorées  immédiatement  en  beau  violet  par  le  chlorure  de 
zinc  iodé  ;  cela  eut  lieu,  par  exemple,  chez  VvrgiUa  lutea,  Fagus 
èUvaUca,  Betula  alba  et  Populus  pyramidalis,  et  j'ai  aussi  pu 
l'observer  parfois  chez  Quercus  Suber.  Dans  les  expériences  de 
M.  voU  Hohnel,  la  coloration  violette  n'était  obtenue,  en  général, 
que  lorsqu'il  avait  laissé  agir  le  chlorure  de  zinc  iodé  pendant  24 
heures.  Même  après  macération  dans  la  potasse  froide,  durant 
quelques  jours  ou  quelques  semaines,  j'ai  réussi  à  provoquer 
chez  la  lamelle  subéreuse,  par  le  chlorure  de  zinc  iodé,  une 
coloration  violette  ordinairement  très  belle.  Bien  que  de  légères 
modifications  s'observent  dans  la  teinte  violette,  il  est  à 
remarquer  que  celle-ci  se  distingue  toujours  nettement  de  la 
couleur  bleue  prise,  sous  l'influence  du  chlorure  de  zinc  iodé, 
par  les  parois  cellulosiques  ;  la  différence  est  frappante  surtout 
pour  les  lamelles  subéreuses  épaisses  (voir  fig.  23).  Tandis 
que  les  parois  de  cellulose  se  colorent  en  bleu  pur,  et  ne 
prennent  une  couleur  violette  qu'en  cas  d'action  insuffisante 
du  réactif,  la  couleur  de  la  lamelle  subéreuse,  si  régulièrement 


»)  Le,  p.  553  et  554. 


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264  C.   VAN   WISSBLINGH.  SUE  LA  PAROI 

que  la  réaction  s'accomplisse,  n'approche  jamais  de  celle  des 
parois  cellulosiques,  même  quand  son  intensité  est  à  peu  près 
égale.  C'est  cette  différence  de  teinte  qui  m'a  conduit  à  étudier 
de  plus  près  les  soi-disant  enveloppes  formées  lors  du  chauffage 
avec  la  potasse  et  les  minces  feuillets  en  lesquels  la  lamelle 
subéreuse  se  divise  par  la  macération  dans  la  potasse  froide. 
J'ai  trouvé  ainsi,  entre  autres  résultats,  que  les  enveloppes 
et  feuillets  en  question  opposent  une  résistance  opiniâtre  à 
l'action  d'une  solution  concentrée  d'acide  chromique.  raison 
pour  laquelle  je  puis  difficilement  y  reconnaître  des  parties 
constituées,  exclusivement  ou  essentiellement,  par  la  cellulose* 
La  fig.  4  représente  différentes  lamelles  subéreuses  du  Syringa 
vulgaris,  fendues  en  feuillets  ou  lamelles  plus  minces  par  la 
macération  dans  la  potasse  et  séparées  au  moyen  de  l'acide 
chromique;  la  fig.  2  (voir  lettre  a)  montre  les  soi-disant 
enveloppes,  qui  me  paraissent  n'être  que  des  fragments 
recroquevillés  de  la  lamelle  subéreuse. 

J'ai  aussi  examiné,  chez  les  dix  plantes  précitées,  la  manière 
dont  la  lamelle  subéreuse  se  comporte  vis-à-vis  du  chlorure 
de  zinc  iodé  après  une  macération  plus  ou  moins  longue 
dans  l'acide  chromique.  De  même  que  M.  von  Hôhnel,  je 
suis  arrivé  à  ce  résultat,  qu'après  une  action  de  peu  de  durée 
les  lamelles  subéreuses  sont  colorées  en  jaune  ou  en  brttn, 
après  une  action  plus  prolongée  en  violet,  et  finalement  en 
jaune  très  clair.  Il  n'y  a  d'exception  à  cet  égard  que  pour 
les  épaisses  parois  tangentielles  du  Salix  caprea,  chez  lesquelles 
on  observe  toujours  une  couleur  jaune  (voir  fig.  26).  La 
coloration  violette  (voir  fig.  20)  est  semblable  à  celle  que  nous 
obtenons  après  chauffage  ou  macération  dans  la  potasse.  Le 
Querm8  Suber  me  paraît  être  un  sujet  favorable  pour  l'étude 
de  l'action  de  l'acide  chromique.  Primitivement,  les  lamelles 
subéreuses  séparées  par  cet  acide  se  colorent  en  brun  sous 
l'influence  du  chlorure  de  zinc  iodé;  après  une  action  plus 
prolongée  de  l'acide  chromique,  on  peut,  en  outre  de  la  couleur 
brune,   reconnaître   une   teinte    violette,   qui,  la  macération 


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DES  CELLULES  SUBÉREUSES.  265 

continuant,  devient  plus  distincte,  tandis  que  la  couleur  brune 
s'efface  de  plus  eu  plus;  enfin,  on  obtient  une  belle  couleur 
violette,  laquelle,  à  mesure  que  le  traitement  par  l'acide 
chromique  se  prolonge  davantage,  apparaît  avec  une  intensité 
toujours  moindre,  pour  faire  place  finalement  à  une  teinte 
jaune  clair.  En  ce  qui  concerne  la  durée  de  la  macération 
je  ne  donnerai  pas  d'indications  spéciales,  cette  durée  dépen- 
dant en  premier  lieu  de  la  force  de  la  solution  d'acide 
chromique;  je  ferai  seulement  remarquer  que  le  traitement 
par  cet  acide,  malgré  des  renouvellements  répétés,  doit  être 
continué  longtemps  (3  à  4  semaines),  avant  que  la  coloration 
violette  cesse  de  se  produire. 

Un  point  sur  lequel  je  dois  particulièrement  attirer  l'atten- 
tion, c'est  que  dans  les  expériences  ci-dessus  décrites  on  peut, 
au  lieu  d'une  solution  de  chlorure  de  zinc  iodé,  employer 
aussi,  pour  faire  apparaître  la  coloration  violette,  une  solution 
d'iodure  de  potassium  ioduré.  La  couleur  que  ce  dernier  réactif 
provoque  chez  la  lamelle  subéreuse  ressemble  complètement 
à  celle  qui  résulte  de  l'action  du  premier.  La  solution  d'iodure 
de  potassium  ioduré,  dont  j'ai  fait  usage,  avait  été  préparée 
par  moi  peu  de  temps  avant  l'emploi;  elle  était  incapable 
de  déterminer  aucune  espèce  de  coloration  dans  les  parois 
cellulosiques,  tandis  qu'elle  colorait  très  rapidement  en  violet 
les  lamelles  subéreuses,  après  un  traitement  suffisant  par  l'acide 
chromique.  Les  feuillets  en  lesquels  se  divise  la  lamelle 
subéreuse  soumise  à  l'action  de  la  potasse  à  froid,  ainsi  que 
les  masses  granuleuses  ou  fibreuses  et  les  soi-disant  enveloppes 
qui  se  forment  sous  l'influence  de  la  potasse  à  chaud,  n'ont 
été  examinées  par  l'iodure  de  potassium  ioduré  que  dans  un 
petit  nombre  de  cas  ;  la  raison  en  est  que  les  parois  cellulosi* 
ques,  préalablement  traitées  par  la  potasse,  manifestent  déjà  en 
présence  de  l'iodure  de  potassium  ioduré  la  réaction  de  la  cellu- 
lose, de  sorte  que  la  coloration  violette  de  la  lamelle  subéreuse 
n'autorise  pas,  en  ce  cas,  une  conclusion  négative  quant  à 
l'existence  de  la  cellulose.   A  en  juger  d'après  les  résultats 


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266  C.   VAN   WÏSS1BLÏNGH.  SUR  LA   PAROI 

obtenus  avec  la  solution  d'iodure  de  potassium  ioduré,  la  colora- 
tion violette  déterminée  de  Tune  ou  de  l'autre  manière  chez 
la  lamelle  subéreuse  ne  peut  être  expliquée  par  la  présence 
de  la  cellulose,,  car  alors  elle  ne  pourrait  pas  apparaître, 
après  macération  dans  l'acide  chromique,  sous  l'influence  de 
l'iodure  de  potassium  ioduré;  nous  manquons  donc  de  raisons 
suffisantes  pour  admettre  que  la  lamelle  subéreuse  possède 
une  base  cellulosique.  Afin  d'acquérir  plus  de  certitude  à 
cet  égard,  j'ai  cherché  quelque  moyen  d'enlever  complète- 
ment la  subérine  à  la  paroi  cellulaire  et  d'obtenir,  éven- 
tuellement, la  base  cellulosique  à  l'état  de  pureté,  ce  qui 
jusqu'ici  n'a  encore  réussi  à  personne.  Dans  le  Chapitre  suivant 
sera  décrite  une  méthode  qui,  entièrement  nouvelle,  à  ce  que 
je  crois,  fournit  des  résultats  dignes  de  confiance,  en  même 
temps  qu'elle  met  au  jour  plusieurs  faits  intéressants,  relatifs 
à  la  subérine. 


IV.  Manière  dont  la  lamelle  subéreuse  se  com- 
porte à  une  température  élevée. 

Pour  la  connaissance  et  la  distinction  des  corps,  une  grande 
importance  est  attachée  par  les  chimistes  à  la  détermination 
de  la  température  où  ces  corps  passent  d'un  état  d'agrégation 
à  un  autre,  ainsi  que  de  celle  où  ils  se  décomposent.  Or, 
comme  M.  Kûgler  a  séparé  de  la  lamelle  subéreuse  des 
acides  gras  et  de  la  glycérine,  que  les  graisses  ont  en  général 
un  point  de  fusion  relativement  bas  et  qu'elles  se  décom- 
posent ordinairement  entre  260  et  300°,  je  pensai  qu'il  y 
aurait  de  l'intérêt  à  chercher  comment  la  lamelle  subéreuse 
sa  comporte  à  cette  température.  En  chauffant  sur  des  lames 
de  verre,  au  contact  de  l'air  atmosphérique,  des  coupes 
préalablement  desséchées,  j'éprouvai  des  difficultés  de  divers 
genres  ;  l'action  décomposante  de  l'oxygène  de  l'air,  surtout, 
était  gênante.  Pour  parer  à  ces  inconvénients,  j'exécutai  le 
chauffage  dans  un  liquide,  en  employant  comme  tel  la  gly- 


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DBS  CELLULES  SUBÉRESES.  267 

oérine,  la  seule  matière  qui  me  paraisse  convenir  pour  cet 
usage.  Elle  empêche  suffisamment  le  contact  de  l'air  atmo- 
sphérique. Vu  son  point  d'ébullition  élevé,  elle  permet  de 
porter  la  température  jusqu'à  290°  C.  Sa  solubilité  dans 
l'eau  fait  que  les  coupes  peuvent,  plus  tard,  en  être  facile- 
ment débarrassées.  Bien  que  jouissant  en  général  d'un  grand 
pouvoir  dissolvant,  elle  laisse  intactes  les  matières  grasses, 
de  sorte  que,  en  supposant  par  exemple  la  fusion  de  la 
lamelle  subéreuse,  nous  retrouverions  très  probablement  celle-ci 
à  l'état  de  masse  fondue.  La  chaleur  ne  peut  être  poussée 
au-delà  de  290°  0,  parce  qu'à  cette  température  la  glycérine 
commence  à  bouillir  et  prend  en  outre,  par  suite  de  décom- 
position partielle,  une  couleur  brun  foncé.  La  glycérine  du 
commerce  contenant  toiyours  de  l'eau,  j'eus  soin,  avant  de 
m'en  servir,  de  la  concentrer  par  l'ébullition,  afin  de  prévenir 
autant  que  possible,  durant,  le  chauffage,  l'ébullition  du 
liquide  et  le  refroidissement  auquel  donnerait  lieu  la  vaporisa- 
tion de  quantités  d'eau  relativement  grandes. 

Il  faut  noter,  comme  l'un  des  principaux  avantages  de 
cette  méthode,  que  par  son  emploi  les  parois  cellulosiques 
ne  sont  modifiées  qu'assez  légèrement,  ce  qui  augmente  la 
chance  de  mettre  à  nu,  si  elle  existe,  la  base  cellulosique 
de  la  lamelle  subéreuse,  Avant  et  après  le  chauffage,  les 
parois  de  cellulose  se  comportent  d'une  manière  analogue 
vis-à-vis  des  réactifs  iodés  et  des  acides  forts.  Il  en  est  de 
même  des  parois  lignifiées,  lorsque  le  chauffage  n'a  pas 
duré  très  longtemps.  En  cas  d'application  plus  prolongée  de 
la  chaleur,  une  assez  notable  quantité  de  lignine  est  enlevée 
à  la  paroi  cellulaire,  et  l'on  réussit  alors  parfois  à  obtenir 
la  réaction  de  la  cellulose.  Nous  allons  maintenant  passer 
en  revue,  chez  les  dix  plantes  déjà  nommées,  les  change- 
ments subis,  lors  du  chauffage,  par  la  lamelle  subéreuse. 
Préalablement,  toutefois,  je  ferai  quelqus  remarques  générales, 
et  en  premier  lieu  celle-ci,  que  je  n'ai  jamais  observé  une 
fusion  de  la  lamelle  subéreuse.  Dans  les  cas  seulement  où 


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268  C.    VAN   WïSSKLINTGH.   StJR   LA   PAROI 

cette  lamelle  contient  une  soi-disant  cire,  celle-ci  fond  déjà 
au-dessous  de  100°  et  apparaît  alors  ordinairement  à  la  sur- 
face de  la  lamelle  subéreuse  sous  la  forme  de  globules  plus 
ou  moins  gros,  qui  souvent  y  restent  encore  attachés  lors- 
qu'on chauffe  plus  fortement.  Au-delà  de  280°,  il  se  produit 
dans  la  lamelle  subéreuse  des  phénomènes  qui  n*  peuvent 
être  expliqués  qu'en  admettant  que  la  subérine  éprouve, 
au-dessus  de  cette  température,  une  décomposition.  En  ce 
qui  concerne  la  manière  dont  les  coupes  furent  étudiées 
après  le  chauffage,  je  dirai  que  pour  la  recherche  de  la 
lamelle  subéreuse,  ou  de  ses  restes,  il  fut  fait  usage  soit  du 
mélange  de  Schultze  (chlorate  de  potasse  et  acide  nitrique) 
soit  de  l'acide  chromique;  le  premier  surtout  me  rendit  de 
bons  services  pour  la  détection  de  petites  quantités  de  subé* 
rine.  Les  restes  de  la  lamelle  subéreuse,  après  le  chauffage, 
offrant  parfois  peu  de  résistance  vis-à-vis  du  second  des  deux 
réactifs  en  question,  j'ai  souvent  aussi  procédé  de  la  manière 
suivante.  Les  coupes  étaient  plongées  quelque  temps  dane 
une  solution  étendue  d'acide  chromique,  pour  les  débarrasser 
de  lignine  et  de  contenu  coloré  en  brun;  on  les  lavait  alors 
avec  précaution,  puis  les  restes  de  la  lamelle  subéreuse 
étaient  colorés  en  jaune  ou  en  brun  par  l'iode,  ou  bien 
isolés  au  moyen  de  l'acide  sulfurique,  qui  dissolvait  les  pa- 
rois cellulosiques.  Cette  dernière  méthode  a  l'avantage  que 
la  subérine  encore  contenue  dans  la  lamelle  n'est  pas  exposée, 
de  la  part  de  l'acide  chromique,  à  une  action  auesi  forte  que 
lorsque  ce  réactif  est  employé  exclusivement.  Quand,  chez  des  • 
lamelles  subéreuses  épaisses,  on  avait  réussi  par  le  chauffage 
à  enlever  la  totalité  ou  une  partie  de  la  subérine,  la  base 
cellulosique  y  était  recherchée  au  moyen  du  chlorure  de- 
zinc  iodé,  ou  au  moyen  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique  un 
peu  dilué  (à  environ  80%). 

Si  l'on  chauffe  jusqu'à  260°  C,  de  la  manière  qui  a  été 
décrite,  des  coupes  de  Quercus  Suber,  et  qu'ensuite,  après  avoir 
enlevé  la  glycérine  par  l'eau,  on  les  traite  par  l'acide  chromi- 


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DES  CELLULES  SUBEREUSES-  269 

que  ou  par  le  mélange  de  Schultze,  on  reconnaît  que  la 
lamelle  subéreuse  n'a  pas  encore  subi  de  modification  notable  ; 
mais  sous  l'influence  d'une  chaleur  plus  forte,  elle  diminue 
beaucoup  d'épaisseur.  A  une  température  de  280°  ou  290°, 
la  plupart  des  lamelles  subéreuses  sont  devenues  si  minces 
qu'il  est  difficile  de  les  retrouver.  Seules  les  plus  épaisses, 
qui  sont  disposées  en  rangées  entre  les  autres,  apparaissent 
distinctement  lors  du  traitement  par  l'acide  chromique.  Pendant 
le  chauffage  avec  le  chlorate  de  potasse  et  l'acide  nitrique, 
on  ne  voit  se  former,  dans  la  plupart  des  cellules,  que  de 
très  petits  globules  d'acide  cérinique;  une  réaction  forte  ne 
se  produit  que  chez  les  lamelles  subéreuses  épaisses.  Les 
résultats  obtenus  dans  les  expériences  décrites  plus  haut  ne 
donnent  pas  de  réponse  à  la  question  du  contenu  cellulosique 
de  la  lamelle  subéreuse,  vu  qu'il  a  été  impossible  d'extraire 
toute  la  subérine  de  la  paroi  cellulaire.  En  ce  qui  concerne 
le  processus  déterminé  par  le  chauffage  même,  je  crois  devoir 
admettre  qu'il  consiste  en  une  décomposition  de  la  subérine, 
et  cela  parce  que  la  température  à  laquelle  cette  matière 
disparaît  de  la  paroi  cellulaire  coïncide  avec  celle  où  se 
décomposent  les  graisses  en  général.  La  circonstance  qu'une 
partie  seulement  de  la  subérine  est  enlevée  à  la  paroi  cellu- 
laire, tandis  qu'une  autre  partie  résiste  encore  à  290°,  mérite 
d'être  remarquée;  elle  tend  à  faire  supposer  que  la  subérine 
du  Quercus  Suber  est  constituée  non  par  un  seul  corps  chimi- 
que, mais  par  deux  ou  plusieurs  matières  différentes. 

Les  cellules  du  Sambucus  nigra  possèdent,  comme  celles  du 
Quercus  Suber,  une  lamelle  subéreuse  mince  et  développée 
uniformément  sur  toute  son  étendue.  Après  chauffage  à  230°, 
il  n'y  a  encore  à  constater,  par  l'acide  chromique,  aucun 
changement  dans  cette  lamelle.  En  continuant  à  chauffer 
jusqu'à  240  ou  245°,  on  remarque  dans  différentes  cellules 
que  la  paroi  cellulosique,  mince  et  lignifiée,  s'est  écartée  du 
reste  de  la  paroi  ;  après  addition  d'acide  chromique,  la  lamelle 
subéreuse  commence  à  se  courber  et  devient  par  suite  nettement 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII,  18 


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270  C    VAN  WÎSSELINGH.    SDR   LA  PAROI 

visible,  tandis  que  les  parties  pariétales  voisines  sont  dissoutes. 
On  peut  observer  aussi,  surtout  lorsque  l'acide  chroinique  a 
été  enlevé  par  l'eau,  que  la  lamelle  est  devenue,  sauf  aux 
angles,  notablement  plus  mince.  Ce  même  fait  se  laisse  constater 
après  macération  dans  l'acide  chromique  étendu,  lavage  par 
l'eau  et  traitement  par  l'acide  sulfurique  ou  coloration  par 
l'iode.  Après  chauffage  avec  le  chlorate  de  potasse  et  l'acide 
nitrique,  on  trouve  entre  la  lamelle  moyenne  et  la  paroi 
cellulosique  de  nombreux  globules  d'acide  cérinique  Lorsque 
le  chauffage  dans  la  glycérine  est  poussé  jusqu'à  253  ou  260°, 
la  mince  paroi  cellulosique  se  voit  ordinairement  détachée 
à  l'intérieur  de  la  cellule.  Dans  toutes  les  cellules  subéreuses, 
on  réussit  encore,  à  un  degré  plus  ou  moins  marqué,  à  obtenir 
la  réaction  de  l'acide  cérinique  ;  mais  dans  un  petit  nombre 
seulement  on  parvient,  à  l'aide  de  l'acide  chromique  et  des 
autres  réactifs  sus-nommés,  à  mettre  en  évidence  la  lamelle  subé- 
reuse en  son  entier  ;  le  plus  souvent  il  n'en  reste,  à  l'état  recon- 
naissable,  que  de  petits  fragments  ou  points,  surtout  aux  angles 
de  la  cellule.  Enfin,  quand  la  température  a  été  portée  encore 
plus  haut,  par  exemple  à  270°,  on  trouve  la  paroi  cellulosique 
librement  suspendue  dans  la  cellule  ou  tombée  dehors  (fig.  9), 
tandis  qu'il  n'est  plus  possible,  n'importe  par  quel  moyen, 
de  découvrir  une  trace  de  la  lamelle  subéreuse. 

Chez  le  Populus  pyramidalis  la  lamelle  subéreuse  est,  de  même 
que  chez  les  deux  plantes  précédentes,  également  développée 
sur  tout  son  pourtour,  mais  elle  y  possède  une  épaisseur  plus 
considérable  ;  à  ce  dernier  égard,  il  en  est  de  même  pour  la 
paroi  cellulosique,  qui  en  outre  se  montre  plus  fortement 
développée  au  côté  interne  qu'au  côté  externe.  Après  chauffage 
à  230°,  la  membrane  cellulosique  est  déjà  souvent  détachée 
de  la  paroi  de  la  cellule,  et,  sous  l'influence  de  l'acide 
chromique,  il  semble  que  les  lamelles  subéreuses  soient  déjà 
devenues  un  peu  plus  minces.  Continue-t-on  à  chauffer, 
successivement  jusqu'à  240,  250,  260  et  270°,  et  étudie-t-on 
ensuite  les  coupes  par  les  méthodes  indiquées  plus  haut,  on 


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DES  CELLULES  SUBÉREUSES.  271 

arrive  à  des  résultats  à  peu  près  les  mêmes  que  ceux  obtenus 
chez  le  Sambucu$.  Vis-à-vis  d'une  température  élevée,  c'est 
aux  angles  de  la  cellule  que  la  lamelle  subéreuse  résiste  le 
mieux.  Dans  les  rameaux  que  j'ai  examinés  et  où  le  tissu 
subéreux  avait  une  épaisseur  de  plusieurs  assises  cellulaires, 
elle  était  décomposée  plus  rapidement  dans  les  assises  externes 
que  dans  les  assises  internes.  Chez  le  Populus,  son  pouvoir 
de  résistance  paraît  être  encore  un  peu  moindre  que  chez 
le  Sambucus.  Il  est  à  remarquer  que,  ni  chez  l'une  ni  chez 
l'autre  de  ces  deux  plantes,  la  lamelle  subéreuse  ne  peut 
être  enlevée  sans  que  la  paroi  cellulosique  se  détache.  On 
doit  donc  supposer  ou  bien  que  la  décomposition  de  la 
subérine  s'accompagne  de  la  déorganisation  de  la  base  cel- 
lulosique, ou  bien  que  la  lamelle  subéreuse  ne  possède  pas  une 
pareille  base.  Dans  l'un  des  Chapitres  suivants,  je  dirai  laquelle 
de   ces  deux  hypothèses  me  paraît  conforme  à  la  vérité. 

Le  Syringa  vulgcvria  présente  une  lamelle  subéreuse  mince 
et  une  paroi  cellulosique  d'épaisseur  moyenne;  toutes  les 
deux  sont  développées  uniformément  sur  toute  leur  étendue. 
La  lamelle  subéreuse  se  distingue  de  celles  dont  il  a  été. 
question  jusqu'ici  par  sa  forte  teneur  en  cire.  En  examinant 
une  coupe  chauffée  jusqu'à  230°,  on  trouve  souvent  la  paroi 
cellulosique,  la  lamelle  subéreuse  et  la  lamelle  moyenne  déjà 
séparées  l'une  de  l'autre;  néanmoins  à  part  l'exsudation  de 
la  cire  fondue,  il  ne  s'est  encore  produit  aucune  modification 
bien  apparente  dans  la  lamelle  subéreuse.  Aussi  n'est-il  pas 
difficile  de  la  mettre  en  évidence  par  divers  moyens  et  de 
l'isoler  avec  les  globules  de  cire  qui  y  adhèrent.  Lorsque  la 
température  a  été  portée  jusqu'à  240°,  on  voit  bien  encore, 
entre  la  lamelle  moyenne  et  la  paroi  cellulosique  devenue 
entièrement  libre,  de  nombreux  globules  et  grumeaux,  de 
dimensions  variées,  mais,  à  cela  près,  on  ne  découvre  plus 
rien  de  la  lamelle  subéreuse,  de  quelque  manière  qu'on  s'y 
prenne  (voir  fig.  7),  Si  l'on  examine  les  susdits  globules  et 
grumeaux,   en   traitant  les  coupes    qui   les  contiennent  par 

18* 


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272  C.   VAN  WISSELINGH.  SUR   LA  PAROI 

l'acide  chromique  concentré,  ou  successivement  par  l'acide 
chromique  étendu,  l'eau  et  l'acide  sulfurique,  on  peut  se 
convaincre  de  leur  pouvoir  de  résistance  vis-à-vis  de  ces  acides. 
Après  le  gonflement  et  la  dissolution  des  parois  cellulaires, 
on  voit  en  quelle  grande  quantité  ils  existent  souvent.  Par 
Piode  ils  sont  colorés  en  jaune  très  clair.  Ils  sont  solubles 
dans  le  chloroforme  et  l'éther  bouillants,  ce  dont  je  me  suis 
assuré  en  plongeant  les  coupes  dans  ces  liquides  (voirfig.  8); 
ainsi  traitées,  elles  étaient  si  complètement  débarrassées  de 
globules  et  de  grumeaux  que  je  n'en  pus  retrouver  aucun, 
n'importe  par  quel  moyen.  Avant  d'être  immergées  dans  le 
chloroforme  ou  l'éther,  les  préparations,  retirées  de  l'eau, 
furent  déposées  quelques  instants  dans  l'alcool,  parce  que 
l'eau  ne  se  mêle  presque  pas  aux  deux  liquides  nommés  en 
premier  lieu.  Pour  avoir  la  certitude  que  dans  ces  expériences 
les  globules  et  grumeaux  n'étaient  pas  emportés  mécanique- 
ment, j'essayai,  mais  en  vain,  de  les  entraîner  par  une  ébul- 
lition  prolongée  dans  l'eau.  Les  résultats  que  j'obtins  en 
chauffant  les  coupes  jusqu'à  245,  253,  260,  270  et  280'  con- 
-  cordent  avec  ceux  qui  viennent  d'être  décrits.  Par  la  manière 
dont  les  globules  et  grumeaux  en  question  se  comportent 
vis-à-vis  des  réactifs  et  des  agents  dissolvants,  nous  sommes 
suffisamment  autorisés  à  conclure  qu'ils  proviennent  de  la 
cire,  que  la  lamelle  subéreuse  laisse  déjà  exsuder,  en  grande 
partie,  au-dessous  de  100°.  Il  est  remarquable  à  quel  point, 
après  la  décomposition  complète  de  la  lamelle  subéreuse 
sous  l'influence  d'un  chauffage  prolongé,  les  globules  et  gru- 
meaux conservent,  pour  une  bonne  part  au  moins,  leur  place 
entre  la  lamelle  moyenne  et  la  paroi  cellulosique. 

Chez  le  Oyti&us  Laburwwm ,  contrairement  à  ce  que  nous 
avons  vu  chez  les  plantes  précédentes,  la  lamelle  subéreuse 
est  beaucoup  plus  fortement  développée  du  côté  de  la  paroi 
externe  que  du  côté  de  la  paroi  interne.  La  paroi  cellulosique 
est  mince,  à  développement  partout  égal,  et  lignifiée.  Le 
chauffage  à  240  ou  255°  attaque  déjà  d'une  manière  appré- 


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DBS   CELLULES   SUBERBU8BS.  273 

ciable  la  lamelle  subéreuse,  et  vers  270°  je  Pai  trouvée  dé- 
truite en  majeure  partie^  L'élévation  de  la  température  jusqu'à 
280  et  290°  fut  insuffisante,  toutefois,  pour  décomposer  aussi 
le  reste  de  la  lamelle  subéreuse.  Lorsque  les  coupes  chauf- 
fées à  270,  280  ou  290°  étaient  ensuite  traitées  par  le  chloru- 
re de  zinc  iodé,  la  lamelle  moyenne,  la  paroi  cellulosique  et, 
entre  elles  deux  le  reste  de  la  lamelle  subéreuse  se  coloraient  en 
jaune  ;  d'une  base  cellulosique  de  la  lamelle  subéreuse  je  ne  pus 
rien  apercevoir.  En  traitant  les  coupes  chauffées  par  l'acide  chro- 
mique concentré,  je  remarquai  qu'il  se  dissolvait  nonseule- 
ment  de  la  lignine  et  de  la  cellulose,  mais  aussi  une  grande 
partie  de  la  subérine  encore  existante,  et  que  quelques  rares 
débris  de  liège,  appartenant  aux  assises  cellulaires  internes 
du  tissu  subéreux  d'un  an  employé  à  mes  observations, 
étaient  seuls  épargnés.  Le  pouvoir  de  résistance  des  restes 
subéreux  est  en  général  si  faible  qu'on  parvient  à  les  dis- 
soudre en  grande  partie  même  par  l'acide  chromique  étendu, 
sans  attaquer  fortement  la  cellulose  (comp.  fig.  10).  Après 
avoir  enlevé  l'acide  chromique  par  le  lavage,  je  ne  réussis 
plus  à  déceler  des  restes  subéreux  que  dans  les  couches 
cellulaires  internes,  et  cela  à  l'aide  de  l'iode,  du  mélange  de 
Schultze,  de  l'acide  sulfurique,  du  chlorure  de  zinc  iodé,  ou 
de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique  un  peu  étendu.  Dans  les 
deux  derniers  cas,  la  lamelle  moyenne  et  la  mince  paroi 
cellulosique  maintenant  libre  dans  la  cellule,  toutes  les  deux 
débarrassées  de  la  lignine  par  l'acide  chromique,  se  colorent  en 
beau  bleu,  tandis  que  les  restes  de  la  lamelle  subéreuse  pren- 
nent une  couleur  jaune  (fig.  21).  La  preuve  que  réellement 
une  partie  de  la  subérine  est  dissoute  par  l'acide  chromique, 
peut  s'obtenir  en  traitant  à  chaud  par  le  chlorate  de  potasse 
et  l'acide  nitrique  les  coupes  préalablement  chauffées  à  2J0°; 
chez  toutes  les  cellules  subéreuses  on  observe  alors  la  forma- 
tion de  globules  d'acide  cérinique,  tant  grands  que  petits. 
Dans  quelques  cellules  c'est  la  partie  externe  de  la  lamelle 
subéreuse    qui   résiste    le    mieux   à  l'action    de    la   chaleur 


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274  C.   VAN   WISSBLINGH     SUR  LA   PAROI 

et  à  celle  de  l'acide  chromique;  chez  la  plupart,  toute- 
fois, je  n'ai  pu  distinguer,  sous  ce  rapport,  aucune  partie 
déterminée.  \ 

Chez  le  Betula  alba  j'ai  rencontré,  dans  le  tissu  subéreux, 
des  cellules  à  parois  épaisses  et  des  cellules  à  parois  plus 
minces,  les  unes  et  les  autres  allongées  tangentiellement  et 
alternant  entre  elles  en  couches  composées  de  plusieurs  ran- 
gées de  cellules.  Dans  les  cellules  de  la  première  espèce, 
auxquelles  sont  principalement  empruntées  les  données  sui- 
vantes, l'épaississement  de  la  lamelle  subéreuse  est  en  majeure 
partie  borné  à  la  paroi  externe  et  à  la  paroi  interne,  où  la 
lamelle  présente  un  développement  à  peu  près  égal.  J'ai  déjà 
fait  remarquer  antérieurement  que  la  lamelle  subéreuse  con- 
siste en  deux  parties,  dont  l'externe  seule  est  résistante  vis- 
à-vis  de  l'acide  chromique  concentré  (fig.  11).  Ces  deux  par- 
ties se  comportent  aussi  d'une  manière  différente  en  pré- 
sence d'une  forte  élévation  de  température,  ainsi  qu'on  va 
le  voir,  A  230°  il  ne  s'opère  pas  encore  de  modifications 
notables  dans  la  lamelle  subéreuse,  mais^déjàà240°lapârtie 
interne  est  décomposée  et  disparaît.  L'élévation  de  la  tem- 
pérature jusqu'à  250,  260,  270,  280  et  290°  ne  fournit  pas 
de  nouveaux  résultats.  La  partie  externe  continue  à  résister, 
bien  que  le  chauffage,  même  à  230°  seulement,  n'ait  pas  été 
tout  à  fait  sans  influence;  en  effet,  par  une  solution  très 
concentrée  d'acide  chromique  cette  partie  est  attaquée  et 
dissoute  avant  qu'on  ne  réussisse  à  séparer  les  cellules 
par  la  dissolution  de  la  lamelle  moyenne.  Lorsque  les 
coupes  chauffées  sont  traitées  pendant  peu  de  temps  par 
l'acide  chromique  étendu,  puis  soumises,  après  lavage  par 
l'eau,  à  l'influence  du  chlorure  de  zinc  iodé,  la  partie  épargnée 
de  la  lamelle  subéreuse,  qui  durant  l'action  de  l'acide  chro- 
mique a  produit  des  sinuosités  dans  les  parois  cellulaires 
(PI.  XI,  fig.  12),  est  colorée  en  jaune  et  la  mince  paroi  cel- 
lulosique prend  une  couleur  bleue,  de  sorte  que  toutes  les 
deux  se  distinguent  alors  nettement  (voir  fig.  22).  L'existence 


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DES   CELLULES   SUBÉREUSES.  276 

de  la  première  de  ces  parties  peut  être  démontrée,  en  outre, 
au  moyen  du  mélange  de  Schultze. 

Les  résultats  obtenus  chez  le  Fagus  silvatica  concordent  sous 
beaucoup  de  rapports  avec  ceux  qui  viennent  d'être  décrits. 
L'épaississement  de  la  lamelle  subéreuse  est  de  nouveau  borné 
essentiellement  aux  parois  tangentielles  et  à  peu  près  égale- 
ment prononcé  à  la  paroi  externe  et  à  la  paroi  interne.  A 
Paide  de  l'acide  chromique  on  ne  peut  pas  distinguer  deux 
parties  dans  la  lamelle  subéreuse,  mais  par  le  chauffage  dans 
la  glycérine  cela  réussit  tout  aussi  bien  que  chez  le  Betula. 
A  230°,  la  lamelle  subéreuse,  à  part  quelque  diminution  du 
pouvoir  de  résistance  vis-à-vis  de  l'acide  chromique  concentré, 
ne  subit  pas  encore  de  modification  sensible;  mais  lorsque 
le  chauffage  est  continué  jusqu'à  240°,  on  ne  retrouve  plus 
que  la  partie  externe  de  la  lamelle  subéreuse.  L'élévation  de 
la  température  jusqu'à  290°  est  sans  influence  sur  cette  partie. 
Sa  résistance  à  l'action  de  l'acide  chromique  reste  la  même  ; 
il  faut  une  solution  très  concentrée  pour  en  opérer  le  gon- 
flement bulleux  et  la  dissolution.  Comme  la  partie  restante 
de  la  lamelle  subéreuse  possède  une  épaisseur  assez  notable, 
elle  se  laisse  très  aisément  mettre  en  évidence  par  divers 
réactifs;  pour  la  mince  paroi  cellulosique  cela  est  plus  diffi- 
cile, mais  on  y  réussit  pourtant  fort  bien  de  la  manière  dé- 
crite à  propos  du  Betula. 

Chez  le  Virgilia  lutea  l'accroissement  en  épaisseur  de  la 
lamelle  subéreuse  est  encore  borné  essentiellement  aux  parois 
tangentielles  ;  c'est  surtout  à  la  paroi  externe  que  la  lamelle 
est  fortement  développée.  Chauffée  dans  la  glycérine,  elle 
n'éprouve  aucun  changement  au-dessous  de  220°,  mais  déjà 
à  230°  la  plus  grande  partie,  l'interne,  est  décomposée  et 
disparaît.  Sous  l'influence  du  traitement  par  l'acide  chromique 
étendu,  la  partie  externe,  qui  a  résisté,  occasionne  le  plisse- 
ment onduleux  des  parois  cellulaires .  (fig.  13),  Après  avoir 
enlevé  l'acide  chromique  à  l'aide  de  lavages  à  l'eau,  on 
peut  par  divers  moyens  se  convaincre  de  la  présence  de  cette 


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276  0.   VAN   WISSELINGH.    SUR  LA   PAROI 

partie  externe,  bien  qu'elle  ne  soit  pas  aussi  épaisse  que  chez 
le  Fagus.  Prolonge-t-on  toutefois  la  macération  dans  l'acide 
chromique  et  donne-t-on  à  celui-ci  un  peu  plus  de  force,  il 
vient  bientôt  un  moment  où,  dans  beaucoup  de  cellules,  la 
lamelle  subéreuse  ne  se  distingue  plus  qu'à  peine  ou  pas  du 
tout  (comp.  fig.  14),  même  après  lavage  par  l'eau  et  addition 
d'iode  ou  de  chlorure  de  zinc  iodé.  Néanmoins,  la  partie  ex- 
terne de  la  lamelle  subéreuse  n'est  pas  dissoute  en  entier  par 
l'acide  chromique.  Si  l'on  détruit  en  effet  la  paroi  cellulosique 
par  l'acide  sulfurique  ajouté  avec  précaution,  il  ne  subsiste 
bientôt  plus  du  tissu  subéreux  qu'un  réseau  délicat,  composé  de 
la  mince  lamelle  moyenne  et  du  reste  de  la  lamelle  subéreuse, 
lequel  reste  recouvre  la  lamelle  moyenne  comme  d'une  mince 
pellicule  et  la  protège  contre  l'action  de  l'acide  (voir  fig. 
15).  Pour  justifier  cette  manière  de  voir,  on  n'a  d'ailleurs, 
au  lieu  de  traiter  la  préparation  par  l'acide  sulfurique,  qu'à 
la  chauffer  avec  le  mélange  de  Schultze  :  des  globules  d'acide 
cérinique  se  forment  alors  dans  toutes  les  cellules  subéreu- 
ses. Il  est  à  peine  besoin  de  mentionner  que,  lorsque  les  cou- 
pes chauffées  sont  traitées  ensuite  par  l'acide  chromique  étendu 
et  par  le  chlorure  de  zinc  iodé,  la  paroi  cellulosique,  devenue 
entièrement  libre  dans  la  cellule,  est  colorée  en  beau  bleu 
et  nettement  observable.  Elle  est  très  mince  du  côté  de  la 
paroi  interne  et  notablement  plus  épaisse  à  la  paroi  externe, 
caractère  qui  se  présente  rarement  (voir  fig.  24).  Par  le  chauffage 
à  240,  250,  260,  270,  280  et  290°,  la  lamelle  subéreuse 
n'éprouva  aucune  modification  ultérieure,  ainsi  qu'on  le 
reconnut  en  l'étudiant  de  la  manière  ci-dessus  exposée. 

Parmi  les  plantes  qui  offrent  le  plus  d'intérêt  quant  à  la 
façon  dont  la  lamelle  subéreuse  se  comporte  à  une  tempé- 
rature élevée,  il  faut  certainement  citer  le  Pins  Malus.  La 
lamelle  subéreuse  y  possède  à  la  paroi  externe  une  épaisseur 
considérable,  tandis  qu'à  la  paroi  interne  et  aux  parois  laté- 
rales elle  n'est  que  peu  développée.  La  mince  paroi  cellulo- 
sique,   au   contraire,   est,    à  la  paroi  interne,    un  peu    plus 


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DES   CELLULES   SUBÉREUSES.  277 

épaisse  qu'aux  autres  parois.  Après  un  chauffage  à  240  ou 
245°,  la  lamelle  subéreuse,  indépendamment  de  l'exsudation 
de  la  cire  fondue,  a  déjà  subi  quelque  changement,  ce  qui 
ressort  surtout  de  sa  moindre  résistance  vis-à-vis  de  l'acide 
chromique;  mais  je  ne  m'étendrai  pas  à  ce  sujet,  vu  que 
les  phénomènes  de  décomposition  sont  beaucoup  plus  appa- 
rents lorsque  les  coupes  ont  été  chauffées  jusqu'à  253°.  Dans 
beaucoup  de  cellules  les  épaisses  parois  externes  paraissent 
alors  être  devenues  plus  minces;  chez  quelques-unes  la  partie 
moyenne  de  la  paroi  a  même  disparu,  sans  laisser  une 
base  cellulosique.  En  traitant  les  coupes  par  l'acide  chro- 
mique étendu,  on  remarque  qu'une  partie  de  la  subérine 
restée  se  dissout.  Après  les  avoir  lavées  ensuite  par  l'eau 
(fig.  16),  on  peut  aisément  constater,  à  l'aide  de  l'iode  ou 
du  mélange  de  Schultze,  que  la  lamelle  subéreuse  n'a  pas 
été  enlevée  tout  entière.  Ajoute-t-on  avec  précaution  du 
chlorure  de  zinc  iodé  ou  de  l'iode  et  de  l'acide  sulfurique 
un  peu  étendu,  la  paroi  cellulosique  se  colore  en  beau  bleu 
et  devient  par  suite  bien  distincte  (fig.  25).  Si  la  macération 
dans  l'acide  chromique  avait  été  prolongée  quelque  temps, 
ou  que  de  Pacide  sulfurique  eût  été  ajouté,  on  aurait  obtenu 
après  la  dissolution  des  parois  cellulosiques  un  réseau  déli- 
cat, formé  par  la  lamelle  moyenne  et  par  le  reste  de  la 
lamelle  subéreuse,  qui  d'abord  préserve  la  lamelle  moyenne 
de  l'action  des  acides  employés.  Dans  les  deux  cas  —  dans 
le  premier  après  avoir  enlevé  l'acide  chromique  par  l'eau  — 
on  observe  qu'à  la  paroi  externe,  en  outre  de  la  partie  ex- 
térieure de  la  lamelle  subéreuse,  le  bord  intérieur  a  également 
résisté,  circonstance  que  je  n'ai  rencontrée  que  chez  le  Pirus. 
La  première  des  parties  en  question  est  très  mince,  la  seconde, 
qui  divise  en  quelque  sorte  la  cellule  en  deux  compartiments, 
plus  épaisse  (voir  fig.  17).  Quand  le  chauffage  est  poussé 
jusqu'à  260,  270,  280  et  290°,  le  reste  de  la  lamelle  subé- 
reuse n'éprouve  pas  de  nouveaux  changements,  ce  dont  on 
s'assure  le  mieux  en  le  soumettant,  de  la  façon  sus-indiquée, 


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278  C.   VAN   WISSBLINGH.   SUK   LA   PAROI 

à  l'action   des  réactifs.    Les  résultats  ainsi  obtenus  ne  diffé- 
raient en  rien  des  précédents. 

Chez  le  Salix  caprea  la  lamelle  subéreuse  présente,  vis-à-vis 
d'une  température  élevée,  une  plus  grande  résistance  que 
dans  tous  les  autres  cas  dont  j'ai  traité.  Le  chauffage  à  290°, 
à  part  l'exsudation  de  cire,  qui  a  déjà  lieu  au-dessous  de 
100°,  exerce  peu  d'influence  sur  la  paroi  subéreuse,  comme 
me  l'a  appris  la  traitement  par  l'acide  chromique  et  par 
d'autres  réactifs. 

Au  risque  de  tomber  dans  des  redites,  j'ai  cru  devoir 
exposer  successivement  et  séparément  ce  qui  concerne  chacun 
des  cas  étudiés,  et  cela  non-seulement  à  cause  de  la  diffé- 
rence des  résultats  obtenus  chez  des  plantes  différentes,  mais 
aussi  afin  de  rendre  plus  facile,  à  d'autres  observateurs,  le 
contrôle  rigoureux  de  la  méthode  que  j'ai  suivie  et  qui 
n'avait  pas  encore  été  appliquée  .jusqu'ici.  Examinons  main- 
tenant brièvement  quelles  conclusions  peuvent  être  tirées 
des  expériences  décrites  dans  ce  Chapitre.  J'ai  déjà  dit  qu'en 
aucun  cas  il  ne  s'opère  une  fusion  de  la  lamelle  subéreuse, 
abstraction  faite  de  l'exsudation  de  cire  qui  a  lieu  au-dessous 
de  100°.  S'il  fallait  expliquer  par  la  fusion  les  modifications 
que  la  lamelle  subit  lors  du  chauffage,  nous  aurions  certai- 
nement dû  trouver  en  maints  cas  des  masses  de  subérine 
fondue,  de  même  que,  par  exemple  chez  le  Syrmga,  nous 
avons  trouvé,  après  décomposition  de  la  subérine,  des  masses 
de  cire.  Nous  avons  vu  que  les  températures  auxquelles  se 
produisent  les  changements  dans  la  lamelle  subéreuse  coïn- 
cident avec  celles  où  se  décomposent  les  graisses,  et  que 
les  phénomènes  observés  ne  peuvent  s'expliquer  qu'en  ad- 
mettant que  la  subérine  aussi  subit  une  décomposition.  Nous 
avons  constaté,  en  outre,  que  le  pouvoir  de  résistance  de 
la  lamelle  subéreuse  aux  températures  élevées  est  très  inégal, 
non-seulement  chez  des  plantes  différentes,  mais  souvent 
aussi  pour  différentes    parties    de    la   lamelle,   ce  qui  y  dé- 


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DES  CELLULES  SUBEREUSES.  279 

note  une  différence  de  composition  chimique.  Je  pense,  d'après 
cela,  qu'il  existe  dans  la  lamelle  subéreuse,  indépendamment 
de  la  soi-disant  cire,  plusieurs  corps  analogues  aux  graisses 
proprement  dites.  Il  m'est  impossible  de  partager  l'opinion 
de  M.  von  Hôhnel,  à  savoir,  que  la  subérine  n'offrirait  pas 
de  modifications  essentielles  et  que  par  conséquent  l'élément 
caractéristique  de  la  lamelle  subéreuse  ne  serait  représenté 
que  par  un  corps  chimique  unique.  En  ce  qui  touche  la 
question  de  la  base  cellulosique  de  la  lamelle  subéreuse, 
en  aucun  des  cas  traités  je  n'ai  réussi,  après  l'éloignement 
de  la  subérine,  à  mettre  une  pareille  base  en  évidence.  Nous 
sommes  donc  obligés  de  croire  ou  bien  qu'elle  a  été  détruite 
mécaniquement  du  cours  de  la  décomposition  de  la  subérine, 
ou  bien  que  la  lamelle  subéreuse  ne  contient  pas  de  base 
cellulosique.  Dans  l'espoir  d'arriver  à  une  décision  satisfai- 
sante entre  ces  deux  hypothèses,  j'ai  chauffé  dans  la  glycé- 
rine, puis  soumis  à  un  examen  comparatif,  différentes  cuti- 
cules à  couches  cuticularisées.  Les  principaux  résultats  de  cet 
examen  seront  communiqués  dans  le  Chapitre  suivant. 


V.  Expériences   comparatives 
sur  la  cuticule  et  les  couches  cuticularisées. 

M.  von  Hôhnel  !)  a  insisté,  à  différentes  reprises,  sur  la 
grande  analogie  de  la  subérification  et  de  la  cuticularisation. 
J'ai  donc  jugé  nécessaire  d'examiner  aussi,  chez  différentes 
plantes,  la  manière  dont  la  cuticule  se  comporte  à  une 
température  élevée,  surtout  au  point  de  vue  de  la  question 
concernant  la  base  cellulosique;  par  l'étude  du  déve- 
loppement j'avais  en  effet  réussi,  dans  une  couple  de  cas, 
savoir  chez  le  Syringa  vulgaris  et  le  Convallaria  majalis,  à 
rendre    très    probable    l'existence     d'une    base    cellulosique 


i)  Ùber  den  Korh  etc ,  l.c,  p.  575  et  suiv. 

Einige  Bemerkungen  ûber  die  Cuticulay  J.c,  p.  81  et  suiv. 


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280  C.   VAN   WISSBLINGH.    SUR   LA   PAROI 

dans  les  couches  cuticularisées.  En  traitant  par  la  solution 
de  chlorure  de  zinc  iodé  des  coupes  de  très  jeunes  entre-nœuds 
de  la  première  des  deux  plantes  ci-dessus  nommées,  on  peut 
nettement  observer  que  la  mince  cuticule  recouvre  les  minces 
parois  cellulosiques.  La  première  est  colorée  en  jaune,  les 
secondes  prennent  une  couleur  bleue.  Examine-t-on  des  entre- 
nœuds un  peu  plus  âgés,  on  trouve  que  toutes  les  deux  sont 
devenues  un  peu  plus  épaisses.  Les  couches  cuticularisées  se 
forment  immédiatement  sous  la  cuticule.  Aussi  bien  pendant 
qu'après  leur  formation,  elles  sont  séparées  des  cavités  des 
cellules  épidermiques  par  des  parties  pariétales  composées 
de  cellulose  Elles  ne  peuvent  donc  naître  par  apposition, 
mais  bien  par  intersusception,  savoir  par  addition  de  cutine 
entre  la  cellulose,  ou  par  transformation  de  la  cellulose  en 
cutine;  ce  dernier  mode  de  production  n'est  toutefois  pas 
probable,  raison  pour  laquelle  nous  pouvons  supposer  dans 
les  couches  cuticularisées  l'existence  d'une  base  cellulosique. 
Pour  le  rhizome  du  Convallaria  majalis  je  suis  arrivé  à  la 
même  conclusion. 

Le  chauffage  dans  la  glycérine,  jusqu'à  290°,  appliqué  à 
différentes  cuticules  épaisses,  entre  autres  chez  Aucubajaponica, 
Ilex  aquifolium  et  Hedera  Hélix,  ne  m'a  pas  fourni  de  résultats 
satisfaisants.  Parfois  la  cuticule  semblait  être  devenue  un  peu 
plus  mince,  souvent  elle  n'offrait  plus  à  l'acide  chromique 
autant  de  résistance  qu'auparavant,  mais  je  ne  parvins  pas 
à  mettre  à  découvert,  par  élimination  de  la  cutine,  la  base 
cellulosique.  Avec  la  feuille  à' Eucalyptus  gUbulus  je  fus  un 
peu  plus  heureux.  Après  chauffage  à  290°,  je  pus  colorer  en 
bleu  par  le  chlorure  de  zinc  iodé  un  assez  large  bord  au 
côté  interne  des  épaisses  parois  qui  recouvrent  les  cellules 
épidermiques,  tandis  qu'avant  le  chauffage  ces  parois,  à 
l'exception  d'un  liséré  à  peine  perceptible,  étaient  colorées 
en  jaune.  Par  le  chauffage  la  partie  interne  paraissait  donc 
avoir  été  débarrassée  de  la  cutine,  ne  laissant  que  la  base 
cellulosique.   Les  résultats   furent   meilleurs  avec  la  tige  du 


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DES  CELLULES  SUBÉREUSES.  281 

Syringa  vulgaris  et  avec  le  rhizome  du  Convallaria  majalis. 
Dans  les  deux  cas  je  réussis,  par  le  chauffage  à  290°,  à 
enlever  toute  la  cutine  aux  couches  cuticularisées  et  à  retenir 
la  base  cellulosique.  Celle-ci  a  la  même  intégrité  que  d'autres 
parois  formées  de  cellulose.  Elle  est  recouverte  par  la  cuticule 
proprement  dite,  qui  existe  déjà  dans  un  état  très  jeune,  et 
qui  se  distingue  des  couches  cuticularisées  par  la  propriété 
de  résister  à  une  température  plus  élevée.  Tandis  qu'avant 
le  chauffage  les  couches  cuticularisées  étaient  réfractaires  à 
l'action  de  l'acide  chromique  ainsi  qu'à  celle  de  l'acide 
sulfurique  et  se  coloraient  en  jaune  sous  l'influence  des  réactifs 
iodés,  après  le  chauffage  toute  la  paroi  cellulaire,  sauf  la 
cuticule  proprement  dite,  est  rapidement  dissoute  par  les  dits 
acides  et,  en  présence  de  la  dissolution  de  chlorure  de  zinc 
iodé  ou  de  l'iode  additionné  d'acide  sulfurique  un  peu  étendu, 
elle  prend  une  couleur  bleue,  en  même  temps  qu'elle  éprouve 
un  gonflement  plus  ou  moins  prononcé.  Il  ne  souffre  aucun  doute 
que  la  cutine  des  couches  cuticularisées  ne  soit  décomposée 
par  le  chauffage  et,  par  suite,  ne  disparaisse  de  la  paroi 
cellulaire.  Le  fait,  que  la  base  cellulosique  reste  alors  dans 
un  état  d'intégrité,  me  paraît  avoir  une  influence  décisive 
pour  la  question  de  savoir  laquelle  des  deux  hypothèses 
posées  à  la  fin  du  Chapitre  précédent  doit  être  regardée 
comme  exprimant  la  vérité.  Si,  en  effet,  la  lamelle  subéreuse 
avait  une  base  cellulosique,  nous  aurions,  de  même  que 
dans  les  couches  cuticularisées,  dû  voir  celle-ci  en  différents 
cas,  par  exemple  chez  Pirus,  Virgilia  et  Cytisus,  tandis  qu'ail- 
leurs, par  exemple  chez  Sambucus,  Populus  et  Syringay  nous 
aurions  pu  nous  attendre,  après  la  destruction  de  la  subérine, 
à  trouver  la  paroi  cellulosique  et  la  lamelle  moyenne  encore 
unies  entre  elles  par  la  base  cellulosique  de  la  lamelle 
subéreuse.  Ni  l'un  ni  l'autre  n'ayant  pu  être  observé,  et  les 
arguments  produits  en  faveur  du  contenu  cellulosique  de  la 
lamelle  subéreuse  ayant  été  jugés  insuffisants,  on  doit  en 
conclure  que  la  lamelle  subéreuse,   à  l'opposé  des  couches 


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282  C.    VAN   WISSELINGH.   SUR   LA   PAROI 

cuticularisées,  ne  possède  pas  de  base  cellulosique.  Aussi, 
je  ne  partage  plus  cette  opinion  généralement  régnante 
parmi  les  botanistes:  que  la  paroi  cellulosique  forme  tou^ 
jours  le  fondement  de  la  paroi  adulte  des  cellules  végétales; 
Comme  les  expériences  ci-dessus  décrites  avaient  pour  unique 
but  de  mettre  à  découvert  la  base  cellulosique,  je  me  suis 
ordinairement  borné  à  appliquer  une  température  de  290°; 
pour  le  Syringa  vulga™,  toutefois,  un  chauffage  à  270°  fut 
également  trouvé  suffisant. 


VI.  La  structure  intime  de  la  lamelle 
subéreuse. 

Dans  les  recherches  dont  les  résultats  ont  été  communi- 
quées aux  Chapitres  précédents  je  me  proposais,  en  premier 
lieu,  d'étudier  de  plus  près,  par  la  voie  michrochimique,  la 
nature  chimique  de  la  lamelle  subéreuse  et  de  me  former  à 
cet  égard  une  idée  qui  fût  d'accord  avec  les  observations.  Le 
présent  Chapitre,  au  contraire,  sera  principalement  consacré 
à  la  question  de  la  structure  organique  de  la  lamelle  subé- 
reuse. Ce  ne  sont  plus  ses  principes  chimiques,  mais  ses  élé- 
ments organisés,  qui  feront  l'objet  essentiel  de  notre  examen. 
Avant  de  rapporter  mes  expériences  à  ce  sujet,  je  dois  fixer 
un  instant  l'attention  sur  les  recherches  de  M.  Wiesner  con- 
cernant l'organisation  de  la  paroi  cellulaire  végétale  !).  Cet 
observateur  a  réussi,  sur  différents  tissus,  à  séparer  de  la 
paroi  cellulaire  des  petits  corps  arrondis,  organisés.  A  ces 
corpuscules,  qui  souvent  se  trouvent  à  la  limite  de  l'obser- 
vation microscopique,  il  a  donné  le  nom  de  dermatosomes. 
Les  agents  employés  pour  en  obtenir  la  séparation  étaient 
de  nature  diverse.  Parmi  eux,  l'eau  chlorée  occupe  un  des 
premiers  rangs  ;  fréquemment  renouvelée,  elle  doit  agir  pendant 


i)  Unters.    ûber  die  Organisât  d.  veget.  Zellhaut,  dans  SUzb.  d.  Wie- 
ner Akad.  1886,  93.  B.,  p.  17  et  suiv. 


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DES   CELLULES   SUBEREUSES.  283 

des  semaines  avant  qu'il  soit  possible  de  diviser  les  parois 
cellulaires,  par  la  pression,  en  dermatosomes.  Les  idées  de 
M.  Wiesner  sur  l'union  mutuelle  des  dermatosomes  dans  les 
parois  cellulaires  en  voie  de  développement  ou  adultes,  de 
même  que  celles  qui  ont  rapport  à  l'accroissement  de  la 
paroi  cellulaire,  peuvent  être  passées  ici  sous  silence  ;  parce  que, 
n'étant  pas  déduites  de  l'observation  de  parois  subéreuses, 
elles  n'ont  qu'un  intérêt  secondaire  pour  notre  étude.  En 
traitant  du  tissu  subéreux,  pour  l'examen  duquel  il  a  choisi 
le  liège  à  bouchons,  il  dit,  entre  autres,  que  l'action  de  l'eau 
chlorée  doit  être  prolongée  pendant  des  mois  avant  que  le 
tissu  se  laisse  diviser  par  la  pression  en  dermatosomes  '). 
Quant  à  la  nature  de  ces  dermatasomes  et  au  mode  de  leur 
union  mutuelle,  il  ne  donne  aucune  indication  particulière. 
Evidemment  il  considère  le  tissu  subéreux,  relativement  à 
ces  deux  points,  comme  semblable  à  beaucoup  d'autres  tissus. 
Moi  aussi  j'ai  réussi  à  obtenir,  chez  le  tissu  subéreux,  une 
dissociation  en  petits  corpuscules  globuleux,  qu'à  l'exemple 
de  M.  Wiesner  j'appellerai  dermatosomes.  Les  agents  appli- 
qués à  cet  effet  furent  toujours  des  réactifs  énergiques,  savoir, 
la  potasse  caustique  en  solution,  l'eau  chlorée,  l'acide  nitrique 
et  l'acide  chromique.  Tous  furent  employés  à  l'état  plus  ou 
moins  concentré  et,  au  besoin,  renouvelés  à  différentes  re- 
prises. Après  qu'ils  avaient  agi  pendant  plusieurs  mois  ou 
pendant  un  an,  la  substance  qui  unit  les  dermatosomes  était 
suffisamment  décomposée  pour  que  le  tissu  subéreux  se  laissât 
désagréger  en  ces  corpuscules  par  la  pression.  Le  liège  à 
bouchons  formait  la  matière  ordinaire  de  mes  expériences,  mais 
je  me  suis  assuré  que  celles-ci  réussissaient  aussi  avec  différents 
autres  tissus  subéreux,  tant  à  parois  épaisses  qu'à  parois 
minces.  Chez  le  liège  à  bouchons,  lorsque  les  réactifs  ci-dessus 
nommés  ont  agi  assez  lontemps,  les  cellules  conservent  sou- 
vent encore  une  faible  cohérence  ;  une  légère  pression  sur  le 


i)  /.c,  p.  45  et  46. 


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284  C.   VAN   WISSELINGH.   SUR   LA   PAROI 

couvre-objet  suffit  pour  détacher  de  nombreux  granules  et 
bâtonnets;  sous  une  pressien  plus  forte,  le  tissu  tout  entier 
se  résout  en  de  pareils  corpuscules.  Les  petits  granules  isolés 
sont  des  dennatosomes  ;  les  bâtonnets  constituent  des  réunions 
de  semblables  éléments,  puisque,  par  des  pressions  et  glis- 
sements répétés  du  couvre-objet,  ils  se  laissent  diviser  en 
granules  distincts.  Les  bâtonnets  les  plus  minces  représentent 
chacun,  manifestement,  une  rangée  unique  de  dermatosomes. 
En  ce  qui  concerne  la  lamelle  subéreuse  d'autres  tissus,  la 
potasse  est,  de  tous  les  agents  précités,  celui  qui  paraît  mériter 
de  beaucoup  la  préférence  pour  rendre  possible  la  dissociation 
en  dermatosomes.  C'est  ;ce  que  j'ai  constaté  surtout  chez  le 
Cyti&us  Labwrnum.  Après  avoir  été  traitée  pendant  une  couple 
de  mois  par  l'eau  chlorée,  la  lamelle  subéreuse  de  cette  plante 
ne  se  prête  encore  qu'avec  peine  à  une  division  en  derma- 
tosomes au  moyen  de  la  pression;  l'opération  réussit  bien, 
au  contraire,  après  24  heures  de  macération  dans  une  solution 
concentrée  de  potasse.  La  lamelle  subéreuse  a  pris  alors  un 
aspect  granuleux;  sa  structure  en  couches  est  devenue  plus 
ou  moins  distinctement  visible;  sur  des  coupes  très  minces 
nous  pouvons  observer  que  les  couches  consistent  en  granules 
juxtaposés;  par  la  pression  et  le  frottement  ceux-ci  se  désa- 
grègent et  nous  les  reconnaissons  pour  des  dermatosomes. 
En  aucun  cas  la  lamelle  subéreuse  ne  s'est  laissé  diviser  en 
dermatosomes  aussi  rapidement  que  chez  le  Cytisus. 

Après  que  le  séparation  des  dermatosomes  eut  été  opérée 
avec  succès  pour  différents  tissus  subéreux,  je  voulus  sou- 
mettre ces  corpuscules  à  un  examen  comparatif  avec  ceux 
qui  avaient  été  isolés  d'autres  tissus.  A  cet  effet,  je  fis  ma- 
cérer dans  l'eau  chlorée,  fréquemment  renouvelée,  différentes 
matières  fibreuses,  telles  que  Un,  coton,  jute  et  chanvre, 
l'opération  étant  continuée  jusqu'à  ce  que,  par  la  pression 
et  le  frottement,  une  division  en  dermatosomes  fut  devenue 
possible.  Les  dermatosomes  ainsi  obtenus  sont  colorés  en 
bleu  par  la  solution  de  chlorure  de  zinc  iodé  et  rapidement 


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DES  CELLULES  SUBEREUSES.  285 

dissous  par  l'acide  sulfurique  ou  cbroinique  concentrés  ;  de 
même  que  M.  Wiesner  '),  j 'admets  qu'ils  sont  formés  de 
cellulose.  Tout  autre  est  la  manière  dont  se  comportent 
vis-à-vis  des  réactifs  les  dermatosomes  que  j'ai  séparés  de  la 
lamelle  subéreuse.  Ceux-ci  résistent  à  Faction  des  acides 
sulfurique  ou  chromique  concentrés;  les  dermatosomes  indi- 
viduels ne  sont  d'ordinaire  pas  sensiblement  colorés  par 
l'iode,  par  le  chlorure  de  zinc  iodé,  ni  par  l'iode  et  l'acide 
sulfurique;  quelquefois  j'ai  remarqué  qu'ils  avaient  pris  une 
légère  teinte  jaune.  En  outre  de  leur  conduite  différente  en 
présence  des  réactifs,  ils  se  distinguent  déjà  des  dermatosomes 
composés  de  cellulose  par  leur  contour  plus  nettement  accusé; 
D'après  ces  faits,  combinés  avec  les  résultats  mentionnés  anté- 
rieurement, j'admets  que  les  dermatosomes  retirés  de  la 
lamelle  subéreuse  ne  consistent  pas  en  cellulose,  mais  en 
subérine.  Quant  à  savoir  jusqu'à  quel  point  ils  ont  subi  des 
modifications  lors  de  leur  extraction  de  la  paroi  cellulaire, 
c'est  une  question  difficile  à  décider. 

Je  placerai  ici  une  couple  de  remarques  concernant  la 
cuticule  et  les  couches  cutàcularisées,  dont  j'ai  également- pu 
séparer  des  corpuscules  globuleux  et  des  bâtonnets,  ressem- 
blant à  ceux  que  m'a  donnés  la  lamelle  subéreuse  et  se 
comportant  de  la  même  façon  vis-à-vis  des  réactifs.  Chez 
YAucuba  japoniea,  entre  autres,  cette  séparation  me  réussit 
au  moyen  de  l'acide  chromique  concentré,  appliqué  pendant 
quelqus  semaines  à  la  température  ordinaire,  et  de  même 
au  moyen  d'un  traitement  prolongé  par  la  lessive  potassique 
froide;  dans  les  deux  cas,  à  l'aide  d'une  pression  exercée 
sur  le  couvre-objet.  Avec  la  potasse,  le  but  est  atteint  beau- 
coup plus  rapidement  lorsqu'on  favorise  l'action  du  réactif 
en1  chauffant  le  tout  au  bain-marie.  Les  dermatosomes  séparés 
des  couches  cuticularisées  ont-ils,  en  opposition  avec  ceux 
de  la  lamelle  subéreuse,  un  contenu  cellulosique,  par.  exemple 
lorsqu'ils  ont  été  mis  en  liberté    au  moyen  dç  la  potasse? 

»)  l.c,  p.  76. 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII,  19 


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286  C.   VAN   WISSELINGH.  SUR   LA   PAROI 

A   cet  égard,   vu  le  petit  nombre  de  mes  recherches,  je  ne 
me  hasarde  pas  à  émettre  une  opinion. 

J?ai  déjà  dit,  plus  haut,   que  pour  rendre  possible  chez  la 
lamelle   subéreuse    une    division   en   dermatosomes  on    doit 
donner  la  préférence  à  la  solution  dépotasse.  Non  seulement 
parce  qu'elle   nous  conduit  le  plus  rapidement  au  but,  mais 
aussi  pour  d'autres  raisons,  elle  mérite  une  recommandation 
toute  spéciale.  L'emploi  de  cet  agent  nous  permet,  en  effet, 
de  constater  que   la   liaison  mutuelle  des  dermatosomes  est 
vaincue  beaucoup  plus  promptement  dans  la  direction  tangen- 
tielle  que   dans  la  direction  radiale.  C'est  ce  dont  on  peut 
s'assurer  après  une  macération  qui,  chez  certaines  plantes,  ne 
demande  que  quelques  jours,  mais  que  chez  d'autres  on  doit 
continuer  pendant  des  semaines.  La  potasse  a  alors  provoqué 
différents  changements   dans  la  lamelle  subéreuse.  Pair  suite 
de   la   décomposition  de  la   matière   qui  se  trouve  entre  les 
dermatosomes,  certaines  liaisons  sont  détruites.  Comme  cette 
décomposition   s'accompagne  d'Un  gonflement  et  que  la  po- 
tasse  détermine  dans  la  tissu  subéreux  des  tensions  anoma- 
les, les  dermatosomes  sont  éloignés  les  uns  des  autres  là  où 
les  liaisons  sont" abolies,  et  il  en  résulte  que  d'ordinaire  une 
structure  feuilletée  très  distincte  apparaît  dans  la  lamelle  subé- 
reuse. Chez  les  lamelles  subéreuses  minces,  les  feuillets  pré- 
sentent généralement  toutes  sortes  de  courbures  (voir  fig.  3). 
C'est   chez  les   lamelles  épaisses  que  j'ai  pu  le  mieux  me 
convaincre   du  gonflement.    Si   l'on  continue  la  macération 
dans  la  potasse,  la   matière   par  laquelle  les  dermatosomes 
restent  encore  unis  en  feuillets  distincts  est  attaquée  de  plus 
en   plus.    Finalement,   ce  dernier  lien  est  rompu  à  son  tour 
et,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,   une  simple  pression  suffit 
alors  pour  effectuer  la  séparation  des  dermatosomes.    Il  res- 
sort de  ce  qui  précède,  que  le  lien  unisant  les  dermatosomes 
en  feuillets  est  plus  intime  que  celui  par  lequel  ces  feuilets 
sont   rattachés   les   uns  aux  autres  pour  former  la  lamelle 
subéreuse.    Peut-être   les   dermatQsomes  sont-ils  plus  r^ppro- 


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DES  CEtLULES   SUBEREUSES.  287 

chés  dans  la  direction  tangentielle  que  dans  la  direction 
radiale  et  résulte-t-il  de  là  que  la  solution  potassique  peut 
pénétrer  plus  facilement  suivant  la  première  de  ces  directions 
que  suivant  la  seconde.  Les  plantes  que  j'ai  examinées  ne 
présentaient  d'ailleurs  pas  toutes,  avec  la  même  évidence, 
le  fait  que  les  dermatosomes  sont  plus  solidement  reliés 
entre  eux  dans  le  sens  tangentiel  que  dans  le  sens  radial; 
la  structure  feuilletée  ne  se  laissait  pas  non  plus  reconnaître 
toujours  d'une  manière  également  certaine.  Chez  le  Cytisus 
Laburntim,  les  liaisons  peuvent  déjà  être  abolies  dans  les 
deux  directions  après  environ  un  jour  de  macération.  Chez 
le  Quercus  Suber,  je  n'ai  pu  observer  qu'un  dédoublement 
en  deux  feuillets.  Par  contre,  dans  plusieurs  autres  cas,  parmi 
lesquels  il  y  en  a  aussi  à  lamelles  subéreuses  très  minces, 
la  structure  feuilletée  peut  être  rendue  parfaitement  distincte. 
Voici  comment  je  m'y  suis  pris  chez  Syringa  vulgaris,  Populus 
pyramidalis,  Sambucus  nigra  et  Hedera  Hélix,  toutes  plantes 
de  la  catégorie  de  celles  qui  possèdent  une  lamelle  subéreuse 
mince  et  d'épaisseur  uniforme.  Après  quelques  semaines  de 
macération  (voir  fig.  3),  la  potasse  fut  soigneusement  enlevée 
au  moyen  de  lavages,  puis  les  coupes  furent  traitées  par 
l'acide  chromique,  lequel,  au  bout  de  quelque  temps,  fut  à 
son  tour  éloigné  avec  précaution  à  l'aide  de  l'eau.  Soumises 
alors  à  l'observation,  les  lamelles  subéreuses  se  montrèrent 
composées  de  plusieurs  feuillets  très  minces  (fig.  4).  L'idée  que 
je  viens  de  donner  de  la  structure  feuilletée  ou  en  couches  de 
la  lamelle  subéreuse,  structure  qu'on  peut  rarement  constater 
sans  le  secours  de  réactifs,  se  rapproche  des  conclusions  de 
M.  Wiesner  concernant  la  stratification  et  la  striure  de  la 
menbrane  cellulaire  conclusions  qu'il  résume  dans  les  termes 
suivants  :  „Elle  (la  paroi  cellulaire)  n'est  toutefois,  à  strictement 
parler,  composée  ni  de  couches  ni  de  fibrilles,  mais  de  derma- 
tosomes, qui,  rangés  dans  un  ordre  déterminé,  s'unissent  soit  en 
fibrilles,  soit  en  couches,  soit  de  l'une  et  de  l'autre  manière."  •  ) 
»)  /.c,  p. 68. 

19* 


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288  C.  VAtf  WISSBLINGH.   SUR  LÀ  PÀfcOl 

Je  meutiormerai  ici,  brièvement,  un  singulier  mode  de 
jonction  des  dermatosomes,  savoir,  en  bâtonnets  placés  radi- 
alement,  mode  que  j'ai  parfois  observé  dans  les  couches 
cutieularisées,  et  le  plus  nettement  chez  la  feuille  de  YEucalyptm 
globulus.  Ap^ès  quelques  semaines  de  traitement  par  la  potasse 
ou  l'acide  chromique,  la  partie  externe  des  couches  Guticu- 
larisées  présente  une  structure  feuilletée;  la  partie  adjacente 
se  montre  alors  fortement  attaquée  par  les  réactifs,  tandis 
qu'une  partie  plus  interne  apparaît  formée  de  bâtonnets,  qui 
sont  dirigés  normalement  à  la  circonférence. 

Ci-dessus  j'ai  parlé  de  différents  phénomènes  que  la  potasse, 
à  la  température  ordinaire,  provoque  successivement  chez  la 
lamelle  subéreuse.  A  en  juger  d'après  la  nature  chimique  de 
cette  lamelle,  la  décomposition  que  les  phénomènes  en  question 
dénotent  ne  peut  guère  être  considérée  que  comme  une 
saponification.  En  aucun  cas,  toutefois,  nous  ne  pouvons 
observer  distinctement  les  produits  de  la  saponification,  qui 
se  forment  entre  les  différents  feuillets  et  dermatosomes  de 
la  lamelle.  Pour  obtenir  plus  de  certitude  au  sujet  du  processus 
de  décomposition  qui  se  manifeste,  j'ai  donc  soumis  à  la 
macération  dans  la  potasse  quelques  cuticules  épaisses.  La 
grande  analogie  qui  existe  entre  les  éléments  constitutifs  de 
la  lamelle  subéreuse  et  ceux  de  la  cuticule  et  des  couches 
cutieularisées  donnait  lieu  de  croire  que  chez  l'une  et  l'autre 
de  ces  formations  il  se  produirait  des  phénomènes  semblables, 
mais  qui  seraient  probablement  plus  faciles  à  observer  dans 
les  couches  cutieularisées,  à  cause  de  leurs  dimensions  plus 
considérables.  Je  ne  décrirai  pas  en  détail  l'action  de  la  potasse 
sur  ces  couches,  mais  me  bornerai  à  quelques  indications 
générales.  De  même  que  chez  la  lamelle  subéreuse,  on  observe 
très  vite  une  coloration  en  jaune,  qui  se  fonce  insensiblement 
et  passe  souvent  à  l'orangé;  plus  tard,  la  matière  colorante 
étant  peu  à  peu  dissoute  par  l'agent  de  macération,  la  colo- 
ration perd  de  nouveau  de  son  intensité.  La  production  de 
la  matière  colorante  est  un  phénomène  accessoire,  qui  n'ap- 


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DES  CELLULES  SUBEREUSES.  289 

partient  pas  au  processus  de  saponification  proprement  dit 
et  trouve  peut-être  son  origine  dans  la  présence  de  tannin. 
Je  ne  puis  toutefois  en  donner  l'explication  positive,  n'ayant 
fait  à  ce  sujet  qu'un  petit  nombre  d'expériences.  Un  autre 
phénomène,  qui  ne  tarde  pas  non  plus  à  se  manifester  et 
qu'on,  peut  observer  aussi  sur  des  lamelles  subéreuses  épaisses, 
est  le  gonflement  qu'éprouvent  les  couches  cuticularisées,  par 
suite  de  la  formation  des  produits  de  saponification.  Ceux-ci 
sont  tellement  abondants  qu'une  partie  en  traverse  la  paroi 
cellulaire  et  apparaît  au  dehors,  sous  la  forme  de  boules 
colorées  en  jaune,  qui  acquièrent  ordinairement  un  volume 
considérable*  Après  quelques  jours  ou  quelques  semaines  de 
macération,  j'ai  pu  observer  de  pareilles  boules  chez  Aucuba 
japonica9  Eucalyptus  globulus,  Ilex  aquifoliwm,  Syrmga  vulgaris 
et  Viêcum  album.  L'addition  d'eau  amène  rapidement  la  dis- 
solution des  produits  de  saponification,  dissolution  qui  est 
accompagnée  de  la  disparition  de  la  couleur  jaune  et  précédée 
d'un  gonflement  subit.  Les  boules  colorées  en  jaune  laissent 
alors  un  résidu  de  petites  particules,  qui  sont  entraînées  par 
l'eau  et  échappent  ainsi  à  un  examen  ultérieur. 

Chez  la  lamelle  subéreuse,  qui  ne  donne  pas  lieu  à  la 
formation  de  boules,  on  ne  peut  observer  directement  une 
dissolution  des  produits  de  la  saponification;  mais  cette 
dernière  se  laisse  conclure  du  fait  que  la  macération  dans  la 
potasse,  aussi  bien  que  l'addition  subséquente  d'eau,  détermine 
chez  la  lamelle  subéreuse  et  chez  les  couches  cuticularisées 
des  phénomènes  analogues.  Cette  manière  de  voir  s'accorde 
aussi  avec  l'observation  suivante.  Si  du  liège  à  bouchons  est 
coupé  en  fragments  très  menus,  introduit  dans  un  petit 
flacon  et  recouvert  de  solution  de  potasse,  on  trouve,  au 
bout  de  quelques  mois,  que  le  tissu  subéreux  a  subi  les 
changements  déjà  mentionnés,  tandis  que  la  liqueur  potassique 
est  colorée  en  brun  foncé.  Sur  le  fond  du  flacon  se  sont 
déposés,  en  outre,  des  grumeaux  incolore^,  très  facilement 
solubles  dans  l'eau*  C'est  ce  dont  on  peut  s'assurer  à  l'aide 


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290  C.   VAN   WISSELINGH.   SÛR  LA   PAROI 

du  microscope.  En  recueillant  ces  grumeaux  et  les  dissolvant 
dans  Peau,  on  obtient  par  l'addition  d'une  solution  de  chlorure 
de  sodium  un  précipité  blanc,  qui,  vu  au  microscope,  se  montre 
composé  de  petits  flocons  finement  grenus.  Ces  grumeaux 
consistent  donc  évidemment  en  savon,  qui,  par  suite  de  la 
désagrégation  du  tissu  subéreux,  a  pu  se  rassembler  au  fond 
du  flacon. 

H  est  remarquable  que  dans  beaucoup  de  cas  les  couches 
cuticularisées  soient  attaquées,  par  la  potasse,  à  des  degrés 
si  différents.  Tandis  que  certaines  parties,  tout  comme  la 
cuticule  proprement  dite,  se  montrent  très  résistantes,  chez 
d'autres  la  cutine  est  décomposée  dans  une  large  mesure.  Chez 
Y  Eucalyptus  globulus  je  pus  même,  dans  ces  dernières  parties, 
après  que  les  produits  de  saponification  et  la  potasse  eurent  été 
enlevés  au  moyen  de  l'eau,  obtenir  par  le  chlorure  de  zinc  iodé 
la  réaction  de  la  cellulose,  savoir,  la  coloration  en  bleu  ;  cette 
coloration  se  distingue  bien  de  la  coloration  en  violet  qui, 
chez  YAucuba  japonica,  est  provoquée  par  ce  même  réactif  après 
macération  des  couches  cuticularisées  dans  l'acide  chromique, 
et  qui  ressemble  à  la  coloration  en  violet  de  la  lamelle  su- 
béreuse. Lorsque  la  macération  dans  la  potasse  est  continuée 
pendant  longtemps,  on  réussit  finalement  à  séparer,  par  la 
pression,  des  dermatosomes  et  des  bâtonnets. 

De  même  que  pour  la  lamelle  subéreuse,  on  peut  aussi 
pour  la  cuticule  et  les  couches  cuticularisées  employer  d'au- 
tres agents  que  la  potasse  à  l'effet  de  rendre  possible  la  di- 
vision en  dermatosomes  par  la  pression.  C'est  ce  dont  je  me 
suis  assuré,  pour  l'acide  chromique,  en  une  couple  de  cas, 
savoir,  chez  Aucuba  japonica  et  Eucalyptus  globulus.  Un  fait 
digne  de  remarque,  c'est  que  la  partie  des  couches  cuticu- 
larisées qui  s'était  montrée  la  moins  résistante  vis-à-vis  de 
la  potasse  fut  aussi  celle  que  l'acide  chromique  attaqua  le 
plus  fortement. 

En  beaucoup  de  cas,  où  j'étais  parvenu  au  moyen  de  la 
potasse    à   faire  apparaître  une  structure  feuilletée  dans  la 


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DES  CELLULES  SUBEREUSES.  291 

lamelle  subéreuse,  je  n'y  réussis  pas  à  l'aide  de  l'acide  chro- 
mique;  cela  doit  probablement  être  attribué  à  des  causes 
accessoires,  entre  autres  à  la  prompte  séparation  des  lamelles 
subéreuses,  qui  par  suite  ne  peuvent  éprouver  aucune  influ- 
enee  mécanique  du  dehors  lorsque  l'acide  chromique  détruit 
les  liaisons  entre  les  dermatosomes  ;  puis  aussi  à  la  circon- 
stance que  les  produits  de  la  décomposition  sont  rapidement 
dissous,  au  lieu  de  rester  dans  la  lamelle  subéreuse  et  d'y 
produire  du  gonflement,  ainsi  qu'il  arrive  lors  de  l'emploi 
de  la  potasse. 

Ainsi  bien  dans  le  cas  de  la  lamelle  subéreuse  que  dans 
celui  de  la  cuticule  et  des  couches  cuticularisées,  nous  avons 
vu  que  la  matière  désignée  sous  le  nom  de  subérine  ou  de 
cutine  présente,  vis-à-vis  des  réactifs  et  vis-à-vis  d'une  éléva- 
tion de  température,  un  pouvoir  de  résistance  très  variable. 
Dans  les  deux  cas,  nous  avons  rencontré  des  éléments  qui 
à  la  température  ordinaire  résistent  opiniâtrement  à  l'action 
de  divers  réactifs  très  énergiques,  à  côté  d'autres  qui  se  dé- 
composent rapidement.  Dans  les  deux  cas,  nous  avons  montré 
que  chez  certaines  parties  de  parois  il  ne  se  produit,  au" 
dessous  de  290°,  aucune  modification  appréciable,  tandis  que 
chez  d'autres,  à  une  température  beaucoup  plus  basse,  il  s'opère 
une  décomposition  complète.  Toutes  les  observations  indiquent 
que,  tant  sous  la  dénomination  de  subérine  que  sous  celle  de 
cutine,  se  trouvent  réunis  des  composés  chimiques  différents, 
et,  en  outre,  que  parmi  ces  composés  il  y  en  a  de  très  ana- 
logues dans  les  deux  catégories.  Aussi  doit-on  regretter  que 
ces  dénominations  aient  l'une  et  l'autre  trouvé  crédit  chez  les 
botanistes,  car  il  peut  maintenant  arriver  que  les  deux  pro- 
cessus connus  comme  subérification  et  cuticularisation  soient 
réputés  différents  au  point  de  vue  chimique.  Il  me  paraît 
convenable  de  rompre  avec  l'une  des  deux  dénominations  et 
de  comprendre  les  corps  qui  constituent  les  deux  catégories 
sous  le  nom  de  subérine,  auquel,  à  cause  de  sa  dérivation  de 
suber,  je  donne  la  préférence.  La  déuomination  de  cuticule, 


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292  c.  Van  wïssblingh.  bus  la  paroi 

pour  la  membrane  ainsi  désignée  spécialement,  peut  être  con* 
servée.  Des  expressions  telles  que  cutioularisation  et  couches 
cuticularisées,  pour  les  choses  auxquelles  on  les  applique 
maintenant,  sont  certainement  à  désapprouver, 


VIL  Sur  la  subérification  de  la  lamelle 
moyenne. 

M.  von  Hôhnel  ')  admet,  pour  différents  tissus  subéreux, 
que  la  lamelle  moyenne  manque  dans  les  parois  radiales,  ou, 
en  d'autres  termes,  qu'elle  y  est  subérifiée.  Chez  des  espèces 
du  genre  Salix  cela  serait,  selon  lui,  le  cas  dans  toutes  les 
parois  radiales,  chez  d'autres  plantes,  dans  un  certain  nombre 
seulement.  Cette  conclusion  repose  sur  ce  que  les  cellules 
subéreuses  se  laissent  bien  séparer,  au  moyen  de  l'acide  chro- 
mique  par  exemple,  dans  la  direction  tangentielle,  mais  non, 
ou  seulement  en  partie,  dans  la  direction  radiale-  Dans  plu- 
sieurs cas  j'ai  pu  me  convaincre,  en  effet,  que  dans  la  pre- 
mière de  ces  directions  les  cellules  subéreuses  se  laissent 
désunir,  par  l'acide  chromique,  plus  vite  et  plus  facilement. 
Mais  je  crois  devoir  expliquer  ce  phénomène  d'une  manière 
plus  simple  que  ne  l'a  fait  M.  von  Hôhnel.  Chez  trois  plantes, 
Pwpulus  pyramidalidj  Vwgilia  lutea  (fig.  23)  et  Cytiiu»  Labumum, 
j'ai  observé  que  dans  les  parois  tangentielles  la  lamelle 
moyenne  était  plus  épaisse  et  plus  fortement  lignifiée  que 
dans  les  parois  radiales.  Dans  les  premières  l'acide  chromique 
aura  donc,  mieux  que  dans  les  secondes,  l'occasion  de  pénétrer 
entre  les  lamelles  subéreuses,  parce  que  ces  lamelles  y  sont 
séparées  par  un  espace  un  peu  plus  grand  et  parce  que  la 
lignine  ne  présente  qu'une  faible  résistance  à  l'action  de 
l'acide  chromique.  Le  lien  qui  unit  les  rangées  cellulaires 
tangentielles   sera  donc  détruit  plus  tôt  que  celui  qui  existe 


i)  Ueher  den  Kork  ete.,  le-,  p;-  565  et  566. 


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DES  CELLULES  SUBÉREUSES.  293 

entre  les  rangées  radiales,  et  par  suite  les  divisions  se  pro-, 
duiront  surtout  dans  le  sens  tangentiel.  Lorsque,  toutefois, 
l'acide  chromique  a  agi  pendant  un  temps  suffisant,  les 
cellules  sont  désunies  dans  les  deux  directions,  ainsi  qu'on 
peut  le  reconnaître  en  faisant  légèrement  glisser  le  couvre- 
objet.  Dans  un  autre  cas,  savoir  chez  Pirus  Malus,  j'ai  trouvé 
que  les  parois  radiales  étaient  très  onduleuses  (voir  fig.  18); 
de  ce  côté  les  cellules  sont  donc  unies  plus  intimement, 
et  par  conséquent  moins  faciles  à  séparer  par  Facide  chro- 
mique, que  du  côté  des  parois  tangentielles.  Un  léger  dépla- 
cement du  couvre-objet  suffit,  ici  encore,  pour  montrer  que 
la  lamelle  moyenne  est  dissoute  aussi  dans  les  parois  radiales. 
Chez  le  Saliœ  caprea  je  n'ai  pu,  de  même  que  M.  von 
Hôhnel  chez  d'autres  espèces  du  genre  Salix,  obtenir  qu'une 
division  dans  le  sens  tangentiel  (fig.  19).  Après  avoir  traité 
le  tissu  subéreux  par  l'acide  chromique,  nous  voyons  qu'au 
côté  externe  des  épaisses  parois  tangentielles  sont  fixées 
les  minces  lamelles  subéreuses.  Ainsi  que  je  l'ai  mentionné 
précédemment,  on  réussit  dans  certaines  circonstances  à 
communiquer  à  ces  lamelles,  au  moyen  des  réactifs  iodés, 
une  coloration  violette,  tandis  que  les  parois  épaisses  se 
colorent  toujours  en  jaune.  On  remarque  alors  que  les 
minces  lamelles  colorées  en  violet  entourent  les  cavités  des 
cellules  et  se  continuent  le  long  des  parties  pariétales  épaisses 
et  teintes  en  jaune  (voir  fig.  26).  Quant  à  l'explication  à 
donner,  chez  les  Salve,  de  la  division  exclusivement  tangen- 
tielle  du  tissu  subéreux,  je  n'ai  rien  à  en  dire,  n'ayant  pu 
éclaircir  l'anatomie  de  ce  tissu  caractéristique;  il  m'a  été 
impossible,  en  effet,  de  le  débarrasser  de  la  subérine  par  le 
chauffage  dans  la  glycérine,  et  je  n'ai  pas  non  plus  eu  l'oc- 
casion, jusqu'ici,  d'en  étudier  le  développement.  Sauf  en  ce 
qui  concerne  le  Salix,  je  crois  d'ailleurs  avoir  expliqué  d'une 
manière  satisfaisante  les  particularités  que  peut  présenter  la 
division,  puisque,  dans  les  cas  où  elles  font  défaut,  j'ai 
trouvé  la  lamelle  moyenne  développée  au  même  degré  chez 


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294  C.   VAN   WISSELINGH.   SUR   LA  PAROI 

les   parois  radiales  et  tangentielles,   et  les  premières  de  ces 
parois  dépourvues  de  toute  ondulation. 

Pour  terminer,  encore  une  couple  4e  remarques  au  sujet 
du  phénomène  mentionné  en  dernier  lieu,  sav&ir,  l'ondulation. 
Dans  le  tissu  subéreux,  il  paraît  être  très  rare.  M.  Wieler  '), 
en  parlant  de  mon  Mémoire  sur  la  gaîne  du  cylindre  cen- 
tral 2),  fait  à  mon  hypothèse  concernant  la  cause  de  ce  phé- 
nomène l'objection  suivante:  ,,  Contre  l'hypothèse  de  Fauteur 
on  peut  alléguer  à  bon  droit  que  des  phénomènes  semblables 
devraient  également  se  produire  dans  la  cellule  subéreuse  typi- 
que, où  jusqu'ici  ils  n'ont  pas  été  observés".  Le  Pvrus  Malus 
fournit  toutefois  la  preuve  que  des  plis  ou  ondulations  peu- 
vent bien  dûment  apparaître  aussi  sur  la  paroi  de  la  cellule 
subéreuse.  Le  phénomène  présente,  dans  ce  cas,  beaucoup 
d'analogie  avec  ce  que  j'ai  observé  ailleurs.  Il  est  principale- 
ment borné  aux  parois  radiales,  qui,  vues  de  côté,  montrent 
des  raies  alternativement  plus  claires  et  plus  foncées.  Dans 
les  parois  tangentielles  il  manque  complètement. 


VIII.   Récapitulation   des  résultats. 

Les  résultats  de  notre  travail  se  laissent  résumer  dans  les 
propositions  suivantes  : 

1.  La  lamelle  subéreuse  ne  contient  pas  de  cellulose. 

2.  Après  macération  dans  l'acide  chromique  ou  la  potasse 
à  la  température  ordinaire,  ou  après  chauffage  avec  la 
solution  de  potasse,  la  lamelle  subéreuse  peut  être  colorée 
en  violet  tant  par  l'iode  que  par  le  chlorure  de  zinc  iodé. 

3.  En  opposition  avec  les  couches  cuticularisées,  la  lamelle 
subéreuse  ne  laisse  pas  de  base  cellulosique  lorsque, 
par  le  chauffage  dans  la  glycérine,  on  réussit  à  la  dé- 
barrasser de  la  subérine. 

i)  Bot.  Ztg.,  1886,  n°.  6. 

*)  La  Gaine  du  cylindre  central  d.  I.  rac.  d,  Phanérog.  (Arch.  NéerL, 
T.  XX). 


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DES   CELLULES   TUBEREUSES.  295 

4r  Différentes  combinaisons  chimiques,  très  analogues  aux 
matières  grasses,  constituent  l'élément  essentiel  de  la 
lamelle  subéreuse.  Elles  sont  comprises  sous  la  dénomi- 
nation commune  de  „subérine". 

5.  Chauffée  dans  la  glycérine,  à  des  températures  où  les 
graisses  se  décomposent,  la  lamelle  subéreuse  éprouve 
une  décomposition,  qui  n'est  pas  précédée  de  fusion. 

6.  La  température  à  laquelle  cette  décomposition  se  pro- 
duit est  différente  pour  des  plantes  différentes  et  souvent 
même  pour  des  parties  différentes  d'une  même  lamelle 
subéreuse. 

7.  Le  pouvoir  de  résistance  à  l'action  de  la  potasse  ou  d'autres 
réactifs  énergiques  est  très  différent  pour  différents  élé- 
ments de  la  lamelle  subéreuse. 

8.  Après  le  traitement  prolongé  par  ces  réactifs  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  on  réussit,  à  l'aide  de  la  pression, 
à  diviser  la  lamelle  subéreuse  en  petits  corps  globuleux, 
ou  dermatosomes,  qui  consistent  en  subérine  et  diffèrent 
par  conséquent  de  ceux  que  M.  Wiesner  a  séparés  de 
beaucoup  d'autres  tissus. 

9.  Dans  ce  traitement,  la  subérine  qui  se  trouve  entre  les 
dermatosomes  subit  une  décomposition,  une  saponification 
lorsque  c'est  la  potasse  qu'on  emploie. 

10.  Lors  de  l'emploi  de  la  potasse,  on  observe  que  les 
liaisons  entre  les  dermatosomes  sont  en  général  détruites 
plus  facilement  dans  la  direction  tangentielle  que  dans 
la  direction  radiale,  d'où  il  résulte  que  d'ordinaire  une 
structure  feuilletée  apparaît  dans  la  lamelle  subéreuse. 

11.  Les  matières  comprises  sous  le  dénomination  de  cutine 
sont  très  voisines  de  celles  qu'on  réunit  sous  le  nom  de 
subérine. 

12.  La  présence  de  soi-disant  cire,  dans  la  lamelle  subéreuse, 
est  moins  rare  qu'on  ne  l'avait  supposé  jusqu'ici. 

13.  Des  plis  ou  ondulations  peuvent  se  former  dans  la  lamelle 
subéreuse. 


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296  C.    VAN   WISSÉLIÎÏGH.   SUR   LA   PAROI 

14.  En  beaucoup  de  cas,  il  n'est  pas  nécessaire  d'admettre 
dans  les  parois  radiales  une  subérification  de  la  lamelle 
moyenne  pour  expliquer  la  fissilité  plus  grande  des  cel- 
lules dans  la  direction  tangentielle. 

Ainsi  qu'il  a  été  dit  dans  l'introduction,  je  me  suis  vu 
forcé,  bien  à  regret,  d'interrompre  le  cours  de  mes  recherches. 
Volontiers  j'aurais  étudié  la  lamelle  subéreuse  chez  un  plus 
grand  nombre  de  plantes  et  donné  plus  d'extension  à  mes 
expériences  comparatives  sur  la  cuticule.  J'aurais  non  moins 
vivement  désiré  pouvoir  continuer  les  recherches  que  j'avais 
entreprises  sur  quelques  points  passés  sous  silence  dans  le 
présent  Mémoire.  Tels  sont,  eii  premier  lieu,  l'explication 
de  la  coloration  violette  de  la  lamelle  subéreuse;  ensuite  l'his- 
toire du  développement  de  la  lamelle  subéreuse  comparée  à 
celle  d'autres  parois  cellulaires,  la  manière  dont  différents 
tissus  se  comportent  sous  l'influence  du  chauffage  dans  la 
glycérine,  et  finalement  la  présence  de  la  cellulose  dans  les 
parois  cellulaires  des  végétaux  inférieurs  et  la  nature  chimi- 
que de  la  matière  dite  ^cellulose  fongique",  dont  l'existence 
comme  espèce  cellulosique  particulière  est  contestée.  Bien  que 
n'étant  pas  encore  arrivé,  en  ce  qui  concerne  ces  diverses 
questions,  à  des  conclusions  déterminées,  je  crois  déjà  pouvoir 
dire  que  leur  étude  payera  certainement  les  peines  qu'elle 
aura  coûtées.  Hors  d'état,  au  moins  provisoirement,  de  me 
livrer  moi-même  à  cette  étude,  je  donne  l'appréciation  ci- 
dessus  afin  qu'elle  puisse  servir  de  guide  à  d'autres  observa- 
teurs dans  le  choix  d'un  sujet  de  travail. 

Steenwijk,  Janvier  1888. 


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DES   CELLULES   SUBEREUSES.  297 


Explication  des  Figures. 

Toutes  les  figures,  sauf  celles  en  couleurs,  sont  dessinées  à  un  grossisse- 
ment linéaire  de  1000/ i. 

La  signification  des  lettres  est  la  suivante:  s  lamelle  subéreuse  ou  son 
reste,  m  lamelle  moyenne,  c  paroi  cellulosique,  t  lamelle  intermédiaire,  w 
cire,  s-\-m  lamelle  moyenne  avec  les  deux  lamelles  subéreuses  contiguës 
ou  avec  leurs  parties  externes. 

PLANCHE  X. 

Fig.  1.  Syringa  vulgaris,  lamelle  subéreuse  séparée  par  l'acide chromique. 
//      2.  //  »        après  chauffage  avec  la  solution  de  potasse. 

*  3.  »  »        après  macération  dans  la  potasse  à  froid. 

u     4.  *  *         lamelles  subéreuses  séparées,  après  macération 

dans   la  potasse  froide,  par  l'acide  chromique. 

*  5.  »  h        après  chauffage  dans  l'eau  à  100°. 

n     6.  »  h        lamelle  subéreuse  séparée,  après  chauffage  dans 

l'eau  à  100°,  par  l'acide  chromique. 

//      7.  //  a        après  chauffage  dans*  la  glycérine  à  253°. 

//•     8.  //  *        après   chauffage   dans   la   glycérine  à  253°  et 

traitement  par  le  chloroforme  ou  l'éther  à  la 
température  de  l'ébullition. 

»     9.  Sambucus  nigra,  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  270°. 

//  10.  Cytisus  Laburnum,  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  270°  et 
traitement  par  l'acide  chromique  étendu. 

»  11.  Betula  alba,  parties  externes  de  lamelles  subéreuses  séparées  par 
l'acide  chromique. 

PLANCHE  XI. 

//  12.  »  »  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°  et  traite- 
ment par  l'acide  chromique  étendu. 

i  13.  Virgilia  lutea,  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  230°  et  trai- 
tement par  l'acide  chromique  étendu. 

n    14.         *  *      après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°  et  trai- 

tement par  l'acide  chromique  en  solution  un  peu 
plus  concentrée  que  pour  la  fig.  13. 

*  15.         h  h      après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°,  traite- 

ment par  l'acide  chromique  comme  pour  la  fig.  14, 
puis  traitement  par  l'acide  sulfurique  concentré. 


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298    C.  VAN  WISSELINGtf.  SUR  LA  PAROI  DES  CELLULES  SUBEREUSES. 

Fig.  16.  Pirus  Malus,  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°  et  traite- 
ment par  l'acide  chromique  étendu. 

*  17.     »  v       après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°,  traitement 

par  Pacide  chromique  étendu  comme  pour  la  fig.  16, 
puis  traitement  par  l'acide  sulfurique  concentré. 

*  18.     0  »       coupe  tangentielle. 

//      19.  Salir  caprea,  après  traitement  par  l'acide  chromique. 
0     20.  Cytisus  haburnum,  lamelle  subéreuse  séparée  par  l'acide  chro- 
mique et  colorée  par  le  chlorure  de  zinc  iodé. 
"21.         0  h  après   chauffage  dans  la  glycérine  à  270°, 

traitement  par  l'acide  chromique  étendu  et 
coloration  par  le  chlorure  de  zinc  iodé. 
//     22.  Betula  alba,  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°,  traitement 
par  l'acide  chromique  étendu  et  coloration  par  le 
chlorure  de  zinc  iodé. 
»     23.   Virgilia  lutea,  après   macération   dans   la   potasse   à  froid  et 
traitement  par  le  chlorure  de  zinc  iodé. 

*  24.  "  »     après  chauffage  dans  la  glycérine  à  230°,  trai- 

tement par  l'acide  chromique  étendu  et  colora- 
tion par  le  chlorure  de  zinc  iodé. 
»     25.  Pirus  Malus,  après  chauffage  dans  la  glycérine  à  260°,  traitement 
par  l'acide  chromique  étendu  et  coloration  parle 
chlorure  de  zinc  iodé. 
»     26.  Salix  caprea,  après  traitement  par  l'acide  chromique  et  coloration 
par  le  chlorure  de  zinc  iodé. 


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SUR  LE  ROLE  DU  COEFFICIENT  DE  TRANSPORT  DANS 
UNE  ÉQUATION  DU  COURANT  ÉLECTRIQUE, 


PAR 


F.  H.  DOJES. 


En  1877,  M.  von  Helmholtz  ')  déduisit  de  la  théorie  mé- 
canique de  la  chaleur  une  formule  pour  la  force  électromo- 
trice des  courants  électriques  dus  aux  différences  de  con- 
centration des  liquides.  Plus  tard  2),  le  même  savant  établit, 
pour  tous  les   éléments    voltaiques  réversibles,    la    relation 

jïp  —  -L>  °û  &  représente  la  force  électromotrice,  T  la  tem- 

CL  A  X 

pérature  absolue  et  Q  la  chaleur  absorbée  lors  du  passage 
isothermique  de  l'unité  de  quantité  d'électricité.  Toutes  les  gran- 
deurs doivent  être  exprimées  en  unités  mécaniques  (électro- 
statiques ou  électromagnétiques).  Les  recherches  de  M.Czapski 3), 
de  M.  Gockel4)  et  surtout  de  M.  Jahn  s)  ont  donné  à  la 
formule  de  M.  von  Helmholtz  une  confirmation  expérimentale. 
Je  me  propose  de  signaler  ici  une  circonstance,  qui  peut 
infirmer  l'exactitude  rigoureuse  de  cette  formule,  en  ce 
qui  concerne  les  piles  usitées  contenant  des  substances  en 
dissolution. 


i)   Wissenschaftliche  Abhandlungen,  T .   I,  ou  Wied.  Ann.,  T .  III,  1878, 
2)   Wissenschaftliche  Abhandlungen,  T.  II,  ou  Berl.  Berichte,  1882. 
«)   Wied.Ann.,  T.  XXI. 
4)  Wied.Ann.,  T.  XXIV. 
s)  Wied.  Ann .,  T.  XXVIII. 


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300  P.   H.   DOJES.  SUR  LE   RÔLE 

Considérons,  à  cet  effet,  un  élément  voltaique  composé 
de  deux  plaques  d'une  même  métal,  placées  dans  des  dis- 
solutions inégalement  concentrées  d'un  de  ses  sels.  Afin  de 
simplifier,  nous  prenons  la  différence  de  concentration  assez 
petite  pour  que  le  coefficient  de  transport  „Ueberfuhrungs- 
zahl"  puisse  être  regardé  comme  constant.  A  cet  élément  nous 
faisons  parcourir,  de  la  manière  suivante,  un  cycle  réversible  : 

I.  Passage  isothermique  spontané  de  di  unités  de  quantité 
d'électricité,  à  la  température  T. 

II.  Echauffement  à  la  température  T  +  dT  (sans  courant 
électrique)  au  moyen  de  corps  de  grande  capacité,  dont  les 
températures  surpassent  celles  de  l'élément  dans  l'intervalle 
d  T  de  quantités  infiniment  petites. 

III.  Passage  isothermique  provoqué  de  dil  unités  de  quan- 
tité électrique. 

IV.  Refroidissement  à  la  température  originelle  T  d'une 
manière  analogue  à  réchauffement  sous  II. 

Pendant  la  première  partie  de  ce  cycle,  di(l — ri)  équi- 
valents du  sel  dissous  sont  transportés  de  la  cathode  à 
l'anode.  Si,  à  la  température   T  +  dT,  le  coefficient  detrans* 

dth 
port  est  égal  àw  +  j^  dT,  il  faut,  pour  compenser  la  diminuti- 

Ut  A 

on  et  l'augmentation  de  concentration  produites  par  le  processus 
I,  faire  passer  encore  la  quantité  d'électricité  _ ,  de  sorte 

(  Pt~\ 

qu'on  ait  alors  di,  zzzdi  Y  1  -H  -   —    ï  .  Soient,  en  outre,  c, 


la  capacité  thermique  du  système  lors  de  réchauffement,  c2 
la  capacité  lors  du  refroidissement,  et  Q  la  quantité  de  cha- 
leur (toujours  exprimée  en  unités  mécaniques)  qui  est  absorbée 
lors  du  passage,  sous  I,  de  l'unité  de  quantité  d'électricité. 
L'application  de  la  2me  et  de  la  1èr*  loi  fondamentale  de 
la  thermodynamique  donne  les  équations  : 


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DU   COEFFICIENT   DE   TRANSPORT   ETC.  301- 

(M  —dr\ 

\di+  -£± )  ^CîdT.=  0, 

\  1  — n    /• 


Edi  +  Qdi  +  ctdT—  (Q  +  dQ) 

+  (E  +  dE) 


c    — —  c  de 

ou  après  réduction,  et  en  posant    *         2  =  —  :   «) 

(il'  fl'i 

T      dT      1  —  n'  dT+  di~    ' 
dE      dQ  E         dv  _     Q        dn       de    '  ft 

d'où  il  résulte:  , 

dn 
dE    ,  dT    _<? 

dT  "■"         1  — n  —  T" 

Si  le  coefficient  de  transport  n'est  pas  indépendant  de  la 
température,   on   doit  donc   remplacer  la  relation        ==^, 

Ci  1  J. 

relative  aux  courants  de  concentration,  par  l'expression  qui 
vient  d'être  trouvée.  En  outre,  puisque  dans  tous  les  piles 
voltaiques  en  usage  la  concentration  exerce  de  l'influence, 
la  formule  de  Helmholtz  ne  peut  pas  non  plus,  dans  l'hypo- 
thèse énoncée,  s'appliquer  rigoureusement  à  ces  éléments. 
Pour  éliminer  flans  ces  éléments  (à  métaux  différents)  le  chan- 
gement de  composition  produit  par  le  passage  de  l'électricité 
à  une  température  inférieure,  il  faudrait,  à  la  température 
supérieure,  d'abord  faire  passer  en  sens  inverse  la  même  quan- 
tité d'électricité,  puis,  en  vaporisant  jusqu'à  ce  que  le  sel  se 
dépose    enlever    à    chaque    couche  son  excès  de  sel,  de  ma- 


»)  Voir,  au  sujet  de  cette  quantité:  Lippmann,  d  i?.,  T.  XCIX,  1884. 
Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  20 


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302  P.   H.    DOJBS.    SUR   LE   BÔLE 

nière  que,  finalement,  chacun  des  deux  sels  fût  ramené  à  sa 
place  primitive. 

A  part  une  observation  de  M.  Hittorf  '),  qui  pour  une 
dissolution  de  sulfate  de  cuivre  trouva  pour  le  coefficient  de 
transport,  entre  4  et  21°  C,  une  valeur  constante,  il  n'a  pas  été 
fait  d'expériences  concernant  la  variabilité  avec  la  tempéra- 
ture; il   est   donc  impossible,   en  ce  moment,  de  décider  si 

la  formule  -7™  =  jL  doit  être  corrigée  dans  le  sens  ci-dessus 

indiqué.  ^  dn 

T     4         .     dE         hTf        Q  .  .    , 

La  formule  -j-^  -f-  -i — —  =  -?f  >  pour  les  courants  de  con- 
d  T         1 — n  T 

centration,  peut  aussi  être  obtenue  suivant  une  voie  entièrement 

analogue  à  celle  qui  a  conduit  M.  von  Helmholtz  à  la  formule 

-rjpzzz-rp  .  Pour  la  variation  de  l'énergie,  lors  des  courants 

de  concentration,  la  grandeur  di  (1— n)  doit  être  regardée 
comme  variable  indépendante.  En  désignant  cette  grandeur 
par  dit  nous  pouvons  écrire  pour  la  chaleur  absorbée: 

La  condition,  que  — ~  soit  une  différentielle  totale,  donne  : 

dE 

JL      *HJL  —    1    i  "^         dT    \        E        dn  * 
T'  3  T«K,  ~    T  lM,d  T+l-n  +  (l-npdTi 

i  n  v      e  \ 

T*  V»,  ~*~  l—n)- 

Pour  —. — h  ; nous  écrivons 

0  %t       1 — n 


(dQtX  _     1      dQt_ 

\  di,  /Tconst.      1 — n'    di 


_     1      dQ,_    Q 
1— n7 


et  obtenons  ainsi: 

i)  Pogg.  Ann.,  Bd  LXXXIX. 


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iFzy 


DU   COEFFICIENT   DR   TRANSPORT    ETC.  303 

dE         'dT        Q  d_  /   E  \  Q 

dT        1— n  T        dT  \1— n/~~  (1— n)  T  ' 

c'est-à-dire,  la  môme  équation  que  ci-dessus. 

Nous  pouvons  encore,  pour  les  „ courants  de  concentration", 
calculer  directement  la  chaleur  développée  chimiquement,  et 
montrer  ainsi  qu'il  existe  une  différence  entre  la  chaleur 
chimique  et  la  chaleur  voltaïque.  Imaginons  un  vase  cylin- 
drique vertical,  rempli  d'une'  dissolution  saline 
dont  la  concentration  décroît  dans  la  direction  de  i  "^n 
A  vers  B.  A  et  B  sont  deux  plaques,  unies  par 
un  fil  conducteur,  du  métal  contenu  dans  le 
sel.  Soit  x  la  hauteur  d'une  section  au-dessus* 
de  la  base  A.  Le  coefficient  n  varie  avec  la 
concentration  :  donc  il  est  fonction  de  x.  La  con- 
centration du  liquide  sera  indiquée  par  le  nombre 
de  grammes  d'eau  qu?il  contient  pour  1  équivalent  électro- 
chimique du  sel. 

Dans  la  dissolution,  le  courant  marche  de  B  vers  A  ;  le  passage 
de  i  unités  d'électricité  a  pour  conséquence  que  i  (1*—^) 
équivalents  du  sel  traversent  la  section»  0  dans  la  direction 
de  A   vers   B.  À  travers  la  section  D,  au  contraire,  passent 

i(l — n j-^j  équivalents  de  sel,  de  sorte  qu'il  reste,  dans 

la  couche  CD,  i—-dx  équiv.  de  sel.  En  outre,  dans  la  couche 
dx 

infiniment  mince  qui  touche  à  jB,  la  quantité  de  sel  est 
augmentée  de  i  (1 — na)  éq.,  tandis  qu'elle  est  diminuée  de 
i  (1 — nk)  éq.  dans  la  couche  .qui  touche  à  A. 

Le  passage  isothermique  de  i  unités  d'électricité  donne 
lieu  à  l'absorption  d'une  certaine  quantité  de  chaleur 
(positive  ou  négative),  que  nous  représentons  par  i  Q.  Si, 
toutefois,  les  susdits  changements  de  concentration  étaient 
effectués  sans  qu'il  en  résultât  d'énergie  électrique  ou  méca- 
nique, il  y  aurait  absorption  d'une  autre  quantité  de  chaleur, 

20* 


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304  P.   H.    DOJES.   SUR   LE   RÔLE 

que  nous  désignerons  par  W  i.  Cette  dernière  quantité,  qui 
représente  donc  la,  variation  de  l'énergie,  est,  selon  l'ancienne 
dénomination,  la  chaleur  développée  (ici  absorbée)  chimique- 
ment. Evaluons  oette  chaleur.  Pour  cela,  il  faut  d'abord  cal- 
culer la   chaleur  qui  apparaît  lorsque  la  quantité  de   sel  de 

la  couche  CD  est  augmentée  de  *  -r—  dx  équivalents. 

Considérons,  à  cet  effet,  le  cycle  suivant.  Dans  une  quantité 
de  solution  saline  renfermant  q  gr.  d'eau  et  1  équivalent 
électrochimique  de  sel,  on  dissout,  à  température  constante, 
la  quantité  de  sel  infiniment  petite  dz.  Une  quantité  de 
chaleur  wdz  est  absorbée  lors  de  cette  opération,  La  disso- 
lution est  ensuite  soumise  à  une  évaporation  lente,  isother- 
mique, et  cela  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  saturée  et  ait  de  nouveau 
abandonné  la  quantité  infiniment  petite  de  sel  dz.  On  sépare 
ce  précipité,  et  la  masse  de  vapeur  est  ramenée  dans  la 
dissolution  saline  par  une  compression  lente,  isothermique. 
Le  cycle  est  alors  accompli. 

Pour  le  calcul,  nous  introduisons  les  notations  suivantes: 
L  sera  la  chaleur  latente  de  vaporisation  pour  1  gramme 
de  vapeur  d'eau  émise  par  la  dissolution  saline  (cette  quantité 
varie  donc  avec  la  concentration);  ç,,  le  nombre  de  grammes 
d'eau  correspondant,  dans  la  solution  saturée,  à  1  équivalent 
de  sel  ;  enfin,  pv  =  R  T,  le  produit  connu  fle  la  pression  par 
le  volume  pour  1  gramme  de  vapeur  d'eau.  En  admettant 
qu'à  la  température  ordinaire  d'appartement  la  vapeur  d'eau 
obéisse  à  la  loi  de  Mariotte  —  Gay-Lussac,  on  déduit,  du 
principe  de  la  conservation  de  l'énergie,  l'équation  suivante  : 

Ltdq — pv  (q— qt) —  J  Ldq  +  pv(q—qt)  —  NdzzzzO; 

Ndz  est  la  chaleur  qui  se  dégage  lorsque  la  quantité  dz  de 
sel  dépose. 

Il  est  facile  de  voir  que  l'augmentation  de  la  tension  de  vapeur, 
qui  est  produite  par  l'élimination  de  la  quantité  dz  de  sel,  ne 
fournit  pas  de   termes:   en  effet,  puisque  la  loi  de  Mariotte 


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DU   COEFFICIENT   DE   TRANSPORT    ETC.  305 

est  applicable,  la  compression  ou  dilatation  isothermique  de 
la  vapeur  donne  lieu  au  dégagement  ou  à  l'absorption  d'une 
quantité  de  chaleur  précisément  équivalente  à  la  quantité 
du  travail  mécanique.  Ces  termes  se  compensent  donc  dans 
Téquation. 

/7  T 

Pour  Lx  nous  pouvons  écrire  L  4-  -zf-dz*  e^  l'équation  ci- 
dessus  se  change  alors  en: 

(1)    •  •  •  : v  +  f^dq-NzzO. 

Suivant    mie    formule    connue,    on    a    i=:v  f    ,4    ou 

L  =  È  T*  ^-ylfry  et  par  conséquent  : 

dL _  p  T2  0     djogp  _  p  T%    J5__  ljp 

dz~  Si'    dT~  -aïf-pDi- 

b 
D'après   la    loi    de    Wûllner,    ou    peut    poser   p0 — p  =  —  > 

formulé  dans  laquelle  p^  est  la  tension  de  la  vapeur  saturée, 
et  b  une  constante  qui  dépend   seulement  de  T,  non  de  la 

concentration.    De   même,   on  ap0  —  p  —  ^-  dz  =  — L ', 


dz 


par  conséquent  -j\=  — ,.— • 


En  introduisant  cette  valeur  dans  la  formule  (1),  on  obtient  : 

dTJçtpq^ 


Nous  ferons  remarquer  que  l'intégration  par  rapport  à  q 
peut  s'exécuter,  mais  on  verra  tout  à  l'heure  qu'il  est  inutile 
de  l'effectuer. 

Revenons  maintenant  à  notre  élément  galvanique.  La  couche 

CD,  où  la  quantité  de  sel  augmente  de  -y-  dx,  absorbe  par  suite 

dïï 
une  quantité  de  chaleur  wi  j-  dx,  égale  à  ; 


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306  P.    H.    DOJBS.   SUR  LE   RÔLE 

dx  d  TJqxpq    *  dx 

II  est  d'ailleurs  facile  de  voir,  par  la  considération  du  cycle, 
que  cette  même  formule  représente  aussi  la  quantité  de  chaleur 
qui  se  dégage,  lorsqu'une  certaine  quantité  de  sel  est  sous- 
traite à  l'une  des  couches. 

Nous  avons  maintenant  à  intégrer  entre  les  limites  0  et  hf 

dvb 
h  étant  la  hauteur  du  cylindre,  l'expression  wi  -,-  dx;  or,  on  a: 

f*.    dn  ,        .  f»,     dn    D  m.    d    ['  b  .  r*    a, 

En  posant  ^-  = ^-V~~    -  et  en  appliquant  au  premier 

terme  l'intégration  par  parties,  on  trouve  pour  cette  expression  : 

-  «  j*  i1  — ) *  r  ÎÂ  (s)  ~  l> <x  -  *»].' 

A       fi  h 

La  différentiation  de  -7-^  I  —  dç,  par  rapport  à  x,  donne 

en  effet:  ^  (A  jg)  =  i|   J*_  (A)  ,  puisque  ,,  est 

indépendant  de  a;  et  que  p  est  fonction  de  q. 

Aux  électrodes  apparaissent  encore  deux  termes  pour  la 
chaleur  absorbée  dans  les  tranches  adjacentes,  savoir: 


en  B:  i  (l-na)  B  T> .  -^  f±-  dq  +  Ni  (1-n), 
en  A  :  —  i  (1— n»)  RT2--Âr  f—  <fy  —  Ni  (1—%) 


y» 
Ces  deux  termes  se  compensent  avec  le  premier  et  le  dernier 

terme   de  l'expression  (2),  de  sorte  qu'il  nous  reste,  pour  la 

chaleur  absorbée  chimiquement: 


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DU   COEFFICIENT  DE   TRANSPORT   ETC.  307 


f*v-*)**-ii-w(-£)> 


o 


ou,  en  prenant  q  pour  variable  indépendante,  et  par  unité 
de  quantité  d'électricité: 

Pour  une  différence  infiniment  petite  de  concentration  à  l'anode 
et  à  la  cathode,  la  chaleur  absorbée  chimiquement  (variation 
d'énergie)  est  donc: 

„  =  <!-.»*»■■.■£(£)<». 

Si  l'on  désigne  par  e  la  différence  de  potentiel  entre  la 
catode  et  l'anode,  et  par  q  la  chaleur  réellement  absorbée 
lors   du   passage    de   l'unité    de    quantité  d'électricité,  on  a 

w  -  «  ~  e*  W  (ïi)  =  (TzJt,  d'où  a  ré8ulte  : 

d  /    e    \ e       w  die       ) w 

~2T\î^n)     (1— n)  T— (1— n)T°n~dT  1(1—  n)  T\~(\~n)T*- 

Nous  trouvons  donc  J*,  J^JL^J  =  R.  -^  (A)  dq, ou, 
en  intégrant  par  rapport  à  T: 

(l-njT,        (1— na)Ta  p,ï     ^  p2?      * 


Pour  la  valeur  de  T  à  laquelle  correspond  e  =:  0 ,  on  doit 
avoir  aussi  6  =  0.  En  donnant  à  T2  cette  valeur,  on  obtient 
l'équation  : 

^R.  —  .dq  ou  e—  R  T (1  —  n)  —  .dq 


(1— n)T  pq  pq 

Comme   la  force   électromotrice,  pour  une  valeur  finie  de  la 


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308  P.   H.   DOJBS.    SUR  LE   RÔLE 

différence   de   concentration,  est  égale  à  la  somme  de  toutes 
ces  différences  infiniment  petites  de  potentiel,  on  trouve: 

/qa  Jl* 

(1  —  n)  L.dq  =  bR  TJ{1~n[  .  dq. 

k  * 

Nous  arrivons  ainsi^  par  une  voie  entièrement  différente, 
à  la  même   formule   que  M.  Helmholtz  avait  déjà  établie  '). 

Pour  la  chaleur  absorbée  lors  du  passage  de  l'unité  de 
quantité  électrique,  on  trouve: 

Q=  W+  E  =  RT>  A  ffL^dq  +  bRT  f^%. 

àTJ  qp0  —  b*  J  qp0  —  b 

(  y*  ■    h 

Cette  grandeur  est  positive  ;  la  force  électromotrice  doit  donc 
eroître  lorsque  la  température  s'élève,  ce  qui  est  confirmé 
par  l'observation.  Il  est  intéressant  aussi  de  remarquer  la 
petitesse  de   la  valeur  de   W:  puisque,  d'après  M.  Wullner, 

\           )      d    1(1—  n)b, 
b  croît  à  peu  près  proportionnellement  àp0,^y  I  ^ 

H  )       ' 

est  très  petit  (nul,  en  cas  de  proportionnalité  parfaite).  Les 

éléments  voltaiques  dans  lesquels  il  n'y  a  en  action  que 
des  différences  de  concentration,  travaillent  donc  presque  ex- 
clusivement aux  dépens  de  la  chaleur  absorbée.  Lorsque  6* 
croît  exactement  dans  le  même  rapport  que  p09  on  trouve, 
outré  W=  0,  que  l'accroissement  $e  E  est  proportionnel  à 
la  température  absolue,  à  moins  que  n  ne  varie  également; 
en-  effet,  de  W  =  0,  il  résulte  E  —  0(1— n)T,  C  étant  une 
constante  qui  ne  dépend  pas  de  T. 

On  peut  demander,  finalement,  en  quels  endroits  cette 
chaleur  Q  est  absorbée  ;  à  cette  question,  toutefois,  la  théorie 
ne  fournit  pas  de  réponse.  H  est  clair  que  Q  est  la  somme 


i)  Wied.  Ann .-,  Bd.  III,  p.  210,  form.  (4e). 


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DU    COEFFICIENT    DE   TRANSPORT    ETC.  309 

algébrique  des  différentes  valeurs  de  l'effet  de  Peltier,  tel  qu'il . 
se  produit  au  point  de  contact  de  métal  et  de  la  dissolution 
et  aux  points  de  contact  des  dissolutions  inégalement  con- 
centrées. Des  recherches  de  M.  du  Bois-Reymond  •)  et  de 
M.  Wild  2)  il  résulte  que  la  seconde  de  ces  deux  parties  de 
l'effet  de  Peltier' efrt  très  petite. 


»)  Monatsberivhte  der  Berl.  Akad,  juill.  1856 
2)  Pogg.  Ann.,  Bd  CIII,  :i858..    , 


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KECHEBCHES  BOLOMÉTBIQUES  DANS  LE 
SPECTRE  INFRAROUGE, 


PAR 

W.  H.   JULIUS. 


Malgré  le  vif  intérêt  avec  lequel  ont  été  accueillies  les  ob- 
servations boloniétriques  de  M.  Langley  concernant  la  dis- 
tribution spectrale  de  la  chaleur  de  sources  calorifiques 
relativement  faibles,  la  méthode  employée  dans  ces  recherches 
n'a  encore  été  que  peu  suivie.  Le  principe  de  la  méthode, 
indiqué  pour  la  première  fois,  comme  on  le  sait,  par  Svanberg, 
revient  à  mesurer  dans  le  pont  de  Wheatstone  les  changements 
de  résistance  qu'un  conducteur  subit  sous  l'influence  d'un 
échauffement.  M.  Langley  a  fait  voir  qu'on  pouvait  de  cette 
manière,  avec  son  bolomètre,  mesurer  des  quantités  de  cha- 
leur beaucoup  plus  petites  qu'avec  la  pile  thermo-élecfrique 
dans  sa  forme  habituelle  ');  mais,  à  la  sensibilité  supérieure 
du  nouvel  instrument  correspond  une  augmentation  si  con- 
sidérable des  difficultés  du  maniement,  qu'il  n'y  a  pas  lieu 
de  s'étonner  que  plus  d'un  ait  dû  renoncer  à  s'en  servir. 
Aussi,  à  ma  connaissance,  n'y  a-t-il  encore,  outre  M.  Langley, 


1  )  Le  radiomicromètre  que  M.  Vernon  Boys  a  fait  connaître  en  1887 
(Proc.  of  the  Boy.  Soc  XLII,  p.  189)  est  également  fondé  sur  l'apparition 
d'un  courant  thermo-électrique,  mais  celui-ci  y  est  appliqué,  à  la  produc- 
tion d'un  écart,  beaucoup  plus  avantageusement  que  cela  n'est  possible 
par  l'emploi  d'une  pile  thermo-électrique  avec  multiplicateur.  Peut-être 
réussira- t-on  à  approprier  cet  appareil  à  l'étude  du  spectre,  de  telle  façon 
qu'il  rende  encore  plus  de  services  que  le  bolomètre. 


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W.    H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLOMETRIQUES    ETC.  311 

que  deux  physiciens,  M.  C.  Bauer  !)  et  M.  H.  Schneebeli  *), 
qui  aient  publiés  des  recherches  bolométriques  sur  la  radiation 
de  la  chaleur  ;  leurs  mesures,  toutefois,  n'avaient  pas  rapport 
au  spectre. 

Or,  c'est  précisément  pour  les  recherches  spectrales,  dans 
lesquelles  on  doit  pouvoir  étudier  des  faisceaux. non  seulement 
faibles  mais  en  outre  extrêmement  déliés,  que  l'emploi  du 
bolo mètre  présente  de  notables  «avantages,  parce  qu'il  y  a 
moins  d'inconvénients  K$  donner  de  petites  dimensions  à  ce 
conducteur  sensible  qu'à  une  pile  thermo-électrique. 

La  grande  bienveillance  de  M.  le  professeur  Buys  Ballot, 
qui  mit  à  ma  disposition  toutes  les  ressources  du  cabinet  de 
physique  de  l'Université  d'Utrecht,  m'a  permis  de  combiner 
les  appareils  assez  compliqués  qui  sont  nécessaires  pour  l'exé- 
cution d'observations  bolométriques  dans  le  spectre. 

Les  pages  suivantes  donnent  un  aperçu  de  la  disposition 
des  instruments  et  des  principaux  résultats  auxquels  ils  ont 
conduit  jusqu'ici. 


DESCRIPTION  DES  APPAREILS. 


a.  Le    Bolomètre. 

Après  avoir  pesé  mûrement  les  conditions  auxquelles  un 
bon  bolomètre  doit  satisfaire,  je  donnai  à  l'instrument  la 
forme  représentée,  au  -J-  de  la  grandeur  réelle,  dans  la  fig.  1 , 
PI.  XII 3).  L'appareil,  comme  on  le  voit,  est  d'une  construc- 


i)  C.  Bauer,  Wied.  Ann.,  XIX,  p.  17  (1883). 

2)  H.  Scheebeli,  Wied.  Ann.,  XXII,  p.  430  (1884). 

3)  La  construction  de  ce  bolomètre  et  d'autres  instruments  nécessaires 
à  mes  recherches  a  été  confiée  à  M  H.  Olland,  d'Utrecht  Toutesles  pièces 
livrées  par  cet  artiste  étaient  d'une  exécution  soignée  et  ont  parfaitement 
répondu  à  l'attente. 


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312  W.   H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLOMETRIQUES 

tion  tout  à  fait  symétrique.  Celle-ci  fut  adoptée,  primitive- 
ment, en  vue  de  l'application  éventuelle  à  des  mesures  dif- 
férentielles ;  dans  les  circonstances  données,  toutefois,  la  symétrie 
profite  seulement  à  la  condition  que  les  deux  parties  fines  du 
circuit  conducteur  soient  dans  un  état  aussi  égal  que  possible. 
Cette  condition  peut  être  regardée  comme  absolument  essen- 
tielle. C'est  à  cause  d'elle,  aussi,  que  le  noyau  dé  l'instrument, 
l'enveloppe  immédiate  de  ces  parties  sensibles,  consiste  en  un 
cylindre  massif  de  cuivre  rouge  (fig.  2),  matière  qui,  à  raison 
de  sa  grande  conductibilité  calorifique,  convient  le  mieux  pour 
obtenir  une  distribution  uniforme  de  la  température.  Ce  cy- 
lindre est  placé  à  l'intérieur  d'un  manchon  en  laiton  M  (fig.  1), 
qui  l'entoure  aussi  par  le  bas  et  est  rempli  d'eau;  le  noyau 
se  trouve  ainsi  à  l'abri  des  brusques  variations  de  température 
qui  pourraient  venir  du  dehors,  occasionnées  par  des  courants 
d'air  ou  par  le  rayonnement.  Horizontalement  à  travers  le 
cylindre  est  foré  un  trou  rond  a,  et  au-dessus  de  ce  trou  se 
trouve  une  ouverture  carrée  b,  ayant  environ  15  mm.  de 
côté  ;  celle-ci,  toutefois,  ne  traverse  pas  le  cylindre  d'outre  en 
outre,  comme  le  fait  a,  mais  s'arrête  à  environ  5  mm  de 
l'axe,  où  elle  est  terminée  par  un  fond  plat.  De  l'autre  côté, 
il  y  a  une  ouverture  correspondante;  toutes  les  deux  sont  à 
l'intérieur  entièrement  enduites  de  noir  de  camphre.  Dans 
l'axe  de  l'appareil,  donc,  pour  ainsi  dire,  dans  la  cloison  qui 
sépare  les  deux  ouvertures  b,  est  foré  un  trou  vertical  t,  où 
peut  se  loger  un  thermomètre.  En  avant  et  en  arrière  de  ce 
trou  se  voient  trois  canaux  verticaux  en  forme  de  fentes,  dont 
le  n°  1  et  le  nc  3  ne  descendent  que  très  peu  au-dessous  de 
la  face  inférieure  de  b,  tandis  que  le  n°  2  se  prolonge  jusque 
au-dessous  du  côté  inférieur  de  a.  Dans  les  canaux  n°  1 ,  les 
plus  rapprochés  de  t,  on  glisse  les  petits  appareils  L,  qui 
portent  les  conducteurs  sensibles;  dans  les  n08  2  se  placent 
les  plaques  à  fente  variable  N.  pourvues  vers  le  bas  d'une 
ouverture  ronde  o,  qui  correspond  à  a,  et  sur  laquelle  est 
tendu  un  mince  fil,  tout  juste  dans  le  prolongementdu  milieu 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE.  313 

de  la  fente;  dans  les  n08  3,  enfin,  peuvent  être  élevés  et 
abaissés  deux  petits  écrans  doubles  P,  qu'un  petit  ressort  v 
maintient  en  place  lorsqu'ils  ont  été  remontés.  Les  écrans  et 
les  plaques  à  fente  sont  polis  du  côté  tourné  vers  le  dehors, 
noircis  du  côté  opposé. 

Lorsque  le  cylindre  est  introduit  dans  le  manchon,  les 
ouvertures  a  et  b  viennent  se  placer  exactement  derrière  deux 
conduits  tubulaires  dont  le  manchon  est  pourvu;  ces  con- 
duits, formant  en  quelque  sorte  les  prolongements  de  a  et 
de  b,  ne  sont  pas  visibles  sur  la  figure,  parce  que  le  tuyau 
métallique  K  a  été  glissé  devant  le  manchon.  Ce  tuyau  K 
est  fermé  par  un  couvercle  D,  au  bas  duquel  se  trouve  une 
petite  lunette,  pointée  rigoureusement  sur  le  fil  tendu  dans 
l'ouverture  o  du  porte-fente  postérieur.  Le  couvercle  muni  de 
sa  lunette  peut  aussi  être  adapté  au  tuyau  K\  lorsqu'on  veut 
employer  l'appareil  dans  l'autre  sens.  Le  cylindre  s'enfonce 
de  quelques  millimètres  au-dessous  du  bord  supérieur  du 
manchon  ;  l'espace  restant  est  rempli  par  un  couvercle  d'ébo- 
nite,  percé  des  ouvertures  nécessaires  pour  qu'on  puisse  laisser 
descendre,  à  travers  le  couvercle,  les  appareils  L,  N  et  P: 
les  petites  plaques  d'ébonite  l,  n,  p  viennent  alors  fermer  ces 
ouvertures.  Le  cadre  L  est  formé  de  deux  fils  de  cuivre,  qui 
sont  unis  l'un  à  l'autre  par  quatre  baguettes  d'ébonite  et  entre 
lesquels  est  disposé  le  conducteur  sensible.-  Les  bouts  supé- 
rieurs de  ces  fils  de  cuivre  sont  repliés  et  serrés,  au  moyen 
de  vis,  dans  les  petites  pièces  de  cuivre  £7,  V  et  W  fixées  sur 
le  couvercle,  de  sorte  qu'un  courant  qui  entre  en  U  se  par- 
tage entre  L  et  2/  et  quitte  l'appareil  en   V  et  W. 

Le  manchon  est  fixé  sur  une  plaque  d'ébonite  E9  elle-même 
vissée  sur  un  cylindre  vertical  F.  Celui-ci  peut  se  mouvoir 
dans  la  douille  G,  qui  l'embrasse  étroitement  et  est  fixée, 
dans  une  position  bien  perpendiculaire,  sur  la  plaque  de 
laiton  X;  à  cette  plaque  est  attachée,  en  dessous,  la  chape 
Y,  dans  laquelle  se  trouve  l'écrou  de  la  vis  Z.  Cette  vis 
supporte   donc   tout  le  bolomètre  et  peut  le  faire  monter  et 


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314  W.    H.    JULIUS.    RECHERCHES    BOLOMÉTRIQUES 

descendre  verticalement.  Par  suite  de  cette  disposition,  on 
est  à  même  d'amener  à  volonté,  sur  tout  point  déterminé 
du  spectre,  soit  le  fil  de  pointage  de  l'ouverture  o,  soit  le 
milieu  de  la  fente  N. 

La  plaque  X  peut  glisser  horizontalement,  en  avant  et  en 
arrière,  sur  deux  règles  solidement  reliées  Tune  à  l'autre  et 
formant  le  bras  mobile  du  spectromètre  qui  sera  décrit  plus  loin. 

Voyons  maintenant  quelles  sont  les  propriétés  que  le  petit 
conducteur,  appelé  à  trahir  par  son  changement  de  résis- 
tance l'accroissement  de  sa  température,  doit  posséder  pour 
répondre  le  mieux  possible  à  cette  destination. 

D'abord,  nous  pouvons  poser  en  fait  que  ce  conducteur 
doit  avoir  une  résistance  d'environ  3  ohms.  Ce  nombre  a 
été  choisi  parce  que  des  expériences  préliminaires  avaient 
montré  qu'une  pareille  résistance  se  laissait  introduire  sans 
inconvénient  dans  l'espace  donné;  dans  la  suite,  je  m'en  suis 
tenu  à  cette  valeur,  pour  faire  construire,  en  concordance 
avec  elle,  les  autres  instruments  —  galvanomètre  et  cuve  à 
compensation.  Pour  rester  maniable,  toutefois,  ce  conduc- 
teur ne  doit  pas  être  trop  mince;  les  métaux  doués  d'une 
grande  conductibilité  électrique,  tels  que  l'argent,  le  cuivre, 
l'or,  sont  donc  d'emblée  à  rejeter  comme  matière  première. 
Il  est  désirable,  en  outre,  que  la  chaleur  spécifique  soit  faible, 
surtout  la  chaleur  spécifique  à  volume  égal,  parce  que,  dans 
la  confection  d'un  conducteur  aussi  petit  et  aussi  solide  que 
possible,  on  est  plus  lié  à  un  certain  volume  qu'à  un  certain 
poids.  Suivant  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  cette  cha- 
leur spécifique  à  volume  égal  sera  moindre,  il  faudra  moins 
de  chaleur  pour  produire  une  certaine  élévation  de  tempé- 
rature. A  cette  même  fin,  une  grande  conductibilité  pour  la 
chaleur  offrira  également  quelque  avantage.  Ensuite,  pour 
qu'un  certain  accroissement  de  température  donne  lieu  à  un 
grand  changement  de  résistance,  il  convient  que,  dans  la 
formule  relative  au  pouvoir  conducteur  électrique,  K  ==r 
jK'1(1—  ai  -+-  bt*)9  le  coefficient  a  soit  grand.  Jusqu'à  quel  point 


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DANS    LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE. 


315 


différents  métaux  satisfont  aux  conditions  qui  viennent  d'être 
indiquées,  c'est  ce  qui  ressortera  du  tableau  suivant,  dont  les 
données  sont  empruntées  à  l'ouvrage  de  MM.  Landolt  et 
Bôrnstein,  Physikalisch-chemisehe  Tabellen,  Berlin,  1883. 


Métaux. 


Poids  spéc. 

Chaleur 
poids  égal. 

spéc.  à 
vol.  égal. 

2,6 

0,21 

0,546 

8,7 

0,055 

0,479 

19,3 

0,03 

0,579 

8,9 

0,11 

0,979 

21,5 

0,03 

0,645 

•H,8 

0,03 

0,354 

7,3 

0,06 

0,438 

7,8 

0,11 

0,858 

7,-1 

0,09 

0,639 

Conduct.  cal. 
Ag.  =  100 


Conduct.  élect. 
Hg.  =  l 


Aluminium.. 
Cadmium  . . . 

Or 

Nickel 

Platine 

Thallium.... 

Etain. . . 

Fer 

Zinc 


31,3 
20,1 
53,2 

8,4 

15,2 
11,9 
28,1 


31,7  -  20 

13,5 

44 

7,4 

8-6 

5,2 

9 

8 
16 


0,00 
39 

37-42 

37 

32 
41 
40 
45 
42 


Il  y  a  toutefois  encore  une  couple  de  conditions  importantes, 
d'ordre  plus  pratique,  qui  se  laissent  difficilement  réduire  en 
tableaux:  la  matière  à  choiser  doit,  en  effet,  conserver  in- 
altérée à  l'air  sa  surface  métallique,  et  on  doit  pouvoir  la 
mettre  aisément  sous  la  forme  de  bandelettes  très  minces, 
et  pourtant  suffisamment  solides,  parce  que  sous  cette  forme 
elle  présentera,  à  petite  section,  une  grande  surface  au  rayonne- 
ment. Le  choix  semblait  restreint  entre  le  nickel,  le  platine, 
Fétain  et  le  fer.  Beaucoup  d'expériences  préliminaires  furent 
faites  avec  l'étain  en  feuilles  battues,  dont  je  dus  confectionner 
de  petites  grilles,  qui  conduisaient  le  courant  en  zigzag  de 
l'un  des  fils  de  cuivre  à  l'autre.  Cette  forme  était  néces- 
saire, parce  que,  suivant  un  chemin  plus  court,  je  ne  pou- 
vais obtenir  une  résistance  de  3  ohms,  à  moins  de  rendre 
les    bandelettes    excessivement    étroites   et,  par  suite,    d'un 


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316  W.    H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLO MÉTRIQUES 

maniement  impossible  ;  la  feuille  d'êtain  avait  encore,  en  effet, 
une  épaisseur  d'environ  0mm,008,  et  les  autres  métaux  ne  se 
laissaient  guère  réduire  mécaniquement  en  feuilles  beaucoup 
plus  minces  et  conservant  néanmoins  une  cohérence  suffisante. 
Enfin,  j'eus  la  chance  d'entrer  en  possession  d'une  théière 
nickelée,  dont  la  couche  de  nickel  se  détachait  facilement. 
Les  lamelles  de  nickel  qu'elle  me  fournit  étaient  assez  solides 
et  n'avaient  pas  plus  'de  0mm,002  d'épaisseur.  A  l'aide  d'un 
couteau  très  tranchant,  j'en  découpai,  sur  un  morceau  de  verre  à 
glace,  des  bandelettes  qui  mesuraient  environ  0mm,3  de  largeur 
sur  plus  de  20mm  de  longueur,  et,  après  mainte  tentative  infruc^ 
tueuse,  je  réussis  à  souder  ces  bandelettes,  préalablement 
recouvertes  sur  l'une  de  leurs  faces  d'un  dépôt  uniforme  de 
noir  de  camphre,  aux  deux  fils  de  cuivre  qu'on  voit  faire 
saillie  à  l'intérieur  du  cadre  L  (fig.  2). 

La  longueur  de  la  bandelette,  entre  les  deux  points 
de  soudure,  est  de  14mm,  et  la  résistance  devrait  donc, 
si  toutes  les  dimensions  et  le  pouvoir  conducteur  avaient 
été    déterminés    tout    à    fait    rigoureusement,    être    égale  à 

=-= — ^7^ — ttâ  =  3>!5  unités  de  Siemens. 
0,3  x  0.002  x  7,4         ' 

J'ai   construit    deux  de   ces   systèmes,  pour   la  résistance 

desquels  j'ai  trouvé  expérimentalement: 

premier  système  second  système 

3,04  et  3,03  ohms,  2,90  et  2,89  ohms, 

nombres  qui  s'accordent  assez  bien  avec  la  valeur  obtenue 
par  estime.  Le  second  de  ces  systèmes  a  servi  dans  mes 
expériences;  il  a  fonctionné  pendant  des  mois,  sans  modi- 
fication appréciable. 

b.    Les  résistances   compensatrices. 

Sous  ce  nom  je  désignerai  les  résistances  qui  doivent  être 
introduites  dans  les  deu?:  autres  branches  de  la  cainjbinaison 
de   Wheatstone,   et   dont  le   rapport  doit  pouvoir  être  réglé 


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DANS   LE  SPECTRE  INFRA-ROUGE.  317 

de  façon  qu'aucun  courant  ne  traverse  le  galvanomètre  inter- 
calé dans  le  pont. 

Il  faut,  naturellement, .  que  ces  résistances  soient  mises, 
avec  le  même  soin  que  les  deux  bandelettes  bolométriques, 
à  l'abri  de  variations  inégales  de  la  température,  car  une 
légère  augmentation  de  Tune  d'elles  se  répercute  immédiate- 
ment sur  le  galvanomètre.  A  cet  effet,  elles  sont  placées  dans 
une  cuve  en  zinc  (fig.  3),  remplie  de  liquide.  Une  coupe 
horizontale  de  cette  cuve,  environ  au  niveau  indiqué  par  la 
ligne  pointillée  h,  est  représentée  dans  la  fig.  4.  Le  courant 
bifurqué,  qui  arrive  des  pièces  métalliques  V  et  W  fixées 
sur  le  couvercle  du  bolomètre,  entre  dans  la  cuve  par.  l'inter- 
médiaire des  vis  de  serrage  en  cuivre  rouge  p  et  q,  auxquelles 
sont  également  attachés  les  fils  galvanométriques  g  et  qui 
passent,  protégées  par  une  matière  isolante,  à  travers  la  paroi 
de  la  cuve  en  zinc.  De  q,  une  épaisse  bande  de  cuivre  conduit 
le  courant  à  l'extrémité  d  d'une  longue  augette  à  mercure 
ib|y  qui  est  reliée,  par  un  chevalet  en  platine  b  mobile  à 
l'aide  du  curseur  S,  (fig.  3),  à  une  augette  à  mercure  &2, 
accolée  à  la  première;  i,  etk2  sont  des  cannelures  profondes 
dans  une  pièce  d'ébonite.  En  e,  le  courant  passe  dans  un 
fil  de  platine  assez  mince,  tendu  en  zigzag  le  long  d'une 
plaque  d'ébonite  /  placée  verticalement,  et  aboutissant  en 
i.  L'autre  branche  du  courant,  qui  pénètre  dans  la  cuve 
en  p,  se  rend  directement  par  une  bande  de  cuivre  à  la 
plaque  d'ébonite,  circule  le  long  de  cette  plaque  par  un  fil 
de  platine  de  même  longueur  que  le  précédent,  et  atteint 
ensuite  le  point  j,  qu'un  fil  de  platine  fortement  tendu  relie 
au  point  i.  Les  deux  branches  du  courant  se  rencontrent  ep 
quelque  point  de  ce  fil,  d'où  elles  sont  ramenées  à  la  pile 
par  l'intermédiaire  de  la  cuvette  à  mercure  mobile  k\  du 
curseur  S2  (fig.  3)  et  du  fil  de  cuivre  l.  Il  est  clair  que,  grâce 
à  cette  disposition,  on  peut  faire  varier  entre  d'assez  larges 
limites,  le  rapport  des  deux  résistances,  en  déplaçant  simple- 
ment la  cuvette  h'  le  long  de  ij;  un  réglage  plus  précis  peut 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  21 


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318  W.   H.   JtTLItTS.   RECHERCHES   BOLOMéTRIQUES 

ensuite  s'obtenir  en  faisant  glisser  le  chevalet  6,  ee  qui  rend 
l'un  des  deux  circuits  un  peu  plus  long  ou  plus  court. 

Le  niveau  n  (fig.  3)  est  calé  de  telle  sorte  que  la  bulle  vient 
se  placer  entre  ses  repères  lorsque  le  fond  des  longues  au- 
gettes  à  mercure  est  horizontal. 

Les  mesures  de  résistance,  suivant  la  méthode  de  Wheat- 
stone,   s'exécutent  le  plus   exactement  lorsque,  dans  les  six 
lignes  du  quadrilatère  complet,  les  résistances  sont  à  peu  près  * 
égales  !).  Ce  cas  se  trouve  réalisé,  approximativement,  dans 
mon  appareil. 

La  fig.  3  donne  une  représentation  schématique  de  la 
marche  du  courant;  on  y  a: 

Up  =  2,90  -h  0,095  =  2,995  ohms  à  10°  C. 

Uq  =  2,89  +  0,095  =:  2,985       „      „     „     „ 

PJ  =  2,019       „      „     „     * 

qi  (sans  augettes  à  mercure)  =  1,974       „      »     »     » 
v  =  0,404       »      „     „     „ 

d'où  Ton  déduit  que  p  k'  et  q  k'  s'élèveront  chacune  à  environ 
2,2  ohms. 

Les  résistances  dans  la  cuve  se  sont  doiic  trouvées  un  peu 
plus  petites  que  celles  dans  le  bolomètre,  maïs  il  est  très 
douteux  que  ce  soit  là  un  désavantage,  dans  les  circonstances 
données.  ! 

Le  fil  de  régîâge  ij  a  365  mm  de  longueur;  1  mm  de 
déplacement  de  la  cuvette  à  mercure  rend  donc  l'une  des 
résistances  plus  grande  de  0,0011  ohm,  l'autre  plu3  petite  de 
lia  même  quantité. 

Lorsqu'on  fait  glisser  le  chevalet  b  de  300  mm,  il  en  résulte 
un  changement  de  résistance  d'environ  0,0125  ohm,  desorte 
que  1  mm  Correspond  à  0,00004  ohm.  Le  curseur  St  (fig.  3), 


i)  La  combinaison  çte  Wheatstone  a  été  décrite  endétaU,  entre  autres, 
par  Maxwell,  An  elementary  Treatlse  on  electncity,  p.  186;  —  Chrystol, 
Encyclopaedia  Brittannica,  article  „Electricity"  ;  —  Gray,  Phil.  Mag.  [5], 
12,  p.  283  (4884);  —  Frôlich,  Wied.  Ann.,  XXX,  p.  156;  —  H.  Weber, 
Wied.  Ann.,  XXX,  p.  638. 


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DANS  LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  319 

auquel  6  est  uni  par  une  petite  tige  d'ébonite,  se  laisse  dé- 
placer à  l'aide  d'une  vis  micrométrique  par  rapport  à  la  pièce 
S',,  qui  à  cet  effet  est  préalablement  fixée  au  moyen  d'une 
vis  de  serrage.  De  cette  manière,  on  est  à  même  de  faire 
varier  la  résistance  insensiblement,  par  millionièmes  d'ohm. 
Les  règles  en  cuivre  sur  lesquelles  glissent  S,  et  S2  sont 
isolées  de  la  cuve  en  zinc  par  des  supports  d'ébonite. 

Pour  maintenir  à  une  température  égale  les  deux  longs  fils 
de  platine  et  surtout  les  points  de  contact  de  métaux  diffé* 
rents,  à  l'intérieur  de  la  cuve,  celle-ci  fut  remplie  d'un  liquide 
qui,  avec  peu  de  conductibilité  électrique,  devait  posséder, 
si  possible,  une  bonne  conductibilité  pour  la  chaleur,  une 
mobilité  suffisante  et  une  chaleur  spécifique  considérable.  Le 
liquide  qui  satisfaisait  le  mieux  à  ces  condition  était  l'essence 
de  térébenthine. 


c.    Le  galvanomètre. 

Le  cabinet  de  physique  de  l'université  ne  possédait  pas  de 
galvanomètre  assez  sensible  pour  l'étude  projetée,  et  l'achat 
d'un  pareil  instrument  étant  donc  nécessaire,  M.  le  professeur 
Buys  Ballot  voulut  bien  me  laisser  entièrement  libre  dans  le 
choix.  Le  modèle  de  Thomson,  si  généralement  en  usage,  a 
ses  inconvénients  propres,  dont  le  principal  est  sans  doute 
la  longueur  insuffisante  du  fil  de  cocon. 

De  même  que  M.  Langley,  j'aurais  donc  été  obligé,  pour 
augmenter  autant  que  possible  la  sensibilité,  de  faire  tout 
d'abord  des  changements  à  cet  instrument  dispendieux.  Mais 
il  y  a  encore  autre  chose.  La  construction  du  galvanomètre 
de  Thomson  implique  que  le  miroir  ne  saurait  être  grand; 
l'insuffisance  de  lumière  et  d'étendue,  du  champ  visuel  sera 
donc  un  obstacle  à  la  lecture,  à  grande  distance,  de  la  gra- 
duation d'une  échelle.  Or,  je  voulais  utiliser  le  mieux  possible 
l'espace  disponible,  en  plaçant  l'échelle  loin  du  galvanomètre  : 

21* 


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320  W.   H.  JULIUS.   RBOHERCHBS   BOLOMéTRIQUES 

dans  ce  cas,  en  effet,  on  peut  mesurer  des  déviations  moindres 
et  il  y  a,  en  outre,  plus  de  garanties  pour  la  proportionnalité 
complète  entre  l'indication  et  l'intensité  du  courant  L'une 
et  l'autre  raisons  me  déterminèrent  à  tenter  l'expérience  avec 
un  instrument  encore  peu  connu,  le  microgalvanomètre  de 
Rosenthal,  dont  on  trouve  la  description  dans  Wïedem.  An* 
nalen,  XXIII,  p.  677,  et  qui  est  fourni  par  M.  Edelmann. 
Dans  sa  forme  originelle,  cet  appareil  ne  possédait  qu'une  seule 
aiguille  aimantée  et  avait  une  résistance  d'environ  20  ohms  ; 
mais  il  pouvait  aussi  être  construit  avec  une  système  asta- 
tique,  et  la  disposition  en  était 'telle  que  les  bobines  de  fil 
se  laissaient  très  facilement  remplacer  par  d'autres.  Je  com- 
mandai donc  un  pareil  galvanomètre  astatique,  à  2  jeux  de 
bobines,  dont  l'un  devait  avoir  une  résistance  faible,  savoir, 
en  accord  avec  les  autres  résistances  de  mon  circuit,  d'un 
peu  moins  de  3  ohms,  tandis  que  le  second  présenterait  une 
résistance  de  quelques  centaines  d'ohms,  pour  rendre  l'in- 
strument d'une  application  aussi  large  que  possible.  Comme 
le  modèle  qui  me  fut  envoyé  s'éloigne  un  peu  de  la  forme 
primitive,  je  vais  donner  une  briève  description  de  ses  par- 
ties caractéristiques. 

Un  fil  de  cocon  de  260mm  de  longueur,  fixé  à  un  bouton 
de  torsion,  porte  le  système  astatique  fig.  6,  composé  de  deux 
aiguilles  recourbées  en  forme  de  S.  Aux  côtés  plats  du  système 
sont  appliquées  deux  lames  très  minces  de  mica*  et  vers  le 
haut  se  trouve  un  mince  miroir  plan,  d'environ  20™m  de 
diamètre.  Les  extrémités  polaires  des  aimants,  latéralement 
recourbées,  peuvent  se  mouvoir  à  l'intérieur  des  quatre  bobines, 
dont  deux  sont  indiquées  par  r  et  r'  dans  la  fig.  7  (coupe 
horizontale  du  galvanomètre)  ;  les  lames  de  mica  se  meuvent 
alors  dans  deux  chambres  ayant  la  forme  de  secteurs,  ce  qui 
donne  un  très  bon  amortissement.  On  peut  mettre  les  quatre 
bobines  à  la  suite  l'une  de  l'autre  dans  le  circuit,  et  la  résistance 
est  alors  de  2,747  ohms.  Mais  il  est  facile  aussi  de  modifier 
les  liaisons  de  manière  que  les  bobines  soient  placées  dans 


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DANS   LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  321 

le  circuit  ou  bien  accolées  deux  à  deux,  ou  bien  accolées 
toutes  les  quatre;  le  seoond  jeu  de  bobines  étant  susceptible 
de  recevoir  les  mômes  dispositions  variées,  il  en  résulte  que 
notre  galvanomètre  peut  être  employé  avec  6  valeurs  diffé- 
rentes pour  la  résistance  intérieure,  suivant  la  nature  des 
expériences  à  exécuter. 

De  la  fig.  7  il  ressort  aussi  que,  pour  le  bon  fonctionnement 
du  galvanomètre,  il  est  nécessaire  de  placer  le  porte-bobines, 
qui  peut  tourner,  de  façon  que  les  pôles  des  petits  aimants 
se  trouvent  aussi  exactement  que  possible  dans  le  milieu  des 
bobines  lorsque  le  galvanomètre  est  au  repos.  Aussitôt,  en 
effet,  que  la  position  d'équilibre  ne  satisfait  pas  à  cette  con- 
dition, un  courant  dirigé  dans  l'un  des  sens  produit  une 
déviation  plus  grande  que  le  même  courant  dirigé  dans  le 
sens  contraire.  Or,  la  recherche  de  cette  installation  symé- 
trique présente  quelques  difficultés,  parce  qu'on  ne  peut 
tourner  le  porte-bobines  qu'à  la  main  et  au  jugé.  C'est  là, 
sans  doute,  un  défaut  de  l'instrument,  mais  auquel  il  serait 
facile  de  remédier  par  l'addition  d'une  vis  tangentielle.  Je 
me  suis  contenté,  toutefois,  de  l'état  existant,  et  ai  cherché  la 
position  symétrique  par  voie  de  tâtonnement. 

L'échelle  est  en  verre,  longue  de  lm  et  divisée  en  millimètres. 
Elle  est  placée  à  6m,5  du  galvanomètre,  de  sorte  que,  si 
l'image  de  l'échelle,  vue  dans  le  miroir  du  galvanomètre, 
se  déplace  de  une  division,  les  aiguilles  aimantées  n'auront 
pas  même  été  déviées  de  16".  -L'éclairage  se  fait  par  une 
pelite  lampe  à  pétrole  et  à  l'aide  d'un  grand  miroir  concave, 
d'environ  0m,6  de  diamètre;  celui-ci  est  placé  immédiatement 
derrière  l'échelle  et  disposé  de  manière  que  l'image  qu'il 
forme  de  la  flamme  tombe  sur  le  miroir  du  galvanomètre. 
Vu  de  ce  point,  le  miroir  concave  tout  entier  est  donc  bril- 
lamment éclairé,  et,  par  suite,  il  en  est  de  même  de  l'échelle. 
La  lumière  est  si  éclatante  que,  dans  la  lunette  de  lecture 
à  fort  grossissement,  placée  à  environ  3m  du  galvanomètre,  on 
peut   distinctement   reconnaître    les  divisions   et  en  estimer 


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322  W.    H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLOMETEIQUES 

les  dixièmes,  même  lorsque  le  soleil  donne  dans  la  chambre 
et  que  les  deux  yeux  sont  tenus  ouverts. 

Naturellement,  on  ne  peut  utiliser  que  la  partie  de  l'échelle 
qui  se  trouve  devant  le  grand  miroir  et  qui,  pour  moi, 
s'étendait  de  la  division  200  à  la  division  800. 

Il  convient  de  remarquer  encore  que  derrière  le  galvano- 
mètre est  disposé  un  grand  barreau  aimanté,  destiné  à  affaiblir 
l'action  du  magnétisme  terrestre.  En  rapprochant  ou  éloignant 
ce  barreau,  on  peut  régler  la  sensibilité  de  l'appareil;  en  le 
tournant,  on  change  la  position  d'équilibre. 

Le  galvanomètre  étant  introduit  dans  le  pont,  l'aiguille 
prendra  une  certaine  position,  que  nous  appellerons  position 
zéro;  dans  le  cas  idéal,  seulement,  où  absolument  aucun 
courant  ne  traverse  le  pont,  cette  position  zéro  coïncide  avec 
la  position  d'équilibre.  Il  est  à  prévoir  qu'avec  un  galvano- 
mètre extrêmement  sensible,  placé  dans  un  système  de  con- 
ducteurs traversés  par  un  courant  relativement  fort,  la  posi- 
tion zéro  pourra  aisément  subir  de  lents  changements,  et  il 
serait  incommode  d'avoir  chaque  fois  à  la  ramener  aussi  près 
que  possible  de  la  position  d'équilibre.  Mais,  pour  qu'il 
soit  indifférent  à  partir  de  quelle  position  zéro  on  détermine 
les  déviations  causées  par  les  rayons  tombant  sur  le  bo- 
lomètre,  il  est  nécessaire  et  suffisant  que  ces  déviations 
puissent  être  regardées  comme  exactement  proportionnelles 
à  l'intensité  du  courant.  Je  devais  donc  m'assurer  de  cette 
proportionnalité. 

A  cet  effet,  on  fit  passer  le  courant  d'un  élément  de  Daniel 
par  un  banc  de  résistance  et  par  une  longue  augette  à  mer- 
cure. Dans  cette  dernière  plongeaient,  en  deux  points  entre 
lesquels  il  y  avait  une  résistance  de  0,0005  ohm,  les  fils  du 
galvanomètre,  dont  le  circuit  contenait  un  commutateur.  La 
direction  du  courant  principal  pouvait  également  être  changée. 

Dans  le  circuit  principal  furent  alors  introduites  des  résis- 
tances  qui   étaient   entre   elles    comme    1  :  \  :  -j- i^, 

de  sorte   que  les   intensités   devaient  être  dans  les  rapports 


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JDANS   LE    SPBOTRE  INFKA -BOUGE. 


323 


1 :  2  :  3 .....:  15.  Pour  donner  une  idée  du  degré  d'exacti- 
tude auquel  ce  galvanomètre  permet  d'atteindre,  je  commu- 
nique ici  les  résultats  de  l'expérience. 


Résis- 
tance. 

Inten- 
sité du 
courant. 

Dévii 
observée. 

ition 
calculée. 

Diffé- 
rence. 

Résis- 
tance. 

Inten- 
sité du 
courant. 

Déviation 
observée,  calculée. 

Diffé- 
rence. 

168 

15 

2691 

2681 

+H 

360 

7 

125 

1251 

t 

—    ¥ 

180 

14 

2501 

2501 

+  i 

420 

6 

107 

1071 

i 

T 

193,8 

13 

233 

2321 

+  i 

504 

5 

891 

891 

1 

—    T 

210 

12 

2141 

2141 

+  i 

630 

4 

72 

7H 

+  i 

229,1 

11 

1961 

1961 

+  * 

840 

3 

531 

531 

—    ¥ 

252 

10 

1781 

1781 

—    ï 

1260 

2 

351 

351 

0 

,280 

9 

161 

1601 

+     1 

2520 

1 

171 

171 

315 

8 

1421 

143 

i 

1 

La  seconde  colonne  donne  les  nombres  proportionnels  à 
l'intensité  du  courant,  la  troisième  contient  les  moyennes  de 
4  déviations,  qui  n'ont  jamais  différé  entre  elles  de  plus  de> 
1£  divisions  de  l'échelle.  Oes  différences  étaient  dues  à  uti 
lent  déplacement  de  la  position  d'équilibre,  qui  lui-môme 
provenait  de  variations  du  magnétisme  terrestre,  et  qui,  dans 
le  cours  des  3  heures  consacrées  à  cette  série  d'expériences, 
s'éleva  à  peine  à  14  divisions.  Dans  la  quatrième  colonne 
on  trouve  les  multiples  de  17  J,  dans  la  cinquième,  les  diffé- 
rences entre  ces  multiples  et  les  valeurs  observées.  Le  fait 
que,  au  début,  toutes  ces  différences  sont  positives,  tient  à 
ce  que  le  eouple  avait  alors  plus  de  force;  car  la  première 
mesure,  répétée  à  la  fin  de  la  série,  donna  267£,  par  consé- 
quent une  différence  de  —  f.  La  complète  proportionna- 
nalité  entre  la  déviation  de  l'aiguille  et  l'intensité  du  courant 
est  donc  garantie. 

Pour  ce  qui  concerne  la  sensibilité  en  mesure  absolue,  on 
peut  la  déduire  de  l'une  des  observations.  Prenons,  par  ex- 
emple, le  cas  où  la  déviation  était  de  53£  mm.  La  différence 
de  potentiel,   aux  points  où  plongeaient  les  fils  galvanomé- 


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324  W.    H.  JDLIUS.  RECHERCHES    BOLOMÉTRIQUBS 

triques,   s'élevait  alors  à    environ  — x  la  force  électro- 

840 

motrice    d'un    élément    de    Daniel,    c'est-à-dire,   à    environ 

0  0005 

1  .A      volt.  La  résistance  de  tout  le  circuit  galvanométrique 
o4u 

étant  supposée  égale  à  3   ohms,  on  trouve  pour  l'intensité 
du  courant  ~^ — ~  =  0,000  000 198   ampère,    de   sorte   que 

1  mm   de   déviation  correspondait  à  0,000  000  0037  ampère. 
Dans    les    expériences   de    M.    Langley,    une   intensité   de 

0,000  000  000  5  ampère  donnait  une  déviation  de  1  division 
de  l'échelle;  mais  aussi  la  résistance  de  son  galvanomètre 
s'élevait  à  20  ohms,  de  sorte  qu'il  avait  besoin  d'une  plus 
grande  différence  de  potentiel  que  moi,  pour  obtenir  un  même 
courant  dans  le  galvanomètre.  Parmi  les  galvanomètres  sen- 
sibles offerts  par  le  commerce,  il  n'avait  pas  réussi  à  en 
trouver  un  qui  fût  capable  de  déceler  nettement  des  varia  * 
tiôus  de  moins  de  0,000  001  ampère.  Le  microgalvanomètre 
de  Rosenthal  fait  donc,  on  le  voit,  une  heureuse  exception. 
H  est  clair  que,  dans  un  instrument  aussi  sensible,  une  dispo- 
sition pour  régler  le  courant  par  dérivation  (shuntbox)  était  in- 
dispensable, et,  en  outre,  que  toutes  les  précautions  possibles 
devaient  être  prises  pour  éviter  l'apparition  de  courants 
thermo-électriques.  Ces  précautions  consistèrent  à  faire  en 
cuivre  rouge  tout  le  circuit  entre  U  et  h'  (fig.  5),  pour  autant 
qu'il  était  exposé  directement  à  l'air  extérieur;  des  contacts 
de  métaux  hétérogènes  ne  se  trouvaient  (sauf  dans  le  bolo- 
mètre,  où  ils  étaient  suffisamment  préservés)  qu'à  l'intérieur 
de  la  cuve  remplie  de  térébenthine  et  dans  le  galvanomètre 
lui-même.  Ce  dernier,  en  conséquence,  fut  entouré,  au-des- 
sous du  miroir,  d'un  cylindre  de  verre  sur  lequel  on  avait 
collé  du  papier;  par  là  se  trouvaient  atténuées  les  variations 
locales  de  la  température,  dues  au  rayonnement  ou  à  des 
courants  d'air.  La  boîte  à  dérivation  indiquée  par  n  dans 
la   fig.   5,   et  le  commutateur  qui  y  est  relié  ne  contiennent 


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DANS    LE   SPECTRE  INFRAROUGE.  325 

également  que  des  conducteurs  en  cuivre  rouge.  Comme  dé- 
rivations on  peut  introduire,  au  moyen  d'un  bouchon,  des 
résistances  de  0,003,  0,030  ou  0,333  ohm,  tandis  que  deux 
autres  bouchons  servent  à  interrompre  le  courant  galvanomé- 
trique  ou  à  en  déterminer  la  direction. 


d.  La  pile  et  le  courant  primaire. 

Une  pile  constante  est  absolument  nécessaire.  Avec  des 
couples  de  Grove,  il  m'a  été  impossible  de  maintenir  le  galva- 
nomètre en  repos,  même  pendant  quelques  minutes  ;  au  bout 
de  peu  de  temps,  l'échelle  divisée  tout  entière  avait  disparu 
du  champ  de  la  lunette.  La  cause  en  est  évidente.  Lorsque, 
en  effet,  le  courant  change  d'intensité,  cela  influe  sur  la  tem- 
pérature des  conducteurs,  surtout  sur  celle  des  bandelettes 
bolométriques,  et,  celles-ci  n'étant  pas  parfaitement  identique 
leur  rapport  sera  modifié,  d'où  résulte  naturellement  du  a,  .ft 
dans  le  galvanomètre.  Une  pile  de  12  éléments  Meidinger, 
placés  six  à  six,  atteignit  mieux  le  but.  La  résistance  inté- 
rieure de  cette  pile  est  de  3  ohms,  la  force  électromotrice, 
de  2  volts.  Des  mois  entiers  elle  a  fonctionné  presque  sans 
interruption,  et  l'intensité  du  courant  est  restée  presque  ex- 
actement constante.  (Lorsque  les  observations  étaient  finies, 
on  n'interrompait  pas  le  courant,  mais  on  se  contentait  de 
l'affaiblir,  afin  d'empêcher  la  diffusion  du  CuSO^  dans  le 
Mg  80 4 .)  L'intensité  du  courant  primaire  peut  être  réglée  à 
volonté  au  moyen  d'un  rhéostat  R  (fig.  5),  et  estimée  d'après 
la  déviation  d'une  boussole  des  tangentes  T,  qui  est  intro- 
duite, en  dérivation,  en  deux  points  du  circuit  primaire  dont 
la  distance  est  choisie  de  manière  à  obtenir  des  déviations 
convenables. 

L'intensité  que  j'ai  le  plus  employée  dans  les  observations 
était  d'environ  0,133  ampère. 


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326  W.    H.    JULIUS.    BBCHBROHKS   BOLOMETRIQUS 

e.   Le  spectromôtre. 

Lorsque  je  conçus  le  plan  de  faire  des  recherches  sur  la 
distribution  spectrale  de  la  chaleur  de  sources  obscures,  rien 
ne  m'était  encore  connu  d'une  manière  certaine  quant  aux 
longueurs  d'onde  de  pareils  rayons;  en  conséquence,  je  me 
proposai  d'essayer,  à  l'aide  d'un  grand  miroir  à  diffraction  de 
Rowland,  sembable  à  celui  dont  M.  Langley  s'était  servi  pour 
le  spectre  solaire,  de  déterminer  la  relation  entre  la  longueur 
d'onde  et  la  réfrangibilité  de  ces  rayons  calorifiques  obscurs. 
J'entrai  donc  en  correspondance  avec  M.  J.  A.  Brashear, 
demeurant  alors  à  Pittsburg,  le  fournisseur  des  „Rowland's 
concave  gratings".  M.  Brashear  me  renseigna  au  sujet  des 
exemplaires  disponibles  '),  mais  m'écrivit  que  M.  le  professeur 
Rowland  faisait  difficulté  de  construire  un  pareil  miroir  avec 
moins  de  300  traits  au  millimètre  „because  he  did  not  like 
to  make  deep  curves";  or  j'en  avais  demandé  tout  au  plus 
150,  vu  qu'autrement  les  rayons  à  grande  longueur  d'onde 
ne  pourraient  arriver  à  interférer.  Je  savais  déjà,  à  ce  mo- 
ment, que  des  réseaux  d'un  aussi  petit  nombre  de  traits  avaient 
été  construits  pour  M.  le  professeur  Langley,  et  j'espérais  donc 
pouvoir  décider  encore  M.  Brashear  à  me  fournir  une  plaque 
de  ce  genre. 

Peu   après,  toutefois,   parut  le  travail  de  Langley'*),  dans 


i)  Un  miroir  concave  diffringent  de  6  cm.  de  diamètre  et  d'environ 
600  traits  au  millimètre,  que  notre  Laboratoire  a  acheté  pour  l'étude  du 
spectre  lumineux,  surpasse  de  beaucoup  un  grand  spectroscope  de  Brow- 
ning à  dispersion  de  12  prismes,  aussi  bien  en  netteté  des  raies  de 
Fraunhofer  qu'en  intensité  lumineuse. 

2)  Langley,  On  hitherto  unrecognized  wavelengths,  dans  Am.  Journ. 
of  Se,  Jan.  and  Aug.  1886;  Phil.  Mog.,  Aug  1886. 

M.  Langley  n'est  pourtant  pas  le  premier  qui  ait  constaté  l'existence 
de  ces  grandes  longueurs  d'onde.  En  1880  furent  publiées  des  recherches 
de  MM.  Desains  et  Curie  (Comptes  rendus,  XC,  p.  1506),  dans  lesquelles 
avaient  été  mesurées,  à  l'aidé  d'une  grille  à  inflexion,  des  longueurs 
d'onde  allant  jusqu'à  k  =  7" ,00.  Mais  les  déterminations  de  M.  Langley 
sont  incontestablement  beaucoup  plus  exactes. 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE.  327 

lequel  la  courbe  de ,  dispersion  du  sel  gemme  était  établie 
jusqu'à  5U,3  ;  je  pourrais  donc  me  regarder  comme  déchargé 
de  cette  partie  de  la  tâche  —  partie  qui  eût  certainement 
été  la  plus  délicate  —  et  m'en  tenir  au  spectre  prismatique. 

En  rapport  avec  les  dimensions  des  plus  grands  prismes 
et  lentilles  de  sel  gemme  qui  pouvaient  être  obtenus  dans 
les  ateliers  de  MM.  le  Dr.  Steeg  et  Reuter,  à  Hombourg,  je 
fis  construire  un  spçctromètre  dont  le  bras  mobile  fût  capable 
de  porter,  sans  subir  de  flexion  sensible,  le  poids  du  bolomètre 
complet,  poids  qui  s'élevait  à  plus  de  2  kilogrammes.  Comme 
base  de  cet  appareil  fut  utilisé  un  vieux  et  solide  instrument 
universel  de  Troughton  &  Simms,  qui  appartenait  à  notre 
Observatoire  mais  se  trouvait  depuis  bien  des  années,  hors 
de  service,  dans  le  Cabinet  de  physique.  Du  consentement 
de  M.  le  professeur  Oudemans,  directeur  de  l'Observatoire, 
l'instrument  fut  temporairement  débarrassé  de  sa  lunette  et 
de  son  cercle  vertical,  et  quelques  trous  de  vis  furent  forés 
dans  les  colonnes  A  ^t  A'  (voir  fig.  8),  afin  de  pouvoir  y 
fixer  les  barres  métalliques  dont  l'ensemble  devait  former 
le  support  du  bolomètre.  Le  cercle  horizontal,  dont  le  diamètre 
mesurait  environ  SSO"1311,  était  divisé  en  arcs  de  5',  et  deux 
microscopes,  pourvus  de  micromètres  filaires  et  fixés  aux 
colonnes,  permettaient  la  lecture  à  1"  près. 

A  quelques  centimètres  en  dehors  du  bord  du  cercle,  mais 
invariablement  unie  à  celui-ci  par  une  pièce  métallique,  fut 
disposée  une  solide  colonne  verticale.  Dans  la  figure,  cette 
colonne  n'est  pas  visible;  elle  se  trouve  à  gauche,  en  dehors 
du  champ  du  dessin,  et  porte,  sur  la  barre  de  fer  B,  à 
section  en  T,  tout  ce  qui  appartient  au  collimateur  du 
spectromètre.  C'est,  en  premier  lieu,  l'appareil  à  fente. 

Les  deux  parois  de  la  fente,  mobiles  l'une  par  rapport  à 
l'autre  de  la  manière  ordinaire,  au  moyen  d'une  vis  et  d'un 
ressort,  consistent  en  cuvettes  en  cuivre,  munies  chacune  de 
deux  petits  tubes,  de  sorte  qu'on  peut  y  faire  couler  de  l'eau. 
Cette   précaution  était  nécessaire  pour  donner  la  certitude 


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328  W.    H.   JCLIUS.    RKCHBRCHE8    BOLÔMÉTRIQUES 

que  les  parties  voisines  de  la  fente  n'éprouveraient  pas,  de 
la  part  des  sources  de  chaleur  placées  à  peu  de  distance  en 
arrière,  un  échauffement  persistant.  Le  long  de  la  plaque  de 
cuivre  qui  sur  la  face  regardant  la  lentille  collimatrice  porte 
les  cuvettes  de  la  fente,  peut,  sur  l'autre  face,  se  mouvoir 
alternativement  dans  les  deux  sens  un  écran  en  cuivre,  à 
l'intérieur  duquel  circule  également  de  l'eau  et  qui,  retenu 
d'un  côté  par  un  ressort  en  spirale,  masque  la  fente.  Cet 
écran,  toutefois,  possède  une  ouverture  allongée,  et  celle-ci 
vient  se  placer  devant  la  fente  dès  qu'on  tire  l'écran  en  sens 
contraire  de  l'action  du  ressort.  Tout  ce  dispositif  glisse  sur 
la  barre  B  et  peut  ainsi,  par  un  mouvement  en  avant  ou 
en  arrière,  être  amené  au  foyer  de  la  lentille  collimatrice. 

Dés  «oins  particuliers  ont  été  apportés  à  la  protection 
permanente  des  préparations  de  sel  gemme  contre  l'humidité 
de  l'air.  Le  prisme  et  les  lentilles  devant  rester,  des  mois 
entiers,  prêts  à  servir,  cette  protection  était  absolument 
nécessaire;  de  fait,  les  mesures  prises  furent  assez  efficaces 
pour  que,  en  6  ou  7  mois  de  temps,  les  préparations  n'aient 
eu  besoin  d'être  repolies  qu'une  seule  fois.  Le  prisme  et  les 
deux  l.entilles,  en  effet,  sont  placés  à  l'intérieur  d'un  cylindre 
en  cuivre  (fig.  9),  espèce  de  tambour,  qui  peut  se  visser,  de 
manière  à  être  exactement  fermé,  sur  un  fond  circulaire  C(fig.  8), 
lequel  est  lui-même  fixé  au  bras  bolométrique,  juste  au  centre 
de  l'instrument,  entre  les  deux  colonnes.  Sur  ce  fond  s'élève, 
du  côté  du  bolomètre,  le  support  d  de  la  lentille  objective, 
tandis  qu'au  centre  se  trouve  une  petite  table  tournante  e, 
sur  laquelle  peut  être  fixé  le  prisme.  Par  une  simple  combinaison 
de  tiges  lmn}  cette  table  est  reliée  à  un  point  p  du  porte- 
bolomètre  et  un  point  q  du  porte-collimateur,  de  telle  sorte 
qu'elle  tourne  toujours  d'un  angle  égal  à  la  moitié  de  celui 
dont  on  fait  mouvoir  le  bolomètre.  Il  en  résulte  que  le 
prisme,  une  fois  placé  au  minimum  de  déviation  pour  des 
rayons  d'espèce  déterminée,  conservera  cette  position  pour 
tous  les  autres  rayons. 


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DANS  LE   SPECTRE  INFBA-ROUGE.  329 

Le  fond  C  présente  encore  une  longue  ouverture  courbe 
00',  sur  laquelle  s'applique  en  dessous  une  plaque  P  fixée 
au  porte-collimateur,  de  sorte  que  l'ouverture  reste  fermée 
quelle  que  soit  la  position  du  bras  mobile.  Sur  cette  plaque, 
et  passant  à  travers  l'ouverture, .  est  fixé  le  support  d'  de  la 
lentille  collimatrioe.  Celîerci  est  donc  aussi  placée  à  l'intérieur 
du  cylindre,  mais  n'en  partage  pas  le  mouvement.  Au  cylindre 
(fig.  9)  est  adaptée,  du  côté  du  bolomètre,  une  pièce  plate 
et  carrée,  dans  laquelle  se  trouve  une  ouverture  circulaire, 
qui  correspond  à  la  lentille  objective  et  peut  être  fermée 
exactement  au  moyen  d'une  glace  qu'on  glisse  dans  la  rainure 
de  la  pièce.  Du  côté  du  collimateur,  il  y  a  également  une 
ouverture  dans  la  paroi  du  cylindre,  mais  elle  est  allongée 
horizontalement,  de  sorte  qu'une  partie  en  est  toujours  tour- 
née vers  le  collimateur,  de  quelque  manière  que  la  déviation 
varie  entre  0°  et  45°.  Cette  ouverture  tout  entière  reste  con- 
stamment fermée  par  une  plaque  courbe  (fig.  10),  qui  s'applique 
exactement  à  la  paroi  çlu  cylindre,  contre  laquelle  elle  est 
pressée  par  les  ressorts  v  et  v',  qui  en  outre  la  fixent  au 
porte-collimateur.  Tout  comme  le  cylindre  lui-même,  cette 
plaque  possède  une  pièce  carrée,  à  ouverture  circulaire  munie 
d'une  glace;  cette  pièc^ci,  bien  entendu,  correspond  à  la 
lentille  collimatrice.  Un  couvercle  très  juste  ferme  le  cylindre 
par  en  haut  ;  en  l'enlevant,  on  peut  facilement  atteindre  aux 
préparations  de  sel  gemme.  Une  cuvette,  placée  sur  le  fond, 
contient  des  fragments  d'hydrate  de  potasse,  qui,  renouvelés 
de  temps  en  temps,  maintiennent  la  sécheresse  à  l'intérieur 
du  tambour. 

Les  deux  lentilles  et  le  prisme  se  trouvent  donc  dans  un 
espace  qui  reste  constamment  séparé  de  l'air  extérieur,  mais 
néanmoins  l'une  des  lentilles  se  meut  avec  le  bras  bolomé- 
trique,  tandis  que  l'autre  demeure  en  place  et  que  le  prisme 
est  maintenu  automatiquement  dans  la  position  de  dévia- 
tion minima. 

Pour   la  partie  lumineuse   du  spectre,   on  peut  opérer  la 


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330  W.   H.   JTTLItTS.   RECHERCHES  BOLOMÈTRIQUES 

misé  au  point  sans  enlever  les  lames  de  glace  ;  mais  celles-ci 
doivent  être  remontées  lors  des  observations  dans  le  spectre 
obscur.  Dans  ce  dernier  cas,  les  préparations  de  seî  gemme  sont 
plus  exposées  à  des  courants  d'air.  Même  alors,  toutefois,  l'air 
humide  de  la  chambre  ne  peut  guère  circuler  dans  le  cylindre, 
parce  que,  entre  celui-ci,  le  bolomètre  et  le  dispositif  à  fente, 
il  y  a  des  tuyaux  de  cuivre,  qui  entourent  le  chemin  des 
rayons.  Ces  tuyaux,  de  même  que  le  cylindre,  sont  noircis 
à  l'intérieur. 


/.    Les  préparations  de  sel  gemme. 

Celles-ci  proviennent,  comme  il  a  déjà  été  dit,  de  la  fabrique 
de  MM.  le  D*.  Steeg  et  Reuter,  à  Homburg  v/d  Hôhe.  La 
hauteur  du  prisme  est  de  52  mm,  son  côté  de  40  mm,  tandis 
que  les  lentilles  possèdent  un  diamètre  de  60  mm  et  des 
rayons  de  courbure  de  300  mm.  Placé  sur  un  spectroscope 
de  Steinheil,  temporairement  transformé  en  spectromètre  par 
l'addition  d'un  cercle  bien  divisé  et  muni  de  trois  verniers, 
le  prisme  montrait  les  principales  raies  de  Fraunhofer  très 
distinctement,  quoique  avec  moins  de  netteté  que  ne  le  fait 
un  prisme  de  verre.  Dans  la  mesure  de  l'angle  réfringent, 
toutefois,  une  grande  difficulté  se  présenta;  on  reconnut  que 
le  prisme  ne  possédait  pas  d'angle  réfringent  déterminé,  vu 
que  les  faces  latérales  étaient  légèrement  sphériques.  Après 
que  ce  défaut  eut  été  corrigé  et  que  les  faces  eurent  été 
soigneusement  polies  !),   le   prisme  satisfaisait  à  toutes  les 


i)  Poiir  dresser  les  faces  réfringentes  convexes,  je  me  servis  de  papier 
d'émeri  très  fin,  tendu  sur  une  glace.  Le  polissage  eut  ensuite  lieu  sur 
une  glace  revêtue  de  toile  de  coton  blanche  (croisé),sur  laquelle  était  répandue 
un  peu  de  potée  d'étain  qu'on  humectait  modérément  d'alcool  absolu. 
Sous  une  pression  succesivement  décroissante,  je  promenais  le  prisme  en 
tous  sens  sur  cette  surface,  jusqu'à  ce  que  l'alcool  fût  presque  entièrement 
évaporé.  L'opération  réussissait  le  mieux  lorsqu'on  l'exécutait  à  la  lumière 


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BANS  LE  SPECTRE  INFRA-ROUGE. 


331 


exigences  raisonnables.  L'angle  réfringent  mesurait  mainte* 
nant  59°53'20",  et,  comme  moyennes  de  deux  déterminations, 
j'obtins  pour  les  indices  dje  réfraction  de  quelques  raies  de 
Fraunhofer,  à  10°  C,  les  Valeurs  inscrites  dans  la  seconde 
colonne  du  tableau  suivant.  La  première  colonne  contient  les 
déviations  trouvées.  Pour  faire  ressortir  les  bonnes  qualités 
du  prisme,  je  reproduis  dans  les  troisième  et  quatrième  co- 
lonnes les  valeurs  qui  reviennent  à  ces  indices,  à  deux  tem- 
pératures différentes,  d'après  M.  Stefan. 


Angles 

de  déviation 

à  10°  C. 

Indices 

de  réfraction 

à  10°  C. 

Indices  de  réfi 
M.  S< 

à  17°  C. 

■action  d'après 
te  fan. 

à  22°  C. 

C  40°  39'  13" 

1,54074 

1,54050 

1,54032 

D  40°  58'  53" 

1,54440 

1,54418  . 

1,54400 

E  41°  24'  40" 

1,54918 

1,54901 

1,54882 

b  41° 29' 48" 

1,55012 

F  41°  47'  36" 

1,55341 

1,55324 

1,55304 

Q  42°  32' 15" 

1,56159 

1,56129 

1,56108 

On  voit  que  les  nombres  de  la  seconde  colonne  surpassent 
ceux  de  M.  Stefan  à  peu  près  de  la  quantité  qui  correspond 
à  la  différence  de  température. 

Le  rayon  de  courbure  des  lentilles  étant  donné,  savoir  300  mm 


solaire  directe  et  que  les  doigts  en  contact  avec  la  préparation  étaient 
recouverts  de  caoutchouc 

On  jugeait  du  degré  d'avancement  du  travail  en  plaçant  le  prisme  sur 
le  spectroscope  et  examinant  l'image  réfléchie  de  la  fente.  Tant  que,  pour 
voir  nettement  cette  image,  on  devait  encore  allonger  la  lunette  mise  au 
point  pour  les  rayons  parallèles,  la  sphéricité  n'était  pas  corrigée. 

Les  lentilles  furent  polies  de  la  même  manière;  pour  bassin,  je  pris  un 
morceau  de  bois  à  surface  concave  de  même  courbure  que  les  faces  con- 
vexes des  lentilles;  la  cavité  était  tapissée  de  coton,  fixé  à  la  colle. 


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332      W.  H.  JULIU8.  RÏCHBRCHRS  BOLOMÉTRIQUBS 

la  distance  focale  relative  à  la  lumière  du  sodium  s'obtiendrait 
par  la  formule  connue: 

7-  =  („-l)(W)  =  0.6444x5S>, 

d'où  /=  275,53. 

Expérimentalement,  j'avais  déjà  trouvé:  /^  =  276  nim. 

Le  spectrobolomètre  n'est  pas  placé  de  façon  qu'on  puisse 
aisément  y  projeter  la  lumière  solaire;  je  n'ai  donc  pu 
me  convaincre  si,  en  combinaison  avec  les  lentilles  de  sel 
gemme,. le  prisme  pouvait  encore  faire  apparaître  les  raies 
de  Fraunhofer;  mais,  d'une  fente  dont  la  largeur  était  au- 
dessous  de  5^  mm  et  qu'éclairait  une  flamme  de  sodium,  le 
système  formait  une  image  nette,  parfaitement  limitée,  malgré 
les  grandes  dimensions  des  lentilles.  Je  n'ai  pas  réussi,  toute- 
fois, à  séparer  les  deux  lignes  Z>,  peut-être  parce  que  le  gros- 
sissement de  la  lunette  était  trop  faible. 


g.  Aperçu  de  l'installation  des  instruments. 

La  fig.  11  donne  une  idée  de  la  manière  dont  les  différents 
instruments  sont  installés. 

Les  lettres  A,  2?,  C,  D  et  E  indiquent  cinq  piliers  en  ma- 
çonnerie, encastrés  dans  les  fondements  et  indépendants  du 
plancher.  A  porte  le  galvanomètre,  E  l'échelle  divisée  8  et  le 
grand  miroir  concave  placé  derrière  elle  ;  en  v  est  la  flamme, 
dont  le  miroir  forme  une  image  sur  le  galvanomètre.  La  lu- 
nette de  lecture  se  trouve  sur  le  pilier  B  et  est  indiquée  par 
k,  tandis  que  les  dérivations*  sont  placées  en  n.  Sur  C  est 
installé  le  bolomètre. 

L'observateur,  assis  entre  B  et  C,  devant  la  table  T,  doit 
pouvoir,  de  sa  place,  mouvoir  le  spectromètre  et  en  reconnaître 
constamment  la  position.  A  la  première  de  ces  deux  fins,  la 
vis   de  rappel  du  spectromètre   est  munie  d'une  longue  clef 


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DANS   LE   SPECTRE  ÎNFRA-ROtJGE.  333 

de  vis,  telle  qu'on  en  trouve  aux  lunettes  astronomiques  ;  pour 
satisfaire  à  la  seconde  condition,  le  tambour  des  préparations 
de  sel  gemme  porte  sur  son  couvercle  un  prisme  à  réflexion 
totale  (voir  fig.  9),  dont  une  des  faces  est  sphérique,  et  qui 
forme  sur  l'échelle  S'  l'image  d'un  fil  d,  tendu  sur  le  pilier 
D.  L'entourage  de  ce  fil  est  fortement  éclairé  par  une  lampe 
placée  derrière  lui  et  dont  les  rayons  sont  rendus  sensiblement 
parallèles  par  une  lentille.  Lorsqu'on  fait  tourner  le  spec- 
tromètre  de  1',  l'image  du  fil  se  déplace  juste  de  2  mm  sur 
l'échelle  S',  qui  pour  cela  est  éloignée  de  3m,44  du  centre 
du  spectromètre.  Ces  déplacements  peuvent  être  observés  à 
l'aide  de  la  lunette  Je'  établie  sur  la  table  T.  La  lecture  des 
microscopes  du  spectromètre  n'a  lieu  que  pour  contrôler*  de 
temps  en  temps  l'indication  de  l'image  sur  l'échelle. 

Les  lignes  pointillées  marquent  le  cours  des  communica- 
tions conductrices.  De  la  pile,  le  courant  se  dirige  vers  un 
commutateur  c,  de  là,  à  travers  un  rhéostat  R  et  un  fil  tendu 
ef}  vers  le  bolomètre.  Sur  ef  s'embranchent  les  fils  de  la 
boussole  des  tangentes  Tt,  qui  doit  indiquer  l'intensité  du 
courant  primaire  ;  la  lecture  de  cette  indication  s'opère  à  l'aide 
de  la  lunette  h"  et  de  l'échelle  S".  En  sortant  du  bolomètre, 
le  courant  se  rend  par  deux  fils  (enfermés  dans  un  tube  de 
plomb,  pour  assurer  l'uniformité  de  leur  température)  aux 
vis  de  pression  p  et  q  de  la  cuve  à  compensation,  où  abou- 
tissent aussi  les  fils  du  galvanomètre;  de  là,  à  travers  le 
commutateur  c,  il  retourne  à  la  pile. 

Près  du  pilier  C,  du  côté  du  collimateur,  se  trouve  un  pied 
solide,  mobile,  sur  lequel  peuvent  être  placées  les  différentes 
sources  de  chaleur  avec  leurs  accessoires. 

De  cette  manière,  la  conduite  des  divers  appareils  est  donc 
presque  entièrement  au  pouvoir  de  l'observateur,  tranquil- 
lement assis  devant  ses  lunettes.  Cette  précaution  était  néces- 
saire, parce  que  les  mouvements  de  personnes  à  travers  la 
chambre,  surtout  au  voisinage  du  bolomètre,  donnaient  lieu 
à  des  écarts  très  gênants  du  galvanomètre. 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  22 


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334  W.   H.   JULIUS.   RECHERCHES   BOLOMÉTRIQUES 

Notons  encore  que,  d'après  une  expérience  faite  incidem- 
ment, la  sensibilité  du  bolomètre,  par  unité  de  surface,  était 
environ  36  fois  plus  grande  que  celle  de  la  meilleure  pile 
thermo-électrique  qui  se  trouvât  au  Cabinet.  Cette  sensibilité 
peut  encore  être  augmentée  notablement,  en  renforçant  le  cou- 
rant primaire;  mais  alors  croît  aussi  l'influence  perturbatrice  des 
variations  dans  la  pile  ou  dans  la  température  des  conduc- 
teurs, de  sorte  qu'il  faudrait  prendre  des  précautions  plus  mi- 
nutieuses. Pour  la  plupart  des  expériences,  d'ailleurs,  une 
sensibilité  même  moindre  était  suffisante,  et  elle  était  alors 
choisie  de  préférence,  comme  donnant  plus  de  garanties  pour 
la  stabilité  de  la  position  zéro. 


OBSERVATIONS. 


a.  Remarques  générales  sur  les  observations. 

L'indice  de  réfraction  du  sel  gemme  change  assez  fortement 
avec  la  température,  —  un  accroissement  de  5°  C.  correspond 
à  près  de  1'  de  diminution  de  la  déviation,  —  et  comme, 
pendant  la  durée  du  travail,  la  température  de  la  chambre 
varia  entre  8°  C.  et  25°  C,  il  pouvait  en  résulter,  dans  l'angle  de 
déviation  des  rayons  d'une  espèce  déterminée,  des  différences 
de  plus  de  3'*  Mais  pour  rendre  les  observations,  faites  à  des 
températures  différentes,  parfaitement  comparables  entre  elles 
sans  la  moindre  réduction,  et  être  en  outre  indépendant  de 
modifications  possibles  dans  la  position  zéro  du  spectromètre, 
on  n'a  qu'à  procéder  de  la  manière  suivante. 

Au  début  de  chaque  série  d'expériences,  on  fait  monter 
le  bolomètre,  à  l'aide  de  la  vis  qui  le  porte,  jusqu'à  ce  que 
la  petite  lunette  arrive  à  la  hauteur  de  l'axe  optique  ;  ensuite, 
on  cherche   l'image  de  la  fente  éclairée  par  une  flamme  dé 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE.  335 

sodium,  et  on  la  met  en  coïncidence  avec  le  fil  sur  lequel 
la  lunette  est  pointée.  Le  prisme  de  sel  gemme  est  installé, 
une  fois  pour  toutes,  au  minimum  de  déviation.  On  note 
l'indication  des  microscopes,  puis  on  donne  chaque  fois  au 
grand  prisme  de  verre,  placé  sur  le  spectromètre,  une  posi- 
tion telle  que  l'image  du  fil  d  (fig,  11)  tombe  sur  l'échelle 
&  aussi  près  que  possible  de  40°  58'  53',  c'est-à-dire,  de  l'angle 
de  déviation  pour  la  raie  du  sodium  (voir  p.  331).  Les  micros- 
copes indiqueront  alors,  en  général,  une  position  différente; 
mais  il  est  à  présumer  que,  durant  une  même  série  d'obser- 
vations, la  différence  entre  l'indication  de  l'image  et  celle 
des  microscopes  restera  constante,  et  on  pourra  s'en  convaincre 
aussi  souvent  qu'on  voudra  se  servir  des  microscopes  pour 
contrôler  les  lectures  de  l'échelle  tf.  Les  variations  de  la 
diversion  avec  la  température  pouvant  être  négligées,  toutes 
les  observations,  faites  de  cette  manière,  sont  immédiatement 
réduites  à  10°  C. 

Dans  le  tableau  suivant,  on  i  trouve  les  indices  de  réfraction 
et  les  longueurs  d'onde  qui,  pour  le  prisme  donné,  correspon- 
dent au  plus  petit  angle  de  déviation,  à  la  température  de 
10°  C. 


22* 


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336 


W.    H.    JUlITJS.   RECHERCHES   BOLOMETRIQUES 


Plus  petit  angle 

de  déviation 

à  IOûC. 

Indice 

de 

réfraetion. 

Longueur 
d'onde. 

Plus  petit  angle 

de  déviation 

à  10°  C. 

Indice 

de 

réfraction. 

Longueur 
d'onde. 

G  42°  32' 15" 

1,56159 

0."  ,4307 

38°  5(y 

1,5202 

4#,C9 

F  41    47  36 

1,55341 

0  ,4860 

38    45 

1,5193 

5  ,14 

6   41    29  48 

1,55012 

0  ,5183 

38    40 

1,5183 

5  ,59 

E  41   24  40 

1,54918 

0  ,5269 

38    35 

1,5174 

6  ,04 

D  40  58  53 

1,54440 

0  ,5889 

38    30 

1,5164 

6,49 

C  40  39  13 

1,54074 

0  ,6562 

38    25 

1,5155 

6  ,95 

A  40  18  37 

1,53692 

0  ,7604 

38    20 

1,5145 

7  ,41 

40  10 

1,5353 

0  ,82 

38    15 

1,5136 

7  ,87 

40     5 

1,5344 

0  ,86 

38    10 

1,5126 

8  ,33 

40 

1,5334 

0  ,91 

38      5 

1,5117 

8  ,79 

39  55 

1.5325 

0  ,97 

38 

1,5107 

9  ,26 

39  50 

1,5315 

1  ,04 

37    55 

1,5098 

9  ,73 

39   45 

1,5306 

1  ,12 

37    50 

1,5088 

10  ,20 

39  40 

1,5297 

1  ,22 

37    45 

1,5078 

10  ,67 

39   35 

1,5287 

1,  38 

37    40 

1,5069 

11  ,14 

39   30 

1,5278 

1,  59 

37    35 

1,5059 

11  ,61 

39  25 

1,5268 

1  ,86 

37    30 

1,5049 

12  ,08 

39  20 

1,5259 

2  ,19 

37    25 

1,5040 

12  ,55 

39   15 

1,5249 

2  ,56 

37    20 

1,5030 

13  ,02 

39   10 

1,5240 

2  ,96 

37    15 

1,5020 

13  ,49 

39     5 

1,5230 

3  ,38 

37    10 

1,5010 

13  ,96 

39 

1,5221 

3  ,81 

37      5 

1,5001 

14  ,43 

38   55     , 

1,5212 

4  ,25 

37 

1,4991 

14  ,90 

Les  valeurs  de  X  ont  été  interpolées  entre  les  nombres  que 
M.  Langley  a  déterminés  expérimentalement  jusqu'à  5 ',3; 
au-delà  de  ce  point,  elles  ont  été  continuées  dans  l'hypothèse 
que  la  courbe  de  dispersion  approche  d'une  ligne  droite. 
Mais,  pour  l'interpolation,  on  a  admis  en  outre  que  cette 
courbe  possède  un  cours  régulier  à  travers  les  observations 
de  M.  Langley ,  ce  qui  a  pour  conséquence  que,  par  exemple, 
le  rayon  dont  la  longueur  d'onde  est  égale  à  SxÀD,  avec 
l'indice  1,5243,  s'en  écarte  d'une  quantité  qui  dépasse  l'erreur 


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DANS   LE  SPECTRE   INFRA-ROUGE.  337 

probable  indiquée  pour  ce  rayon.  Aussi  longtemps,  toutefois, 
qu'on  ne  connaît  pas  d'une  manière  certaine  un  plus  grand 
nombre  de  points  de  la  courbe,  il  m'a  paru  convenable  de 
lui  donner  la  forme  la  plus  simple  possible,  bien  que  celle-ci, 
très  probablement,  ne  soit  pas  conforme  à  la  réalité.  La  forme 
en  question  est  représentée  dans  la  fig.  1,  PL  XIII.  Pour  abs- 
cisses on  a  pris  les  angles  de  déviation;  la  longueur  d'onde 
est,  en  chaque  point  du  spectre  prismatique,  d'autant  de 
microns  que  l'indiquent  les  ordonnées  de  la  courbe,  expri- 
mées en  centimètres. 

Dans  toutes  les  expériences  qui  seront  rapportées  plus  loin, 
la  fente  avait  une  largeur  d'environ  0mm,3,  par  conséquent 
égale  à  celle  de  la  bandelette  bolométrique.  La  fente  et  le 
bolomètre  étaient  placés,  l'un  et  l'autre,  à  286mm  de  distance 
de  la  lentille  correspondante,  parce  que  telle  était  la  distance 
focale  pour  les  rayons  qui,  d'après  des  expériences  prélimi- 
naires, se  trouvaient  à  peu  près  au  milieu  de  l'étendue  des 
spectres  observés.  Une  demi-heure  avant  le  commencement 
des  observations  le  courant  devait  être  porté  à  ^intensité 
convenable,  afin  que  les  échanges  calorifiques  nécessaires 
pussent  avoir  lieu  avant  l'introduction  du  galvanomètre  dans 
le  circuit. 

Lors  de  cette  introduction,  on  ajoute  toujours  au  galvano- 
mètre un  circuit  de  dérivation,  d'abord  celui  de  xVinr  àe  s* 
résistance  intérieure,  puis  celui  de  y^,  enfin  celui  de  T'ïï,  et 
chaque  fois  l'indication  est  amenée,  par  le  déplacement  de 
la  cuvette  à  mercure  k'f  aussi  près  que  possible  de  la  position 
d'équilibre*  Le  juste  rapport  des  résistances  compensatrices 
une  fois  trouvé,  on  peut  ordinairement,  au  début  d'une  nouvelle 
série  d'expériences,  se  contenter  d'introduire  la  dérivation-^, 
parce  que  la  variation  de  température  est  rarement  assez 
grande  pour  que  ^  du  courant  du  pont  fasse  sortir  du  champ 
visuel  l'image  de  l'échelle. 

Enfin,  le  dernier  „shunt"  est  enlevé,  et  on  examine 
si   l'aiguille  reste  en  repos  lorsque  la  dernière  correction  a 


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3^8  W.    H..  JULÏtJS.    RECHERCHES  BOLOMEÎRIQUES 

• 

été  faite  à  l'aide  du  curseur  #, .  Si  tel  est  le  cas,  les  obser- 
vations peuvent  commencer  ;  mais,  très  souvent,  on  est  désap- 
pointé et  il  se  passe  encore  un  temps  notable  avant  que  toutes 
les  températures  soient  équilibrées  et  tous  les  courants  d'air 
perturbateurs  arrêtés.  Même  le  passage  de  voitures  et  de 
bateaux  occasionne  souvent  de  fâcheuses  interruptions,  et  une 
forte  variabilité  du  magnétisme  terrestre  rend  parfois  le  tra- 
vail impossible.  Toutes  ces  circonstances  sont  cause  qu'il  en 
coûte  beaucoup  de  temps  pour  obtenir  des  résultats  méritant 
confiance,  et  comme  chaque  série  d'expériences  en  elle-même, 
abstraction  faite  des  influences  perturbatrices,  est  déjà  tTafcsez 
longue  durée,  il  ne  m'a  pas  encore  été  donné  de  réunir  un 
grand  nombre  d'observations.  Je  n'ai  donc  paB  atteint  le  degré 
d'exactitude  auquel  la  méthode  employée  poulrrait  conduire 
si,  en  multipliant  les  expériences,  on  éliminait  les  erreurs 
accidentelles;  mais,  là  où  une  même  série  expérimentale  fut 
répétée  quelques  fois,  les  résultats  s'écartaient  si  peu  les  uns 
des  autres,  qu'aucun  doute  ne  saurait  subsister  quant  à 
leur  caractère  général. 

Lorsque  le  galvanomètre  reste  suffisamment  tranquille,  on 
peut  donner  accès  à  la  radiation  de  la  source  calorifique,  en 
tirant  l'écran  d'eau  vers  le  côté.  Il  est  clair  que  la  température 
possédée  à  ce  moment  par  la  bandelette  bolométrique  ne  lait 
rien  à  l'affaire  ;  la  déviation  dépendra  uniquement  du  change- 
ment d'état  qu'on  provoque,  et  celui-ci  consiste  seulement 
en  ce  que  la  fente,  précédemment  masquée  par  l'écran  noirci 
de  ce  côté,  qui,  étant  à  la  température  de  la  chambre, 
envoyait  sa  radiation  au  bolomètre,  livre  maintenant  passage 
aux  rayons  qui  émanent  de  là  source  calorifique  placée  en 
arrière.  Cette  remarque  très  simple  n'est  pas  superflue,  vil 
qu'elle  nous  permet  d'étendre  le  champ  des  recherches,  et 
que  M.  Langley,  évidemment,  n'a  pas  présenté  les  choses  d'une 
manière  tout  à  fait  exacte.  Il  considère,  en  effet,  sa  5e  classe 
de    corps   radiants   comme   formaiït    un   cas   particulier  '), 

i)  Ann.  de  Ch.  et  de  Phys.  [6],  IX,  p.  446  et  447. 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE.  339 

parce  que  c'est  alors  la  bandelette  bolométrique  elle-même, 
à  -  T  C,  qui  envoie  des  rayons  à  un  écran  à  —  20°  0.;  mais 
il  oublie  que  ce  rayonnement  du  bolomètre  lui-même  a  lieu 
aussi  dans  tous  les  autres  cas,  et  que  les  caractères  spéciaux 
de  la  bandelette,  en  ce  qui  concerne  son  pouvoir  absorbant 
et  émissif,  exercent  toujours  leur  influence  sur  la  forme  de  la 
courbe  calorifique  obtenue,  quelle  que  soit  la  température  ou 
la  nature  du  corps  placé  devant  la  fente. 

M.  Langley  pense,  en  outre,  que  si  Ton  ne  veut  pas  choisir 
pour  corps  radiant  la  bandelette  bolométrique,  il  est  nécessaire 
de  porter  le  bolomètre  à  une  température  inférieure  à  celle 
de  la  source  de  chaleur.  Mais  cette  nécessité  n'existe  nulle- 
ment. L'action  qu'on  observe  n'est  que  l'effet  de  l'inégalité 
de  la  radiation  qui  passe  par  la  fente  en  deux  cas  différents, 
savoir,  lorsque  c'est  ou  bien  l'écran,  ou  bien  la  source  de  , 
chaleur,  qui  se  trouve  devant  la  fente.  De  cette  différence  de 
chaleur  la  bandelette  bolométrique  absorbera,  en  chaque  point 
déterminé  du  spectre,  une  certaine  proportion  centésimale, 
et  ces  coefficients  d'absorption  caractérisent  la  bandelette  em- 
ployée. Ils  apparaissent  toujours  avec  leur  même  valeur,  quelle 
que  soit  la  nature  de  la  source  calorifique,  car  ils  sont  propres 
à  une  bandelette  déterminée,  pour  chaque  espèce  déterminée 
de  rayons.  Lorsqu'on  ne  connaît  pas  ces  coefficients,  il  en 
résulte  que  la  forme  absolue  des  courbes  de  radiation  et  même, 
tant  soit  peu,  la  position  des  maxima  restent  incertaines; 
mais  les  différentes  courbes  qu'on  trouve  au  moyen  d'un  même 
bolomètre  n'en  sont  pas  moins  parfaitement  comparables 
entre  elles. 

Supposons  maintenant  que,  en  parcourant  le  spectre,  on 
place  chaque  fois  devant  la  fente  d'abord  un  écran  noirci 
à  — 100°  C,  par  exemple,  que  la  position  alors  prise  par  le 
galvanomètre  soit  regardée  comme  position  zéro,  et  qu'ensuite 
on  remplace  cet  écran  par  un  corps  à  — 10°  C  ;  les  écarts 
ainsi  trouvés  donneront  une  représentation  du  spectre  calori- 
fique  de   cette  source   à  —  10°  C,  avec  le  même  droit  que 


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340  W.    H.  JULIUS.   RECHERCHES   BOLOMETRIQUES 

d'autres  observations  sont  dites  fournir  le  spectre  d'une  source 
à  1000°  C,  lorsque  l'écran  à  ; —  100°  C  est  chaque  fois  rem- 
placé par  cette  source  à  1000°  C.  La  température  du  bolomètre 
lui-même  et  de  tout  ce  qui  l'entoure  importe  peu  au  résultat. 
On  pourrait  dire,  seulement,  que  les  différentes  observations 
sont  le  mieux  comparables  alors  que  le  bolomètre  a  eu,  dans 
toutes,  la  même  température,  car  avec  la  température  varie 
le  pouvoir  absorbant  sélectif  de  la  bandelette  bolométrique. 
On  voit  que,  par  suite  de  la  remarque  en  question,  l'étude 
des  spectres  des  corps,  à  des  températures  qui  diffèrent  peu 
de  la  température  ambiante,  devient,  en  quelque  mesure,  plus 
facilement  abordable;  je  n'ai  toutefois  pas  eu  l'occasion  de 
mettre  cette  méthode  en  pratique,  faute  des  moyens  néces- 
saires pour  atteindre  de  très  basses  températures. 


b.    Etude  des  spectres  calorifiques  de 
quelques  flammes. 


1.     La  flamme  de  Bunsen  et  les  flammes  de  l'hydrogène 
et  de  V  oxyde  de  carbone. 

A  l'état  gazeux,  la  matière  présente  beaucoup  de  ses  pro- 
priétés sous  leur  forme  la  plus  simple;  il  est  donc  à  présumer 
aussi  que,  dans  cet  état,  les  molécules  seront  le  moins  trou- 
blées dans  l'exécution  de  leurs  mouvements  caractéristiques. 

Cette  considération  m'a  engagé  à  examiner  les  spectres 
d'émission  de  quelques  gaz,  et,  comme  premier  exemple,  j'étais 
tout  naturellement  conduit  à  prendre  la  flamme  d'un  brûleur 
de  Bunsen. 

Le  spectre  de  cette  flamme  montre  très  distinctement  deux 
maxima:  l'un  à  39°  13',  l'autre,  environ  trois  fois  plus  élevé, 
à  38°  51' 15". 

Comme  il  y  a  aussi,  dans  cette  flamme,  deux  produits  de 
combustion,  l'acide  carbonique  et  l'eau,  la  question  se  posait 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE. 


341 


de  savoir  si  chacun  de  ceux-ci  donnait  son  maximum  parti- 
culier; le  moyen  le  plus  simple  de  s'en  assurer  était  évidem- 
ment d'étudier  la  flamme  de  l'oxyde  de  carbone,  qui  ne 
fournit  que  du  dioxyde  carbonique,  et  la  flamme  de  l'hydro- 
gène, qui  ne  donne  que  de  l'eau. 

Dans  le   tableau  suivant  sont  mis  en  regard  quelques-uns 
des  écarts  galvanométriques  trouvés  dans  ces  trois  spectres. 


Ecart  du  galvanoml 

Are  pour 

Ecart  du  galvanomètre  pour 

Déviation  minima 
des  rayons. 

il 

flamme  de 

l'oxyde 
carbonique. 

il' 

Déviation  minima 
des  rayons. 

i  = 

|5 

flamme  de 

l'oxyde 
carbonique. 

«  i 

II 

39°  4C 

2 

1 

38°  57'  30" 

41 

25 

* 

39°  30' 

6; 

4 

38°  55' 

87 

57 

4 

39°  25' 

n 

12 

38°  52'  30" 

130 

81 

39°  20> 

23 

23 

38°  51'  15" 

144 

82 

39°  15' 

47 

3 

45 

38°  50' 

129 

76 

2 

39°  W  30" 

51 

5 

48 

38°  45' 

52 

10 

5 

39°i0' 

42 

4 

43 

38Q  35/ 

15 

2 

8 

39°    5' 

22 

2 

20 

38°  20' 

4 

3f 

39° 

15 

9 

8 

37°  W 

4 

3 

La  plupart  de   ces  chiffres  sont  déduite  de  deux  ou  trois 
observations,  quelques-uns,  d'un  plus  grand  nombre  '  ). 


1)  Il  eût  été  sans  intérêt  de  mentionner  séparément  toutes  ces  obser- 
vations, vu  qu'elles  avaient  souvent  un  poids  très  différent  et  que  ce 
n'étaient  donc  pas  toujours  les  valeurs  moyennes  qui  étaient  notées  comme 
les  plus  probables.  Lorsque  la  position  zéro  du  galvanomètre  restait  très 
stable,  deux  observations  consécutives  en  un  même  point  du  spectre  ne  pré- 
sentaient presque  jamais  de  différence  appréciable,  de  sorte  qu'une  troisième 
observation  était  jugée  superflue.  Quand,  au  contraire,  par  suite  de  change- 
ments de  température,  Ja  position  zéro  éprouvait  un  .déplacement  régulier, 
ou   quand   des  bateaux  à  vapeur,  des  voitures,  des  variations  du  magné- 


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342  W.    H.    JDLIUS.    RECHERCHES  BOU)M ETRIQUES 

Le  galvanomètre  est  sensiblement  apériodique,  mais,  en 
cas  de  rayonnement,  il  a  besoin  de  30  à  40  secondes  pour 
prendre  sa  nouvelle  position,  et  d'un  temps  à  peu  près  égal 
pour  revenir  à  la  position  zéro.  L'écart  est  toujours  compté 
à  partir  du  milieu  entre  les  positions  zéro  occupées  avant  et 
après  l'admission  des  rayons,  et  l'observation  n'est  acceptée 
que  si  la  position  zéro  a  affecté  une  marche  régulière.  Chaque 
observation  demande  donc,  lorsque  aucune  perburbation  n'in- 
tervient, lmiu-  30*™-;  et  comme  le  spectre  entier  était  ordinai- 
rement parcouru  par  étapes  de  5'  d'arc,  tandis  qu'au  voisinage 
des  maxima  il  fallait  encore  exécuter  des  observations  inter- 
médiaires, chaque  série  expérimentale  coûtait  non  seulement 
beaucoup  •  de  temps,  mais  surtout  beaucoup  de  gaz  ;  aussi, 
avec  l'hydrogène  et  l'oxyde  de  carbone  était-il  très  difficile 
de  faire,  en  moyenne,  plus  de  deux  ou  trois  observations  en 
un  même  point  du  spectre, 

La  fig.  1,  PL  XIII,  donne  la  représentation  graphique  des 
résultats  contenus  dans  le  tableau  ci-dessus;  pour  le  dessin, 
toutefois,  on  a  utilisé  aussi  des  mesures  intermédiaires,  qui 
ne  figurent  pas  au  tableau.  On  n'a  pas  fait  passer  les  courbes, 
en  vue  d'obtenir  une  forme  plus  régulière,  entre  les  points 
déterminés  expérimentalement,  mais  tous  les  nombres  donnés 
se  trouvent  sur  les  courbes. 

Le  résultat,  évidemment,  s'accorde  très  bien  avec  les  pré- 
somptions. Tandis  que  le  spectre  de  la  flamme  de  Bunsen 
présente  deux  fortes  élévations,  les  spectres  de  la  flamme  de 
l'oxyde  de  carbone  et  de  la  flamme  de  l'hydrogène  ne  pos- 
sèdent chacun  qu'un  seul  maximum  important.  Celui  de  la 
flamme  de  l'oxyde  de  carbone  coïncide  avec  le  second  maximum 
de  la  flamme  de  Bunsen,  celui  de  la  flamme  de  l'hydrogène 


tisme  terrestre,  etc.,  occasionnaient  des  perturbations  irrégulières,  )e 
poids  de  l'observation  ne  pouvait  guère  être  apprécié  qu'au  moment  même, 
et  on  en  tenait  immédiatement  compte  à  l'effet  de  décider  si  de  nouvelles 
observations  étaient  nécessaires  pour  donner  au  nombre  cherché  le  degré 
voulu  de  certitude. 


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DANS  LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  343 

avec  le  premier,  et  Ton  voit  donc  que  la  formation  de  l'eau 
détermine  surtout  l'émission  de  rayons  dont  Pangle  de 
déviation  minima  dans  le  prisme  employé  s'élève  à  environ 
39°  13*,  tandis  que  les  ondulations  excitées  lors  de  la  pro- 
duction de  l'acide  carbonique  sont  principalement  celles  dont 
l'angle  de  déviation  minima  est  à  peu  près  =  38°  51'  20". 
Il  est  à  remarquer  que  dans  l'un  des  deux  cas  l'acide  car- 
bonique provenait  de  la  combustion  d'hydrocarbures,  dans 
l'autre  de  la  combustion  d'oxyde  de  carbone;  sur  la  radiation 
calorifique  émise,  cette  différence  ne  paraît  pas  avoir  d'in- 
fluence sensible. 

Là  où  les  courbes  sont  très  inclinées,  il  va  sans  dire  qu'une 
erreur  de  quelques  secondes  dans  la  mise  au  point  peut 
entraîner  une  assez  grande  différence  dans  l'effet  calorifique. 
Par  de  pareilles  erreurs,  et  par  la  circonstance  que  toutes 
les  précautions  possibles  n'avaient  pas  encore  été  prises  pour 
maintenir  les  flammes  constantes,  s'expliquent  suffisamment 
certaines  anomalies,  par  exemple,  l'entrelacement  des  courbes 
de  l'eau.  Je  dois  faire  remarquer,  en  outre,  que  dans  ces 
expériences,  contrairement  à  ce  qui  eut  lieu  pour  toutes  les 
suivantes,  le  bolomètre  et  la  fente  n'étaient  pas  encore  placés 
à  la  distance  focale  relative  aux  rayons  obscurs  moyens,  de 
sorte  que  la  bandelette  bolométrique  recevait,  non  pas  des 
images  nettes  de  la  fente,  mais  de  petits  plans  de  dispersion. 
H  devait  en  résulter  une  trop  faible  inclinaison  dans  les  cour- 
bes trouvées;  en  raison,  toutefois,  de  leur  forme  à  peu  près 
symétrique,  le  défaut  en  question  ne  pouvait  avoir  beaucoup 
d'influence  sur  le  lieu  du  maximum.  C'est  ce  dont  on  aura, 
plus  loin,  l'occasion  de  se  convaincre. 

La  chaleur* que  dans  le  spectre  de  la  flamme  de  Bunsen 
on  observe  au-delà  du  maximum  de  l'acide  carbonique,  et 
qui  se  'feit  sentir  avec  de  petits  relèvements  et  abaissements 
jusqu'en  des  régions  où  la  déviation  est  moindre  que  37°, 
et  par  conséquent  l'indice  de  réfraction  moindre  que  1,5, 
dette  <&haleurf   dis-je,   paraît  être   dute  à  la  combustion   de 


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344 


W.   H.   JULIUS.   RECHERCHES   BOLOMETRIQUES 


l'hydrogène;  en  effet,  la  flamme  de  l'hydrogène  présente  les 
mêmes  phénomènes,  tandis  que,  dans  le  spectre  de  la  flamme 
de  l'oxyde  de  carbone,  ni  les  expériences  actuelles,  ni  d'autres 
postérieures  ne  m'ont  permis  de  constater  l'existence  de  rayons 
calorifiques  dont  l'indice  de  réfraction  fût  notablement  au- 
dessous  de  1,514. 


2.    La  flamme  éclairante  ordinaire  du  gaz. 

Une   petite   flamme   éclairante   de  gaz,   de  forme  pointue, 
présente  le  spectre  suivant. 


Déviation 

minima  des 

rayons. 


Ecart 
du  galvano- 
mètre. 


Déviation 

minima  des 

rayons. 


Ecart 
du  galvano- 
mètre. 


Déviation 

minima  des 

rayons. 


Ecart 
du  galvano- 
mètre. 


41° 

40°  40' 
40°  20' 
40° 

39°  50' 
39°  40' 
39°  30' 
39°  25' 
39°  22'30' 


1 

2* 
9 

28 
58 
109 
197 
214 
222 


39°  20' 
39°  15' 
39°  10' 
39°  5' 
39° 

38°  57'30" 
38°  55' 
38°  52'30" 
38°  5115" 


209 

180 

141 

77 

49 

62 

110 

175 

185 


38°  50' 
38°  45' 
38°  40' 
38°  30' 
38°  20' 
38°  10' 
38° 

37°  50' 
37°  30' 


170 

53 

26 

15 

8 

9 

7 

7 

A1 


En  considérant  que  vere  40°  18'  se  trouvent  les  rayons 
visibles  extrêmes,  on  reconnaît  immédiatement,  par  les  nom- 
bres de  ce  tableau,  combien  est  peu  importante  la  connais- 
sance du  spectre  lumineux,  comparée  à  celle  de  la  radiation 
infra-rouge,  lorsqu'il  s'agit  de  se  former  quelque  idée  de  la 
nature  des  mouvements  qui  déterminent  le  caractère  essen- 
tiel d'une  flamme. 

On  voit  qu'à  38°  51' 20"  apparaît  de  nouveau  une  élévation 
très  prononcée,  qui,  d'après  les  expériences  précédentes,  peut 
être  rattachée  à  la  formation  de  l'acide  carbonique;  mais  le 
maximum  relatif  à  l'eau,  formée  en  même  temps,  est  beaucoup 


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DANS  LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  345 

moins  distinct.  Néanmoins,  on  peut  encore  le  reconnaître  très 
bien  à  l'inspection  de  la  courbe  figurative  de  la  PL  XIII,  fig.  1  d. 
Entre  39°5'  et  39°  20',  en  effet,  le  tracé  se  recourbe  assez 
fortement  en  dehors  ;  or  c'est  là  précisément  la  place  où  doit 
se  trouver  le  maximum  de  la  radiation  de  l'eau. 

La  radiation  calorifique  principale,  toutefois,  émane  des 
particules  de  carbone  portées  à  l'incandescence.  En  admettant 
que  la  ligne  pointillée  ce',  à  cours  régulier,  donne  une  repré- 
sentation de  la  chaleur  émise  par  ces  particules  de  carbone 
(et  d'autres  expériences  ont  appris  que  la  courbe  de  radiation 
des  corps  solides  a  une  pareille  forme),  on  voit  distinctement 
s'élever  au-dessus  de  cette  ligne  les  deux  maxima  appartenant 
à  l'eau  et  à  l'acide  carbonique.  La  courbe  trouvée  montre 
même  un  accroissement  plus  rapide  des  ordonnées  à  39°  25', 
juste  au  point  où  la  courbe  de  radiation  des  particules  char- 
bonneuses incandescentes  a  très  probablement  son  maximum 
et  marche  donc  parallèlement  à  l'axe  des  abscisses.  Or,  en  ce 
point,  les  ordonnées  de  la  courbe  de  l'eau  prennent  réelle- 
ment un  accroissement  plus  rapide. 

H  paraît  donc  que  dans  le  spectre  calorifique  d'une  flamme 
on  peut  reconnaître,  à  la  forme  de  la  courbe  de  radiation, 
tant  les  produits  de  la  combustion  que  les  particules  incan- 
descentes de  la  flamme. 

3.     Les  flammes  du  sulfure  de  carbone^  de  la  vapeur  de 
soufre  et  de  Vhydroglne  sulfuré. 

Devant  la  fente  je  plaçai  maintenant  une  petite  lampe  à 
sulfure  de  carbone,  à  peu  près  disposée  comme  les  petites 
lampes  à  alcool  ordinaires,  mais  dont  la  mèche  passait  par 
un  tube  plus  long,  pour  empêcher  que  le  sulfure  de  carbone, 
si  volatil,  ne  prît  feu  à  l'intérieur  du  réservoir.  Je  m'attendais 
à  trouver  deux  maxima:  l'un  à  38°  51' 20",  appartenant  à 
l'acide  carbonique,  et  un  autre  qui  devait  faire  connaître 
la  nature  de  la  radiation  émise  lors  de^la  formation  de  l'acide 
sulfureux.   Le  résultat  ne  répondit   pas  entièrement  à  cette 


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346 


W.   H.   JtJMUS.   RECHERCHES   BOLOMBTRIQUES 


attente,  car  je  trouvai  quatre  maxima.  Pour  démêler  la  si* 
gnification  de  ces  saillies,  j'ai  répété  l'expérience  une  couple 
de  fois,  dans  des  conditions  différentes.  Le  tableau  suivant 
donne  quelques-uns  des  nombres  trouvées. 


Déviation 
minima 

Flamme  du  sulfure  de 
carbone. 

Déviation 
minima 

Flamme  du  sulfure  de 
de  carbone. 

des  rayons. 

I. 

H.     |    III. 

des  rayons. 

I. 

H. 

III. 

39°  20' 

3 

2 

38°  30' 

3} 

2 

39°  15' 

10 

7 

38°  20' 

3 

2 

39°  10' 

9 

6 

38°  10' 

40 

15 

39°  5' 

.      6 

4 

38°  7' 30" 

43 

16* 

5 

39° 

17 

13 

38°  5' 

32 

12 

38°  55' 

84 

77 

38° 

21 

13. 

38°  52' 30" 

128 

37°  55' 

30 

19 

38° 51' 15" 

136 

100 

58 

37°  50' 

31 

21 

18 

38°  50' 

120 

88 

37°  45' 

25 

17{ 

38°  45' 

41 

33 

37°  40' 

16 

12 

38°  40' 

19 

12 

37°  20' 

2 

2 

Les  déviations  inscrites  dans  la  colonne  I  ont  été  obtenues 
par  l'emploi  d'une  mèche  ordinaire,  en  coton.  A  la  combustion 
de  l'hydrogène  de  cette  mèche  je  crus  devoir  attribuer  le 
premier  maximum,  parce  qu'il  tombait  entre  39°  15'  et  39°10', 
c'est-à-dire  environ  à  la  place  où  se  trouve  le  maximum  de 
l'eau.  En  conséquence,  pour  une  seconde  série  d'observations, 
la  mèche  de  coton  fut  remplacée  par  une  mèche  d'asbeste; 
la  flamme  était  alors  plus  petite  ;  toutes  les  ordonnées  de  la 
courbe  de  la  chaleur  devinrent  plus  courtes,  comme  il  ressort 
de  la  colonne  II  du  tableau,  mais  le  maximum  entre  39°  16' 
et  39°  10'  persista.  Selon  toute  probabilité,  il  y  a  donc  en  oet 
endroit  encore  un  autre  maximum  de  radiation,  qui  n'a  rien 
à  faire  avec  la  formation  de  l'eau  et  dont  la  signification  reste 
provisoirement  obscure.  Il  n'appartient  pas  à  l'acide  sulfureux, 
comme  on  le  verra  tout  à  l'heure. 

Le  maximum  de  l'acide  carbonique  apparaît  très  distinjcto 


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DANS  LE  SPECTRE   INFRÀ-ROUGE.  347 

ment,   et   exactement   à    la   place    où   on .  devait  l'attendre 
d'après  les  expériences  antérieures. 

Des  deux  autres  maxima,  celui  qui  se  trouve  vers  38°8'20" 
est,  dans  la  colonne  I,  plus  grand  que  le  dernier,  situé  vers 
37°  52',  tandis  que  dans  la  colonne  II  c'est  ce  dernier  maxi- 
mum qui  est  le  plus  grand  des  deux. 

Dans  la  fig.  2  a  et  6  (PI.  XIII)  on  peut  se  convaincre  que 
les  places  occupées  par  chacun  des  deux  maxima  sur  les 
deux  courbes  se  correspondent  parfaitement.  La  colonne  III 
donne  les  valeurs  des  maxima  qu'on  obtint  en  brûlant  du  sul- 
fure de  carbone  qui  tenait  en  dissolution  du  soufre.  La  flamme 
était  alors  très  petite,  probablement  parce  qu'à  la  partie  supé 
rieure  de  la  mèche  des  particules  de  soufre  s'étaient  déposées 
entre  les  fils,  mais  le  dernier  maximum  avait  pris  un  fort 
accroissement  par  rapport  à  l'avant-dernier.  Il  semble  donc 
que  le  dernier  maximum  soit  propre  à  l'acide  sulfureux, 
tandis  que,  pour  l'élévation  à  38°  8'  20",  la  supposition  la 
plus  simple  était  de  l'attribuer  au  sulfure  de  carbone  chaud 
du  noyau  de  la  flamme;  dans  la  première  expérience,  en 
effet,  la  flamme  était  grande  et  sa  partie  moyenne  se  trou- 
vait devant  la  fente,  de  sorte  que  le  sulfure  de  carbone 
s'élevant  au  centre  pouvait  lancer  ses  rayons  calorifiques 
à  travers  la  fente,  conjointement  avec  ceux  qui  émanaient 
des  produits  de  la  combustion  opérée  dans  le  bord  de  la 
flamme.  Dans  la  seconde  expérience,  la  partie  supérieure  de 
la  flamme  se  trouvait  devant  l'ouverture,  et  il  y  avait  donc 
lieu  de  croire  à  la  présence  de  moins  de  sulfure  de  carbone 
non  brûlé;  dans  le  troisième  cas,  enfin,  la  vaporisation  se 
faisait  beaucoup  plus  lentement,  et  par  suite  la  combustion 
pouvait  être  déjà  complète  à  très  peu  de  distance  de  la  mèche. 
Mais  cette  interprétation  avait  besoin,  évidemment,  d'être 
contrôlée  par  d'autres  expériences. 

En  ce  qui  concerne  la  radiation  émise  pendant  la  formation 
de  l'acide  sulfureux,  on  peut  espérer  l'obtenir  séparément 
lors  de  la  combustion  du  soufre,   tandis  que  dans  le  spectre 


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348  W.   H.   JTJLIUS.    RECHERCHES   B0L0MÉTRIQUE8 

de  la  flamme  de  l'hydrogène  sulfuré  elle  apparaîtra  proba- 
blement en  combinaison  avec  la  courbe  de  radiation  de  Veau. 
Quand,  toutefois,  on  allume  un  morceau  de  soufre,  il  brûle 
à  la  vérité  avec  flamme,  mais  cette  flamme  est  si  basse  et 
si  inconstante  qu'on  peut  difficilement  en  former  un  spectre 
calorifique.  Après  maintes  tentatives  infructueuses  pour 
obtenir  une  flamme  d'une  couple  de  centimètres  de  haut 
au  moyen  de  brûleurs  de  formes  particulières  ou  en  y  souf- 
flant de  l'air  ou  de  l'oxygène,  je  résolus  enfin  de  faire  bouillir 
le  soufre  et  d'allumer  la  vapeur.  A  cet  effet,  une  éprouvette 
assez  large  fut  remplie  plus  d'à  moitié  de  petits  fragments 
de  soufre,  puis  étirée  en  pointe,  de  façon  que  l'ouverture  eût 
un  diamètre  de  moins  de  lmm.  Le  soufre  étant  alors  porté 
à  l'ébullition,  la  vapeur  s'échappait  avec  violence  par  l'étroit 
orifice  et,  dans  la  plupart  des  cas,  s'allumait  immédiatement 
d'elle-même,  en  donnant  une  flamme  de  belle  dimension. 
Comme;  de  cette  manière,  le  contenu  d'une  éprouvette  est 
vite  épuisé,  et  qu'il  y  aurait  eu  de  l'inconvénient  à  brûler 
dans  la  chambre  des  quantités  de  soufre  notablement  plus 
grandes,  un  aide  était  chargé,  à  chaque  observation,  de  porter 
le  soufre  un  instant  à  l'ébullition  au  moyen  d'une  flamme 
de  Bunsen,  qu'on  se  hâtait  d'éloigner  dès  que  l'écran  était 
replacé  devant  la  fente.  Ce  mode  d'expérimentation  ne  saurait 
prétendre  à  l'exactitude,  car  il  était  impossible  de  faire  que 
le  soufre  se  volatilisât  toujours  dans  la  même  mesure,  et  la 
flamme  avait  donc  des  dimensions  très  variables.  La  place  du 
maximum,  toutefois,  n'en  peut  être  affectée  que  très  peu.  Comme 
valeurs  les  plus  probables  j'ai  déduit  de  trois  observations,  en 
chacun  des  points  du  spectre  ci-dessous  indiqués,  les  écarts  cor- 
respondants, tandis  qu'en  aucun  autre  point,  sur  toute  l'étendue 
du  spectre,  la  moindre  trace  de  chaleur  n'a  été  constatée: 
38°  10'        0  35°  50'      16 

38°   5'        1  37°  45'      10 

38°  3  37°  40'        4 

37°  55'      16  37e  35'        0 


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DANS  LE  SPECTRE  INFRÀ-RÔUÔE.  349 

La  courbe  qui  représente  graphiquement  (fig.  3)  la  distri- 
bution de  la  chaleur  résultant  de  ces  nombres  s'éloigne  plus 
de  la  forme  symétrique  que  Tune  de  celles  trouvées  précédem- 
ment, ce  qui  est  sans  doute  l'effet  de  l'irrégularité  de  la  flamme. 
Mais  on  n'en  peut  pas  moins  conclure  de  ces  observations, 
en  toute  sécurité,  que  l'acide  sulfureux  a  donné  naissance 
au   dernier  maximum   de  la  flamme  du  sulfure  de  carbone. 

Par  surcroît,  j'ai  encore  examiné  une  flamme  d'hydrogène 
sulfuré:  elle  accusait  très  nettement  le  maximum  de  l'eau 
et  une  élévation  entre  38°  et  37°  40'. 

Il  est  plus  difficile  de  trancher  la  question  concernant 
l'origine  de  l'élévation  qui  correspond  à  38°  8'  20".  La  hauteur 
relative  différente,  avec  laquelle  cette  élévation  apparaît  dans 
des  parties  différentes  de  la  flamme,  fait  présumer,  comme 
il  a  été  dit,  qu'elle  appartient  à  une  matière  qui  se  trouve 
dans  le  noyau,  où,  à  cause  de  l'insuffisance  d'oxygène,  la 
combustion  ne  saurait  être  complète.  Certaines  objections, 
toutefois,  se  présentent  contre  l'idée  que  cette  action  calori- 
fique parfois  très  importante  émanerait  de  la  vapeur  chauffée 
du  sulfure  de  carbone;  car,  s'il  en  était  ainsi,  on  pourrait 
avec  le  même  droit  s'attendre,  par  exemple,  à  trouver  bien 
distinctement,  dans  le  spectre  de  toute  flamme  qui  brûle  à 
l'air,  la  courbe  de  radiation  de  l'azote,  puisque  ce  gaz  existe 
partout  en  abondance;  ou  encore,  en  opérant  sur  la  flamme 
du  gaz  d'éclairage,  on  devrait  pouvoir  reconnaître  facilement 
les  carbures  hydriques,  qui,  dans  la  partie  centrale,  s'élèveftt 
également  sans  éprouver  de  combustion. 

Causant  de  ces  expériences  avec  M.  le  Dr.  J.  D.  van  der  Plaats, 
celui-ci  rappela  à  mon  souvenir  le  composé  CO  S,  Poxysulfuré 
de  carbone.  Pour  plus  d'une  raison,  il  me  parut  probable  que 
dans  la  formation  de  ce  corps  devait  résider  la  cause  de  l'ap- 
parition de  l'avant-dernier  maximum  dans  le  spectre  de  la 
flamme  du  sulfure  de  carbone.  COS,  en  effet,  peut  très  bien 
être  un  produit  de  la  combustion  de  C  S2  en  cas  d'accès 
imparfait  de  l'oxygène,  et  de  cette  maûière  aucune  infraction 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  23 


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350  W.   H.   JtfLItTS.   RECHERCHES  BOLOMéTBIQUES 

ne  serait  faite  à  la  règle,  généralement  vérifiée  jusqu'ici,  que 
les  gaz  n'émettent  qu'au  moment  de  leur  formation  une  quantité 
notable  de  rayons  calorifiques.  Mais,  dans  les  maxima  de 
radiation  déjà  connus,  il  y  a  à  reconnaître  encore  une  autre 
régularité,  à  savoir,  que  la  longueur  d'onde  de  la  partie  essen- 
tielle des  rayons  émis  croît  à  mesure  qu'augmente  le  poids 
moléculaire  du  corps  radiant.  Bien  que  le  nombre  des  exemples 
où  une  pareille  relation  s'observe  soit  encore  beaucoup  trop 
faible  pour  qu'on  puisse  la  poser  en  règle,  l'existence  en  est 
pourtant  parfaitement  admissible  pour  l'esprit,  Or,  le  poids 
moléculaire  de  COS  est  moindre  que  celui  de  S02,  tandis 
que  le  poids  moléculaire  de  C  St  est,  au  contraire,  plus  grand  ; 
il  y  a  donc  lieu  de  présumer  que  des  rayons,  dont  la  longueur 
d'onde  est  inférieure  à  celle  des  rayons  émis  par  SOif  sont 
dus  au  mouvement  vibratoire  de  COS,  plutôt  que  de  les 
supposer  originaires  des  particules,  plus  lourdes,  du  sulfure 
de  carbone. 

Il  s'agissait  maintenant  de  décider  si  réellement,  dans  la 
flamme  du  sulfure  de  carbone,  il  se  forme,  comme  produit 
intermédiaire,  de  Poxysulfure  de  carbone. 

Quand  on  essaie,  au  moyen  d'un  aspirateur,  de  recueillir 
les  gaz  du  noyau  de  cette  flamme,  on  s'aperçoit  immédiate- 
ment qu'ils  emportent  avec  eux  une  quantité  considérable  de 
soufre  libre,  dont  une  partie  se  dépose  à  l'intérieur  des  tubes 
d'abduction,  tandis  que  le  reste  se  répand,  sous  forme  de 
nuage  épais,  dans  l'aspirateur.  Pour  obtenir  séparément  les 
produits  gazeux,  j'intercalai  donc,  entre  le  petit  tube  métal- 
lique terminé  au  centre  de  la  flamme  et  l'aspirateur,  un  large 
tube  de  verre  rempli  de  ouate,  où  tout  le  soufre  était  alors 
retenu.  L'aspirateur  consistait  en  un  flacon  d'une  couple 
de  litres  de  capacité,  au  bas  duquel  l'eau  pouvait  s'écouler 
lentement,  tandis  qu'à  travers  le  bouchon  passait,  outre  le 
tube  aspiratoire,  un  tube  descendant  jusqu'au  fond,  par 
lequel  on  pouvait  réintroduire  de  l'eau  dans  le  flacon,  lorsqu'il 
s'agissait  d'en  chasser  le  gaz  recueilli. 


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DANS   LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  351 

Le  mélange  gazeux,  ainsi  aspiré  de  la  flamme  du  sulfure 
de  carbone,  doit  contenir,  comme  élément  principal,  de  l'azote  ; 
probablement,  il  n'y  a  guère  plus  d'un  cinquième  qui  con- 
siste en  produits  de  combustion,  et  encore  ceux-ci  sont-ils 
en  majeure  partie  forjnés  d'acide  carbonique  et  d'acide  sul- 
fureux, de  sorte  que  l'oxysulfure  de  carbone,  s'il  existe  dans 
le  mélange,  ne  peut  en  tout  cas  s'y  trouver  qu'en  faible 
quantité.  Il  peut  s'y  rencontrer,  en  outre,  du  sulfure  de  car- 
bone échappé  à  la  combustion,  et  peut-être  de  l'oxyde  de 
carbone  et  des  traces  d'hydrogène  sulfuré. 

L'oxysulfure  de  carbone  est  difficile  à  distinguer,  par  ses 
propriétés,  du  mélange  des  éléments  étrangers  dont  il  vient 
d'être  question  :  on  ne  connaît,  pour  ce  gaz,  aucune  réaction 
nette  dont  le  résultat  ne  puisse  tout  aussi  bien  être  attribué 
à  l'une  des  impuretés.  Il  fallait  donc  éloigner  ces  dernières, 
et  pour  cela  je  suivis,  d'après  le  conseil  et  avec  l'aide  bien- 
veillante de  M.  le  professeur  H.  C.  Dibbits,  la  méthode  in- 
diquée par  M.  P.  Klason  "  ). 

On  fit  d'abord  traverser  au  gaz  une  forte  solution  de  potasse 
(1  partie  d'hydrate  de  potasse  et  2  parties  d'eau),  par  laquelle 
furent  absorbés  C02)  S02  et  H2S;  ensuite  on  le  fit  passer 
par  un  tube  en  U  contenant  de  la  triéthylphosphine,  corps 
qui  possède  la  propriété  de  retenir  C  8t  ;  enfin,  par  l'acide 
sulfurique  pur  et  concentré,  lequel  absorbe  la  vapeur  de  la 
triéthylphosphine,  vénéneuse  et  d'une  odeur  extrêmement 
désagréable.  Ainsi  purifié,  le  mélange  gazeux  ne  peut  plus 
être  formé  que  d'azote,  d'oxysulfure  de  carbone  et  d'oxyde 
de  carbone. 

A  ce  mélange  furent  maintenant  appliquées  les  deux  ré- 
actions caractéristiques  de  C  0  S  recommandées  par  M.  Klason. 
La  première  consiste  à  faire  passer  lentement  le  gaz  par  une 
solution  limpide  d'acétate  de  plomb.  Au  bout  de  quelques 
minutes,  un  enduit  brun  foncé  devint  visible  à  l'embouchure 


i)  Journal  fur  prakt.  Chemie,  neue  Folge,  XXXVI,  p.  64 — 74. 

23* 


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352  W.    H.   JIÎLIUS.    RECHERCHES    BOLOM ÉTRIQUÉS 

du  petit  tube;  bientôt  après,  le  liquide  se  troubla  distincte- 
ment, et  dans  l'espace  d'une  demi-heure  il  s'était  formé  un 
précipité  noir  brunâtre,  —  le  tout  parfaitement  conforme  à 
la  description  donnée  par  M.  Klason  de  la  réaction  carac- 
téristique de  l'oxysuifure  de  carbone.  H^S,  dont  la  présence 
était  douteuse  même  dans  le  mélange  gazeux  primitif,  ne 
peut,  après  la  purification  par  la  potasse,  avoir  donné  lieu 
au  précipité  noir.  Pour  savoir  si  peut-être  des  traces  de 
sulfure  de  carbone  en  étaient  capables,  je  fis  passer  pendant 
longtemps,  à  travers  une  solution  d'acétate  de  plomb  toute 
semblable  à  la  précédente,  de  l'air  saturé  de  vapeurs  de 
sulfure  de  carbone:  pas  le  moindre  trouble  ne  se  manifesta. 

Le  réactif  le  plus  sensible  pour  Toxysulfure  de  carbone  est, 
suivant  M.  Klason,  l'iodure  d'amidon.  Une  solution  très 
étendue,  bleu  clair,  d'iodure  d'amidon  est,  au  bout  de  quel- 
ques minutes,  lentement  décolorée  par  COS.  Or,  notre  mélange 
gazeux  produisit  exactement  le  même  phénomène.  A  la  vérité, 
la  décoloration,  a  lieu  aussi  quand  5  02  traverse  la  solution  ; 
mais  la  possibilité  que  l'action  doive  être  attribuée  essentiel- 
lement à  ce  corps  se  trouve  exclue,  si  l'on  considère  que  la 
lessive  potassique  employée,  dans  laquelle  le  gaz  montait  en 
petites  bulles,  était  en  quantité  suffisante  pour  absorber  plus 
de  3  litres  de  S  Or 

Les  deux  réactions  ont  donc  prouvé  que  dans  la  flamme 
du  sulfure  de  carbone  il  se  forme,  comme  produit  intermé- 
diaire, de  l'oxysulfure  de  carbone:  fait  qui  a  été  dévoilé 
par  l'étude  du  spectre  calorifique  dé  la  flamme. 


4.     Hydrogène,  brûlant  en  présence  du  chlore  et 
de  la  vapeur  de  brome. 

Lorsqu'on  laisse  s'écouler  de  l'hydrogène  par  le  tube  exté- 
rieur d'un  bec  en  verre  à  gaz  oxy-hydrique,  qu'on  allume 
cet  hydrogène,   et   qu'ensuite   par  le    tube    intérieur  on  fait 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE.  353 

arriver  du  chlore  au  lieu  d'oxygène,  la  flamme  change  mani- 
festement d'aspect.  A  la  place  de  la  flamme  large  et  presque 
incolore  de  l'hydrogène,  apparaît  une  flamme  plus  étroite, 
pointue,  blanc  bleuâtre,  dans  laquelle  il  se  forme  de  l'acide 
chlorhydrique.  Dans  le  spectre  calorifique  de  cette  flamme 
je  m'attendais  naturellement  à  trouver  de  nouveau  deux 
maxima:  celui,  déjà  connu,  de  l'eau  et  celui  de  l'acide 
chlorhydrique.  Lors  des  premières  expériences,  toutefois,  il 
me  fut  impossible  de  découvrir  autre  chose  que  le  spectre 
de  la  flamme  ordinaire  de  l'hydrogène.  En  conséquence,  je 
résolus  de  déterminer  la  forme  de  la  courbe  de  radiation 
avec  toute  l'exactitude  possible,  et  à  cet  effet,  en  répétant 
l'expérience,  j'observai  les  précautions  suivantes. 

En  premier  lieu,  le  chlore  fut  amené  par  le  tube  extérieur, 
l'hydrogène  par  le  tube  intérieur,  de  sorte  que  ce  dernier 
gaz,  à  sa  sortie,  était  de  toutes  parts  enveloppé  par  de  l'air 
chargé  de  chlore.  La  provision  d'hydrogène,  plus  de  40  litres, 
se  trouvait  dans  un  grand  sac  à  gaz  rempli  seulement  à  demi, 
où  la  pression  pouvait  être  maintenue  assez  constante  au 
moyen  d'un  poids  superposé.  Le  chlore  était  recueilli  dans 
un  flacon  de  verre,  d'environ  25  litres  de  capacité;  par  le 
bouchon  passaient,  hermétiquement  adaptés,  deux  tubes,  dont 
l'un  était  passablement  large  et  descendait  jusqu'au  fond, 
tandis  que  l'autre  avait  son  embouchure  tout  au  haut  du 
flacon.  Ce  dernier  tube  servait  à  l'abduction  du  gaz  et  était 
donc  relié  au  bec.  Pour  obtenir  un  écoulement  régulier,  je 
faisais  arriver  dans  le  flacon,  avec  une  vitesse  constante 
mais  réglable  à  volonté,  une  solution  saturée  de  sel  marin, 
introduite  par  le  large  tube,  surmonté  d'un  entonnoir.  La 
solution  de  sel  marin  avait  été  choisie  parce  qu'elle  absorbe 
beaucoup  moins  de  chlore  que  l'eau  pure;  en  outre,  la 
solution  employée  était  déjà  presque  saturée  de  chlore,  comme 
ayant  servi  à  recueillir  ce  gaz  lors  de  la  préparation.  Le 
réservoir  de  cette  eau  salée  avait  une  capacité  d'au  moins 
30  litres  et  était  disposé  en  flacon  de  Mariotte,  pour  assurer 


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354  W.    H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLOMÊTRIQUES 

la  constance  de  la  pression.  De  plus,  le  tube  d'écoulement 
était  muni  de  deux  robinets  placés  à  la  suite  l'un  de  Vautre 
de  sorte  que,  lorsque  l'un  des  deux  était  entièrement  ouvert^ 
on  pouvait  avec  l'autre  régler  la  vitesse  du  courant.  Lais- 
sant alors  ce  second  robinet  dans  la  position  voulue,  on 
était  à  tout  moment  maître,  au  moyen  du  premier,  de  faire 
cesser  l'écoulement,  ou  de  le  faire  recommencer  avec  cette 
vitesse  déterminée. 

Un  pareil  tube  à  deux  robinets  était  également  placé  entre 
le  bec  et  le  sac  à  hydrogène,  et  les  quatre  robinets  se  trou- 
vaient à  ma  portée  quand  j'étais  assis  devant  les  lunettes. 
Au-dessus  du  bec  il  y  avait  deux  électrodes  en  platine,  entre 
lesquelles,  à  l'aide  d'un  petit  appareil  d'induction,  je  pouvais 
faire  jaillir  une  étincelle,  pour  allumer  chaque  fois  la  flamme  ; 
il  m'était  impossible,  en  effet,  de  prendre  l'hydrogène  et  le 
chlore  en  quantités  disponibles  tellement  grandes  qu'une 
flamme  chlorhydrique  pût  être  entretenue  pendant  plusieurs 
heures  consécutives,  et  il  fallait  donc  avoir  soin  de  ne  pas 
laisser  brûler  la  flamme  plus  longtemps  que  cela  n'était  abso- 
lument nécessaire  pour  chaque  observation.  Je  commençais 
par  placer  les  robinets  régulateurs  de  façon  à  former  devant 
la  fente  une  flamme  chlorhydrique  de  dimension  convenable, 
environ  3  cm  de  longueur,  après  quoi  je  déterminais  pas  à 
pas  la  radiation,  fermant  après  chaque  observation  l'accès 
au  gaz,  pour  ne  pas  en  perdre  inutilement.  De  cette  manière, 
les  mesures  purent  être  répétées  une  couple  de  fois,  et  on 
put  déterminer  en  outre,  comme  terme  de  comparaison,  le 
spectre  de  la  flamme  fournie  par  un  courant  d'hydrogène 
parfaitement  semblable,  mais  sans  apport  de  chlore.  Voici, 
placés  en  regard  les  uns  des  autres,  les  écarts  trouvés  dans 
les  deux  spectres: 


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DANS   LB  SPECTRE   INFBA -ROUGE. 


355 


Déviation 

minima 

des  rayons. 

Flamme  d' 

avec  apport 
de  chlore. 

hydrogène 

nuu  apport 
de  chlore. 

Déviation 

minima 

des  rayons. 

Flamme  d'hydrogène 

avec  apport     sans  apport 
de  ohlore.        de  chlore. 

39° 30' 

4 

M 

39°  7' 30" 

25 

20 

39°  25' 

7 

H 

39°  5' 

18 

13 

39° 20' 

17 

19 

39°  2'30* 

13 

«i 

39° 15' 

31 

38 

39° 

11 

H 

39° 12' 30" 

33} 

48 

38°  55' 

7 

'4 

39°  10' 

29 

32±   . 

38° 50' 

5 

3 

Le  maximum  de  la  chaleur  émise  est  situé  pour  les  deux 
flammes  à  peu  près  au  même  endroit,  tout  au  plus,  pour  la 
flamme  dans  laquelle  il  se  forme  de  l'acide  chlorhydrique, 
une  demi-minute  plus  loin  du  spectre  visible  que  pour  la 
flamme  ordinaire  de  l'hydrogène;  mais,  tandis  que  depuis 
39°  30'  jusqu'au-delà  de  39°  10'  la  radiation  de  cette  dernière 
est  la  plus  forte,  dans  la  partie  suivante  du  spectre  c'est  la 
flamme  chlorhydrique  qui  produit  l'effet  thermique  le  plus 
marqué.  Un  coup  d'œil  sur  la  fig.  4  montre  immédiatement 
que,  dans  cette  dernière  flamme,  une  grande  partie  de  l'hy- 
drogène a  encore  brûlé  en  formant  de  l'eau,  mais  le  reste 
s'est  uni  au  chlore,  avec  émission  de  rayons  calorifiques,  dont 
le  maximum  paraît  se  trouver  en  quelque  point  voisin  de  39°. 
La  détermination  précise  de  ce  maximum  ne  serait  guère 
praticable  par  la  méthode  suivie;  mais,  en  supposant  que  la 
ligne  pointillée  de  la  figure  représente  la  chaleur  émise  par 
l'eau  qui  s'est  formée,  l'aire  restant  entre  cette  ligne  et  la 
courbe  b  permet  de  juger  plus  ou  moins  de  la  distribution 
que  la  chaleur  affecterait  dans  le  spectre  chlorhydrique  pur. 

Remarquons  encore,  en  passant,  que  dans  cette  série  les 
inclinaisons  de  la  courbe  de  l'eau  sont  plus  raides  que  lors 
de  l'expérience  mentionnée  précédemment  (p.  341);  la  raison 
en  est  que  la  fente  et  le  bolomètre  sont  maintenant  placés 


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356  W.    H.   JULIUS.    RBCïTBRGHBB   BOLOMBTRIQUES 

à  la  distance  focale  pour  les  rayons  obscurs  moyens,  ce  qui 
n'était  pas  le  cas  dans  les  premières  expériences  !). 

Le  résultat  obtenu,  concernant  la  valeur  probable  de  l'angle 
de  déviation  des  rayons  les  plus  efficaces  du  gaz  chlorhydrique, 
demandait  une  confirmation  ultérieure.  Je  voulus,  en  consé- 
quence, faire  brûler  l'hydrogène  dans  une  atmosphère  formée 
uniquement  de  chlore. 

Sur  ian  verre  de  lampe  en  forme  de  poire  fut  taillée,  à  la 
partie  élargie,  une  surface  plane,  de  manière  qu'il  en  résultât 
une  ouverture  ovale,  d'environ  2^  cm  de  Hauteur  et  1  £  cm  de 
largeur,  pouvant  être  clbse  par  une  lame  polie  de  sel  gemme. 
En  bas,  on  adapta  au  verre  de  lampe  un  bouchon  de  liège 
fermant  bien  et  imbibé  de  paraffine,  par  lequel  passaient, 
l'un  près  de  de  l'autre,  les  deux  tubes  amenant  les  gaz,  ainsi 
que  deux  fils  de  platine,  en  tare  lesquels  devait  jaillir  une  petite 
étincelle  d'induction  au-dessus  de  l'orifice  du  tube  à  hydrogène. 
Celui-ci  était  disposé  de  façon  que  la  flamme  se  trouvât  à 
peu  près  au  milieu. du  verre  et  à  la  hauteur  de  la  lame  de 
sel  gemme.  L'autre  tube  était  plus  large,  afin  de  pouvoir 
amener  toujours  du  chlore  en  excès,  et  débouchait  à  très  peu 
de  distance  au-dessus  du  fond.  En  haut  également,  le  verre 
de  lampe  était  fermé  par  un  bouchon  de  liège;  à  celui-ci 
s'adaptait  un  tube  assez  large,  qui  communiquait,  par  une 
ouverture  dans,  le  mur ,  avec  l'air  extérieur.  On  pouvait  donc 
maintenir  le  verre  constamment  plein  de  chlore,  sans  en  être 
incommodé  dans  la  chambre;  l'acide  chlorhydrique  formé  et 
le  chlore  surabondant  s'échappaient  immédiatement  au  dehors. 
Le  chlore  n'étant  pas  complètement  exempt  d'oxygène  et  tout 
l'air  atmosphérique  contenu  dans  le  verre  ne  pouvant  en  être 


i)  Quand,  toutefois,  on  compare  entre  elles  les  figures  \c  et  4  a  de  la 
PL  XIII,  cette  différence  d'inclinaison  semble  plus  forte  qu'elle  ne  Test  en 
réalité  ;  mais  aussi,  ces  deux  courbes  ne  sont  pas  directement  comparables, 
vu  que  dans  les  fig.  i,  2,  7  et  8  les  ordonnées  n'ont  que  la  moitié  du 
nombre  des  millimètres  des  écarts  galvanométriques  correspondants,  tandis 
que  dans  les  fig.  3,  4,  5  et  6  les  écarts  sont  représentés jen  grandeur  vraie. 


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PANS   VE   SPECTRE   INFRA-ROUGE. 


357 


chassé  promptem'ent,  il  se  formait  aussi,  chose  prévue,  de 
Peau;  celle-ci  dissolvait  immédiatement  l'acide  chlorhydrique, 
et  dans  les  premières  expériences  la  dissolution  ruisselait  de 
tous  côtés  le  long  de  la  paroi  interne  du  verre  et  aussi  le 
long  de  la  lame  de  sel  gemme.  Il  en  résultait  que  bientôt 
je  ne  pouvais  presque  plus  découvrir  aucune  trace  d'action 
calorifique,  patce  que  la  radiation  émise  par  l'acide  chlorhy- 
drique  semblait  être  absorbée  de  préférence  par  cet$e  disso- 
lution. Pour  parer  à  cet  inconvénient,  la  capacité  du  verre, 
tant  au-dessus  qu'au-dessous  de  la  flamme,  fut  remplie  de 
petits  fragments  de  chlorure  de  calcium,  et  en  même  temps 
le  courant  de  chlore  fut  renforcé.  Par  ce  moyen,  plusieurs 
observations  purent  être  faites  avant  qu'il  se  déposât  de  la 
dissolution  d'acide  chlorhydrique  contre  les  parois. 

La  régulation  des  robinets  avait  lieu  comme  dans  Pexpé- 
rienee  précédente.  Voici  les  résultats  obtenus: 


'  Déviation 

minima 

des  rayons. 

Hydrogène 

brûlant 

dans  le  chlore. 

Déviation 

minima 

des  rayons. 

Hydrogène 

brûlant 

dans  le  chlore. 

39°  20' 

1 

39° 

13 

39°  15' 

'2* 

38° 55' 

8 

39°  10' 

7  . 

38°  50' 

3 

39°  5' 

11 

,  38°  45' 

1 

Le  maximum  se  trouve  donc  à  39°  1'  30".  Du  côté  des 
petites  longueurs  d'onde,  l'inclinaison  de  la  courbe  (fig.  5) 
est  un  peu  moindre  que  de  l'autre  côté;  cela  peut  tenir  à 
la  formation  d'une  petite  quantité  d'eau,  car  ni  l'hydrogène 
ni  le  chlore  n'étaient  absolument  exempts  d'air  atmosphérique. 


Il  eût  été    intéressant,    à  coup  sûr,  de  connaître  aussi  les 
endroits  du   spectre   où  sont  situés  les  maxima  de  radiation 


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358  W.    H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLO METRIQUES 

des  acides  bromhydrique  et  iodhydrique.  De  même  que  dans 
le  chlore,  l'hydrogène  se  laisse  enflammer  dans  une  atmosphère 
de  vapeur  de  brome  ;  mais  les  mesures  qu'il  faut  prendre  pour 
que  cette  flamme,  durant  quelque  temps,  brûle  tranquillement 
devant  le  spectromètre,  et  cela  de  telle  sorte  que  sa  radiation 
ne  soit  pas  absorbée  avant  d'atteindre  l'instrument,  entraînent 
de  grandes  difficultés  J'ai  essayé  d'arriver  au  but  avec  le 
même  dispositif  qui  m'avait  servi  pour  le  chlore,  et,  à  cet 
effet,  le  plus  large  des  deux  tubes  qui  passaient  par  le  fond 
du  verre  de  lampe  fut  reHé  à  un  petit  réservoir,  dans  lequel 
on  chauffait  du  brome.  Bientôt,  toute  la  capacité  du  verre  se 
trouva  remplie  de  la  vapeur  brun  foncé  du  brome,  et  on  put 
allumer,  au  moyen  de  l'étincelle  d'induction,  l'hydrogène 
amené  par  le  second  des  deux  tubes.  Mais  la  vapeur  du  brome, 
à  la  température  ordinaire,  étant  encore  loin  de  posséder  la 
tension  de  l'air  atmosphérique,  celui-ci  ne  fut  pas  chassé  du 
verre,  et  une  grande  partie  de  l'hydrogène  brûla  donc  en 
donnant  de  l'eau,  dans  laquelle  se  condensait  l'acide  bromhy- 
drique. En  peu  de  temps,  les  parois  du  verre  et  la  lame  de 
sel  gemme  furent  couvertes  de  buée,  de  sorte  que  la  chaleur 
émise  était  bientôt  absorbée  en  grande  partie.  Si  l'on  tient 
compte,  en  outre,  de  la  circonstance  que  la  chaleur  de  com- 
binaison de  l'hydrogène  et  du  brome  est  beaucoup  moindre 
que  celle  de  l'hydrogène  et  du  chlore,  et  que,  pour  cette 
raison  déjà,  la  radiation  émise  par  la  flamme  sera  difficile- 
ment observable,  on  concevra  aisément  que,  de  la  manière 
susdite,  aucun  résultat  satisfaisant  ne  fut  obtenu.  Dans  cette 
série  d'observations,  qui  fut  poursuivie  jusqu'à  37°,  je  ne  pus 
trouver  autre  chose  que  le  maximum  de  l'eau.  On  obtiendrait 
le  spectre  pur  de  l'acide  bromhydrique,  si  la  vapeur  de  brome 
était  portée  à  la  tension  de  l'atmosphère;  mais,  pour  cela,  tout 
l'entourage  de  la  flamme  devrait  être  maintenu  à  une  tem- 
pérature d'environ  60°  C,  et  je  n'ai  pas  réalisé  le  dispositif 
assez  compliqué  que  cette  condition  rendrait  nécessaire. 


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DANS    LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  359 

5.  La  flamme  du  cyanogène  et  la  flamme  de  Voxyde 
de  carbww  dans  Voxyghw. 

Jusqu'ici,  nous  n'avons  rencontré  que  des  maxima  de  radia- 
tion de  corps  composés:  on  doit  se  demander  s'il  est  pos- 
sible de  trouver,  de  la  même  manière,  des  ondulations  qui 
soient  engendrées  lors  de  la  formation  de  quelque  gaz  élé- 
mentaire. Nous  y  parviendrions,  peut-être,  si  un  pareil  élément 
pouvait  être  obtenu,  en  un  certain  sens,  comme  produit  de 
combustion,  c'est-à-dire,  s'il  se  formait  dans  une  flamme,  avec 
dégagement  de  chaleur.  Or,  d'après  ses  propriétés,  on  se  figure 
le  gaz  cyanogène  constitué  de  telle  sorte  que  les  deux  groupes 
CN  soient  unis  l'un  à  l'autre  par  leurs  atomes  de  carbone; 
entre  les  atomes  d'azote  il  existerait  donc,  dans  ce  composé, 
un  lien  plus  lâche  que  dans  la  molécule  d'azote,  et  lors  de 
la  combustion  du  gaz,  de  l'azote  se  forme  en  même  temps 
que  de  l'acide  carbonique.  Si  la  génération  du  premier  de  ces 
deux  produits  a  lieu  avec  dégagement  de  chaleur  (à  cet  égard, 
les  ouvrages  de  thermochimie  que  j'ai  consultés  ne  m'ont 
fourni  aucun  renseignement),  on  peut  s'attendre  à  trouver 
dans  le  spectre  de  la  flamme  du  cyanogène  deux  maxima: 
le  maxima  de  l'acide  carbonique  et  celui  de  l'azote. 

Le  gaz  fut  préparé  de  la  manière  ordinaire,  au  moyen  du 
cyanure  de  mercure,  et  recueilli  dans  une  grande  vessie  de 
bœuf,  qui  avait  près  de  8  litres  de  capacité,  mais  qui  ne  fut 
pas  remplie  en  entier.  Sous  une  pression  passablement  con- 
stante, exercée  par  des  poids  placés  sur  la  vessie,  le  cyanogène 
s'écoulait,  à  travers  un  tube  contenant  du  chlorure  de  calcium, 
vers  le  brûleur,  où  on  l'allumait  chaque  fois  à  l'aide  d'une 
petite  flamme  de  gaz  d'éclairage. 

Comme  moyennes  de  quatre  observations,  j'ai  trouvé  les 
nombres  inscrits  dans  la  seconde  colonne  du  tableau  suivant  : 


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360 


W.   H.   JOLIUB.    RECHERCHES   BOLOMETRIQUES 


Déviation 

Radiation  calorifique  de  la 

Déviation 

Radiation  calorifique  de  la 

minima  des 

flamme  du 

flamme  de 

minima  des 

flamme  du 

flamme  de 

rayons. 

cyanogène. 

Bunsen 

rayons. 

cyanogène. 

Bunsen. 

39e  20' 

H 

22 

39'  5' 

n 

15* 

39°  17' 30" 

2 

39° 

M 

14 

39°  15' 

4f 

44 

38°  56' 

34| 

81 

39°  12' 30" 

8 

52 

38°  51' 15'' 

101 

155 

39°  10- 

8{ 

40 

38°  45' 

284 

41 

39°  7'  30" 

3| 

38°  40' 

7 

16 

On  voit  ici,  outre  le  maximum  connu  de  l'acide  carbonique, 
une  élévation  dont  le  sommet  se  trouve  à  un  peu  plus  de 
39°  11',  par  conséquent,  très  près  du  maximum  de  l'eau.  11 
ne  coïncide  pourtant  pas  avec  celui-ci;  je  m'en  suis  assuré, 
immédiatement  après  avoir  achevé  cette  série  d'expériences, 
en  déterminant  de  nouveau  le  spectre  de  la  flamme  de  Bunsen, 
laquelle  fournit  de  l'acide  carbonique  et  de  Veau;  les  écarts 
gaivanométriques  ainsi  obtenus  sont  donnés,  comme  termes 
de  comparaison,  dans  la  troisième  colonne  du  tableau.  Le 
maximum  de  l'acide  carbonique,  dans  la  colonne  II,  présente 
bien  (probablement  par  suite  d'une  erreur  de  pointé)  un  léger 
déplacement  du  côté  des  grandes  longueurs  d'onde  *),  mais 
ce  déplacement  est  trop  faible  pour  expliquer  la  différence 
de  position  entre  les  deux  autres  maxima. 

Y  a-t-il  lieu,  toutefois,  d'attribuer  réellement  à  l'azote  formé 
dans  la  flamme  cette  courbe  de  radiation  dont  le  sommet  est 
situé  vers  39°  11'?  Un  coup  d'œil  rétrospectif,  sur  les  résultats 


»)  Dans  la  fig  6  ce  déplacement  est  à  peine  visible,  mais  il  ressort  de 
la  comparaison  des  nombres  qui  se  trouvent  de  part  et  d'autre  du  maxi- 
mum dans  les  deux  spectres.  Il  est  extrêmement  difficile,  toutefois,  dans 
un  cas  tel  que  celui-ci,  de  déterminer  exactement  la  forme  des  courbes  de 
radiation;  les  inclinaisons  sont  ici  tellement  fortes,  qu'une  erreur  de  pointé 
de  %'  donne  lieu,  dans  l'écart  gai vanom étriqué,  à  une  différence  de  5  à  10 
parties  de  l'échelle. 


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DANS   LE  SPHCTRB  INFRA-ROUGE. 


361 


trouvés  pour  les  flammes  de  l'oxyde  de  carbone  et  du  sulfure 
de  carbone,  fait  naître  quelques  doutes  à  cet  égard.  Dans  les 
spectres  de  ces  deux  flammes,  en  effet,  au  même  endroit,  se 
trouvait  également  un  petit  maximum,  dont  l'ordonnée  la 
plus  longue  avait,  avec  l'ordonnée  maxima  correspondante 
de  l'acide  carbonique,  à  peu  près  le  même  rapport  de  grandeur 
que  cela  est  le  cas  dans  le  spectre  de  la  flamme  du  cyanogène. 
Pour  savoir  si  ces  petits  maxima  antérieurement  trouvés  (et 
dont  la  place  n'avait  pas  été  fixée  avec  précision)  étaient 
peut-être  dus  à  l'influence  perturbatrice  de  la  vapeur  d'eau 
incandescente,  je  soumis  encore  une  fois  à  l'examen  une  flamme 
d'oxyde  de  carbone  bien  desséché;  le  résultat  fut  qu'à 
39°  11'  30"  apparut  distinctement  une  élévation,  comme  le 
montrent  les  nombres  suivants. 


Déviation 

Chaleur  de  la 

Déviation 

Chaleur  de  la 

ininiraa  des 

flamme  de  l'oxyde 

minima  des 

flamme  de  l'oxyde 

rayons. 

de  carbono. 

rayons 

de  carbone. 

39°  15' 

9 

38°  55' 

83 

39°  20'  30" 

16 

38°  52'  30" 

200 

39°  10' 

15 

38°  51'  15" 

226 

39°  7' 30" 

8 

38°  50' 

2171 

39°  5' 

5 

38°  45' 

59 

39° 

— 

38°  40' 

11 

Immédiatement  après,  je  déterminai  de  nouveau,  en  vue 
de  la  comparaison,  le  spectre  de  la  flamme  de  Bunsen:  le 
premier  maximum  de  celle-ci  se  trouvait,  décidément,  d'au 
moins  T  30"  au-delà  de  celui  de  l'oxyde  de  carbone,  du  côté 
des  petites  longueurs  d'onde. 

Entre  le  spectre  calorifique  de  la  flamme  du  cyanogène  et 
celui  de  la  flamme  de  l'oxyde  de  carbone  il  n'existe  donc 
aucune  différence  notable,  de  sorte  que  nous  perdons  le  droit 
d'attribuer  le  premier  maximum  du  spectre  cyanique  à  l'azote 


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382  W.   H.   JUtlUS.   RECHERCHES  BOLOMÉTRIQtTBS 

comme  produit  de  combustion.  Pourtant,  il  ne  serait  pas  tout 
à  fait  impossible  que  l'azote  jouât  un  rôle  en  cette  occasion.  Ce 
gaz,  en  effet,  est  toujours  présent  en  abondance  dans  toute  com- 
bustion opérée  à  l'air,  et  peut-être  éprouve-tril  alors  un  échauf- 
fement  suffisant  pour  devenir  capable  d'émettre  lui-même  une 
radiation  appréciable.  La  flamme  du  cyanogène  contient  plus 
d'azote  que  les  flammes  de  l'oxyde  de  carbone  et  du  sulfure 
de  carbone:  on  serait  alors  tenté  d'expliquer  par  là  le  fait  que 
dans  le  spectre  de  la  première  de  ces  flammes  le  maximum  en 
question  est  un  peu  plus  grand,  par  rapport  à  celui  de  l'acide 
carbonique,  que  dans  les  deux  autres  flammes. 

Lors  de  la  combustion  de  l'ammoniaque,  il  doit  aussi  y 
avoir  comparativement  beaucoup  d'azote  dans  la  flamme,  et 
l'étude  du  spectre  de  cette  flamme  pourrait  donc  servir  à 
vérifier  l'hypothèse  émise,  n'était-ce  que  la  courbe  présumée 
de  la  radiation  de  l'azote  coïncide  à  peu  près  avec  la  courbe 
de  l'eau,  laquelle  naturellement  apparaîtra  en  même  temps 
et  dont  elle  ne  pourra  être  séparée. 

Si  toutefois  cette  élévation  à  39°  11'  30"  est  due  uniquement 
à  l'azote  incandescent,  elle  ne  pourra  pas  se  produire  lorsque, 
par  exemple,  l'oxyde  de  carbone  brûlera  dans  une  atmosphère 
d'oxygène  pur. 

Pour  réaliser  ce  cas,  je  disposai  de  nouveau  un  verre  de 
lampe  en  poire  avec  ouverture  latérale  pouvant  être  fermée 
par  une  lame  de  sel  gemme,  verre  tout  semblable  à  celui  dont 
j'avais  fait  usage  pour  l'étude  du  maximum  de  l'acide  chlôr- 
hydrique.  Au  fond  de  ce  verre  débouchait  un  tube  qui  amenait 
un  courant  d'oxygène  réglable  à  volonté,  tandis  que  l'oxyde 
de  carbone  ne  recevait  accès  au  bec  en  verre  qu'au  moment 
de  l'observation.  Au-dessus  de  ce  bec  se  trouvaient  de  nou- 
veau deux  électrodes  en  platine,  entre  lesquelles  on  pouvait 
faire  éclater  une  étincelle  d'induction  pour  déterminer  chaque 
fois  l'inflammation  de  l'oxyde  de  carbone.  Des  expériences 
préliminaires  avaient  toutefois  appris  que,  bien  desséché,  ce 
gaz  n'était  pas  enflammé  par  une  étincelle  d'induction,  même 


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DAN8  LE   8PECTKK  INffRÀ-ROtJGB. 


363 


dans  une  atmosphère  d'oxygène  pur,  mais  que  la  présence 
d'une  quantité  extrêmement  petite  d'hydrogène  suffisait  pour 
que  le  but  fût  atteint.  En  conséquence,  je  fis  passer  par  le 
fond  du  verre  de  lampe  encore  un  troisième  petit  tube,  qui 
se  terminait  tout  près  de  l'orifice  du  brûleur,  et  par  lequel 
on  laissait  arriver  un  peu  de  gaz  d'éclairage  au  moment  où 
la  flamme  devait  être  allumée. 

De  cette  manière,  je  réussis  à  exécuter  un  petit  nombre 
d'observations;  mais,  par  un  fatal  hasard,  il  s'était  formé 
dans  le  verre  de  lampe,  durant  quelques  instants  où  la  flamme 
ne  brûlait  pas,  un  mélange  d'oxygène  et  d'oxyde  de  carbone. 
La  première  étincelle  suivante  donna  donc  lieu  à  une  explo- 
sion, qui  mit  prématurément  fin  à  l'expérience.  Les  quelques 
mesures  déjà  faites  sont  réunies  dans  le  tableau  suivant. 


Déviation 

Oxyde  de 

Déviation 

Oxyde  de 

minima  des 

carbone  brûlant 

minima  des 

oarbone  brûlant 

rayons. 

dans  l'oxygène. 

rayons. 

dans  l'oxygène. 

39°  20' 

3 

39°  5' 

4 

39°  15' 

8 

39° 

1 

39°  12'  30" 

20 

38°  57'  30" 

6* 

39°  10' 

14 

38°  55' 

28 

On  voit  que,  pour  l'apparition  d'un  maximum  à  3911'30'V 
la  présence  de  l'azote  n'est  pas  nécessaire.  Quant  à  savoir 
si,  en  cas  d'absence  de  l'azote,  l'intensité  relative  du  maxi- 
mum devient  plus  grande  ou  plus  petite,  c'est  ce  que  les 
nombres  trouvés  ne  nous  apprennent  pas,  vu  que  l'endroit 
du  maximum  de  l'acide  Carbonique  n'était  pas  encore  atteint  ; 
on  n'a  donc  pas  non  plus  la  preuve  que  l'azote  soit  sans  in- 
fluence J).  La  question  de  l'origine  de  l'élévation  dont  il  s'agit 

»  )  MM.  Magnus,  Tyndal  et  Rôntgen,  à  la  suite  de  leurs  expériences  sur 
l'absorption  des  radiations  calorifiques  par  les  gaz,  arrivent  unanimement 
à  la  conclusion  que  l'air  atmosphérique,  et  par  conséquent  aussi  l'azote, 
est  à  peu  près  complètement  diathermane  pour  les  radiations  des  sources 


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364  W.   H.   JULIUS.   RECHERCHES   BOLOMBTRIQUES 

reste  par  conséquent  indécise.  L'oxyde  de  carbone  ou  l'oxygène, 
qui  tous  les  deux  se  trouvent  dans  la  flamme,  peuvent  y 
avoir  donné  lieu,  mais  peut-être  aussi  le  maximum  appar- 
tient-il à  la  courbe  de  radiation  de  l'acide  carbonique,  de 
sorte  qu'il  indiquerait,  dans  la  molécule  de  ce  gaz,  une  période 
Secondaire  constamment  existante. 

A  mon  grand  regret,  je  n'ai  pas  été  dans  l'occasion  de 
remonter  l'appareil  et  de  répéter  l'expérience  ;  pour  le  moment, 
l'hypothèse  la  plus  acceptable  me  paraît  être  qu'on  a  affaire 
ici  à  la  radiation  de  l'oxyde  de  carbone,  gaz  qui  selon  toute 
probabilité  est  incessamment  formé,  comme  produit  intermé- 
diaire, dans  la  flamme,  même  dans  celle  de  l'oxyde  de  carbone» 

A  la  description  de  cette  série  d'expériences  j'ajouterai  un 
mot,  pour  faire  connaître  de  quelle  manière  la  petite  plaque 
de  sel  gemme,  qui  fermait  l'ouverture  pratiquée  dansje  verre 
de  lampe,  était  protégée  contre  l'action  de  l'humidité  am- 
biante. Le  côté  tourné  vers  l'intérieur  était  maintenu  sec  par 
une  petite  corbeille  de  chlorure  de  calcium  suspendue  dans 
le  verre  de  lampe,  tandis  que  le  long  du  côté  extérieur  mon- 
tait lentement  un  courant  d'air  sec  et  légèrement  chaud.  Ce 
courant  était  obtenu  en  chauffant  par  une  flamme  de  gaz, 
au-dessous  du  milieu,  un  tube  de  cuivre  placé  obliquement, 
long  d'environ  80  cm,  et  dont  l'orifice  supérieur  se  trouvait 
juste  au-dessous  de  la  plaque  de  sel.  L'air  chauffé  dans  le 
tube  s'élevait  et  était  remplacé  par  de  l'air  frais,  qui  toute- 
fois, avant  de  pénétrer  dans  le  tube,  était  obligé  de  passer 
sur  du  chlorure  de  calcium.  Grâce  à  cette  disposition  si  simple, 
le  sel  gemme  resta  parfaitement  sec  et  diaphane;  bien  que, 
ces  jours-là,  l'atmosphère  fût  très  humide. 


calorifiques  dont  ils  ont  fait  usage.  Ce  fait  plaide  en  faveur  de  ridée  que, 
dans  les  phénomènes  de  radiation  étudiés  par  nous,  l'azote  ne  joue  pas 
de  rôle  appréciable.  A  cause  de  ce  même  fait,  nous  devons  regarder  comme 
improbable  aussi  l'influence  directe  des  molécules  d'oxygène. 


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DANS   LE   SPECTRE   INFRA-ROUGE.  365 


6.  La  flamme  de  l'hydrogène  phosphore. 

Le  phosphore  brûle  avec  une  flamme  émettant  une  vive 
lumière,  blanche,  qui  au  simple  aspect  ne  se  distingue  pas  de 
celle  d'une  flamme  de  gaz  ordinaire.  Pour  cette  dernière,  le 
pouvoir  éclairant  est  attribué,  comme  on  sait,  à  des  parti- 
cules de  charbon  portées  à  l'incandescence;  mais  à  quoi  la 
flamme  du  phosphore,  dont  le  produit  de  combustion  P20!i 
est  probablement  gazeux  à  la  température  qui  y  règne,  doit- 
elle  sa  lumière  intense?  Cette  seule  question  donne  déjà  de 
l'intérêt  à  l'étude  du  spectre  de  la  flamme  du  phosphore, 
car  on  peut  à  bon  droit  s'attendre  à  ce  que  la  nature  de  la 
radiation  s'éloigne  beaucoup  de  celle  de  la  flamme  du  gaz 
ordinaire,  bien  que,  dans  leur  partie  éclairante,  les  deux 
spectres  ne  diffèrent  que  peu  l'un  de  l'autre;  mais,  en  outre, 
cette  étude  nous  offre  la  chance  de  trouver  le  maximum  de 
radiation  du  composé  P20^. 

Il  est  extrêmement  difficile,  toutefois,  de  faire  brûler  le 
phosphore  avec  une  flamme  constante  devant  la  fente  du 
spectromètre  ;  je  résolus,  en  conséquence,  d'avoir  recours  au 
gaz  hydrogène  phosphore,  qui,  outre  l'eau,  fournit  aussi  de 
l'acide  phosphorique  comme  produit  de  sa  combustion,  et 
cela  avec  les  mêmes  phénomènes  lumineux. 

La  manipulation  d'une  grande  quantité  d'hydrogène  phos- 
phore exige  beaucoup  de  prudence,  vu  que  le  gaz  est 
vénéneux  et  prend  feu  très  facilement.  On  doit  veiller,  en 
premier  lieu,  à  ce  que  lors  de  la  préparation  il  ne  se  forme 
pas  la  combinaison  liquide  PtHk1  qui  rendrait  le  gaz  spon- 
tanément inflammable.  A  cet  effet,  on  le  prépara  au  moyen 
du  phosphore  et  d'une  dissolution  alcoolique  de  potasse, 
chauffés  au  bain  de  sable.  Un  grand  flacon,  d'environ  12 
litres  de  capacité,  servit  à  recueillir  le  gaz  sur  l'eau;  on  eut 
grand  soin  de  ne  laisser  se  mélanger  à  celui-ci  que  le  moins 
d'air  possible,  afin  que   plus  tard,  lors  de  l'inflammation,  la 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  24 


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366  W.   H.  JULIUS.   KBCHKRCHE8   BOLOMéTRIQUES 

combustion  ne  se  propageât  pas  à  l'intérieur.  Le  flacon  était 
disposé  de  manière  à  se  prêter  aussi  à  l'écoulement  du  gaz 
sous  pression  arbitraire.  Pour  cela,  le  bouchon  était  traversé 
p£,r  un  large  tube  descendant  jusqu'au  fond  et  par  un  tube 
plus  étroit  s'arrôtant  dans  le  col;  dans  le  large  tube  je  pouvais 
laisser  arriver  de  l'eau  avec  la  vitesse  voulue,  de  la  façon 
décrite  à  propos  du  réservoir  à  chlore,  p.  353. 

Lors  de  la  combustion  de  l'hydrogène  phosphore,  il  se 
dégage  en  peu  de  secondes  déjà  un  si  épais  nuage  de  P2  05 
qu'il  est  absolument  nécessaire,  lorsque  la  flamme  doit  servir 
pendant  quelques  heures,  d'avoir  un  moyen  efficace  de  se 
débarrasser  du  produit  de  la  combustion.  Ce  moyen  consista 
à  placer  au-dessus  du  pied  V  (fig.  11),  en  guise  de  cheminée, 
un  tuyau  de  poêle  long  d'environ  3  m,  qui  débouchait  au 
dehors  et  dans  lequel  un  tirage  était  entretenu  à  l'aide  d'une 
flamme  de  gaz. 

*  Le  bec  était  de  nouveau  formé  d'un  tube  de  verre  étiré 
en  pointe;  mais,  après  une  ou  deux  observations,  la  flamme 
devenait  plus  petite  et  bientôt  l'ouverture  du  bec  était  obstruée 
par  une  croûte  solide,  probablement  de  P2  05.  Un  instant 
je  craignis  que  toute  l'expérience  allait  échouer  sur  cet 
obstacle;  heureusement,  je  parvins  à  l'écarter  en  donnant 
au  bec  une  forme  différente.  La  partie  étirée  du  bec  fut 
cassée,  puis  l'extrémité  du  tube  fut  recouverte  d'une  petite 
douille  en  cuivre,  dont  le  haut  était  fermé  par  une  lame 
plane  de  platine,  percée  d'une  petite  ouverture.  De  cette 
manière,  dès  que  l'ouverture  se  trouvait  obstruée,  il  était 
facile  de  la  déboucher  à  l'aide  d'une  épingle;  mais  d'elle- 
même  elle  restait  ouverte,  car  ce  bec  en  métal,  meilleur 
conducteur  que  celui  en  verre>  s'échauffait  beaucoup  moins, 
et  l'acide  phosphorique  qui  s'y  déposait  pouvait  donc  absorber 
de  l'eau;  aussi  était-il  fréquemment  nécessaire  d'enlever  la 
goutte  de  liquide  qui  se  formait  sur  le  petit  obturateur  en 
platine. 

La  radiation  calorifique  de  la  flamme  de  l'hydrogène  phos- 


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DANS  LE  SPECTRE  INFRA-ROUGE. 


367 


phoré  est  distribuée  sur  le  spectre,  en  tant  que  j'ai  examiné 
celui-rci  (voir  p.  368),  de  la  manière  suivante. 


Déviation 

Flamme 

Déviation 

Flamme 

Déviation 

Flamme 

mmima  des 

d'hydrogène 

mmima  des 

d'hydrogène 

minima  des 

d'hydrogène 

rayons* 

phosphore. 

rayons. 

phosphore. 

rayons. 

phosphore. 

41° 

1 

39°  40' 

3 

38°  40' 

3 

40o  5ff 

i* 

39°  30' 

H 

38°  30' 

2 

40P  4CK 

3 

39°  20' 

11* 

38°  20' 

1 

40°  35' 

4 

39°  15' 

26 

38°  10' 

2 

40°  3& 

3 

39°  12'  30" 

34 

38° 

6 

40°  2C 

2 

39°  10' 

21 

37o  55' 

8 

40°  1C 

2 

39°  5' 

6 

37°  5C 

4 

40° 

3 

39° 

3 

37°  40' 

2 

39°  50' 

2 

38°  50' 

4 

37°  W 

0 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  la  quantité  extrêmement 
faible  de  la  chaleur  émise,  bien  qu'on  eût  employé  une  flamme 
assez  grande,  haute  d'environ  3  cm,  capable  d'éclairer  la 
fente  entière.  Quand  on  abstrait  l'élévation  dont  le  sommet 
se  trouve  vers  39°  13'  et  qui  est  de  nouveau  attribuable  à  la 
combustion  de  l'hydrogène,  il  ne  reste  pas  grand'chose  pour 
la  chaleur  émise  par  le  pentoxyde  de  phosphore  formé. 
Jusqu'au  point  du  spectre  où  la  déviation  est  de  37°,  il  n'y 
est  pas  question,  en  tout  cas,  de  quelque  maximum  caractérisé^ 
'  Comme  je  croyais  avoir  des  raisons,  qui  seront  expliquées 
plus  loin,  de  présumer  que  la  radiation  principale  émanant 
d*  ^2^6  posséderait  une  longueur  d'onde  encore  beaucoup 
plus  grande  que  celle  qui  correspond  à  la  déviation  37°,  j'ai 
examiné  le  spectre,  de  10  en  10',  jusqu'à  l'angle  de  déviation 
de  25°  ;  mais,  sauf  une  couple  d'indications  douteuses  à  36°15' 
et  34°50',  je  n'ai  pas  trouvé  trace  d'action  calorifique. 

Il    est    possible    que    des    rayons    de   si  grande    longueur 

24* 


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368  w.  h.  JuLitrs.  recherches  bolomêtriques 

d'onde  soient  réellement  émis  par  la  flamme,  mais  qu'ils 
soient  ou  bien  absorbés  par  les  préparations  de  sel  gemme, 
ou  bien  incapables  d'échauffer  la  bandelette  bolométrique 
recouverte  de  noir  de  camphre.  Pour  obtenir  à  ce  sujet  une 
donnée  de  plus,  j'ai  comparé,  à  l'aide  d'une  pile  thermo- 
électrique ordinaire,  les  quantités  totales  de  chaleur  émises, 
d'une  part  par  une  flamme  de  gaz  d'éclarage,  d'autre  part 
par  une  flamme  d'hydrogène  phosphore,  la  radiation  de  chà" 
cune  de  ces  flammes  étant  limitée  par  un  même  diaphragme 
à  petite  ouverture.  Le  résultat  fut  que  la  flamme  du  gaz  com- 
muniquait à  la  pile  thermo-électrique  environ  sept  fois  autant 
de  chaleur  que  la  flamme  de  l'hydrogène  phosphore.  Le 
léger  affaiblissement  d'action,  occasionné  par  une  plaque  de 
sel  gemme,  était  à  peu  près  égal  pour  les  deux  sources, 
peut-être  de  1  ou  1\  %  plus  grand  pour  la  flamme  de 
l'hydrogène  phosphore. 

L'aire  totale  de  la  courbe  calorifique  déterminée  en  dernier 
lieu  est  beaucoup  moindre,  toutefois,  que  le  septième  de  l'aire 
de  la  figure  qui  représente  la  distribution  de  la  chaleur  dans 
le.  spectre  de  la  flamme  du  gaz  d'éclairage.  Je  ne  saurais  dire 
avec  certitude  quelle  est  la  cause  de  ce  phénomène  ;  peut-être 
tient-elle  à  une  différence  entre  le  pouvoir  absorbant  de  la 
bandelette  bolométrique  et  celui  de  la  pile  thermo-électrique  ; 
peut-être  aussi  existe-t-il  encore  un  maximum  de  radiation 
dont  la  déviation  est  inférieure  à  25°,  et  dont,  par  conséquent, 
la  chaleur  n'a  pas  été  recueillie  par  le  bolomètre,  mais  bien 
par  la  pile  thermo-électrique. 

En  ce  qui  concerne  le  pouvoir  éclairant  de  la  flamme  de 
l'hydrogène  phosphore,  on  voit  qu'il  est  dû  à  une  petite 
élévation  dont  le  maximum  se  trouve  vers  40°35,  par  con- 
séquent entre  B  et  C.  Celle-ci  et  les  autres  petites  élévations 
indiquées  dans  le  spectre  correspondent  peut-être  à  des  périodes 
intra-moléculaires  de  P205,  ou  bien  à  des  vibrations  de  pro- 
duits intermédiaires,  formés  dans  la  flamme. 


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PANS   LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  369 

c.  Quelques  mots  sur  la  nature  de  la  chaleur 
émise    par  les    corps  solides,   et  sur  le  pouvoir 

absorbant  électif  de  1' 'eau- 
Ce  que  nous  connaissons  jusqu'ici  de  la  distribution  spec- 
trale de  la  chaleur  émise  par  les  corps  solides  à  différentes 
températures  est  dû,  en  majeure  partie,  aux  recherches  de 
M.  Jacques  '),  de  M.M.  Desains  et  Curie  2)  et  de  M.  Langley  a). 
M.  Jaques  crut  pouvoir  déduire  de  ses  expériences  que  le 
maximum  d'émission  ne  se  déplace  pas  sensiblement  avec  la 
température  ;  MM.  Dessains  et  Curie  et  M.  Langley,  au  con- 
traire, trouvèrent  un  déplacement  très  distinct,  du  côté  des 
petites  longueurs  d'onde,  lorsque  la  chaleur  croissait.  Ces 
derniers  observateurs  avaient  opéré  sur  le  cuivre  enduit  de 
noir  de  fumée;  M.  Jacques  avait  déterminé  la  radiation  du 
platine  et  de  quelques  oxydes  métalliques. 

Pour  répéter  avec  mon  appareil  quelques-unes  de  ces  ex- 
périences, je  plaçai  devant  la  fente,  d'abord,  une  bandelette 
de  platine,  échauffée  par  un  courant  galvanique;  plus  tard, 
une  petite  lame  de  cuivre  recouverte  d'oxyde  de  cuivre  et 
chauffée  par  une  flamme  de  Bunsen,  dont  la  radiation  di- 
recte ne  pouvait  atteindre  la  fente;  ensuite,  cette  même 
lame,  recouverte  d'une  couche  de  noir  de  fumée.  Dans 
le  tableau  ci-dessous  je  donne  les  résultats  obtenus  avec  les 
deux  dernières  de  ces  sources  de  chaleur,  parce  qu'elles 
sont  le  mieux  comparables  entre  elles.  Un  petit  régulateur 
de  gaz  maintenait  la  flamme  autant  que  possible  constante 
durant  chaque  série  d'expériences,  mais  aucune  mesure 
n'était  prise  pour  déterminer  exactement  la  température  de 
la  lame.  Ces  expériences  ont  entièrement  la  caractère  d'une 
étude  provisoire,  instituée  et  communiquée  principalement 
afin    de    pouvoir    comparer  quelques  résultats,    obtenus   au 


i)  Jacques,  Proc.  of  the  Amer.  Acad.,  1878—1879. 

*)  Desains  et  Curie,  Comptes  Rendus,  XC,  p.  1506  (1880). 

3)  Langley,  Ami.  de  Ch.  et  de  Phys.,  [6J  IX,  p.  433  (1886). 


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870 


W.   H.   JUMUS.   RECHERCHES   BOLOMifiTRlQÛKS 


moyen  de  mes  appareils,  avec  les  résultats  analogues  trouvés 
par  d'autres  observateurs. 

Les  quatre  températures  différentes  auxquelles  eut  lieu 
l'examen  de  chacun  des  corps  radiants  étaient  comprises,  à 
Testime,  entre  200°  C.  et  400°  C. 


Déviation 

Oxyde  de  cuivre. 

Noir  de  famée. 

minima 
des  rayons. 

I. 

II. 

m. 

rv. 

I. 

II. 

III. 

IV. 

39°  3C 

1 

4 

7 

H 

39°  2C 

3| 

11 

23 

35; 

1 

8 

34 

55 

39°  W 

17 

30i 

53 

4 

22 

52 

90 

39°  10' 

11 

27 

38 

63 

8 

37 

79 

123 

39°  5' 

14* 

31 

46 

70 

12 

47| 

99 

144 

39° 

14 

31 

46 

68 

14 

50 

104 

146 

38°  55' 

29 

42 

61,    . 

15 

51 

103 

131 

38°  ôC 

14 

27 

38 

49 

16 

51 

95 

117 

38°  45' 

32 

161 

49 

87 

108 

38°  4C 

11 

23 

28 

40 

17 

45 

73 

95 

38°  35' 

16 

40 

38°  30' 

8 

17 

21 

27 

14 

35 

53 

70 

38°  25' 

13 

27 

380  20' 

5} 

15 

19 

12 

24 

41 

53 

28°  W 

3i 

10 

14 

On  voit  —  et  cela  ressort  encore  mieux  de  la  représentation 
graphique  donnée  PI.  XIII,  fig.  7  et  8  —  que  la  distribution 
de  la  chaleur  est  ici  tout  autre  que  pour  les  gaz  incandescents. 
L'inclinaison  des  courbes  de  radiation  est  beaucoup  plus 
forte  du  côté  des  petites  longueurs  d'onde  que  du  côté  opposé, 
et  cette  différence  d'inclinaison  deviendrait  encore  un  peu 
plus  marquée,  comme  il  est  facile  de  le  reconnaître,  si  Ton 
réduisait  les  courbes  au  spectre  normal. 

on  remarquera,  ensuite,  que  chez  l'oxyde  de  cuivre,  entre 
les  limites  de  température  indiquées,  le  maximum  de  radiation 


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DANS   LE  SPECTRE  INFRÀ-ROT7GE.  371 

éprouve  bien  quelque  changement  de  place,  mais  un  change- 
ment très  minime;  tandis  que  le  maximum  du  carbone  se 
déplace  au  contraire  d'une  quantité  assez  notable,  conformément 
aux  observations  de  M.  Langley  et  de  MM.  Desains  et  Curie. 
Chez  le  platine,  également,  le  déplacement  trouvé  avait  été 
très  faible. 

L'établissement  de  faits  plus  nombreux  serait,  en  cette 
matière,  extrêmement  désirable,  et  il  est  à  espérer  que 
M.  Langley,  à  cette  heure  probablement  mieux  outillé  que 
tout  autre  pour  de  semblables  recherches,  ne  nous  fera  pas 
seulement  connaître  —  comme  il  Ta  promis  dans  une  de 
ses  dernières  publications  —  les  valeurs  absolues  des  différents 
rayons  d'un  même  corps  à  toutes  les  températures  comprises 
entre  0°  C.  et  2000°  C,  mais  qu'il  étendra  cette  connaissance 
à  un  grand  nombre  de  corps  différents.  S'il  se  trouvait  que 
réellement,  chez  le  carbone,  le  sommet  de  la  courbe  de 
radiation  se  déplace  plus  que  chez  les  autres  éléments,  cette 
propriété  serait  peut-être  eu  rapport  avec  la  grande  variabilité 
de  la  chaleur  spécifique  de  cette  matière  entre  les  températures 
dont  nous  disposons  ;  il  y  aurait  alors  lieu  de  rechercher  si 
le  bore  et  le  silicium  ne  présenteraient  pas,  en  ce  qui  concerne 
la  variabilité  de  leur  radiation,  de  l'analogie  avec  le  carbone. 
L'existence  de  quelque  lien  entre  le  déplacement  du  maximum 
de  radiation  et  l'augmentation  de  la  chaleur  spécifique  à 
température  croissante,  n'est  pas  improbable.  Tous  les  deux, 
en  effet,  ces  phénomènes  font  présumer  qu'à  des  températures 
plus  basses  la  molécule  de  carbone  est  constituée  d'atomes 
plus  nombreux:  le  second  phénomène,  à  raison  de  la  règle 
de  Dulong  et  Petit,  le  premier,  à  cause  d'une  relation  qui 
paraît  exister  entre  le  poids  moléculaire  et  la  période  de 
vibration  (voir  plus  loin,  p.  382).  Mais,  pour  mettre  nettement 
en  évidence  le  lien  supposé,  il  sera  nécessaire  de  tenir  compte, 
dans  les  considérations  relatives  à  la  chaleur  spécifique  et 
aux  échanges  de  température,  de  la  diversité  des  périodes 
de    vibration   chez  les   corps   et,  par  suite,  de  leur  aptitude 


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372      W.  H.  JULIUS.  RKCHBBCHBS  BOLOMETRIQUBS 

différente  à  être  échauffés  par  des  ondulations  déterminées. 
Or,  pour  cela,  le  nombre  des  données  n'est  pas  encore  suffisant. 

Finalement,  je  rapporterai  encore  une  expérience  isolée, 
qui  était  proprement  destinée  à  former  le  premier  terme  d'une 
série  de  recherches  sur  l'absorption  élective,  et  dont  la  mention 
aurait  donc  pu  être  omise  ici,  n'était-ce  que  le  résultat  en  a 
contribué,  dans  une  certaine  mesure/ au  développement  des 
idées  qui  seront  exposées  à  l'article  suivant. 

Lorsqu'il  eut  été  établi  que  la  formation  de  la  vapeur  d'eau, 
avec  dégagement  de  chaleur,  donnait  toujours  lieu  à  l'émission 
d'un  groupe  de  rayons  déterminé,  je  voulus  savoir  si  les 
périodes  vibratoires  correspondantes  à  ce  groupe  seraient 
reconnaissables  aussi,  distinctement,  dans  Peau  liquide.  Je 
me.  proposai  donc  d'étudier  le  spectre  d'absorption  de  l'eau. 

Pour  réaliser  cette  expérience  dans  toute  sa  pureté,  je  fis 
traverser  aux  rayons  la  nappe  d'eau  d'une  petite  chute,  afin 
d'éviter  l'influence  perturbatrice  des  parois  de  verre;  sans 
doute,  on  aurait  pu  éliminer  cette  influence,  mais  elle  eût 
en  tout  cas  nécessité  l'emploi  d'une  source  calorifique  beaucoup 
plus  forte,  vu  que  le  verre  retient  la  majeure  partie  des 
rayons  obscurs.  De  plus,  avec  la  disposition  adoptée,  il  était 
impossible  que  le  corps  absorbant,  s'échauffant  lui-même, 
intervînt  dans  le  résultat  par  sa  radiation  propre. 

Une  mince  feuille  de  laiton,  dans  laquelle  on  avait  pratiqué 
une  ouverture  rectangulaire  longue  de  22  mm.  et  large  de 
7  mm.,  fut  placée  verticalement  devant  la  fente.  Un  peu 
au-dessus  de  l'ouverture  se  terminait  un  tube  de  verre,  qui 
était  incliné  sous  un  petit  angle  vers  la  feuille  métallique, 
et  d'où  s'écoulait  de  l'eau  à  pression  constante.  L'eau  s'étendait 
sur  la  feuille  sous  la  forme  d'une  mince  pellicule,  non 
interrompue  par  l'ouverture;  celle-ci  était  en  quelque  sorte 
bouchée  par  une  petite  nappe  d'eau  continue,  dans  laquelle 
on  pouvait  distinguer  quelques  lignes  de  courant,  qui  toutefois 
restaient  parfaitement  constantes  de  forme  tant  que  la  hauteur 


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DANS   LE  SPBCTRB  INFBÀ-ROUGE. 


373 


de  pression  ne  changeait  pas.  Lorsqu'on  fermait  l'accès  à 
l'eau,  puis  qu'on  le  rouvrait,  les  mêmes  lignes  de  courant 
réapparaissaient. 

Comme  source  de  chaleur  servait  un  creuset  de  platine, 
qui  présentait  son  ouverture  à  la  fente  et  dont  le  fond  était 
chauffé  (au  rouge)  par  une  flamme  de  Bunsen.  En  chaque 
point  du  spectre  je  déterminais  d'abord  la  radiation  directe» 
en  fermant  l'accès  à  l'eau,  puis,  immédiatement  après,  la 
quatité  de  chaleur  transmise  par  l'écran  liquide  ;  pour  chaque 
espèce  de  rayons  l'absorption  se  laissait  alors  exprimer  en 
centièmes.  Deux  séries  d'observations  furent  exécutées  de 
cette  manière;  dans  la  plupart  des  points  du  spectre  les 
résultats  relatifs  à  ces  deux  cas  concordent  presque  exactement; 
une  seule  fois,  la  différence  dépassa  2% 

Voici  les  nombres  de  la  seconde  série: 


Déviation 

minima 

des  rayons. 

Radiation 
directe. 

Radiation 

transmise 

par  la 

oouche  d'eau. 

d'où 
absorption. 

Déviation 

minima 

des  rayons. 

Radiation 
directe. 

Radiation 

transmise 

par  la 

couche  d'eau. 

d'où 
absorption 

40° 

3 

2 

33% 

39°  5' 

215 

18 

91±% 

39°  50' 

9 

6 

33 

39°  2*30" 

204 

21 

85 

39°  40' 

33 

24 

30 

39° 

177 

24 

86 

39°  35' 

67 

49 

27 

38°  57  30" 

164 

16 

90 

39°  30' 

135 

88 

35 

38°  55' 

141 

11 

92 

39°  25 

241 

133 

45 

38°  50' 

214») 

7 

96 

39°20' 

334 

148 

56 

38°  45' 

163 

5 

97 

39°  15' 

197») 

33 

83 

38°4(y 

132 

4 

97 

39°  12'  30" 

225 

20 

91 

38°  30> 

80 

2| 

97 

39°  W 

214 

15 

93 

38°  20' 

52 

U 

97 

39°  730" 

210 

13 

94 

38°  W 

39 

2 

95 

i)  La  source  de  chaleur  fut  affaiblie. 
a)  La  source  de  chaleur  fut  renforcée. 


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374  W.   H.   JULIUB.   RECHBBOHBS    BOLOMÔTRIQUES 

Les  observations  correspondant  aux  trois  premières  de  cette 
série  manquent  dans  Vautre  série,  parce  que  la  source  de  chaleur 
était  alors  généralement  plus  faible  et  que  par  suite  les  écarts 
étaient  trop  petits  ;  les  trois  nombre»  de  la  colonne  IV,  relatifs 
à  ces  observations,  méritent  donc  moins  de  confiance  que 
les  autres.  Une  inexactitude  commune  pèse  d'ailleurs  sur 
tous  les  chiffres  d'absorption  donnés,  car  il  n?a  pas  été  tenu 
compte  de  la  réflexion  aux  deux  surfaces  de  l'eau,  et  tous 
les  chiffres  sont  par  conséquent-  trop  forts.  Mais,  comme 
nous  n'avons  aucune  raison  d'admettre  une  réflexion  élective 
très  prononcée,  il  existe  une  grande  probabilité  pour  que  nos 
observations  représentent,  d'une  manière  approximative,  la 
marche  de  l'absorption. 

Un  coup  d'œil  jeté  sur  les  nombres  de  la  colonne  IV 
semblerait  indiquer  un  maximum  d'absorption  vers  39°  8*  et 
un  second  entre  38°  45'  et  38°  20'.  Le  premier  maximum  ne 
concorderait  donc  pas  avec  la  plus  forte  radiation  de  la 
vapeur  d'eau,  puisque  celle-ci  tombe  vers  39°  13'.  Si  toutefois 
nous  représentons  les  résultats  par  un  tracé  figuratif  (PI.  XIII 
fig.  1  e),  on  voit  que  la  courbe  d'absorption  peut  être  consi- 
dérée comme  la  superppsition  de  deux  lignes  courbes  diffé- 
rentes. Les  choses  se  présentent  comme  s'il  y  avait  un 
accroissement  continu  d'absorption  depuis  39°  30'  jusqu'à 
38°  45',  et  que  sur  la  pente  ainsi  formée  se  dressât  une  seconde 
élévation,  qui  posséderait  à  peu  près  la  forme  de  la  courbe 
de  probabilité,  si  la  base  était  horizontale.  Lç  sommet  de 
cette  élévation  ne  se  trouve  alors  pas  vers  39°  8',  mais  plus 
du  côté  des  petites  longueurs  d'onde  ;  de  nouvelles  recherches, 
faites  avec  soin,  montreront  probablement  que  sa  position 
coïncide  exactement  avec  celle  du  maximum  de  radiation  de 
la  vapeur  d'eau. 

Les  périodes  de  vibration  qui  prennent  naissance  lors  de 
la  formation  chimique  de  la  vapeur  d'eau  sont  donc  dis- 
tinctement reconnaissables  aussi  dans  l'eau  liquide,  mais 
elles  y   sont  accompagnées   d'autres   périodes,  qui  donnent 


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DANS   LB  SPBOTRB   INFRA-ROUGE.  375 

lieu  à  la  seconde  élévation  de  la  courbe  d'absorption,  élévation 
dont  le  sommet  n'est  pae  encore  connu  d'une  manière  certaine. 

Il  serait  maintenant  du  plus  haut  intérêt  de  pouvoir 
déterminer  aussi  les  courbes  d'absorption  de  l'acide  carbo- 
nique liquide,  de  l'acide  sulfureux  liquide  et  de  l'acide  chlor- 
hydrique  liquide,  puisque  nous  avons  appris  à  connaître  les 
maxima  de  radiation  de  ces  corps  à  l'état  gazeux;  mais  les 
difficultés  inhérentes  à  de  semblables  déterminations  ne  sont 
pas  légères. 

Si  l'on  était  réellement  conduit  à  admettre,  comme  loi 
générale,  que  dans  les  spectres  d'absorption  des  liquides 
peuvent  être  reconnues  les  principales  périodes  de  vibration 
de  la  vapeur  correspondante,  il  en  résulterait  d'importantes 
déductions  concernant  la  constitution  des  liquides.  On  ne 
saurait  donc  trop  recommander  l'étude  approfondie  du  pou- 
voir absorbant  électif,  pour  les  rayons  calorifiques,  de  diffé- 
rents liquides  et  de  leurs  vapeurs.  Lorsque  pour  chaque 
point  du  spectre  l'absorption  est  exprimée  en  centièmes  de 
l'énergie  radiante  propre  à  ce  point,  les  courbes  ainsi  obtenues 
ont  encore  sur  les  courbes  d'émission  l'avantage  d'être  indé* 
pendantes  du  pouvoir  absorbant  électif  de  l'instrument  ther- 
mométrique et  des  préparations  de  sel  gemme,  et  de  donner 
par  conséquent,  avec  plus  de  fidélité  que,  les  courbes  d'émis- 
sion>  l'image  des  intensités  relatives  des  différentes  périodes 
qui  se  rencontrent  dans  un  même  corps. 


Remarques  générales  sur  les  résultats 
de  ces  expériences. 

Si  nous  embrassons  d'un  regard  les  résultats  fournis  par  l'ob- 
servations  des  spectres  d'émission  des  gaz  qui  brûlent,  nous 
voyons,  en  premier  lieu,  que  dans  le  spectre  calorifique  d'une 
flamme  les  différents  produits  de  la  combustion  se  laissent  en 
général  distinctement  reconnaître,  la  chaleur  de  la  flamme 
émanant  essentiellement  de  ces  produite  et  la  radiation  de 


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376      W.  H,  JULIUS.  RECHERCHES  BOLOMéTRIQUBS 

chacun  d'eux  occupant  une  place  déterminée  dans  le  spectre. 

Chaque  produit  de  combustion  gazeux  •)  n'émet  pas,  toute- 
fois, des  rayons  d'une  espèce  unique,  mais  un  groupe  d'on- 
dulations, dont  les  intensités  présentent,  de  part  et  d'autre 
d'un  maximum,  un  décaissement  continu  et  presque  symé- 
trique, de  telle  sorte  que  la  courbe  de  radiation  ressemble 
beaucoup  à  la  courbe  de  probabilité.  Ce  résultat  ne  repose, 
il  est  vrai,  que  sur  l'étude  du  spectre  prismatique;  mais, 
puisque  dans  toute  la  région  où  tombent  les  maxima  trouvés 
la  longueur  d'onde  est  sensiblement  une  fonction  linéaire  de 
l'angle  de  déviation,  la  forme  des  différentes  courbes  de  ra- 
diation, ramenées  au  spectre  normal,  conservera  à  très  peu 
près  le  même  type. 

Les  valeurs  absolues  des  intensités,  indiquées  par  les  lon- 
gueurs absolues  des  ordonnées  des  courbes  d'émission,  dé- 
pendent de  la  température  et  des  dimensions  de  la  flamme, 
de  la  vitesse  d'écoulement  des  gaz  combustibles,  etc.;  ces 
circonstances  ont  même  de  l'influence  sur  les  intensités  rela- 
tives des  différentes  ondulations  d'un  même  produit  de  com- 
bustion, en  ce  sens,  qu'elles  peuvent  modifier  le  degré  d'in- 
clinaison des  courbes  ;  mais  la  place  eu  maximum  est  pouf 
chaque  produit  de  œmbustion,  un  élément  constant,  qui  ne  dépend 
pas  sensiblement  de  la  température,  et  reste  le  même  quelle 
que  soit  la  composition  du  corps  combustible. 

Le  résultat  trouvé,  à  savoir,  la  forme  à  peu  près  symé- 
trique des  courbes  simples  et  l'invariabilité  de  position  de 
leurs  maxima,  ne  peut  tenir  à  une  grande  inexactitude  de 
la  méthode  d'examen,  par  suite  de  laquelle  des  écarts  assez 

i)  Jusqu'ici  on  n'a  analysé  que  les  spectres  de  flammes  à  produits  de 
combustion  gazeux  J'ai  fait  une  tentative  pour  soumettre  à  l'examen 
spectroscopique  la  flamme  de  l'hydrogène  silicié,  dans  laquelle  il  se  forme 
Si  0,,  matière  qui  ne  fond  qu'à  la  flamme  oxhydrique,  et  qui  par  conséquent, 
selon  toute  probabilité,  apparaît  directement  à  l'état  solide  lorsqu'elle  si 
forme  dans  une  flamme  d'hydrogène. 

Je  n'ai  pas  réussi,  toutefois,  avec  les  moyens  dont  je  disposais,  à  pré- 
parer Si  Hk  en  quantité  suffisante. 


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DANS  LE  SPECTRE  INFRÀ-ROUGR.  377 

notables  auraient  échappé  à  l'observation.  En  effet,  avec  les 
mêmes  instruments  et  dans  des  conditions  toutes  semblables, 
on  a  trouvé  aussi  la  forme  asymétrique  des  courbes  qui  re- 
présentent la  distribution  de  la  chaleur  sur  le  spectre  des 
corps  solides,  et,  de  même  que  M.  Langley,  j'ai  constaté  un 
notable  déplacement  du  maximum  —  du  côté  des  petites 
longueurs  d'onde  en  cas  d'accroissement  de  la  température  — 
lorsque  le  corps  radiant  consistait  en  une  feuille  de  cuivre 
recouverte  de  noir  de  fumée. 

Ainsi  qu'il  a  été  dit,  la  nature  des  principales  ondulations 
émises  lors  de  la  formation  d'un  produit  de  combustion  ne 
dépend  pas  sensiblement  de  la  manière  dont  les  atomes  con- 
stituants,  étaient  groupés  avant  leur  union.  Que  l'acide  car- 
bonique, par  exemple,  naisse  de  la  combustion  d'hydrocar- 
bures, de  celle  do  l'oxyde  de  carbone  ou  de  celle  du  sulfure 
de  carbone,  toujours  le  maximum  de  radiation  se  montre 
exactement  au  même  point  du  spectre.  Ce  fait  éveille  la  pré- 
somption qu'il  s'agit  ici,  non  pas  tant  de  mouvements  pé- 
riodiques qui  dépendent  de  la  nature  de  l'ébranlement  causé 
par  la  réaction,  mais  plutôt  de  vibrations  d'espèces  déter- 
minées, propres  à  la  combinaison  nouvellement  formée. 

La  circonstance,  ensuite,  que  lors  de  la  production  de 
chacun  des  composés  en  question  il  n'apparaît,  avec  grande 
intensité,  qu'un  seul  groupe  de  rayons,  rend  probable  que 
les  ondulations  émises  nous  font  connaître  les  périodes  essen- 
tielle» par  lesquelles  les  molécules  sont  caractérisées. 

Nous  sommes  confirmés  dans  cette  idée  par  le  résultat  de 
l'étude  du  pouvoir  absorbant  électif  de  l'eau  (voir  p,  373). 
Nous  avons  vu,  en  effet,  que  les  mêmes  rayons  qui  forment 
le  gros  de  l'émission  lorsque  la  vapeur  d'eau  prend  naissance, 
sont  aussi  absorbés  par  Veau  en  plus  forte  proportion  que 
les  ondulations  tombant  de  part  et  d'autre,  et  que  par  con- 
séquent il  existe  dans  l'eau  un  très  grand  nombre  de  par- 
ticules dont  les  vibrations  caractéristiques  concordent  exac- 
tement en  période  avec  les  mouvements  excités  dans  la  flamme 


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378  w.  h.  juutrs.  kbchbrches  BOLOMénuQUEs 

de  l'hydrogène.  La  confirmation  eût  été  plus  nette,  sans  doute, 
si  l'on  avait  déterminé  la  courbe  d'absorption  de  l'eau  à 
l'état  de  vapeur,  et  si  cette  courbe  n'avait  pas  présenté  la 
seconde  élévation;  mais,  à  mon  avis,  l'hypothèse  de  la  pré- 
sence de  polymères  dans  l'eau  liquide  n'a  rien  d'inadmis- 
sible; ces  polymères  seraient  alors  capables  d'absorber  des 
rayons  de  plus  grande  longueur  d'onde  et  pourraient  donc 
avoir  donné  lieu  à  l'apparition  du  second  maximum.  Oe  n'est 
encore  là  qu'une  hypothèse,  toutefois,  et  par  suite  la  ferme 
de  la  courbe  d'absorption  obtenue  ne  peut  nullement  prouver 
que  nous  ayons  appris  à  connaître  la  période  vibratoire  prin- 
cipale des  molécules  B%0;  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
le  résultat  de  l'étude  en  question  augmente  la  probabilité 
de  l'opinion  émise. 

C'est  un  fait  connu,  du  reste,  que  les  rayons  calorifiques 
le  plus  fortement  absorbés  par  la  vapeur  d'èau  sont  ceux 
qui  émanent  d'une  flamme  d'hydrogène,  et  que  Fàcide  car- 
bonique est  à  peu  près  impénétrable  à  la  radiation  d'une 
flamme  d'oxyde  de  carbone. 

M.  Tyndall  '  )  a  fait  tomber  sur  sa  pile  thermo-électrique 
la  radiation  d'une  flamme  d'hydrogène,  à  travers  un  tube 
de  4  pieds  de  longueur,  poli  en  dedans,  d*abord  vide  d'air, 
puis  rempli  d'air  atmosphérique  sec,  enfin  rempli  d'air  non 
desséché.  L'air  desséché  absorba  0%  de  la  radiation  de  la 
flamme  d'hydrogène,  Pair  non  desséché  17,2%  et  même,  un 
jour  plus  humide,  jusqu'à  20,3%;  de  la  chaleur*  au  contraire, 
qu'émettait  une  spirale  de  platine  portée  à  l'incandescence  par 
l'électricité,  *  l'air  atmosphérique  humide  ne  retenait  que  5,8%. 
„De  cette  forte  action  de  la  vapeur  atmosphérique  sur  la 
radiation  de  la  flamme  de  l'hydrogène  nous  pouvons  inférer," 
dit  M.  Tyndall,  «qu'il  y  a  synchronisme  entre  les  vibrations 
moléculaires  de  la  flamme  à  une  température  (suivant  Bun- 
sen) de  5898°  Pahr.  et  celles  de  la  vapeur  aqueuse  à  une 


i)  Tyndall,  Heat  a  mode  of  motion,  6*  éd.,  p.  412. 


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Teuuon. 

25mm,4 

50 

,8 

76 

,2 

101 

,6 

127 

,0 

254 

,0 

DAJiB   LE  SPECTRE   INPRA-ROUOE.  379 

température  4e  60°  Fahr*  L'énorme  chaleur  de  la  flamme  de 
l'hydrogène  augmente  l'amplitude  ou  l'écart  de  la  vibration 
atomique,,  mais  ne  change  rien  à  la  période  de  l'oscillation." 
En  ce  qui  concerne  la  radiation  de  la  flamme  de  l'oxyde 
de  carbone,  voici,  d'après  M.  Tyndall,  la  proportion  centé- 
simale qui  en  est  absorbée  par  l'acide  carbonique  à  diffé- 
rentes tensions: 

Absorption. 

48,0% 

55,5 

60,3 

65,1  . 

68,6 

74,3; 

en  cas  de  densité  suffisante,  l'acide  carbonique  peut  donc 
être  réputé  adiathermane  pour  la  flamme  de  l'oxyde  de  carbone. 

Du  point  de  vue  théorique,  également,  il  est  très  probable 
que  la  chaleur  excitée  dans  une  flamme  consiste  en  un 
mouvement  rapide  des  produits  de  la  combustion,  suivant 
les  périodes  qui  caractérisent  ceux-ci. 

Si  l'on  admet,  en  effet,  que  chaque  molécule  et  chaque 
atome  possède  une  durée  de  vibration  déterminée  par  sa 
nature,  on  peut  croire  aussi  qu'à  une  température  donnée 
correspondra,  pour  chaque  particule  qui  se  meiït  librement, 
une  amplitude  moyenne  déterminée.  Alors  seulement  qu'elle 
possède  cette  amplitude-là,  elle  est  en  équilibre  avec  le  milieu 
ambiant;  car,  tandis  que  par  son  rayonnement  elle  perdrait 
de  l'énergie  et  diminuerait  donc  en  amplitude,  le  milieu 
ambiant  —  qui  émet  des  ondulations  de  toutes  les  espèces, 
possibles  et  par  conséquent  aussi  de  l'espèce  dont  la  période 
concorde  avec  celle  de  la  particule  —  lui  apporte  incessamment 
de  l'énergie  nouvelle,  et  de  là  doit  résulter  évidemment  un 
état  d'équilibre,  où  le  mouvement  de  la  particule  conserve 
une  même  amplitude  moyenne  d'oacillation.  Cette  amplitude 
dépend  de  la  force  avec  laquelle  les  rayons  en  question  sont 


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380  W.   H.   JULIUS.    RECHERCHES   BOLOMÉTRIQUES 

émis  par  le  milieu  ambiant,  c'est-à-dire,  en  général  *),  de  la 
température  seule. 

Prenons  maintenant  deux  gaz,  l'hydrogène  et  le  chlore,  par 
exemple.  A  10°  C,  chacun  d'eux,  considéré  à  part,  est  en 
équilibre  avec  un  milieu  ordinaire,  et  les  deux  espèces  de 
molécules  possèdent  chacune  leur  période  caractéristique  et 
leur  amplitude  déterminée  par  la  température.  Aussitôt,  toute- 
fois, qu'elles  s'unissent  les  unes  aux  autres  —  par  affinité, 
ou  quel  que  soit  le  nom  donné  à  la  cause  —  il  se  forme  un 
nouveau  corps,  l'acide  chlorhydrique,  dont  les  molécules 
possèdent,  elles  aussi,  leur  durée  de  vibration  caractéristique  ; 
mais  on  n'a  absolument  aucune  raison  pour  supposer  que 
l'amplitude  de  ces  vibrations,  au  moment  de  leur  naissance, 
sera  tel  que  l'acide  chlorhydrique  soit  en  équilibre  avec  le 
milieu  ambiant.  Ce  serait  en  effet  un  hasard  bien  singulier 
si  le  mouvement  périodique  tout  nouveau,  dont  la  grandeur 
dépend  uniquement  de  l'énergie  qui  était  disponible  dans  les 
éléments,  possédait  d'emblée  une  intensité  telle,  que  les 
ondulation  synchrones  venant  du  milieu  ambiant  lui  appor- 
tassent, par  unité  de  temps,  un  renforcement  tout  juste  égal 
à  l'affaiblissement  causé  par  sa  propre  radiation.  Et  quand 
même  ce  phénomène  rare  se  présenterait  pour  un  milieu 
déterminé,  il  ne  pourrait  subsister  dans  un  autre  milieu,  où 
la  répartition  de  l'énergie  entre  les  différentes  ondulations 
ne  serait  pas  la  même,  où,  en  un  mot,  la  radiation  à  „ période 
d'acide  chlorhydrique"  serait,  en  ce  qui  concerne  l'intensité, 

i)  A  savoir,  lorsque  le  milieu  ambiant  ne  change  pas  de  nature.  A  la 
même  température,  toutefois,  un  autre  milieu  peut  très  bien  émettre  les 
rayons  en  question  avec  une  autre  intensité,  de  sorte  que,  si  Ton  transportait 
la  particule  d'un  milieu  dans  un  autre,  il  pourrait  arriver  que  cela  eût  le 
même  résultat,  par  rapport  à  l'amplitude  de  la  particule,  qu'un  changement 
de  température.  Telle  est  peut-être  l'explication  de  certains  phénomènes 
chimiques,  par  exemple,  du  fait  que  la  seule  présence  d'une  matière  peut 
causer  la  décomposition  d'un  autre  corps,  qui,  dans  un  milieu  ordinaire, 
ne  se  dissocie  qu'à  une  température  supérieure.  Rappelons  la  décomposition 
du  chlorate  de  potasse  en  présence  du  peroxyde  de  manganèse,  etc. 


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DANS   LE   SPECTRE  INFRA-ROUGE.  381 

dans  un  autre  rapport  avec  les  radiations  à  période  de  chlore 
et  à  période  d'hydrogène  que  cela  n'était  le  cas  dans  le 
.premier  milieu. 

Nous  pouvons  donc  prédire  qu'en  général  une  combinaison 
nouvellement  formée  ne  sera  pas  en  équilibre  avec  le  milieu 
ambiant  ;  que  la  période  caractéristique  de  la  combinaison  se 
manifestera  initialement  avec  une  amplitude  plus  grande  ou 
plus  petite  que  celle  qui  peut  subsister  à  la  température  des 
objets  environnants,  et  que  par  conséquent  le  corps,  aussitôt 
après  sa  naissance,  émettra  ou  absorbera  des  rayons  de  chaleur 
qui  par  leur  longueur  d'onde  feront  connaître  les  périodes 
propres  aux  particules.  Le  premier  cas  se  présente,  par  exemple, 
lors  de  la  combustion,  le  second,  lors  de  la  préparation  des 
mélanges  réfrigérants. 

Tout  indique  donc  que  l'étude  des  maxima  de  radiation 
et  des  maxima  d'absorption  nous  offre  le  moyen  d'arriver  à 
la  connaissance  d'une  série  de  nouvelles  et  précieuses  constantes 
physiques:  celle  des  périodes  vibratoires  caractéristiques  des 
molécules. 

En  tant  que  le  tableau  de  la  page  336  et  la  courbe  tracée 
d'après  ces  chiffres  sur  la  PL  XIII  représentent  exactement  le 
rapport  entre  les  longueurs  d'onde  des  rayons  et  leurs  angles 
de  déviation  minima  dans  le  prisme  de  sel  gemme,  il  est 
possible  de  donner  les  longueurs  des  ondulations  qui,  suivant 
les  observations  décrites,  sont  émises  in  maximo  parles  différents 
produits   de    combustion  *). 


>)  Il  reste  toujours,  dans  ces  expériences,  quelque  incertitude  quant  à 
la  valeur  absolue  des  déviations  dans  le  spectre  obscur.  Car,  après  la  mise 
au  point  sur  la  raie  I>,  on  fait  reculer  le  bolomètre  d'environ  15  mm. 
pour  l'amener  dans  le  plan  focal  des  rayons  obscurs  moyens,  puis  on  le 
fait  descendre  à  l'effet  de  remplacer  dans  le  spectre  le  fil  de  pointage  par 
la  bandelette  bolométrique.  Il  faut  que,  pendant  la  première  de  ces  mani- 
pulations, le  fil  glisse  exactement  le  long  de  l'axe  optique  de  la  lentille 
de  sel  gemme,  et  qu'ensuite  le  milieu  de  la  bandelette  prenne  la  place, 
préalablement  occupée  par  le  fil  de  pointage.  Or,  la  disposition  actuelle 
du   spectrobolomètre  ne  permet  pas  de  s  assurer  de  ces  coïncidences.  De 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  25 


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382 


W.   B.   JtTLIUS.   RECHKBCHK8   BOLOM&TRIQUES 


Corps  radiants. 

Poids  moléculaires. 

Longueurs  d'onde 

des  rayons 
caractéristiques. 

HtO 

18 

2.«,73 

0  0(1) 

28 

2,85 

H  Cl 

36| 

3,68 

C0, 

44 

4,57 

cos 

60 

8,48 

sot 

64 

10,01 

HBr 

81 

>    15,..(?) 

P,Os 

142 

>    80, ..(?) 

Si  Ton  prend  les  poids  moléculaires  pour  abscisses  et  les 
longueurs  d'onde  pour  ordonnées,  les  extrémités  de  celles-ci 
tombent,  comme  le  montre  la  figure  ci-jointe,  sur  une  courbe 
très  rapidement  ascendante,  d'un  cours  assez  uniforme.  Pro- 
longée conjecturalement,  cette  courbe  fait  prévoir  le  maximum 
de  HBr  vers  18«  et  celui  de  P2Os  au-delà  de  60". 

L'expérience  mentionnée  p.  358,  concernant  la  radiation 
d'une  flamme  dans  laquelle  il  se  forme  de  l'acide  bromhy- 
drique,  n'était  pas  décisive,  à  la  vérité,  mais  je  crois  néan- 
moins pouvoir  en  conclure  que  les  rayons  principalement 
émis  par  HBr  ne  tombent  pas  dans  la  partie  du  spectre  où 
la  longueur  d'onde  est  moindre  que  15." .  Quant  à  la  période 
principale  de  P20*,  il  résulte,  de  ce  qui  a  été  dit  p.  368, 
que  l'explication  la  plus  probable  des  faits  observés  se  trouve 
dans  l'admission  d'un  maximum  de  rayonnement  dont  la 
déviation,  occasionnée  par  un  prisme  de  sel  gemme  de  60°, 
serait  inférieure  à  25°.  S'il  est  permis  de  prolonger  jusque-là 

là  peut  donc  résulter  une  erreur  constante  dans  la  position  des  maxima 
par  rapport  à  la  raie  du  sodium;  car  à  un  écart  de  0,1  mm.  seulement 
correspondrait  une  différence  de  plus  d'une  minute  dans  la  déviation  ob- 
servée; mais  ni  le  caractère  général,  ni  les  distances  mutuelles  des  élé- 
vations trouvées  n'en  seront  sensiblement  modifiés. 


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iL- 


&_ 


1* 


ii 


M_ 


COSi 


1 

a 

î 


a ùl 


20 


W      i  et  i     4? 
1m     cûm 


JlJ M- 


JUL 


SmO  CO 

Poids  moléculaires 


COSSU, 


SBr 


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DANS  LE  SPECTRE  INFRA-ROUGE.  383 

la  courbe  de  dispersion  de  M.  Langley,  la  longueur  d'onde, 
en  ce  point,  sera  déjà  de  plus  de  80." ,  et  la  longueur  d'onde 
de  la  radiation  de  P20-  paraît  encore  surpasser  cette  valeur. 

Je  présenterai  encore  une  dernière  remarque,  à  propos  du 
fait,  découvert  par  M.  Langley,  que  le  spectre  solaire  s'arrête 
assez  brusquement  vers  À  =  2«,7.  Voici  comment  M.  Langley 
décrit  ce  phénomène  : 

^Ensuite,  en  me  servant  du  réseau,  j'ai  déterminé  par 
l'observation  directe  les  longueurs  d'onde  de  la  région  de 
chaleur  solaire  la  plus  récemment  découverte,  et  j'ai  montré 
qu'il  existait  une  longueur  qu'on  n'avait  pas  soupçonnée, 
de  2.a,7,  c'est-à-dire  27000  de  l'échelle  d'Angstrôm.  Ici  la 
chaleur  solaire  cesse  sensiblement  et  d'une  façon  relativement 
brusque,  comme  si  elle  était  remplacée  par  une  bande  froide 
d'une  étendue  indéfinie.  Je  ne  prétends  pas  affirmer  qu'il 
n'existe  absolument  pas  de  chaleur  au-delà  (à  vrai  dire,  il 
y  a  quelques  indications  douteuses  de  chaleur  au-delà  de  ce 
point,  comme  je  l'ai  dit),  mais  que,  s'il  y  en  a,  elle  est  à  peu 
près  infinitésimale". 

Or,  à  2M,73  se  trouve,  comme  nous  l'avons  vu,  le  maximum 
de  radiation  de  la  vapeur  d'eau,  et  nous  avons  donc  toutes 
raisons  d'affirmer  que  les  rayons  de  cette  longueur  d'onde 
seront  très  fortement  absorbés  par  l'atmosphère.  La  termi- 
naison du  spectre  solaire,  au  point  indiqué,  paraît  donc  devoir 
être  attribuée  à  l'action  absorbante  de  la  vapeur  d'eau  at- 
mosphérique. Des  ondulations  de  longueur  plus  grande,  au 
contraire,  pourront  de  nouveau  atteindre  la  surface  de  la  terre, 
et  paraissent  réellement,  d'après  le  passage  cité  de  M.  Langley, 
exister  dans  le  spectre  solaire;  mais  nous  sommes  fondés  à 
croire  qu'on  ne  parviendra  jamais  —  si  ce  n'est  à  de  très 
grandes  altitudes  — -  à  y  trouver  des  rayons  dont  la  longueur 
d'onde  s'élèverait  à  environ  4."  ,57,  car  ces  rayons,  à  supposer 
que  la  chaleur  solaire  les  renferme,  seraient  infailliblement 
retenus  par  l'acide  carbonique  de  l'atmosphère. 


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LE  COEFFICIENT  ISOTONIQUE  DE  LA 
GLYCERINE, 


PAR 

HUGO    DE    VRIES 


Depuis  les .  déterminations  que  j'ai  faites  des  coefficients 
isotoniques  des  matières  qui  se  trouvent  le  plus  fréquemment 
dans  le  suc  des  cellules  végétales,  l'attention  des  botanistes 
s'est  de  plus  en  plus  portée  sur  la  glycérine.  Or,  cette  sub- 
stance ne  figurant  pas  dans  mon  tableau  des  coefficients  en 
question,  j'ai  pensé  qu'il  y  aurait  de  l'intérêt  à  l'étudier,  elle 
aussi,  à  ce  point  de  vue  •).  Il  n'était  guère  douteux,  à  la 
vérité,  que  la  glycérine  ne  suivît  la  règle  générale  des  com- 
posés organiques  et  que,  par  suite,  son  coefficient  ne  fût  à 
peu  près  le  même  que  celui  des  sucres  et  des  acides  orga- 
niques; mais,  pourtant,  une  détermination  expérimentale 
directe  ne  m'a  pas  paru  entièrement  superflue. 

Avant  de  faire  connaître  le  résultat  obtenu,  je  parlerai  des 
faits  qui  ont  motivé  cette  étude. 

Ces  faits  sont  de  deux  espèces.  Les  uns  ont  rapport  à 
l'absorption  de  la  glycérine  comme  aliment,  les  autres  à 
l'action  de  cette  substance  comme  réactif  plasmolytique. 

Lorsque   des  fragments   de   feuilles  vertes,  coupés  à  l'aide 

i  )  La  glycérine  manque  aussi  dans  les  tableaux  de  M.  Hamburger,  qui, 
pour  la  détermination  des  coefficients  isotoniques,  a  eu  recours  à  Faction 
des  matières  dissoutes  sur  les  corpuscules  sanguins.  Voir:  Onderzoekingen 
van  het physiologisch  Laboratorium  der  Utrechtsche  Hoogeschool,  3«  reeks, 
IX,  1884,  p.  26. 


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HUGO   DE    VRIBS.    LE   COEFFICIENT    ISOTONIQUE    ETC.         385 

de  ciseaux,  sont  déposés  à  la  surface  d'une  dissolution  étendue 
de  sucre  de  canne  ou  de  sucre  de  raisin,  de  telle  façon  que 
ce  liquide  puisse  pénétrer  dans  les  vaisseaux  ouverts  et  que 
néanmoins  l'air  continue  à  arriver  par  les  stomates  aux  cel- 
lules du  parenchyme,  on  remarque  que  ces  cellules  peuvent 
se  nourrir  de  la  solution  qui  leur  est  offerte.  A  ses  dépens, 
en  effet,  elles  peuvent,  dans  l'obscurité,  fabriquer  de  la  fécule. 
C'est  ce  qui  est  mis  en  évidence  lorsque,  avant  l'expérience, 
les  feuilles  ont  été  complètement  .dépouillées  de  leur  fécule 
par  un  séjour  prolongé  dans  l'obscurité.  On  retrouve  alors, 
quelques  jours  après  l'absorption  du  sucre,  de  la  fécule  dans 
les  grains  de  chlorophylle  Ces  expériences  ont  été  faites  pour 
la  première  fois  par  M.  Bôhm  et  décrites  dans  la  Bot  Zeitung 
de  1883,  n°.  3.  Dans  le  même  Journal,  M.  Arthur  Meyer 
annonça,  en  1886,  n°.  5,  que  ces  expériences  réussissent  non 
seulement  avec  différentes  sortes  d'hydrates  de  carbone  et  avec 
la  mannite,  mais  aussi  avec  la  glycérine.  Ce  sont  surtout  les 
feuilles  d'une  Composée,  le  Cacalia  suaveolem,  qui  assimilent 
facilement  la  glycérine.  Après  avoir  séjourné  sur  ce  liquide, 
employé  de  préférence  en  solution  à  10%,  ces  feuilles  ont, 
ordinairement  déjà  au  -bout  de  4 — 6  jours,  formé  de  la  fécule 
dans  toutes  les  cellules. 

Ces  expériences  s'exécutent  d'une  manière  plus  simple  et 
plus  élégante  en  prenant,  au  lieu  de  fragments  de  feuilles,  des 
Algues  d'eau  douce.  M.  Klebs,  opérant  sur  un  Zygnema,  a  trouvé 
que  cette  Algue  peut  absorber  de  la  glycérine  et  en  former 
de  la  fécule.  J'ai  observé  la  même  chose  avec  le  Spirogyra 
nitida,  qui,  à  une  température  favorable  (20 — 25°  C),  avait, 
déjà  après  un  séjour  de  deux  fois  vingt-quatre  heures  dans 
la  glycérine  à  l'obscurité,  fabriqué  de  la  fécule  en  quantité 
notable.  Aussi  peut-on  cultiver  ces  deux  Algues  des  semaines 
entières  dans  l'obscurité,  à  la  seule  condition  de  les  nourrir 
du  susdit  composé  organique. 

Le  second  groupe  de  faits  est  de  date  encore  plus  récente. 
L'année  dernière,  M.  Klebs  communiqua,  dans  les  Berichte  der 


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386  HUGO    DE   VRIES.    LE    COEFFICIENT 

deutschm  botanischen  Gesellschaft  (T.  V;  p.  187),  qu'il  avait 
plasmolysé  par  la  glycérine  des  cellules  de  Zygnema,  et  que 
cette  plasmolysé,  d'abord  assez  forte,  avait  ensuite  disparu 
peu  à  peu.  Cela  ne  pouvait  s'expliquer  qu'en  admettant  que 
la  glycérine  avait  pénétré,  à  travers  le  protoplasma,  dans  le 
suc  cellulaire,  dont  la  concentration  s'était  ainsi  trouvée  aug- 
mentée. Le  grand  intérêt  de  ce  cas  tenait  surtout  à  ce  qu'il 
était  entièrement  isolé.  Dans  mes  expériences  sur  la  plasmo- 
lysé, en  effet,  celle-ci,  une  fois  engagée,  n'avait  plus  jamais 
disparu,  à  moins  qu'on  n'eût  enlevé  le  réactif  par  des  lavages, 
ou  fait  mourir  les  protoplastes  par  un  poison  faible  ou  par 
un  trop  long  séjour  dans  le  liquide.  Et  dans  les  expériences 
de  M.  Klebs,  la  glycérine  fut  la  seule  substance  qui  put,  sans 
préjudice,  traverser  en  aussi  grande  quantité  le  protoplasma 
vivant  du  Zygnema  ').  J'ai  commencé  par  répéter  ces  expé- 
riences en  opérant  sur  le  Spvrogyra  nitida,  et  j'ai  reconnu  que, 
chez  cette  plante  également,  dans  des  solutions  de  3,3  à 
environ  7%,  la  plasmolysé  d'abord  produite  disparaît  bientôt  : 
au  bout  de  quelques  heures  dans  les  solutions  les  plus  faibles, 
au  cours  d'une  couple  de  jours  dans  les  plus  fortes.  Les  fila- 
ments recouvrent  alors  toute  leur  raideur,  de  sorte  qu'il  n'est 
pas  même  besoin  d'un  examen  microscopique  pour  se  con- 
vaincre de  la  disparition  de  la  plasmolysé.  Dans  cet  état,  ils 
continuent  aussi  à  croître,  sans  le  moindre  trouble,  au  sein 
des  solutions  de  glycérine. 

Ensuite,  j'étudiai  des  plantes  vasculaires.  Là  encore,  la  plas- 
molysé dans  la  glycérine  ne  tarda  pas  à  s'effacer,  et  cette 
substance  passa  donc  assez  vite  à  travers  le  protoplasma,  sans, 
l'endommager  sensiblement.  Tel  fut  le  résultat,  par  exemple, 


i)  Des  phénomènes  analogues  ont  été  observés,  l'an  dernier,  par  M. 
Janse,  sur  des  Chaetomorpha  et  Spirogyra  placés  dans  des  dissolutions 
de  salpêtre  et  de  chlorure  de  sodium  (Botan.  Centralblatt,  1887,VIII  n°.40). 
Ces  matières  toutefois,  sont  loin  de  passer  aussi  facilement  que  la  glycérine 
à  travers  le  protoplasma  vivant,  et  elles  n'ont  pas  non  plus  la  même  in- 
nocuité que  cette  substance. 


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ISOTONIQUE   DE   LA   GLYCERINE.  387 

chez  Tradescanêia  zebrina,  Vriesea  splmdens,  Coleus  Verschaf- 
felti,  Haemanthu8  albiflos  et  Impatiens  Sultana.  La  propriété  en 
question  est  donc  très  généralement  répandue  dans  le  règne 
végétal. 

Demandons-nous  maintenant  ce  que  ces  faits  peuvent  nous 
apprendre  au  sujet  du  rôle  de  la  glycérine  Une  des  propri- 
étés les  plus  caractéristiques  des  cellules  végétales,  c'est  que 
leur  protoplasma  n'est  que  très  difficilement  perméable  aux 
matières  dissoutes.  Les  sels,  les  différents  sucres,  en  un  mot 
toutes  les  substances  inoffensives  qui  ont  été  examinées  à  cet 
égard,  le  traversent  en  général  si  mal  que  leur  accumulation 
dans  le  suc  cellulaire  ne  peut  être  constatée  par  voie  plas- 
molytique.  Dans  les  plantes  vasculaires,  la  glycérine  seule  fait 
exception;  elle  est  transmise  assez  facilement  par  les  mêmes 
protoplastes  qui  se  montrent  si  peu  perméables  aux  autres 
matières.  Il  est  à  présumer  que  ce  phénomène  a  une  signi- 
fication bien  déterminée  pour  la  vie  des  cellules. 

Lors  des  expériences  ci-dessus  citées,  sur  la  nutrition  des 
feuilles  par  les  hydrates  de  carbone  et  lamannite,  M.  Arthur 
Meyer  a  trouvé  que  les  feuilles  de  plantes  différentes  se  com- 
portent, dans  une  solution  de  la  même  matière,  d'une  façon 
différente.  En  général,  les  espèces  qui  assimilaient  le  plus 
facilement  une  matière  étaient  celles  qui,  dans  la  vie  ordi- 
naire, peuvent  elles-mêmes  donner  naissance  au  composé  dont 
il  s'agit.  Ainsi,  les  feuilles  de  beaucoup  ftOleacées  sont  con- 
nues pour  leur  richesse  en  mannite,  et  ce  sont  précisément 
ces  plantes-là  qui,  mieux  que  toute  autre  espèce  végétale, 
absorbent  à  l'obscurité  la  mannite  et  la  transforment  en  fécule. 
La  même  chose  se  vérifie  chez  les  Silénées  par  rapport  à  la 
galactose,  et  dans  nombre  d'autres  cas. 

S'il  était  peimis  d'appliquer  cette  observation  à  la  glycérine, 
on  serait  conduit  à  penser  que  cette  substance  est  beaucoup 
plus  répandue  dans  le  règne  végétal  qu'on  ne  l'admet  pré- 
sentement, et  que  peut-être  elle  joue,  au  moins  en  des  cas 
assez    nombreux,    un   rôle   important  dans   le  transport   et 


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388  HUGO    DE   VRIES.   I/E   COEFFICIENT 

l'assimilation  des  matières  organiques.  Son  aptitude  à  être 
transformée  en  fécule  par  des  cellules  vertes  montre  suffisam- 
ment que  des  raisons  sérieuses  peuvent  être  invoquées  en 
faveur  de  cette  présomption. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  à  prévoir  que  l'attention  s'atta- 
chera de  plus  en  plus  à  la  glycérine  considérée  comme 
matière  nutritive  des  plantes,  et  que,  partant,  cette  substance 
fera  bientôt,  de  divers  côtés,  l'objet  d'expériences.  Dans  les 
expériences  de  ce  genre,  la  concentration  des  dissolutions, 
comparée  à  celle  du  suc  cellulaire,  exerce  toujours  une  in- 
fluence capitale.  Tantôt  la  tension  osmotique  des  deux  liquides 
devra  être  la  même,  tantôt  elle  devra  différer.  Or,  pour 
pouvoir  calculer  d'avance,  à  l'aide  de  la  valeur  isotonique 
du  suc  cellulaire,  celle  des  solutions  de  glycérine  à  employer, 
il  faut  naturellement  connaître  le  coefficient  de  cette  sub- 
stance. Telles  sont  les  raisons  qui  m'ont  engagé  à  effectuer 
la  détermination  de  ce  coefficient. 

Parmi  les  plantes  indicatrices  de  mes  expériences  antéri- 
eures, le  Bégonia  manicata  était  celle  qui  présentait  le  plus  de 
résistance  au  passage  des  matières  dissoutes  à  travers  le  pro- 
toplasma. J'ai  donc  recherché,  en  premier  lieu,  si  les  proto- 
plastes  de  cette  plante  laissaient  passer  la  glycérine  en  quantité 
plasmolytiquement  appréciable.  Le  résultat  fut  négatif:  une 
fois  commencée,  la  plasmolyse,  si  faible  qu'elle  soit,  ne  dis- 
paraît plus  dans  ces  cellules.  Le  Tradescantia  discolor,  l'une 
des  deux  autres  plantes  indicatrices,  n'éprouva  au  contraire 
dans  la  glycérine  qu'une  plasmolyse  transitoire  et  était  par 
conséquent  impropre  à  la  détermination  du  coefficient  iso- 
tonique. Quant  à  la  troisième  indicatrice,  je  ne  l'avais  pas, 
cette  fois,  à  ma  disposition.  J'ai  donc  dû  borner  mes  expé- 
riences au  Bégonia  susnommé. 

La  détermination  eut  lieu  exactement  de  la  manière  décrite 
précédemment  !).    Comme   matériaux,  je   choisis  les  écailles 


*)  Pringsheim's  Jahrbùcher  f.  Wiss.  Bot,  Bd.  XVI,  p.  450-465. 


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ISOTONIQUE   DÉ   LA    GLYCERINE.  389 

rouges  qui  entourent  le  pétiole  au  voisinage  immédiat  du 
limbe  de  la  feuille,  plus  spécialement,  Tépiderme  de  la  face 
supérieure  des  écailles  annulaires  supérieures.  De  cet  épi- 
derme  furent  faites  douze  préparations  microscopiques,  dont 
chacune  contenait  plusieurs  centaines  de  cellules  rouges,  et 
qui,  d'après  l'expérience  acquise  antérieurement,  étaient  suf- 
fisamment comparables  entre  elles.  Pour  chaque  expérience 
on  employait,  bien  entendu,  une  nouvelle  feuille.  La  con- 
centration la  plus  faible,  à  laquelle  dans  ces  cellules  se 
produise  encore  la  plasmolyse,  tombe  pour  le  nitre  entre 
0,12  et  0,10  molécule,  et  pour  la  glycérine  entre  0,20  et  0,30 
molécule.  Partant  de  cette  détermination  proyisoire,  je  préparai 
des  dissolutions  de  0,12,  0,13,  0,14,  0,15,  0,16  et  0,17  mol. 
de  nitre,  et  de  0,20,  0,22,  0,24  0,26,  0,28  et  0,30  mol.  de 
glycérine,  dans  lesquelles  je  plongeai  les  douze  préparations 
d'une  même  écaille  annulaire.  De  chaque  dissolution  on 
prenait,  pour  cela,  environ  10  ce.  Au  bout  de  2 — 5  heures  on 
pouvait  être  assuré  qu'un  état  d'équilibre  s'était  établi;  les 
préparations  étaient  alors  soumises  à  l'examen  microscopique. 
Dans  quelques-unes  des  expériences  je  répétai  cet  examen 
quelques  heures  plus  tard,  afin  de  me  convaincre  que  la 
limite  n'avait  pas  varié.  Effectivement,  aucun  déplacement 
ne  fat  constaté. 

Des  six  expériences,  les  cinq  premières  ont  été  exécutées 
avec  des  feuilles  du  Bégonia  manicata  ordinaire,  chaque  feuille 
étant  cueillie,  autant  que  possible,  sur  un  pied  différent.  Pour 
la  sixième  expérience,  on  se  servit  de  la  variété  B.  manicata 
variegata.  Toujours  on  choisissait,  parmi  les  feuilles  encore 
saines  des  plantes,  celles  qui  étaient  les  plus  anciennes.  La 
durée  des  expériences  fut  :  pour  I,  deux  heures  ;  pour  II  et 
III,  trois  heures;  pour  IV  et  V,  quatre  heures;  pour  VI, 
quatres  heures  et  demie. 

Dans  le  tableau  ci-dessous  ne  figurent  que  celles  des  dis- 
solutions employées  qui  embrassaient  immédiatement  la  limite. 
En  tête  des  colonnes  sont  inscrits  les  degrés  de  concentration, 


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390 


HUGO   DE   VRIKS.    LE   COEFFICIENT 


exprimés  en  molécules-grammes  par  litre.  Les  dissolutions 
contiennent  donc  par  litre  autant  de  fois  92  grammes  de 
glycérine  que  l'indiquent  les  nombres  inscrits.  Ces  dissolutions 
furent  faites  en  étendant  convenablement  de  la  glycérine  pure, 
d'une  densité  de  1,249  =  95%  '). 

C.  I.  désigne  la  concentration  qui,  d'après  l'expérience,  est 
isotonique  à  celle  du  suc  cellulaire,  Le  rapport  de  ces  chiffres 
pour  le  nitre  et  la  glycérine  est  marqué  dans  la  dernière 
colonne.  La  moyenne  4de  ces  rapports,  multipliée  par  le 
coefficient  isotonique  du  nitre  =r  3,  donne  le  coefficient  de 
la  glycérine. 

Les  autres  lettres  signifient  :  n,  aucune  cellule  plasmolysée  ; 
hp,  environ  la  moitié  des  cellules  plasmolysées  ;  p,  toutes  les 
cellules  plasmolysées.  Je  renvoie  d'ailleurs,  pour  de  plus  am- 
ples détails  sur  la  composition  et  la  valeur  de  pareils  tableaux, 
à  ma  communication  antérieure  2). 


Glycérine. 

Nitre  potassique. 

0,20 

0,22 

0,24 

0,26 

C.  I 

0,13 

0,14 

0.15 

0,16 

CI. 

Rapport. 

I 

n 

hp 

P 

P 

0,22 

n 

P 

P 

0,135 

0,614 

II 

n 

P 

P 

0,23 

n 

hp 

P 

0,14 

0,608 

III 

- 

n 

n 

P 

0,25 

n 

hP 

P 

0,14 

0,560 

IV 

n 

hp 

P 

0,24 

n 

hp 

P 

0,14 

0,583 

V 

n 

hp 

P 

0,24 

n 

hp 

P 

0,15 

0,625 

VI 

• 

n 

n 

P 

0,25 

n 

hp 

P 

0,14 

0,560 

En  moyenne,  on  a  donc  pour  la  glycérine: 

Rapport  des  concentrations  isotoniques ....  0,592 
Coefficient  isotonique 1,78 

Comparons  maintenant  ce  chiffre  avec  les  valeurs  corres- 
pondantes trouvées  pour  les  autres  composés  organiques  qui 
ont  été  étudiés  sous  ce  rapport,  ainsi  qu'avec  les  abaissements 

i)  Strohmer,  dans  Fresenius'  Zeitschrift  fur  analytische  Chemie,  XXIV, 
1885,  p.  107. 

*)  Pringsh.  Jahrb.,  le. 


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ISOTONIQUE   DE   LA    GLYCERINE. 


391 


moléculaires  du  point  de  congélation  !).  Les  premières  ne 
s'écartent  pas  beaucoup  du  chiffre  2,  et  de  même  les  seconds 
ne  s'éloignent  guère  de  18,5.  J'emprunte  les  abaissements 
moléculaires  au  tableau  étendu  de  M.  Raoult,  dans  lequel  la 
loi  en  question  est  démontrée  pour  une  trentaine  de  matières 
organiques,  les  unes  azotées,  les  autres  non  azotées  2). 


Glycérine  .  .  . 
Sucre  de  canne 
Sucre  interverti 
Acide  malique. 

„       citrique  . 

„  "    tartrique 


Coefficient 
isotonique. 

.  1.78  . 

.  1,88  . 

.  1,88  . 

.  1,98  . 

.  2,02  .  . 

.  2,02  . 


Abaissement 

du  point 

de  congélation. 

.  .  .  17,1 

.  .  .  18,5 

.  .  .  19,3 

.  .  .  18,7 

.  .  .  19,3 

.  .  .  19,5 


Je   regarde   donc  comme  démontré  que  la  glycérine  suit 
mes  lois  des  coefficients  isotoniques. 


')  Pringsh.  Jahrb.,  l.c,  p,  512. 

2)  F.  M.  Raoult,  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  5«sér.,  T.  XXVIII,  1883, 
p. 5  et  11  du  tiré  à  part. 


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ELUCIDATION  GRAPHIQUE 

DE   LA 

RÈGLE  GÉNÉRALE  POUR  LA  FORME  DE  LA  TRAJECTOIRE 
ET  LES  PROPRIÉTÉS  DU  MOUVEMENT  CENTRAL, 

PAR 

G.   SCHOUTBN. 


I.     Introduction. 

Les  résultats  généraux  exposés  dans  mon  Mémoire:  Règle 
générale  pour  la  forme  de  la  trajectoire  et  la  durée  du  mouvement 
central  '),  ont  été  déduits  principalement  de  l'équation 

/r  C2 Frz 

en  cherchant  si,  et  à  quelles  distances  du  centre,  la  vitesse 
radiale  devient  nulle,  autrement  dit,  en  déterminant  les  ra- 
cines de  l'équation: 

rrC*—Fr* 


•-r 


dr  =  0. 


]>ans  les  pages  suivantes,  ces  racines  seront  construites 
graphiquement.  Les  courbes  dont  les  intersections  mutuelles 
donneront  les  racines  peuvent  être  choisies  de  manière  que 
Tune  d'elles  se  transforme  en  droite;  la  direction  de  cette 
droite   est   déterminée   par  la  vitesse  aréolaire  du  mouvement 


*)   Verslagen  en  Mededeelingen  der  Koninkl.  Akad.  van  Wetensch.  Afd. 
Natuurk,  3de  Reeks,  Deel  III. 
Arch.  néerland.,  T.  XXII,  p.  158. 


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G.   SCHOUTEN.    ELUCIDATION   GRAPHIQUE   ETC.  393 

(c'est-à-dire,  par  Taire  que  le  rayon  vecteur  décrit  dans  l'unité 
de  temps),  tandis  que  sa  situation  absolue  dans  le  plan  ne 
dépend  que  de  Y  énergie  avec  laquelle  le  mouvement  s'exécute. 

L'autre  courbe  est  déterminée  uniquement  par  la  loi  d'ac- 
tion de  la  force. 

Si  donc  cette  courbe  est  dessinée  d'après  un  système  de  coor- 
données rectangulaires,  toute  droite  tracée  dans  son  plan 
fera  connaître,  dans  les  points  où  elle  la  coupe,  les  distances 
auxquelles  sont  situés  les  péricentres  et  les  apocentres  delà 
trajectoire.  La  vitesse  arêolaire  avec  laquelle  le  mouvement  a 
lieu  sur  cette  trajectoire  sera  déterminée  par  l'angle  que  la 
droite  fait  avec  Taxe  des  abscisses,  tandis  que,  Yénergie  du 
point  mobile  est  donnée  par  le  point  d'intersection  de  la 
droite  avec  Taxe  des  ordonnées. 

Un  déplacement  de  la  droite  dans  le  plan  indiquera  gra- 
phiquement le  rapport  qui  existe  entre  la  situation  et  la 
dimension  de  la  trajectoire  et  la  vitesse  arêolaire  et  l'énergie  du 
mouvement  sur  cette  trajectoire;  il  nous  conduira  ainsi  à  une 
règle  concordant  avec  celle  qui  a  été  formulée  au  §  51  du 
Mémoire  ci-dessus  cité. 

On  verra,  en  outre,  que  la  courbe  possède  des  caractères 
dont  la  connaissance  nous  permet  de  lire  sur  une  figure  une 
foule  de  propriétés  du  mouvement  central.  Nous  retrouverons 
de  cette  manière  toutes  les  propriétés  des  trajectoires  menti- 
onnées soit  dans  mon  Mémoire  antérieur,  soit  dans  celui  de 
M.  Korteweg:  Sur  les  trajectoires  décrites  sous  V influence  d'une 
force  centrale  }). 

Comme,  de  sa  nature  même,  la  méthode  graphique  ne  nous 
apprend  rien  concernant  la  durée  du  mouvement,  et  que,  pour 
pouvoir  juger  du  mouvement  réel,  il  est  pourtant  nécessaire 
de    savoir   si   sa  durée  est  finie  ou  non,  je  renverrai  par  la 


K)  Versl.  en  Mededeel.  der  Kon.  Akad.  v.    Wetens.,  Afd.  Natuurk., 
2de  Reeks,  Deel  XX . 
Arch.néerl.,  T.  XX,  p.  391. 


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394  G.    SCHOUTBN.    BLUCIDATION   GRAPHIQUE 

notation  (R.  0.  §)  au  §  de  Règle  générale  etc.  où  le  calcul  décide 
à  cet  égard. 

L'honneur  de  l'heureux  choix  des  courbes  qui  déterminent 
dans  ce  cas  les  racines  de  l'équation  revient  à  M.  B.  Peirce. 
Du  moins,  dans  son  ouvrage  A  System  of  AnalyUc  Méchantes, 
il  applique  la  méthode  graphique  ;  et  bien  que  son  ignorance 
des  trajectoires  à  cercles  asymptotiques  intérieurs  et  exté- 
rieurs ait  occasionné  une  lacune  dans  cette  application,  les 
résultats  auxquels  il  est  arrivé  sont  d'une  simplicité  si 
inattendue,  qu'ils  m'ont  engagé  à  essayer  de  combler  la 
lacune  en  question. 


IL     La  courbe  potentielle  et  la  droite 
aréolaire. 

Si   dans  la  formule  (6)  de  (R.  G.  §  2),  savoir 


/r  C2  —  Fr3 
rs         dr, 


nous  posons 


f—Fdr=  U, 


elle  se  transforme  en 

*r'*={r0''  +  Vo-V+V-U0, 
ou  aussi,  à  cause  de 

en 

tr"  =  V-(V+U0-\vt*). 

La  première   condition  pour  la  possibilité  du  mouvement 
étant  que   r'2  n'ait  pas  de  valeurs  négatives,  le  mouvement 


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DE   LA    RÈGLE   GENERALE    ETC.  395 

ne  pourra  avoir  lieu  qu'à  des  distances  pour  lesquelles  on 
aura: 

Prend-on  maintenant  U  pour  ordonnée  y  d'un  système  de 
coordonnées  rectangulaires  dont  r  est  l'abscisse,  alors 

y  =  U 

représentera  l'équation  d'une  courbe  dont  la  forme  dépend 
seulement  de  la  loi  d'action  de  la  force,  et  à  laquelle  M. 
Peirce  a  donné  le  nom  de  courbe  potentielle. 

De  même,  si  l'on  prend  V  +UQ  —  *  V  pour  ordonnée, 

y=V+  17.  -*V 
représente  l'équation  d'une  seconde  courbe,  dont  la  forme  ne 
dépendra  que  de  la  vitesse  aréolaire  |  C,  et  qui  sera  par  suite 
appelée  courbe  aréolaire. 

Si  les  deux  courbes  sont  tracées  sur  le  même  système  de 
coordonnées,  toutes  les. parties  de  la  courbe  potentielle  dont 
les  ordonnées  sont  plus  grandes  que  les  ordonnées  corres- 
pondantes de  la  courbe  aréolaire,  ou  qui,  comme  nous  l'ex- 
primerons dans  la  suite,  sont  situées  au-dessus  de  la  courbe 
aréolaire,  indiqueront  les  distances  où  le  mouvement  est 
possible. 

C2 

2  Puisqu'on  aF=  — ^- ,  la  courbe  aréolaire  se  transfor- 
mera en  ligne  droite  si,  au  lieu  de  r,  on  prend  — ^  pour  abscisse. 

Choisissons  donc,  à  l'exemple  de  M.  Peirce,—  pour  abscisse 
x,  et  exprimons  aussi   U  en  x;  alors 

y=u (i) 

y  =  {C2x  +  U0-iv0* (2) 

représentent  respectivement  l'équation  de  la  courbe  potentielle 
et  celle  de  la  droite  aréolaire. 

3.  Lorsqu'à  la  force  F  on  en  ajoute  une  nouvelle,  de  la  forme 


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396  G.   SCHOUTEN.   ELUCIDÀTIOBT   GRAPHIQUE 

4,    U  est  augmenté  de  2^r  ou  \  P%-  Pour  la  valeur  de  r'2, 

toutefois,  le  résultat  sera  le  même  si,  ne  touchant  pas  à  £7, 
on  diminue  V  de  la  quantité  |  \a  x.  Cette  diminution  de  V 
changera    C%    en   C2  —  p,    de    sorte    qu'augmenter  la  force 

centrale  de  la  valeur  ^  équivaut  à  diminuer  C*   de  p  '). 

4.  Propriétés  de  la  courbe  potentielle. 

La  tangente   à   la  courbe   potentielle   fait   avec  Taxe   des 

abscisses   un  angle  dont  la  tangente  j^  est  donnée  par 

dx       dr  '  dr  *  .........  v  / 

H  en  résulte  que: 

Pour  des  abscisses  croissantes,  la  courbe  potentielle  s'éVève  en 
cas  de  forces  attractives,  s'abaisse  en  cas  de  forces  répulsives  2). 

Par  conséquent,  là  où  la  courbe  potentielle  est  parallèle  à 
Taxe   des  abscisses,   la  force  est  nulle;    là  où  la  courbe  est 

perpendiculaire   à  cet  axe,  la  force  est  infinie.  £our  F  =  -^ 

la  coujrbe  potentielle  est  une  ligne  droite. 

5.  On  a  ensuite: 

d*y_d±Fr*     dx_  dJV 

dx>—      dr      :  dr~       jT      dr      •'•••*' 

D'où  il  résulte: 

Les  parties  de  la  courbe  potentielle  qui  ont  leur  convexité 
tournée  vers  Taxe  des  ordonnées  indiquent  les  distances  pour 
lesquelles  Frz  est  une  fonction  croissante  de  r;  les  parties, 
au  contraire,  qui  tournent  leur  concavité  vers  Taxe  des  or- 
données font  connaître  les  distances  pour  lesquelles  Fr*  est  une 
fonction  décroissante  de  r.  Tout  point  d'inflexion  de  la  courbe 


i)  Ainsi    se    trouve  démontrée  la  proposition  de  (JR.  G.  §4).  Cette  dé- 
monstration a  été  donnée  par  M.  Peirce,  §  707. 
i)  Peirce  §  709. 


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DE  LÀ  RèoLE   GENERALE   ETC.  SÔ7 

potentielle  donne  une  distance  pour  laquelle  Fr3  atteint  une 
valeur  maxima  ou  minima. 

A  l'aide  des  dénominations  dont  M.  Korteweg  s'est  servi 
dans  son  Mémoire  '),  les  propriétés  ci-dessus  se  laissent  ex- 
primer de  la  manière  suivante: 

Dans  une  région  de  répulsion,  la  courbe  potentielle  syabaisste 
du  côté  des  abscisses  croissantes. 

Dans  une  région  de  stabilité,  la  courbe  potentielle  présente  sa 
convexité  au  côté  positif  de  Vaxe  des  ordonnées;  dans  une 
région  d'instabilité,  elle  y  présente  sa  concavité.  Tout  point 
d'inflexion  dans  une  partie  ascendante  marque  donc  la  limite 
entre  une  région  de  stabilité  et  une  région  d'instabilité. 

Dans  une  région  de  la  raison  inverse  du  cube  la  courbe  poten- 
tielle est  une  droite. 

Une  fois  tracée,  la  courbe  potentielle  fera  donc  connaître 
les  différentes  espèces  de  régions  dont  se  compose  le  champ 
du  mouvement. 


y 

^"T""~-\ 

.^~~~~~ 

0 

\ 

\    B  „ 

[y  f 

E 

D    € 

A 

Si  la  ligne  ci-dessus  est  la  courbe  potentielle  pour  une 
certaine  loi  d'action,  une  région  de  stabilité  s'étendra  autour 
du  centre,  jusqu'à  une  distance  indiquée  par  le  point  A. 
Viendront  ensuite  successivement,  à  mefcure  qu'on  s'éloigne 
vers  l'espace  infini,  une  région  d'instabilité  AB,  une  région 
de  répulsion  B  G,  une  région  de  stabilité  G  D,  une  région  d'in* 
stabilité  DE,  une  région  de  stabilité  EF,  enfin  une  région 
d'instabilité  F  0. 


t)  Korteweg  §  3.  La  région  où  la  force  exerce  une  action  répulsive  est 
dite  région ,  de  répulsion;  celle  où  la  force  est  attractive  s'appelle  région 
de  stabilité  si  Fr*  est  une  fonction  croissante  de  r,  région  d'instabilité 
si  cette  fonction  est  décroissante.  Lorsque  Fr*  est  constant,  la  région 
est  désignée  comme  région  de  la  raison  inverse  du  cube. 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  26 


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89S 


G.    SCHOUtf EH*.   KLtfOIDATlOtf  GRAPHIQUE 


6.   Le   chemin   vers  le  centre  est  ouvert  au  point  mobile 
lorsque,  pour  r  =  0  ou  x  =  oo,  on  a 

—  dret  U—  VQ  =  I  *  Fdr, 
o  o 

de  sorte  que  l'inégalité  ci-dessus  se  transforme  en 


W+j'Fdr^j'^dr, 


ce  qui,  d'après  les  notations  de  (R.  G.  §  44),  peut  être  écrit 
de  la  manière  suivante: 

Cela  s'accorde;  suivant  (R.  G.  §  51),  avec  le  calcul.  Sui- 
vant (R.  G.  §  52),  la  branche  spirale  qui  conduit  au  centre 
aura  un  nombre  fini  ou  infini  de  circonvolutions  selon  que 
qp  (0)  (étant  posé  Frz  =  <p  (r))  est  infiniment  grand  ou  fini, 
c'est-à-dire,  selon  que  la  courbe  potentielle,  quand  l'abscisse 
croît  à  l'infini,  a  ou  n'a  pas  pour  direction  limite  l'axe  des 
ordonnées.  Le  second  de  ces  cas  doit  se  présenter  lorsque 
le  centre  est  entouré  d'une  région  de  stabilité;  le  premier  ne 
peut  se  produire  que  si  autour  du  centre  s'étend  une  région 
d'instabilité. 

Corollaire.  Puisque,  pour  toutes  les  distances  auxquelles  le 
mouvement  a  lieu,  la  courbe  potentielle  doit  être  située 
au-dessus  ou  sur  la    droite  aréolaire,  on  aura  nécessairement 

C*<q>(0) 

lorsque   la.  trajectoire   s'étend  jusqu'au   centre.    Mais   cette 

condition,  en  ce  qui  concerne 
C*  —  9  (0),  n'est  pas  suffisante.  Dans 
le ,  cas,  en  effet,  où  le  centre  est 
entouré  d'une  région  d'mstabilité,  la 
courbe  potentielle  aura  une  asym- 
ptote. Or,  si  la  droite  aréolaire  a  la 
direction  de  cette  asymptote,  mais 


O 


/AccTgiy 


^W(o) 


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DE   LA   RÈGLE   GENERALE   ETC.  399 

qu'elle  soit  située  au-dessus  de  celle-ci,  elle  coupera  certaine- 
ment la  courbe  potentielle,  de  sorte  que  Paccès  au  centre 
sera  interdit. 

Le  même  résultat  a  été  obtenu  par  le  calcul  dans  (R.  G. 
§  33—36),  où  Ton  a  montré  que  pour  C2  zzq>  (0)  le  centre 
n'est  atteint  que  si  Ton  a,  en  même  temps,  E>  EQ. 

7.  Le  chemin  vers  l'infini  est  ouvert  au  point  mobile, 
lorsque,  pour  r  =  oo  ou  #=r0,  on  a: 

Mais  pour  r  =  oo  on  a    F=0  en  U —  V0  = — 1     Fdr, 

de  sorte  que  l'inégalité  se  change  en  celle-ci 
lvo*—f°Fdr>0, 


r0 
OU 

i:v0*  -t-J    Fdr>\  ' 

0  0 

laquelle,  à   l'aide    des   notations   de   (R.  G.  §  44),  peut  être 
écrite: 

E>  E„. 

Cela  s'accorde  avec  le  calcul  (R.  G.  §  51). 

Corollaire.  Lorsque  le  champ  de  mouvement  est  limité 
par  une  région  de  stabilité,  on  doit,  pour  E  =  E„9  avoir 
nécessairement 

C>   <  9  (oo  ), 

puisque  C2  >  cp  (oo  )  exclut  tout  mouvement 
à  très  grande  distance  du  centre.  Ceci  s'ac- 
corde avec  (R.  G.  §  18). 

Mais    si,    à    distance   infinie,   il  y   a  une 
région  d'instabilité,  il  faudra  que,  pour  -E?=  Em9  ' 

C2  <<?(<*>) 

26* 


on  ait 


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400  G.   SCfiOÙTEN.    fiLÛCIDAÏTÔN   GRAÊftlQttË 

puisque  C1  >  <p  (oo  )  exclut  le  mouvement 
à  très  grande  distance.  Ceci  s'accorde  avec 
(R.  G-  §  43). 
8.  Propriétés  de  la  droite  areolaire. 
La  droite   areolaire  fait  avec  Taxe  des 
abscisses  un  angle  cp  dont  la  tangente  est 
égale   à   \  C2,   tandis  qu'elle  coupe  l'axe 
des  ordonnées  en  un  point  situé  à  la  distance  U0  —  |  v02  de 
l'origine  des  coordonnées. 
H  en  résulte  que: 

1°.  Un  déplacement  de  la  droite  areolaire,  tel  que  cette  droite 
reste  parallèle  à  elle-même,  fera  connaître  toutes  les  trajectoires 
décrites  avec  la  même  vitesse  areolaire. 

Si  le  déplacement  de  la  droite  areolaire  s'effectue  de  ma- 
nière que  son  intersection  avec  l'axe  des  ordonnées  se  déplace 
dans  la  direction  négative  de  celui-ci,  l'énergie  du  mouve- 
ment correspondant  du  point  s'accroîtra. 

2°.  Une  rotation  de  la  droite  areolaire  autour  dyun  point  de 
Vaxe  des  ordonnées  fera  connaître  toutes  les  trajectoires  décrites 
avec  la  même  énergie. 

9.  En  tout   point  où  la   droite    areolaire  coupe  la  courbe 

potentielle  on  a  r'  =  0,  mais  \  C%  ^  \  F  r3  ou,  à  cause  de 

c*  —  jy_r„  ^R  G  §2>  formule  (41)^  r„  >  0 

t 

Un  pareil  point  d'intersection  donne  donc  une  distance  où 

la  trajectoire  possède  un  apocentre  ou  un  péricentre,  puisque 
le  calcul  a  appris  qu'une  semblable  distance  est  toujours 
atteinte  par  le  point  mobile. 

Nous  trouvons  donc  que: 

Tout  point  d'intersection  de  la  droite  areolaire  et  de  la  courbe 
potentielle  donne  un  apocentre  ou  un  péricentre  de  la  trajectoire; 
un  apocentre  lorsque  la  courbe  potentielle  se  continue  au-dessus 
de   la.  droite   areolaire,    un  péricentre   lorsqu'elle   se   continué 

AU-DESSOUS. 

10.  En  tout  point  où  la  droite  areolaire  touche  la  courbe 


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DE   LA   RÈGLE  GENERALE   ETC. 


401 


potentielle,   on   a  non  seulement  r'  =  0,  mais  aussi  r"  =  0. 
Lorsqu'un  pareil  point  de  contact  se  trouve  dans  une  région 
de    stabilité,    le   mouvement,  à  la    distance  indiquée  par  le 
point  de  contact,  ne  peut  être  que  circulaire. 

Lorsque,  au  contraire,  le  point  de 
contact  est  situé  dans  une  région  d'in- 
stabilité, la  possibilité  existe  que  le  point 
mobile  abandonne  l!orbite  circulaire. 

Pour  étudier  ce  cas  de  plus  près,  nous 
mettrons  la  fonction  C1  —  <p  (r),  qui 
pour  r  =  r0  est  nulle,  sous  la  forme 
suivante  : 


C2  —  <p  (r)  =  A  r3  q  (r  —  r0)8  -h  termes  d'ordre  supérieur 

de  (r  —  r0). 


A  représente  une  constante,  et  q  une  fonction  de  r  qui,  tant 
sur  l'orbite  circulaire  que  très  peu  en  dehors  de  cette  orbite, 
a  des  valeurs  positives  finies.  L'exposant  t  est  arbitraire,  à 
cela  près  qu'il  doit  être  plus  grand  que  0  et  fournir  pour 
q>  (r),  par  conséquent  aussi  pour  F,  une  valeur  réelle  lorsque 
r  <  r0. 

Si  *  est,  par  exemple,  une  fraction  à  numérateur  et  déno- 
minateur impairs,  l'orbite  circulaire  se  trouve  dans  une  région 
de  stabilité  pour  A  <  0,  dans  une  région  d'instabilité  pour 
A  >  0  ;  mais  si  le  numérateur  est  pair,  le  dénominateur  par 
conséquent  impair,  l'orbite  circulaire  forme  la  limite  entre 
une  région  de  stabilité  et  une  région  d'instabilité,  la  seconde 
étant  située  à  l'extérieur  pour  A  >  0,  à  l'intérieur  pour  A  <-  0. 

Dans   l'hypothèse   faite  au   sujet  de  C%  —  q>  (r),  l'équation 


>-r 


2=i  -—^i 


donne  : 


\r'*=Ax  Ql(r  —  roy+i+  .,., 


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402  G.   SCHOUTBN.   ELUCIDÀTION   GRAPHIQUE 

d'où  il  ressort  de  nouveau  que  pour  A  <  0  le  mouvement  est 
impossible  en  dehors  de  l'orbite  circulaire. 
On  a  ensuite: 

fi  4-1 

r'  =  +  *(r-r0)    2    + (a) 

où  X  est  un  facteur  variable. 
En  intégrait  cette  équation,  il  vient 

î  —  * 

*-*,=!,  (r-r0)    2    + {b) 

lorsque  e  diffère  de  1;  mais 

t-t0z=ll  l(r  —  rQ)+ (c) 

pour  6  =  1. 

On  voit  que  pour  *  ;>  1  la  seule  solution  possible  est 
r  =  r0,  mais  que  pour  e  <  1  la  supposition  rz=zr0  est  exclue. 
Celle-ci  est  une  solution  singulière  de  l'équation  du  mouve- 
ment, ce  qui  ressort  tant  de  la  solution  générale  (b)  que 
de  l'équation  différentielle  (a)* 

d  r 
D'après    (6),     en    effet,    j—  est,   au    signe    près,   égal    à 

dr     ,  ,         , 

-=-,  de  sorte  quon  a 
a  t 

dr  t±l 

Cette  expression  de  -=—  étant  nulle  pour  r  =  r0,  la  solution 

r  =  r0  sera  une  solution  singulière. 

L'équation  (a)  conduit  au  même  résultat.  Elle  donne 

dr'       r"  '  /J=i 

_  =  -r=±/*(r-r0)    2     +  ..., 

expression  qui  pour  r  =  r0  prend  une  valeur  infiniment 
grande,  lorsque  e  <  1  (Comp.  :  Boole,  J[  Treatise  on  Differen- 
tial  Equations ,  Chap.  VIII,  art.  11). 

Dans  le  cas  dont  nous  venons  de  nous  occuper,  la  trajec- 
toire décrite  par  le  point  mobile  doit  avoir  un  contact  d'ordre 


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MS   LA   RÈGLE  GENERALE   ETC.  408 

supérieur  avec  l'orbite  circulaire.  Tandis  que  pour  là  solution 
singulière  rz=ir0  toutes  les  dérivées  r(»)  de  r  par  rapport  au 
temps  sont  nulles,  il  n'en  pourra  être  de  même  de  toutes 
les  dérivées  telles  qu'on  les  obtient  en  différentiant  les  équa- 
tions du  mouvement,  lorsque  dans  ces  dérivées  on  posera 
r  rr  r0.  Si,  parmi  celles-ci,  r0(*)  est  la  première  qui  ne  devienne 
pas  nulle,  le  contact  sera  de  Tordre  (n  —  1). 
Puisque 

l'exposant  de  la  plus  basse  puissance  de  (r  —  r0)  sera  à  chaque 

e  H-  1 
dérivée  suivante  diminué  de  1  mais  augmenté  de   — —  ,   donc, 

en  somme,   diminué  de  ■.  Pour  r"  cet  exposant  est  *, 

donc  pour  r(*)  :  e  —  (n  —  2)  — ~—  ou  -  e ^-  ,     Il   résulte 

,  Là  là  là 

de  là: 

r0w  =  fini  pour  *  =  , 

0      .  ^     » 1 

r>+1)=:  fini  pour  e    =*  T  » 

„  <  n  -h  1 

de   sorte    que   le   contact   sera   du   ne  ordre  si  *  satisfait  à 
l'inégalité 

n  —  2    _       _n  —  1 

<  e    < -  , 

n  —  n  +  1 

* 

qui  peut  s'écrire  de  la  manière  suivante: 

2 
.  n  <  q <w-t-  1 

1  6    — 

où  (1 — *)  représente  le  degré  d'infinité  de  — <p' (r0). 

Si  l'on  a  donc  —  9'  (r0)  =  00  ,  le  point  mobile  abandonnera 
immédiatement  l'orbite  circulaire  ;  quant  à  savoir  s'il  se  por- 
tera  en  dehors  ou  en  dedans  de  celle-ci,  la  question  reste 


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404  G.   SCHOTJTBN.    ELUCIDÀTION   GRAPHIQUE 

indécise  ;  les  deux  directions  sont  également  possibles,  quel 
que  soit  Tordre  du  contact.  Si,  toutefois,  l'orbite  circulaire 
forme  la  limite  entre  une  région  de  stabilité  et  une  région 
d'instabilité,  le  mouvement  aura  lieu  dans  cette  dernière. 

Il  en  est  autrement  lorsque  le  point,  durant  son  mouve- 
ment, arrive  sur  l'orbite  circulaire  dans  l'état  r'  =  0  et  r"=  0. 
Tel  sera  le  cas  si  la  vitesse  aréolaire  et  l'énergie  du  mouve- 
ment sont  égales  aux  mêmes  grandeurs  prises» à  l'origine  du 
mouvement  sur  le  cercle.  Le  contact  est-il  d'ordre  pair,  le 
point  franchira  l'dfbite  circulaire  ;  est-il  d'ordre  impair,  le  point 
rebroussera  chemin,  après  avoir  atteint  l'orbite  circulaire. 
Celle-ci  est  alors  Y  enveloppe  de  toutes  les  trajectoires  que  le 
point  peut  décrire  sous  la  même,  loi  d'action  de  la  force. 

Les  résultats  obtenus  se  laissent  énoncer  de  la  manière 
suivante,  en  désignant  par  (C,  r0)  une  orbite  circulaire  de 
rayon  r0,  sur  laquelle  le  point  mobile  est  poussé  avec  la 
vitesse  aréolaire  £  C. 

Lorsque  Vorbite  circulaire  (C,  r0)  se  trouve  dans  une  région  de 
stabilité y  elle  est  la  seule  trajectoire  possible. 

Se  trouve-t-elle  dans  une  région  d' instabilité,  il  en  est  encore  de 
même  si  —  q>'  (r0)  a  une  valeur  finie.  Mais  si  —  y  (r0)  est  un 
infiniment  grand  de  V ordre  ri,  Vorbite  circulaire  ne  sera  pas  décrite. 
La  trajectoire  du  point  aura  avec  Vorbite  circulaire  un  contact,  dont 

2 

V ordre  est  indiqué  par  le  plus  grand  nombre  entier  inférieur  à  -,  *  ). 

V 
Pour  tout  mouvement  circulaire,  nous  trouvons  que: 

La  vitesse  aréolaire  {  C,  avec  laquelle  le  mouvement  s'effectue  à 
une  certaine  distance,  est  déterminée  par  V angle  cp  =  Arc.  Tg.  £  C2 
que  la  tangente  au  point  correspondant  de  la  courbe  potentielle  fait 
avec  Vaxe  des  abscisses. 

11.    La    distance  du   point   de    contact  à  la  droite  menée 


i)  Ce  résultat  se  trouvait  aussi  dans  le  Mémoire,  tel  que  je  l'ai  pré- 
senté à  l'Académie  royale  des  sciences;  mais  il  y  était  établi  d'une  autre 
manière. 


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DE   LA    KÈGLK   GENERALE   ETC. 


405 


parallèlement  à  Taxe  des  abscisses  par  le  point  où  la  tangente 
coupe  l'axe  des  ordonnées,  est  donné  par  l'équation 

xx±Fr*  =r  £jFV=f  ifc*. 

si  vc  représente  la  vitesse  du  mouvement  circulaire. 
Par  conséquent: 

Le  demi-carré  de  la  vitesse  avec  laquelle 
le  mouvement  circulaire  a  lieu  à  une  cer- 
taine distance,  est  donné  par  la  distance  du 
point  correspondant  de  la  courbe  potentielle- 
à  la  droite  tracée,,  parallèlement  à  l'axe  des 
y  abscisses,  par  l 'intersection  de  Vaxe  des 
ordonnées  et  de  la  tangente  à  la  courbe 
potentielle. 

12.  La  distance  d'un  point  de  la  courbe  potentielle  à  la 
droite  menée  parallèlement  à  Taxe  des  abscisses  par  le  point 
où  la  droite  aréolaire  coupe  Taxe  des  ordonnées,  est  donnée 
par  l'équation: 


U-  (U0  -  i  v*)  =  W  +  f°  Fdr=\  v* 


')• 


Par  conséquent: 

Le   demi-carré    de    la   vit-esse  avec 
laquelle  le  mouvement  a  lieu  à  une  cer- 
taine distance,  est  donné  par  la  dis- 
tance du   point  correspondant  de  la 
courbe  potentielle  à  la  droite  menée, 
parallèlement  à  Vaxe  des  abscisses,  par 
l'intersection  de  la  droite  aréolaire  et 
J  de  l'axe  des  ordonnées. 
13.    L'angle  xp,  que  fait  avec  l'axe  des  abscisses  la  droite  qui 
joint  un  point   de   la  courbe  potentielle   au  point  d'intersecti(m 


i  )  Peirce,  §  712. 


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406 


G.    SCHOUTBN.   ELUOIDATION  GRAPHIQUE 

C de  la  droite  aréolaire  et  de  Vaxe  des  or- 

données,  est  déterminé  par  l'équation 

tgy  z=±—=z  \v*r\ 

14.  Si  (r,  s)  est  l'angle  que  le  rayon 
vecteur  du  point  mobile  fait  avec  la 
tangente  à  la  trajectoire,  il  résulte 
du    principe    des     aires,    à    savoir 


v  r  sin  (r,  s)  =  C  : 

sin*(r,s)  =  — —, i=f^  ')• 
v*  r2       tg\p 

où  \p  est  l'angle  désigné  au  §  13,  et  q>  =.  Arc.  Tg.  \  G1  l'angle 
que  la  droite  aréolaire  fait  avec  Taxe  des  abscisses. 
15.  Si  q  est  le  rayon  de  courbure  de  la  trajectoire,  il  résulte  de 


=s  Fsm(r%  s)  : 


gsin(r,  s) v1  _  v^    2\ 

'       r  Tr  ~  -71     h 


Vc* 


Par  conséquent:  la  projection  du  rayon  de  courbure  de  la 
trajectoire  sur  le  rayon  vecteur  est  à  ce  rayon  vecteur  lui-même 
comme  le  carré  de  la  vitesse  à  celui  de  la  vitesse  ci/rculadre. 


III.  Propriétés  des  trajectoires  du 
mouvement  central. 

16.  A  l'aide  des  propriétés  qui  viennent  d'être  reconnues 
à  la  courbe  potentielle  et  à  la  ligne  aréolaire,  on  peut  lire 
sur  une  figure  les  propriétés  suivantes  des  trajectoires. 


AB 

i)  M.  Peirce  donne  sin1  (r,  s)  =  -^-r. 

5)  M.   Peirce   donne,  §   712,   une  expression  un  peu  différente  pour  le 
rayon  vecteur. 


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DE   LA   RÈGLE   GENERALE   ETC. 


407 


a.  Chaque* orbite  circulaire  dans  une  région   ,, .       juj*uC0UPe 

toutes  les  trajectoires  qui,  dans  cette  ré- 
gion, sont  décrites  avec  la  même  vitesse 
aréolaire  qu'elle,  mais  avec  une  plus 
grande  énergie. 

Au  point  d'intersection,  la  vitesse  ra- 

dlale  est   T^TCr  <?.§  18**19\ 
mmima  \  §  29      / 

S'il  résulte  de  là  (R.  G.  §  19)  que 
toutes  les  trajectoires  décrites  avec 
la  même  vitesse  aréolaire  suivant  la 
loi  d'action  (i  r— 2  ont  des  paramètres 
égaux,  la  même  propriété,  appliquée 
à  la  loi  d'action  pr,  nous  apprend 
que  toutes  les  ellipses  décrites  avec 
la  même  vitesse  aréolaire  ont  une  aire  égale.  En  effet,  a  et  6 
étant  les  demi-axes  de  l'ellipse,  la  vitesse  radiale  est  maxima 
lorsque  le  rayon  vecteur  est  égal  à  \/a  b.  Les  temps  de  révo- 
lution sont  donc  pareillement  égaux. 

6.   Chaque  orbite  circulait e  dans  une  région   _,.       ....     coupe 

a instabilité 

toutes  les  trajectoires  qui,  dans  cette  région,  sont 

décrites  avec  la  même  énergie  qu'elle,  mais  avec 

y/ne  vitesse  aréolaire  "plus  petite. 

Au  point  d'intersection,  on  a: 

1.  v=zve. 

maximum 


2.  vr  ' 


minimum 

0      .    ,     N  minimum 

3.  snnlr.s) 
maximum 

4.  La  projection  du  rayon  de  courbure  de  la 
trajectoire  sur  le  rayon  vecteur  est  égale 
au  rayon  vecteur. 

Les  théorèmes   1,  2  et  3  correspondent  aux  théorèmes  II 


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408  G.   SCHOUTEN.    ELUCIDATION   GRAPHIQUE 

et  III  de  M.  Korteweg,  qui  en  déduisit  que  toutes  les  orbites 
elliptiques,  décrites  avec  la  même  énergie  sous  l'action  d'une 
force  fir—*f  ont  des  axes  égaux;  si,  au  contraire,  elles  sont 
décrites  sous  Faction  de  la  force  p  r,  la  diagonale  du  rectangle 
construit  sur  les  axes  aura  la  même  longueur  pour  toutes 
les  ellipses. 

Le  théorème  4,  appliqué  à  la  loi  d'action  pr~2,  fait  con- 
naître que  le  centre  de  courbure  du  point  d'une  ellipse,  situé 
à  l'une  des  extrémités  diu  petit  axe,  est  l'intersection  de,  cet 
axe  avec  la  perpendiculaire  élevée  d'un  des  foyers  sur  la 
droite  qui  joint  ce  foyer  au  point  considéré  de  l'ellipse. 
Appliqué  à  la  loi  d'action  fi  r,  il  fait  voir  que  le  centre  de 
courbure  d'un  point,  situé  à  l'une  des  extrémités  des  dia- 
mètres conjugués  égaux,  se  trouve  à  l'intersection  de  deux  per- 
pendiculaires, Tune  élevée  du  centre  de  l'ellipse  sur  le  diamètre 
du  point,  l'autre  abaissée  du  point  sur  le  diamètre  conjugué. 
S  c.  Dans  une  région  de  stabilité  le  mou- 

vement ne  peut  jamais  devenir  circulaire.  > 
Dcms  une  région  d'instabilité,,  chaque 
orbite  circulaire  sera  cercle  asym/ptotique 
intérieur  ou  extérieur  pour  toutes  les  trajec- 
toires, dans  cette  région,  qui  sont  décrites 
avec  la  même  énergie  et  la  même  vitesse 
aréolaire  qu'elle  '). 

Il  ressort  de  la  figure  que,  dans  une 
région  d'instabilité,  le  point  mobile  peut 
des  deux  côtés  s'approcher  de  l'orbite 
circulaire,  et  le  calcul  (R.  G.  §  28  et  29) 
a  fait  voir  qu'il  a  besoin  pour  cela  d'un 

d  Fr3 
temps   infini,   sauf  lorsque  — -^ —  est    infiniment    grand    sur 

l'orbite  circulaire,  cas  où  le  point  atteindra  cette  orbite.  Ace 
moment,   on   a  r'  =2  0,  r"  =:  0,  sm  (r,  s)  =  1  et  le  rayon  de 

0  Pour  le  cas  de  - —  ==  oo  sur  l'orbite"  circulaire,  voir  S  10 


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Î)E  LA  RÈGLE   GENERALE  POtîR   ETC.  409 

courbure  de  la  trajectoire  égal  au  rayon  du  cercle,  de  sorte 

que   ce  dernier  est  le  cercle  de  courbure  de  la  trajectoire  à 

l'endroit  où  le  point  mobile  arrive  sur  l'orbite  circulaire.  A  ce 

moment,  le  point  a  donc  un  mouvement  semblable  sous  tous 

les  rapports  au  mouvement  circulaire,  et  c'est  à  cause  de  cela 

qu'il    a    été   dit  (R.  0.  §  28)  que  le  point  décrira  désormais 

l'orbite  circulaire  !). 

^  '  dFr*  . 

On    peut    encore    remarquer    que  pour— - —  =  —  oo     la 

courbe  potentielle  aura,  au  point  correspondant,  une  courbure 
infiniment  grande. 

Puisqu'en  un  point  d'inflexion  la  courbure  est  nulle,  une 
orbite  circulaire  située  à  la  limite  d'une  région  de  stabilité  et  d'une 
région  d'instabilité  sera  cercle  asymptolique  de  toutes  les  trajec- 
toires, dans  la  région  d'instabilité,  qui  sont  décrites  avec  la  même 
vitesse  arêolaire  et  la  même  énergie  que  Vorbite  circulaire. 

d.   Une  légère  perturbation  d'un  mouvement  circulaire,  dans  une 
région  de  stabilité,  donnera  lieu  à  un  mouvement  nouveau  suivant 
une  trajectoire  régulièrement  ondulée,  dont  les 
péricentres  et  les  apocentres  s'écarteront  très 
peu  de  l'orbite  circulaire  primitive  (R.G.  §  20). 
Si  la  perturbation  consiste  seulement  en 


augmentation   ,      ,        .,  , 

une  ..    .     ,.         de    la    vitesse    tangen- 
dimmution 

tielle,  les  P^^^       de  la  nouvelle  trajec- 
apocentres 

toire  seront  situés  sur  l'orbite  circulaire 
primitive. 

Si  la  perturbation  n'occasionne  qu'une 
vitesse    radiale,    la    nouvelle    trajectoire 
aura   ses  péricentres  en  dedans  de  l'or- 
bite circulaire  primitive,   ses  apocentres 
à  peu  près  à  la  même  distance  en  dehors. 

i)  Voir  toutefois,  pour  ce  cas,  le  §  40. 

2)  Korteweg,  J.c,  Théorème  VI,  corollaire  a. 


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410  G.   SCHOUTEN,    ÉLUCIDÀTION  GRAPHIQUE 

Si  la  perturbation  donne  lieu  tant  à  un  changement  de  la 
vitesse  tangentielle  qu'à  une  vitesse  radiale,  la  nouvelle  tra- 
jectoire coupera  régulièrement  l'orbite  circulaire. 

6.  Une  légère  perturbation  d'un  mouvement  circulaire,  dans  une 
région  d'instabilité,  produira  un  mouvement  nouveau  sur  une  tra- 
jectoire qui,  soit  du  côté  intérieur,  soit  du  côté  extérieur,  soit  des 
deux  côtés,  s'éloignera  jusqu'à  une  distance  finie  de  Vorbite  circu- 
laire (R.G.  §24)  ■). 

Si    la    perturbation    ne    donne 

,         augmentation    ,     ,       ., 
qu  une    ,.    .     ..  de  la  vitesse 

^  diminution 

tangentielle,  la  nouvelle  trajectoire 

péricentre  lf    ,  ., 

aura  un  r         m      sur  1  orbite  cir- 
apocentre 

culaixe,  et   quittera  la  région  du 

A.„  extérieur  ,,.      , 

côte  .  „  .       ,  ou  s  étendra  jusque 
intérieur 

à  l'infini     g.  tel  est  le  caspourla 

au  centre 

région  elle-même. 

Si  la  perturbation  ne  donne 
qu'une  vitesse  radiale,  la  nouvelle 
trajectoire  ne  pourra  pas  avoir 
d'apocentre  ni  de  péricentre  dans 
la  région  d'instabilité. 

Enfin,  la  perturbation  est-elle 
tout  à  fait  quelconque,  la  nouvelle 
trajectoire,  outre  les  formes  des 
cas  précédents,  pourra  encore  avoir 
un  cercle  asymptotique  intérieur 
ou  extérieur  à  la  place  d'un  apo- 
centre  ou  d'un  péricentre. 
/.    Une  perturbation  d'un  mouvement  cvrculavre,  à  la  limite  d'une 


i)  Ce   théorème  et  le  précédent  correspondent  au  théorème  IV  de  M. 
Korteweg. 


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DE  LA  RÈGLE  GENERALE    ETC. 


411 


région  de  stabilité  et  d'une  région  d'instabilité.,  donnera  un  mou- 
vement  nouveau  sur  une  trajectoire  qui  aura  toujours  un  apocentre 
ou  un  péncentrey  mais  qui  pourra  aussi  avoir  Vun  et  Vautre, 
ou  bien  Vun  des  deux  avec  un  cercle  asymptotique, 

g.    Pour    la   spirale  qui  conduit  au 
centre,  on  a 

C2 


lim  sin2  (r,  s)  = 
lim  q 


') 


>(0) 
=    0. 

Eu  égard  à  (fi.  G.  §  52),  nous  trou- 
vons : 

Une  spirale  qui  conduit  au  centre 
par  un  nombre  fini  de  circonvolutions 
(donc  pour  <p  (0)  =  oo  )  arrivera  à  ce  centre  dans  la  direction 
du  rayon  vecteur. 

Une  spirale  qui  conduit  au  centre  par  un  nombre  infini 
de  circonvolutions  (donc  pour  0  <  q>  (0)  <  oo  )  arrivera  à  ce 
centre  en  faisant  avec  le  rayon  vecteur  un  angle  aigu  si 
G%  <  ç>  (0),  un  angle  droit  si  C2  =  ç>  (0). 

Le  temps  mis  à  parcourir  la  spirale  qui  conduit  au  centre 
est  fini,  à  moins  que  le  centre  ne  soit  entouré  d'une  région 
d'instabilité,  qu'on  n'ait  E—E0  (donc 
q>'  (0)  =  ç>"  (0)  =  0)  et  qu'on  n'ait  eu  outre 
q>m  (0)  =  0,  auquel  cas  le  point  mobile 
s'approchera  asymptotiquement  du  centre 
(fi.  G.  §  35). 

h.  La  branche  qui  conduit  à  V  espace  infini 
présente  les  propriétés  suivantes  : 

Si  E  >  E„,  et  que  par  conséquent  la 
branche  soit  de  forme  hyperbolique  (R.G. 
§  52),  on  a  lim  sin  (r,  s)  =  0. 

C2 
Si  E  =  JEL.  on  a  lim  sin1  (r,  s)  =  —t — -  . 

i)  Korteweg,  l,c,  théorèmes  X«,  X*,  X«,  X<*. 


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412 


G.   SCHOITTBN.  éLUOÎDÀ-MON  GRÀftîIQtra 


Donc,  si  <p  (oo  )  =r  oo  ,  et  que  par  con- 
séquent la  branche  soit  de  forme  para- 
bolique (R.  G.  §  52),on  a  lim  #m  (r,  s)  =  0. 
Mais  si  <p  (oo  )  <  oo  ,  et  que  par  con- 
séquent la  branche  soit  une  spirale  d'un 
nombre  infini  de  circonvolutions  (R.G. 
§  52),  celle-ci  conduit  au  centre  en  fai- 
sant avec  le  rayon  vecteur  un  angle 
aigu.  C'est  seulement  lorsque  le  champ 
du  mouvement  se  termine  dans  une 
région  d'instabilité,  qu'on  peut  avoir 
C2  =  qp  (oo  ),  auquel  cas  lim  sin  (r,  s)  =  1. 
Les  figures  montrent,  en  outre,  que  les  branches  de  forme 
hyperbolique  ou  parabolique  ont  une  inclinaison  de  plus  en 
plus  forte  à  mesure  qu'elles  s'éloignent  vers  l'infini,  et  qu'il 
en  est  de  même  de  la  branche  spirale  située  dans  une  région 
de  stabilité;  tandis  que,  dans  une  région  d'instabilité,  une  pareille 
branche  sera  moins  inclinée  à  grande  qu'à  petite  distance. 
k.  Si  l'on  mène  aux  parties  de  la  courbe  potentielle  qui 
tournent  leur  côté  concave  vers  l'axe  positif  des  ordonnées 
toutes  les  tangentes  faisant  avec  l'axe  des  abscisses  un  angle 
y=:Arç  Tg  \  G2,  les  points  de  contact  détermineront  toutes 
les  distances  où  le  mouvement  circulaire  avec  la  vitesse  aré- 
olaire  £  C  est  possible.  Ces  distances  sont  naturellement  don- 
nées par  celles  des  racines  positives  de  l'équation  Fr%  —  C2=0 

qui  rendent  -^—  <  0. 
^  dr 


Si  la  courbe  de  la  figure  ci-dessus  représente  la  potentielle 


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DE  LA   RÈGLE   GÉNÉRALE   ETC.  413 

pour  une  certaine  loi  d'action  de  la  force,  on  pourra,  d'un 
point  dont  la  distance  au  centre  est  indiquée  par  le  point  A, 
faire  partir,  avec  la  vitesse  aréolaire  \  C,  deux  trajectoires  à 
cercle  asymptotique  intérieur,  mais  pas  de  trajectoire  à  cercle 
asymptotique  extérieur. 

La  figure  montre,  en  outre,  comment  la  trajectoire  du  point 
mobile  est  modifiée  lorsque  l'énergie  du  mouvement,  à  vitesse 
aréolaire  constante,  augmente  peu  à  peu. 

Si  l'énergie  est  au  minimum,  et  le  mouvement  par  con- 
séquent normal  au  rayon  vecteur  du  point,  le  péricentre  de 
la  trajectoire  se  trouve  en  A.  L'énergie  du  mouvement  aug- 
mente-t-elle,  le  péricentre  prendra  successivement  toutes  les 
distances  depuis  A  jusqu'au  point  JS,  où  est  situé  le  premier 
cercle  intérieur;  de  là,  il  sautera  brusquement  en  C,  de  sorte 
que  sur  B  C  il  ne  pourra  pas  y  avoir  de  péricentre  ;  puis  il 
se  déplacera  le  long  de  C  D,  atteindra  en  D  le  second  cercle 
asymptotique,  et  ensuite  sautera  de  nouveau  brusquement 
jusqu'en  Er  d'où  il  continuera  à  s'éloigner  peu  à  peu  du  centre. 
Dans  tous  les  cas,  la  trajectoire  conduira  à  l'infini  par  une 
branche  de  forme  hyperbolique   f). 

De  l'inspection  de  la  figure  ressort  la  proposition  suivante  : 

Le  nombre  des  trajectoires  à  cercle  asymptotique  — —. — ,  qui, 

ex  teneur    *    ' 

# 

décrites  avec  une  vitesse  aréolaire  constante,  peuvent  partir  d'un 

point,  est  égal  au  nombre  des  mouvements  circulaires  qui  dans  une 

région   d'instabilité  ont  lieu  avec  la  même  vitesse  aréolaire,  mais, 

le  c&ntre 
en  comptant  du  point  vers  7, .    .   .    ,  avec  une  énergie  de  plus  en 

l  i/nhm 

plus  grande. 

Comme,  d'après  (R.  G.  §  47,  form.  14)),  l'expression 


/■ 


y  (r)  _  c 


i)  Comp.  §  4  du  Mémoire  de  M.  Korteweg. 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  27 


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414  G.   âCftOOTKN.    étUCIDATION  ÔEAPHÎQtîîî 

représente  l'excès  de  l'énergie  du  mouvement  circulaire  qui 
s'exécute  à  la  distance  r*  avec  la  vitesse  aréolaire  \  C,  sur 
l'énergie  du  point  lorsqu'il  se  meut  à  la  distance  r  avec  la 
même  vitesse  aréolaire  et  normalement  à  spn  rayon  vecteur, 
la  proposition  ci-dessus  fournit  le  caractère  analytique  suivant  : 
Dans  l'intégrale    . 


s 


%(r)  —  C> 


prenez  successivement  pour  q,  rangées  suivant  leur  grandeur  de  r , 

jusque         .        . ,  celles  des  racines  de  V équation  Frz  —  C1  =0 
a  l  Vnjini 

v    dJPr3 
qui  rendent  — j —  <  0  ;   de   toutes   les   valeurs  que  V intégrale  ac- 
quiert  ainsi,  déterminez  celles  qui  forment  une  série  croissante  de 
valeurs  positives.  Le  nombre  des  termes  de  cette  série  sera  égal  au 

nombre   des  trajectoires  à  cercle  asymptotiqvœ         .       y    qui   peu- 

vent  partir  avec  la  vitesse  aréolaire  \  C  d'un  point  situé  à  la 
ddstmeerr 

La  figure  montre,  en  outre,  qu'il  peut  y  avoir  des  trajec- 
toires possédant  à  la  fois  un  cercle  asymptotique  intérieur 
et  un  cercle  asymptotique  extérieur. 

Si  une  droite,  en  effet,  touche  deux  parties  de  la  courbe 
potentielle  qui  ont  leur  concavité  tournée  vers  l'axe  positif 
des  ordonnées,  et  que  la  partie  comprise  entre  les  deux  points 
de  contact  soit  située  tout  entière  au-dessus  de  la  tangente, 
celle-ci  donnera,  aux  points  de  contact,  les  distances  où  se 
trouvent  les  orbites  circulaires  dont  s'approchera  asymptoti- 
quement  le  point  qui  se  meut  entre  elles  avec  une  vitesse 
aréolaire  et  une  énergie  égales  à  celles  de  chacun  de  ces  deux 
mouvements  circulaires. 

Le  caractère  analytique  de  l'existence  de  pareilles  trajec- 
toires consiste  en  ce  que,  dans  l'intégrale  . 


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DE   LA   RÈGLE   GENERALE    ETC. 


416 


/• 


Fr3  — Ca 


on  peut  choisir  pour  q  deux  racines  de  l'équation  Fr3  —  C2=0, 

l'une  plus  grande  et  l'autre  plus  petite  que  r,,   qui  rendent 

d  Fr* 

— ^ —   <  0  et  donnent  en  même  temps  à  l'intégrale  des  valeurs 

positives  et  égales. 

Le  nombre  des  couples  de  semblables  racines  fait  connaître 
le  nombre  des  trajectoires  qui,  d'un  point  situé  à  la  distance 
r  du  centre,  peuvent  partir  avec  la  vitesse  aréolaire  \  C  et 
s'approcher  asymptotiquement,  aussi  bien  dans  la  direction 
du  centre  que   dans  celle  de  l'infini,   d'une  orbite  circulaire. 

I.  Si  d'un  point  de  l'axe  des  ordonnées  on  mène,  sous  un 
angle  aigu  avec  cet  axe,  toutes  les  droites  qui  touchent  la 
courbe  potentielle  en  des  parties  ayant  leur  concavité  tournée 
vers  l'axe,  positif  des  ordonnées,  les  points  de  contact  don- 
neront les  distances  où  les  mouvements  circulaires  s'exécutent 
avec  la  même  énergie. 


La  courbe  ci-dessus  représentant  la  potentielle  pour  une 
certaine  loi  d'action  de  la  force,  il  pourra  partir  d'un  lieu 
indiqué  par  A,  avec  une  vitesse  \/2PQ,  une  trajectoire  à 
cercle  asymptotique  intérieur  et  une  trajectoire  à  cercle 
asymptotique  extérieur. 

Ici  .encore,  nous  voyons  comment  la  situation  et  la  grandeur 
de  la  trajectoire   sont  modifiées  avec  la  vitesse  aréolaire  du 

27* 


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416  G.    SOHOUTEN.   étAJCIDÀTION   GRAPHIQUE 

mouvement.  Lorsque  celle-ci  est  au  maximum,  la  trajectoire 
a  un  péricentre  en  Pr  un  apocentre  en  A.  La  vitesse  aré- 
olaire  diminue-t-elle  peu  à  peu,  le  péricentre  se  déplacera  de 
la  distance  P  P2  et  l'apocentre,  simultanément,  de  la  distance 
ABU  tandis  qu'en  B%  se  trouve  le  cercle  asymptotique  ex- 
térieur. La  vitesse  aréolaire  décroît-elle  encore  plus,  la  trajec- 
toire cessera  d'avoir  un  apocentre,  tandis  que  le  péricentre 
se  portera  de  P2  en  6,  où  est  situé  le  cercle  asymptotique 
intérieur.  Pour  une  vitesse  aréolaire  encore  plus  petite,  la 
trajectoire  perd  aussi  son  péricentre. 

De   la  figure  ressort  la  vérité  de  la  proposition  suivante: 

intérieur 

Le  nombre  des  trajectoires  à  cercle  asymptotique       ,  .       ,  fui, 

exicTtieur 

décrites  avec  une  énergie  constante,  peuvent  partir  dfun  point,  est 

égal  au  nombre  des  mouvements  circulaires  qui  dans  une  région 

d'instabilité  ont  lieu  avec  la  même  énergie,  mais,  en  comptant  du 

point  jusque  .  „ .  .  . ,  avec  une  vitesse  aréolaire  de  plus  en  plus 
r         '    *      a  l  infini  r  r 

petite. 

Comme,  d'après  b,  sur  les  orbites  circulaires  situées  dans 
une  région  d'instabilité,  le  produit  v  r  a  une  valeur  minimum 
pour  toutes  les  trajectoires  qui  sont  décrites  avec  la  môme 
énergie  que  le  mouvement  circulaire,  nous  trouvons  le  ca- 
ractère analytique  suivant: 

Le  nombre  des  trajectoires  à  cercle  asymptotique         .       ,    qui 

peuvent   partir   d'une  distance  rt    avec  la  vitesse  vx,  est  égal  au 

nombre   des  -valeurs  minima,  prises  par  vr,  qui  sont  plus  petites 

.,     j   ,    ,.  .  .  au  centre  , 

que  vtrt  et  qui,  comptées  de  la  distance  rt  jusque  K  ;,.    -  .forment 

une  série  décroissante  de  valeurs  positives  !). 

Ici  encore  on  trouve  que  tout  couple  de  valeurs  minima 
égales,  qui  se  rencontrent  dans  les  deux  séries,  indique  une 
trajectoire  à  cercles  asymptotiques  intérieur  et  extérieur. 

i)  Korteweg,  l.c  ,  théorème  VII. 


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DE  LA   RÈGLE   GÉNÉRALE   ETC.  417 

m.  De  k  on  déduit,  en  ayant  égard  aux  §  6  et  7,  la  règle 
suivante  : 

RÈGLE  POUR  LA  FORME  DES  TRAJECTOIRES  DECRITES  AVEC 
UNE   VITESSE   ARÉOLAIRE   CONSTANTE    \    C. 

Déterminez  les  racines  positives  de  V équation  Fr* —  Ca  =  0. 
Ces  racines  donnent  les  seules  distances  où  soit  possible  le  mou- 
vement circulaire  uniforme  avec  la  vitesse  \  C  *). 

Décrivez,  dans  le  plan  du  mouvement,  les  orbites  circulaires  sur 

lesquelles  on  a    — ; —  <  0. 
dr 

Le  povnt  mobile  ne  pourra  franchir  aucune  de  ces  orbites  dr- 
culaires,  à  moins  que  son  énergie  totale  ne  surpasse  celle  du  mou- 
vement circulaire  correspondant  Si  elle  y  est  égale,  le  point 
s'approche  asymptotiquement  de  ce  cercle;  si  elle  est  plus  petite,  il 
rebroussé  chemin  avant  d'avoir  atteint  le  cercle.  Lors  même  que  le 
point,  dans  la  direction  du  centre  ou  de  l'infini,  ne  trouve  sur  son 
chemin  aucune  orbite  circulaire,  sa  trajectoire  ne  conduira  pas 
jusqu'au  centre  ou  jusqu'à  l'infini,  si  son  énergie  est  inférieure, 
dans  le  premier  cas,  à  celle  de  la  force  C1 1 — 3,  dans  le  second,  à 
celle  de  la  force  motrice  '). 

n.  De  même  il  suit  de  l,  en  ayant  égard  aux  §  §  6  et  7, 
une  règle  pour  la  forme  des  trajectoires  décrites  avec  la  même 
énergie. 

Remplace-t-on  les  orbites  circulaires  considérées  dans  la 
règle  précédente  par  celles  qui  sont  décrites  avec  une  énergie 
égale  et  dont  les  rayons  sont  donnés  par  les  racines  de 
l'équation 

iFr  +    j       Fdr  =  \v;1, 
vt  étant  la  vitesse  constante  avec  laquelle  le  mouvement  à 


i)  Voir  §  10  pour  le  cas  où  -r-  est  oo   sur  l'orbite  circulaire. 
Cette  règle  est  conforme  à  (ft.G.  §  51). 


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418 


G.   SCHOUTEN.   éLUCIDATION   GRAPHIQUE 


lieu 


à  la  distance  r,,  alors  aucune  de  ces  dernières  orbites 


circulaires  ne  pourra  être  franchie  par  le  point,  si  la  vitesse 
aréolaire  de  son  mouvement  est  plus  grande  que  celle  du 
mouvement  circulaire  correspondant.  Si  elle  y  est  égale,  Porbite 
circulaire  sera  cercle  asymptotique  ;  si  elle  est  moindre,  Por- 
bite  sera  franchie.  Quant  au  reste,  la  règle  doit  être  identique 
à  la  précédente. 


IV.  Applications. 

a.  Si  le  champ  entier  du  mouve- 
ment est  une  région  de  répulsion,  et 
que  par  conséquent  la  courbe  poten- 
tielle s'abaisse  pour  des  abscisses 
croissantes,  la  trajectoire  a  toujours 
un  péricentre  et  une  branche  hyper- 
bolique. Puisque  o  sin  (r,  s)  est  ici 
négatif,  la  convexité  de  la  trajectoire  sera  tournée  vers  le 
centre  {R.  ft§9).' 

6.  Si  le  champ  entier  du  mou- 
vement est  une  région  de  la  raison 
inverse  du  cube,  que  par  conséquent 
la  force  motrice  soit  de  la  forme 
fi  r— 8  et  la  courbe  potentielle  une 
droite  faisant  avec  Taxe  des  abscisses 
un  angle  Arc.  Tg  {  p  et  passant  par 
P  origine  des  coordonnées,  la  figure 
donne  : 

Pour  C2  =  fi  : 


E=E0-E„ 
E>  E0-=EO) 


Partout  mouvement  circulaire  uniforme. 

"Se  -*-  Hy,  la  trajectoire  devient  de  tàbins 
en  moins  inclinée  à  mesure  qu'elle  s'approche  du  centre,  et 
est,  au  centre  même,  normale  au  rayon  vecteur.  La  vitesse 
radiale  est  constante. 


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DE  LA   RÈGLE   GÉNÉRALE   ETC. 


419 


Pour  C2  <  fi  : 

E<E„  =  E0  :  -Se  —  A,  la 
trajectoire  devient,  à  partir  de 
Tapocentre,  de  plus  en  plus  in- 
clinée;  au    centre  on  a 

C2 

lira  sin2  (r,s)= .     De  plus, 

vc2  —  v2  est  cpnstant,  et  la  pro- 
jection du  rayon  de  courbure  sur  le  rayon  vecteur  est  toujours 
plus  petite  que  ce  rayon  vecteur. 

E  =  E9  =  E0  :  "Se  —  mSm  tout 
le  long  de  la  trajectoire  on  a 
vc  =  v  et  vr  constant;  la  trajec- 
toire a  partout  la  mênîe  incli- 
~X  naison,  et  est  par  conséquent 
une  spirale  logarithmique.  Le 
rayon  de  courbure  de  la  trajec- 
toire est  ~î  r. 

E>  E„  =  E0  :  Se—  -Hy,    la 
trajectoire  devient  de  moins  en 
moins  inclinée  en  approchant  du  centre,  et  au  centre  même 


Vc2  =  v2,  de  sorte  que 


C2 
on  a  lira  sm2  (r,  s)  ss  —  .De  plus,  v2 

la  projection   du  rayon  de  courbure  sur  le  rayon  vecteur  est 
toujours  plus  grande  que  le  rayon  vecteur. 

Enfin,  pour  C2  >  ^,  on  doit  avoir  E>  Em  et  la  trajectoire 
est  P  —  Hy. 

Les   résultats    communiqués    anté- 
rieurement  (-R.  G.  §  46,    tableau  B) 
sont  conformes  à  ceux  qui  viennent 
d'être  obtenus, 
c.    Si   le   champ   entier  du   mouvement   est   une  région  de 
stabilité,  la  courbe  potentielle  tourne  partout  sa  cdnvexité  vers 
Taxe  positif  des  ordonnées.  La  figure  donne  maintenant: 


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420  G.   SCHOUTBN.    BLUCIDATION   GRAPHIQUE 

Pour  q>  (oo  )  >  C1  >  q>  (0)  : 

Y 


E  <  Em  :  P  —  A,  y  com- 
pris le  cercle. 

E  =  E„  :  P  -•£.,  si 
ron  a  <p  (oo  )  <  oo  . 

P  —  Par,  si  l'on  a 
<p  (oo  )  z=  oo  . 

A  partir  du  péricentre, 
la  trajectoire  devient  de 
plus  en  plus  inclinée  ; 
lim  sm*  (r,  s)   est,  pour 


r  =  oo  ,  égale  à 


<p(oo)« 

E>E»:P  —  Hy. 

Pour  C*<q>(0): 

E<Em:  mSe—A,  la  trajectoire 
devient,  depuis  l'apocentre  jus- 
qu'à une  certaine  distance  du 
centre,  de  plus  en  plus  inclinée, 
après  quoi  son  inclinaison  di- 
minue graduellement  jusqu'au 
centre  ;    au   centre  même,  on  a 

lim  sm2  (?•,$)=  -4~  • 

E  —  E„  :  ~Sc  —  m8m    pour 

C2 

qp  (oo  )  <oo  ,  km  m*  (r,*)=  ^j^ 

à  distance  infinie;   du  côté    du  centre,  la  trajectoire  devient 

C2 

de  moins  en  moins  inclinée  et  sm2  (r,  s)  tend  vers  —r^ . 

qp(0) 

*&  —  Par  pour  qp  (ob  )  =  oo  . 

Enfin,  pour  C2  ><p(oo),  on  doit  avoir  E>  E^  et  la  tra- 
jectoire est  P  —  JBy. 

Les  résultats  (P.  G.  §  46,  tabl.  C)  sont  conformes  à  ceux 
qui  viennent  d'être  trouvés. 


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DE  LA   RÈGLE   GENERALE   ETC. 


421 


d.  Si  le  champ  entier  du  mouvement  est  une  région  d'in- 
stabilité, la  courbe  potentielle  tourne  sa  concavité  vers  l'axe 
positif  des  ordonnées.  La  figure  donne  alors: 

Pour  9(00  )  <  C5(=ç>(x))  <<p(0): 

E<  E„  :~Sc~  A,  la  spirale 
devient  de  plus  en  plus  incli- 
née en  approchant  du  centre; 
au  centre  même,  Ivmsin2  (r,s)  = 

~  ~7ôï  >  ^e  sor'e  (lue  Pour 
jj-  cp  (0)  =  00  on  a  lira  8in(r,8)  =0; 
c'est   seulement   dans  ce  cas 
que  le  nombre  des  circonvo- 
lutions de  la  spirale  est  fini. 

Ex  >E>  E„:  âSc  —  A  etP-fly. 

E  —  Exi  "Se  —  Sb  et  Se—  Hy. 

e 
E  ZZZ  Mtx  \      foc  ~—  -"y* 

Pour  C*  <  q>  (00  )  : 
E<E„  :  %Sc  —  A. 

00  w  00 

e 

E>- E^  :   °°S<.  —  Jîy. 

Pour  C*  >  qp  (0),  on  doit  avoir 
JB>  /?w;  la  trajectoire  est  toujours 
P  — fly. 

Pour  C*  =  9  (0),  on  doit  égale- 
ment avoir  2£>  E^. 

E<E0  :  P-J3y. 

E  5>  -^o  •     ^  —  ""y 
Les  résultats  (£.  G.  §  46,  tabl.  D) 
concordent    avec   ceux    qui  vien- 
nent  d'être  trouvés.  Comparez  aussi  :  Peirce,  §  708. 


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NOTES  SUR  CONSTANTIJN  HUYGENS 

CONSIDÉRÉ  COMME  AMATEUR  DES  SCIENCES  EXACTES,  ET 
SUR  SES  RELATIONS  AVEC  DESCARTES; 


PAR 


D,    J.    KORTEWEG. 


Il  est  généralement  connu  que  notre  poète  Constantijn 
Huygens,  joignant  à  toutes  ses  autres  éminentes  qualités  celle 
de  prendre  un  vif  intérêt  aux  sciences  exactes,  était  en  relation 
avec  beaucoup  de  mathématiciens  et  de  physiciens  de  son 
temps.  Ainsi  lorsque,  jeune  secrétaire  d'ambassade,  il  visite 
en  1621  et  1622  l'Angleterre,  <*n  le  voit  entrer  en  commerce 
suivi  avec  Cornelis  Drebbel,  l'homme  qui  fi'était  kc^uis  du 
crédit  à  la  cour  de  Jaques  I*r  par  les  „ nouveautés  ingéni- 
euses et  secrets  naturels"  qu'il  montrait  aux  courtisans  ;  douze 
ou  quinze  ans  plus  tard,  il  est  en  correspondance  avec  Des- 
cartes et  le  père  Mersenne^  avec  Diodati,  l'ami  de  Galilée, 
avec  Wendelinus,  avec  Golius  etHortensius,  les  représentants 
des  mathématiques  aux  universités  de  Leide  et  d'Amsterdam, 
et  nous  trouvons  des  traces  de  rapports  personnels  avec  le  jeune 
van  Schooten,  plus  tard  L'ami  et  le  maître  de  Christiaan  Huygens, 
avec  Pollotto,  ingénieur  militaire  au  service  des  Etats  et 
mathématicien  tenu  en  haute  estime  par  Descartes,  enfin  avec 
Albert  Girard  l  ),  au  mérite  duquel  il  rend  hommage  en  recom- 


i)  Manuscrits  conservés  au  Trippenhuis,  à  Amsterdam,  n°.  45   (Lettre* 


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D.  J.  KORTEWEG.  NOTES  SUR  CONSTANTIJN  HUYGENS  ETC.      423 

mandant  à  Golius,  qui  venait  d'être  nommé  professeur  à 
Leide,  de  travailler  de  concert  avec  lui. 

Sans  doute,  Constantijn  Huygens  n'a  pas  contribué,  au  moins 
directement,  aux  progrès  des  sciences  exactes  et  naturelles; 
mais,  quand  il  s'agit  d'un  personnage  tel  que  lui,  la  question 
de  savoir  jusqu'où  s'étendaient  ses  connaissances  en  ces  ma- 
tières, et  de  quelle  nature  étaient  ses  rapports  avec  les  savants 
de  l'époque,  n'en  est  pas  moins  digne  de  tout  notre  intérêt, 
surtout  si  l'on  considère  que  la  prédilection  de  Constantijn 
a  nécessairement  eu  de  l'influence  sur  le  développement  de 
son  fils  Christiaan,  et  que  sa  liaison  avec  les  hommes  qui 
donnaient  alors  le  ton  dans  le  monde  scientifique  a  mis  de 
bonne  heure  en  lumière  le  talent  de  ce  fils  et  lui  a  valu  les 
relations  les  plus  précieuses. 

La  riche  collection  de  manuscrits  relatifs  à  la  famille 
Huygens,  qui  est  déposée  au  Trippenhuis  et  dont  les  registres 
et  catalogues  dressés  par  MM.  Hooft,  Boot  et  Jorissen  ont 
rendu  l'étude  facile,  nous  offre  plusieurs  données  ')  pour 
résoudre  la  question  ci-dessus  indiquée,  et  c'est  là  qu'ont  été 
puisés  la  plupart  des  détails  qui  seront  communiqués  dans 
les  pages  suivantes.  La  correspondance  avec  Descartes  surtout 


latines),  lettre  n°.  111,  à  Golius,  du  49  déc.  1629:  « Aliquid  mecum  nuper 
circa  theoriam  istam  (la  théorie  de  la  réfraction  de  la  lumière)  commu- 
nicavit  vir  stupendus  Albertus  Girardus",  etc.  Dans  le  Dagboek  (journal) 
de  Huygens  (publié  comme  supplément  au  Recueil  Oud-Holland,  3«  année), 
nous  trouvons,  à  la  date  du  9  déc.  1632,  cette  mention:  »Obit.'heu\  Albus 
Girardus,  vir  incomparabilis" .  Or,  dans  ce  Dagboek,  Huygens  n'est  guère 
prodigue  d'annotations  n'ayant  pas  rapport  aux  membres  de  sa  famille. 
*)  Passé  un  certain  âge,  ces  données  deviennent  plus  rares.  En  quelque 
mesure,  on  peut  les  compléter  au  moyen  de  la  correspondance  de  Con- 
stantijn avec  son  fils  Christiaan.  Nous  y  apprenons,  par  exemple,  que  la 
connaissance  de  celui-ci  avec  Slusius  s'est  faite,  en  1657,  par  l'entremise  du 
père.  Il  semble,  toutefois,  qu'avec  le  progrès  des  ans  les  sciences  exactes 
soient  devenues  de  plus  eh  plus  étrangères  aux  préoccupations  de  Constantijn. 


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424  D.   J.   KORTEWBG.   NOTES   SUR 

est  importante,  et  elle  nous  a  même  permis  d'ajouter  à  la 
liste  des  œuvres  de  l'illustre  philosophe  un  écrit,  qu'à  la 
vérité  nous  ne  possédons  pas  dans  la  rédaction  originale  de 
la  main  de  Descartes,  mais  dont,  tel  qu'il  est,  la  paternité 
intellectuelle  n'en  doit  pas  moins  lui  être  attribuée  '). 


Au    sujet   de    sa  première   initiation   aux  mathématiques, 
Huygens  lui-même  nous  a  fait,  dans  ses  Sermones  a),  quelques 


i)  Voir,  plus  loin,  l'Annexe  II. 

*)  Haec  inter  comptera,  patri  manifesta  parerga, 

Una  senem  latuit  fallax  indus  tria.  Ne  quid 
Otî  subriper  em  penso  tum  nempe  diurno, 
Neu  minus  hisforiis  Lattis  Graeeisque  vacarem  : 
Noluerat  me  adscititio  indu  Ig  ère  labori. 
Subripui  tamen,  et  jucnnda  fraude  fefelH, 
Quique  matheseos  a  teneris  insederat  ardor, 
Explevi  taeitus  :  fuit  haec  mihi  char  tu,  fritillm, 
Et  pila,  et  ingenuis  a  moribus  aléa  discors . 
Noctibus  hic  ipsis  aliquid  decidere  juvitt 
Extensaque  die,  quas  somnus  perderet  horas 
Applicuisse  rei  propero  pede  conficiendae. 
Confeci  :  cum  jam  numéros  abacumque  logis tae 
(Quo  sine  vana  geometriae  documenta  fuissent 
Intempestivusque  labor)  mihi  maximus  ohm 
Tradiderat  Clotius  facili  moHmine,  paucis 
Hebdomadis  ;  ut  jam  Mercatoria  prorsus 
Me  fugeret  ratio  rationum,  aut  Amstelodami 
Insatiabilis  in  libris  mysteria  Pluti. 
Jamque  adeo  EucKdis  commercia  clandestina 
Cum  puero  non  sustinuit  culpare  parentum 
Optimus;  ut  prope,  quas  pro  spreto  reddere  grates 
Mandato  no  lie  t,  pensaret  laude  paterna, 
Fallenlemque  magie,  quam  si  non  falsus,  amaret. 


Con8Tantini  Hugenii  de  vita  proprea  sermonum 
inter  liberos  litri  duo,  lib.  1,  vers.  243 — 266. 


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CONSTANTIJN   HUYGBNS   ETC.  425 

communications,  qui  peuvent  être  complétées  plus  ou  moins 
à  l'aide  d'une  autobiographie  —  bientôt  interrompue  —  dont 
le  manuscrit  se  trouve  au  Trippenhuis  ').  Il  en  appert  que 
dotius,  le  gendre  de  Ludolf  van  Ceulen,  ne  resta  que  peu 
de  mois  2)  le  précepteur  de  Constantijn.  Grande  était  la  sym- 
pathie réciproque  du  maître  et  de  l'élève.  Après  chaque  leçon 
de  Olotius,  Constantijn  devait  répéter  et  expliquer  à  Dedel, 
son  professeur  de  langues  classiques,  ce  qu'il  venait  d'apprendre. 
Dedel  prenait  intérêt  à  ces  exercices  et  ne  dédaignait  pas  — 
suivant  l'expression  de  Huygens  —  de  se  mettre  à  l'école  de 
son  écolier.  Huygens  croyait  que  cet  arrangement  avait  été 
imaginé  par  son  père,  dont  le  but  principal,  au  reste,  n'était 
que  de  faire  acquérir  à  son  fils  la  connaissance  de  l'arith- 
métique commerciale. 

Ce  même  volume  3)  des  manuscrits  garde  les  traces  d'un 
de  -ces  „Euclidis  commercia",  établi,  il  est  vrai,  à  un  âge  plus 
avancé.  On  y  trouve,  en  effet,  de  la  main  de  Huygens,  un 
court  extrait  des  démonstrations  et  constructions  des  six 
premiers  livres  d'Euclide.  La  date,  juillet  1627,  ne  laisse  pas 
d'être  curieuse.  Marié  depuis  quelques  mois  à  peine,  Huygens 
avait  dû  quitter  la  Haye,  pour  se  rendre  auprès  de  Frédéric- 
Henri,  à  l'armée.  Il  travaille  le  premier  livre  à  Arnhem,  le 
ÏO  juillet;  le  second,  dans  la  même  ville,  le  13  juillet;  le 
troisième,  le  quatrième  et  le  sixième,  au  camp  de  Grol,  du 
22  au  27  juillet.  Dans  ces  brèves  annotations,  du  reste,  il  n'y 
a  pas  grand'chose  à  remarquer.  On  y  constate  seulement,  non 
sans  surprise,  une  certaine  indépendance  de  jugement  vis-à-vis 
d'Euclide.  Lorsque  celui-ci,  ne  voulant  pas  que  la  longueur 
d'une  ligne  soit  reportée  au  compas,  mais  exigeant  que  tout 


»)  Manuscrits,  n°.  48,  sous  le  titre:   Vita. 

*)  A  partir  du  12  octobre  1609  (Dagboek  p.  8).  Constantijn  avait  donc 
treize  ans. 

3)  N°.  48,  p.  285. 


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426  D.   J.   KORTEWEG.    NOTES   SUR 

s'obtienne  par  intersection  de  droites  et  de  cercles,: indique 
une  construction  passablement  laborieuse  pour  mener  à  partir 
d'un  point  une  droite  de  longueur  donnée,  Huygens  ne  voit 
là  qu'une  complication  inutile  (mutiUs  mole#tia)y  et  plus  loin 
il  se  dépite  de  oe  que  Euciide,  pour  l'amour  de  la  forme 
rigoureuse  à  laquelle  il  croit  devoir  tout  soumettre,  tombe 
dans  des  redites.  Du  sixième  livre,  qui  traite  des  propriétés 
des  lignes  proportionnelles,  il  ne  fait  pas  de  résumé,  parce 
que  les  démonstrations  sont  simples  et  que  les  propositions 
ont,  pour  Papplication  subséquente,  une  valeur  très  inégale. 
Sur  tous  ces  points,  il  faut  le  dire,  les  Auteu^é  des  ouvrages 
élémentaires  modernes  donnent  raison  à  Huygens.  Le  fait  que 
celui-ci,  à  son  âge  et  dans  ces  circonstances,  s'occupait  des 
premiers  éléments  de  la  planimétrie, .  est  évidemment  une 
preuve  de  son  goût  pour  les  mathématiques  ;  «rais  on  peut 
en  conclure  aussi  qu'il  n'avait  pas  pénétré  très  loin,  dans  la 
technique  de  cette  science,  du  moins  si  les  annotations  ont 
été  rédigées  —  comme  la  forme  et  le  contenu  tendent  aie  faire 
croire  —  pour  son  instruction  personnelle. 


Aussi  n'est-ce  pas  vers  les  mathématiques  pures  que  Con- 
stantin, arrivé  à  l'^ge  d'homme,  se.  sent  le  plus  vivement 
attiré.  S'il  les  place  si  haut,  c'est  qu'il  comprend  que  les 
progrès  des  sciences  physiques  en  dépendent  en  grande  partie. 
Provisoirement,  c'est  la  dioptriqne  nnobili88ima  pars  mathe- 
seos"  ■),  qui  lui  inspire  le  plus  d'intérêt.  Lorsque  Golius,  en 
1629,  succède   à  Snellius  dans  la  chaire  de  Leide,  Huygens 


i  )  Manuscrits,  n°  44  et  45  (Lettres  latines).  Lettre  n°.  224,  à  Horttnsius, 
29  oct.  1655. 


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CONSTÀNTIJX   HÎTYGENS   ETC.  427 

lui  recommande  ')  <Je  s'appliquer  tout  spécialement  à  cette 
partie  de  la  science.  „Les  conséquences  de  la  loi  de  la  ré- 
fraction" —  lui  écrit*il  —  „n'ont  encore  été  suffisamment 
étudiées  par  personne.  Quelque  prodigue  de  promesses  qu'on 
soit  en  Italie,  on  n'y  fera  rien  de  si  important  que  vous  ne 
puissiez  le  faire  vous-même.  Albert  Girard  m'a  communiqué 
différentes  choses  qui  pourraient  fournir  un  bon  point  de 
départ.  Pour  lui,  il  s'agit  exclusivement  de  l'application  de  la 
loi  de  la  réfraction,  moi  je  voudrais  savoir  aussi  quelle  cause 
physique  il  y  a  là-dessous  a). 

Le  conseil  était  certes  bon,  encore  que  Golius  ne  fût  pas 
l'homme  à  en  tirer  le  vfai  profit.  Pourtant,  ce  conseil  ne 
resta  pas  sans  effet  aucun.  Nous  trouvons  de  la  main  de 
Golius  3)>  à  l'adresse  de  Huygens,  une  lettre  très  détaillée,  en 
date  du  Ie*  novembre  1632,  dans  laquelle  il  lui  annonce, 
trouvaille  importante,  que  la  célèbre  loi  de  la  réfraction  de 
Descartes  avait  déjà  antérieurement  été  énoncée  et  prouvée 
expérimentalement  par  Snellius.  Le  témoignage  de  Golius 
étant  de  grand  poids  pour  la  question  de  savoir  si  Descartes 
a  emprunté,  oui  ou  non,  l'idée  de  sa  loi  à  Bnellius,  je  le 
rapporte,  ci-dessous,  en  entier.  Il  en  résulte,  d'une  part,  que 
Golius  ne  soupçonnait  pas  la  bonne  foi  de  Descartes  et  que, 


i)  Lettres  latines,  Lettre  n°  111,  à  Golius.  du  19  déc.  1629:  Hortari 
deinde  libet,  ut  quando  nunc  rei  mathematicae  etiam  ex  officio  tiacas, 
ejus  quae  de  radio  refracto  est,  partent  nemini  satis  excultam,  serio  tibi 
commendatam  esse  patiaHs. 

*)...At  nudis  refractionum  incrementis  ac  horum  proportionibus  in- 
cubuerat.  Ego  vero  etiam  aliquid  hic  physici  requiro,  et  de  causarum 
causis  mihi  db  origine  satisfieri  velim  . .  Déjà  en  juillet  1629,  Lettre 
n*.  102,  Huygens  avait  écrit  à  Golius,  à  propres  d'un  ouvrage  de  Scheiner: 
»mtis  prolixe  doeet,  sed  me  solertia  hominis  et  errori  inveterato  destru- 
endo  diligentia  summa,  capit.  Nam,  ut  multo  me  nosti  rectius,  haUucina* 
mur  hactenus  eâ  parte  Matheseos  maxime,  quae  de  visione  est  et  fustra 
quis  pervadere  has  tenebras  tentet,  cui  refractionum  ratio  absolut issima 
non  constef\ 

"S)  Manuscrits,  n°.  42a. 


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428  D.   J.    KORTEWEG.   NOTES  SUR 

à  lui  du  moins,  il  n'était  pas  connu  que  Descartes,  à  cette 
date,  eût  vu  les  manuscrits  de  Snellius;  mais,  d'autre  part, 
il  est  probable  que  Golius  aura  communiqué  sa  trouvaille  à 
Descartes,  avec  qui  il  était  en  fréquentes  relations  d'amitié, 
et  si  Ton  considère  que  Christiaan  Huygens  déclare  formel- 
lement que  Descartes  a  vu  les  manuscrits  de  Snellius,  cette 
probabilité  se  change  presque  en  certitude  et  Ton  se  rend 
clairement  compte  de  la  manière  dont  les  choses  se  sont 
passées.  De  plagiat,  il  n'est  alors  plus  question,  mais,  lors 
de  la  publication  de  sa  Dioptrique,  en  1637,  Descartes  savait 
que    Snellius   l'avait  devancé. 

Voici  donc  ce  qu'écrivait  Golius  :  nid  autem  ojfvcio  postulato 
reliquo  optabilvus  esse,  tibique  fore  gratins  confido,  pro  quo  fidem 
ante  merises  aliquot  operamque  ohstrinod  meam;  niai  forte  et  hdc 
quoque  mihi  fraudi  sit  longa  cunctatio;  quoi  tamen  ut  minus 
metuam,  facit  tnm  difficultas  et  mornentum  rei,  tum  aequitas  et 
facilitas  animi  tui.  Neque  enim  asserere  hactmu*  fui  ausus  in- 
geniosi  Descartes  inventum;  quod  tamen  srn  praesagio  seu  affectu 
quodam  apud  te  jactare  non  extimuefram,  se.  Befrcwtionis  leges, 
ab  ilh  descriptas^  quas  veras  esse  et  ipsius  naiurqe,  me  credere 
visus  et  ratio  nunc  cogunt.  Coepi  nuper  expérimenta  quaedam9 
incidique  paulo  post  in  Snelliana  plurima,  quae  ambiguitatem  et 
scrupulum  exemeruni  omnem.  Ambo  illi,  qui  did  merentnr  magni 
Mathematiciy  haud  unquam  inter  se  cogniti,  diversis  heis  et  tem- 
poribus  contrarias  ingressi  vias^  per  principia  et  causas  Gallus, 
per  effectus  et  observata  Batavus,  aliis  et  diversis  verbis  conclu- 
serunt  prorsus  idem.  Quod  neque  celare  Ampl.  tuam}  neque  sine 
studio  divulgare  velim,  quo  et  tibi  mea  coristet  observantia$  et 
inventoribus  sua  in  solidum  gloria.  Snellius  venerandae  memorme 
praeceptor  meus,  cum  ex  Vitellionis  calculo  et  tabulis,  tum  ex 
proprns  ad  observata  plurima  eaque  saepius  et  dwersimode  repe- 
tita,  subductis,  hoc  formavit  theorema  optieum" 

„8i  duplex  fuerit  médium,  densitate  et  raritate  differens,  radius 
quwis  incidentiae  verus  ad  suum  apparentem  in  ejusdem  generis 
medio  eandem  servat  rationem." 


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CONSÎANTÏJN  atftGENS   EtC. 


429 


„Esto  medii  densioris  termmus  A  B,  visibile  V,  radius  inci- 
dentiae  V  R,  refractus  in  rariori  medio  RO,  oculi  situs  in  puncto 
0.  Videbitur  itaque  imago  rei  visibilis  in  concursu  radii  refracti 
OR  continuati,  et  perpendicularis  intidentiae ;  quœ  sit  V  P,  et 
punctum  concursus  J.  In  eodem  itaque  medio,  se.  hic  densiore, 
radius  incidentiae  verus  erit  V  R,  suusque  apparens  RJ.  Docmt 
observata  quœ  ratio  est  V R  ad  RI,  semper obtinere eandem inter 
quoscunque  radios  similes  ;  ut  V  R  et  R'  J',  quin  in  ipso  radio 
perpendiculari  et  irrerfraeto  V  A,  ubi  ineidentis  ipsius  pars  est 
rad/ius  apparem,  neque  enim  res  visibilis  V  spectata  perpendicu- 
lariter  suo  apparet  loco;  sed  superiore  in  I:  atque  ut  V  A  ad  A I, 
ita  V R  se  habei  ad  RI.  TJnius  itaque  radii  obliquatione,  aut 
perpendicularis  contractions  cognita,  quod  modis  pluribus  facile 
fieri  potestj  cognoscetur  ratio  caeierorum  incidentium  et  apparentium 
omnium,  quae,  exempli  gratiâ,  in  aqua  est  ut  4  ad  3,  in  vitro  ut 
3  ad  2,  quando  se.  utrobique  oculus  consista  in  aère?' 

A  côté  d'une  interprétation  inexacte  quant  au  lieu  où  se 
forment  les  images,  on  reconnaît  facilement,  dans  cet  exposé, 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  28 


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430  D.  J.  KORTBWBG.  NOTES  SUR 

la  vraie  loi  de  la  réfraction  ;  aussi  Golius  n'a-t-il  aucune  peine 
à  faire  voir  que  la  loi  ici  formulée  est  identique  à  celle  qu'a 
donnée  Descartes. 


C'est  probablement  dans  la  maison  de  Golius  qu'eut  lieu, 
en  avril  1632,  la  première  rencontre  de  Huygens  et  de  Des- 
cartes. L'impression  que  ces  deux  hommes  reçurent  l'un  de 
l'autre  ressort  de  différentes  lettres  que  nous  possédons. 
Huygens  *)  mande  à  Golius  :  nEr  quo  postremo  a  te  abii,  vir 
doctissime  atque  amicissime,  secuta  me  imago  est  mirabilis  Qalli, 
amici,  non  dira  invidiam  meam,  tui,  cujus  in  magnâ  wrbe  pau- 
lum  sepultae  distat  vnertiae  celata  virtus.  Illam  praecipue,  quam 
de  Refracti  radii  demonstratwne  tanquam  de  re  levi  ac  perspicua 
spem  fecit,  nusquam  deposui."  De  son  côté,  Descartes,  le  23  mai 
1632,  écrit  à  De  Wilhem,  beau-frère  de  Huygens  *)  :Jenescay 
que  respondre  à  la  courtoisie  de  M.  Huguens  sinon  que  je  çheris 
Fhonneur  de  sa  connaissance  comme  Vune  de  mes  meilleures  for- 
tunes, et  que  je  ne  seray  jamays  en  lieu  ou  je  puisse  avoir  le  bien 
de  le  voir  que  je  rien  recherche  les  occasions.97  Cette  admiration 
réciproque  ne  fit  d'ailleurs  que  croître  lors  de  nouvelles  ren- 
contres, comme  le  prouvent  ces  termes  enthousiastes  de 
Huygens  *):  ^Pardonnez,  s'il  vous  plaist  à  kr  forte  impression 
que  vous  m'avez  laissée  de  quelque  chose  de  surhumain",  et  non 
moins  ces  passages  flatteurs,  cités  par  M.  Unger  dans  Oud- 
Holland,  d'une  lettre  4)  de  Descartes  à  Golius:  „Mms  ce  qui 
vaut  rrvieux  que  tous  les  tourneurs  du  monde,  c'est  que  M.  Zuylichem 
que  j'ay  eu  F  honneur  de  voir  ces  jours  à  Amsterdam  après  avoir 
eu  la  patience  d'ouir  lire  une  partie  de  ma  dioptrique,  s'est  offert 
(F en  faire  faire  lui-même  quelque  espreuve,  ce  qui  me  met  entièrement 


i)  Lettres  latines. , Lettre  N°.  156,  7  avril  1632. 
a)  Foucher  du  Gareil,  Oeuvres  inédites  de  Descartes,  T<  II,  p.  233. 
5)  Lettres  françaises,  I,  p.  643  ;  lettre  du  28  octobre  1635. 
4)  Introduction  au  Dagboek.  La  lettre  (du  6  avril  1635)  se  trouve  aux 
Archives  de  l'Etat,  collection  Beeldsnijder  van  Voshol,  carton  XXXII. 


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CONSTÀNTïJN   HUYGENS  ETC.  431 

hors  de  peine  de  ce  côté)  car  je  m'assure  que  s'il  est  possible  que 
la  chose  réussisse,  U  en  trouvera  les  expédients  plutost  que  per- 
sonne" —  et  plus  loin  :  „  Je  ne  tire  pas  peu  de  varviïé  de  ce  que 
je  ne  luy  ait  scea  dire  aucune  chose  qu'il  ne  comprist  quasi  avant 
que  j'eusse  commencé  de  l'expliquer." 

Si  Ton  voulait  toutefois  déduire  de  ces  passages  —  et  leur 
sens  littéral  y  prête  —  que  Huygens  se  sentait  parfaitement 
à  Taise  sur  le  terrain  de  la  théorie  mathématique  deladiop- 
trique,  on  se  tromperait.  Ni  dans  sa  correspondance,  ni  ail- 
leurs, on  ne  trouve  rien  qui  oblige  à  douter  de  sa  sincérité 
lorsque,  écrivant  à  Descartes  „pour  incapable  que  je  soye  de 
vostre  belle  Théorie  je  ne  vous  demeureray  pas  tousiours  en  faulte 
de  l'industrie  mêchmique"  *)  et  à  Hortensius  „sane  ignarus,  sed 
totius  opticae  ardentissimus  amans"  *),  il  indique  ainsi  sa  po- 
sition au  regard  de  cette  théorie.  Mais  les  expressions  élogieuses 
de  Descartes  sont  incontestablement  un  nouveau  témoignage 
de  la  vivacité  de  conception  de  Huygens  et  de  la  facilité  avec 
laquelle  il  savait  entrer  dans  les  idées  des  autres. 


Nous  verrons  bientôt  quelle  était  l'expérience  dioptrique 
pour  laquelle  Huygens  avait  promis  sa  coopération  et  qui 
devint  l'origine  d'une  correspondance  assez  étendue  entre 
lui  et  Descartes.  Préalablement,  nous  devons  dire  un  mot  de 
la  forme  sous  laquelle  une  partie  de  cette  correspondance 
nous  est  accessible  et  des  aventures  qui  lui  survinrent. 

Parmi  les  manuscrits  du  Trippenhuis  intitulés  Lettres  françaises, 
se  trouvent  les  minutes  ou  les  copies  de  dix-sept  lettres,  la 
première  du  28  octobre  1635,  la  dernière  du  7  juillet  1645, 
adressées  par  Huygens  à  Descartes.  De  la  plupart  des  lettres 
de  Descartes  à  Huygens  on  ne  connaît  pas  non  plus  les 
originaux    mêmes.    A   l'exception    de    quatre    lettres   auto- 


')  Lettres  françaises,  I,  p.  643. 
a)  Lettres  latines,  N°.  224. 

28* 


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432  D.    J.   K.ORTKWEG.   NOTES  SUR 

graphes,  ce  qu'on  possède,  sont  des  copies  faites  par  Descartes 
et  publiées  par  Clerselier  ').  Dans  l'exécution  de  ces  copies, 
Descartes  évidemment  ne  s'attachait  qu'au  contenu  essen- 
tiel. L'adresse  et  la  date  étaient  le  plus  souvent  omises,  parfois 
même  les  copies  de  deux  lettres  étaient  écrites  à  la  suite 
l'une  de  l'autre.  La  confusion  fut  encore  augmentée  par 
les  accidents  que  ces  papiers  éprouvèrent.  Envoyés  après  la 
mort  de  Descartes  à  Clerselier,  par  les  soins  de  Chanut,  am- 
bassadeur français  à  la  cour  de  Suède,  ils  firent  naufrage  sur 
la  Seine,  furent  repêchés,  mis  à  sécher  sur  des  cordes  par 
des  mains  ignorantes  et  expédiés  dans  le  plus  grand  désordre 
à  Clerselier,  qui  ne  diminua  pas  ce  désordre  lorsqu'il  prit  le 
parti  de  publier  les  lettres  non  par  ordre  de  temps,  mais  classées 
d'après  les  sujets  traités.  Heureusement  que  Victor  Cousin, 
ayant  résolu  de  donner  une  nouvelle  édition  des  lettres  de 
Descartes,  trouva  dans  la  bibliothèque  de  l'Institut  un  exem- 
plaire —  qui  y  figure  encore  —  enrichi  d'annotations  par 
un  auteur  inconnu,  mais  évidemment  très  compétent  ;  selon 
la  conjecture  de  Cousin,  cet  auteur  serait  Montempuis,  selon 
celle  de  Millet,  l'un  des  derniers  biographes  2)  de  Descartes, 
et  qui  prétend  que  Cousin  n'a  pas  tiré  de  ces  annotations 
tout  le  parti  possible,  ce  serait  Clerselier  lui-même.  Dans  ces 
annotations,  on  a  cherché  à  déterminer  la  date  et  l'adresse 
des  différentes  lettres.  En  ce  qui  concerne  les  lettres  à  Huygens, 
l'Annexe  I  à  nôtre  travail  permettra  de  juger  jusqu'à  quel  point 
ce  but  a  été  atteint  En  tout,  on  a  pu  retrouver  d'une 
manière  certaine  quinze  lettres,  la  dernière  en  date  de 
mai  1643. 

H  était  improbable,  toutefois,  que  les  lettres  originales,  au 
moins  celles  de  Descartes  à  Huygens,  eussent  pu  se  perdre. 
Huygens,   qui    écrivait   à   Descartes:  Je  n'entens  pas  sans  res- 

i)  Les  papiers  originaux  paraissent  s'être  perdus  dans  la  suite;  du  moins, 
il  n'en  est  fait  nulle  part  mention  et  Cousin  ne  les  connaissait  pas. 

*)  Histoire  de  Descartes  avant  1637,  par  J.  Millet,  1867:  Descartes,  son 
histoire  depuis  1637,  par  J   Millet,  1870. 


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CONSTÀNTIJN   HUYGBNS   ETC.  433 

sentiment  d'injure  le  doubte  que  vous  semblez  avoir,  si  les  papiers 
dont  il  vous  a  pieu  me  gratifier  autrefois  ont  esté  conservez  ou  non. 
Il  partiroit  bien  moins  de  chose  de  vostre  mavn  et  ne  se  perdroit 
jamais  dans  la  mienne  ,),  devait  les  avoir  rassemblées  et  con- 
servées avec  soin,  et  que  tel  a  été  réellement  le  cas,  c'est  ce 
dont  j'ai  acquis  la  certitude  de  la  manière  la  plus  inattendue, 
grâce  à  une  communication  de  M.  Moes.  Jusqu'en  1825,  ces 
lettres  sont  restées,  conjointement  avec  celles  de  Huygens  à 
Descartes,  dans  la  collection  C.  À.  van  Sypesteyn;  cette 
année-là,  le  30  mai  ou  l'un  des  jours  suivants,  elles  furent 
vendues  par  la  maison  Sotheby  à  Londres,  l'une  des  liasses 
(Desc.  Huygens)  pour  23  £  2,  l'autre  pour  12  £  12.  Les  in- 
formations prises,  au  sujet  des  acquéreurs,  chez  les  représen- 
tants actuels  de  la  maison  Sotheby,  n'ont  conduit  à  aucun 
résultat.  Voici  la  description  des  deux  lots,  telle  que  la  don- 
nait le  Catalogue  de  la  vente,  dont  un  exemplaire,  où  les 
prix  sont  notés,  se  trouve  à  la  Bibliothèque  royale  de  la  Haye. 

N°.  125.  A  very  curious  Assemblage  of  letters  in  French,  forty* 
six  in  number  from  M.  Constantine  Huygens,  sieur  de  Zulichem, 
to  the  célebrated  Descartes,  between  theyears  1635  and  1647,  with 
(me  letter  to  M.  van  Hogelande. 

The  enveloppe  êontaming  thèse  has  the  following  UtU  in  M. 
de  Zulichem's  hanâwriting:  „  Lettres  que  fay  escrittes  à  Mons. 
Descartes  de  Van  1635  jusques  à  1647,  inclus,  restituées  après  sa 
mort  par  M.  de  Hogelande,  21  Juillet  1650." 

N°.  126.  A  simila/r  Assemblage  partly  bound  together  (but 
without  covers)  and  partly  loose;  being  the  letters  of  M.  René  des 
Cartes  to  M.  Constantine  Huygens  between  1635  and  1649. 

The  letters  are  sixty-seven  in  number  and  with  the  exception  of 
one  or  two  are  entirely  in  French.  They  relate  either  to  transactions 
between  the  parties,  Descartes  Works,  or  mathematical  subjects  ;  a 
few  are  accompanied  by  diagrams.  In  one  letter  of  1641  Descartes 
gi/ves   a   list  of  the  typographiçal  errors  in  his  Meditationes  de 


1  )  Lettres  françaises,  I,  p .  715. 


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434  D.   J.   KORTEWEÔ.   NOTES   SUR 

prima  philosophia.  Interspersed  a/re  a  few  letters  and  other  papers 
connected  with  the  wnespondence,  more  particularly  from  Mons. 
A.  van  Surk,  AmsL  19  Nov.  1639,  Ley.  30  Nov.  1639  and 
Leyd.  21  Dec.  1639;  with  a  printed  sheet  entitled:  Antiwoordt 
van  dm  Wel  Edelen  Heer  René  des  Cartes,  Heere  du  Perron  op 
het  gepubliceerde  van  de  Heeren  van  de  vroedschap  der  stade  Utrecht 
den  13/23  Junii  des  Jaers  1643.  Uyt  de  Fransche  taie  overgheset  >). 
Comme  on  le  voit,  la  correspondance  avait  plus  de  trois 
fois  l'étendue  de  la  partie  aujourd'hui  accessible.  Cette  partie 
est  probablement  assez  complète  en  ce  qui  concerne  les 
premières  années,  mais  ensuite  elle  laisse  de  plus  en  plus  à 
désirer  et  finit  par  ne  plus  rien  fournir  du  tout  pour  les 
quatre  ou  cinq  dernières  années.  Sans  doute,  il  n'y  a  pas 
lieu  de  désespérer  que  cette  correspondance  des  plus  impor- 
tantes ne  nous  soit  un  jour  connue  en  entier,  dans  sa  forme 
primitive.  On  peut  se  demander,  toutefois,  si  après  1825 
les  lettres  de  Descartes  ne  se  sont  pas  dispersées.  Certains 
faits  semblent  l'indiquer.  C'est  ainsi  qu'on  trouve. à  Leide  2) 
une  lettre  autographe  de  Descartes  à  Huygens,  qui  servait 
d'accompagnement  à  l'opuscule  sur  la  mécanique  que  Descartes 
avait  composé  pour  notre  compatriote.  Peutrêtre  serait-il  permis 
de  chercher  dans  cette  circonstance  la  raison  pour  laquelle 
la  lettre  est  restée  à  part;  mais  trois  autres  lettres,  dont  une 
appartenant  à  un  Anglais,  M.  Morrison,  et  deux  acquises  en 
1860  par  M.  Foucher  du  Careil 3),  ont,  selon  toute  apparence, 
fait  originellement  partie  de  la  collection. 


i)  Réponse  de  Monsieur  René  des  Cartes,  Seigneur  du  Perron  à  la 
Publication  des  Messieurs  de  la  Municipalité  de  la  ville  d'Utrecht,  du 
13/23  Juin  de  l'An  1643.  Traduit  du  Français. 

a)  Collection  Huygens. 

*)  De  la  collection  Van  Voorst,  mise  aux  enchères,  fin  janvier  1860,  par 
Frederik  Mulier,  à  Amsterdam. 


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CONSTÀNTÏJN    HUYGBNS   ETC.  436 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'espoir  de  nouvelles  trouvailles  ne  doit 
pas  nous  empêcher  d'utiliser  ce  que  nous  possédons,  et  nous 
revenons  donc  à  l'expérience  dioptrique  qui  devait  être 
entreprise  sous  la  direction  de  Huygens.  • 

On  sait  qu'à  l'époque  où  nous  devons  nous  reporter,  les 
microscopes  et  les  lunettes  laissaient  énormément  à  désirer 
quant  à  la  netteté  des  images.  La  cause  principale  de  ce 
défaut  —  la  dispersion  des  couleurs  —  n'était  pas  connue 
dans  sa  vraie  nature,  et  il  était  donc  naturel  que  Descartes  et 
d'autres  s'appliquassent  exclusivement  à  y  remédier  en  faisant 
disparaître  l'aberration  de  sphéricité.  Comme  il  savait  que  les 
lentilles  à  surfaces  sphériques  sont  incapables  de  réunir  en 
un  point  unique  les  rayons  lumineux  parallèles  ou  émanés 
d'un  même  point,  Descartes  chercha  et  trouva  la  forme  des 
surfaces  qui  possèdent  cette  propriété.  Au  nombre  de  ces 
surfaces  étaient  des  hyperboloïdes  et  ellipsoïdes  de  révolu- 
tion. Par  une  combinaison  de  surfaces  elliptiques  ou  hyper- 
boliques avec  des  surfaces  planes  et  sphériques,  il  lui  parut 
possible  de  construire  des  lunettes  et  des  microscopes  théori- 
quement parfaits.  Il  ne  s'agissait  que  de  tailler  des  lentilles 
ayant  des  surfaces  de  ce  genre.  A  cet  effet,  Descartes  avait 
imaginé  une  machine  dont  on  peut  trouver  la  description 
détaillée  dans  sa  Dioptrique  '  ).  Un  ciseau,  forcé  de  se  mouvoir 
suivant  une  hyperbole,  découpait  des  lames  en  acier,  dont 
on  se  servait  pour  évider  hyperboliquement  le  bord  cylin- 
drique d'une  roue  et  lui  restituer  exactement  cette  forme 
chaque  fois  que  cela  devenait  nécessaire.  Les  lentilles,  fixées 
à  l'extrémité  de  l'axe  d'un  tour,  étaient  pressées  contre  ce 
bord  évidé,  pendant  que  la  roue  tournait  lentement  en 
plongeant  par  le  bas  dans  une  auge  où  se  trouvait  de  la 
poudre  à  polir. 

Bien   que   Descartes    eût   tout   combiné  jusque    dans    les 


J)  Cousin,  Oeuvres  de  Descartes,  T.  V,  p.  137. 


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436  D.   J.    KORTEWEG.   NOTES   SUR 

moindres  détails,  il  ne  se  dissimulait  nullement  les  difficultés 
inhérentes  à  l'exécution  mécanique,  mais,  écrit-il:  „Je  ne  me 
règle  pas  sur  la  portée  ordinaire  des  artisans,  mais  je  veux 
espérer  que  les  inventions  que  fay  mises  en  ce  traité  seront  estimées 
assez  belles  et  assez  importantes  powr  obUger  quelques  uns  des  plus 
curieux  et  des  plus  industrieux  de  notre  siècle  à  en  entreprendre 
l'exécution.  Dès  Tannée  1629,  au  reste,  il  avait  déjà  été 
en  relation  avec  un  certain  Ferrier,  qui  devait  essayer  de 
tailler  les  lentilles  hyperboliques;  la  chose,  toutefois,  après 
beaucoup  de  peines  et  de  temps  perdus,  s'était  terminée 
par  des  plaintes  réciproques.  Maintenant,  elle  allait  être 
reprise,  avec  l'aide  d'un  habile  tourneur  d'Amsterdam.  Du 
camp  de  Pannerden,  Huygens  écrit,  le  28  octobre  1635  '): 
L'ardeur  ou  vous  m'avez  veu  de  faire  jouer  le  ressort  de  la 
machine  que  vous  avez  ordonnée  pour  le  polissement  de  l'hyper- 
bole, ne  s'est  point  attiédie,  mais  vous  sçavez  par  ou  mon  esprit 
et  mon  corps  ont  rousle  depuis,  et  certes  ceste  longue  campagne 
et  la  suitte  des  occupations  que  je  trouveray  au  retour,  m'en  en- 
nuyent  au  double,  mais  cela  prendra  quelque  fin  un  jour,  et  pour 
incapable  que  je  soye  de  vostre  belle  Théorie  je  ne  vous  demmreray 
pas  tousiours  en  faulte  de  l'industrie  mêehanique.  Desia  l'humeur 
m'a  prms  d'envoyer  au  Tourneur  d'Amsterdam  une  hyperbole 
soigneusement  marquée  de  ma  main,  a  la  distance  dequelqueslA 
poukes  pour  les  points  brûlants.  S'il  a  le  jugement  dont  il  s'est 
vanté,  il  me  taillera  sur  ceste  forme  un  verre  convexe  d'un  diamètre 
plus  ample  que  ne  sont  ceux  des  lunettes  ordinaires,  et  vous  me 
pardonnerez,  j'espère,  si  je  ne  puis  trouver  sensible  au  Tour  IHn- 
convenient  dont  vous  avez  faict  mention  en  ce  que  les  faultes  du 
moush  doibvent  causer  autant  de  cercles  dans  le  verre,  cela  est  très 
vray  à  part  soy,  mais  je  mis  d'opinion  que  le  moush  se  perd 
tenir  hors  de  faulte  perceptible  au  moins,  nous  en  verrons  cest  essay, 


»)  Lettres  françaises,  T.  I,  p.  643 


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CONSTANTIJN   HUYGBNS   ETC.  437 

et  vous  ordonnerez  par  après,  selon  quoy  le  petit  verre  l)cedebura 
régler"  Plus  loin,  Huygens  dit  avoir  appris  que  Hortensius, 
le  professeur  d'Amsterdam,  prétendait  que  la  forme  sphérique 
est  la  meilleure  et  se  flattait  de  pouvoir  construire,  avec  des 
lentilles  de  cette  forme,  des  lunettes  permettant  de  lire  une 
lettre  à  la  distance  d'une  lieue.  Huygens  l'avait  prié  de  pro- 
duire sa  démonstration  ou  bien  de  faire  construire  une  lunette 
suivant  son  système  2). 

Cependant,  la  première  lentille  hyperbolique  est  achevée 
et  elle  satisfait  Huygens,  qui  s'émerveille  de  ce  qu'on  n'y  voie 
rien  des  défauts  que  Descartes  avait  attendus  de  l'emploi  du 
tour  sans  l'adjonction  de  la  roue  hyperbolique  3);  mais 
Descartes  la  renvoie  4),  avec  un  morceau  de  carton  percé 
d'ouvertures.  Appliqué  sur  le  côté  plat  de  la  lentille,  ce  carton 
faisait  voir  que  les  rayons  tombant  à  des  distances  différentes 
du  centre  ne  se  réunissaient  nullement  en  un  même  point; 
or,  c'est  là  précisément  ce  que  Descartes  avait  craint,  parce 
que,  au  tour  ordinaire,  chaque  défaut  se  reproduit  tout  le 
long  de  la  circonférence  du  cercle.  Descartes  avait  bien  songé 
à  la  possibilité  que  la  forme  de  l'hyperbole  ne  s'accordât  pas 


i)  L'oculaire. 

*)  La  lettre  à  Hortensius  se  trouve  parmi  les  Lettres  latines,  N°.  224. 
Huygens  prend  très  au  sérieux  l'assertion  de  Hortensius  et  lui  représente 
les  grancls  avantages  qu'il  pourrait  retirer  de  son  invention.  Mais  Hor- 
tensius s'était  évidemment  trop  avancé,  et  c'est  là  probablement  une  des 
raisons  de  l'opinion  très  défavorable  de  Descartes  sur  Hortensius.  Du  moins, 
Descartes  se  montre  vivement  froissé  delà  remarque  de  Hortensius,  quand 
il  écrit  ironiquement  à  Huygens  (Foucher  du  Careil,  II,  p.  227):  *  Au  reste 
vostre  travail  d'avoir  tracé  vous  même  une  hyperbole  est  bien  inutile, 
puisque  la  figure  circulaire  est  la  meilleure,  et  il  y  a  bien  plus  déraison 
de  croyre  en  cecy  Vautorité  d'un  professeur,  appuiée  de  toutes  les  ex- 
périences des  artisans,  que  les  imaginations  d'un  hermite  qui  confesse 
ingénument  qu'il  n'a  jamais  fait  aucune  espreuve  de  ce  qu'il  dit" 

3)  Lettres  françaises,  T.  I,  p.  625;  5  déc.  1635. 

4)  Cousin,  VI,  p.  325. 


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438  D.    J.    KORTEWEG.   NOTES  SUR 

avec  le  pouvoir  réfringent  du  verre  employé,  ^—  mais  non, 
il  y  avait  plus,  ce  n'était  pas  une  hyperbole  du  tout. 

Huygens,  toutefois,  ne  perd  pas  courage.  Descartes  lui  en- 
voie une  hyperbole  tracée  de  sa  main,  et  dont  Huygens  ad- 
mire la  pureté:  „Je  vay  remettre  mon  tournem  à  la  seconde 
espreuve,  dans  laquelle  je  me  suie  bien  assuré  que  ses  faultes  ne 
trameront  plus  le  prétexte  dont  il  m! a  payé  par  le  passé  *  )  Le 
tourneur  paraît  donc  avoir  rejeté  la  faute  sur  le  dessin  de 
Huygens. 

Cette  seconde  épreuve  aussi  doit  avoir  échoué.  En  septembre 
1637  y),  en  effet,  Huygens  a  reconnu  qu'au  tour  ordinaire 
les  difficultés  sont  insurmontables.  On  suivra  maintenant  de 
plus  près  les  indications  de  Descartes,  mais  pourtant  le  tour- 
neur espère  arriver  au  but  d'une  manière  un  peu  plus  simple, 
et  -—  dit  Huygens  —  c9est  un  homme  ingénieux.  A  Amster- 
dam on  fera  faire  des  prismes  de  verre,  „ici",  c'est-à-dire  au 
camp  de  Breda,  on  déterminera  le  pouvoir  réfringent,  puis 
le  jeune  van  Schooten  tracera  exactement  l'hyperbole  et 
Huygens  veillera  à  ce  que  la  lentille  soit  bien  travaillée  par 
le  tourneur. 

Descartes  est  enchanté  de  cette  persévérance  3),  mais  doute 
que  le  tourneur  ait  raison.  Cependant,  il  lui  rend  visite 
dans  le  courant  de  l'hiver,  et  reçoit  de  lui  une  impression 
favorable.  Il  sera  fait  un  modèle  en  bois  de  la  machine,  et 
quand  ce  modèle  sera  prêt,  Descartes  ira  le  voir.  Il  prie 
Huygens  4)  de  l'avertir  à  temps,  car  il  n'aimerait  pas  qu'avant 
ce  moment  on  travaillât  à  la  machine  proprement  dite.  Si 
le  tourneur  réussit,  il  tâchera  de  lui  procurer  patente  en  France. 
Richelieu  aussi  veut  faire  construire  en  France  des  lentilles 
hyperboliques,  mais  Descartes  ne  croit  pas  qu'on  y  parvienne, 
à  moins  qu'il  ne  soit  présent  lui-même. 

*)  Lettres  françaises,  I,  p.  715. 
*)  Lettres  françaises,  I,  p.  759. 
3)  Cousin,  T.  VI,  p.  329. 
*)  Cousin,  T.  VII,  p.  440. 


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CONSTANTIJN  HTJYGENS   BTa  439 

Comment  les  choses  marchèrent  ensuite,  la  partie  acces- 
sible de  la  correspondance  entre  Huygens  et  Descartes  ne 
nous  Tapprend  pas;  mais  une  lettre  écrite  un  peu  plus  tard 
à  Perrier,  lequel  paraissait  enclin  à  reprendre  la  tentative 
autrefois  avortée,  nous  fait  connaître  le  résultat  final  des 
essais  amsterdammois  '),  qui  avaient  été  vigoureusement 
poursuivis.  La  machine  à  découper  les  lames  en  acier  avait 
parfaitement  répondu  à  l'attente.  Mais  il  avait  été  impossible, 
à  l'aide  de  ces  lames,  de  travailler  la  roue  avec  assez  de 
précision  pour  qu'elle  pût  tailler  une  lentille  de  forme  régu- 
lière. Pourtant,  on  avait  obtenu  deux  ou  trois  verres  qui 
donnaient  bonne  espérance.  Lorsque,  écrit  Descartes,  on  n'en 
laissait  qu'une  partie  découverte,  de  la  grandeur  des  verres 
des  lunettes  ordinaires,  on  ne  voyait  rien  que  de  fort  obscur, 
néanmoins,  quand  ils  étaient  tout  découverts,  ils  avoient 
autant  d'effet  que  les  ordinaires,  ce  qui  montroit  que  s'ils 
eussent  été  aussi  polis,  ils  eussent  eu  d'autant  plus  d'effet 
qu'ils  étoient  plus  grands,  qui  est  tout  ce  qu'on  peut  espérer. 
Il  s'agissait  donc  d'obtenir  un  meilleur  polissage. 

C'est  à  quoi,  toutefois,  on  n'est  parvenu  ni  à  Amsterdam, 
ni  à  Paris,  et  ainsi  la  tentative  à  laquelle  Huygens  avait 
collaboré  avec  tant  d'enthousiasme  n'aboutit  qu'à  un  mé- 
compte 2). 

Mais,  pour  cela,  la  correspondance  une  fois  commencée 
ne  s'arrêta  pas.  Successivement,  il  y  fut  question  de  sujets 
très  divers,  dont  nous  mentionnerons  quelques-uns  3). 


i)  Cousin,  T.  6,  p.  45. 

a)  On  a  renoncé  depuis  aux  lentilles  hyperboliques,  mais  après  Descartes, 
en  1656,  Christiaan  Huygens  et  Hevelius  tentaient  encore  de  les  réaliser. 
Voir:  Oeuvres  complètes  de  Christiaan  Huygens,  T.  I,  p.  384  et  488. 

3)  Quelques  lettres  postérieures  (Lettres  françaises,  II,  p.  137;  II,  p.  123; 
II,  p.  247)  ont  aussi,  sans  contredit,  de  l'intérêt  pour  l'histoire  des  démêlés 
de  Descartes  avec  Voetius;  mais  c'est  là  un  sujet  où  je  ne  me  risque  pas. 


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440  D.   J.   KORTEWEG.    NOTES   SUR 

Dès  le  début,  Huygens  apparaît  comme  conseiller  à  propos 
de  la  publication,  projetée  par  Descartes,  de  son  Discours  de 
la  Méthode  joint  à  la  Dioptrique,  les  Météores  et  la  Géométrie  *). 
Il  recommande  comme  éditeur  Willem  Jansz.  Blaeu,  avis 
qui,  nous  ne  savons  pourquoi,  ne  fut  pas  suivi,  préfère 
pour  les  figures  la  taille  de  bois  à  la  gravure  sur  cuivre,  et 
insiste  surtout  pour  que  Descartes  fasse  imprimer  les  figures 
dans  le  texte  et  non  à  la  fin  de  l'ouvrage.  L'incommodité 
que  cette  dernière  disposition  cause  au  lecteur,  il  la  compare 
assez  ingénieusement  à  la  peine  de  V oiseau,  qu'on  dit  travailler 
à  percer  les  Arbres  et  en  faire  tant  de  fois  le  tour  pour  veoir 
s'il  a  passé.  Plus  tard  —  lorsque  la  publication  est  com- 
mencée —  Huygens  donne  son  sentiment  sur  la  forme  de 
l'impression,  et  offre  d'aider  à  corriger  les  épreuves  2). 

D'autre  manière  encore,  il  tâche  de  se  rendre  utile,  savoir, 
en  se  chargeant  de  l'expédition  de  livres  et  de  manuscrits 
entre  Descartes,  qui  continuait  à  séjourner  en  Hollande,  et 
son  correspondent  français,  le  père  Mersenne,  à  Paris  3). 
L'envoi  de  paquets  par  la  poste  entraînait  de  grands  frais. 
On  cherchait  donc  d'autres  occasions,  et  elles  n'étaient  pas 
faciles  à  trouver.  „M.  de  Zuylichem  n'étant  pas  à  la  Haye,  je 
ne  sais  par  quelle  voie  je  pourrais  vous  envoyer  le  livre"  4),  écrit, 


i)  Lettres  françaises,  I,  p.  643  (28  oct.  1635). 

2)  Lettres  françaises,  I,  p.  715  (15  juin  1636),  p.  769  (5  janv.1637). 

3)  A  l'occasion  d'un  de  ces  envois,  nous  apprenons  à  connaître  l'opinion 
de  Huygens  sur  le  père  Mersenne.  A  la  personne  (inconnue)  qu'il  charge 
de  faire  parvenir  un  paquet  à  son  adresse,  il  écrit:  a  après  quelemaistre 
Moine  (c'est  le  père  Mersenne)  se  sera  acquisté  de  ce  qu'on  tuy  demande 
je  seray  très  content  que  les  réponses  repassent  par  mes  mains,  qui  ay  de 
V inclination  pour  luy,  à  raison  de  celle  qu'il  témoigne  avoir  à  l'avance- 
ment des  sciences;  quoy  que  par  trop  embrasser  il  estreigne  un  peu  mal. 
Ce  qui  je  vous  prie  de  ne  luy  dire  pas,  mais  bien  que  je  suis  son  ser- 
viteur et  attends  de  vèoir  ce  qu'il  promet  de  beau  au  publiq.  Car  il  ne 
cessera  pas  à" escrire  jusqu'au  cercueil.11   Lettres  françaises,  T.  I,  p.  783. 

4)  Cousin,  T.  VII,  p. 178  (31  mars  1638). 


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OONSTANTIJN   HUYGENS   ETC.  44Ï 

par  exemple,  Descartes  au  P.  Mersenne.  En  sa  qualité  de 
Secrétaire  du  Prince  d'Orange,  Huygens  avait  beaucoup 
d'envois  à  faire,  et  on  en  profitait. 

De  son  côté,  Descartes  ne  refuse  pas  de  satisfaire  à  la 
modeste  prière  de  Huygens,  demandant  qu'il  lui  expose  en 
trois  pages  les  premiers  principes  de  la  mécanique  et  leur 
application  aux  quatre  ou  cinq  machines  les  plus  importantes 
(poulie,  plan  incliné,  coin,  treuil,  vis,  levier).  Huygens  avait 
lu  Quido  Ubalài  et  Galilée  dans  la  traduction  du  père  Mersenne, 
mais  il  n'est  pas  satisfait  nmyimaginant  que  ces  gens  là  ne  font 
qu'envelopper  de  superfluités  obscures,  une  chose  que  je  m'assure 
que  vous  comprendrez  en  deux  ou  trois  suppositions"  l). 

L'opuscule  de  Descartes  se  trouve  imprimé  dans  l'édition 
de  Cousin  2),  tandis  que  l'original  est  conservé  à  Leide 
(collection  Huygens).  En  lui  adressant  ses  remercîments  de 
réception  les  plus  vifs,  Huygens  presse  Descartes  3)  de 
développer  complètement  et  de  publier  ses  idées  „pour  ne 
laisser  rien  à  dire  aux  scavanis  ni  à  souhaister  aux  apprentifs  de 
ceste  jolie  estude  journalière  que  vous  aurez  illustre  le  premier  et 
sorti  de  V embarrassante  obscurité  des  Italiens,  qui  faciunt  non 
intelligendo,  etc'\  jugement  qui,  surtout  en  ce  qui  touche 
Galilée,  n'est  pas  ratifié  par  la  postérité. 

Descartes,  au  reste,  ne  s'est  pas  rendu  à  cette  invitation. 
Il  écrit  bien  „qu'il  a  omis  le  plus  beau  du  sujet  4),  mais,  pro- 
visoirement, il  est  absorbé  par  de  tout  autres  préoccupations. 
Il  cherche  les  moyens  de  prolonger  la  vie  humaine  beaucoup 
au-delà  de  ses  bornes  ordinaires.  Pendant  quelque  temps  cette 
question  ieste  à  l'ordre  du  jour,  sans  toutefois  qu'il  en 
ressorte  rien  de  bien  intéressant. 

Entre  temps,  Huygens  consulte  Descartes  au  sujet  des  mer- 


i)  Lettres  françaises,  I,  p*759. 

a)  Cousin,  T. V,  p. 431. 

3)  Lettres  françaises,  I,  p. 81 7. 

4)  Cousin,  T.  VII,  p.412. 


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442  D.   J.   KORTEWBG.  NOTES   SUR 

veiïleux  tours  d'un  certain  docteur  van der Straten  ^.Celui-ci 
prétend  pouvoir  faire  fondre  de  Por  et  des  diamants  dans  la 
paume  de  la  main  de  quelqu'un  —  la  chose  aurait  réussi  deux 
fois  chez  le  marquis  Spinola  —  par  un  dissolvant  si  doux 
qu'on  peut  le  prendre  sur  la  langue,  et  en  moins  de  temps 
qu'il  n'en  faut  pour  réciter  quelques  patenôtres.  En  peu  de 
temps  il  coupe  des  barres  d'acier. 

Ensuite  vient  sur  le  tapis  la  dispute  entre  deux  mathéma- 
ticiens hollandais,  Stampioen  et  Wassenaer.  À  cette  dispute 
nous  consacrerons  une  Annexe  spéciale  (Ann.  II),  à  cause  du 
rôle  important  que  Descartes  y  a  joué. 

Huygens  demande  aussi  l'avis  de  Descartes  sur  une  machine 
—  un  perpetuum  mobile  —  qui  excitait  de  grandes  espérances 
à  Amsterdam  2).  Cet  avis  ayant  été  défavorable,  il  s'y  soumet, 
mais  ne  laisse  pas  passer  l'occasion  d'engager  Descartes  à 
diriger  sa  pensée  sur  l'emploi  le  plus  avantageux  du  vent 
et  de  l'eau  comme  force  motrice,  sujet  d'une  si  haute 
importance  pour  les  Sept-Provinces  ! 

Plus  loin,  nous  voyons  le  père  Mersenne  recourir  à  l'in- 
tervention de  Huygens  pour  obtenir  de  Descartes  la  solution 
d'une  question  qui  lui  paraissait  très  énigmatique:  Gomment 
se  peut-il  que  la  hauteur  d'un  jet  d'eau  lancé  verticalement 
soit  proportionnelle  à  la  hauteur  de  pression  elle-même,  et 
que  la  distance  à  laquelle  atteint  un  jet  d'eau  lancé  horizon- 
talement ne  soit  proportionnelle  qu'à  la  racine  carrée  de  la 
hauteur  de  pression?  Suit  une  longue  réponse  3),  dans  laquelle 
la  chose  se  trouve  expliquée  à  peu  près  comme  on  le  ferait 
encore  aujourd'hui,  explication  qui  est  présentée  —   évidem- 


i)  Lettres  françaises,  I,  p. 807.  La  réponse  de  Descartes  (Cousin,  T.  VIII, 
p. 53)  ne  devient  bien  intelligible  que  par  la  lettre  de  Huygens. 

*)  Lettres  françaises,  II,  p.  93  (26  mai  1642).  Cousin,  T.  IX,  p. 87. 

3)  Cousin,  T.  IX,  p.  88.  Il  me  semble  que  Descartes  s'excuse  plus  ou 
moins  d'employer,  vis-à-vis  da  Huygens,  un  peu  d'algèbre. 


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CONSLÀNTIJN   HUTGENS  ETC.  443 

ment  en  faveur  de  Huygens,  et  d'une  manière  très  heureuse  — 
sous  une  forme  populaire. 

Notons,  enfin,  que  Huygens  s'intéresse  aussi  à  des  recher- 
ches magnétiques,  et  que  la  dernière  lettre  de  notre  col- 
lection >)  renferme  la  prière  à  Descartes  de  vouloir  exposer 
ses  idées  sur  la  chimie  „pour  veovr  en  combien  peu  de  nomen- 
clature vous  comprenez  tant  d'eaux,  de  sels,  d'huiles,  d'essences, 
d'esprits" 


Avant  de  passer  à  un  autre  sujet,  qu'il  nous  soit  permis  de 
dire  un  mot  du  ton  qui  règne  dans  cette  correspondance.  On 
sent  bien  vite  que  Huygens  et  Descartes  ne  conversaient  pas 
ensemble  sur  le  pied  d'une  égalité  parfaite.  A  chaque  instant 
on  voit  Huygens  donner  cours  à  son  admiration  pour  Des- 
cartes et  subordonner  son  propre  jugement  à  celui  de  son 
illustre  correspondant.  Descartes,  de  son  côté,  est  évidemment 
dans  les  dispositions  les  plus  amicales  envers  Huygens.  De 
l'amertume  à  laquelle  il  lui  arrivait  de  se  laisser  aller,  même 
vis-à-vis  du  père  Mersenne,  et  qui  était  sans  nul  doute  le 
contre-coup  du  sombre  accablement  parfois  étendu  sur  son 
esprit  inquiet,  jamais  on  ne  découvre  la  moindre  trace  lorsqu'il 
écrit  à  Huygens  ;  mais,  quant  à  son  opinion,  il  l'émet  toujours 
de  la  manière  la  plus  décidée,  souvent  sans  l'appuyer  de 
raisons  et  en  choisissant  la  forme  ironique. 

Huygens,  par  exemple,  vient  de  lire  un  ouvrage  de  Cain- 
panella,  auquel  manifestement  il  attache  une  certaine  impor- 
tance. Qu'on  remarque  en  quels  termes  circonspects  il  demande 
l'avis  de  Descartes:  „si  vous  tenez  tousiours  la  vérité  en  séquestre, 
tantost  nous  serons  aussi  héritiques  que  le  Campanella,  dont  je 
vous  envoyé  le  sommaire  en  cholere  et  pour  peine  de  voz  rigueurs, 
vous  condamnant,  s'il  vous  est  nouveau  à  y  jetter  la  veue,  pour 


i  )  Lettres  françaises,  T.  II,  p.  247  (7  juill.  1645). 


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444  D.    T.   KORTEWEG.    NOTÉS   SUR 

me  dire  au  moins  si,  en  attente  du  flambeau  de  voz  vérités,  il  m'est 
permis  de  courir  un  peu  après  ce  feu  follet?'  ').  La  réponse  est: 
^m'ayant  trouvé  occupé  à  répondre  à  quelques  objections,  qui 
m'étaient  venues  de  diverses  parts,  f  avoue  que  son  langage  (de 
Oampanella)  et  celui  de  l'Allemand  qui  a  fait  sa  longue  préface,  m'a 
empêché  d'oser  converser  avec  eux  avant  que  f  eusse  achevé  les  dé- 
pêches, que  j'avais  à  faire,  crainte  de  prend/re  quelque  chose  de  leur 
style  2),  —  puis  vient,  en  peu  de  mots,  une  désapprobation 
complète  du  contenu  des  écrits  de  Campanella. 

Caractéristique  aussi  est  la  façon  dont  Descartes  répond  *)  à 
Tenvoi  de  Y „Orgelgebruych"  de  Huygens.  Dans  cet  opuscule, 
Huygens  plaidait  en  faveur  de  l'introduction  de  l'orgue  dans 
le  culte  protestant.  De  crainte,  peut-être,  que  ce  plaidoyer  ne 
lui  donnât  l'apparence  d'incliner  vers  le  catholicisme,  il  y 
avait  glissé  quelques  duretés  à  l'adresse  de  l'église  romaine. 
Descartes,  qui  en  dépit  de  ses  idées  philosophiques  s'estimait 
bon  catholique,  loue  l'opuscule  4),  mais  se  venge  des  épan- 
chements  anti-catholiques  de  Huygens  par  quelques  railleries  : 
„  Pour  vos  raisons,  je  puis  dire  qu'elles  sont  si  fortes  et  si  bien 
choisies,  que  vous  persuadez  entièrement  au  lecteur  tout  ce  que  vous 
avez  témoigné  vouloir  prouver;  ce  que  j'avoue  ici  avec  moins  de 
scrupule  à  cause  que  je  n'y  ai  rien  remarqué  qui  ne  s'accorde 
avec  notre  église.  Et  pour  ces  epithètes  que  vous  nous  donnez  ce- 
pendant en  divers  endroits,  je  ne  crois  pas  que  nous  devons  nous 
en  offenser  davantage,  qu'un  serviteur  ne  s'offense  quand  sa  maî- 
tresse l'appelle  „Schelm"  pour  se  venger  d'un  petit  baiser  qu'il  lui 


i)  Lettres  françaises,  I,  p.  817. 

i)  Cousin,  T.  VII,  p.  417. 

3)  Cousin,  T.  IX,  p.  118. 

*)  m  Je  me  persuade  pourtant  que  V idiome  ne  m1  a  pas  empêché  d%  en- 
tendre le  sens  de  vostre  discours,  dans  lequel  y  ai  trouvé  un  ordre  si  clair 
et  si  bien  suivi,  qu'il  m'a  été  aisé  de  me  passer  du  mélange  des  noms 
étrangers  qui  n'y  sont  point,  et  qui  ont  coutume  de  me  faciliter  l'intelli- 
gence du  flamand  des  autres."  Eloge  remarquable,  et  certes  non  médiocre, 
de  la  pureté  du  style  de  Huygens! 


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CONSTÀNTIJN  HinTGENS   ETC.  445 

a  pris,  ou  plutôt  pour  couvrir  la  honte  qu'elle  a  de  le  lui  avoir 
octroyé.  Il  est  vrai  ,que  ce  baiser  n  avance  guère,  et  je  voudrais 
qu'en  nous  disant  de  telles  injures  vous  eussiez  aussi  bien  déduit 
tous  les  points  qui  pourraient  servir  à  rejoindre  Genève  avec 
Rome",  etc. 

Outre  cette  différence  de  ton,  plus  facile  à  sentir  qu'à  démon- 
trer, ce  qui  nous  frappe  encore,  c'est  que  Huygens,  surchargé 
de  besogne  et  ne  disposant  librement,  il  le  déclare  lui- 
même,  que  des  heures  de  la  nuit,  juge  pourtant  son  temps 
beaucoup  moins  précieux  que  celui  de  Descartes  qui,  au  sens 
ordinaire  du  mot,  n'avait  pas  d'occupation  régulière.  Ainsi, 
le  père  Mersenne  s'étant  un  jour,  contrairement  à  l'habi- 
tude établie,  servi  de  l'intermédiaire  de  Descartes  pour  faire 
parvenir  un  paquet  à  Huygens,  celui-ci  coupe  immédiatement 
court  à  ces  libertés  :  „pour  moy  je  scay  trop  bien  ce  que  valent 
les  moindres  moments  de  vostre  loisir  pour  souffrir  que  ceux  qui 
ne  les  considèrent  pas  si  bien  en  abusent  à  mon  avantage"  '). 
Dans  la  même  lettre,  il  témoigne  l'extrême  ravissement 
éprouvé  en  découvrant  que  Descartes  a  pris  la  peine  de  copier 
un  écrit  (la  défense  contre  Saumaise)  que  lui,  Huygens,  avait 
soumis  à  son  examen;  et  néanmoins,  il  est  indigné  à  la 
pensée  que  Descartes  a  employé  son  précieux  temps  à  copier 
ces  ^pauvres  défenses".  La  copie  elle-même,  il  la  conservera 
avec  le  même  soin  et  le  même  respect  dont  il  en  use  envers 
le  moindre  petit  papier  de  la  main  de  Descartes  2).  Encore 
que  ces  expressions  et  d'autres  analogues  puissent  être  mises 
en  partie  sur  le  compte  de  la  courtoisie  du  dix-septième 
siècle,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  toute  la  correspondance 
respire    un   profond   et,    sincère    sentiment   d'admiration    et 


i)  Lettres  françaises,  II,  p.  137  (6  juin  1643). 

*)  On  trouve  effectivement,  dans  le  Catalogue  ci-dessus  cité  de  la  vente 
Sotheby,  la  mention  suivante  :  No.  124.  A  paper  entitled  „Copie  de  la 
main  de  M  Descartes,  de  mes  répliques  sur  une  lettre  de  M.  Saumaise 
à  M .  Rivet  touchant  ïépigramme  qui  s' ensuit",  in  M .  de  Zuylichem's  hand . 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  29 


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446  D.   .T.   KORTEWEG.    NOTES  SÛR 

de  respect  pour  la  supériorité  intellectuelle  de  Descartes,  et 
que  par  là,  à  notre  avis,  elle  montre  Gonstantyn  Huygens, 
auteur  renommé  lui-même  et  très  grand  seigneur,  sous  un 
jour  des  plus  aimables.  Le  caractère  particulier  de  cette  cor- 
respondance frappe  encore  plus  quand  on  ouvre  les  lettres 
—  dont  quelques-unes  figurent  aussi  parmi  les  Lettres  fran- 
çaises —  adressées  au  père  Mersenne*  devant  qui  Huygens 
n'avait  certainement  pas  à  s'incliner.  De  celles-là,  une  tout 
autre  impression  se  dégage  l  ). 


Dans  sa  correspondance  avec  Diodati  2)  nous  voyons  égale- . 
ment  Huygens  mettre  le  pied  sur  le  terrain  des  sciences 
physiques.  En  1635,  Galilée  s'était  adressé  aux  Etats-Généraux 
pour  leur  offrir  sa  découverte  de  la  détermination  de  la  longitude 
au  moyen  des  éclipses  des  satellites  de  Jupiter.  Les  Etats 
inclinant  à  prendre  la  chose  en  considération,  le  11  novembre 
1636  une  Commission,  composée  de  Willem  Blaeu,  Heaal  et 
Hortensius,   et  ayant  le  droit  de  s'adjoindre  Golius,  reçut  le 


0  Lorsque,  par  exemple,  Mer  senne  arrive  avec  un  plan  pour  élever  de 
l'eau  sans  travail,  au' moyen  d'un  siphon,  Huygens  lui  fait  remarquer  avec 
raison  que  ce  serait  peine  perdue  si,  en  haut,  on  ne  pouvait  rien  en  pren- 
dre; et  veut-on,  pour  en  prendre,  pratiquer  une  ouverture  dans  le  tube, 
il  est  à  craindre  que  la  „fugà  vacui"  „qui  est  le  ressort  de  la  machine, 
ne  s'en  aille  interrompue  et  morte".  Autrement,  oui!  on  pourrait  à  peu 
de  frais  embellir  considérablement  un  bien  de  campagne,  et  de  la  recon- 
naissance serait  due  à  l'inventeur  qui  aurait  rendu  inutiles  les  moulins, 
ces  appareils  coûteux  et  embarrassants.  De  ceux-ci,  au  reste,  nous  en 
avons  de  toutes  sortes,  mus  par  le  vent,  par  l'eau,  par  des  chevaux  ou  par 
le  bras  de  l'homme:  „choses  ordinaires  et  cognues  par  tout  le  monde, 
non  que  de  vous,  monsieur,  qui  n'en  voulez  point  ignorer", 

2)  Lettres  françaises,  I,  p.  771,  p.  824,  p. J973.  La  première  et  la  dernière 
de  ces  trois  lettres,  du  13  avril  1637  et  du  1«  avril  1640,  se  retrouvent, 
en  italien  et  avec  de  légères  modifications,  dans  Le  opère  di  Galileo 
Galilei,  Firenze,  1848,  T.  VIL  Celle  du  13  février  1638  manque  à  cette 
publication.  Elle  sera  reproduite  dans  l'édition  des  œuvres  de  Galilée,  qui 
se  prépare  sous  les  auspices  du  Gouvernement  Italien. 


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CONSTANTIJN   HUYGEJTS   ETC.  447 

mandat  d'examiner  l'offre  de  Galilée.  Bien  que  le  projet  se 
présentât  d'abord  favorablement  et  que  les  Etats  eussent 
résolu,  le  25  avril  1637,  de  décerner  par  anticipation  une 
chaîne  et  une  médaille  en  or  à  Galilée,  comme  marque  de  leur 
haute  estime,  on  dut  pourtant  reconnaître  que  l'application 
de  la  méthode  rencontrait  encore  des  difficultés.  De  là,  de 
longues  négociations,  au  cours  desquelles  Elias  Diodati,  qui 
menait  en  grande  partie  la  correspondance  pour  Galilée, 
s'adressa  à  Huygens,  le  priant  de  lui  prêter  son  concours  *  ). 
Par  la  réponse  de  Huygens  2)  nous  voyons  qu'il  était  par- 
faitement au  courant  de  la  question  scientifique.  L'affaire, 
mande-t-il,  est  en  bonne  voie,  Reaal  écrira  à  Galilée,  nmais 
ce  sera .  ...  en  luy  demandant  un  télescope  de  sa  façon,  ceux  de 
ce  pais  ne  pouvant  représenter  les  quatre  satellites,  dont  il  s'agit, 
saris  je  ne  sçay  quelle  sorte  de  scintillation,  qui  pourrait  empêcher 
les  observations  soudaines  et  momentanées  de  lewr  coniunctioni, 
applicationi  et  bclissi,  telles  que  l'auteur  nous  les  spécifie,  de 
sorte%  Monsieur,  que  le  rapport  de  ces  commissaires  ne  s' étant  peu 
faire  que  provisoire  et  en  partie,  sans  Vayde  de  l 'engin  principal, 
je  ne  voy  pas  quel  subject  le  seigneur  Galileï  pourroit  avoir  de 
se  tenir  peu  satisfait  du  delay  de  nos  résolutions.  Il  restera 
d'ailleurs  l'expédient  si  nécessaire  contre  les  agitations  de  la  mer 
et  l'horloge,  de  pareille  importance  à  bien  effectuer  les  opérations. 
Tout  cela  est  de  l'essence,  en  tant  que  la  chose  regarde  la  navi- 
gation; si  ne  le  voyons  nous  qu'en  espérance,  et  qui  sçait  si  ce 
grand  personnage  vivra  assez  pour  nous  achever  d'instruire  .  .  . 
Tadvoue  que,  si  sibi  constat  calculus  ephimeridum  comme  je 
suis  bien  content  de  m'en  reposer  sur  la  bonne  foy  de  l'auteur,  c'est 
desia  un  grand  point  gagné  sur  terre,  et  d'où  s'ensuivra  nécessaire- 
ment la  rêformation  de  toute  la  Géographie;  mais  les  intérêts 
particuliers  nous  pressant  plus,  et  uniquement  à  nous  voir  designer 
en   haute  mer,   ou  nous  sommes  tant,  au  regard  du  long  que  du 

»)  On  trouve  cette  lettre,  avec  quelques  autres  de  Diodati  à  Hortensius 
et  à  Huygens,  dans  Le  opère  di  Galileo  Galilei,  T.  VII* 
2)  Lettres  françaises,  I,  p.  771. 

29* 


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448  t>.   J.   KORTEWEG.    NOTES  SUR 

large,  vous  pouvez  considérer  qu'il  n'y  a  que  l'invention  marine 
qui  nous  chatouille  principalement,  et  sans  laquelle  aucunement 
reduitte  à  Veffect  de  la  pratique,  que  nos  peuples  auront  de  la 
peine  à  se  tenir  obligez  d'un  bénéfice  gênerai  et  beau,  plus  qu'avan- 
tageux  à  leurs  affaires.  Mais  ce  sera  bien  moi.  Monsieur,  qui 
travailleray  à  leur  donner  de  plus  saines  impressions". 

Cependant,  les  négociations  n'avançaient  que  lentement  et 
la  convenance  se  fit  bientôt  sentir  de  dépêcher  vers  Galilée 
un  homme  compétent  Les  Etats-Généraux  devaient  être 
amenés  à  voter  les  fonds  nécessaires.  „  Tâche  délicate",  écrit 
Huygens,  ncar  le  trésor  y  est  intéressé"  *).  Néanmoins,  il  s'y 
attelle:  „è  combien  de  personnes  de  condition  et  d'authorité 
pensez  vous  que  nous  ayons  estez  obligez  de  prlcher  un  Evangile 
incognu,  prins  d'abord  pour  folie"  2).  U  parvient  à  gagner 
l'appui  de  Frédéric-Henri  et  détermine  Gats  à  faire  aux 
Etats  la  proposition  d'accorder  des  frais  de  voyage  à  Hor- 
tensius, qui  partira  dans  quelques  semaines.  Mais  on  n'en 
vient  pas  jusque-là.  Une  vraie  fatalité  semble  avoir  pesé  sur 
l'affaire.  Des  membres  de  la  Commission,  Reaal,  Blaeu  et 
Hortensius  3),  le  premier  était  décédé  dès  la  fin  de  l'année 
1637,  le  second  mourut  le  18  octobre  1638,  et  au  sujet  de 
Hortensius,  qui  du  reste  mourut  aussi  en  août  1639,  la  dernière 
lettre  de  Huygens  à  Diodati  contient  une  singulière  révélation  : 
„Tout  revient  là  cependant  que  feu  le  Sr.  Hortensius  estant  venu 


i)  Lettres  latines,  N°.  262,  à  Hortensius,  25  janvier  4638:  „uf  grave, 
scilicet,  negotium  quia  ad  aerarii  angustias  pertinet". 

2)  Lettres  françaises,  \  p.  824. 

8)  Huygens  parle  de  quatre  commissaires:  „Et  de  faict,tous  les  quatre 
personnages  desputez  à  cette  affaire  estant  venuz  à  décéder  nous  en  voici 
comme  à  recommencer".  Le  quatrième  n'était  pas  Golius,  maisflsaacBeeckman, 
dont  la  mort  datait  déjà  du  20  mai  4637.  Ce  nom  est  cité  dans  une  lettre 
de  Diodati  à  Huygens,  du  28  février  4640,  lettre  reproduite  dans  les  Atti 
del  reale  instituto  Veneto  di  scienze  etc.,  T.  VII,  Sér.  V,  p.  393,  d'après 
l'opuscule:  De  vero'telescopii  invcntore  etc.  Authore  Petro  Borello, Hagae 
Cornitum,  Adr.  Vlack,  4655,  p.  53—64. 


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CONSTANTIJN   HUYGENS    ETC.  449 

à  mourir  saisy  des  deniers  qu'on  luy  avait  faut  fournir  pour  le 
voyage  d'Italie^  sans  que  jamais  il  se  soit  mis  en  posture  ni  debuoir 
de  s'y  acheminer;  ceste  frasque  (ainsi  Von  a  voulu  la  baptiser)  a 
faict  refroidir  beaucoup  de  courages,  qu'on  avoit  eu  de  la  peine  à 
réchauffer."  Pourtant,  Huygens  est  de  nouveau  prêt  à  reprendre 
la  tentative,  avec  le  même  zèle  ;  mais  il  ne  s'en  dissimule  pas 
les  difficultés:  Jorce  nous  est  de  represcher  les  paradoxes  de  cet 
Evangile  tout  de  nouveau,"  et  personne  ne  l'aide,  sauf  Boreel, 
homme  très  influent.  A  Boreel  aussi,  écrit  Huygens,  —  et 
Diodati  se  conforma  à  cet  avis  —  donnez  un  petit  coup  d'éperon  : 
„deux  cJtevaux  tireront  mieuh  le  çarosse  qu'un  seul."  De  son 
côté,  il  promet  un  concours  énergique  „pour  faire  réussir  une 
conception  que  je  me  représente  si  utile  et  d'un  succès  si  indubitable". 
Mais,  cette  fois  encore,  on  n'aboutit  pas.  Le  15  juin  1640, 
Diodati  écrit  à  Galilée  qu'il  n'a  plus  rien  appris  de  Hollande. 
Les  efforts  de  Huygens  paraissent  donc  avoir  échoué;  puis 
la  maladie  et  la  mort  de  Galilée  vinrent  mettre  fin,  pour  tout 
de  bon,  à  la  négociation.  Quant  à  savoir  si,  dès  cette  époque, 
Galilée  eût  été  en  état  d'approprier  sa  méthode,  sous  tous 
les  rapports,  par  exemple  en  ce  qui  concerne  le  calcul  des 
éphémérides,  aux  besoins  de  la  navigation,  c'est  une  question 
que  je  ne  me  hasarde  pas  à  résoudre. 


Arrivé  à  la  fin  de  notre  tâche,  essayons  de  résumer  en 
quelques  mots  l'impression  reçue.  Nous  croyons  que  Constantijn 
Huygens  ne  saurait  être  rangé  parmi  les  hommes  spécialement 
aptes  aux  recherches  originales.  Aucun  fait  n'autorise  à  affir- 
mer de  lui  —  comme  on  peut  hardiment  le  faire,  par  exemple, 
de  Johan  de  Witt  et  du  bourgmestre  amsterdammois  Hudde 
—  que  le  labeur  et  les  soucis  de  leur  emploi  ont  seuls 
mis  obstacle  au  plein  développement  de  grandes  disposi- 
tions pour  les  sciences  exactes  ou  naturelles.  Ce  qui  est 
indéniable,  par  contre,  c'est  le  vif  intérêt  que  lui  inspiraient 
les   travaux   des   autres  et  la   pénétration    qu'il  apportait  à 


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450  D.  J.   KOBTBWBG.   NOTES  SUR 

s'assimiler  leurs  idées.  D'un  regard  attentif  et  vigilant  il 
suivait  le  progrès  qui  de  son  temps  s'accusait  dans  l'étude 
de  la  nature,  et,  pour  venir  en  aide  à  ceux  qui  y  prenaient 
une  part  active,  aucune  peine  ne  lui  coûtait.  C'était,  pour 
terminer  par  un  mot  de  lui-même,  un  homme  „amourem  de 
Vanatomie  des  choses".  *) 

ANNEXE  I. 

Etat  de  la  correspondance  aujourd'hui  connue 

entre  Constantijn  Huygens  et  Descartes. 


I. 

Constantijn  Huygens  à  Descartes. 

1)  28  oct.  1635.  Lettres  françaises.  T.  I,  p.  643. 

2)  5  déc.  1635  „  T.  I,  p.  625. 

3)  15  juin  1636  „  T.  I,  p.  715. 

4)  5  janv.  1637  „  T.  I,  p    769. 

5)  18  sept.  1637  „  T.  I,  p.  759. 

6)  23  nov.  1637  „  T.  I,  p.  751. 

7)  2  févr.  1638  „  T.  I,  p.  817. 

8)  30  juill.  1638  „  T.  I,  p.  807. 

9)  15  mai  1639  „  T.  I,  p.  915. 

10)  28  mai  1639  „  T.  I,  p.  911. 

11)  28  déc.  1639  „  T.  I,  p.  855  (imprimée 
dans  Versl.  en  Med.,  Afd.  Natuurk,  3e  Sér.,  T.  III,  1887, 
p.  82). 

12)  17  août  1640.  Lettres  françaises.  T.  I,  p.  953  (impr.  ibid., 

p.  101). 

13)  17  juill.  1641  ,  T.  II,  p.  14. 

14)  26  mai  1642  „  T.  II,  p.  93. 

15)  6  juin  1643  ,  T.  II,  p.  137. 

16)  14  mars  1644  ,  T.  II,  p.  225. 

17)  7  juill.  1645  „  T.  II,  p.  247. 

i)  Lettres  françaises,  II,  p.  247. 


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CONSTÀNTIJN  HUYGENS  ETC.  451 


n. 

Descartes  à  Constantijn  Huygens. 

1)  1  Nov.  1635.  Foucher  du  Careil,  Oeuvres  inédites  de 
Descartes,  T.  II,  p,  227. 

2)  Dec.  1635.  Cousin,  Oeuvres  de  Descartes,  T.  VI,  p.  323. 
Cette  lettre  est  regardée  par  Cousin  comme  adressée  à 
Pollot  et  écrite  le  7  oct.  1637.  Elle  doit,  toutefois,  avoir 
été  adressée  à  celui  qui  a  dessiné  l'hyperbole,  c'est-à-dire 
à  Huygens,  et  avoir  été  écrite  entre  déc.  1635  et  juin 
1636.  Il  se  peut  qu'on  ait  affaire  à  deux  lettres  écrites 
à  la  suite  l'une  de  l'autre  et  que  la  première  partie  ne 
soit  pas  adressée  à  Huygens. 

3)  Mai  1637.  Cousin,  T.  VI,  p.  302.  Placée  par  Cousin  en 
Avril  1637.  Elle  a,  évidemment,  été  écrite  peu  de  temps 
après  le  décès  (10  mai  1637)  de  la  femme.de  Huygens. 

4)  5  Oct.  1637.  Cousin,  T.  VI,  p.  329.  La  lettre  originale 
est  à  Leide,  Bibliothèque  de  V  Université,  collection  Huygens. 
Elle  diffère  très  peu  de  la  minute.  Cousin  donne  l'adresse 
exacte  et  la  date  du  9  oct.  1637. 

5)  Janv.  1638.  Cousin,  T.  VII,  p.  410.  D'après  la  conjecture 
de  Cousin,  elle  serait  du  18  févr.  1638;  Il  résulte  toutefois 
du  contenu,  que  la  lettre  du  2  févr.  1638  n'avait  pas 
encore  été  reçue  par  Descartes. 

6)  Févr.  1638.  Cousin,  T.  VII,  p.  417.  Placée  par  Cousin 
au  20  mars  1638. 

7)  Août  1638.  Cousin,  T.  VIII,  p.  53.  La  date  est  placée 
par  Cousin  au  25  août  1638.  Il  ne  donne  pas  d'adresse. 

8)  Juill.  1638.  Cousin,  T.  VIH,  p.  294.  Du  26  juill.  1640 
suivant  la  conjecture  de  Cousin. 

9)  Août  1640,  T.  IX,  p  118.  Ni  date  ni  adresse  données 
par  Cousin, 


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452  D.    J.   KORTEWBG.    NOTES   SUR 

10)  11  Nov.  1640.  Foucher  du  Careil,  T.  II,  p.  234.  Bien 
que  Foucher  du  Careil  regarde  ce  billet  comme  adressé 
à  De  Wilhem,  il  est  certainement  adressé  à  Huygenset 
du  11  nov.  1640.  Dans  une  lettre  au  père  Mersenne 
(qui,  on  va  le  voir,  doit  avoir  été  du  18  nov.)  Descartes 
écrit:  ^qu'il  y  avoit  huit  jours  il  avoit  écrit  les  encloses 
pour  luy  estre  adressées  par  M.  Zuylichem  avec  sa  métaphy- 
sique, mais  celui-ci  passa  par  icy  il  y  a  deux  jours  pour  aller 
à  Groningue,  avec  Monsieur  le  prmce  et  les  rapporta  comme 
ne  pouvant  écrire  en  France  de  quelques  semaines"  (Cousin,  T. 
VIII,  p.  397),  et  dans  le  Dagboek  de  Huygens  on  lit: 
„16  Nov.  1640.  Cum  principe  Hagâ  Oroningam profwiscor" '. 
Les  ^encloses"  étaient  les  lettres  qu'on  trouve  dans  Cousin, 
T.  VIII,  p.  387-396;  J écrit  de  métaphysique"  était  nMe- 
ditationes  de  prima  phïlosophiâ,  ubi  de  Dei  existentiâ  et 
animae  wimortalitate" .  Paris  1641,  qui  toutefois,  à  ce 
moment,  n'avaient  pas  encore  de  titre  spécial  (voir  Cousin, 
T.  VIII,  p.  395). 

11)  12  Nov.  1640.  Cousin,  T.  VIII,  p.  422.  L'original  se 
trouve  dans  la  collection  de  l'Anglais,  M.  Morrison. 
L'adresse  et  la  date  ont  été  conjecturées  exactement  (à 
un  jour  près)  par  Cousin.  On  a  ici  un  exemple  de  deux 
minutes  de  lettres  écrites  à  la  suite  l'une  de  l'autre. 

12)  Sept,  ou  Oct.  1642.  Cousin,  T.  VIII,  p.  632.  Serait  du 
8  oct.  1642,  suivant  la  conjecture  de  Cousin. 

13)  Févr.  1643.  Cousin,  T.  IX,  p.  87.  Du  18  févr.  1843, 
suivant  la  conjecture  de  Cousin. 

14)  Mars  (?)  1643.  Cousin,  T.  IX,  p.  120.  La  conjecture  de 
Cousin,  mars  1643,  peut  très  bien  être  exacte. 

15)  Mai  1643.  Cousin,  T.  X,  p.  112.  Cousin  ne  sait  que  dire 
ni  du  jour,  ni  de  l'année.  Il  résulte  toutefois  de  la  ré- 
ponse, qui  est  du  6  juin  1643,  que  la  lettre  doit  être  du  mois 
de  mai  1643,  ou  du  commencement  de  juin. 

Quant   aux  lettres  suivantes  de  Descartes,  il  est  incertain 


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CONSTANTIJN   HUYGENS.  ETC.  453 

si    elles    étaient,    ou    non,   adressées   à  Huygens  Cousin,  T. 
VI,  p.  313,  321;  T.  VIII,  p.  59,  63,  147,  424. 

En  ce  qui  concerne  toutefois  la  lettre  T.  VIII,  p.  147,  je 
la  crois  écrite  à  Van  Schooten,  à  la  fin  de  1638.  La  lettre 
donnée  par  Foucher  du  Careil,  T.  II,  p.  231,  n'est  bien  cer- 
tainement, pas  adressée  à  Huygens.  Elle  est  de  Tannée  1637. 


III. 

Quelques  lettres  touchant  les  relations 
entre  Huygens  et  Descartes. 

1)  7  avril  1632.  Oonstantijn  Huygens  à  J.  Golius,  concer- 
nant la  première  (?)  rencontre  avec  Descartes.  Lettres 
latines,  Académie  royale  des  sciences. 

2)  23  mai  1632.  Descartes  à  D.  Le  Leu  de  Wilhem,  même 
sujet.  Foucher  du  Careil,  Oeuvres  inédites  de  Descartes, 
T.  II,  p.  23. 

3)  12  déc.  1633,  Descartes  à  D.  Le  Leu  de  Wilhem.  Opinion 
sur  Huygens.  Foucher  du  Careil,  T.  II,  p.  6.  Une  famille 
ou  f  entends  qu'il  n'y  a  personne  qui  ne  participe  aux  rares 
et  excellentes  qualités  qui  sont  particulièrement  admirées  de 
tous  en  Monsieur  de  Zuilicom  vosfre  beau-frère. 

4)  6  avril  1635.  Descartes  à  J.  Golius.  Opinion  sur  Huygens 
et  concernant  l'expérience  dioptrique  Archives  de  VEtat 
à  la  Haye,  collection  Beeldsnijder  van  Voshol. 

5)  30  juin  1638.  Huygens  à  Heinsius.  Transmission  d'une 
demande  de  Descartes  concernant  le  prêt  de  livres  de 
la  bibliothèque  de  Leide.  Lettres  latines,  Acad.  royale 
des  sciences. 

6)  22  juin  1641.  De  Wilhem  à  Constantijn  Huygens,  Pro- 
position tendant  à  utiliser  Descartes  dans  un  litige  que 
l'Etat  avait  à  poursuivre.  Bibliothèque  de  V  Université  de  Leide, 
collection  Huygens.  Il  s'agit  propablement  de  la  même 
affaire  dont  il  est  question  dans  la  lettre  de  Descartes 
du  1er  janv.1644,  De  Bude,  Lettres  médites  de  Descartes,p.26. 


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454  D.   J.   KORTBWEG.   NOTES   SUR 

7)  5  juillet  1643.  Constantijn  Huygens  à  D.  Le  Leu  de 
Wilhem.  Conseils  au  sujet  de  la  conduite  à  tenir  par 
Descartes  dans  ses  démêlés  avec  Voetius.  Lettres  françaises, 
II.  p.  128. 

8)  10  juillet  1643.  Descartes  à  De  Wilhem.  Concerne  la 
lettre  précédente.  Foucher  du  Careil,  T.  II,  p.  26. 

9)  10  juillet  1643.  Descartes  à  de  Wilhem.  Même  objet. 
Foucher  du  Careil,  T.  II,  p.  28. 

10)  30  août  1643.  A.  S.  van  Zurck  à  Constantijn  Huygens. 
Sur  Descartes.  Bibliothèque  de  l'université  de  Ldde,  collec- 
tion Huygens. 

11)  2  juillet  1645.  De  Wilhem  à  Constantijn  Huygens.  Sur 
un  ouvrage  manuscrit  de  Descartes.  Bibliothèque  de  Vuni- 
versité  de  Leide,  collection  Huygens. 

12)  4  juillet  1645.  De  Wilhem  à  Constantijn  Huygens.  Même 
objet,  même  collection. 

13)  4  août  1645.  Descartes  à  De  Wilhem.  Sur  une  lettre  de 
Huygens.  Foucher  du  Careil,  T.  II,  p.  32. 

14)  26  juillet  1650.  Constantijn  Huygens  à  Chanut,  ambassa- 
deur de  France  en  Suède.  A  la  mémoire  de  Descartes. 
Lettres  françaises  II,  p.  435. 


ANNEXE  II. 

Sur  la  participation  de  Descartes  à  deux  écrits 
parus  sous  le  nom  de  Wassenaer. 

Les  deux  lettres  ')  de  Huygens  à  Descartes,  qui  traitent 
de  la  dispute  entre  Stampioen  et  Wassenaer,  ont  de  la  valeur 
pour  la  connaissance  du  rôle  que  Descartes  joua  dans  cette 
controverse.  Non  seulement  que,  se  rangeant  du  côté  de 
Wassenaer,    il    dirigea  la  lutte  jusque  dans  ses  détails,  mais 


i)   Lettres   françaises,  T.    I,  p.  855  et  953.  On  les  trouve  imprimées 
dans  la  Notice  de  M.  Bierens  de  Haan,  citée  plus  loin. 


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CONSTANTIJN   HUYGENS   ETC.  455 

il  doit  même  être  regardé  comme  le  véritable  auteur  d'une 
grande  partie  des  deux  écrits  qui  parurent  sous  le  nom  de 
Wassenaer.  Sans  nous  engager  dans  l'historique  du  débat  *), 
nous  dirons  quelques  mots  de  la  part  que  Descartes  a  eue 
aux  écrits  en  question  et  nous  essaierons  de  donner  une  idée 
de  leur  contenu. 

En  ce  qui  concerne  le  premier  de  ces  écrits:  „Jacobi  à 
Wassenaer,  Aenmerchingen  op  den  Nieuwen  stelregel  van  Johan 
Stampioen  d'Jonge  2)  ,Leyden,  Jan  Maire,  1639",  il  donne 
d'abord  une  critique  détaillée  du  livre,  effectivement  très 
stupide,  de  [Stampioen,  „Algebra  ofte  nieuwen  stel-regel,  wœr- 
door  ailes  gevonden  wordt  va  de  wiskonst  dat  vindbaar  is 3), 
's-Gravenliage,  1639"  critique  dans  laquelle  il  est  à  chaque 
instant  question  de  la  Géométrie  de  Descartes;  vient  ensuite, 
p.  29 — 48,  une  partie  dont  le  contenu  essentiel  se  retrouve 
dans  une  lettre  de  Descartes,  probablement  à  van  Schooten, 
lettre  donnée  par  Cousin  T.  VIII,  p.  147—158,  et  à  laquelle 
nous  renvoyons  le  lecteur.  Tous  les  arguments  produits  dans 
cette  lettre  sont,  un  à  un,  repris  et  développés,  et  lorsque, 
p.  46,  Fauteur  parle  de  la  gageure  proposée  par  Stampioen, 
il  émet  aussi  un  avis  tout  à  fait  conforme  à  celui  de  Descartes  : 
■y,8i  le  seigneur  Stampioen  était  assez  hardi  pour  mettre  ces  cent 
ricksdalers  entre  les  tnams  de  personnes  neutres,  il  est  certain  qu'il 
les  perdrait".  Quant  à  savoir  jusqu'à  quel  point  Descartes  est 
impliqué  dans  la  suite  de  l'écrit,  où  sont  annoncées  une  règle 
pour  l'extraction  de  la  racine  cubique  de  a  -h  \/  b  et  la 
solution  de  deux  problèmes  jadis  proposés  par  Stampioen 


i)  Cet  historique  a  été  écrit,  très  complètement,  par  M.  Bierens  de  Haan 
(Verslagen  en  Mededeelingen  der  Kon.  Akad.  van  Wet.,  3esér.,T.  III, 
1887,  p.  69),  à  qui  j'avais  communiqué  les  données  recueillies  par  moi  au 
sujet  de  l'immixtion  de  Descartes. 

2)  C'est-à-dire:  Remarques  sur  le  nouveau  théorème  de  Jean  Stampioen 
le  Jeune. 

3)  C'est-à-dire:  Algèbre  ou  nouveau  théorème,  par  lequel  on  trouve  en 
mathématiques  tout  ce  qui  est  trouvable. 


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456  Ç.   J.    KORTEWEG.    NOTES   SUR 

mais  qu'il  est  accusé  de  ne  pouvoir  résoudre  lui-même,  c'est 
une  question  que  nous  examinerons  à  propos  du  second  des 
deux  écrits  portant  le  nom  de  Wassenaer, 

A  ce  second  écrit  :  Den  onwissen  wiskonstenaer  J.  J.  Stampi- 
oenius  ontdeckt  !),  Johannes  Maire,  1640",  Descartes  a  cer- 
tainement eu  une  part  encore  plus  large  qu'au  premier. 
Cela  ressort  non  seulement  de  la  correspondance  de  Descartes 
avec  Huygens  mais  aussi  d'une  longue  lettre  de  Descartes 
à  Wassenaer,  que  j'ai  trouvée  au  British  Muséum  et  qui 
sera  reproduite  à  la  fin  de  cette  Annexe.  Descartçs  écrit  à 
Huygens:  „mes  affaires  domestiques  m'appellent  en  France  et  si 
je  puis  trouver  commodité  pour  y  aller  dans  cinq  ou  six  semâmes 
je  me  propose  de  faire  le  voyage,  mais  Wassenaer  ne  désire  pas 
que  je  parte  avant  l'impression  de  ce  que  l'opiniâtreté  de  son 
adversaire  Va  contraint  d'écrire,  et  quoique  ce  soit  une  drogue  dont 
je  suis  fort  las,  l'honneur  toutefois  ne  me  permet  pas  de  de  m' exempter 
d'en  voir  la  fin,  ni  le  service  que  je  dois  à  ce  pays  d'en  dissimuler 
la  vérité.  Vous  la  trouverez  dans  sa  préface  dont  je  lui  ferai  encore 
différer  l'impression  quinze  jours,  ou  plus  s'il  est  besoin,  afin  d'en 
atttendre  votre  jugement,  s'il  vous  plaît  me  faire  la  faveur  de  me 
récrire,  et  il  me  servira  de  loi  invariable"  2). 

Bien  que  Descartes  parle  ici  de  sa  préface  (celle  de  Was- 
senaer), la  réponse  de  Huygens  montre  que  celui-ci,  qui  sans 
nul  doute  était  au  courant,  regardait  Descartes  lui-même 
comme  l'auteur  de  cette  préface.  Il  écrit,  en  effet:  ^venant 
de  lire  la  préface  qui  se  va  publier  soubs  le  nom  de  Wassenaer, 
elle  me  semble  un  discours  véritable,  judicieux  et  discret  et  portant 
des  coups  avec  lesquels  on  prendra  congé  de  bonne  grâce  de  ces 
petites  noises;  pour  enfin  ne  respondre  plus  au  fol  selon  sa  folie; 
qui  ne  prendroit  point  de  fin.  J'estime  que  vous  n'aurez  pas  voulu 
prendre  la  peine  de  l'escrire  en  flamen;  et  de  là  vous  juge  heureux 
d'avoir  trouvé  de  si  bons  interprêtes,  qui  véritablement  vous  sui- 
vent de  si  bonne  façon  et  en  termes  si  propres,  que  la  traduction 

i)  C'est-à-dire:  Le  faux  mathématicien  J.  J.  Stampioenius  dénoncé. 
*)  Cousin,  T.  VIII,  p.  294. 


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CONSTANTIJN   HUYGENS  ETC.  457 

seulement  n'y  paroist  pas,  qui  n'est  pas  un  don  commun  à  toute 
Translateurs.  Mr.  van  Surek  qui  est  poli  en  tout,  vous  y  pourra 
avoir  preste  de  sa  diligence,  qui  que  ce  soit  vous  lui  en  avez  un 
peu  bien  d'obligation"  l). 

Si  maintenant  on  ouvre  Y„Onwissen  wiskonstenaer" ,  on  n'y 
trouve  pas  de  préface  proprement  dite,  mais  les  30  premières 
pages  en  tiennent  lieu.  Elles  renferment  un  récit  méthodique 
de  la  dispute,  ainsi  qu'une  argumentation  philosophique 
tendant  à  établir  que  l'autorité  ne  devrait  pas  laisser  impunis 
ceux  qui  falsifient  les  mathématiques,  vu  qu'ils  sont  plus 
coupables  que  ceux  qui  falsifient  les  monnaies. 

Après  cette  introduction,  vient  la  règle,  déjà  annoncée  dans 
le  premier  écrit,  pour  rechercher  si  la  racine*  \y  a  -h  \J  b  peut 
être  mise  sous  la  forme  c  -h  \/"3  (a,  b,  c,  d  étant  des  nombres 
entiers).  Stampioen  avait  donné  de  ce  problème,  pour  n  =  3, 
une  solution  très  défectueuse.  La  preuve  que  la  solution  ex- 
posée dans  l'écrit  qui  nous  occupe,  solution  exacte  et  ingé- 
nieuse, n'a  pas  été  imaginée  par  "Wassenaer,  mais  par  Des- 
cartes, résulte  de  l'importante  lettre  de  Descartes  à  Wassenaer 
dont  il  a  déjà  été  question  ci-dessus  et  qu'on  trouvera  plus 
loin.  Descartes  lui-même,  au  reste,  n'a  pas  toujours  fait  mystère 
de  la  chose;  dans  une  lettre  à  Mersenne,  où  la  règle  est 
également  donnée,  on  lit,  en  effet:  „Quant  aux  règles  pour 
tirer  la  racine  cubique  des  binômes,  il  est  certain  que  la  première 
est  très  fausse  et  impertinente,  mais  pour  la  dernière  je  ne 
craindrai  pas  de  vous  dire  que  c'est  moi-même  qui,  l'ai  faite;  de 


i)  Lettres  françaises,  I,  p.  953.  La  lettre  est  du  14  août  1640.  On  trouve 
la  réponse  de  Descartes  dans  Cousin,  T.  IX,  p  118.  Deux  sujets  de  la  lettre 
de  Huygens  y  sont  touchés.  A  l'envoi  de  son  itOrgelgebruyck"  il  est  ré- 
pondu par  une  critique  de  cet  opuscule  (voir  plus  haut,  p.  444).  La  con- 
jecture de  Huygens,  qui  supposait  le  départ  de  Descartes  en  rapport  avec 
nie  déplaisir  que  ce  sot  garçon  (Stampioen)  vous  aura  donné",  est  con- 
tredite :  n  Je  ne  suis  pas  d'humeur  si  déraisonàble  ni  Si  tendre1 .  Quant  à 
l'opinion  de  Huygens  attribuant  à  Descartes  la  paternité  de  la  préface,  il  n'en 
est  dit  mot.  Cela  peut  bien  passer,  me  semble-t-il,  pour  un  assentiment! 


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458  D.   J.   KORTEWEG.   NOTES  SUR 

même  il  est  aisé  de  l'appliquer  aux  ravi/ries  sursolides  et  autres 
à  l'infini"  ■). 

L'écrit  se  termine  par  la  solution  de  deux  problèmes  an- 
térieurement répandus  parmi  les  mathématiciens  par  Stam- 
pioen, mais  dont  lui-même  avait  montré  ne  pouvoir  se  tirer 
que  très  mal.  De  ces  solutions  aussi,  j'incline  à  attribuer 
la  paternité  à  Descartes.  Le  premier  problème  2)  avait  été 
proposé  dès  1634,  et  Stampioen,  à  ce  qu'il  rapporte  lui-même, 
l'avait  entre  autres  envoyé,  par  l'intermédiaire  du  recteur 
D.  Beecman  —  bien  connu  comme  ami  de  Descartes  —  à  un 
certain  „  Mathématicien."  Celui-ci  y  avait  répondu,  en  français, 
par  la  solution  suivante: 

„  Je  Prouve  que  la  proportion  qui  est  entre  le  moindre  costé 
du  Triangle  A  B  C  et  le  plus  grand,  est  comme  l'unité  à  l'une 
des  deux  rcbdnes  qui  peuvent  estre  tirées  de  cette  cwquatâon: 
4900  x6  aegual  :  -  4899  xs +  2354  x4  -+- 16858  x3  +  9458  xa  + 
H-  429  x  —  4900". 

Que  ce  „  Mathématicien"  n'était  personne  d'autre  que  Des- 
cartes, cela  ne  peut  faire  l'objet  d'un  doute  *).  Nous  ignorons 
ce  que  Stampioen,  au  moment  même,  a  répondu  au  sujet  de 
cette  solution;  en  tout  cas,  il  n'a  pas  voulu  en  reconnaître 
l'exactitude,  car  il  refuse  encore  de  le  faire  en  1640,  se  cou- 
vrant d'un  misérable  prétexte.  Ne  pouvant  nier  que  la  solution 
ne  soit  exacte  quand  par  le  plus  grand  côté  on  entend  le  plus 
grand  côté  de  l'angle  droit,  il  s'obstine  à  appliquer  ces  mots 
à  l'hypothénuse. 

Il  est  probable  que   dans  cette  ancienne  histoire  .doit  être 


î)  Cousin,  T.  VIII,  p.  350. 

a)  Dans  un  triangle  rectangle  ABC  (rectangle  en  .4)  est  inscrit  un 
carré  D  E  F  G  (D  et  E  resp.  sur  A  B  et  A  C,  F  et  G  sur  B  G).  A  l'inté- 
rieur des  triangles  B DF  et  EG  C  sont  tracés  des  cercles  inscrits,  qui 
découpent  sur  les  lignes  B  E  et  D  C  des  cordes  données  5  et  7.  Trouver 
les  côtés  du  triangle. 

3)  D'autant  moins,  que  Wassenaer  montre,  plus  tard,  avoir  con- 
naissance de  Tenvoi  de  cette  solution.  V.  les  »  Aenmerckingen" ,  p.57et58. 


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CONSTÀtfTIJN  HUYGENS   ETC.  459 

cherchée  l'une  des  raisons  qui  déterminaient  Descartes,  dès 
le  début,  à  prendre  avec  tant  de  zèle  le  parti  de  Wassenaer 
et  à  poursuivre  Stampioen  si  opiniâtrement  qu'il  n'eut  de  repos 
qu'après  l'avoir  forcé  à  une  gageure  et  lui  avoir  causé  une 
perte  pécuniaire  assez  sensible   »). 

En  ce  qui  concerne  le  second  problème,  nous  savons  tout 
au  moins  que  Descartes  s'en  est  également  occupé,  car,  plus 
tard,  il  écrit  à  un  inconnu  (Cousin,  T.  IX,  p.  141)  :  nmais 
pour  remarquer  l'industrie  de  bien  démêler  les  équations,  je  n'en 
sache  point  de  plus  propre  que  celle  des  trois  bâtons,  dont  la 
solution  n'a  peut  être  point  encore  passé  en  Bourgogne.  Très  baculi 
erecti  sunt  at  perpendiculum,  in  horizontali  piano,  ezpunctis  Ay  B,  C. 
Et  baculus  A  est  6  pedum,  B  18  pedum,  C  8  pedum.  Et  linm 
A  B  est  33  pedum;  et  una  atque  eadem  die  extrémités  umbrae 
solaris  quam  facit  baculus  A,  transit  per  puncta  B  et  C,  extre- 
mitas   umbrae  baculi    B   per   A   et   C.  Et  ex  consequenti  etiam 

i)  A  quel  point  Descartes  s'intéressait  à  cette  gageure,  on  peut  en  juger 
par  diverses  circonstances  C'est  lui  qui  invoque  l'intervention  de  Huygens 
lorsque  Stampioen  cherche  à  se  dérober  par  toutes  sortes  de  prétextes  à 
la  signature  des  conditions  du  défi  (voir  la  lettre  de  Huyghens  du  28  déc. 
1639,  Lettres  françaises,  I,  p.  855);  lui  qui  insiste  auprès  d'un  des  arbi- 
tres pour  qu'on  hâte  la  décision  (Foucher  du  Careil,  Oeuvre  inédites  de 
Descartes,  T.  II,  p. 8),  lui  encore  qui  veille  à  ce  que  la  somme  perdue  par 
Stampioen  au  profit  des  pauvres  soit  réellement  payée.  Il  n'était  pas 
agréable,  évidemment,  d'avoir  Descartes  pour  ennemi! 

Â.u  reste,  déjà  avant  cette  dispute,  des  relations  paraissent  avoir  existé 
entre  Wassenaer  et  Descartes.  Lorsque  celui-ci,  en  mai  4638,  écrit  à 
Mersenne:  »En  fermant  ce  paquet  je  reçois  une  lettre  d*  Utrecht  de  laquelle 
je  vous  envoie  une  partie,  afin  que  vous  puissiez  voir  par  là,  qu'il  y  en 
a  qui  peuvent  entendre  ma  géométrie",  on  peut  croire,  sans  trop  s'aven- 
turer, qu'il  s'agit  de  Wassenaer,  lequel  demeurait  à  Utrecht.  La  découverte 
qu'un  jeune  mathématicien  s'était  familiarisé  avec  sa  Géométrie,  qui 
venait  à  peine  de  paraître,  doit  certainement  avoir  impression é  Des- 
cartes, et  nous  avons  donc  là  une  explication  de  plus  de  la  passion  avec 
laquelle  il  se  mêla  à  la  dispute,  passion  qui  paraît  aussi  avoir  étonné 
Huygens,  car  celui-ci  écrit:  »Si  vous  continuez  à  me  recognoistre  capable 
de  vous  servir  en  cette  brouillerie, . ...  je  suis  très  content  de  vous  y  tes- 
moignei*  comme  en  tout  autre  chose  plus  digne  de  vous." 


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460  D.   J.   KORTBWEG.   NOTES  SUR 

baculi   C  par  A  et  B.   Qaaeritur  in  quanam  poli  altitudine,  et 

qua  die  anni  id  contingat;  et  supponimus  illas  timbras  deaçribere 

accurate  conicas  sectiones,  ut  quaestio  sit  geometrica,  non  mechanica", 

La  solution  de  ce  problème,  —  ainsi  que  la  règle  pour  la 

réduction  de  x^a  H-\/6 ,  qui,  nous  l'avons  vu,  était  certai- 
nement de  Descartes,  —  fut  plus  tard  reproduite  par  Van 
Schooten  d'après  YOnwissen  Wiskonstenaer  de  Wassenaer,  et 
placée  comme  addimentum  à  la  suite  de  ses  Commentaires, 
dans  la  seconde  édition  (1649)  de  la  Geometria  à  Renato 
Descartes.  C'est  là,  semble-t-il,  un  nouveau  motif  de  croire 
que  Descartes  était  l'auteur  de  la  solution.  Il  doit  encore  y  avoir 
eu,  à  ce  moment,  des  raisons  pour  ne  pas  en  convenir  ou- 
vertement. On  se  croyait  lié  envers  Wassenaer,  ou  bien  l'on 
ne  voulait  pas  donner  à  Stampioen  la  satisfaction  d'avoir  été 
battu  par  un  adversaire  de  cette  taille. 


Lettre  de  Descartes  à  Wassenaer. 

(Nous  donnons  en  note  la  traduction  des  parties  hollandaises  de  cette  lettre). 

Monsieur  J.  A.  Waessenaer. 
Ik  bidde  u  willen  drie  brieven  schrijven,  2  aen  de  hvee  prof  mors 
maiheseos  van  Leyden  Mynheer  Golius  en  Mynheer  Schooten,  en 
de  derde  aen  de  Heer  Berlekom,  om  haer  vriendeliic  te  bidden 
haer  opinie  willen  binnen  een  maend  schrifteliic  geven,  ick  sende 
u  de  copie  van  de  brief  aen  de  Heer  Berlecom  so  als  ick  meint 
dat  goed  sal  wesen  dat  ghy  schryve,  ghy  mach  de  twee  andere  van 
u  selfs  wel  maecken,  ende  ick  bidde  u  dese  drie  brieven  met  u  eygen 
handt  geschreven  ende  onderteyckent,  doch  ongesloten  toekomende 
diensdag  wesende  dm  1  Feb.  nieuwen  stijle  willen  bestellen  aen 
Mynheer  van  Hoogelande,  welcke  sal  bij  die  van  de  Heer  Berlicom 
aile  schriften  daertoe  hoorende  bysetten  ende  hem  door  eenbekende 
schipper  senden.  ende  om  u  de  moeyte  van  ons  leste  schriift  copi- 
eeren  te  spaeren  ick  hebbe  over  acht  daegen  het  selfde  te  Leyden 


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CONSTANTIJN  HtJYGÈtfS   etc.  461 

gesonden  om  te  laeten  lesen  aen  HH.  Golius  en  Schooten,  «oda* 
men  sal  hetselfde  ooc  aen  de  Heer  Berlicom  senden.  ghij  moet  die 
brieven  also  sckriiven  indien  ghy  birmen  maendag  geen  schriift 
van  St[ampioen]  ontfang,  geliic  wij  gelooven  dat  hy  sal  nietveel 
te  schriiven  hebben  om  te  bewiisen  dat  siin  regel  goed  is,  maer 
indien  ghy  iet.  van  hem  ontfang  aen  H  welc  men  moet  antwoorden 
8oo  rnoet  ghy  hetselfde  hier  senden  çito  cito.  Ich  sal  ooc  geeme 
hebben  u  solutie  op  de  twee  questie  van  St[ampioen]  sohaestals 
sie  gereed  siin}  ende  ick  sal  hier  byvoegen  het  bewiis  van  onsen 
regel  om  den  teerling  wortel  te  trecken  uyt  tweenaemige  getallen. 
(\_Ick  laet  u  ooc  de  sorge  om  Mynheer  Schotanus  te  bidden 
siine  sententie  te  willen  geven  etc.  Ende  ghy  moet  aile  de  arbiters 
Mdden  te  antwoorden  [op  de~]  self  de  3  pointen  die  siin  in  de  [brief] 
aen  de  Heer  Berlicom)]  !). 


i)  Monsieur  J.  A.  Wassenaer. 

Je  vous  prie  de  vouloir  écrire  trois  lettres,  2  aux  deux  professeurs 
de  mathématiques  de  Leide,  Monsieur  Golius  et  Monsieur  Schooten,  et 
la  troisième  à  Monsieur  Berlekom,  pour  les  prier  poliment  de  vouloir 
donner  leur  opinion  d'ici  à  un  mois;  je  vous  envoie  la  copie  de  la  lettre  à 
Monsieur  Berlecom  telle  que  je  crois  bon  que  vous  l'écriviez,  les  deux  autres 
vouz  pouvez  bien  les  faire  vous-même,  et  je  vous  prie  de  vouloir  expédier 
ces  trois  lettres,  écrites  et  signées  de  votre  propre  main,  mais  non  fer- 
mées, mardi  prochain  1«  févr.  nouveau  style,  à  Monsieur  Van  Hoogelande, 
qui  à  celle  pour  Monsieur  Berlicom  joindra  tous  les  écrits  qui  s'y  rappor- 
tent. Afin  de  vous  épargner  la  peine  de  copier  notre  dernier  écrit,  je  l'ai 
envoyé  il  y  a  huit  jours  à  Leide,  pour  Je  laisser  lire  à  MM.  Golius  et 
Schooten,  de  sorte  qu'on  l'enverra  aussi  à  Monsieur  Berlicom .  Vous  devez 
donc  écrire  ces  lettres  si  d'ici  à  lundi  vous  ne  recevez  aucun  écrit  de 
St[ampieen],  comme  nous  croyons  qu'il  n'aura  pas  beaucoup  à  écrire  pour 
prouver  que  sa  règle  est  bonne;  mais  si  vous  recevez  de  lui  quelque  chose 
à  quoi  on  doive  répondre,  envoyez-le  ici  cito  cito.  Je  recevrai  volontiers 
aussi  votre  solution  des  deux  questions  de  St[ampioen]  dès  qu'elles  seront 
prêtes,  et  j'ajouterai  ici  la  démonstration  de  notre  règle  pour  tirer  la 
racine  cubique  des  nombres  binomiaux. 

(Je  vous  laisse  aussi  le  soin  de  prier  Monsieur  Schotanus  de  vouloir 
donner  sa  sentence  etc.  Et  vouz  devez  prier  tous  les  arbitres  de  répondre 
[aux]  mêmes  3  points  qui  sont  dans  la  [lettre]  à  Monsieur  Berlicom). 

Archives  Néerlandaises,  T.  XXII.  30 


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462  î>.   J.   KORtfEWEG.    ttOÏËS   SUE 

Premièrement  ie  prouue  que  lorsqu'on  a  soustrait  les  quarrez 
des  parties  Vun  de  Vautre,  si  ce  qui  reste,  n'est  pas  un  nombre 
cubique  la  racine  cherchée,  n'est  pas  un  simple  binôme  en  faisant 
voir  que  toutes  et  quantes  fois  que  cete  racine  est  un  simple  binôme 
la  différence  qui  est  entre  les  quarrez  des  parties  de  son  cube  est 
un  nombre  cubique.  Soit  x  4-  \/y  la  racine  cherchée  le  cube  donné 
est  égal  a  x3  4-  3  x  y  4- 3xx\/y  4- y  \/y  et  le  quarrê  de 
x 3  4-  3xy  qui  est  la  partie  rationelle  de  ce  cube  est  x 6  4-  6x 4  y  4-  9xx  y  y 
puis  le  quarrê  del' autre  partie  3xx\/y4-y\/y  6s£9x4y4-6xxyy4-y 3, 
et  ostant  ces  quarrez  l'un  de  l'autre  il  reste** — 3x4y+3xxyy — y3 
ou  bien  — x64-3x4y — 3xxyy4-y3  qui  est  nombre  cubique  amsy 
qu'il  faloit  demonstrer. 

Et  il  est  a  noter  que  la  racine  cubique  de  ce  nombre  est  xx — y 
ou  bien  y — xx  c'est  a  dire  la  différence  qui  est  entre  les  quarrez 
des  parties  de  la  racine  x4-\/y,  en  sorte  que  sans  connoislre  cete 
racine  si  on  me  donne  seulement  son  cube  qui  ie  nome  a-H\/b  ^ 
tire  la  racine  cubique  de  a  a — b  ou  b — a  a  que  ie  nome  c  eti'ay 
c  égal  à  xx — y  ou  bien  y — xx. 

Or  la  cause  pourquoy,  lorsque  après  auoir  soustrait  les  quarrez 
des  parties  l'un  de  l'autre  on  trouue  que  le  reste  n'est  pas  nombre 
cubique,  ie  fais  multiplier  le  cube  donné  par  ce  reste,  est  affin 
d' auoir  un  binôme  qui  soit  tel  que  la  différence  des  quarrez  de  ses 
parties  soit  un  nombre  cubique,  et  ainsy  que  si  sa  racine  est  un 
bvnome  ce  ne  soit  qu'un  simple  binôme  ce  que  ie  demonstre  en 
cete  sorte.  Soit  a4-\/b  fe  cube  donné  et  que  a  a — b  ou  b — a  a 
ne  soit  pas  nombre  cubique,  ie  multiplie  a4-\/b  par  a  a — b  il 
vient  a3  —  a  b  4-  a  a  ^/h  —  b  \/b  et  du  quarrê  de  a3  —  ab  qui 
est  a6 — 2a4b4-aabb  ayant  soustrait  le  quarrê  deaa\/b — b\/b 
qui  est  a4  b  —  2aabb4-b3  il  vient  a6  —  3  a4  b  4-  4aabb— b8 
qui  est  nostre  cubique  ainsi  qu'il  faloit  demonstrer  et  sa  racine 
est  a  a  —  b. 

Maintenant  pour  venir  a  la  démonstration  de  la  tegle  ie  prens 
a  4-  \/b  pour  le  binôme  donné,  et  ie  suppose  que  la  racine  cubique 
de  a  a  —  b  se  peut  tirer  et  ie  la  nomme  c,  puis  posant  x  4-  \fy 


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CONSTANTIJN   HUYGENS   ETC.  463 

pour  la  racine  cubique  de  ,a  -+-  \/bf  <Ta>y  son  cube  x3  •+-  3xy  -H 

-h  3  x  x  \/y-h  y  \/y  x  a  +  \/b  et  pw  conséquent  la  partie  ratio- 

rvelle  de  ce  cube  x3+3xyxa,  Et  pourceque  c  est  égal  àxx  —  y 

ainsy  qu'il  a  esté  dit  cy  devant  iay  y  x  xx— cetSxy  x3x3  —  3  ex, 

a quoy  adioustartt x3  i'ay  4x3  — 3cxxaow  6ien4x3  x3cx+a; 

ou  bien  8x3x6cx  +  2aetf  faisant  z  do  2  x  iay  z3  x  3  c  z  •+-  2  a. 

Or  si  la  racine  de  cete  de[uxième']  équation,  n'est  pas  un  nombre 

rationel  il  est  évident  que  la  racine  cubique  a  +  \/X)  ne  peut  estre 

exprime  par  aucun  binôme,  et  si  elle  est  nombre  rationel  ce  doit 

estre  nécessairement  un  nombre  entier  a  cause  que  3  c  et  2  a  sont 

nombres  entiers.  Et  par  conséquent  x  qui  est  la  moitié  de  z  est 

nécessairement  aussi  nombre  entier  ou  la  moitié  d'un  nombre  entiew 

De  plus  posant  n  pour  toute  racine  cubique (fea  +  \/b^ ayant 

c  pour  la  différence  qui  est  entre  les  quarrez  de  ses  parties,  %ay 

c  c 

\  n  -h  -—  pour  la  plus  grande  de  ces  parties  et  £  n  —  ^—  pour 

o  ce 

la  moindre  car  le  quarrê  (fc{n  —  —  qui  est  jnn  —  \  c  +  a 

o                                             ce 
estant  ostê  du  quarrê  de  [  n  -h  ^ —  qui  est  }nn  +  }c  +  j 

il  reste  c  et  n  +  —  est   égal  a  z.   Mats  pourceque  le  nombre  n 

ra'&ré  inconnu  et  est  le  binôme  que  ie  doy  trouuer,  la  principale 

subtilité  de  la  règle  consiste  en  ce  que  au  lieu  de  n  ie  prens  une 

racine  cubique  rationelle  que   ie   nommeray  icy  m  un  peu  plus 

grande  que  n  mais  qui  ne  V excède  pas  de\,et  que  à  m  i'adiouste 

c  c 

c  divisé  par  ce  mesme  in  car  d'autant  V excès  de  -   par  dessus    — 

est  tousiours  moindre  que  celuy  de  ni  par  dessus  n  il  est  certain 

que  m  H est  un  nombre  rationel  plus  grand  que  z  d'une  quan- 

c 
tité  qui  est  moindre  qu'une  unité,  et  ainsy  que  z  ou  bien  n  -i — 

estant  nécessairement  un  nombre  entier  en  cas  que  la  racine  cher- 
chée  soit  un  binôme,  ce  nombre  entier  est  le  plus  grand  qui  soit 


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464  D.   J.  KORTBWEG.   NOTES   SUR 

C 

compris  dans  le  nombre  rompu  m  h .    Ensuite  de  qu[o%]  tout 

le  reste  est  clair,  car  ayant  ainsy  trouué  le  nombre  qui  doitestre 

égal  à  z,   pour  scauoir,  si  la  racine  &z3x3cz  +  2ase  peut 

tirer  ie  divise  par  ce  nombre  het  dobbel  van  Hledige  deel}  l)  c'est 

2  a 
a  dire  2  a  tôt  het  toekomende  ick  [voege']  2)  3  c  et  si  3  c  -| 

n'est  pas  égal  à  zz  il  est  évident  que  le  nombre  pris  pour  z  ne 
luy  est  pas  égal  et  ainsy  que  la  racine  de  z3  x3cz  +  2a  n'est 
pas  rationelle,  mais  s'il  est  égal  la  moite  de  z  est  x  Vune  des 
parties  de  la  racine  cherchée,  du  quarrê  de  laquelle  ostant  c  iay 
y  qui  est  le  quarre  de  Vautre  partie.  Et  en  tout  cecy  i'ay  supposé 
a  plus  grand  que  \/h  ensuite  de  quoy  x  est  aussy  plus  grand  que 
\/y  mais  quand  a  est  moindre  que  \/h  il  y  a  si  peu  de  change- 
ment que  ce  n'est  pas  la  peme  de  Vescrire. 

Il  reste   seulement   encore  icy  a  prouuer  que  Vexcez  de  -  par 

dessus  —  est  moindre  que  celuy  de  m  par  dessus  n,  et  pour  ce 

faire  ie  prens  A  B  égal  à  n  dont  le  quarré  A  B  C  D  est  necessai- 
jy  c  rement  plus  grand  que  c,  pour- 

ceque  c  n'est  que    la  différence 
H     qui  est  entre  les  quarrez  des  par- 
ties de  n.  Je  prens  donc  le  rec- 
tangle A  B  E  F  pour  c  et  ainsy 

A  F  est  —  puis   ie  prens  A  G 
g  n 

A  B  pour   m   en  sorte  que  BG  est 

moindre  que  |  et  faisant  A  G  H  K  égal  à  c  le  rectangle  B  G  H  J 

est    égal  au  rectangle  I E  F  K  et  pour  ce  .que  J  K  est  plus  grand 

G 

que   J  B,    F  K    est   moindre    que   BG  et  ainsy  A  K  qui  est  — 


i) le  double  de  ïa  partie  rationnelle, 

î) à  ce  qui  vient  je  [ajoute]  


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CONSTANTIJN   HUYGENS   ETC.  465 

est   moindre   que   A  F  ou—    d'une   quantité    moindre    que   celle 

dont  m  surpasse  n,  qui  est  tout  ce  qu'il  falloit  demonstrer. 

l)  Ick  sal  hier  nogh  byvoegen  een  generael  regel  om  allerley 
andere  wortels  te  trecken  uyt  binomisçhe  getallen. 

i)  J'ajouterai  encore  ici  une  règle  générale  pour  tirer  toutes  sortes 
d'autres  racines  de  nombres  binomiaux. 

Préparât!  on. 

Soustrayez  l'un  de  l'autre  les  carrés  des  parties  et  tirez  la  racine  du 
reste,  s'il  est  un  nombre  rationnel,  mais  s'il  est  un  nombre  irrationnel 
multipliez  le  binôme  donné  par  ce  reste  quand  vous  voulez  tirer  la  racine 
cubique,  et  par  le  carré  de  ce  reste  quand  vous  voulez  tirer  la  racine 
sursolide,  et  par  le  cube  de  ce  reste  quand  vous  voulez  tirer  la  racine 
B  sursolide,  et  ainsi  de  suite  pour  les  autres. 

Règle.  * 

Tirez  du  binôme  entier  une  racine  rationnelle  un  peu  plus  grande  que 
la  vraie  mais  qui  ne  l'excède  pas  de  un  demi,  ajoutez-y  la  racine  de  la 
différence  entre  les  carrés  des  parties  divisée  par  cette  même  racine  ra- 
tionnelle, si  la  partie  rationnelle  du  binôme  donné  est  plus  grande  que 
l'autre  partie,  mais  si  elle  plus  petite  soustrayez  au  lieu  d'ajouter.  La 
moitié  du  plus  grand  nombre  entier  compris  dans  cet  agrégat,  ou  dans 
ce  reste,  est  la  partie  rationnelle  de  la  racine,  du  carré  de  laquelle  sous- 
trayez ou  au  carré  de  laquelle  ajoutez  la  racine  de  la  différence  entre  les 
carrés  des  parties,  et  vouz  aurez  le  carré  de  l'autre  partie.  Bien  en- 
tendu quand  la  racine  est  un  nombre  binomial,  ce  qu'on  peut  toujours 
savoir  par  la  multiplication  du  binôme  trouvé,  car  ce  qu'on  obtient  doit 
être  égal  au  nombre  donné  ou  autrement  la  racine  n'est  pas  un  binôme. 

Remarquez  que  partout  où  je  parle  ici  de  la  racine  sans  dire  quelle  ra- 
cine c'est,  j'entends  la  racine  sursolide  quand  je  veux  tirer  la  racine 
sursolide,  et  ainsi  des  autres,  mais  vous  devez  arranger  tout  ceci  un  peu 
mieux   que  je    ne  l'ai  écrit  et  ajouter  deux  ou  3  petits  exemples.  Je  suis 

Votre  ami  et  dévoué  servitenr 
Descartes. 
le  premier  Févr.  1640. 

A  monsieur 

monsieur  J.  A.  Wassenaer, 

Arpenteur  demeurant 
port  payé  à  Claerenbergh 

jusqu'à  Amsterdam.  près  d'Utrecht. 


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466  D.    J.    KORTEWEG.   NOTES   SUR 

Bereydmge. 
Treckt  de  quadraeten  der  deelen  van  malkanderen  en  de  woriel 
der  reste,  indien  sie  een  rationael  getal  is,  maer  indien  sie  is  een 
surdische  getal  so  menichvuldig  het  gegeven  binomium  door  yt  self  de 
reste  als  ghy  den  cubiewortel  wilt  treckeU)  ende  door  het  quadraet 
van  H  zelfde  reste  als  ghy  wil  den  sursolid  wortel  trecken^  ende 
door  den  cubus  van  'tzelfde  reste  als  ghy  wil  den  B  sursolid  wor- 
tel trecken  ende  so  voorts  van  de  andere. 

Regel. 

Treckt  een  rationael  wortel  uyt  het  heeh  binomium  wat  grooter 
als  de  waere  is  dat  geen  helfte  en  scheele,  aen  hem  addeert  den 
wortel  van  't  onderscheyt  tusschm  de  quadraeten  der  deelen  gedivi- 
deert  door  den  selfden  ralionaœl  wortel,  als  het  ledige  deel  van 
H  gegeven  binomium  is  grooter  als  het  ander  deel,  maer  alsHklein- 
der  is  substraheert  denselfden.  De  helfte  van  Hgrootste  heele  getal 
begrepen  in  dat  aggregat,  of  in  die  reste  is  het  ledige  deel  van  de 
wortel ,  uyt  wims  quadraet  substraheert  of  aen  H  self  de  addeert  de 
wortel  van  't  ondersctieyt  tussçhm  de  quadraten  der  deelen,  ende 
komt  het  quadraet  van  H  ander  deel,  Wel  verstaende  als  de  wortel 
een  binomiale  getal  is  H  welc  men  kan  altiid  weeten  door  de  mul- 
tiplicatie  van  yt  gevonden  binomium,  want  het  komende  moet  wesen 
geliic  het  gegeven  getal  of  anders  de  wortel  is  geen  binomium. 

Merckt  dat  hier  overal  als  ik  spreek  van  de  wortel  sonder  te 
seggen  wat  wortel  is  ick  verstae  den  sursolid  wortel,  als  ick  wil 
den  sursolid  wortel  trecken,  ende  alsoo  van  de  andre,  maer  ghy 
moet  dit  ailes  wat  beter  schicken  als  ick  geschreven  hebbe  ende 
twee  of  3  kleine  exempels  byvoegen.  Ick  ben 

DE.  zeer  dienstwilligen  Vriendt 
dm  eersten  Feb.  1640.  Descartes. 

A  monsieur 

monsieur  J.  A.  Wassenaer. 
Landmeter  woonende 
voart  is  betaelt  voor  Claerenbergh 

tôt  Amsterdam  tôt  UtrechL, 


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JrrJ\  PU 


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Aï 


k 


y\v 


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I 


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Arc; 


■4 


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«1 


j 


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3fr 


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Fi§   X  PI.  VI.    Arch.  Neerl.  T.  XXII. 


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1 


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YiA    n  PI.  VII.    Arch.  Neerl.  T.  XXII. 


t. 


n 


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Fi  S    Ht.  PI.  VIII.    Arch.  Neerl.  T.  XXII. 


r. 
ï. 


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"Fié.  W  PL  IX.   Arch.  Neerl.  T.  XXII. 


/ 


n. 


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Arcla  Neerl     T:XXII. 


Pl.X. 


40. 


G.VOUtWufelCllgf)     adna£:d*l: 


J?ith.  Qebr:ûieùme  tintez,  oflmoCf. 


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Arch:Néerl:T:XXII. 


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